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AG/10731

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ACHÈVE SON DÉBAT SUR LA CRISE ALIMENTAIRE ET ÉNERGÉTIQUE MONDIALE

21/07/2008
Assemblée généraleAG/10731
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-deuxième session

114e séance plénière – matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ACHÈVE SON DÉBAT SUR LA CRISE ALIMENTAIRE ET ÉNERGÉTIQUE MONDIALE


L’Assemblée générale a achevé, ce matin, sa réunion consacrée à la crise alimentaire et énergétique mondiale, sur la base du Cadre d’action global de l’Équipe spéciale de haut niveau, dont les grandes lignes ont été présentées vendredi dernier par le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, à l’ouverture de ce débat.


Au total, 53 États, dont certains au nom de groupes ou d’organisations régionaux, se sont exprimés depuis vendredi en vue de trouver les moyens de promouvoir une riposte immédiate, complète et unifiée à ces crises mondiales.


Comme cela a été souligné vendredi, la plupart des États Membres ont jugé incontournable l’adoption d’une approche holistique qui intègrerait l’ensemble des questions interdépendantes pouvant expliquer ces crises.


« Une réponse globale est indispensable », a ainsi estimé le représentant du Cap-Vert, qui s’est félicité du Cadre d’action global.  Il est impératif, a-t-il souligné, « de renforcer la volonté politique afin que les actions préconisées par cette Équipe spéciale puissent être mises en œuvre ».


Son homologue du Congo a cité d’autres initiatives intéressantes, comme le Plan d’affaires du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et sa partie consacrée au développement agricole, ainsi que le Nouveau Partenariat établi le 4 juin dernier, à Rome, entre l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), l’ONU, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM).


D’une manière générale, il est essentiel que la communauté internationale fasse preuve de solidarité, a déclaré le représentant du Costa Rica, qui a lancé un appel pour que l’on respecte les engagements en matière d’aide au développement, tout en regrettant une baisse pour la quatrième année consécutive des montants alloués à l’aide publique au développement (APD).


Au cours de la présente séance, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Congo, Cap-Vert, Costa Rica, Nicaragua, Jamahiriya arabe libyenne, Fédération de Russie, République arabe syrienne, Kazakhstan et Qatar.  L’Observatrice de l’Organisation juridique consultative pour les pays d’Asie et d’Afrique s’est également exprimée.


La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale aura lieu mercredi 23 juillet, à 10 heures.  Elle sera consacrée à l’élection de 29 membres du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).


RÉUNION SUR LA CRISE ALIMENTAIRE ET ÉNERGÉTIQUE MONDIALE


Déclarations


M. LUC JOSEPH OKIO (République du Congo) a déclaré que la crise alimentaire était plus complexe que les crises précédentes, dans la mesure où elle était générée par la combinaison de plusieurs facteurs, parmi lesquels les changements climatiques, les biocarburants, le protectionnisme, les subventions agricoles, la croissance démographique et la flambée du prix du pétrole.  Il a dit que la crise énergétique tout en constituant un problème à part est aussi un des éléments de la crise alimentaire.  C’est pourquoi, il a jugé incontournable d’adopter une approche holistique intégrant l’ensemble de ces questions interdépendantes.  Le représentant a remercié le Secrétaire général et le Groupe de travail de haut niveau d’avoir mis à disposition des États Membres un important document de travail qui exprime le consensus des organisations et institutions internationales sur les meilleurs moyens de lutter contre cette crise alimentaire.


