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AG/10782

LA DIVERSITÉ CULTURELLE, LE TERRORISME ET LE MOYEN-ORIENT AU CENTRE DU DÉBAT DE L’ASSEMBLÉE SUR LE DIALOGUE INTERCONFESSIONNEL ET INTERCULTUREL

12/11/2008
Assemblée généraleAG/10782
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-troisième session

46e & 47e séances plénières – matin & après-midi


LA DIVERSITÉ CULTURELLE, LE TERRORISME ET LE MOYEN-ORIENT AU CENTRE DU DÉBAT DE L’ASSEMBLÉE SUR LE DIALOGUE INTERCONFESSIONNEL ET INTERCULTUREL


Réunis à la demande de l’Arabie saoudite pour attirer l’attention sur la Déclaration de Madrid relative au dialogue interconfessionnel et interculturel*, le Secrétaire général de l’ONU et une quinzaine de chefs d’État et de gouvernement ont évoqué aujourd’hui à l’Assemblée générale des questions aussi variées que la diversité culturelle, le terrorisme ou la situation au Moyen-Orient.


L’association « erronée » qui est souvent faite entre terrorisme et islam a été dénoncée par de nombreux intervenants, dont le Roi d’Arabie saoudite et le Président de l’Afghanistan. Hamid Karzai a qualifié de fondamentalement trompeur le terme de « terrorisme islamique ».  Le terrorisme est enraciné dans un contexte historique complexe, a-t-il indiqué, en expliquant comment l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique dans les années 80, l’exploitation de la religion à des fins politiques ou encore la promotion délibérée de l’extrémisme pour contrer la menace soviétique avaient produit le phénomène du terrorisme que l’Afghanistan affronte aujourd’hui.  Al-Qaida et d’autres réseaux terroristes sont les produits des politiques inconscientes du passé, a-t-il tranché.


« Le terrorisme est l’ennemi de toutes les religions et de toutes les civilisations », a renchéri le Roi d’Arabie saoudite qui a, quant à lui, attribué ce phénomène à l’aliénation et au sentiment de désarroi qui conduisent de nombreux jeunes gens à se tourner vers la criminalité.  Le Grand Imam d’Al-Azhar en Égypte s’est fait l’écho de ces propos en qualifiant le terrorisme de « tragédie mondiale ».


Dans son intervention, le Secrétaire général des Nations Unies a jugé qu’un des principaux défis de notre époque est de veiller à ce que notre diversité culturelle, pourtant si riche, nous rende plus sûrs et non pas moins sûrs.  Pour parler d’harmonie, a estimé le Roi de Jordanie, il faut d’abord aborder la question du règlement du conflit au Moyen-Orient.


Le ressentiment et la frustration générés par ce conflit sont partagés dans la région tout entière, a-t-il indiqué, soulignant que des millions de personnes, en particulier les jeunes, se demandent si l’Occident est vraiment sérieux lorsqu’il parle d’égalité, de respect et de justice universelle, tandis que les extrémistes musulmans, chrétiens et juifs exploitent les doutes et les divisions.


Un des principaux acteurs du conflit, le Président d’Israël a salué dans son intervention l’Initiative de paix arabe qui représente à ses yeux une « ouverture sérieuse » vers des « progrès réels ».  « Nous ne pouvons changer le passé mais nous pouvons changer l’avenir », a-t-il souligné dans un discours d’espoir.


Également présent, le Premier Ministre de l’Autorité palestinienne a mis l’accent sur la ville de Jérusalem qui est sous occupation depuis plus de 41 ans.  Il a dénoncé l’imposition de faits sur le terrain qui menace la perspective d’un accord sur le statut final de la ville et a engagé la communauté internationale à accorder à Jérusalem et à ses habitants la protection et le soutien qu’ils méritent.


De nombreux intervenants ont insisté pour que les valeurs communes des religions et des croyances servent à renforcer la solidarité internationale.  « Nous ne sommes pas réunis ici pour discuter de religion ou de théologie mais pour nous engager à placer toute notre force morale au service des objectifs fixés par les Nations Unies », a déclaré, en début de séance, le Président de l’Assemblée générale qui n’a pas manqué de dénoncer, tour à tour, la « banqueroute morale », la « cupidité sans bornes », le « consumérisme irrationnel » ou encore le « coma moral » des sociétés actuelles.


D’autres ont jugé utile de parier sur la jeunesse pour garantir des résultats au dialogue interreligieux et interculturel.  Le Premier Ministre du Maroc a fait des propositions concernant les écoles et les universités mais aussi les médias, même si de nombreuses délégations ont appelé à l’équilibre entre liberté d’expression et respect des religions.


Ce dernier point de vue s’est heurté à l’opposition de l’Envoyé spécial de la France qui a, au nom de l’Union européenne, estimé que l’exercice de la liberté religieuse ne peut se concevoir sans celui de la liberté d’expression, y compris parfois sous l’aspect de la dérision.  « Elle est la condition sine qua non du dialogue interreligieux », a-t-il affirmé, avant que son homologue des Pays-Bas n’indique que son gouvernement ne soutient pas les appels à la protection juridique des religions et qu’il est réticent à l’idée de créer un nouvel organe consultatif visant à faciliter le dialogue interreligieux.


Sachant que les Nations Unies ne font pas de différence entre les religions, qui choisira celles qui seront représentées au sein d’un tel organe? s’est demandé le représentant.  La Présidente des Philippines a, quant à elle, demandé la proclamation d’une décennie de dialogue, de compréhension et de coopération interreligieux et interculturels pour la paix.


L’Assemblée générale poursuivra son débat sur la « culture de paix » demain, jeudi 13 novembre, à partir de 10 heures.


* Adoptée après la Conférence qui s’est tenue en juillet 2008 dans la capitale espagnole, sous les auspices du Roi d’Arabie saoudite et du Roi d’Espagne.



CULTURE DE PAIX


Rapport du Secrétaire général intitulé « Dialogue et coopération entre religions et cultures au service de la paix » (A/63/262)


Dans ce rapport, le Secrétaire général rend compte des activités qu’ont menées les principales institutions des Nations Unies œuvrant dans le domaine du dialogue entre les religions et les cultures et s’employant à mettre en œuvre la résolution 62/90 de l’Assemblée générale.  Il fournit des renseignements sur la célébration de la Journée internationale de la non-violence et de la Journée internationale de la paix, et fait ressortir la multiplicité des initiatives prises aux niveaux régional et international pour promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux.


Le rapport passe notamment en revue les activités pertinentes de l’Alliance des civilisations, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), du Département de l’information, du Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, du Département des affaires économiques et sociales, du Bureau de l’appui au Conseil économique et social et du Secrétariat de l’Instance permanente sur les questions autochtones.


Ce rapport complète le rapport d’activités annuel du Directeur général de l’UNESCO sur la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la paix et de la non-violence au profit des enfants du monde, 2001-2010 (A/63/127) dont l’Assemblée générale est également saisie.


Déclarations


M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, a déclaré que l’avenir de l’humanité dépend de notre capacité à mettre à profit les enseignements tirés de la multitude de crises auxquelles le monde est actuellement confronté.  Il a dénoncé la « banqueroute morale » des sociétés autoproclamées les « sociétés les plus avancées ».  Ce n’est pas uniquement Wall Street qui a besoin d’être renflouée, mais l’ensemble de l’humanité qui doit être sortie de cette insensibilité sociale, a-t-il dit. 


La morale et l’éthique doivent retrouver une place centrale dans nos vies.  Il a rappelé que la destruction de la planète et la « réelle possibilité » de voir disparaître l’espèce humaine étaient dues au comportement humain irresponsable, à la cupidité sans bornes et au consumérisme irrationnel des sociétés développées.  Nous devons agir avec courage afin d’assurer un nouveau degré de coopération entre les êtres humains et avec la nature, et garantir ainsi un monde meilleur pour les générations à venir.


M. d’Escoto a ensuite fustigé la « réalité honteuse » qui veut que malgré les nombreuses ressources à notre disposition, la moitié de la population vit dans des conditions qui sont entièrement incompatibles avec leur dignité et leurs droits.  Ce n’est pas uniquement une honte, c’est un péché, a-t-il dit, ajoutant que la volonté politique fait vraisemblablement défaut, les mesures nécessaires exigeant une grande force morale et spirituelle.


Nous ne sommes pas réunis ici pour discuter de religion ou de théologie, mais pour nous engager à placer toute notre force morale au service des objectifs fixés par les Nations Unies, a-t-il poursuivi.  Il a exhorté les délégations réunies à mettre en œuvre le même élan moral et éthique qui avait donné lieu, il y a 60 ans, à la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il ne faut rien de moins que des décisions et des actions héroïques pour nous sortir de notre « coma moral », a-t-il déclaré.


