ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: PLUSIEURS ÉTATS MEMBRES SOULIGNENT L’IMPORTANCE DU DIALOGUE INTERRELIGIEUX DANS LA PROMOTION D’UNE « CULTURE DE LA PAIX »
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Assemblée générale
Soixante-troisième session
48e, 49e & 50e séances plénières
Matin - après-midi & soir
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: PLUSIEURS ÉTATS MEMBRES SOULIGNENT L’IMPORTANCE DU DIALOGUE INTERRELIGIEUX DANS LA PROMOTION D’UNE « CULTURE DE LA PAIX »
L’Assemblée générale a achevé, ce soir, une réunion de haut niveau qui aura permis aux États Membres de souligner l’importance du dialogue entre les religions, de la compréhension entre les peuples et des droits de l’homme dans la promotion d’une « culture de paix ».
Pendant deux jours, 75 États Membres se sont diversement attachés à réaffirmer les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme, à rejeter l’utilisation de la religion à des fins politiques ou pour des actes terroristes, à combattre les préjugés culturels, ethniques et religieux et à établir un équilibre entre liberté d’expression et respect des croyances.
Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le Roi Abdullah d’Arabie saoudite, les Présidents américain George Bush, pakistanais Asif Ali Zardari, israélien Shimon Peres, afghan Hamid Karzai et le Premier Ministre britannique Gordon Brown, participaient à ce dialogue qui, tout à la fois, répondait à une requête du souverain saoudien, après la Conférence mondiale sur le dialogue, tenue à Madrid en juillet 2008, et s’inscrivait dans la perspective de l’Année internationale du rapprochement des cultures, en 2010.
Au terme de la réunion qui n’a donné lieu à aucune déclaration finale, l’Assemblée générale a adopté une résolution* où elle affirme à nouveau que la « compréhension mutuelle » et le « dialogue entre les religions » sont des « volets importants du dialogue entre les civilisations et de la culture de paix ». Elle prie également l’UNESCO de « jouer un rôle de premier plan dans les préparatifs de la célébration de l’Année internationale du rapprochement des cultures en 2010 ».
« Jamais un tel dialogue n’a été aussi important », a déclaré le Premier Ministre du Royaume-Uni, pour qui « la vie est dans les différences qui nous enrichissent et non dans celles qui nous divisent ». Le Chef de l’État pakistanais a affirmé que la religion avait pour vocation de « rassembler les nations et non d’ériger des murs entre elles » et a appelé à « faire de la foi un terrain commun à toutes les civilisations ». M. Zardari a invité les Occidentaux « à ne pas tomber dans le piège tendu par les fossoyeurs de l’islam qui alimentent les peurs imaginaires concernant une religion d’espoir ».
« La confrontation est facile, tandis que la conciliation est difficile, mais il est possible d’y parvenir à force de détermination », a observé le Premier Ministre de la Turquie, Recep Tayyip Erdoğan, qui s’est dit reconnaissant de toutes les initiatives visant à la promotion du dialogue pour la paix. Il a ainsi rappelé, parmi celles-ci, les objectifs de l’Alliance des civilisations.
L’Alliance, établie en 2005, à l’initiative des Gouvernements de l’Espagne et de la Turquie et sous les auspices des Nations Unies, vise à améliorer la compréhension mutuelle et la coopération entre les États et les peuples, quelles que soient leur culture ou leur religion et, ce faisant, à contrecarrer les forces qui alimentent la polarisation et l’extrémisme.
Le Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ishanoglu, a en effet regretté l’absence de volonté politique responsable, selon lui, de l’échec de la diffusion « vers l’homme de la rue » des « messages de tolérance et de compréhension mutuelle ». « Les outils puissants des médias sont mobilisés pour inventer un lien conceptuel entre islam et terrorisme », a-t-il notamment dénoncé.
Le représentant de l’Iran a déploré à son tour le fait que certains pays et régions soient les cibles d’une « propagande injuste, inique et partiale qui s’emploie à fausser les faits et les réalités ». Il est essentiel, a-t-il préconisé, de prévenir tout abus des différences culturelles et religieuses.
Le Président Bush, qui a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l’homme proclamait « le droit de chacun de choisir sa religion ou d’en changer », a affirmé que les États-Unis avaient fait de la « liberté religieuse » un « pilier » de leur politique étrangère. « Ces huit dernières années ont montré combien la liberté et la foi ont pu orienter et conduire le monde vers la paix », a déclaré M. Bush, qui achèvera son mandat présidentiel en janvier 2009.
L’Assemblée a été saisie d’un projet de résolution sur la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la paix et de la non violence au profit des enfants du monde, 2001-2010**.
** A/63/L.23
CULTURE DE PAIX
Rapport du Secrétaire général intitulé « Dialogue et coopération entre religions et cultures au service de la paix » (A/63/262)
Suite des déclarations
M. HERMANN GRÖHE, Ministre d’État et Envoyé spécial du Chancelier de l’Allemagne, a déclaré que pour parvenir à l’établissement d’une culture de paix, il faudrait que les sociétés accordent la place qu’ils méritent aux croyances religieuses et aux points de vue des autres. Il a ajouté que l’histoire regorgeait d’exemples d’actes décisifs pour l’humanité inspirés par des autorités religieuses et empreints de compassion et d’amour pour les plus nécessiteux. Il a ensuite relevé que les religions étaient également manipulées pour s’arroger le pouvoir absolu. Toutefois, même si les convictions religieuses peuvent nourrir la haine et la violence, il n’est pas approprié de jeter l’opprobre sur telle ou telle religion particulière, a-t-il encore dit, soulignant que si les terroristes islamistes pervertissent leur religion, rien ne saurait justifier que se développe l’islamophobie. Pour M. Gröhe, les religions doivent s’engager dans un véritable effort d’autocritique, afin d’ouvrir la voie à l’acceptation des autres obédiences et en vue de poser les fondations d’une entente commune en faveur de la paix et de la justice.
Le Ministre allemand a rappelé les principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en soulignant notamment que la reconnaissance de l’importance des significations religieuses pour les sociétés ne devrait en aucun cas suggérer que les droits de l’homme sont moins importants. Il a ainsi estimé qu’il n’était pas acceptable de remettre en cause les principes d’égalité entre hommes et femmes sur la base de doctrines idéologiques et religieuses. Poursuivant, M. Gröhe a déclaré que la liberté religieuse supposait la liberté de choisir sa foi, ce qui sous-entend que tout un chacun a le droit de changer de religion. Il est inacceptable, qu’aujourd’hui encore, certaines lois prévoient la peine capitale pour celles et ceux qui désirent se convertir, a-t-il lancé, estimant qu’il était temps de mettre fin à la terreur et au harcèlement qui contraignent des fidèles à fuir leur foyer et leur pays. Le Ministre allemand a renchéri en disant qu’il était du devoir des États de sensibiliser les jeunes générations aux manifestations de l’intolérance religieuse. Le respect entre les personnes, voilà quelle doit être la base de tout dialogue interconfessionnel, a-t-il affirmé.
M. ABDULKARIM AL-ERYANI, ancien Premier Ministre et Conseiller spécial du Président du Yémen, a affirmé que les Nations Unies sont sans doute l’instance la mieux placée pour renforcer la culture de paix et du dialogue entre les différentes cultures, civilisations, et religions. La rencontre des cultures et des croyances humaines est un trait de la civilisation humaine, et la présente réunion a une signification particulière, car elle trouve son origine dans la ville de La Mecque, a-t-il poursuivi. C’est un appel au dialogue sur la base de la foi islamique qui veut que nous nous acheminions vers Allah, Dieu, sur la base d’un dialogue constructif, a ajouté M. Al-Eryani.
M. Al-Eryani a affirmé que le monde occidental doit complètement revoir sa relation avec le monde musulman, afin d’appréhender ce dernier sans à priori. Nous avons besoin, plus encore aujourd’hui que par le passé, d’une culture de paix, car personne n’a le monopole de la vérité, a dit le Conseiller spécial du Président du Yémen. Croire cela revient en fait à tourner le dos à la vérité, a-t-il ajouté. La chute du mur de Berlin et les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont amené l’Occident à croire à un inévitable conflit de civilisations. C’est une erreur, a affirmé M. Al-Eryani qui a rappelé que l’islam avait, dans le passé, assimilé la culture grecque, et avait permis une véritable renaissance en Europe. Il a souhaité que la réunion permette l’adoption de mesures qui seront suivies par un comité spécialisé auquel participeraient des représentants de toutes les civilisations et de toutes les croyances.
M. THEODOROS KASSIMIS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a rappelé que son pays jouissait d’une véritable position privilégiée grâce au rôle crucial joué dans le dialogue œcuménique et interreligieux par les anciennes églises de la civilisation grecque. Même si la plupart d’entre elles ont leur place dans la législation des lieux où elles sont établies, elles sont à l’origine de la culture et de la civilisation grecques modernes, a-t-il expliqué. C’est ce contexte qui a permis au monde grec d’occuper une position de chef de file dans le dialogue avec l’islam et le judaïsme, grâce à l’interaction continue avec ces deux religions, depuis près de deux mille ans, à l’absence d’un passé colonial, une profonde compréhension et le respect de la mentalité des peuples de la région, a-t-il estimé. Dans le même temps, la Grèce est consciente de la position qu’elle occupe dans le monde occidental, a-t-il dit. La démocratie, a-t-il ajouté, a bénéficié de la propre contribution de la Grèce à l’Europe et à la civilisation occidentale. Le monde grec a beaucoup contribué à la création du droit romain et à l’éthique chrétienne, a-t-il précisé.
Le Vice-Ministre a déclaré en outre que la Grèce et l’Europe contribueraient à ce qu’ils ont déjà réalisé depuis des années, à savoir la définition des droits de l’homme, à leur insertion et leur prise en compte dans les systèmes juridiques. Il a souligné aussi la nécessité, dans l’époque matérialiste où nous vivons, d’informer les peuples sur le véritable message des différentes religions. Il a enfin insisté sur l’importance qu’il y a à combattre les forces de la haine et de la division. « Pour la paix du monde, la solidarité et la compréhension mutuelle, nous devons être en mesure de démontrer ce que nos croyances respectives nous enseignent: que nous sommes tous des enfants du même Dieu », a conclu M. Kassimis.
M. MIGUEL ABDON SAGUIER, Sénateur et membre de la Commission des relations et des affaires extérieures du Paraguay, a déclaré que sa présence à cette réunion de haut niveau était un témoignage de l’attachement de son pays à la culture de paix ainsi qu’aux nobles objectifs de l’ONU de parvenir à l’entente la plus large possible entre les sociétés humaines. L’humanité est diverse dans ses manifestations, a-t-il dit, et le dialogue est la seule voie qu’il soit possible d’emprunter pour surmonter l’injustice qui menace de la dégrader. Le dialogue, à l’inverse de la violence, permet d’apprendre à accepter les particularités religieuses qui font la spécificité des sociétés humaines, a encore indiqué M. Saguier. Le fanatique, lui, emprunte le mauvais chemin pour démontrer par la violence la force de ses revendications, alors que ce qu’il exprime par ses actes, c’est le sentiment de panique qui l’habite et le rejet de tout ce qui lui est différent, et de tous ceux qui pensent autrement que lui. Ce faisant, le fanatique prouve qu’il ne croit pas vraiment aux croyances qu’il estime promouvoir ou mettre en relief, a poursuivi M. Saguier. Selon lui, la religion est un prétexte utilisé par les terroristes qui sapent la foi des autres pour atteindre des objectifs politiques. En conclusion, il a appelé les États à méditer les textes formant la pensée catholique, qui, notamment soulignent qu’une personne, même dans l’erreur, ne perd jamais sa dignité humaine. Il a salué la tenue du présent débat en reconnaissant la nécessité d’initiatives en faveur de la coopération, de l’entente, de la justice et de la paix, et pour faire avancer le progrès moral et matériel de toutes les composantes du monde.
