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AG/10765

L’APPROPRIATION NATIONALE ET LA PRÉVISILIBITÉ DES FONDS IDENTIFIÉES, À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, COMME LES PILIERS DES PROCESSUS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

09/10/2008
Assemblée généraleAG/10765
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-troisième session

23e séance plénière – matin


L’APPROPRIATION NATIONALE ET LA PRÉVISILIBITÉ DES FONDS IDENTIFIÉES, À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, COMME LES PILIERS DES PROCESSUS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


L’appropriation nationale et la prévisibilité des ressources financières ont été identifiées aujourd’hui comme les piliers des processus de consolidation de la paix, alors que l’Assemblée générale examinait le fonctionnement, deux ans après leur création, de la Commission et du Fonds chargés de ces processus.


Si elles se sont félicitées des progrès enregistrés jusqu’ici, les 19 délégations, qui se sont exprimées aux côtés du Président de l’Assemblée générale, ont appelé à une stricte et minutieuse prise en compte des priorités définies par les pays concernés eux-mêmes, à savoir le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée-Bissau et la République centrafricaine, inscrits jusque là à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix (CCP).


Siégeant à la CCP, le représentant de l’Inde a, par exemple, prévenu que « tant que nous aurons des positions prédéterminées avant même d’examiner objectivement la situation d’un pays, nous ne serons pas capables de fournir des conseils véritablement dépourvus de passion ».  La Commission, a-t-il estimé, ne devrait pas avoir pour unique rôle de « conseiller » les pays mais bien de les aider à identifier les défis et à tirer parti de l’expertise internationale. 


La Commission, selon le représentant indien, doit donc se concentrer sur le renforcement de la légitimité, de l’efficacité et de la capacité d’absorption du système administratif et de gouvernance des pays à l’examen.  Elle doit être plus précise, plus efficace et plus flexible, a ajouté la représentante du Royaume-Uni, en relevant que 30% des pays en situation postconflit retombent dans les affres de la guerre dans les cinq ans qui suivent la signature d’un accord de paix. 


La représentante britannique a appelé à un meilleur leadership international capable de garantir l’application d’une stratégie comportant des activités intégrées dans le domaine de la politique, de la sécurité et du développement. 


La rapidité d’intervention étant la mère de tous les succès, de nombreux intervenants ont insisté sur une meilleure coordination entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix, un outil « remarquable », ont-ils dit, qui a réussi à réunir 238,5 millions de dollars, soit un peu moins que les 250 millions prévus à sa création. 


Les délégations ont saisi l’occasion du débat pour demander que la procédure de sélection des pays éligibles aux ressources du Fonds soit basée sur des critères plus clairs.  En attendant la révision des termes de référence de ce dernier, le représentant de l’Inde a exprimé des doutes quant à l’efficacité de la structure à trois guichets.  Au nom de l’Union européenne (UE), son homologue de la France a admis que le Fonds n’avait pas encore atteint tout son potentiel.  Il faut améliorer sa capacité à produire « rapidement » des résultats sur le terrain, a-t-il dit, avant que son homologue de l’Inde ne préconise une coopération plus étroite entre la Commission et le Fonds, d’une part, et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, d’autre part, « pour donner des directives claires ». 


Président de la CCP, le représentant du Japon, Yukio Takasu, a présenté les prochains défis à relever à savoir: plus de résultats et de bénéfices visibles pour les populations des pays à l’examen; une plus grande mobilisation des ressources auprès des donateurs traditionnels et non traditionnels; des interventions plus rapides pour combler le fossé entre maintien et consolidation de la paix, et entre consolidation de la paix et développement; et le renforcement des partenariats avec les institutions de Bretton Woods et les banques régionales de développement.


À l’instar des autres délégations, le Président de la CCP a également appelé les États Membres à sortir de l’impasse la question de la répartition de sièges de la CCP dans les catégories de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC).


Outre ceux déjà cités, les États Membres suivants se sont exprimés: Jamaïque, Fédération de Russie, Brésil, Chine, Pérou, Thaïlande, Égypte, Ghana, Pakistan, Italie, Indonésie, Islande, Bangladesh, Mexique et Afrique du Sud. 


L’Assemblée générale reprendra ce débat lundi 13 octobre.


Avant d’entamer le débat aujourd’hui, l’Assemblée générale avait d’abord approuvé la résolution 1857 adoptée par le Conseil de sécurité le 29 septembre dernier, et prorogeant les mandats des juges du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).  


RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE FONDS POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX


Dans ce rapport A/63/218-S/2008/522, qui donne un aperçu du fonctionnement et des activités du Fonds entre le 1er juillet 2007 et le 30 juin 2008, le Secrétaire général souligne l’importance stratégique « exceptionnelle » du Fonds, lancé le 11 octobre 2006.  M. Ban Ki-moon appelle à des investissements et à des aménagements d’urgence pour qu’il puisse jouer son rôle de mécanisme d’intervention rapide et pour accroître son efficacité.


Le Secrétaire général se félicite, dans le rapport, du soutien financier apporté par les pays donateurs au Fonds qui a pu réunir 238,5 millions de dollars, soit un peu moins de l’objectif de 250 millions visés à sa création.  Huit des 44 pays donateurs ont versé 80% des fonds reçus.  Il s’agit de la Suède (42,3 millions), du Royaume-Uni (36 millions), de la Norvège (32,1 millions), du Japon (20 millions), du Canada (18,8 millions), des Pays-Bas (18,5 millions), de l’Irlande (12,6 million) et de l’Allemagne (10 millions). 