Le Président de l’Assemblée générale a ensuite dénoncé la culture de « l’égoïsme et de l’individualisme » qui veut que la morale et l’éthique ne côtoient pas l’économie et la politique, et en vertu de laquelle les concepts de justice, d’équité, d’empathie et de compassion n’ont pas lieu d’être.  Nous avons été transformés en des invalides moraux, a-t-il constaté.  De son point de vue, il s’agit là de la raison pour laquelle les pays développés n’ont pas réussi à tenir leurs promesses d’allouer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à lutte contre la faim et la pauvreté. 


Le Président a souligné qu’à moins de prendre en compte les « atouts spirituels » des textes religieux, il ne sera pas possible de vaincre la faim et la pauvreté, ni d’instaurer la paix sur terre.  Nous avons besoin de cette « force intérieure » pour surmonter notre égoïsme et notre individualisme, a-t-il dit, en appelant au succès de la Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Doha, au Qatar, à la fin du mois.  La solidarité doit nous servir de guide, a-t-il dit.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que nous vivons dans un village global merveilleusement diversifié.  La mondialisation peut être une grande force de progrès, a-t-il estimé.  Mais alors que les économies fusionnent, que les frontières culturelles disparaissent et que les nouveaux médias rapprochent plus que jamais nos sociétés, de nouvelles lignes de fracture peuvent surgir.  Et en effet, s’est-il expliqué, nous assistons à des phénomènes troublants.  Les dissensions intercommunautaires s’intensifient, les idéologies extrémistes sont en pleine expansion et les sociétés sont davantage polarisées, a fait observer M. Ban.  L’antisémitisme demeure un fléau, tandis que l’islamophobie est devenue le nouveau nom d’une ancienne et terrible forme de préjudice, a estimé le Secrétaire général.  Et d’autres formes de racisme et de discrimination font preuve d’une persistance consternante, a-t-il déploré, avant de dire que, parfois, il semble qu’aucune des tragiques leçons de l’histoire n’a été retenue.


Un des grands défis de notre époque est de veiller à ce que notre diversité culturelle, si riche, nous rende plus sûrs et pas moins sûrs, a souligné Ban Ki-moon.  Traditionnellement, la paix implique l’équilibre des intérêts entre États, a-t-il poursuivi, mais nous avons appris qu’une paix durable exige plus que la recherche d’un tel équilibre.  Selon lui, pour que la paix dure, les groupes et les nations doivent apprendre à se comprendre et à se respecter.  Les initiatives interconfessionnelles s’efforcent de répondre à ce besoin de manière de plus en plus fréquente et vigoureuse, comme la Conférence mondiale sur le dialogue qui s’est tenue à Madrid, en juillet dernier, à l’invitation du Roi Abdullah d’Arabie saoudite, a rappelé le Secrétaire général.  Cette réunion historique a réuni des fidèles des religions du monde entier, ainsi que d’éminents universitaires, intellectuels et autres.  Les participants ont affirmé à cette occasion leur foi dans l’égalité fondamentale des êtres humains, « quelle que soit leur couleur, leur ethnie, leur race, leur religion ou leur culture » et ont promis d’agir dans leurs sphères d’influence respectives pour promouvoir le dialogue et la coopération.


L’ONU, a commenté M. Ban Ki-moon, a salué la Conférence de Madrid comme une contribution majeure à nos efforts de longue date pour promouvoir la tolérance et le respect mutuel.  Ces activités trouvent leur raison d’être dans la Charte de l’ONU, dans la Déclaration universelle des droits de l’homme dont le soixantième anniversaire sera célébré le mois prochain et dans d’autres instruments innovants des droits de l’homme.  Ces initiatives revêtent la forme d’initiatives telles que l’Alliance des civilisations qui a été établie sur proposition des Gouvernements de l’Espagne et de la Turquie, a précisé le Secrétaire général.  Au cours des deux dernières années, l’Alliance a soutenu des projets de la société civile locale destinés à surmonter les fossés culturels en s’attaquant aux stéréotypes bien ancrés et à la polarisation des communautés.  L’Alliance a également établi un groupe d’amis et a pour intention d’intensifier ses travaux en perspective du prochain forum prévu en avril prochain en Turquie.


De nombreux autres États Membres ont proposé d’autres initiatives, notamment l’Iran, le Kazakhstan, le Pakistan, les Philippines et la Fédération de Russie, a ajouté Ban Ki-moon.  Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) n’a pas ménagé sa peine pour promouvoir la compréhension interculturelle depuis sa fondation.  Le Forum tripartite sur la coopération interconfessionnelle aide de son côté les gouvernements, la société civile et les agences des Nations Unies à échanger leurs idées.  Ces efforts complémentaires démontrent qu’il n’y a pas d’endroit au monde qui ne puisse bénéficier d’une approche active et ciblée pour promouvoir les contacts interculturels et l’éducation, s’est félicité Ban Ki-moon.


Mais nous ne pouvons pas nous satisfaire de déclarations d’intention, aussi importantes soient-elles, a lancé le Secrétaire général.  Nous devons établir un dialogue qui débouche sur des résultats et de nouveaux partenariats qui se poursuivent après le départ de la dernière délégation.  Pour y parvenir, nous devons impliquer les responsables gouvernementaux aussi bien que les organisations locales, les chefs d’entreprises, les philanthropes, les universitaires et les médias.  Dans ce contexte, les jeunes doivent être inclus dans ce dialogue, car ils ont moins à désapprendre que les autres et abordent les choses qu’ils ne connaissent pas, comme les peuples, les coutumes et les idées, avec une ouverture d’esprit, a conclu Ban Ki-moon.


Depuis la tribune de l’Assemblée générale, « conscience des Nations Unies », et sous le regard du monde entier, ABDULLAH BIN ABDULAZIZ AL-SAUD, Roi d’Arabie saoudite et Gardien des deux saintes mosquées, a voulu que les religions créées par Dieu, le Tout-Puissant, pour apporter le bonheur aux êtres humains, ne deviennent des causes de malheur.  Il a souligné que dans la Création, tous les hommes sont égaux et partenaires sur cette planète.  Ils peuvent soit vivre ensemble dans la paix et l’harmonie, soit périr par les feux de la mésentente, du ressentiment et de la haine, a-t-il prévenu.


Le Roi a rappelé que dans l’Histoire, les différends entre religions et cultures ont conduit au fanatisme et déclenché des guerres destructrices et une effusion de sang sans justification aucune, au-delà de toute logique.  Le moment est venu, a-t-il dit, de tirer les leçons de ce triste passé et de se rassembler autour de la morale et des valeurs suprêmes auxquelles nous croyons tous.  Nos désaccords seront tranchés dans l’au-delà et le jour du Jugement dernier, a-t-il assuré.  Toutes les tragédies que vit le monde d’aujourd’hui sont, en fin de compte, le résultat du renoncement à l’une des grandes valeurs à laquelle ont appelé toutes les religions et les cultures, à savoir le principe éternel de justice, a-t-il affirmé.


Le Roi a également affirmé que le terrorisme et la criminalité sont les ennemis de toute religion et de toute civilisation et sont le fruit de l’intolérance.  Selon lui, l’aliénation et le sentiment de désarroi qui affectent de nombreux jeunes gens les ont conduits au crime et à la consommation de drogues.  Ce phénomène s’est répandu suite à l’effritement grandissant des liens familiaux que le Dieu Tout-Puissant a voulus forts et indéfectibles, a-t-il affirmé.  Il s’est déclaré convaincu que notre dialogue fraternel redonnera vie, par la grâce de Dieu, aux valeurs nobles de l’humanité et permettra de les réintroduire parmi les peuples et les nations.  Il ne fait aucun doute que cela constituera une victoire du bien qu’il y a dans l’homme sur le mal, et apportera à l’humanité l’espoir d’un avenir juste et sûr. 


Par ailleurs, le Roi a appelé ceux qui ont participé au Dialogue de Madrid à former un comité de suivi qui aura la responsabilité d’organiser la poursuite de cet exercice dans les jours et les années à venir.  Il a assuré aux participants de la réunion de Madrid, ainsi qu’à tous les peuples de ce monde et à leurs leaders, et aux organisations internationales, de l’importance que son pays attache à ce dialogue qui est le fruit des valeurs de l’islam, sa religion, et de la compassion qui est la sienne pour l’humanité, afin qu’elle puisse trouver des solutions aux souffrances qu’elle endure.  Il a promis de continuer ce qui a été commencé à Madrid et de tendre la main à tous ceux qui œuvrent en faveur de la paix, de la justice et de la tolérance.