M. MASAHIKO KOUMURA, Envoyé spécial du Premier Ministre du Japon, a rappelé qu’en janvier 1999, agissant alors en tant que Ministre des affaires étrangères de son pays, il avait prononcé à Ramallah un discours sur le thème « construire un nouveau pont entre le Japon et le Moyen-Orient vers le XXIe siècle ». Il faut tirer les leçons d’un XXe siècle marqué par des conflits pour faire du prochain un siècle de prospérité, a dit M. Koumura. La réalité est qu’il y a aujourd’hui beaucoup de tension. Pour trouver des solutions durables, il nous faut engager un dialogue, afin de faire en sorte qu’on ne puisse plus recourir à la violence, a-t-il souligné.
Il nous faut tenir compte du développement de la mondialisation, de la multiplication des moyens de communication et des échanges internationaux, a déclaré M. Koumura. Le monde est vulnérable, a-t-il affirmé, rappelant qu’un « petit groupe d’extrémistes » parvenait à « entretenir comme un feu » la haine entre des peuples ou entre des civilisations. Appelant à construire un monde de tolérance, il a estimé qu’il fallait pour y arriver, promouvoir une bonne gouvernance, et aussi travailler avec fermeté et courage pour défendre les intérêts de l’humanité.
Une crise mondiale sans précédent nous frappe tous et nous rappelle la grande Dépression que le monde a connue il y a 80 ans, a déclaré M. Koumura, qui a aussi rappelé le défi posé par les changements climatiques. Ceux qui souffrent le plus de toutes ces calamités sont toujours les plus pauvres, a déploré le représentant spécial du Premier Ministre japonais. Le Japon a l’intention d’utiliser au mieux l’aide publique au développement pour contribuer à la stabilité et au développement mondial, a ensuite déclaré M. Koumura. Il a ajouté qu’en Asie, de nombreuses religions ont su coexister pacifiquement. L’interaction entre cultures est essentielle, a-t-il affirmé, ajoutant que son pays avait l’intention d’encourager le dialogue des cultures. Il a souhaité que la présente réunion permette de prendre des mesures en faveur de la solidarité et de la coexistence pacifique des peuples du monde.
M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis, a remercié le Roi d’Arabie saoudite et l’Assemblée générale de lui offrir la possibilité de parler de la foi. Au cœur de notre foi, il y a un Dieu tout-puissant, a-t-il déclaré. Chaque femme, chaque enfant lui ressemble, a-t-il ajouté. Le Président des États-Unis a indiqué qu’il y a plusieurs années de cela, la foi avait transformé sa vie. « La foi m’a conforté à toutes les étapes de ma vie. Elle me guide à tous les moments de la journée. Dieu sait que nous devons aimer nos voisins, nous aimer les uns les autres, et montrer de la compassion », a-t-il dit. « Il exige que nous nous élevions contre l’injustice et la cruauté », a-t-il poursuivi, dénonçant en particulier ceux qui utilisent son nom à des fins politiques. M. Bush a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l’homme proclamait le droit pour chacun de choisir sa religion ou de la changer, le droit d’honorer sa foi en public ou en privé. La nation américaine, a-t-il expliqué, a été créée par des êtres humains qui fuyaient la persécution religieuse. Le premier amendement de la Constitution américaine garantit la liberté de pratiquer la religion, a-t-il ajouté.
M. Bush a souligné que les États-Unis suivaient cette noble tradition en faisant de la liberté religieuse un pilier de leur politique étrangère. Ils ont encouragé des pays à comprendre la liberté religieuse, notamment aux côtés des dissidents religieux qui veulent pratiquer leur foi, même si cela est impopulaire, a-t-il affirmé. Le Président américain a également observé que les gouvernements démocratiques n’étaient pas tous pareils et reflétaient l’histoire et les traditions de leurs peuples. Un des traits de toute démocratie, a-t-il estimé, est qu’elle laisse la place à toute religion et à toute appartenance. La démocratie, a-t-il ajouté, représente aussi la voie la plus prometteuse pour la paix. Ces huit dernières années ont montré combien la liberté et la foi ont pu orienter et conduire le monde vers la paix, a déclaré M. Bush, qui achèvera son mandat présidentiel en janvier 2009. Il a dit apprécier le fait que tous les pays participent aujourd’hui à ce dialogue. « Que chacun sur Terre ait la liberté que lui garantit Dieu tout-puissant », a-t-il conclu, avant de quitter la salle de l’Assemblée générale et d’adresser un petit signe de la main à l’auditoire.
M. ASIF ALI ZARDARI, Président du Pakistan, a déclaré que sa présence aujourd’hui offrait une opportunité de promouvoir l’islam modéré, moderne et aimant qui guida l’œuvre de Shaheed Mohtarma Benazir Bhutto, cette dernière ayant sacrifié sa vie à la cause de la tolérance, du dialogue et de la prévention du choc entre les civilisations. Je m’exprime ici au nom de 180 millions d’habitants d’un pays qui a été crée au travers de liens étroits avec l’islam, fort de la vision de son fondateur Quaid-i-Azam et dédié au pluralisme consacré par le Coran, a lancé le Président pakistanais. Il a ensuite attiré l’attention sur le message du Livre saint, message de tolérance envers les autres religions et cultures et de promotion du progrès scientifique. L’islam est ancré dans le passé mais tourné vers l’avenir, a-t-il dit, estimant que toutes les créations divines méritaient une vie digne et le respect universel.
À travers les âges, les ennemis de la paix ont souvent invoqué la religion pour semer en fait la désunion, a poursuivi M. Zardari. Or, la religion a pour vocation de rassembler les nations et non d’ériger des murs entre elles, a-t-il ajouté, appelant à faire de la foi un terrain commun à toutes les civilisations. Le Président a ensuite rappelé que le Pakistan, où la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes, pour la tolérance et la réconciliation se poursuit, avait été le premier pays musulman à élire une femme à sa tête comme Premier Ministre. Aujourd’hui, c’est une femme qui, de nouveau pour la première fois, dirige le Parlement pakistanais dans l’attente, si Dieu le veut, qu’une autre femme occupe un jour le poste qui est actuellement le mien, a déclaré Asif Ali Zardari.
Le Président du Pakistan a encore évoqué la mémoire de sa regrettée femme, Benazir Bhutto, en signalant que la réconciliation était le thème central de son livre posthume, publié au lendemain de son assassinat. Dans cet ouvrage, elle rejette le supposé choc des civilisations, invention destinée en réalité à déformer les valeurs d’une noble religion, a-t-il dit. Il a encore signalé à ce propos que l’action du nouveau Gouvernement démocratiquement élu du Pakistan était basée sur les principes de l’héritage politique de Benazir Bhutto, en vue de parvenir à l’unité dans un monde de compréhension, de respect mutuel, de paix et de stabilité.
Selon moi, il n’y a rien de moins islamique que la discrimination, que la violence à l’égard des femmes ou encore que le terrorisme, le meurtre d’un innocent étant un crime expressément proscrit par le Livre saint, a poursuivi le Président pakistanais. Il a appelé les Occidentaux à ne pas tomber dans le piège tendu par les fossoyeurs de l’islam qui alimentent les peurs imaginaires concernant une religion d’espoir. Fustigeant ensuite les discours islamophobes et antisémites, il a estimé que la violence était un acte de désespoir exigeant des dirigeants du monde qu’ils s’attaquent véritablement aux causes de l’extrémisme et du terrorisme. Pour nous, l’islam est affaire de justice et d’émancipation des hommes et des femmes, il est au service de l’élimination de la pauvreté au sein des populations musulmanes par le biais de la paix et de la tolérance.
M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la Turquie, a estimé « évident » que les normes de comportement du XXe siècle sont désormais dépassées et que, dans nos « temps modernes », le monde est confronté à de nouveaux risques et menaces, comme le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, la criminalité organisée et les trafics illicites, qui ont atteint une ampleur planétaire. En même temps, nous ne pouvons prétendre que les énormes accumulations de prospérité ont été équitablement réparties ni que notre monde est devenu plus sûr, a-t-il ajouté. « Soit nous sommes tous en sécurité, soit personne ne l’est », a fait remarquer le Premier Ministre. C’est tout particulièrement vrai du terrorisme, a déclaré M. Erdoğan, qui a souhaité qu’on mette fin aux perceptions de « bons » et de « mauvais » terroristes. Le terrorisme est un crime contre l’humanité quelle que soit sa source et quel que soit son objectif, a-t-il affirmé.
Toutes ces menaces nécessitent plus que jamais une solidarité internationale, a affirmé M. Erdoğan, qui a regretté que la polarisation et la discrimination demeurent au sein de la communauté internationale. Il s’est dit reconnaissant de toutes les initiatives prises dans le cadre du Dialogue pour la paix, citant notamment le Dialogue entre les croyances et cultures lancé à l’initiative du Pakistan et des Philippines. Rappelant que l’Alliance des civilisations regroupe aujourd’hui 78 pays et 13 organisations internationales, le Premier Ministre de la Turquie a estimé que cela témoigne d’un soutien croissant de la communauté internationale aux principes et objectifs de cette initiative conjointe de son pays et de l’Espagne et a adressé à l’assistance une invitation au deuxième Forum de l’Alliance, qui se tiendra en avril 2009 à Istanbul.
M. Erdoğan a déclaré que la liberté d’expression est un des fondements des autres libertés et un élément indispensable de notre civilisation. Il a cependant fait remarquer qu’elle devrait s’exercer avec responsabilité et de manière à renforcer la culture de tolérance et la coexistence car, a-t-il ajouté, la liberté de conscience et de religion ainsi que le respect des croyances des autres comptent également parmi les principes fondamentaux de notre civilisation. Tout en réaffirmant que le droit de critique existe, il a néanmoins regretté que la différence entre ce dernier et les « attitudes provocantes appelant à la discrimination ou la violence » soit parfois étroite. De l’avis du Premier Ministre, les récents développements de la « crise des caricatures » sont parfois trop provocants pour être expliqués dans le seul contexte de la liberté d’expression. « Nous avons une obligation absolue de réfléchir à l’impact de telles expressions sur les différentes cultures, religions ou régions du monde », a insisté le Premier Ministre, qui a appelé au respect des sensibilités de chacun. « Nous continuerons à affirmer, malgré tout, que la coexistence est possible », a souligné M. Erdoğan. La confrontation est facile, tandis que la conciliation est difficile, mais il est possible d’y parvenir à force de détermination, a-t-il fait observer.