Grâce à ces contributions, 106,9 millions de dollars, soit 44,8% du total ont été alloués à des activités du Fonds dans les pays relevant de la Commission de consolidation de la paix dits ceux du guichet I, et dans l’un des cinq pays remplissant les conditions d’admissibilité établies pour les ressources du guichet II; le guichet III se rapportant aux interventions d’urgence.  Au total 37 projets de consolidation de la paix ont été approuvés dans neuf pays à savoir le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée-Bissau, la République centrafricaine, la Côte d’Ivoire, la Guinée, Haïti, le Kenya et le Libéria.  Pour le moment la situation de trésorerie semble relativement saine, le solde disponible s’élevant à 131,6 millions de dollars environ. 


L’approche du Fonds pour la consolidation de la paix, explique le Secrétaire général, repose sur la conviction qu’une paix stable doit s’appuyer sur une assise sociale, économique et politique solide, de façon à pouvoir répondre aux besoins de la population.  Parmi ses principales réalisations, le Fonds s’est employé, entre autres, à la promotion d’une bonne gouvernance et à la primauté du droit, à la réforme du secteur de la sécurité, au soutien à la mise en place de systèmes de justice pénale pour prévenir et punir les actes de banditisme et de violence, à la promotion et la protection des droits de l’homme, au soutien et au recrutement de jeunes gens au chômage et à risque ou encore aux différends concernant des biens fonciers.


Dans son rapport, le Secrétaire général tire des enseignements de l’utilisation du Fonds.  Il appelle ainsi à se concentrer davantage sur la phase de démarrage.  La période qui s’écoule entre la déclaration d’admission et l’approbation des premiers projets représente en moyenne sept mois.  Afin d’accélérer le processus, une aide plus importante est maintenant apportée au niveau des activités sur le terrain pendant la phase critique du démarrage.


Le Secrétaire général souligne également le besoin d’une plus grande synergie avec les travaux de la Commission de consolidation de la paix.  Il cite l’exemple de la confusion qui avait régné au départ au Burundi et en Sierra Leone autour des rôles et responsabilités respectifs de la Commission et du Fonds.  Cette expérience a permis ensuite l’adoption, avec succès, d’une nouvelle procédure d’échelonnement des activités pour la Guinée-Bissau.  Le rapport de la Commission de consolidation de la paix est paru sous la cote (A/63/92-S/2008/417).


Toujours dans ses conclusions, le Secrétaire général demande des investissements et des aménagements d’urgence, tant sur le plan humain que sur le plan institutionnel, afin d’accroître l’efficacité du Fonds.  Il suggère, par exemple, d’approfondir la formation du personnel dans les pays avant de créer une infrastructure du Fonds, étant donné que le concept de consolidation de la paix n’est pas bien maîtrisé par toutes les parties prenantes.


Déclaration liminaire


M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN (Nicaragua), Président de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, a déclaré qu’étant donné le nombre d’accords de paix ayant échoué peu de temps après leur adoption, la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix venaient combler un fossé dans l’architecture du maintien de la paix.  Deux ans après leur mise en place, ces deux organes continuent d’explorer de nouvelles façons de relever les défis qui se posent dans de nombreuses situations postconflit, a-t-il relevé.  Les rapports du Secrétaire général reflètent les progrès encourageants réalisés par la Commission, le Fonds et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix dans leurs domaines d’action prioritaires.  Après avoir traité des situations au Burundi, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone, ils prêtent aujourd’hui assistance à la République centrafricaine, tandis que le Fonds a spécifiquement soutenu des initiatives en Côte d’Ivoire, en Haïti, en Guinée, au Libéria, au Kenya et au Népal.


Les rapports présentés aujourd’hui fournissent une analyse rigoureuse des défis qui demeurent pour la Commission comme pour le Fonds, a fait observer M. Brockmann.  « J’ai déjà exprimé ma préoccupation quant à la nécessité de soutenir ces efforts et d’autres pour remplir les mandats de la Charte en matière de paix et de sécurité, ainsi que de développement économique et social en ces temps de crise financière mondiale », a rappelé le Président.  Nous devons veiller à ce que l’action collective et l’engagement des États Membres, des pays concernés, du système des Nations Unies et de tous les acteurs régionaux et internationaux soient secondés dans les mois et les années à venir, a-t-il ajouté.


La pertinence et la crédibilité de cette nouvelle architecture de la consolidation de la paix seront en dernière instance mesurées à l’aune de cette dernière à mobiliser le soutien international pour offrir des « dividendes de la paix » tangibles aux peuples du Burundi, de la Guinée-Bissau, de la Sierra Leone et de la République centrafricaine.  « Ces dividendes sont nécessaires maintenant, pas dans deux, trois ou cinq ans », a-t-il prévenu.  Il faut également renforcer les capacités nationales à l’appui de la paix et reconstruire les fondations d’un développement socioéconomique à long terme et à cette fin, respecter le principe de l’appropriation nationale dans tous les efforts de consolidation de la paix et impliquer les acteurs régionaux et sous-régionaux, a indiqué le Président.


M. Brockmann a en conclusion appelé la communauté internationale à continuer de renforcer les capacités de la Commission et du Fonds, en privilégiant de nouvelles sources de financement prévisibles.  Il a également appelé tous les États Membres à faire preuve d’un esprit de partenariat et de responsabilité pour permettre d’élire de nouveaux membres de la Commission dans toutes les catégories concernées.  Le Président s’est engagé à redoubler d’efforts pour atteindre cet objectif d’ici à la fin de l’année.