Mme GLORIA MACAPAGAL-ARROYO, Présidente des Philippines, a présenté le projet de résolution intitulé « Promotion du dialogue, de la compréhension et de la coopération interreligieux et interculturels pour la paix ».  Parmi les points les plus importants de ce texte, a-t-elle dit, figure l’affirmation que la compréhension mutuelle et le dialogue interreligieux constituent une part importante de l’alliance entre les civilisations et de la culture de paix.  Le projet de résolution encourage également la promotion du dialogue entre les médias de toutes cultures et civilisations et souligne que tout le monde bénéficie du droit à la liberté d’expression.  Le texte demande aussi la proclamation par les Nations Unies d’une décennie de dialogue, compréhension et coopération interreligieux et interculturels pour la paix. 


La Présidente a rappelé que l’histoire de la foi a malheureusement trop souvent été une source de désespoir et de destruction entre les peuples et les nations.  Il y a ceux qui cherchent à lancer des guerres religieuses, ceux qui utilisent la foi pour diviser plutôt que pour unir, a-t-elle dénoncé, en soulignant qu’ils camouflent leurs intentions diaboliques en évoquant des préjugés religieux dans l’espoir d’accentuer une guerre de civilisations.  Dans cette époque de propagande sur le choc des civilisations, le défi est de retrouver la vraie signification de la foi pour édifier un monde en paix et prospère, a-t-elle ajouté.  Mais, ce faisant, il ne faut pas prendre la tolérance et la compréhension des autres religions pour un chèque en blanc, a-t-elle prévenu.  Nous n’accepterons jamais la violence motivée par une quelconque religion, a-t-elle affirmé.


La Présidente a souligné que son pays avait activement plaidé pour le dialogue interreligieux, avant de faire le point sur la situation à Mindanao, une région où son pays a cherché pendant des années à trouver la paix.  Elle a cependant déploré que le processus de paix à Mindanao ait récemment subi un revers, en raison de la violence d’éléments rebelles du Front de libération islamique Moro.  Elle a cependant réitéré son engagement en faveur du processus de paix.  Il n’y a pas d’alternative à la paix, a-t-elle déclaré. 


La Présidente des Philippines a néanmoins précisé qu’avant de relancer le processus de paix, il était nécessaire de stabiliser à nouveau cette île, rétablir l’ordre et s’assurer que des éléments responsables du Front aient repris le contrôle des choses.  Elle s’est cependant déclarée convaincue que les divisions entre chrétiens et musulmans sont en train de se réduire spectaculairement dans son pays, grâce au dialogue interreligieux.  Nous gardons l’espoir que le dialogue interreligieux sera un moyen de jeter des ponts et d’éliminer les barrières entre les communautés de différentes cultures et ethnies, a-t-elle affirmé, avant de rappeler la poursuite de la série de dialogues interreligieux lancée dans la région Asie-Pacifique en 2004, et l’organisation dans son pays, en mai 2009, de la réunion ministérielle du Mouvement des non-alignés sur le dialogue interreligieux et la coopération pour la paix et le développement.  


CHEIKH SABAH AL-AHMAD AL-JABER AL-SABAH, Émir du Koweït, a déclaré que le monde traversait une période difficile: les problèmes s’aggravent et se multiplient, les solutions deviennent complexes et difficiles à mettre en œuvre, l’incapacité à résoudre des questions politiques dans de nombreux domaines conduit à l’émergence de nouveaux conflits et guerres civiles, et une crise économique éclate au moment où se produisent des catastrophes naturelles.


De nouveaux phénomènes surgissent comme ceux du terrorisme, du trafic de stupéfiants et de la discrimination, a-t-il poursuivi, dénonçant aussi l’hégémonie de l’esprit de fanatisme et de haine, ainsi que les accusations virulentes lancées contre des symboles, principes et valeurs religieux et politiques.  Cette situation a ébranlé les fondations de la stabilité mondiale, a regretté l’Émir, qui a estimé que les dirigeants et les peuples du monde entier devaient assumer leurs responsabilités historiques en examinant de près cette réalité douloureuse dans le cadre d’un dialogue sincère entre peuples, religions et cultures.


Peut-être devrions-nous commencer par nous inspirer du dialogue engagé entre intellectuels et fidèles, qui est devenu un élément de la scène politique, a préconisé l’Émir.  Les Nations Unies y ont contribué, lorsque l’Assemblée générale a pris la décision de faire de 2001, l’Année du dialogue entre civilisations, et de 2010, celle du rapprochement entre les cultures, a-t-il rappelé.


Une analyse rigoureuse des tragédies subies par l’humanité révèle qu’elles ne furent jamais le résultat de croyances religieuses et de valeurs culturelles mais bien de l’extrémisme, du fanatisme et de la discrimination.  Au contraire, les religions fournissent des solutions aux problèmes auxquels fait face l’humanité, et ne sont en aucun cas la cause des problèmes.  Il incombe donc au clergé et aux théologiens de mettre en évidence ces faits et de contribuer à corriger les conceptions erronées qui prévalent dans l’esprit des croyants.


En outre, a poursuivi l’Émir, il faut sensibiliser les jeunes et leur inculquer le respect des religions divines ainsi que l’esprit de modération et les valeurs de tolérance.  De même, les médias qui forgent l’intellect et nourrissent les esprits, doivent rester positifs lorsqu’ils traitent de ces questions et reconnaître l’ampleur de leur influence sur la formation d’une opinion juste et éclairée.  Après avoir fait part des efforts de son pays, l’Émir a estimé que la meilleure contribution que pourrait faire cette réunion de l’Assemblée serait de voir un engagement universel à respecter toutes les religions, à n’en blesser aucune, et en n’en ridiculisant aucun symbole, a conclu l’Émir.


M. SHIMON PERES, Président d’Israël, a rappelé qu’il y a 13 ans, le Premier Ministre Yitzhak Rabin israélien avait été assassiné alors qu’il « chantait la paix ».  Les assassins peuvent prendre une vie, mais ils ne peuvent tuer un rêve.  Des dirigeants arabes et musulmans sont venus aux côtés d’Israël, et pour une fois, il semblait que le chagrin avait fracassé les barrières.  Notre agonie partagée a réussi à illuminer les espoirs que nous partageons tous, notre faim pour la fraternité et le rêve de paix que nous chérissons tous dans nos cœurs, a-t-il dit.


Les relations fraternelles ne doivent impliquer ni violence ni domination.  Lorsque les armes nucléaires, les missiles, la terreur indiscriminée et le fanatisme déterminent l’agenda, c’est cet agenda qu’il faut changer, a-t-il dit.  M. Peres a ensuite rappelé qu’il y a 89 ans, l’Émir Fayçal et le Président Weizmann avaient annoncé un accord entre les deux peuples du même berceau qui pourraient vivre sous l’ombre des mêmes arbres.  Malheureusement, nous ne l’avons pas matérialisé.  Nous nous sommes confrontés, nous avons troqué notre foi contre l’égoïsme et forgé des épées plutôt que la paix.  Ces épées ont déchiré la terre et accru l’hostilité donnant naissance à une région de barrières et de murs toujours plus hauts et détruisant les points qui avaient été jetés.  


Pour les familles en deuil et les orphelins, il ne peut y avoir d’autres consolations que la fin de la violence et de l’effusion de sang.  Nous ne pouvons changer le passé mais nous pouvons changer l’avenir, a souligné le Président, en arguant que cela est d’autant plus possible grâce à la proposition saoudienne qui a évolué en une Initiative de paix arabe.  Israël, a-t-il dit, appuie l’assertion de l’Initiative qui écarte la solution militaire et qui souligne que, pour les pays arabes, la paix au Moyen-Orient est une option stratégique.  Les dispositions de l’Initiative sont une source prometteuse d’inspiration.  C’est là une ouverture sérieuse vers des progrès réels, a estimé le Président.


M. Peres a ensuite souligné que la paix régionale exige la conclusion des négociations bilatérales avec les Palestiniens et le partage des coûts douloureux.  Nous sommes prêts aujourd’hui comme nous l’avons été par le passé, a affirmé le Président, en rappelant que l’accord avec l’Égypte, il y a 30 ans, a été suivi du lancement du processus d’Oslo, de la paix avec la Jordanie, du retrait du Liban, de l’évacuation de Gaza et du démantèlement des colonies de peuplement dans cette partie du territoire. 