M. FRANCISCO JAVIER ROJO, Président du Sénat de l’Espagne, a souligné que le Gouvernement espagnol attachait une grande importance à toutes les initiatives visant à la promotion du dialogue et de la compréhension entre les peuples, les cultures et les religions du monde, et partageait l’inquiétude face à la montée de l’intolérance. L’Espagne, a-t-il dit, avait répondu avec joie à la demande faite par le Roi d’Arabie saoudite pour que Madrid accueille la Conférence mondiale sur le dialogue, qui a eu lieu en juillet dernier. « L’Espagne a construit sa démocratie sur la tolérance, le respect mutuel et la coexistence », a-t-il ajouté, citant le Roi d’Espagne Juan Carlos. M. Rojo a indiqué que l’Espagne, État non confessionnel, connaissait, grâce à l’immigration, une diversification croissante, laquelle se manifeste dans un intérêt renouvelé en faveur de toutes les initiatives visant à relever les défis de la diversité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
L’Alliance des civilisations, créée en 2005 au sein des Nations Unies, grâce à l’initiative des chefs de Gouvernement de l’Espagne et de la Turquie, reflète ce souci, a-t-il expliqué. L’objectif primordial de l’Alliance est de promouvoir de façon pratique la compréhension et la coopération parmi les États et les peuples de toutes les cultures et de toutes les religions, sur la base des principes et des valeurs de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le Président du Sénat espagnol a précisé que l’Alliance des civilisations était une initiative politique de démocratie préventive, et ce, sans ingérence dans le dialogue interreligieux à proprement parler, lequel appartient aux représentants des confessions. M. Rojo a également rappelé que l’Alliance avait tenu son premier Forum à Madrid, les 15 et 16 janvier 2008, où s’étaient rassemblées plus de 500 personnes, dont des dirigeants politiques, des représentants de gouvernements et d’organisations non gouvernementales, ainsi que des membres de la société civile, des communautés religieuses, des médias et du monde des affaires. L’Alliance a réalisé des progrès importants, a-t-il ajouté, espérant que le deuxième Forum, qui aura lieu à Istanbul en avril 2009 constituera une étape fondamentale.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que le renforcement de la compréhension et du respect mutuels, ainsi que de la coopération, constitue un impératif dans un monde non seulement globalisé mais aussi marqué par des sociétés de plus en plus diverses. Dans de nombreux pays, le multiculturalisme n’est pas le résultat d’un choix, mais le reflet de processus historiques complexes et de structures sociales évolutives, a-t-elle ajouté. La stabilité à long terme de telles sociétés dépend de la coexistence pacifique de différents milieux culturels, et leur succès est lié à leur capacité à intégrer progressivement des citoyens dans un ensemble plus large et plus riche que la somme de leurs parties initiales, a ajouté la représentante.
Une logique similaire devait prévaloir au plan international, a affirmé Mme Ribeiro Viotti. Certes, la diversité des cultures présente des défis mais, lorsque la communauté des nations considérera la diversité culturelle comme le signe d’une force collective, ces défis seront aisément surmontés. C’est un objectif pour lequel les Nations Unies semblent particulièrement bien préparées, a affirmé la représentante. Construire la paix grâce au dialogue interreligieux et à la tolérance religieuse est aussi un impératif dans une époque marquée tant par le fondamentalisme religieux que par le sécularisme, a ajouté la représentante du Brésil. Un tel dialogue doit trouver ses racines dans les valeurs profondes partagées par toutes les religions: la recherche de la paix et du bien, la solidarité humaine et la dignité fondamentale de chaque être humain, a souligné Mme Ribeiro Viotti. Toutes ces croyances se retrouvent également unies aujourd’hui pour refuser d’être instrumentalisées pour justifier la violence et l’extrémisme. Elles sont aussi unies dans leur volonté de dépasser leurs préjugés passés et d’approfondir leur compréhension mutuelle, a affirmé Mme Ribeiro Viotti.
Les États ont un rôle à jouer en faveur du dialogue interreligieux et de la coopération, a affirmé la représentante. En renforçant les libertés de pensée, d’expression et de religion, les gouvernements contribuent à créer un environnement de tolérance et de compréhension; en accordant une importance égale à ces libertés fondamentales et en agissant en conséquence, les autorités publiques montrent que la liberté et le respect de la religion peuvent et doivent être conciliés, a ajouté Mme Ribeiro Viotti. Cet équilibre entre les libertés civiles n’est pas la seule contribution que les gouvernements peuvent apporter, a poursuivi la représentante. Ils doivent aussi s’attaquer au sous-développement et à l’exclusion sociale, tant il est vrai que les extrémistes de tous bords, y compris religieux, tirent profit de la pauvreté et de la désespérance pour inviter les pauvres et les exclus à l’intolérance et à la violence.
Ces convictions sont issues de l’expérience de la nation brésilienne, a affirmé Mme Ribeiro Viotti, qui a ajouté que la diversité culturelle, religieuse et ethnique est au cœur de l’identité brésilienne. Elle a cité en exemple le fait que les communautés d’origine juive et arabe ont toujours vécu côte à côte au Brésil et que cette coexistence se déroule dans l’harmonie. Cette expérience, a-t-elle ajouté, renforce notre soutien aux droits du peuple palestinien à l’autodétermination et à vivre dans un État indépendant et souverain, géographiquement cohérent et économiquement viable, aux côtés d’un Israël vivant dans des frontières sûres et reconnues. Mme Ribeiro Viotti a enfin affirmé que les processus historiques de réduction de la pauvreté et des inégalités représentent une autre contribution à la construction d’une solide culture de paix au Brésil.
M. ZHANG YESUI (Chine) a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir l’égalité entre les différentes religions et cultures sur la base du respect mutuel. Les religions, a-t-il expliqué, sont apparues à différents moments de l’Histoire, et il n’y a pas de différences quant à leur statut. Toutes les religions et toutes les cultures sont la cristallisation de la sagesse humaine et ont contribué au progrès et au développement de la société humaine en tant que telle, a-t-il dit. Le représentant a souligné que la Chine était convaincue de la nécessité de respecter les différences afin d’éviter des conflits, lesquels trouvent souvent leur origine dans l’aliénation, la discrimination, la crainte et la haine provoquées par les différences. La Chine, a-t-il indiqué, a toujours été opposée à l’extrémisme et à toutes les formes de discrimination, de xénophobie et d’intolérance basées sur la croyance ou la race. Elle s’est aussi toujours élevée contre les tentatives faites par certains milieux pour lier le terrorisme à une nation, une ethnie ou une religion particulière. La Chine est elle-même un pays et une société multiethniques et multiconfessionnels. Cinquante-six groupes humains différents y cohabitent depuis 5000 ans, et la civilisation chinoise est là pour prouver que la culture et la religion peuvent être des facteurs positifs dans le développement harmonieux d’une société. La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit chercher à résoudre de façon durable les conflits régionaux, à lutter contre l’absence de compréhension et de respect des religions, dans un cadre d’égalité et de coopération. Le représentant a insisté sur le rôle des jeunes et des médias à cet égard. L’information doit être saine et véritable, a-t-il notamment précisé, soulignant la nécessité pour les médias d’éviter de véhiculer des commentaires insultants qui provoquent des confrontations.
M. JOHN MCNEE (Canada) a déclaré que le monde est rempli d’exemples de coopération et d’interactions fructueuses entre communautés multiethniques, multiconfessionnelles et multiculturelles. Mais, a-t-il ajouté, ces différences sont trop souvent perçues comme une source de compétition ou un élément déclencheur de conflit armé. Il nous incombe de changer cette perception, a-t-il poursuivi, avant d’affirmer: la diversité est une source de possibilités, pas une menace. Le représentant a affirmé que l’adaptation à la diversité régionale, ethnique, linguistique et religieuse a été une condition essentielle pour maintenir la santé globale du Canada depuis ses origines. Notre ouverture face à la diversité et au dialogue interculturels a consolidé la société canadienne et enrichi notre culture, a-t-il ajouté, mentionnant les Français, les Anglais et les peuples autochtones, mais aussi les talents et contributions de « plus de 200 communautés ethnoculturelles » à travers le Canada.
Cette diversité se reflète et se renforce dans la politique officielle de multiculturalisme, a déclaré M. McNee. Le Canada, a-t-il expliqué, encourage le pluralisme par le truchement de lois, d’institutions ou de politiques qui favorisent la participation égale de tous, tout en encourageant la conservation du patrimoine culturel, religieux et linguistique au niveau fédéral, mais aussi provincial et local, et dans les universités, les médias, les groupes religieux et les organisations communautaires de la société civile en général. Bien entendu, a déclaré M. McNee, la promotion du pluralisme et du dialogue entre les religions doit se prolonger au-delà des frontières et les efforts de la communauté internationale ne peuvent se limiter au simple dialogue. Il doit y avoir une prise de mesures concrètes pour promouvoir la compréhension interculturelle et le respect des personnes d’autres origines culturelles et religieuses, a affirmé le représentant. Il a donc salué des initiatives telles que l’Alliance des civilisations, qui ont ciblé des mesures concrètes dans les sphères de la jeunesse, des médias, de l’éducation et de la migration, qu’il a jugées importantes pour lutter contre l’ignorance, « source potentielle d’incompréhension interculturelle ».
M. FRANCISCO JAVIER DOMINGUEZ (Cuba) a déclaré qu’au moment où nous célébrons le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le monde affronte des crises financière, énergétique et alimentaire qui, couplées aux conséquences des changements climatiques, menacent jusqu’à la survie de l’espèce humaine. Le représentant a renchéri en estimant que la vie de millions de personnes était également menacée par l’unilatéralisme d’une « super puissance » basant son action sur le « prétendu choc des civilisations et la diabolisation des cultures et des religions ». L’Alliance des civilisations est le seul moyen de faire échec à la mondialisation du néolibéralisme, qui maintient les pays du Sud dans le sous-développement et impose une vision culturelle hégémonique, a ajouté M. Dominguez. Il a ensuite plaidé pour une gestion multilatérale des grandes questions internationales, seule voie, de l’avis de sa délégation, pour atteindre la paix et le développement universels. M. Dominguez a estimé à ce titre que les activités prévues dans le cadre de l’Année internationale du rapprochement des cultures en 2010 contribueront à la promotion de la culture de la paix, de même que la Réunion sur le dialogue interconfessionnel et la coopération en faveur de la paix et du développement qui se tiendra à Manille, aux Philippines, les 26 et 28 mai prochain.
M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a mis l’accent sur la nécessité de poursuivre le dialogue entre les religions et les cultures. Les Nations Unies doivent faire des efforts pour encourager des relations amicales et créer une société idéale, développer les moyens de contacts entre les hommes, échanger des connaissances, a-t-il estimé. Elles doivent redoubler d’efforts pour encourager ce dialogue interculturel et confessionnel, en soutenant les différentes réunions et initiatives concertées visant à lutter contre le radicalisme et les extrémismes, lesquels, a-t-il expliqué, représentent une insulte pour les religions. Le représentant a également souligné la nécessité de lutter contre les sacrilèges qui divisent les peuples et entretiennent un climat négatif. Il est indispensable, a-t-il insisté, de respecter la liberté culturelle et religieuse, de respecter les droits des communautés et des immigrés.
M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a déclaré apprécier l’importance du processus lancé avec la Conférence mondiale sur le dialogue qui a eu lieu en juillet à Madrid. Le dialogue interculturel et interconfessionnel et la coopération sont indispensables dans le monde instable qui est le nôtre, a-t-il ajouté. Les conflits liés à la religion sont plus probables quand l’extrémisme l’emporte sur la modération, laquelle, a-t-il affirmé, est une composante de la culture indonésienne. Notre culture encourage un large dialogue et la tolérance, c’est notre façon de faire face à notre immense diversité ethnique, a-t-il expliqué, avant de rappeler la devise de son pays: « Nous sommes divers mais nous sommes Un ».
Il ne faut pas seulement sauver les populations de la pauvreté mais aussi de l’ignorance, a déclaré M. Natalegawa, qui a donc insisté sur l’importance de l’éducation. Il a par ailleurs rappelé les initiatives prises par son pays en matière de dialogue interconfessionnel, au plan bilatéral ou international. Le dialogue interconfessionnel est trop important pour être laissé seulement entre les mains des gouvernements, a affirmé M. Natalegawa. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, le Gouvernement indonésien soutient les initiatives de divers groupes de la société civile, tels que la Conférence des érudits musulmans. En outre, a-t-il dit, nous voyons au quotidien des gens de religions différentes conduire le dialogue en s’entraidant pour la construction de leur maison ou encore, quand des écoliers de confessions différentes étudient dans la même école et discutent.