Présentation des rapports et débat conjoint


M. YUKIO TAKASU (Japon), Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a présenté le rapport de la Commission paru sous la cote (A/63/92-S/2008/417).  Il s’est félicité des progrès et des résultats concrets obtenus par la CCP, présente sur le terrain dans quatre pays.  Il a souligné que d’autres pays se trouvent dans un processus de consolidation de la paix après un conflit et font face à différents types de défis.  La Commission, a-t-il dit, pourrait fournir son soutien utile en développant des stratégies et des politiques.  En conséquence, le Comité d’organisation de la Commission s’est engagé dans une discussion sur le rôle du secteur privé et les synergies entre consolidation de la paix et maintien de la paix.


M. Takasu a aussi souligné les efforts menés pour améliorer le partenariat au plus haut niveau, notamment avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM), l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE).  Les agences de l’ONU à New York, Genève et Vienne ont également été mobilisées, a-t-il précisé. 


Tout en saluant les progrès constants réalisés dans la consolidation de la paix, le Président de la Commission a appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour obtenir des résultats plus concrets sur le terrain.  Il a ainsi plaidé pour des résultats et des bénéfices visibles pour les populations des pays considérés.  Pour consolider la paix, a-t-il dit, il est essentiel que les habitants puissent voir et expérimenter les signes de paix après un cessez-le-feu comme, par exemple, l’alimentation électrique et l’ouverture d’écoles.  Nous devons, a dit le représentant, mobiliser l’appui de toutes les parties prenantes ainsi que des ressources auprès des donateurs traditionnels et non traditionnels. 


Le représentant japonais a aussi demandé d’approfondir la discussion sur la stratégie et les politiques, notamment sur la manière de combler le fossé entre maintien et consolidation de la paix, et entre consolidation de la paix et développement.  Des questions telles que l’emploi des jeunes, le rôle du secteur privé, la justice et la paix ou encore la dimension sous-régionale doivent être discutées.  Le Président de la Commission a aussi demandé un renforcement du partenariat avec le FMI, la BM et les banques régionales de développement, tout en plaidant pour la cohérence et la coordination entre toutes les parties de l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU. 


M. Takasu a aussi rappelé que la Commission est un organisme nouveau qui est en train d’évoluer.  Le soutien politique et financier des États Membres est critique pour qu’elle puisse poursuivre ses activités.  À propos du Fonds pour la consolidation de la paix, il a salué le fait que les promesses des donateurs aient dépassé l’objectif des 250 millions de dollars.  Il a cependant demandé que la procédure de sélection des pays qui peuvent avoir accès au Fonds soit basée sur des critères plus clairs.  La révision des termes de référence du Fonds offrira une occasion précieuse de faire en sorte que le Fonds assiste plus efficacement les pays.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France), intervenant au nom de l’Union européenne, a estimé qu’il importait de renforcer les synergies entre les piliers paix et sécurité, développement et droits de l’homme.  Il a également prôné l’amélioration du soutien de la communauté internationale dans la phase qui va du postconflit immédiat au relèvement.  Il a précisé que l’Union européenne appuyait les objectifs clefs de la Commission de consolidation de la paix (CCP), notamment l’appropriation nationale et des partenariats forts construits sur la base d’une vision partagée. 


Il a également estimé qu’il est nécessaire de renforcer la visibilité de la CCP et sa capacité d’entraînement et d’influence.  Celle-ci doit devenir un mécanisme influent et reconnu, a-t-il affirmé, pour ensuite s’étonner que des pays qui bénéficieraient manifestement à s’engager avec la CCP y soient réticents.  Des efforts de communication sont nécessaires en ce sens, a-t-il affirmé.  Le représentant français a ensuite estimé que la CCP a un rôle « crucial » à jouer en termes de mobilisation de ressources, précisant qu’elle n’a pas « vocation à devenir un nouveau guichet pour l’aide au développement ». 


M. Ripert a jugé qu’il importe d’encourager les efforts déployés par le Bureau d’appui à la consolidation de la paix pour renforcer sa capacité à agir comme un appui « substantiel » à la CCP.  Il a également recommandé à la CCP d’améliorer ses méthodes de travail, en particulier dans la perspective de l’inscription de nouveaux pays à son ordre du jour.  La CCP a besoin de moins de réunions, mais elle a besoin de réunions mieux préparées, a-t-il recommandé, estimant ensuite qu’il importe de réfléchir aux modalités pour définir les points d’entrée pour l’engagement de la CCP, la réduction progressive et la fin de celle-ci. 


Il a souligné la nécessité de procéder à un échange avec le Conseil économique et social (ECOSOC) et d’intégrer le travail de la CCP dans les stratégies du Conseil de sécurité.  Après avoir passé en revue les contributions de l’Union européenne au maintien de la paix, le représentant de la France a estimé qu’il incombe à l’Assemblée générale de donner la direction générale aux Fonds pour la consolidation de la paix.  Le Fonds pour la consolidation de la paix est un instrument « remarquable » pour faire face aux défis de la stabilisation et du relèvement postconflit qui n’a pas encore fait la preuve de tout son potentiel, a-t-il affirmé, estimant que la priorité est d’améliorer l’efficacité de la gestion du Fonds et sa capacité à produire « rapidement » des résultats sur le terrain.


S’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a estimé qu’au vu des rapports à l’étude, la Commission de consolidation de la paix allait dans la bonne direction.  Le Mouvement est tout particulièrement satisfait de constater que le programme de travail de la Commission s’oriente vers la réalisation de son mandat.  Le représentant a également salué l’adoption des Cadres stratégiques pour la consolidation de la paix au Burundi, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone, qui tous respectent le principe de l’appropriation nationale, cher au Mouvement.  En dépit de ces progrès, et de plusieurs autres reflétés dans le rapport, M. Wolfe s’est inquiété de ce que les gains acquis ne soient dilapidés par le retour de l’instabilité dans les pays concernés ou pire, que ceux-ci ne retombent dans une situation de conflit. 