Aujourd’hui, a-t-il dit, les négociations progressent avec les Palestiniens, et Israël explore également la possibilité de réaliser une paix réelle avec la Syrie.  Pour nous ériger contre ceux qui distillent la discorde et la violence, nous devons brandir le drapeau de la fraternité et de la paix qui mettra fin aux conflits et offrira une paix globale à tous les peuples, une liberté sans domination ou occupation, une coopération économique et des relations entre les cultures.  Une nouvelle vision à l’ensemble de la région, a insisté le Président.  Pour l’amour de nos enfants, brisons les liens de l’hostilité qui nous viennent du passé, a-t-il dit.  Libérons le monde de cette vision qu’une malédiction irrévocable assombrit le ciel de notre région. 


ABDULLAH II BIN AL HUSSEIN, Roi de Jordanie, a constaté, à son tour, que la compréhension et la confiance entre les peuples de confessions et de cultures différentes se sont érodées, en particulier au sein des trois religions monothéistes dont les adeptes représentent plus de la moitié de la population.  La désinformation et les stéréotypes qui sont le fait d’une poignée d’individus affectent de plus en plus la perception de l’autre, générant peurs, suspicions et haines, a déploré le Roi. 


Pour inverser cette tendance, la communication est vitale, a-t-il dit, préconisant l’ouverture d’un dialogue entre fidèles de toutes les confessions et de toutes les civilisations.  En Jordanie, nous avons fait d’un tel dialogue une priorité nationale, a expliqué le Roi.  Le Message d’Amman propose une explication de la véritable nature de l’islam et lance un appel à la coexistence pacifique entre êtres humains.  Il a été approuvé par plus de 500 représentants des clergés des huit écoles de la jurisprudence musulmane, ainsi que par l’Organisation de la Conférence islamique.  Le Roi a indiqué que la Jordanie avait aussi apporté son appui à l’Initiative intitulée « Un nom commun », qui constitue une ouverture des experts musulmans en direction de leurs homologues chrétiens.


Il est impossible de parler d’harmonie interconfessionnelle, en particulier entre l’Occident et l’Orient, sans aborder la question de la résolution du conflit au Moyen-Orient, a estimé le Roi.  Le ressentiment et la frustration générés par ce conflit sont partagés dans la région tout entière voire dans le monde entier, a-t-il souligné, rappelant que des millions de personnes, en particulier les jeunes, se demandent si l’Occident est vraiment sérieuse lorsqu’il parle d’égalité, de respect et de justice universelle, tandis que les extrémistes musulmans, chrétiens et juifs exploitent les doutes et les divisions. 


Le Roi a affirmé qu’il ne voyait pas de meilleur moyen d’apaiser les tensions entre Occident et Orient, et entre religions, que la fin du conflit et l’établissement d’une paix fondée sur des valeurs communes et universelles.  De tels efforts en direction de la paix doivent s’accompagner d’une communication plus efficace, a insisté le souverain, qui a suggéré de multiplier les initiatives concrètes à savoir un effort institutionnel durable de promouvoir la tolérance et l’acceptation.  À cet égard, il a souligné l’importance d’aller vers les jeunes, en mettant en place des échanges-étudiants et des projets universitaires communs.  Il a estimé qu’aucun groupe autre que les médias n’est le mieux désigné pour faire valoir la vérité selon laquelle les peuples de différentes confessions peuvent vivre en paix et en harmonie lorsqu’ils sont équipés pour relever les défis.  « Le dialogue entre civilisation n’est pas un luxe, mais une nécessité », a-t-il affirmé en conclusion.


Mme TARJA HALONEN, Présidente de Finlande, a rappelé qu’elle a lancé dans son pays un dialogue entre des groupes chrétiens, juifs et musulmans, après les attentats du 11 septembre 2001.  Depuis lors, elle a dit avoir senti comment ces personnes qui appartiennent à différentes religions et cultures ont agi, tout en se respectant, comme des facteurs unificateurs dans la société.  Par conséquent, elle a souhaité que des phénomènes constructifs semblables aient lieu ailleurs. 


Mme Halonen a rappelé que sous la présidence finlandaise de l’Union européenne en 2006, un réseau de coopération volontaire a été créé pour les questions interculturelles et interreligieuses qui a permis aux représentants des organismes de l’UE et des États Membres de travailler sur des nouvelles manières de cultiver de bonnes relations entre cultures et religions.  La Président a rappelé les articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui a toujours été une grande source d’inspiration pour combattre la discrimination et la marginalisation partout dans le monde, a-t-elle ajouté. 


Elle a rappelé que le différend entre Israël et les Palestiniens est souvent mentionnée comme une question clef, symbolisant la division entre l’Occident et le monde musulman.  Elle a salué les initiatives sérieuses pour résoudre ce différend, tout en précisant que la solution exige des négociations qui sont toujours, a-t-elle reconnu, influencées par les situations politiques nationale et internationale.  Trouver une solution requiert de la volonté politique et du courage, et l’appui des autres acteurs.  Tout accord entre Israéliens et Palestiniens devrait être assez bon pour tous les autres, a-t-elle déclaré.


M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a souligné que l’expérience libanaise a enseigné que le véritable dialogue est celui qui survit aux craintes et aux tentatives d’intimidations, a-t-il dit.  Il a toutefois expliqué que le « recours brusque » au dialogue pour régler les conflits existants ne produira aucun résultat s’il n’est pas fondé sur un long processus cumulatif, en nouant des liens de confiance et d’ouverture sur l’autre.  C’est dans cette optique qu’il a salué l’importance des efforts culturels, éducatifs et médiatiques de l’UNESCO et des organes créés par la Conférence internationale sur le Dialogue de Madrid. 


M. Sleiman a cependant signalé que la persistance de la domination, de l’oppression et de l’arbitraire met en jeu la crédibilité du dialogue.  Cela est surtout vrai au Moyen-Orient et en Terre sainte, a-t-il constaté, pour dénoncer ensuite l’occupation israélienne des terres palestiniennes et arabes.  M. Sleiman a estimé que ses caractéristiques font du Liban l’espace le plus grand et le plus riche pour le dialogue entre les religions et les cultures, au service du monde arabo-musulman et du monde entier.  Il a réitéré son ambition de voir le Liban devenir un centre international pour la gestion du Dialogue entre les civilisations et les cultures et par conséquent un laboratoire mondial pour ce dialogue entre les entités.  Nous sommes réunis ici aujourd’hui, a conclu le Président, pour dire notre refus du choc des ignorances et pour souligner notre volonté de travailler ensemble dans les domaines de l’éthique, de la culture, de la politique et de relations internationales saines. 


M. HAMID KARZAI, Président de l’Afghanistan, a souligné qu’il n’y avait rien de plus important que l’élimination du fléau de l’extrémisme, de la xénophobie et de la haine, ce qui n’est possible qu’à travers le dialogue et la coopération.  Les conflits ou les confrontations n’ont pas pour origine la religion, mais la poursuite d’objectifs politiques étroits par certains religieux ou idéologues politiques, a-t-il estimé.  Malheureusement, a-t-il regretté, notre compréhension de l’autre est parfois tachée de mauvaises conceptions, en particulier lorsqu’il s’agit de phénomènes comme le terrorisme et l’extrémisme ou d’en attribuer l’origine à des convictions religieuses.  Beaucoup associent le terrorisme à la religion, alors que d’autres font valoir qu’il n’est qu’une réaction de l’Est contre l’Ouest.  Ces positions, a dit le Président, ne reflètent pas la nature réelle du phénomène.


Le Président a affirmé que le terrorisme est plus politique que religieux.  Il est le produit historique de mauvaises politiques et de la recherche inconsciente d’intérêts étroits, comme en atteste l’Afghanistan où le terrorisme n’a jamais été un phénomène religieux.  Le terrorisme est un phénomène international et régional, enraciné dans un contexte historique complexe s’étendant sur les quatre dernières décennies. 


L’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique dans les années 80 et la mauvaise utilisation, qui a suivi, de la religion à des fins politiques, ainsi que la promotion délibérée de l’extrémisme comme instrument contre la menace soviétique sont les facteurs clefs qui ont collectivement produit le phénomène du terrorisme que l’Afghanistan affronte aujourd’hui, a expliqué le Président.  Al-Qaida et d’autres réseaux terroristes sont les résidus de l’inconscience du passé, a-t-il ajouté.  Un passé dont beaucoup d’entre nous, dans cette Assemblée, doivent en reconnaître la paternité et le rectifier, a-t-il insisté.