Parmi les autres initiatives intéressantes, le représentant a cité le Plan d’affaires du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et sa partie consacrée au développement agricole et le Nouveau Partenariat établi le 4 juin 2008 à Rome entre l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondiale (PAM).  Il a souhaité que l’initiative de la FAO contre la flambée des prix des denrées alimentaires soit étendue à tous les pays menacés par la crise alimentaire, en citant son appel en vue de mobiliser 30 milliards de dollars par an pour lutter contre la crise alimentaire.  Il a estimé que l’aide alimentaire ne suffisait pas à régler ce problème de la faim dans le monde, en souhaitant le renforcement des budgets d’organismes comme le PAM.  Le représentant a salué la volonté de certains pays d’augmenter leur aide alimentaire d’urgence comme les Etats-Unis, qui ont débloqué 200 millions de dollars en faveur de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), et l’Arabie saoudite qui, grâce à un don de 500 millions de dollars, a permis au PAM d’atteindre son objectif de 755 millions de dollars d’appel d’urgence.  En conclusion, il a estimé que la crise alimentaire actuelle loin d’être une fatalité, offrait une opportunité de redonner à l’agriculture sa position prioritaire dans les pays en développement.


M. ANTONIO PEDRO MONTEIRO LIMA (Cap-Vert) a affirmé que les conséquences des crises alimentaire et énergétique retombaient sur les plus pauvres et les plus vulnérables, qui sont contraints à consacrer les deux tiers de leurs revenus à l’alimentation et quasiment rien à la santé ou à l’éducation.  Ces crises, ainsi que les effets des changements climatiques constituent des défis mondiaux et une menace potentielle contre la paix et la sécurité régionales et internationales.  Une réponse globale est donc indispensable, a-t-il ajouté.  Le représentant a dit apprécier le Cadre d’action global présenté par l’Équipe spéciale de haut niveau.  Il est impératif de renforcer la volonté politique afin que les actions préconisées par cette Équipe spéciale puissent être mises en œuvre, a-t-il précisé.  En raison de ces crises, les possibilités d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) diminuent de jour en jour pour de nombreux pays en développement, d’où la nécessité d’adopter, a-t-il affirmé, une approche holistique du développement durable.  Des mesures décisives à court, moyen et long termes sont nécessaires afin de préserver la sécurité humaine, a souligné le représentant.  Le développement du Cap-Vert est compromis et, du fait des changements climatiques, connaît une augmentation des risques certains, a-t-il souligné.  Le représentant a indiqué qu’il était favorable à la proposition du Chili, de l’Égypte et de l’Indonésie de demander à ce que le thème central de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale porte sur la sécurité alimentaire et le développement.


M. JORGE URBINA ORTEGA (Costa Rica) a déclaré que la crise alimentaire était différente dans sa nature parce que pour la première fois elle est mondiale et unique car jamais auparavant, les pays n’avaient connu une telle pénurie de denrées alimentaires.  Il a souligné l’importance de miser sur une optimisation de la productivité agricole et d’instruments novateurs, tout en faisant remarquer que l’on ne peut envisager d’étendre les surfaces de terres cultivables.  La crise alimentaire actuelle affecte en premier lieu les populations des pays les moins avancés dans la mesure où elles sont également sévèrement touchées par la crise énergétique mondiale.  Il a estimé que la crise énergétique avait un double impact sur la crise alimentaire, d’abord en raison des coûts des transports et du prélèvement d’une partie des cultures pour la production des biocarburants avec un effet certain sur les coûts des denrées alimentaires comme l’a montré une récente étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  L’ampleur et la nature de cette crise montrent qu’il n’y aura pas de solution rapide ou facile, a-t-il encore dit.  C’est pourquoi, il a jugé indispensable que la communauté internationale fasse preuve de solidarité.  Il a lancé un appel pour que l’on respecte les engagements en matière d’aide au développement, en regrettant une baisse pour la quatrième année consécutive des montants alloués à l’aide publique au développement (APD).


M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que la crise alimentaire actuelle constituait l’apogée d’une crise structurelle du modèle économique que l’on a voulu imposer au monde.  Si le Cadre d’action global vise à réduire les fossés entre l’aide humanitaire et l’aide au développement, l’aide humanitaire est davantage une responsabilité de la part de ceux qui ont imposé le modèle économique qui s’effondre aujourd’hui, a-t-il fait remarquer.  Les solutions à cette crise devraient être structurelles, a-t-il ajouté.  Parmi les mesures indispensables, le représentant s’est montré favorable à l’élimination des subventions agricoles des pays développés.  Pour répondre à la crise énergétique, la première mesure doit aller vers un changement radical des modes de consommation et de gaspillage des pays industrialisés, a-t-il notamment ajouté.