Le Mouvement des non-alignés estime ainsi que l’une des menaces possibles à cet égard provient de l’exigence selon laquelle les demandes de stratégies de consolidation de la paix soient élaborées avant l’affectation des fonds nécessaires et que ces fonds soient liés à des engagements politiques.  Ceci pourrait remettre en question les efforts pour consolider une paix encore fragile dans ces sociétés, a prévenu le représentant.  En outre, le Mouvement, a-t-il dit, lance un appel urgent pour que les priorités de développement de ces pays soient inscrites à l’ordre du jour de la Commission pour produire les dividendes de la paix attendus.  Le Mouvement l’encourage donc à envisager le recours à l’expérience accumulée des pays membres de la CCP dans les domaines suivants: l’éducation et la formation, le développement agricole et rural et les capacités de consolidation de la paix.


M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) s’est déclaré satisfait par le bilan de la deuxième année des travaux de la CCP, en particulier des progrès accomplis dans les réunions spécifiques de pays.  Estimant ensuite que toute activité dans le domaine de la consolidation de la paix devrait se faire dans le cadre de la mise en œuvre de stratégies concertées avec les gouvernements des pays concernés, M. Gatilov a aussi appelé la CCP à renforcer la coordination de ses activités avec les institutions financières internationales, les organisations régionales et la communauté des donateurs.  Une meilleure coopération est également nécessaire entre tous les acteurs présents sur le terrain, comme une harmonisation des mécanismes existants. 


Selon le représentant, un renforcement des relations entre la CCP et le Conseil de sécurité est également d’une importance capitale, parallèlement au resserrement des liens avec l’Assemblée générale et l’ECOSOC.  Il a également salué l’assistance fournie par le Fonds pour la consolidation de la paix aux pays qui se trouvent à des stades précoces de développement.  M. Gatilov a cependant estimé qu’il était temps de réviser le mandat du Fonds et a dit attendre du Secrétariat qu’il fasse des propositions concrètes.  Ainsi, a-t-il souligné, l’importance d’une meilleure évaluation des besoins de consolidation de la paix et l’adoption de critères clairs et transparents pour l’éligibilité des pays bénéficiaires du Fonds.  Le représentant a, en conclusion, rappelé que la Fédération de Russie contribuait chaque année à hauteur de 2 millions de dollars à ce mécanisme.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que la CCP avait fait preuve de sa « valeur ajoutée », estimant que les Cadres stratégiques mis sur pied au Burundi, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau avaient permis d’identifier les principaux défis aux activités de consolidation de la paix.  Elle s’est également félicitée de la perspective d’examen de la situation en République centrafricaine.  Elle a salué la tenue de débats stratégiques portant notamment sur la participation du secteur privé aux activités de consolidation de la paix, ainsi que de la pertinence des visites sur le terrain des membres de la CCP.


La représentante brésilienne a ensuite mis l’accent sur l’importance de tisser des liens avec des institutions qui ne font pas partie du système de l’ONU et s’est félicitée, à cet égard, de l’interaction avec les institutions de Bretton Woods.  Il faut également renforcer le dialogue ave les organisations régionales, a-t-elle estimé.  Elle a ensuite déclaré qu’en Guinée Bissau, comme dans d’autres pays sortant d’un conflit, la consolidation de la paix repose sur la sécurité, le respect de l’état de droit et le développement économique.  Elle s’est également félicitée de l’efficacité de l’approche à « deux voies ».  Évoquant ensuite les difficultés qui entravent la mise en œuvre des projets du Fonds pour la consolidation de la paix, notamment en Guinée-Bissau, la représentante a estimé que ces difficultés soulignent la nécessité de renforcer la présence de l’ONU dans les pays dont s’occupe la CCP.


M. LIU ZHENMIN (Chine) a souligné que la CCP a augmenté son influence pendant sa deuxième année d’activités, notamment en élevant à quatre, le nombre de pays où elle est active.  Relevant, en outre, que le Fonds pour la consolidation de la paix fournit actuellement de l’aide financière à neuf pays, il a estimé qu’il est juste de dire que l’expansion des activités de la CCP et du Fonds est appropriée et efficace.


Malgré les résultats obtenus, a-t-il néanmoins ajouté, la CCP affronte encore des défis internes et externes.  Sur le plan externe, il a cité les turbulences continues dans des points chauds de la planète, l’aggravation des déséquilibres économiques mondiaux, la crise alimentaire, la fréquence des catastrophes naturelles qui constituent autant de défis graves.  Sur le plan interne, il reste beaucoup de travail à faire, a-t-il déclaré, afin d’améliorer les mécanismes de la Commission et de rationaliser sa structure.  Nous n’avons plus de temps à perdre, a-t-il prévenu. 


Parmi les améliorations qu’il a préconisées, le représentant a appelé à une meilleure coordination entre toutes les parties prenantes.  La CCP devrait maximiser son rôle de coordination et chercher à renforcer la coopération, a souhaité le représentant chinois, qui a également plaidé pour un renforcement du partenariat avec les pays concernés afin de concrétiser complètement leurs initiatives.  Selon lui, la Commission devrait aussi traiter des affaires internes, afin d’améliorer son efficacité, éviter les formalités et garantir la qualité de ses réunions.  La Chine, a-t-il dit, est au courant de différents points de vue existant entre les membres de la Commission sur le concept de consolidation de la paix et ses objectifs.  Elle souhaite donc que les membres améliorent les échanges de points de vue, augmentent la compréhension mutuelle et prennent en compte des points de vue différents.