M. Natalegawa a déclaré que son pays appuie les projets de résolution présentés par les Philippines et le Bangladesh et a souhaité qu’ils puissent être adoptés par consensus.
M. MORTEN WETLAND (Norvège) a loué l’initiative de l’Arabie saoudite qui intervient en temps opportun dans l’histoire. Il a estimé que l’humanité n’avait pas encore pleinement appris à se réjouir des richesses de la diversité des cultures que la mondialisation met à disposition des peuples du monde. La Norvège elle-même apprend chaque jour à intégrer migrants et réfugiés dans le respect de leur identité et de leur expérience. Nous souhaitons devenir une société ouverte où tout un chacun sentira qu’il est le bienvenu pour réaliser ses objectifs et aspirations, a ajouté le représentant. Il a estimé qu’à cette fin les communautés religieuses avaient un rôle précieux à jouer, en encourageant notamment le dialogue et le respect entre les différentes cultures et obédiences. Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’inculquer ces valeurs dès l’enfance, au sein des familles et des écoles. Alors que nous nous apprêtons à célébrer le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous devons nous laisser guider dans notre dialogue par les libertés fondamentales consacrées dans ce texte, a encore estimé M. Wetland. Il a souligné que la liberté religieuse ne pouvait être atteinte sans la liberté de parole, qui rend possible le dialogue et l’expression libre et sans peur des points de vue.
M. JOÃO MANUEL GUERRA SALGUEIRO (Portugal) a déclaré soutenir tous les efforts pour parvenir à une meilleure entente entre peuples. Il ne faut pas sous-estimer le rôle primordial de l’éducation pour la promotion d’une culture de paix, a-t-il ajouté, estimant que c’est le meilleur moyen de promouvoir les idées de tolérance et de protection ainsi que des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La promotion du dialogue et de la compréhension entre les cultures est essentielle à la construction d’un monde plus tolérant mais cela ne peut se faire sans la promotion des droits de l’homme qui sont universels, interdépendants, indivisibles et liés, a-t-il rappelé. Le représentant du Portugal s’est dit convaincu du rôle que peut jouer l’Alliance des civilisations.
Mme SUSAN WAFFA-OGOO (Gambie) a estimé que le développement social, l’environnement durable, l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire durable sont des éléments essentiels de la coexistence pacifique. Ceux qui en sont privés, et notamment les jeunes, risquent de sombrer dans la violence, tant il est vrai que, « quand on est oisif, on travaille pour le diable ». « Travaillons à éradiquer ces injustices, qui sont les causes profondes des conflits et de la violence », a dit la représentante.
Entretenir une culture de paix suppose qu’on agisse réellement dans le domaine social, éducatif et civique, a déclaré Mme Waffa-Ogoo, qui a appelé à une réorientation des ressources destinées aux programmes militaires vers ceux qui contribuent au développement et à la sécurité humaine. Les pays en développement ont observé avec stupéfaction les pays développés dépenser plusieurs milliers de milliards de dollars pour sauver leurs institutions financières, alors même que leurs engagements en faveur d’une augmentation de l’aide publique au développement restent largement non respectés. La représentante a déclaré qu’il faudrait renforcer le dialogue interreligieux et la coopération en améliorant notre connaissance réciproque des religions du monde. Elle a rappelé que trois des plus importantes d’entre elles, les « religions du Livre » –judaïsme, christianisme et islam– puisent leur source dans la foi d’Abraham. « C’est pourquoi, nous devrions mettre l’accent sur ce qui nous unit et non sur ce qui nous divise », a ajouté Mme Waffa-Ogoo, qui a encouragé les médias à jouer leur rôle en diffusant une « information utile » susceptible de générer la compréhension, la bonne volonté et la solidarité. Elle a également insisté sur la puissance de l’éducation, dont les programmes devraient mettre l’accent sur la liberté, la recherche du bien commun, l’honnêteté, le respect, la compréhension et la tolérance.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a mis l’accent sur la nécessité d’établir un dialogue interculturel et interreligieux, en particulier dans le contexte actuel difficile de mondialisation et d’interaction entre les peuples et les pays. Il a souligné le rôle des structures non étatiques et non gouvernementales, notamment des communautés religieuses qui contribuent à lutter contre l’extrémisme, le racisme et la xénophobie, et à mettre fin aux conflits. Il est important, a-t-il également dit, de développer de bons programmes d’information et d’éducation, tout comme il est indispensable d’utiliser les capacités des Nations Unies. L’une des tâches essentielles consiste à surmonter les différentes formes d’extrémisme, a estimé le représentant, rappelant les poids et les obstacles de l’héritage colonial, de la séparation croissante entre le Nord et le Sud, du manque de respect des droits de l’homme, en particulier dans la lutte contre le terrorisme.
M. Churkin a indiqué que son pays accordait une grande importance à l’Année internationale du rapprochement des cultures en 2010. Il a encouragé les chefs religieux à y participer. Il a rappelé que la Fédération de Russie était un pays multiconfessionnel qui n’a jamais connu de guerres religieuses. La Fédération de Russie peut se prévaloir d’une expérience unique, millénaire, de coexistence pacifique, a-t-il dit. Dans le contexte de la mondialisation, il est indispensable de traiter les problèmes en tenant compte des valeurs intrinsèques à chaque croyance, a-t-il souligné, plaidant notamment en faveur d’un partenariat systématique entre les différentes religions et les Nations Unies, ainsi que l’avait recommandé le Sommet des chefs religieux, en 2006, à Moscou.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a déclaré qu’au moment où prolifèrent des déclarations controversées, des propos de violence et de haine, il était plus que nécessaire d’aller au-delà des compromis de façade pour instaurer un véritable dialogue entre les peuples. Il a mis en garde contre toute présomption de supériorité d’une civilisation sur les autres qui enferme dans une logique d’exclusion et de discrimination. « Nous devons nous convaincre, qu’aucune civilisation parmi celles qui ont survécu aux crises et bouleversement de l’Histoire ne peut se targuer de n’avoir subi l’influence d’autres peuples ou cultures qui lui ont insufflé un dynamisme indispensable à son évolution », a dit le représentant. Il a estimé que les civilisations s’étaient développées et enrichies à la faveur du dialogue et de l’échange avec les autres. Citant ensuite l’ancien Président et poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, M. Badji a appelé à vivre le particularisme jusqu’au bout pour y trouver l’« aurore de l’universel ». « C’est en nous fondant sur nos valeurs propres et en nous ouvrant aux autres que nous parviendrons à construire la civilisation de l’universel qui serait un rendez-vous du donner et du recevoir », a-t-il ensuite ajouté. Le représentant du Sénégal a demandé que le dialogue entre les peuples ait pour postulat le respect mutuel comme alternative à la confrontation et pour objectif d’éliminer les préjugés. Il a indiqué que dans ce cadre les médias avaient un rôle crucial à jouer dans la promotion du respect des croyances et des religions, la liberté d’expression devant avoir selon lui pour corollaire la responsabilité. Réussir le pari de l’éducation, c’est dissiper l’ignorance et saper l’ambition de ceux qui, au nom de prétendues convictions religieuses, bafouent la sacralité de la vie humaine, a affirmé M. Badji.
M. EKMELEDDIN IHSANOGLU, Secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a déclaré que, depuis deux décennies, la dynamique de la politique internationale s’est déplacée vers ce que l’on a appelé « le choc des cultures et des religions ». Il s’est donc réjoui de la réunion d’aujourd’hui, afin de dissiper les malentendus. Il ne s’agit pas de rendre les religions identiques ou même similaires mais de les faire connaître et d’en définir les dénominateurs communs, de combattre la haine par l’amour, le vice et le mal par la vertu, l’intolérance par la tolérance, a-t-il affirmé. Il a rappelé que l’OCI a proposé dès 1998 l’idée d’un dialogue des civilisations.
M. Ihsanoglu a estimé que le manque de dialogue à ce jour est dû à l’absence de volonté politique. Nous n’avons pas réussi à diffuser vers l’homme de la rue les messages de tolérance et de compréhension mutuelle, a-t-il regretté, ajoutant qu’apparemment, la théorie du choc des civilisations avait trouvé une légitimité. Les outils puissants des médias sont mobilisés pour inventer un lien conceptuel entre islam et terrorisme, a-t-il estimé. Cette manière de présenter les choses, les idées fausses sur l’islam, sont à la source de l’islamophobie, a-t-il estimé. Le résultat, c’est que l’islam, religion de paix, est souvent associé à la violence, a-t-il regretté, en réclamant des mesures immédiates pour contrer ces croyances non fondées. L’islam ne prêche pas l’exclusion, c’est une religion de tolérance, de reconnaissance des autres et de pluralisme, a-t-il insisté.
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a souligné que le dialogue interreligieux est devenu une manière importante pour les personnes de religions différentes de se connaître et de tisser des liens de confiance et de compréhension mutuelles. Il a cependant rappelé que la religion est avant tout une question personnelle et qu’il est donc compréhensible que certaines personnes et communautés ne se sentent pas forcément à l’aise face à l’idée d’un dialogue interreligieux. Le dialogue est certes important, mais pour être effectif, il doit être accompagné d’actions visant à promouvoir des sentiments interreligieux et interculturels. Les gouvernements ont un rôle important à jouer, a-t-il déclaré, avant de rappeler l’importante diversité religieuse qui existe dans son pays.
Aussi, le Gouvernement a-t-il entrepris en 2006 des efforts pour impulser l’unité entre les différentes communautés et religions. L’approche de Singapour inclut aussi des mesures juridiques contre ceux qui exploitent ou provoquent l’intolérance raciale et religieuse. Singapour, a ajouté le représentant, sait très bien que la paix et l’harmonie sont difficiles à obtenir. Les leçons des émeutes raciales de 1960 restent indélébiles, tout autant que la volonté du peuple d’accepter la diversité ethnique et religieuse. Le pays a aussi appris que le maintien de la confiance et de la compréhension entre différentes communautés religieuses exige une stricte égalité de traitement dans tous les aspects de la vie, a souligné le représentant, en arguant qu’il s’agit là d’une approche pragmatique et responsable.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a indiqué que son pays avait réussi, au cours des 17 siècles écoulés, à maintenir son indépendance grâce à la force de la tolérance, laquelle réside au cœur de toutes les religions. Il a ensuite expliqué que pendant la Deuxième Guerre mondiale, Saint-Marin avait accueilli plus de 100 000 réfugiés, soit cinq fois la taille de sa population actuelle, sans distinction de conviction politique ou de croyance religieuse. M. Bodini a également indiqué que Saint-Marin figurait en première ligne du débat sur le dialogue interculturel et interreligieux, comme il l’a montré lors de sa présidence du Comité des ministres du Conseil de l’Europe. L’Assemblée générale, a-t-il dit, doit servir de « salle des machines » et générer de nouvelles idées capables de nous permettre de répondre aux défis de notre monde.