M. Karzai a qualifié de fondamentalement trompeurs les termes de « terrorisme islamique ».  L’islam condamne, sans équivoque, les actes qui violent la vie et les biens d’une personne innocente.  Loin d’être complaisants, les musulmans ont été les plus touchés par le terrorisme international.  Le Président afghan a rappelé qu’il avait rejeté depuis longtemps la notion de « choc des civilisations ».  Au contraire, nous sommes dans un monde dont la taille semble s’être réduite sous la force de la mondialisation, a-t-il expliqué, avant d’appeler les médias à jeter des ponts entre les peuples, plutôt qu’à assimiler les différences aux incompatibilités. 


M. HAMAD BIN JASSIM BIN JABR AL THANI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, a estimé que la notion de dialogue est devenue un pilier central pour réaliser la paix et le développement durables aux niveaux national, régional et international.  Le Qatar voit dans le dialogue interreligieux et culturel un choix stratégique, comme en témoigne l’organisation, depuis 2003, de la Conférence de Doha sur le dialogue interreligieux.  Nous avons délivré aux adeptes des autres religions monothéistes des permis de construire des lieux de culte sur le territoire du Qatar, a précisé le Premier Ministre.


M. Al Thani a ensuite rappelé que l’Histoire avait montré que c’était les intérêts économiques et politiques, plutôt que religieux ou culturels, qui étaient à l’origine des affrontements entre nations.  Même si ces différences existent aujourd’hui, elles ne sont pas la cause de tels affrontements, mais doivent au contraire fournir une raison d’approfondir notre compréhension mutuelle et de poursuivre notre dialogue, a ajouté le Premier Ministre.  Il a déploré les tendances à alimenter l’intolérance religieuse et culturelle qui remettent en cause le processus de prise de conscience de l’autre basée sur la compréhension entre les peuples. 


Par conséquent, nous devons passer maintenant du débat à l’action, a-t-il lancé, affirmant qu’il fallait mettre en œuvre les recommandations de la Conférence de Madrid, en particulier celle qui propose d’établir des règles pour un dialogue entre religions et cultures et de reconnaître les valeurs humaines et les principes moraux comme dénominateur commun.  Une telle approche est le meilleur moyen de garantir la préservation de l’héritage mondial et de promouvoir la protection des valeurs communes contre l’isolationnisme et l’intolérance, a assuré le Premier Ministre, avant d’encourager les leaders des mondes religieux, sociaux, économiques, académiques et artistiques à s’impliquer dans un tel effort.


M. ABBAS EL FASSI, Premier Ministre du Maroc, a souligné que son pays attache une grande importance au dialogue entre les religions, une question qui a pris de l’ampleur dans un monde sans frontière.  Le Maroc, a-t-il dit, a toujours été conscient des risques de l’extrémisme ethnique et religieux et de leurs conséquences qu’elles soient violentes ou qu’elles prennent la forme du déni de l’autre.  Ce déni de l’autre, a poursuivi le Premier Ministre, vient souvent de préjugés religieux propagés par des personnes mal intentionnées qui ont pour but d’attaquer ou de nier les valeurs humaines découlant de la spiritualité. 


Le Maroc, a-t-il ajouté, continue d’être un élément clef du renforcement des valeurs du dialogue interreligieux et interculturel sur les plans régional et international.  Le Premier Ministre a rappelé qu’après les attentats du 11 septembre, le Roi Mohammed VI avait appelé à un dialogue permanent et stratégique entre les États sur le respect des droits de l’homme.  Il avait aussi demandé de désamorcer les tensions et de combattre l’extrémisme qui a des conséquences négatives sur la paix et la stabilité mondiales. 


À cet égard, a déclaré le Premier Ministre, le Roi du Maroc n’épargne aucun effort pour rapprocher les parties au conflit palestino-israélien.  En tant que Président du Comité Al Qods, le Roi du Maroc a toujours insisté sur le respect du statut spécial de cette ville et sur la préservation de son identité religieuse et de sa civilisation ainsi que ses monuments historiques, afin qu’elle reste un symbole vivace du dialogue et de la coexistence entre religions et croyances.


Le Premier Ministre marocain a appuyé l’initiative du Royaume saoudien avant de souligner plusieurs objectifs comme la mise au point d’un mécanisme pour suivre la contribution des États Membres aux différentes initiatives liées à un dialogue responsable et véritable entre religions.  Il a aussi cité la création d’un réseau entre institutions d’enseignement qui servirait de forum d’interaction pour les jeunes, les intellectuels et les théologiens du monde entier.


Le Premier Ministre a aussi jugé important d’introduire un module « dialogue interreligieux » dans les programmes scolaires et de renforcer le rôle des médias dans la diffusion de la culture de la tolérance et la promotion des valeurs d’ouverture, tout en conciliant liberté d’expression et respect des religions sacrées et des convictions spirituelles. 


M. El Fassi s’est en effet montré préoccupé par cette tendance au non-respect des religions sacrées et des croyances spirituelles, dont l’une des conséquences les plus terribles est l’islamophobie.  Il est bon de rappeler, a-t-il déclaré, que les actes d’islamophobie sont de plus en plus fréquents dans de nombreuses régions du monde.  Dans ce contexte, a-t-il dit, il a appelé les États Membres à s’engager dans un dialogue sérieux et responsable entre religions, et à contrer par des idées les appels au « choc des civilisations » et à « la fin de l’Histoire », les deux paradigmes déterminant l’orientation des relations internationales.  Il a ainsi apporté le soutien de son pays à tous les efforts visant à contrer toutes les tentatives de discréditation des religions et des valeurs sacrées, à travers une approche mondiale qui prenne en considération les spécificités de toutes les religions et croyances.


M. JEAN-LOUIS CARDINAL TAURAN, Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux du Saint-Siège, a estimé que l’ONU, de par sa nature et sa mission, devrait être une école de la paix.  Il a également signalé que les religions, en dépit de leurs faiblesses et des contradictions de leurs adeptes, sont messagères de réconciliation et de paix.  Les croyants qui prient et pratiquent la solidarité enseignent aussi le langage et les gestes de paix.  Citant un message du pape Benoît XVI, M. Tauran a déclaré que « la paix est mise en question par l’indifférence à ce qui constitue la véritable nature de l’homme ».  En invitant à l’intériorité, à l’harmonie entre soi-même, les autres et la Création, les religions donnent un sens à l’aventure humaine, a-t-il déclaré.


M. Tauran a cependant signalé que les croyants devaient, en premier lieu, être cohérents et crédibles.  Ils ne peuvent utiliser la religion pour brimer la liberté de conscience, pour justifier la violence, pour répandre la haine et le fanatisme.  Il a également rappelé que la Déclaration finale de la Conférence de Madrid stipule que « le dialogue est une réalité essentielle de la vie ».  Le représentant du Saint-Siège a ensuite assuré la communauté internationale que l’Église catholique a la volonté de continuer d’offrir un esprit de fraternité, la force de la prière et l’espérance du Christ.  Allons au-delà de la simple tolérance et des compromis incertains.  Faisons de la fraternité plus qu’un idéal, une réalité, a-t-il conclu.


M. MOHAMMAD SAED TANTAWY, Grand Imam d’Al-Azhar en Égypte, a souligné que lorsqu’on parle de culture de paix dans l’islam, on parle d’un dialogue positif entre les civilisations, les religions et cultures, ainsi que de réalités sur lesquelles les sages de tous les temps s’accordent.  La première de ces réalités, a-t-il dit, est que toutes les personnes sont créées par Dieu.  La seconde réalité est que les différences dans les croyances et les idées font partie de la nature humaine et qu’elles ne sont pas interchangeables.  La troisième est que les différentes croyances au sein des peuples ne doivent pas empêcher la coopération, la compréhension mutuelle et l’amitié.


La quatrième réalité, a poursuivi l’Imam, consiste en ce que les religions révélées ont deux piliers communs à savoir la vénération d’un Dieu unique et le maintien des bonnes manières.  Tout désaccord entre les religions du Livre est lié à des questions secondaires et non aux fondamentaux et aux principes, a souligné l’Imam, en arguant que la cinquième réalité est que la bonne parole fonctionne aussi bien avec les amis qu’avec les autres.


En sixième place, il a indiqué qu’il existe des vertus, comme la justice, qui doivent être respectées et des défaillances, comme l’injustice, qui doivent être évitées.  La septième réalité est que la consolidation de la sécurité et de la paix dans les États est une bénédiction.  Les sages se sont aussi mis d’accord pour rejeter le terrorisme qu’ils voient comme une tragédie religieuse mondiale.  C’est une tragédie religieuse parce que le terrorisme viole explicitement les dispositions de la loi divine qui appelle à la protection de la vie humaine, de la dignité et de tous les droits et dans laquelle le meurtre d’une personne est mis sur le même pied que le massacre d’un peuple, a-t-il souligné.