M. MOHAMED A. A. ALAHRAF (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le Plan d’action global permettait d’agir ensemble pour parvenir à un consensus sur une solution à long terme à cette crise.  La crise actuelle compromet la stabilité économique et sociale, a-t-il dit, en soulignant la nécessité de comprendre les facteurs qui, au cours de ces dernières décennies, ont pu contribuer à cette situation.  Le représentant a cependant rejeté toute argumentation selon laquelle la crise énergétique était la source même de la crise alimentaire.  Il a estimé que l’investissement dans le secteur de l’agriculture était le meilleur moyen de lutter contre cette crise.  Il a exhorté les pays riches à abandonner leurs politiques de subventions agricoles qui, selon lui, constituent une entrave au développement des pays les plus pauvres.  Le représentant a souligné qu’il était important de procéder à un échange de l’expertise et des techniques en matière agricole.  La communauté internationale, a-t-il ajouté, doit mettre en place des stratégies fondées sur le dialogue qui tiennent compte des intérêts communs.  Le représentant a insisté sur l’importance de la coopération au niveau régional.  Il a salué les efforts de l’Équipe spéciale du Secrétaire général sur la crise alimentaire, en souhaitant que l’on mette tout en œuvre pour lutter contre une crise économique et sociale qui sape le potentiel des pays en développement.


M. DMITRY I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a expliqué notamment l’origine de la crise alimentaire actuelle par le rôle extrêmement négatif de la transition de biocarburants à partir de cultures vivrières et la politique de subventions menée par certains pays, responsable de la stagnation de l’agriculture dans de nombreux pays en développement.  Il s’est en outre dit favorable à une approche précise et pondérée par rapport au développement des produits génétiquement modifiés.  Il a soutenu également une approche d’ensemble aux niveaux national et international, les Nations Unies devant jouer à cet égard un rôle de coordination.  La réponse de la Fédération de Russie à la crise alimentaire actuelle, a indiqué le représentant, passe par une augmentation maximale de la production des produits alimentaires, en particulier des céréales.  Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de se pencher de façon active, cette année et l’année prochaine, sur la stabilisation des marchés de production.  Le facteur de la spéculation est extrêmement important concernant la crise énergétique, a-t-il poursuivi.  Son pays, a-t-il indiqué, a pris la décision de libéraliser le marché du gaz et de réduire l’imposition du secteur pétrolier.  Le représentant a également souligné le rôle important joué et que devra jouer encore à l’avenir l’énergie nucléaire.