M. AGSHIN MEHDIYEV (Azerbaïdjan) a rappelé que son pays comptait différentes confessions et qu’une tradition de tolérance s’y était épanouie. En 1918, l’Azerbaïdjan a ainsi créé la première république démocratique de la région, avant son rattachement à l’Union soviétique en 1920. En 1991, nous avons retrouvé notre indépendance et décidé d’adhérer aux valeurs européennes tout en faisant partie du monde musulman, ce qui nous place dans une position privilégiée pour promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel, a indiqué le représentant. Dans ce contexte, nous avons exprimé à plusieurs reprises notre volonté de devenir un pont entre différentes cultures et religions. En avril 2007, a-t-il précisé, nous avons organisé une Conférence internationale sur les médias, pour promouvoir les valeurs de tolérance et de compréhension et en juin dernier, une autre manifestation a eu lieu sur le rôle des femmes dans le dialogue entre les civilisations et les cultures. Bakou se prépare en outre à devenir la « capitale » du monde musulman en 2009, a ajouté la délégation. L’Azerbaïdjan a dénoncé en conclusion les « pratiques illégales d’occupation et de nettoyages ethniques » sur son territoire et demandé qu’il y soit mis un terme.
M. ABDERRAHIM OULD HADRAMI (Mauritanie) a souligné que le débat de haut niveau avait une importance particulière dans un contexte de théories sur le caractère inévitable d’un choc entre les civilisations et les cultures, d’idées qui cherchent à approfondir les différences entre les peuples et à éroder les fondements de la paix et de la coexistence entre les peuples. Les pays musulmans, a-t-il dit, attachent une importance particulière à cette réunion qui constitue pour eux une occasion de projeter le vrai et le noble message de l’islam. Cette religion, a-t-il expliqué, ne prêche ni ne tolère le terrorisme et l’extrémisme. La culture de l’Islam est d’être ouverte à toutes les cultures et civilisations, a-t-il ajouté, avant de préciser qu’elle rejette l’hégémonie et respecte le droit des autres religions minoritaires, dans ses domaines d’influence, à pratiquer leurs rites librement.
L’Islam est une culture ouverte qui souhaite des échanges avec d’autres cultures et civilisations sur la base de principes clairs, comme le respect mutuel entre les religions, la résistance à l’agression contre les autres ou la consolidation de ce qui unit les peuples et les religions. Si le dialogue est conduit sur ces bases, il mènera à un approfondissement de la compréhension entre les peuples, a-t-il prédit. Le représentant a ensuite souligné que le dialogue entre les différentes cultures est entravé par différents facteurs comme l’inégalité des chances et la répartition inégale des revenus. Plusieurs peuples et cultures sentent qu’ils sont marginalisés et victimes d’exclusion, a-t-il ajouté. Le représentant a appelé la communauté internationale à lutter contre l’extrémisme et le terrorisme, en combattant les concepts politiques et idéologiques trompeurs, ainsi que les problèmes économiques et sociaux qui alimentent la frustration.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a estimé que les conflits qui découlent des différences culturelle, ethnique et religieuse ont pour racine des discordes politiques et reflètent les écarts socioéconomiques du monde actuel. Il a également estimé que l’accès à l’information peut contribuer soit à combler les écarts existants ou à les approfondir. L’édification d’une culture de paix ne peut se faire à moins que les populations soient à l’abri du besoin, a-t-il ajouté, insistant sur l’importance du droit au développement. Le représentant a constaté l’existence d’un schisme dangereux entre les différentes cultures et religions qui menace la paix internationale. Il a condamné le phénomène de l’islamophobie, et a exprimé ensuite son désaccord avec la notion selon laquelle la diffamation religieuse n’est pas une violation des droits de l’homme. La diffamation religieuse est une dérogation au droit de culte et incite à la haine raciale et religieuse.
Il importe donc, a-t-il dit, de trouver un équilibre entre la liberté d’expression et la liberté religieuse, y compris d’un point de vue juridique et pratique. M. Ali a ensuite souligné l’importance de faire participer tous les échelons de la société civile à la promotion de la compréhension entre les cultures, civilisations et religions. Il a également déclaré que l’ONU était l’institution la mieux positionnée pour coordonner ces efforts et occuper un rôle de premier plan. Nous devons multiplier les passerelles, porter notre attention sur les valeurs que nous partageons tous, et ne pas laisser la politique les entacher, a-t-il dit. Il a également estimé que donner des étiquettes crée de la confusion plutôt que de la clarté.
M. DESALEGN ALEMU (Éthiopie) a indiqué que son pays accueillait plus de 80 groupes ethniques et religieux et avait été décrit comme une mosaïque de cultures, si ce n’est comme le berceau de l’humanité. L’Éthiopie est également connue comme l’ancienne terre où ont coexisté en toute harmonie les trois religions du Livre. La tolérance et le respect des différentes cultures, ethnies et confessions est un aspect fondamental de notre mode de vie et relève même de la survie, a affirmé le représentant. La Constitution fédérale est fermement ancrée dans le principe selon lequel il faut reconnaître et sauvegarder les identités individuelles, ainsi que veiller au respect de la représentation et de la participation de toutes les nations et nationalités, avec pour objectif de promouvoir l’« unité dans la diversité ».
Reconnaître les divers groupes nationaux et identitaires, le droit à l’autodétermination et l’établissement d’une structure fédérale qui délègue son pouvoir au niveau local sont quelques-unes des caractéristiques remarquables du système politique en place aujourd’hui en Éthiopie, s’est félicité le représentant. Grâce à la Constitution fédérale, les peuples d’Éthiopie ont réussi à forger une culture de paix et une société tolérante. La promotion du dialogue et de la compréhension entre les grandes religions et cultures du monde n’est pas un luxe, mais une nécessité, a rappelé le représentant.
M. GORDON BROWN, Premier Ministre du Royaume-Uni, a souligné que jamais un tel dialogue n’avait été aussi important. La vie est dans les différences qui nous enrichissent et non dans celles qui nous divisent. Il a rappelé qu’il y a 200 ans, des hommes ont lancé le mouvement pour l’abolition de l’esclavage et qu’il y a 50 ans, d’autres ont fait de même aux États-Unis avec le mouvement des droits civiques. Aujourd’hui, ce sont également des hommes et des femmes de conviction qui disent que nous devons réaliser les OMD, a-t-il déclaré.
Aujourd’hui nous devons partager le sentiment que nous appartenons à quelque chose de plus grand que notre individualité, a-t-il déclaré, en appelant à la recherche du dénominateur commun. Dans ce village mondial, ce qui est nouveau c’est que nous pouvons nous parler de plus en plus grâce à l’Internet, aux courriels ou aux textos. Des personnes qui ne se connaissent pas peuvent, aujourd’hui, se retrouver à lire une même page Internet au même moment. Nous sommes en train de découvrir la dignité de la différence, s’est-il réjoui, en appelant à transcender les différences.
Évoquant son dernier voyage au Nigéria, il a argué que notre devoir est que chaque enfant aille à l’école et découvre ce qu’il a en commun avec les autres enfants. Nous devons mettre à l’abri des extrémistes les cerveaux des enfants, a-t-il insisté. Nous devons réunir les enfants dans une sorte de mouvement international pour la paix, a-t-il prôné. Le monde, a-t-il reconnu, affronte actuellement la première crise financière moderne. Le Premier Ministre a, dans ce contexte, rejeté le protectionnisme. Tous les pays doivent travailler à l’unisson face à la crise, a-t-il dit, tout en souhaitant que la réunion du G-20 prévue samedi prochain, à Washington, permette de renforcer la coopération.
M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a estimé que ce débat nous force à réfléchir à la configuration d’un monde multipolaire nouveau. Il a également estimé que l’origine fondamentale de toute crise se trouve dans la négation du principe de justice. Il a prôné une reconstruction complète des systèmes économique et politique internationaux, seule façon, selon lui, de faire prévaloir la justice et la paix dans le monde. Le représentant d’El Salvador a également insisté sur l’importance de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement et a souligné la nécessité de passer de la théorie à la prise de mesures concrètes. Nous sommes réunis ici même pour nous engager à mettre en commun toute notre réserve de force morale pour le bénéfice de nos propres peuples, a-t-il dit. Constatant que les guerres prennent racine dans l’esprit des hommes, M. García González a affirmé que c’est donc dans l’esprit des hommes qu’il faut forger le concept de la culture de paix.
Le représentant s’est ensuite félicité de la proclamation de l’année 2010 en tant qu’Année internationale du rapprochement des cultures et a rappelé que le droit à la paix est un pilier fondamental des droits de l’homme. Pour lui, le défi principal du XXIe siècle consiste à élargir le concept de la sécurité internationale. Il a demandé au Conseil de sécurité et au Département des opérations de maintien de la paix de s’unir au consentement général sur l’édification d’une culture de paix. M. García González a également salué les efforts déployés par la société civile pour promouvoir la culture de paix.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays était bien connu pour son soutien aux initiatives du Dialogue entre les civilisations, les religions et les cultures et de Solidarité pour la paix, cette dernière ayant été proposée l’an dernier par le Président iranien. Nous sommes convaincus qu’afin de donner à nos sociétés davantage d’opportunités, nous devons œuvrer à élargir le niveau de compréhension et de respect entre les adeptes des religions divines, a-t-il affirmé. Étant donné que nous sommes tous dans le même bateau, nous devons créer les conditions pour que chaque passager puisse prendre part aux efforts de coopération entre les différentes religions, cultures et civilisations. « La coopération n’est pas une option, mais un devoir », a-t-il assuré. Pour garantir un niveau de coopération continu, il est nécessaire de s’appuyer sur les potentiels existant sur le terrain, en pratiquant le dialogue et promouvant le respect et la compréhension mutuels, a-t-il souligné.
Malheureusement, certains pays et régions sont victimes d’une propagande injuste, inique et partiale qui s’emploie à fausser les faits et les réalités. Ainsi, l’islam et les musulmans sont souvent, à tort, associés à des accusations injustes et à des stéréotypes négatifs. Dans ce contexte, le représentant a insisté sur le fait qu’il est essentiel d’assumer la responsabilité qui va de pair avec le droit à la libre expression. Conformément au dialogue interreligieux et interculturel que nous souhaitons promouvoir, il est essentiel de prévenir tout abus des différences culturelles et religieuses, a commenté le représentant. Il est évident que tout recours à ces manœuvres dans notre dialogue interconfessionnel vouerait à l’échec les objectifs auxquels nous aspirons tant, a-t-il estimé. M. Khazaee a ensuite regretté que le représentant d’un certain régime dont la courte histoire, fondée sur une mauvaise interprétation d’une religion divine et marquée par l’agression, l’occupation, le terrorisme d’État et la torture du peuple palestinien, ait cherché à tirer profit de cette réunion pour servir ses objectifs politiques étroits. La participation d’un tel régime ne sert pas les objectifs communs mais lui donne la chance d’essayer de faire dérailler le processus actuel et de détourner notre attention de notre mandat, a-t-il lancé en conclusion.
M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a jugé paradoxal que cette époque de mondialisation, qui est supposée améliorer la compréhension mutuelle, soit en train de renforcer l’intolérance et la discrimination. La religion prend une dimension de plus en plus importante dans les sociétés. En tant que telle, elle devrait être une source de paix mais son exploitation ou sa mauvaise utilisation par des idéologues a fait d’elle une source d’émeutes et de conflits interculturels, alors qu’aucun de ses aspects ne soutient la violence mais bien des idéaux de compassion, de respect de la dignité, de la vie et de paix pour l’humanité.
Le représentant a partagé ensuite l’expérience de son pays, qui a laissé derrière lui la colonisation, la guerre civile et un régime autoritaire pour devenir une démocratie à part entière. De cette expérience, a-t-il confié, nous avons appris que la gouvernance démocratique, fondée sur les principes essentiels de la promotion des droits de l’homme, de l’état de droit et du pluralisme, conduit à un plus haut niveau de tolérance et de respect pour les peuples et les civilisations différents. La diversité n’est pas une source de tensions mais bien une source de dynamisme et de créativité, qui permet à une société de s’enrichir.