C’est une tragédie mondiale parce que les terroristes essaient de rompre l’unité des nations, détruire leurs richesses et leur économie, répandre la discorde et propager l’horreur et le chaos où ils sont, s’est expliqué l’Imam.  Quiconque accomplit de tels actes commet un crime contre sa nation et mérite la plus sévère des punitions.  La huitième réalité est que le dialogue constructif est la manière la plus appropriée de régler les conflits et les différends entre les peuples, a-t-il encore dit, avant de conclure sur la neuvième réalité qui est la complémentarité entre civilisations.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. ALAIN JUPPÉ, Envoyé spécial du Président de la France, a déclaré que la France apporte à ce dialogue un soutien sans réserve parce que son expérience propre, depuis 1789, lui a fait développer une conception de la laïcité qui ne vise qu’à organiser au sein de la communauté nationale la cohabitation pacifique de toutes les croyances et non-croyances.  La France soutient aussi un tel dialogue parce que l’un des objectifs de la diplomatie française, tout particulièrement depuis les attentats du 11 septembre 2001, a été de prévenir tous les éléments pouvant concourir à donner de la consistance à la thèse du choc des civilisations, une thèse qu’elle conteste formellement et dont le caractère auto-réalisateur pourrait avoir des conséquences sur la paix internationale, a souligné l’ancien Premier Ministre de la France.


M. Juppé a ensuite rappelé que les Européens avaient fait, tout au long de leur histoire, l’expérience souvent sanglante des guerres de religions et des haines confessionnelles.  Or aujourd’hui, au cœur de l’identité européenne figure l’idée de tolérance, de la construction et de la consolidation de la paix, qui permet aux peuples de s’organiser en collectivités politiques respectueuses de l’identité religieuse, spirituelle et philosophique de chacun.  C’est ce message que l’Europe porte au sein de l’Alliance des civilisations, lancée à l’initiative de l’Espagne et de la Turquie, et dont elle soutient pleinement les objectifs.


Incontestablement, le dialogue interculturel et interreligieux se doit d’être aussi large que possible et associer les représentants de toutes les religions, mais aussi de toutes les traditions spirituelles, philosophiques et humanistes existantes, a suggéré l’Envoyé spécial.  Le respect des valeurs et des principes universels des droits de l’homme constitue le socle indispensable sur lequel doit se bâtir et se renforcer ce dialogue.  La reconnaissance de l’exercice sans restriction de la liberté de croyance, dans toutes ses dimensions, y compris le droit de changer de religion ou de développer une approche spirituelle ou humaniste en dehors de la croyance religieuse, en est un élément incontournable, a précisé M. Juppé.


Pour dialoguer, il faut être aussi capable d’entendre les opinions contraires, voire la critique, a-t-il dit, précisant que le droit de s’exprimer et accepter les opinions divergentes est aussi un élément essentiel du dialogue.  L’Envoyé spécial a affirmé que l’exercice de la liberté religieuse ne pouvait se concevoir sans celui de la liberté d’expression, y compris parfois sous l’aspect de la dérision.  « Elle est la condition sine qua non du dialogue interreligieux », a ajouté M. Juppé, précisant que « la seule limite à cette liberté est celle définie par le droit international et l’esprit de responsabilité qui doit animer tout être humain convaincu de l’intérêt supérieur de la paix, qu’il s’agisse de la paix intérieure nécessaire à chaque société ou de la paix entre les nations ».


Ce dialogue doit enfin savoir s’affranchir de toute intervention politique, a commenté M. Juppé.  Le rôle des instances gouvernementales ou intergouvernementales doit se limiter à favoriser les conditions nécessaires à sa tenue.  Le meilleur moyen de limiter les heurts qui surgissent entre les différentes cultures et croyances, c’est en s’assurant que les puissances publiques, tout en veillant à ce que les conditions du dialogue soient réunies et préservées, ne s’immiscent en aucun cas dans ce qui constitue avant tout l’exercice d’une liberté individuelle.


M. DILEITA MOHAMED DILEITA, Premier Ministre de Djibouti, a déclaré que ce dialogue devrait servir à présenter la véritable image des religions, dénonçant le fait que l’islam se voit associé au terrorisme international.  Il a insisté sur l’importance de lutter contre ce fléau mais également de faire cesser « cette phobie de tout ce que représente l’islam » qui, selon lui, hypothèque considérablement les principes de paix, de tolérance et de compassion de cette religion.  Tout doit être mis en œuvre pour démontrer que les accusations de violence et de terrorisme portées à l’encontre de l’islam sont injustifiées.


Le Premier Ministre a ensuite déclaré que l’éducation et le dialogue restent les principales « armes » pour venir à bout du cercle vicieux de l’ignorance.  C’est là un défi permanent que chaque société et chaque citoyen doivent relever, a-t-il dit, ajoutant que la diversité culturelle est un patrimoine commun de l’humanité.  Cette pluralité des identités est un atout dont nous devrions tirer profit et devrait impliquer une ouverture aux autres cultures pour un enrichissement mutuel.  La culture de la paix est le meilleur moyen de renforcer la compréhension et le rapprochement entre les peuples.  Le Premier Ministre a également estimé que ce dialogue devait être tenu à la fois aux niveaux local, régional et international, avant de prôner le retour aux valeurs morales et religieuses.  Il relève de notre responsabilité de faire savoir que la différence n’est pas et ne doit pas être une source de conflit et de confrontation.


M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Président du Sénat du Parlement du Kazakhstan, a estimé que les défis mondiaux ne tiennent pas compte des différences raciales, ethniques et religieuses.  Ils touchent de la même manière toutes les nations et les peuples qui s’efforcent de vivre en paix, a-t-il expliqué.  Ces défis mondiaux soulignent le besoin d’un dialogue mondial à grande échelle sur les questions interreligieuses et interculturelles, a-t-il affirmé, tout en soulignant qu’il n’existe pas d’alternative à la compréhension mutuelle, au respect et à la tolérance.  Le Président du Sénat a prévenu qu’aucune nation ne renoncera à son identité historique, spirituelle et culturelle.  C’est là un droit et une tendance naturelle.


Il faudra donc faciliter, de toutes les manières possibles, l’évolution du monde moderne vers une civilisation universelle basée sur des valeurs communes de liberté, de tolérance et de concordance, a-t-il déclaré, tout en rappelant que son pays a été un lieu d’interaction de grandes civilisations.  Il a ainsi rappelé, qu’à l’initiative du Président Nursultan Nazarbayev, deux sommets ont eu lieu depuis 2003 à Astana, réunissant des dirigeants mondiaux et des religions traditionnelles.  Ces forums, a-t-il souligné, sont devenus une plate-forme unique en Asie centrale pour le dialogue entre les religions mondiales.  Le troisième congrès est prévu en juillet 2009 dans la même ville, a-t-il affirmé.  Il a aussi souligné que son pays prévoit d’accueillir le forum mondial sur la concorde spirituelle et le dialogue des cultures, à l’occasion de l’Année internationale du rapprochement des cultures en 2010.


M. SALAM FAYYAD, Premier Ministre de l’Autorité palestinienne, a conseillé de placer le dialogue dans le cadre des relations internationales et de se pencher sur les causes profondes de l’intolérance et de l’extrémisme.  Nous devons sensibiliser les communautés et répondre de manière décisive au phénomène de diffamation des religions et de leurs symboles et à tous ceux qui avancent le caractère inévitable du choc des civilisations, a poursuivi M. Fayyad.  En outre, les diffamations et les caricatures basées sur des stéréotypes et relayées par certains médias doivent cesser, a-t-il insisté.


Puisque nous parlons de tolérance religieuse, nous nous devons de parler de la ville de Jérusalem, a enchaîné le Premier Ministre.  La ville sainte est sous occupation depuis plus de 41 ans, au cours desquels elle a subi des violations et des pratiques visant à altérer son statut de ville sainte, à forcer ses habitants palestiniens, musulmans et chrétiens à partir.  Le Premier Ministre a aussi dénoncé l’imposition de faits sur le terrain qui menace la perspective d’un accord sur le statut final de la ville.