M. BASHAR JA’AFARI(République arabe syrienne) a déclaré que la gravité des crises alimentaire et énergétique actuelles était sans précédent, car elles menacent des milliards de personnes dans le monde avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer en termes de stabilité économique et sociale.  Il s’est aussi inquiété d’une instabilité résultant des mesures prises par certaines grandes puissances, notamment au Moyen-Orient.  Le représentant a déclaré que les spéculations auxquelles nous assistons actuellement sur les marchés des pays développés sont en grande partie responsables de ces crises.  Il s’est inquiété des baisses des investissements dans le secteur de l’agriculture et dans le domaine de la recherche en agriculture.  L’augmentation de l’investissement de sources de substitution et le recours aux biocarburants constituent d’autres facteurs, a-t-il encore dit.  Le représentant a également regretté les spéculations sur les prix des denrées alimentaires.  Son pays, a-t-il dit, est préoccupé par les conséquences des changements climatiques sur les capacités de production agricole.  Ces changements climatiques, a-t-il ajouté, résultent de la pollution générée par les pays riches.  « Pour assurer la sécurité alimentaire, nous devons prendre en compte tous ces facteurs et attaquer ces problèmes à la base », a-t-il insisté.  Le représentant a souligné la nécessité d’établir une stratégie fondée sur une volonté politique réelle des pays développés.  Il a indiqué que la Syrie était parvenue à une autonomie alimentaire parce qu’elle a accordé une priorité particulière au secteur agricole qui constitue aujourd’hui une part importante de son produit national brut (PNB).  Le représentant a dénoncé l’occupation par Israël du Golan syrien, lequel couvre une partie des terres les plus fertiles de la Syrie.  Il a dénoncé la pratique d’Israël d’utiliser ces terres pour y déposer des déchets radioactifs toxiques.  Il a souhaité que les efforts pour lutter contre ces crises énergétique et alimentaire dans le cadre du Plan d’action mondial ne se fassent pas au détriment de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) s’est prononcée en faveur d’une approche holistique et cohérente pour faire face à la crise alimentaire mondiale actuelle.  Elle a en outre plaidé en faveur d’un régime commercial qui renforcerait la production agricole.  La représentante a ainsi souligné la nécessité d’intensifier les efforts visant à mener à bien le Cycle de négociations commerciales de Doha.  La représentante a en outre souligné l’importance du développement de l’accès aux technologies en vue d’augmenter la production agricole et la productivité dans les pays en développement, précisant que cet aspect devrait être abordé dans le Cadre d’action global.  La représentante a enfin mis l’accent sur la volonté politique de tous les dirigeants de tous les États, ainsi que sur le soutien actif des organisations internationales et régionales, y compris des Nations Unies.


M. TARIQ ALI FARAJ H. AL-ANSARI (Qatar) a estimé que les conséquences des crises actuelles appelaient des actions coordonnées de la communauté internationale et des Nations Unies.  L’époque de l’accès facile aux produits alimentaires est désormais révolue, a-t-il dit.  Cette situation menace de saper tous les efforts entrepris pour réduire la pauvreté et faire reculer l’Objectif de l’élimination de l’extrême pauvreté à bien des années, a-t-il estimé.  Le représentant a notamment expliqué que les petits exploitants agricoles ne tiraient aucun bénéfice de l’augmentation des prix des denrées alimentaires.  Il s’est en particulier félicité de l’initiative prise le 25 avril 2008 par le FIDA en vue de relancer la production agricole dans les pays en développement.


Mme MONICA CONTRERAS, Organisation consultative juridique pour les pays d’Afrique et d’Asie, a déclaré que les phénomènes de pénuries aiguës soulignent la nécessité de prendre des initiatives concertées et déterminées.  La mondialisation et l’interdépendance signifient que tous les pays connaîtront les conséquences de l’insuffisance des produits alimentaires.  C’est la volonté politique plus que le manque de ressources qui empêche les pays de faire face à ce problème, a-t-elle ajouté, en rappelant que chaque État avait l’obligation fondamentale d’élaborer une stratégie pour éliminer la famine.  Mme Contreras a jugé indispensable que chaque pays et la communauté internationale dans son ensemble se concentrent sur le renforcement des capacités pour la réalisation du développement durable dans tous les secteurs.  S’agissant des biocarburants, elle a noté qu’il n’est plus nécessaire de consacrer des ressources vivrières à cette production puisque les études ont montré qu’il est possible désormais de les produire à partir de déchets, de bois, ou encore de cellulose.  Elle a souhaité que la mise en œuvre du Cadre d’action global tienne compte de la question des océans et de la grave menace que constitue l’épuisement des ressources halieutiques, a-t-elle ajouté, en rappelant que 75% des ressources halieutiques mondiales étaient exploitées ou surexploitées.  La question de la sécurité maritime est vitale, a encore noté Mme Contreras, en mettant l’accent sur la gestion intégrée des zones côtières pour lutter contre la surpêche.  En conclusion, elle a mis l’accent sur la nécessité d’une création de capacités durables sous l’angle économique et scientifique.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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