Le représentant a voulu que le principe de tolérance soit remplacé par celui d’inclusion parce que la tolérance implique que ceux qui en bénéficient font partie de la minorité. Pour traiter des questions pressantes comme les relations entre les sociétés musulmanes et occidentales, le représentant a prôné une approche méditerranéenne. Des approches semblables devraient être étendues en Asie du Sud et de l’Est et en Amérique latine, a-t-il estimé.
Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a déclaré que nous vivons dans une époque difficile, caractérisée par une prolifération troublante de l’extrémisme et du racisme et par la persistance de la méfiance à l’égard d’autrui. La diffamation religieuse et les stéréotypes religieux menacent l’harmonie sociale et violent les droits de l’homme, a-t-elle signalé. Convaincue que toutes les religions partagent le même message de paix, de justice et de solidarité, la représentante a estimé qu’il importe de mettre en avant les facteurs qui nous unissent. Elle a indiqué que le Bangladesh s’associait à la Déclaration de Madrid et accordait son plus grand appui à la Ligue arabe. Mme Jahan a ensuite estimé qu’étant actuellement dans la huitième année de la décennie internationale pour une culture de paix et de non-violence, il importait d’évaluer les progrès réalisés et d’établir des objectifs. Elle a ensuite présenté le projet de résolution A/63/L.23.
La représentante du Bangladesh a également déclaré que la langue était l’un des instruments les plus puissants capable de préserver et de développer les patrimoines et les identités. Elle a insisté sur l’importance d’encourager la diversité linguistique et l’éducation polyglotte afin d’inciter à une plus grande compréhension et à un meilleur dialogue interculturel. Elle a rappelé que le Bangladesh s’était porté coauteur de la résolution sur le dialogue et la coopération œcuméniques pour la paix, et a déclaré que même si les défis qui se profilent à l’avenir sont considérables, sa délégation était convaincue du fait que le dialogue interreligieux était le meilleur moyen d’édifier des passerelles et de résoudre les problèmes liés à la diffamation, entre autres.
M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a déclaré que ce qui nous unit est le fait que dans nos religions, l’être humain est interprété comme une création de Dieu. Il est certain, a-t-il enchaîné, que lorsqu’un être humain s’attaque à la vie et aux droits d’un autre, ses actions ne sont pas guidées par la grâce de Dieu mais par le mal. Le représentant a estimé que le moyen de résister au mal se trouve en partie dans les dialogues interreligieux et interethniques. L’être humain doit figurer au centre de toutes les activités de l’ONU, notamment la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a souligné qu’il était le représentant d’un pays qui avait vécu une période « d’existence épouvantable » dans le bloc soviétique où la vie d’un être humain était la dernière des priorités comme en atteste la tragédie de l’Holodomor qui a coûté la vie à plus de 6 millions de personnes. Le représentant a imputé à Staline ce témoignage d’une négligence affreuse au nom des ambitions politiques. Afin que de telles destructions cyniques d’êtres humains et le mépris de leur droit à la vie ne se reproduisent pas, nous devons dire la vérité sur de tels crimes contre l’humanité, a-t-il dit.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a rappelé que si la paix était la prémisse du règlement des problèmes de la faim, de la malnutrition, de la pauvreté ou encore des discriminations raciale et religieuse, cette paix ne pourrait être viable en l’absence d’une reconnaissance de la relation organique entre paix et développement. Il a ensuite indiqué que son pays, qui compte 90 millions d’habitants, accueille 54 groupes ethniques bien distincts et est connu pour sa tradition de tolérance religieuse et culturelle et de coexistence pacifique. Au cours de son histoire, le Viet Nam a adopté une série de lois et de politiques visant à protéger la diversité culturelle et religieuse de ses communautés, comme en témoignent les programmes d’enseignement en langues minoritaires ou la garantie, inscrite dans la Constitution nationale, de la liberté de culte et de l’égalité entre toutes les religions. Le représentant a rappelé en conclusion qu’il fallait rejeter ceux qui, à des fins politiques, et sous couvert de la religion, mènent des activités au détriment de la culture de paix.
M. HERALDO MUÑOZ (Chili) s’est félicité que la Déclaration de Madrid reconnaisse le respect de la dignité humaine et la promotion des droits de l’homme en tant que principe de base pour établir de bonnes relations entre les peuples. Le processus lancé à Madrid est complémentaire d’autres initiatives lancées sous les auspices de l’ONU, comme l’Alliance des civilisations et le Forum tripartite sur la coopération interconfessionnelle pour la paix. Le représentant chilien a précisé que le rôle joué par la religion dans le discours sur les droits de l’homme a acquis une nouvelle importance ces dernières années. Il s’est cependant déclaré préoccupé par l’approche qui met au-dessus des droits individuels les valeurs de la religion et les objets de vénération. Cela peut signifier que les premiers pourraient être soumis aux seconds au nom du respect d’une religion particulière. La suppression de certaines libertés ou l’imposition de restrictions à la liberté d’expression ne peuvent être une réaction automatique à des événements isolés concernant une religion particulière, aussi regrettables et condamnables soient-ils. Nous avons besoin de plus de liberté d’expression et non de moins, a-t-il conclu.
M. GIULIO TERZI (Italie) a estimé qu’il importait, en premier lieu, de réaffirmer l’indépendance des religions et du dialogue interreligieux vis-à-vis de l’ingérence des gouvernements. Les États Membres peuvent promouvoir ce dialogue, mais ne doivent pas l’influencer, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il importe de renforcer notre compréhension mutuelle et de saluer l’existence de la diversité. Il a fait siennes les paroles prononcées hier par les Rois saoudien et jordanien, ainsi que par le Premier Ministre israélien. Il a également précisé que l’Italie accordait son plus grand appui à l’Alliance des civilisations. M. Terzi a ajouté qu’un véritable dialogue devrait tout d’abord reconnaître le caractère universel des droits de l’homme, notamment la liberté de culte. Il a ensuite indiqué que le Parlement italien venait d’approuver une série de mesures destinées à encourager le Gouvernement à maintenir sa lutte contre la persécution et la discrimination religieuse. La liberté de culte est menacée dans de nombreuses parties du globe, a-t-il enchaîné, et les Nations Unies doivent centrer leurs efforts pour protéger ce droit fondamental. Le représentant de l’Italie a également signalé que sa délégation accordait son plus grand appui à la résolution annuelle contre l’intolérance. Il a insisté sur l’importance de faire participer les jeunes au dialogue interculturel, constatant que son succès dépend d’eux.
M. ADRIAN NERITANI (Albanie) a estimé que son pays avait beaucoup à offrir en matière de tolérance et de compréhension mutuelles. Au cours de son histoire mouvementée, l’Albanie a démontré sa capacité à accepter et à respecter l’autre et ses croyances, a-t-il dit. Il a notamment fait référence aux familles albanaises, chrétiennes ou musulmanes, qui ont risqué leurs vies pendant la Seconde Guerre mondiale, en offrant refuge à des Juifs qui fuyaient les horreurs de l’Holocauste. Il a aussi fait référence aux millions de réfugiés kosovars, qui en 1999, en pleine guerre du Kosovo, ont fui les forces de Milosevic. S’appuyant sur son passé, l’Albanie a donc décidé de faire du dialogue interculturel et interreligieux une priorité pour le développement et la stabilité régionale, a indiqué le représentant. Membre de l’Alliance des civilisations, l’Albanie partage l’approche du Groupe des Amis, qui ambitionne de surmonter le fossé séparant l’Occident de l’Orient par des projets concrets et pertinents. La stratégie albanaise de dialogue interculturel reflète une tradition plusieurs fois centenaire d’harmonie et de compréhension entre les trois principales religions pratiquées dans le pays, a souligné le représentant, avant d’annoncer la tenue, en janvier 2009 à Tirana, d’un Forum du dialogue interconfessionnel en Europe du Sud-Est.
M. JAN GRAULS (Belgique) s’est déclaré convaincu que c’est notamment par la poursuite du dialogue que nous lutterons contre les incompréhensions et les préjugés, tout en rappelant que son pays est un croisement de cultures, de religions et de croyances. Si nous constatons au quotidien la richesse que cette diversité nous apporte, nous savons aussi, a-t-il déclaré, qu’elle ne va pas sans problème. La Belgique est cependant parvenue à les surmonter par le dialogue entre toutes les composantes de la société, s’est-il félicité. Le respect de la liberté de religion et de conviction représente une base incontournable.
Le dialogue entre cultures et religions ne peut se concevoir que dans l’acceptation de la liberté de chacun de choisir ce en quoi il veut croire ou ne pas croire, a-t-il expliqué. Pour être efficace, a-t-il ajouté, le dialogue doit être inclusif. Toutes les religions et les convictions doivent y être impliquées, sans hiérarchie, ni discrimination, a-t-il déclaré, avant d’appeler à la protection des personnes appartenant aux minorités religieuses. Nous constatons que les personnes qui ne partagent pas la croyance de la majorité font trop souvent l’objet de harcèlement et de discrimination. Or, il est de la responsabilité de chaque pays de veiller à ce que chacun se sente libre et respecté dans ses choix religieux ou philosophiques.
Le représentant belge a plaidé pour que le dialogue permette de véritables échanges sur les croyances de chacun, avant de qualifier de richesse le pluralisme religieux. Cette richesse signifie aussi que le droit de critiquer les convictions des autres, de les discuter et de les contester doit être garanti. On ne réduira pas les tensions en empêchant l’expression d’opinions divergentes. En revanche, a-t-il dit, si cette expression constitue une incitation à la haine religieuse, elle doit être interdite. Par ailleurs, M. Grauls a souligné que le dialogue doit se faire en préservant l’indépendance des sphères politiques et religieuses. Le dialogue entre les religions et les convictions doit se poursuivre sans interférence politique, a-t-il assuré. Il a mis en exergue l’importance de l’éducation et du dialogue, à tous les niveaux de la société, pour aboutir à une plus grande tolérance et à la compréhension mutuelle.
M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) a estimé que le fait même de nos différences exige un plus grand dialogue afin de mettre en avant notre compréhension mutuelle, sans quoi, a-t-il averti, nous continuerons de subir les conséquences de l’ignorance. Il a indiqué que le Nigéria avait réussi à coexister en un tout malgré sa grande diversité culturelle, linguistique et religieuse. Le Nigéria est l’incarnation de « l’unité dans la diversité », a-t-il déclaré. Il a expliqué que son pays avait créé un conseil interreligieux et diverses agences de promotion de la tolérance, de la compréhension et de la solidarité. À son avis, l’édification d’une culture de paix doit se centrer sur des paramètres à facettes multiples qui privilégient la compréhension des différents modes de vie. Il a également évoqué la résolution de conflit et le développement de cadres institutionnels destinés aux initiatives de paix. Les médias, a-t-il dit, ont également leur rôle à jouer par l’intermédiaire, notamment, de programmes qui favorisent la paix et la tolérance religieuse. Nous sommes convaincus que notre diversité est là pour notre bien, et non pour notre destruction, a-t-il enchaîné, demandant plus d’efforts en faveur de la promotion du dialogue interreligieux. M. Onemola a ensuite fait lecture d’un passage du discours prononcé par le premier Premier Ministre du Nigéria à l’occasion de la quinzième session de l’Assemblée générale dans laquelle ce dernier déclarait qu’une amitié internationale devait se fonder sur la possibilité pour chacun d’affirmer ses croyances religieuses et son credo.