Le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale ont adopté d’innombrables résolutions à cet égard, et aucune n’a été respectée, a-t-il regretté.  Il est maintenant impératif que la communauté internationale accorde à Jérusalem et à ses habitants la protection et le soutien qu’ils méritent.  Rien ne pourra changer le fait historique que Jérusalem-Est est un territoire palestinien occupé, a insisté le Premier Ministre, en rappelant que les Palestiniens l’ont choisi comme capitale d’un futur État palestinien indépendant.


Si les souffrances du peuple palestinien se poursuivent à ce rythme, les efforts internationaux pour établir la paix sur la base d’une solution comprenant deux États seront compromis.  Il est maintenant nécessaire d’intervenir pour que toutes les parties mettent en œuvre les résolutions des Nations Unies et adhèrent aux principes et aux fondations de la justice et aux principes du droit international.  « Je suis sûr que vous comprenez les résultats et les répercussions de l’inaction, non seulement pour les peuples palestinien et israélien, mais aussi pour la région tout entière et pour la paix et la sécurité internationales », a prévenu M. Fayyad qui a rappelé, avant de conclure, que le Président Yasser Arafat avait en son temps ici même agité le rameau d’olivier, symbole de paix d’une terre de paix.


Mme ELIZABETA KANCESKA-MILEVSKA, Ministre de la culture de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré que son pays illustrait la manière dont le dialogue interculturel, interethnique et interreligieux peut être maintenu et promu au niveau national.  Elle a expliqué qu’une Conférence sur le dialogue entre les religions et les civilisations avait été organisée l’année dernière à Ohrid, afin d’examiner comment susciter suffisamment de volonté politique pour éliminer les idées fausses et les stéréotypes dont sont victimes différentes religions et cultures.


Elle a expliqué que cette Conférence était le suivi de plusieurs conférences et forums qui avaient été organisés en ex-République yougoslave de Macédoine, notamment la Conférence sur le dialogue interreligieux dans les Balkans qui s’est tenue en 2006 à Ohrid.  Mme Kanceska-Milevska a également fait part de l’attachement de son pays à l’Alliance des civilisations.


Le respect de la diversité culturelle figure au cœur des activités du Ministère de la culture et du Bureau pour la protection du patrimoine culturel, a-t-elle poursuivi.  La diversité culturelle est à la fois un trésor et un avantage, car la multiplicité des traditions culturelles a non seulement un énorme potentiel créatif et artistique, mais représente également un instrument de paix, de compréhension mutuelle et de respect.  En garantissant les droits culturels et l’égalité des groupes ethniques et nationaux de chaque pays, nous garantissons la stabilité et le développement durable de nos sociétés, a-t-elle dit.


Elle a ensuite indiqué que l’ex-République yougoslave de Macédoine avait adopté la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO.  Pour la Ministre, les politiciens ont la responsabilité de créer un environnement propice à la tolérance et à la compréhension.  Elle a également estimé que la culture était un domaine qui méritait une grande attention et qui ne devait être négligé en aucun cas.


M. E. AHAMED, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a souligné que les fondations d’une meilleure compréhension se basent sur la bonne volonté, la tolérance et la réceptivité à des points de vue différents.  Il a rappelé que pendant plusieurs millénaires, le sous-continent indien a offert un refuge à un nombre incalculable de religions, dont l’islam qui s’y épanouit depuis plus de 1 300 ans.  Le dialogue interreligieux et interculturel n’est pas nouveau en Inde, a souligné le Ministre, en rappelant que Mahatma Gandhi voyait la réceptivité à d’autres cultures et traditions comme une source de force et de cohésion pour toute société. 


Le Ministre d’État indien a souligné que son État d’origine en Inde, le Kerala, constituait un exemple remarquable de la tradition du dialogue et de la compréhension qui existe dans son pays.  Dans cet État, a-t-il dit, les commerçants arabo-musulmans sont arrivés comme des messagers de la foi islamique.  L’histoire rappelle aussi que Saint-Thomas, l’un des 13 apôtres du Christ y a apporté le christianisme.  Aujourd’hui, la population de cet État est presque répartie équitablement entre Hindous, Musulmans et Chrétiens, s’est-il félicité.


Sans le dialogue, a-t-il dit, c’est l’intolérance, le sectarisme et la violence qui se répandent.  Nous sommes troublés, a dit le Ministre, par l’augmentation des ressources financières et autres, mises à la disposition de groupes violents et intolérants qui invoquent à mauvais escient la religion pour justifier et diffuser leur vision extrémiste.  Or, les efforts visant à contrer ces tendances détournent l’attention et les ressources dont ont besoin des pays comme l’Inde pour leur développement.  Par conséquent, il est de plus en plus urgent que les nations du monde s’unissent pour faire face à ces malfaisants.


Les sociétés modernes ne peuvent et ne doivent pas tolérer l’extrémisme et la violence.  Ceux qui encouragent l’extrémisme, consciemment ou inconsciemment, devraient se rappeler que ces monstres ne vont pas disparaître facilement, a prévenu le Ministre.  Nous devons envoyer un message clair qui mette en exergue l’importance de la tolérance pour les religions et les croyances des autres. La responsabilité de chaque État Membre devrait être soulignée et à la longue, nous aurons besoin de construire une plate-forme plus large basée sur la tolérance, qui soulignerait l’égalité fondamentale entre toutes les traditions culturelles, les religions et les croyances, ainsi que la vérité essentielle de l’égalité entre tous les êtres humains.


M. CARLOS MORALES TRONCOSO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a affirmé que si nous vivons dans un monde de conflits, c’est parce que nous avons abandonné la culture du dialogue ou avons développé une interprétation erronée de ses usages ou de ses objectifs.  Le dialogue n’est pas l’imposition de croyances, de points de vue ou d’une culture au détriment d’autres, mais au contraire le plus concluant des efforts de compréhension.  C’est pourquoi nous devons non seulement nous engager dans le dialogue, mais aussi le promouvoir comme un moyen de résoudre les problèmes dans un monde interconnecté où les conflits les plus distants se font entendre à l’échelle mondiale, a préconisé le Ministre.


Si nous promouvons le dialogue pour donner à la culture de paix la place qui lui revient, la communauté internationale assumera l’une de ses responsabilités historiques à savoir l’engagement en faveur de la résolution pacifique des conflits.  Pour M. Troncoso, c’est seulement au travers du dialogue que nous pourrons vivre dans un monde de paix.  Pourquoi?  Parce que le dialogue nous permettra de nous comprendre et de nous accepter, a-t-il répondu.  Et la compréhension et l’acceptation déboucheront sur la coexistence, qui elle-même nous permettra de vivre en paix.


Mme CARINA CHRISTENSEN, Ministre de la culture du Danemark, a indiqué que son gouvernement s’attache à renforcer le dialogue interculturel et la compréhension afin de garantir le développement « dynamique et pacifique » des relations internationales.  Elle a précisé que le Gouvernement danois donne son appui à plusieurs initiatives de dialogue interreligieux sur son territoire et à l’étranger, et qu’il accorde également une attention particulière à la promotion du dialogue entre les jeunes gens.  Nous devons examiner avec attention ce que nous transmettons aux générations à venir, a signalé la Ministre, pour qui l’éducation est le moyen le plus efficace de gérer la diversité culturelle et religieuse.


L’éducation, a-t-elle poursuivi, met l’accent sur des valeurs partagées comme la tolérance, la compréhension mutuelle et le respect des diversités culturelle, ethnique et religieuse.  Elle a également mentionné la protection et la promotion des droits de l’homme et l’adhésion aux principes de non-violence et de coexistence pacifique.  Mme Christensen a ensuite indiqué que le Danemark avait accueilli les 21 et 22 octobre dernier, la Conférence de Copenhague sur l’éducation au service du dialogue et de la compréhension interculturelle.


Elle a expliqué que cet évènement avait discuté de la manière de combattre les stéréotypes religieux qui sévissent au sein du système éducatif danois.  Il nous incombe, à nous autres dirigeants responsables, de promouvoir la tolérance et la compréhension mutuelle afin d’éviter que ne surgissent les conflits et la haine.  Si nous ne le faisons pas, qui le fera, s’est-elle interrogée.


M. KERRY O’BRIEN, Sénateur australien, a déclaré que pour l’ONU, cette journée est historique.  Réunir les leaders de différentes religions pour parler de la nécessité de faire valoir ces croyances pour obtenir un monde meilleur constitue une occasion dont on se souviendra, a-t-il souligné, avant de rappeler que son pays soutient activement le Parlement des religions du monde, l’une des congrégations interreligieuses les plus grandes du monde.  Il a aussi souligné que l’Australie s’est engagée à travailler pour l’Alliance des civilisations, des Nations Unies, et a rejoint le groupe d’amis en 2007.