À propos du Fonds pour la consolidation de la paix, il s’est félicité de son financement et de ses opérations.  Il a cependant appelé sa direction à accélérer l’allocation des ressources financières.


M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) a appelé à reconnaître les particularités de chaque conflit pour aborder avec plus d’efficacité un processus de consolidation de la paix et ne pas suivre un seul et unique format.  Il a aussi estimé que l’intégration sociale donne de la légitimité à tout processus de ce genre.  Outre des élections politiques, a-t-il préconisé, il est nécessaire de vérifier les pratiques, les règles et les institutions pour obtenir des accords, les appliquer et résoudre des différends.  Selon lui, ces mesures permettent notamment d’étendre progressivement la juridiction de l’État, d’affirmer une autorité légitime sur le droit de recourir à la force et de consolider le contrôle central du territoire avec des institutions de sécurité réformées.


Le représentant péruvien a demandé que la coopération internationale se concentre dès le départ sur le renforcement du système politique, celui du règlement des différends et la formation de cadres civils et professionnels.  Pour lui, le leadership des Nations Unies dans ces opérations assure sa légitimité, sa transparence, sa coordination et un suivi approprié.  Le Pérou, a annoncé le représentant, est candidat à la Commission de consolidation de la paix pour les élections de 2009. 


M. CHIRACHAI PUNKRASIN (Thaïlande) a rappelé, à la suite du Secrétaire général, que la moitié des pays qui sortent d’un conflit y retombent dans les cinq ans qui suivent.  C’est la raison pour laquelle son pays a soutenu la création, en 2006, de la CCP, a-t-il indiqué, soulignant que cet organe avait permis de combler un fossé dans l’architecture du maintien de la paix des Nations Unies.  Saluant les activités de la CCP et les progrès qu’elle a réalisés cette année, le représentant l’a encouragé à continuer de renforcer ses liens avec le Fonds pour la consolidation de la paix et les autres organes du système des Nations Unies, ainsi qu’avec les États Membres.  Plus important, le processus de consolidation de la paix doit mettre l’accent sur le principe de l’appropriation nationale et de la participation des pays émergeant d’un conflit, a souligné M. Punkrasin. 


Ce sont en effet les pays concernés qui, en dernière instance, ont la responsabilité de réaliser la paix au sein des cadres stratégiques élaborés avec la Commission, a-t-il souligné.  La Thaïlande attache également une grande importance au volet du développement économique et social, qui constitue le socle de la paix.  Le représentant a ensuite rappelé que son pays avait participé de manière intensive aux opérations de maintien de la paix en tant que pays contributeur de troupes, mais aussi en prenant des initiatives, comme par exemple, l’organisation d’ateliers régionaux sur la stabilisation et la reconstruction.  Il a précisé, en conclusion, que son pays était candidat à un siège au sein de la CCP pour les années 2009-2011 dans la catégorie de l’Assemblée générale.


M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) s’est félicité des progrès accomplis par la Commission de consolidation de la paix (CCP) depuis sa création en 2005.  Il a estimé que la CCP devait promouvoir le concept d’appropriation nationale à toutes les étapes de ses travaux, et ce dès qu’elle reçoit une demande d’assistance jusqu’à la fin de son mandat dans un pays donné.  La CCP doit également renforcer ses relations avec les autres organes, départements et agences de l’ONU mais aussi avec les institutions financières internationales, les pays donateurs et les organisations régionales. 


Il a ensuite estimé qu’elle devait promouvoir des relations avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité, pour assurer le respect de l’équilibre institutionnel entre ces trois organes.  Il a notamment demandé à l’Assemblée générale de mieux examiner le travail de la CCP, par le biais, notamment de la tenue régulière de sessions d’examen.  Le représentant a ensuite estimé qu’il fallait mieux tirer parti de la diversité qui caractérise la composition de la CCP.  Il a notamment demandé au Président de l’Assemblée générale de garantir une meilleure représentation géographique, estimant qu’il ne fallait pas réduire le nombre de sièges alloués aux pays d’Afrique.


Le représentant égyptien a ensuite souligné l’importance de promouvoir l’équilibre entre les pays donateurs et les non-donateurs dans les activités de consolidation de la paix.  S’attardant sur le rôle des comités permanents, dans les pays à l’examen, il a estimé qu’ils ne sont pas compétents pour prendre des décisions dans le domaine du financement ou pour demander au Secrétaire général de prendre des mesures en ce sens.  Ce rôle ne devrait pas revenir à des comités dont la composition est limitée aux pays donateurs et au Secrétariat de l’ONU, sans inclure les membres de la Commission. 


Le représentant a également prôné la création d’une stratégie assurant l’implication de la société civile, des organisations non gouvernementales (ONG) et du secteur privé.  Le Bureau d’appui à la consolidation de la paix doit également bénéficier de postes et de ressources financières suffisantes, a-t-il déclaré, pour ensuite réaffirmer l’appui de l’Égypte aux efforts de coordination entre les activités du Fonds pour la consolidation de la paix et de la CCP.  Le processus d’examen du Fonds devrait aboutir à une augmentation des ressources pour permettre au Fonds de financer des projets plus importants. 


Tout en se félicitant des accomplissements de la CCP, Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a estimé que celle-ci devait mieux mesurer son impact.  Nous devons honorer nos engagements, notamment en ce qui concerne la mobilisation de ressources, a-t-elle affirmé.  Elle a également estimé que la CCP devait être plus précise, être en mesure de mieux identifier les écarts de financement et d’établir des points de référence tangibles pour la mise en œuvre des cadres stratégiques.  À son avis, la CCP doit être plus efficace, flexible et agile.  Il devrait y avoir moins de réunions à New York, a-t-elle plaidé, relevant que la majorité du travail quotidien a lieu ailleurs. 