M. JOSEPH NSENGIMANA (Rwanda) a déclaré que le thème d’aujourd’hui permettait de revenir aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies. Que ces principes procèdent de la croyance religieuse ou de la simple humanité, ils revêtent une importance cruciale pour faire advenir une culture de paix. Le représentant a fait cependant observer que la relation entre les peuples de cultures et de religions différentes créait parfois des divisions et débouchait sur des conflits, comme le démontre l’exemple des guerres de religion en Europe. De plus, dans le cadre du droit international, il a dénoncé l’abus que constitue, selon lui, l’arrestation, en Allemagne, de la Chef du Protocole du Cabinet présidentiel rwandais, à la suite d’un mandat d’arrêt international émis par la France sur la base d’un rapport politiquement motivé. Et ce, a-t-il ajouté, alors même que la compétence universelle ne s’appliquait pas dans ce cas précis. La délégation s’est en conclusion félicitée de la tenue d’une réunion de haut niveau sur la culture de paix et s’est déclarée convaincue que la Charte des Nations Unies proposait des solutions salutaires en ce sens.
M. DON PRAMUDWINAI (Thaïlande) a affirmé que son pays était caractérisé par « l’unité dans la diversité » et était, par son ouverture et sa situation stratégique, à la croisée des civilisations, des cultures, des religions et des mouvements de population. Il a rappelé que la liberté de religion avait été garantie tout au long de l’histoire de la Thaïlande, pays pour lequel le dialogue interconfessionnel constitue une manière de vivre. Il a indiqué que si la mondialisation avait resserré les liens dans la famille des hommes, elle avait aussi engendré des peurs liées à la perte d’identité et à une peur de l’aliénation chez ceux qui ont peu. Il a souligné que ces peurs, imaginaires ou réelles, avaient été exploitées par ceux qui nourrissent la haine et l’intolérance et qui souhaitent un choc des civilisations. Mais ils n’y parviendront pas car nous ne les laisserons pas faire, a-t-il déclaré.
Le représentant a estimé qu’il fallait constamment renforcer l’unité, l’harmonie et la compassion et que la Thaïlande était engagée à en faire la promotion. Comme exemples d’initiatives auxquelles participe son pays, il a cité la tenue, conjointement avec les Pays-Bas, de la quatrième Réunion Asie-Europe du Dialogue interconfessionnel, en juin dernier, et a rappelé que la Thaïlande accueillera le troisième Dialogue Asie-Moyen-Orient en 2010. M. Pramudwinai a par ailleurs insisté sur l’importance d’impliquer toutes les parties prenantes dans ces initiatives ainsi que de diffuser une interprétation exacte des principes et enseignements des religions tout en prônant leur respect. Enfin, il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux jeunes, afin de s’assurer qu’ils ne développent pas un sentiment d’aliénation qui les rendraient vulnérables à l’intolérance.
M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a rappelé que son pays soutient la recherche et la promotion de solutions pacifiques aux différends et aux conflits internationaux et rejette fermement le recours à la force pour les résoudre. L’Équateur, a-t-il ajouté, condamne les interférences qui surviennent parfois dans les affaires internes des États, ainsi que toute forme d’interventionnisme. M. Pazmiño a ensuite estimé que l’être humain doit être considéré comme le sujet central de toute décision concernant l’ordre international. Il a ensuite présenté le « Plan Équateur » qui a été élaboré pour la zone marquant la frontière de son pays avec la Colombie. Son objectif, a-t-il dit, est de concevoir la sécurité humaine comme étant un résultat de la promotion de la paix et du développement. Compte tenu de l’impact du conflit interne colombien sur la société équatorienne, ce plan concentre ses efforts sur le besoin de résoudre de graves problèmes qui proviennent de la pauvreté, de l’exclusion et de la violence, a dit le représentant équatorien. Selon lui, le Plan Équateur constitue un exemple de ce qu’a appliqué son pays pour la promotion et l’application effectives d’une culture de paix. L’Équateur, a-t-il souligné, est convaincu qu’en créant un nouvel ordre multipolaire, qui inclut activement les blocs économiques et politiques régionaux et renforce les relations horizontales, un monde meilleur, juste, démocratique et divers peut être créé.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a déclaré que la diversité et le respect de la différence sont des composantes essentielles de la civilisation humaine. Un dialogue sérieux ne peut avoir lieu si on ne fait pas respecter la diversité politique, économique et sociale des sociétés humaines, a-t-il dit. M. Dapkiunas a également estimé que l’ONU devait prendre des mesures plus décisives pour encourager le dialogue interreligieux, interculturel et interethnique. Il a notamment souligné la nécessité de mettre en valeur le rôle de l’éducation et de faire un plus grand usage des nouvelles technologies de l’information, ceci afin de promouvoir le dialogue entre les confessions et celui à caractère interethnique entre les jeunes. Le représentant du Bélarus a également prôné la responsabilisation éthique et morale des médias et un plus grand nombre d’échanges au niveau universitaire.
M. SAÚL WEISLEDER (Costa Rica) a rappelé que son pays était fidèle aux valeurs de paix et aux trois piliers que sont la paix, le développement et le respect des droits de l’homme. Tout comme l’abolition de l’armée dans notre pays, la Déclaration universelle des droits de l’homme fêtera ses 60 ans le mois prochain, s’est–il félicité. Mais, alors que les hommes de bonne volonté œuvrent pour rapprocher ceux qui sont séparés ou marginalisés, la cupidité et l’égoïsme continuent de faire rage, a-t-il regretté. « Le moment où il fait le plus sombre, c’est avant l’aube », a déclaré le représentant, qui s’est dit cependant heureux de constater que Martin Luther King et ses idéaux avaient atteint la terre promise. Faisant ainsi référence à la Bible, il a lancé qu’il était temps que les glaives se transforment en socs de charrues.
M. NEVEN JURICA (Croatie) a prévenu qu’il serait mauvais pour n’importe quelle religion de se déclarer supérieure aux autres. Si nous ne parvenons pas à comprendre et à apprécier respectivement nos différences, notre religion et notre culture seront utilisées à la longue pour promouvoir et approfondir les conflits, au lieu de nous rapprocher, a-t-il averti. Il a souligné à quel point il est crucial d’offrir à chaque personne la liberté d’expression, ainsi que celle de confession et de croyance, qui inclut la liberté de religion. Après avoir rappelé que la Croatie se trouve depuis des siècles au carrefour de différentes cultures et religions, il a souligné que son pays soutient fortement l’initiative de l’Alliance des civilisations.
M. Jurica a souligné que les communautés religieuses et leurs leaders détiennent entre leurs mains beaucoup de pouvoir et de responsabilités. Les croyants écoutent leurs mots et recherchent leurs conseils, en particulier dans une époque de changements et de défis. Ces leaders religieux ont donc l’importante responsabilité de promouvoir la compréhension mutuelle et la tolérance, a-t-il déclaré. Le représentant a expliqué que dans de nombreuses régions du monde, la coopération interreligieuse et interculturelle constitue un préalable pour la paix et la sécurité internationales.
Comme un pays riche en diversité culturelle, nous comprenons qu’un avenir commun et pacifique, pour le bien de tous, ne peut être créé que sur les fondements de la tolérance, de la compréhension et de la réconciliation, a-t-il affirmé. Nous devrions tous tenter d’accepter nos différences et les utiliser pour unir nos nations et nos peuples, créant les conditions pour une solution pacifique aux conflits qui durent depuis longtemps. Enfin, le représentant a plaidé pour une éducation interconfessionnelle afin de donner aux enfants une meilleure possibilité de grandir en édifiant un monde sans discrimination et intolérance.
M. H.M.G.S. PALIHAKKARA (Sri Lanka) a déclaré que la culture de paix ne devait pas être un exercice rhétorique, ni un débat centré autour des droits de l’homme. C’est une série de pratiques observées par les hommes et les femmes qui se sont fait les envoyés de l’harmonie, et qui ont édifié des passerelles entre les nations, les cultures et les civilisations, a-t-il affirmé. La culture de paix sous-tend toutes les principales religions du monde, a également signalé le représentant, pour ensuite évoquer l’exemple d’hommes tels que Mahatma Gandhi, Martin Luther King ou encore Nelson Mandela. Nous vivons dans un monde de plus en plus fragile et polarisé, a-t-il enchaîné, ajoutant que la culture de paix devait remplacer la culture d’armes et de violence, ainsi que la misère et la répression qui ont dominé l’histoire humaine. Il faut respecter la vie, rejeter la violence, être à l’écoute de l’autre et préserver la planète, a-t-il notamment dit.
Le représentant a également insisté sur l’importance de l’éducation, de la coexistence pacifique et de la reconnaissance positive de nos différences. La plate-forme de ce dialogue doit être renforcée et étendue. Il faut éviter de faire des associations entre certaines religions et certains groupes ethniques à la violence. Il a estimé que la discrimination positive devait être appliquée si nécessaire, et a ajouté que les contributions de toutes les religions et philosophies du monde étaient essentielles à l’édification d’une paix globale. Le représentant a également condamné la « militarisation » des termes par les médias, ajoutant cependant que ces derniers devaient jouer un rôle de catalyseur. M. Palihakkara a également estimé impératif de cesser de promouvoir les conflits et de glorifier le terrorisme. Il faut encourager les activités qui favorisent le multiculturalisme et la coexistence, a-t-il dit avant de conclu.
M. HUGO SILES ALVARADO (Bolivie) a souligné que la recherche de l’unité entre les peuples est devenue primordiale en cette époque où nous sommes en train de nous rendre compte que la planète est au bord d’une issue catastrophique. Cette crise mondiale peut se résumer en quelques points comme les changements climatiques, l’épuisement des ressources naturelles, la crise de l’eau, la crise dans la production agricoles et les crises énergétique et financière. Cette crise à plusieurs facettes est l’expression de la crise du système capitaliste qui, en se détériorant, est en train de devenir un facteur de déstabilisation dans les relations internationales, a-t-il assuré.
Si les pays du monde ne parviennent pas à se mettre d’accord pour appliquer des mesures conjointes afin de résoudre ces crises, la combinaison des effets des changements climatiques et de la réduction des ressources naturelles vont offrir à certains politiciens l’occasion de donner la priorité aux options militaires afin maintenir le contrôle des gisements de pétrole et des routes stratégiques pour le transport d’hydrocarbures. Il a conclu en rappelant les dix propositions ou commandements du Président Evo Morales pour sauver la planète.
Mme JOYCE KAFANABO (République-Unie de Tanzanie) a expliqué que la réunion de haut niveau sur la culture de paix venait à point nommé, à l’heure où le rejet de l’intolérance est devenu « l’un des points saillants » de nos sociétés. Elle a rappelé que la Tanzanie était un pays multiethnique au sein duquel différentes religions cohabitent en harmonie et où quatre transitions présidentielles s’étaient déroulées sans encombre. Mais cette culture de paix et d’unité n’est pas venue toute seule, a déclaré Mme Kafanabo, en rappelant qu’en Tanzanie aussi bien les enfants que les adultes étaient sensibilisés à la culture du respect et du dialogue et qu’une telle « responsabilité » n’incombait pas seulement au Gouvernement, mais aussi aux autres parties prenantes comme le Parlement, la société civile et les organisations confessionnelles. Mme Joyce Kafanabo a indiqué que son pays avait appris, dans le cadre du Processus d’Helsinki sur la mondialisation et la démocratie, que l’implication des différentes parties prenantes et la collaboration internationale étaient essentielles pour que le monde puisse atteindre les objectifs de la Décennie internationale de la promotion d’une culture de paix.