M. O’Brien a souligné que son pays avait assumé un rôle de leader dans sa région pour impulser la coopération entre les religions à travers le dialogue régional interreligieux.  Son objectif est de rassembler des personnes de différents groupes religieux afin de promouvoir la compréhension entre les communautés dans la région et attirer l’attention des leaders religieux sur leur rôle potentiel dans la promotion des voix modérées au sein de leurs communautés.  Les leaders religieux sont les mieux placés pour travailler dans leurs communautés, mais il revient à tous, y compris aux politiciens, de tenir un dialogue basé sur les valeurs dans toutes leurs activités.


Le Sénateur a également souligné que son gouvernement travaille au renforcement de la cohésion sociale en Australie, en renforçant le respect, en garantissant la justice et en créant des occasions de participer à la vie communautaire.  La promotion de la compréhension interculturelle ainsi que de l’harmonie sociale sont d’une importance critique pour cette génération et les suivantes.  À travers ce processus, nous espérons engendrer une culture de paix mondiale durable, la tolérance et la diversité, a-t-il déclaré.  Nous devons montrer comment une compréhension plus large entre les cultures peut contribuer à traiter des différends internationaux qui durent depuis longtemps, des conflits internes et de l’oppression contre les faibles, a-t-il affirmé.


M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a tout d’abord rappelé les résolutions applicables dans le cadre de la promotion du dialogue interreligieux, avant de se féliciter de la convocation de la réunion de haut niveau sur ce sujet devant l’Assemblée générale.  La délégation libyenne, a-t-il affirmé, est convaincue du besoin pressant d’intensifier le dialogue entre les religions et les cultures.  Les Nations Unies, en particulier l’UNESCO mais aussi « plusieurs organisations régionales et sous-régionales », ont réalisé des efforts importants dans ce domaine.  M. Ettalhi s’est aussi félicité des actions entreprises par l’Espagne et la Turquie dans le cadre de l’Alliance des civilisations initiée par ces deux pays sous les auspices onusiennes.


Les trois dernières décennies ont été celles des « idées faussées », idées qui ont influencé les actions politiques destructives de « certaines personnes », a-t-il souligné.  Nous devons reconnaître que la principale victime de ces événements, surtout après le 11 septembre 2001, a été l’islam et les Musulmans en général, a expliqué M. Ettalhi, citant à l’appui de cette opinion un extrait du premier « rapport observatoire » de l’Organisation de la Conférence islamique.  Le délégué libyen a indiqué que l’un des facteurs clefs de la compréhension mutuelle entre cultures était le « dialogue », à l’opposé de la « domination ».  La Libye, a-t-il rappelé en conclusion, a accueilli plusieurs réunions depuis les années 80 en vue d’initier un tel dialogue.


M. GERT ROSENTHAL(Guatemala) a rappelé que son pays connaît de première main les tragiques conséquences de l’intolérance, qu’elles soient le résultat des différences ethniques, religieuses, sociales ou idéologiques.  L’un des fondements des accords de paix qui ont mis fin à près de quatre décennies de conflit fratricide dans son pays consiste à former une société multiethnique, pluriculturelle et multilingue.  Cette détermination continue de modeler notre politique intérieure et à orienter notre politique étrangère, a-t-il affirmé.


La culture de paix est un outil qui devrait être divulgué massivement.  Nous devons commencer à éliminer les contenus qui incitent à la haine, les préjugés et les partis pris dans les manuels scolaires, a-t-il recommandé.  L’objectif de promouvoir le respect pour les différentes religions et cultures doit être incorporé dans le message de ces livres, a-t-il ajouté.  L’éducation doit être au service de la compréhension, la tolérance le respect mutuel et la coexistence, a-t-il insisté.  L’UNESCO devrait être l’agence, dans le système des Nations Unies, qui assume un rôle de leader dans la promotion et l’application du Programme d’action sur la culture de paix et la non-violence pour les enfants du monde entier.


Le représentant guatémaltèque a souligné que la diversité culturelle avait été élevée au rang de patrimoine commun de l’humanité.  Il s’agit d’un patrimoine vivant, par conséquent renouvelable, comme établi dans la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle.  Il a exprimé son appréciation que la prix Nobel de la paix guatémaltèque Rigoberta Menchu ait été désignée par l’UNESCO ambassadrice de bonne volonté, en reconnaissance de son combat pour les minorités ethniques et les peuples autochtones et de son dévouement aux idéaux et objectifs de cette Organisation.  Il s’est ainsi félicité de l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones qui est une reconnaissance de la valeur inhérente de la diversité humaine.


M. PETER MAURER (Suisse) a déclaré que le dialogue était un exercice qui consistait à négocier avec des personnes qui ne partagent pas les mêmes valeurs que nous.  Ce dialogue est un vecteur de transformation car il change la manière de concevoir et d’interagir avec l’autre et modifie les dynamiques politiques, a-t-il expliqué.  Tout au long de son histoire, la Suisse a fait l’expérience que la coexistence pacifique entre diverses cultures nécessite une volonté commune de se concentrer sur ce qui nous unit dans la pratique, plutôt que sur ce qui nous sépare idéologiquement.  Nous avons, a affirmé le représentant, développé ainsi une culture politique pragmatique, focalisée sur le bien-être des citoyens.  Les consultations démocratiques, la protection des minorités ainsi que la constante recherche du compromis ont été des instruments indispensables à la cohésion de notre pays, a poursuivi M. Maurer.  La responsabilité première de la coexistence pacifique incombe à chaque État et à chaque citoyen, a-t-il dit.


La tâche d’assurer le respect de la diversité religieuse ou culturelle n’est pas seulement une question de volonté politique.  Elle s’inscrit aussi dans le contexte plus large du bon fonctionnement de l’État de droit et des principes qui le régissent à savoir la non-discrimination, la liberté d’expression ou de conviction.  Dans le cadre de sa politique de promotion des droits de l’homme et de la paix, la Suisse a cependant constaté que le dialogue entre responsables religieux était rarement couronné de succès.  Pour cette raison, la Suisse mène non pas des dialogues interculturels ou interreligieux mais des dialogues politiques qui impliquent, par leur nature même, des facteurs religieux ou culturels.  Ces dialogues se font avec des acteurs politiques –même si ces derniers peuvent avoir des convictions religieuses– qui ont, de jure et de facto, une responsabilité politique.


M. HENNINGSSON (Suède), s’exprimant en arabe, a accueilli très favorablement cette louable et noble initiative entreprise par le Roi saoudien.  Nul doute que les historiens à l’avenir inscriront ces deux journées consacrées au dialogue dans le registre de l’histoire en faveur de la paix, a-t-il prédit.  Il a rappelé une entreprise très importante pour la coopération entre les Nations Unies et les organisations religieuses, à savoir le dialogue instauré a Istanbul le mois dernier.  De plus, il a cité l’un des projets de l’UNESCO, appelé « L’image de l’autre », qui depuis quatre ans se développe dans les domaines éducatifs dans des pays européens et arabes.  En conclusion, il a saisi l’occasion pour exprimer la profonde appréciation de son pays pour les efforts des Nations Unies visant le rétablissement de la confiance entre les pays du monde.


M. FRANK MAJOOR (Pays-Bas) a rappelé que l’Union européenne a été construite sur une culture de paix après des années de guerre.  Souscrivant à la déclaration faite par la France, il a rappelé que le dialogue interreligieux et interculturel n’était qu’une des formes que peut prendre le dialogue avec l’autre.  Nous devons aussi nous féliciter du dialogue engagé sur la base des identités économiques et sociales, a-t-il ajouté.  Le Gouvernement néerlandais a facilité le dialogue interconfessionnel en prenant de nombreuses initiatives, telles que des ateliers visant à mettre en œuvre de manière concrète un tel dialogue entre les membres de différentes communautés et de différents quartiers.  C’est en travaillant avec les autres que l’on se rend compte qu’ils sont, aussi différents soient-ils, parfois plus proches que l’on ne l’imagine.  Cependant, le Gouvernement des Pays-Bas ne soutient pas les appels à la protection juridique des religions en tant que telles, mais les droits des individus qui doivent pouvoir être libres de pratiquer leur culte.  Les Pays-Bas sont également réticents à l’idée de créer un nouvel organe consultatif visant à faciliter le dialogue interreligieux, une proposition qui risque de poser davantage de problèmes que d’en résoudre.  Sachant que les Nations Unies ne font pas de différence entre les religions, qui choisira celles qui seront représentées au sein d’un tel organe? s’est demandé le représentant.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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