La représentante a également souligné l’importance d’assurer la capacité de la CCP à s’adapter aux changements, notamment au vu des « menaces » posées par la hausse des prix des carburants et de la nourriture.  La CCP doit également s’adapter aux défis présentés dans chaque pays, a-t-elle dit, pour ensuite estimer que le travail de la CCP devait être plus aligné et plus inclusif.  Elle a notamment prôné la participation de tous les secteurs de la société à ses travaux. 


Relevant ensuite que 30% des pays retombent dans des conflits dans les cinq ans qui suivent la signature d’un accord de paix, Mme Pierce a affirmé qu’un meilleur leadership international était nécessaire, capable de garantir l’application d’une stratégie comportant des activités intégrées dans le domaine de la politique, de la sécurité et du développement.  Il faut également renforcer les capacités civiles, tant au plan national qu’international, a-t-elle affirmé, pour ensuite lancer un appel à un financement plus rapide et plus souple.


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) s’est félicité des activités de la CCP pendant ses deux premières années d’existence, mais a voulu que l’on ne sous-estime pas les défis qui persistent.  Le représentant a souligné l’importance pour la Commission de rechercher activement le soutien d’organisations régionales et sous-régionales, ainsi que celui de la société civile.  Tout en se félicitant des mécanismes pour surveiller les progrès dans la mise en œuvre des cadres stratégiques, le représentant a souligné la nécessité de nouveaux instruments à long terme, comme un mécanisme d’alerte rapide.  Selon lui, l’Assemblée générale, en collaboration avec le Conseil de sécurité et d’autres organes de l’ONU, devrait prendre la décision stratégique de renforcer la capacité de la CCP dans le domaine de la diplomatie préventive.  À moyen terme, a-t-il suggéré, la Commission ne devrait plus se contenter d’empêcher les pays de replonger dans un conflit mais devrait aussi développer sa capacité à anticiper les conflits potentiels et engager la communauté internationale à agir avant qu’une situation tendue ne se transforme en crise.


Pour le Ghana, il est aussi nécessaire de trouver l’équilibre nécessaire pour que les opérations de consolidation de la paix ne se terminent pas prématurément ou ne se prolongent pas trop longtemps, pour ne pas provoquer un syndrome de dépendance dans un pays donné.  Le représentant ghanéen a également souligné le besoin de renforcer le rôle de la CCP dans les décisions du Fonds pour la consolidation de la paix, pour améliorer la coordination et éviter les doubles emplois. 


M. FARUKH AMIL (Pakistan) a suggéré plusieurs idées pour l’avenir de la Commission, notamment une plus grande convergence entre les perspectives des pays partenaires et des pays hôtes, basée sur les priorités définies par ces derniers conformément au principe d’appropriation nationale.  Le représentant a aussi appelé toutes les parties prenantes à plus de volonté politique et à plus de souplesse.  En outre, a-t-il dit, la CCP devrait s’impliquer dès la phase initiale d’une intervention de l’ONU dans une situation de postconflit.  Une approche globale fondée sur le lien entre paix et développement devrait traverser toutes les étapes, de la prévention des conflits à la consolidation de la paix en passant par le maintien de la paix.


Le représentant pakistanais a également souligné l’importance d’un développement durable et par conséquent, du recours aux capacités nationales, nécessaire à l’appropriation nationale.  Les cadres stratégiques devraient pouvoir être réexaminés selon les besoins et s’adapter à toute nouvelle situation.  Le représentant a aussi rappelé l’importance « extrême » qu’il y a à affecter des ressources dès la première phase pour financer les priorités immédiates de la consolidation de la paix, les projets à impact rapide et d’autres projets à effet catalytique.


L’objectif suprême de la consolidation de la paix, a-t-il dit, devrait être de permettre aux pays sortant d’un conflit de se redresser et de devenir autosuffisants dans les domaines de la paix et du développement.  En la matière, la CCP dispose d’un énorme potentiel, a-t-il assuré.  La Commission peut aussi contribuer à trouver des solutions aux questions liées aux conditionnalités et restrictions imposées par les donateurs, d’une part, et à la capacité d’absorption des pays hôtes, d’autre part.  La Commission peut aussi défendre la cause des pays inscrits à son ordre du jour auprès des institutions financières internationales qui devraient d’ailleurs se montrer plus flexibles.  Elle peut se concentrer sur des questions comme l’efficacité de l’aide, le commerce, les investissements, l’aide publique au développement (APD), l’allégement de la dette ou encore le renforcement du secteur privé, a ajouté le représentant. 


Selon lui, beaucoup de pays touchés par des conflits complexes continuent d’être privés des gains de leurs propres ressources, en raison de régimes commerciaux iniques, de la politique des subventions agricoles ou de leur incapacité à exploiter leurs matières premières.  Le représentant a donc voulu qu’une attention plus soutenue soit accordée aux mécanismes nationaux et internationaux propres à arrêter l’exploitation illégale des ressources naturelles et à permettre aux pays concernés d’exploiter leurs ressources pour le bien de leur peuple.


M. GIULIO MARIA TERZI DI SANT’AGATA (Italie) a estimé que, maintenant que la Commission de consolidation de la paix avait établi sa crédibilité, il était temps de relever de manière créative les nouveaux défis qui se posent à elle.  Ainsi, a-t-il dit, les opérations de maintien de la paix devraient être pleinement cohérentes avec les stratégies de consolidation de la paix.  Par conséquent, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), celui des affaires politiques et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix devraient être encouragés à améliorer leurs processus intégré de planification.  Par ailleurs, la Commission devrait renforcer son rôle en engageant un dialogue renforcé avec toutes les parties prenantes, en particulier les organisations régionales et sous-régionales. 