M. MADHU RAMAN ACHARYA (Népal) a estimé que les Nations Unies pouvaient grandement contribuer à la promotion du dialogue interconfessionnel et à la communication entre les civilisations. Il a également déclaré que l’instauration d’une culture de paix était essentielle pour réaliser une paix durable. Le représentant a ensuite indiqué qu’après une période de conflit et de violence, le Népal faisait des progrès remarquables vers la paix, la démocratie et le développement. Après une décennie de conflit, les Népalais ont conclu qu’à l’avenir, tous les désaccords seront résolus par la voie du dialogue, a-t-il affirmé. M. Acharya a ensuite rappelé que le Népal était le lieu de naissance du Bouddha et a signalé que son pays s’était engagé à transformer la ville de Lumbini en une ville vouée à la paix internationale. Il a demandé l’appui des Nations Unies à ce projet.
La paix ne peut exister lorsque des pans entiers de la population sont obligés de vivre dans une pauvreté abjecte, a-t-il enchaîné, pour ensuite engager la communauté internationale à investir encore plus dans le développement durable. Il a également estimé que les religions, cultures et civilisations du monde devaient œuvrer ensemble pour résoudre les crises alimentaire et financière ainsi que les problèmes liés aux changements climatiques.
M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) s’est dit convaincu de l’importance du rôle des Nations Unies dans la tâche d’unir les peuples de différentes cultures et religions. Il a rappelé que la compréhension mutuelle et le dialogue interreligieux sont des dimensions fondamentales de la culture de paix. Il s’est félicité des activités déployées par les Nations Unies pour promouvoir le Programme pour une culture de paix et de l’Alliance des civilisations, une initiative que son pays a soutenue dès son lancement en 2004. L’Argentine, a-t-il précisé, a encouragé la diffusion et la promotion de l’Alliance au sein de la région latino-américaine et des Caraïbes. Dans ce contexte, le Gouvernement a organisé un séminaire régional sur les femmes et l’Alliance, en avril dernier à Buenos Aires. En effet, a expliqué le représentant, les efforts déployés dans le cadre de cette Alliance ne sauraient faire abstraction d’une perspective de genre, alors que perdurent de nombreuses inégalités et « manifestations scandaleuses » de discrimination à l’égard des femmes.
La délégation argentine a maintes fois souligné que le Groupe de haut niveau créé par le Secrétaire général se doit d’attirer l’attention sur ces manifestations flagrantes, a-t-il rappelé, alors que 70% des enfants non scolarisés sont des filles et que deux tiers des analphabètes du monde sont des femmes et des enfants. La discrimination et la marginalisation des femmes sont des faits incontestables qui ont une influence directe sur la perception des autres et les possibilités de dialogue entre les cultures, a affirmé le représentant argentin. D’une manière générale, il a fait valoir que l’Alliance des civilisations, bien qu’universelle, s’enrichit des perspectives et particularités propres à chaque région. Les analogies entre les actes d’intolérance au Moyen-Orient et certaines situations analogues en Amérique latine liées aux phénomènes de colonisation et d’immigration sont à bien des égards justifiées, a-t-il fait remarquer.
M. TOMMO MONTHE (Cameroun) a déclaré que le débat d’aujourd’hui restait d’actualité parce que notre monde continuait de payer un lourd tribut à l’incompréhension et à l’absence de dialogue. L’intolérance et le refus de l’autre sont en effet à l’origine, parmi d’autres maux, du terrorisme qui n’épargne aucun continent, et de tous les fanatismes destructeurs. L’examen de la question de la culture de paix doit nous permettre de revenir à la nécessité pour les hommes de réapprendre à s’écouter les uns les autres, à s’accepter et à s’assumer dans leurs différences, a jugé le représentant. En effet, a dit M. Monthe, le contexte économique, culturel et éthique actuel nous met en demeure de renforcer nos capacités d’écoute entre sociétés politiquement, culturellement et religieusement différentes mais d’égale dignité; d’écoute entre des sociétés riches à l’endroit des aspirations des pauvres à une répartition plus équitable des ressources de la planète; d’écoute enfin de l’histoire de l’humanité pour éviter de retomber dans les horreurs du passé.
En ce qui concerne le règlement de différends, comme le montre l’affaire de Bakassi qui a connu un dénouement heureux avec le Nigéria, le Cameroun s’est dit convaincu qu’il n’existe aucune crise opposant deux États et, a fortiori aucune crise interne qui ne puisse trouver de solution pacifique. Cet attachement à la culture de paix se traduit aussi par la disponibilité du Cameroun à contribuer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies ou de l’Union africaine, a souligné le représentant, avant de préciser que son pays avait créé une école de formation au maintien de la paix et de la sécurité. M. Monthe a estimé qu’une vision de paix devrait se réaliser dans deux domaines principaux: en matière d’éducation où il s’agit de promouvoir la connaissance et le respect de l’autre dans sa différence, et en matière d’information et de communication, où il faut utiliser les médias et les nouvelles technologies pour véhiculer les valeurs.
M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a souligné que les extrémistes, qui détournent la religion à leurs propres fins et tuent au nom de la religion en croyant qu’ils vont aller au paradis, seront déçus lorsqu’ils se retrouveront en enfer. Selon lui, ils se sont rebellés contre la création de Dieu. Par conséquent, nous devons nous efforcer de vivre en paix avec notre prochain et de respecter les différentes cultures et confessions, car aucune n’est supérieure aux autres. Cette réunion, a-t-il dit, offre l’occasion à la communauté mondiale tout entière de toutes les religions, de dialoguer pour promouvoir la coexistence pacifique et nos liens d’amitié. Il a ensuite rappelé que son pays considère le dialogue interconfessionnel comme une nécessité et non comme une option. Nous savons que les religions partagent des dénominateurs communs, comme l’égalité, la paix et la tolérance, a-t-il affirmé.
Le représentant ougandais a appelé à faire des efforts pour être plus actifs afin de contrer l’ignorance en offrant une information positive sur les croyances. Nous devons dissiper les stéréotypes négatifs et l’extrémisme, a-t-il affirmé. En tant que pays avec de nombreuses religions, l’Ouganda a délibérément encouragé la collaboration interconfessionnelle, a-t-il déclaré, tout en soulignant que l’expérience a été exemplaire. Elle a donné lieu à une véritable amitié et de nouvelles opportunités pour travailler ensemble, a-t-il expliqué, avant d’exprimer sa volonté de partager cette expérience.
M. GUILLAUME NIAGRI BAILLY (Côte d’Ivoire) a indiqué que son pays soutenait sans réserve l’initiative saoudienne ainsi que les efforts des Nations Unies visant l’établissement d’un cadre permanent de dialogue entre les religions. Notre pays demeure convaincu que l’instauration d’un tel dialogue saura inéluctablement susciter une ère nouvelle dans les relations internationales, a-t-il déclaré. Le représentant a ensuite engagé l’Assemblée générale à adopter les résolutions dont elle est saisie. Ma délégation, a-t-il dit, pense que les dirigeants du monde devront s’abreuver à la source du dialogue interreligieux aux fins de conduire des politiques appelées à réduire, voire, à détruire les barrières identitaires et idéologiques, a-t-il enchaîné.
Le représentant a ensuite condamné l’apologie de la culture du gain qui a conduit, selon lui, à l’asservissement de pans entiers de l’humanité. Il est évident que cette vision manichéenne de la gestion des affaires du monde ne peut qu’être suicidaire pour notre humanité pourtant si riche de sa pluralité, a-t-il notamment dit. M. Bailly a ensuite indiqué que la trajectoire de la Côte d’Ivoire à travers son histoire montre combien l’adoption de la culture de paix a aidé son pays à surmonter le péril de l’implosion. La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement, a-t-il dit, citant le Président Félix Houphouët Boigny.
M. SAID MOHAMED OUSSEIN (Comores) a déclaré que dans un monde devenu village planétaire, de plus en plus interdépendant, notre salut est dans la prise de conscience que rien n’est réellement durable sans l’autre. L’Union des Comores, nation musulmane reconnue pour son hospitalité légendaire, a toujours été profondément attachée à la pratique quotidienne de la tolérance et du respect de la dignité humaine, a-t-il dit. Toutes les religions sont aujourd’hui confrontées à la fois aux défis de toutes les dérives du monde moderne et à une certaine instrumentalisation, a rappelé le représentant. Mais, a-t-il précisé, force est de reconnaître que le monde musulman subit, en plus, la politique de « deux poids, deux mesures ».
L’islamophobie est à nos yeux un des grands maux depuis la guerre froide et après le 11 septembre 2001. « Cela relève de l’injustice et de l’ignorance », a lancé le représentant. Le dialogue interreligieux peut contribuer à ramener entre les peuples plus de compréhension et faire reculer la logique inique du choc des civilisations. Apprendre en effet à se connaître pour vivre ensemble et s’accepter quelle que soit sa condition est une nécessité pour s’enrichir de nos différences et édifier une culture de paix, a-t-il poursuivi. Tous les croyants doivent professer la renonciation à toute oppression et à tout terrorisme, en particulier lorsqu’ils sont perpétrés au nom de la religion, a ajouté le représentant.
Explication de position
Après l’adoption par consensus de la résolution sur la « Promotion du dialogue, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures au service de la paix » (A/63/L.24/Rev.1), le représentant des États-Unis a indiqué que son pays avait été fondé sur le principe de la liberté de religion. Il a félicité la Présidente des Philippines d’avoir promu les droits de l’homme dans son pays et la région avoisinante. Il a également salué la teneur du texte de la résolution qui met notamment l’accent sur l’éducation. Les États-Unis réaffirment que la liberté d’expression est l’antidote de l’intolérance, a-t-il déclaré. Nous ne sommes pas toujours d’accord avec ce que certains disent, mais nous défendrons toujours leur droit de le dire, a déclaré le représentant. Il a ensuite condamné « certains gouvernements » qui détournent les déclarations et les résolutions de l’ONU pour justifier la torture ou l’emprisonnement de personnes ayant une opinion divergente. Engageant les États Membres à prévenir ce type d’actions, il a souligné que les gouvernements doivent accepter un véritable débat sans peur de représailles et promouvoir la coexistence.
Déclaration de clôture
M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMAN, Président de l’Assemblée générale, s’est déclaré à la fois encouragé et étonné par les nombreux appels entendus pendant ces deux journées. Selon lui, la réunion a démontré que nous sommes très unis dans nos valeurs essentielles, même si nous avons des différences dans nos religions et nos théologies. Nous devrions célébrer Dieu et le remercier pour cette diversité, a-t-il dit. Alors qu’il est bon d’homogénéiser le lait, il n’en va pas de même pour les cultures humaines, a-t-il souligné. Nous devons défendre les identités culturelles de tous les peuples avec la même détermination que nous utilisons pour défendre la biodiversité sur notre planète, a-t-elle ajouté.
M. D’Escoto a souligné que les intervenants venus de toute la planète ont insisté sur le besoin de placer les personnes avant les profits comme mesure suprême de succès, dans un monde en banqueroute caractérisé par de moins en moins de cœur. Le message est clair: « ou nous restaurons les valeurs éternelles de la fraternité ou nous prenons le risque de nous débattre dans un bourbier d’indifférence et de destruction auto-infligée, qui s’étendra à la planète entière ». Le Président a rappelé que la tempête actuelle était le fruit de l’humanité et a souligné que des mesures héroïques seront nécessaires pour empêcher qu’elle ne détruise nos aspirations à un bien-être économique, social et spirituel partout dans le monde. Nous avons défini cet instant comme un tournant dans l’histoire humaine, a-t-il ajouté. « Soyons courageux et héroïques ».
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