Le représentant a identifié quatre défis que la Commission devrait relever dans les mois à venir.  Il a cité la concrétisation des stratégies intégrées, l’adaptation de ses activités de terrain aux besoins locaux, le renforcement de la capacité des parties prenantes à s’impliquer davantage et enfin l’évaluation de la valeur ajoutée qu’apporte la CCP dans la lutte contre les lacunes qui émaillent les processus de stabilisation.


S’agissant du Fonds, le représentant italien a estimé qu’en dépit des progrès accomplis, ce mécanisme n’avait pas encore réalisé tout son potentiel.  Il a donc suggéré la promotion d’une plus grande cohérence entre le Fonds et les stratégies intégrées de consolidation de la paix, le développement de directives claires, agréées par tous les membres de la CCP, pour la sélection des pays éligibles et l’établissement d’un mécanisme de reconstitution des ressources pour assurer leur prévisibilité, ou encore le développement d’une stratégie pour les donateurs qui permettrait au Fonds de devenir un mécanisme de référence et un catalyseur de ressources.


M. R. M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a estimé que la sécurité, la démocratie et le développement étaient les facteurs clefs de l’édification d’une société pluraliste et d’une paix durable.  La réforme du secteur sécuritaire ou économique n’est pas une panacée et ne suffit pas à garantir qu’un pays ne sombrera pas de nouveau dans un conflit, a-t-il affirmé, insistant ensuite sur la nécessité d’appliquer une approche intégrée dans l’ensemble du système des Nations Unies.  L’appropriation nationale devrait être le principe directeur de notre engagement, a-t-il poursuivi, affirmant que les besoins identifiés par les gouvernements nationaux doivent être considérés comme des modèles à suivre. 


Il a également estimé que le Comité d’organisation de la CCP pouvait occuper un rôle plus décisif et plus stratégique.  À l’instar des recommandations qui figurent dans le rapport, le représentant a estimé que la CCP devait tisser des liens plus « stratégiques » avec le Fonds pour la consolidation de la paix, notamment pour ce qui est des pays du guichet I.  Il importe également d’examiner comment le secteur privé pourrait contribuer à la CCP, a-t-il affirmé, estimant par ailleurs que la visibilité du travail de la CCP devait être rehaussée auprès du public, notamment par le biais des organisations régionales et des institutions financières internationales.  Enfin, le représentant a estimé que l’Assemblée générale devrait insister davantage pour s’assurer que les départements et agences de l’ONU incorporent les priorités et défis posés par la consolidation de la paix dans leurs stratégies. 


M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande), au nom du Groupe des pays nordiques, a salué les progrès réalisés par la CCP depuis sa création en 2006, tout en demandant qu’elle étende ses activités à d’autres pays.  Il a souligné l’importance de rechercher des partenariats et de la cohérence dans les activités pertinentes menées par les agences des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales et les institutions financières internationales.  Le représentant islandais a ensuite souligné la nécessité de mieux définir le rôle du Bureau d’appui à la consolidation de la paix par rapport à la Commission du même nom.  Dans le même temps, a-t-il poursuivi, il faut rechercher les moyens de créer des synergies pour faire face aux défis qu’affrontent les pays sortant d’un conflit, d’une façon cohérente, opportune et rationnelle. 


Après avoir attiré l’attention sur les conclusions du Forum des politiques de reconstruction, qui s’est tenu à Copenhague, au début de l’année, le représentant a rappelé que les pays nordiques étaient d’importants contributeurs au Fonds pour la consolidation de la paix, qu’ils considèrent comme un outil essentiel pour traiter des besoins immédiats des pays sortant d’un conflit.  Dans ces situations, a-t-il dit, la rapidité est essentielle.  Il a donc plaidé pour une amélioration de la gestion du Fonds pour le rendre plus efficace.  Le représentant a dit attendre avec intérêt les conclusions du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et les recommandations du Groupe consultatif pour pouvoir améliorer l’efficacité du Fonds.  Il a d’emblée demandé plus de clarté dans l’ampleur et l’allocation des ressources et l’amélioration du cadre de supervision et de reddition des comptes. 


Le représentant islandais a aussi plaidé pour une clarification de la relation entre la CCP et le Fonds dans les pays où ils sont actifs.  Il a également suggéré l’utilisation du Fonds pour soutenir les entités du Secrétariat de l’ONU et ses missions, afin de combler les lacunes dans les opérations de consolidation de la paix.


Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a déclaré que la Commission, dont son pays est membre, avait accompli des progrès remarquables pendant sa deuxième année d’existence dans la consolidation de la paix au Burundi, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau.  L’élaboration de stratégies intégrées spécifiques à chaque pays est généralement considérée comme la bonne approche, a-t-elle ajouté.  Mais il reste beaucoup à faire, a souligné la représentante, à commencer par le renforcement des relations opérationnelles entre la CCP, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social. 


En outre, elle a jugé que la question du relèvement économique dans les sociétés postconflit devait être au centre des efforts de la Commission, de même que l’établissement d’institutions politiques démocratiques, d’un environnement de confiance et de tolérance mutuelles et de processus de réconciliation nationale.  La délégation bangladaise a aussi rappelé que l’appropriation nationale devait être la clef des efforts, citant en exemple les bienfaits que des idées locales comme le microcrédit et l’éducation non traditionnelle des femmes avaient pu produire dans le relèvement économique et l’autonomisation des femmes.  Cette perspective devrait donc être davantage intégrée dans les travaux de la CCP, a préconisé la représentante en conclusion.


M. NIRUPAM SEN (Inde) a déclaré qu’il fallait se garder de tout pessimisme excessif comme d’un optimisme prématuré quant à l’efficacité de la Commission de consolidation de la paix.  Il a toutefois estimé que le fait d’avoir désormais quatre pays à l’ordre du jour de la CCP était un signe encourageant.  La finalisation des stratégies intégrées de consolidation de la paix pour trois de ces pays, et l’examen de deux d’entre elles, sont également des progrès qu’il faut mentionner, a indiqué le représentant.  « Mais nous devons continuer à faire en sorte que la CCP soit pertinente pour les pays qui bénéficient de son assistance, et ce en privilégiant une approche spécifique par pays », a-t-il prôné. 


« Nous avons déjà perdu trop de temps dans des débats qui allaient des prescriptions à des positions inflexibles, en passant par des approches fondées sur des conditionnalités », a estimé M. Sen.  « Tant que nous aurons des positions prédéterminées avant même d’examiner objectivement la situation d’un pays, nous ne serons pas capables de fournir des conseils véritablement dépourvus de passion », a averti le représentant.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il insisté, nous semblons tous être incapables d’écouter ce que les pays postconflit veulent vraiment lorsqu’ils font appel à la Commission.


Il faut donc se concentrer sur deux aspects des choses, a préconisé le représentant.  « Nous devons d’abord élargir notre accès à des informations objectives et précises venant du terrain », a-t-il préconisé.  C’est là, a-t-il estimé, que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix peut montrer toute sa valeur, en identifiant ces défis et le fossé entre ces derniers et les ressources disponibles.  « Nous devons engager un dialogue constant avec les pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP.  Cette dernière ne devrait pas avoir pour rôle de conseiller les pays concernés mais plutôt de les aider à identifier les défis et à tirer parti de l’expertise internationale », a-t-il poursuivi. 


Soulignant, dans ce cadre, la primauté du principe d’appropriation nationale, le représentant a indiqué que la Commission devait miser sur le renforcement d’un gouvernement représentatif et efficace dans un pays donné.  La Commission doit donc se concentrer sur le renforcement de la légitimité, de l’efficacité et de la capacité d’absorption du système administratif et de gouvernance d’un pays donné.  Le représentant a aussi conseillé à la Commission de dynamiser l’aspect coordination de son mandat, en arguant qu’à ce jour ni elle ni le Bureau d’appui n’ont été capables de faire valoir leur position unique d’organe multisectoriel.  On en vient à se demander, a-t-il ironisé, pourquoi les principales organisations donatrices ont voulu faire partie de la Commission si ce n’est pas pour renforcer son rôle de coordination.


Représentant un pays contributeur au Fonds pour la consolidation de la paix, le représentant a exprimé des doutes quant à la véritable efficacité de la structure à trois guichets, en s’interrogeant particulièrement sur les critères d’éligibilité au guichet II sur lesquels la CCP n’a aucun mot à dire.  Nous devons donc veiller, a-t-il conclu, à ce que la Commission et le Fonds coopèrent étroitement, ici à New York, avec le Bureau d’appui pour donner des directives claires, et que sur le terrain soit mise en place une unité spécialement chargée des projets financés par le Fonds. 


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a estimé que la CCP avait permis de renforcer les institutions nationales au Burundi et en Sierra Leone.  Il a également salué la création de stratégies intégrales et de mécanismes de suivi dans ces deux pays.  « Nous espérons que les leçons tirées de cette expérience permettront d’améliorer la cohérence du système de l’ONU en renforçant, notamment, les liens entre la sécurité, le développement et le respect des droits de l’homme, composantes essentielles d’une paix durable », a dit le représentant.  Il a également estimé que la CCP devait maintenir son approche « souple et inclusive », de même que la transparence dans son travail.  Il s’est notamment félicité de la tenue plus fréquente de sessions plénières d’information.


L’appropriation nationale, la responsabilité mutuelle et l’engagement permanent sont les composantes essentielles de l’élaboration des cadres stratégiques qui sont la pierre angulaire de la CCP, a-t-il poursuivi.  Il a estimé que la CCP devait continuer de développer des méthodes novatrices pour mobiliser les ressources nationales et internationales.  Tout en se félicitant de l’augmentation du nombre de donateurs, le représentant a néanmoins estimé que la CCP devait recevoir les contributions financières de manière « prévisible » afin de pouvoir répondre d’une manière plus efficace aux demandes des pays postconflit.  Il a ensuite insisté sur la nécessité d’améliorer le fonctionnement du Fonds pour la consolidation de la paix et d’adopter des méthodes appropriées permettant de procéder à une évaluation précise des contributions qu’il reçoit.  Avant de conclure, le représentant a indiqué que le Mexique avait décidé de renouveler sa contribution volontaire au Fonds.


M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) a applaudi les résultats obtenus par la CCP pendant sa deuxième année d’activités.  Le défi consiste désormais, a-t-il estimé, à consolider les résultats obtenus jusqu’à présent.  Il a jugé fondamental que les États Membres restent maîtres de la Commission.  Le Comité d’organisation, s’est-il expliqué, doit rester le point focal de toutes les activités et décisions de la CCP.  Son rôle « central » devrait être renforcé, a insisté le représentant, avant de souligner le caractère également « fondamental » du principe d’appropriation nationale.  Il a appelé la Commission à ne pas perdre de vue le lien entre paix et développement, en l’invitant à mettre davantage l’accent sur ce domaine. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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