L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE RÉFLÉCHIT AUX MOYENS DE CONSOLIDER LES PROGRÈS OBTENUS DANS LA LUTTE CONTRE LA PANDÉMIE DE VIH/SIDA
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Assemblée générale
Soixante-deuxième session
105e, 106e et 107e séances plénières
Matin, après-midi & soir
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE RÉFLÉCHIT AUX MOYENS DE CONSOLIDER LES PROGRÈS OBTENUS DANS LA LUTTE CONTRE LA PANDÉMIE DE VIH/SIDA
L’Assemblée générale a poursuivi aujourd’hui son débat sur l’examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement et de la Déclaration politique sur le VIH/sida, respectivement adoptées en 2001 et en 2006. Une cinquantaine de délégations ont présenté, à cette occasion, les politiques adoptées par leurs gouvernements pour endiguer la pandémie.
Si de nombreux pays, notamment en Afrique, se sont félicités d’une baisse significative de leurs taux de prévalence, ils n’en ont pas moins fait observer que ces timides progrès devraient être consolidés par des campagnes de sensibilisation d’autant plus intensives que la perception du risque a évolué. En effet, comme l’a fait remarquer le représentant de l’Ouganda, l’existence des traitements antirétroviraux a une incidence directe sur les comportements sexuels ou les pratiques toxicomanes, caractérisés par l’abandon de précautions.
Les efforts déployés au niveau national, souvent en étroite coopération avec une société civile très au fait de la situation des malades et aux avant-postes de la surveillance épidémiologique, resteront cependant insuffisants en l’absence des ressources nécessaires. La plupart des pays en développement, pour lesquels la pandémie de VIH/sida constitue à la fois un grave problème de santé publique et de développement, en ont appelé de nouveau à l’aide la communauté internationale – que ce soit en termes de personnel médical qualifié, de financement ou de transfert de technologies.
L’Ambassadeur de la France chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles a confirmé que les progrès ne seraient possibles qu’en mettant en place des mécanismes pérennes et stables de financement adaptés, tels que la contribution de solidarité sur les billets d’avion, dans le cadre d’UNITAID. La France, a-t-il assuré, continuera à promouvoir, dans le cadre de sa présidence de l’Union européenne, la mise en place de dispositifs de couverture du risque maladie adaptés à la diversité de ses États membres.
Responsabilité, durabilité et prévisibilité des ressources, indispensables pour garantir l’accès universel à la prévention et au traitement du VIH/sida, étaient justement les trois mots clefs d’une table ronde intitulée « Ressources et accès universel – Perspectives et limitations ». D’ici à 2010, les besoins financiers pour garantir l’accès universel atteindront en effet 40 milliards de dollars, tandis qu’ils se situeront entre 35 et 49 milliards en 2015. Ainsi, afin de combler ce fossé, les engagements des donateurs internationaux doivent être honorés et de nouveaux doivent être pris, ont souligné les intervenants.
Deux autres tables rondes ont été organisées aujourd’hui, comme la première, sous la présidence de Ministres de la santé. L’une portait sur l’action à mener en faveur des femmes et des filles, dans un contexte où elles sont de plus en plus nombreuses à être victimes de la pandémie. Pour renverser cette tendance à la féminisation du VIH/sida, les participants ont mis en avant de nombreuses pistes à suivre, et tout particulièrement les mesures visant à promouvoir l’égalité entre les sexes et le changement des comportements.
La seconde table ronde a été l’occasion de se pencher sur le défi que représente le sida pour plusieurs générations et sur les moyens d’y apporter une réponse substantielle et durable. Elle a mis en évidence le fait que des résultats ne pouvaient être obtenus sans une planification stratégique des mesures de santé publique à long terme, ce qui exige un financement soutenu.
L’Assemblée générale conclura son débat demain, jeudi 12 juin, à partir de 15 heures.
RÉUNION DE HAUT NIVEAU CONSACRÉE À UN EXAMEN D’ENSEMBLE DES PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DE LA DÉCLARATION POLITIQUE SUR LE VIH/SIDA
Suite des déclarations
Mme ESTHER BYER-SUCKOO, Ministre de la famille, des affaires de la jeunesse, des sports et de l’environnement de la Barbade, a noté que le sida constitue maintenant la principale cause de décès dans son pays pour les personnes âgées. Nous avons dû redoubler d’efforts en matière de prévention, a-t-elle indiqué. La Barbade s’emploie à parvenir à assurer l’accès universel aux services de soins et de traitement, grâce à un programme national élaboré dans ce sens. La Ministre a aussi parlé du rôle important des partenaires non gouvernementaux dans la lutte contre le VIH/sida et précisé que des mesures énergiques ont été prises par les gouvernements qui se sont succédé à la Barbade. « En tant que Ministre responsable du VIH, j’ai été confortée par l’appui unanime dont a fait l’objet le programme national de lutte contre le VIH sida », a-t-elle déclaré. La politique pertinente de son gouvernement est fondée sur les droits de l’homme et prend en compte l’aspect holistique de la question. Mme Byer-Suckoo a ensuite indiqué que l’âge légal du consentement médical est passé de 18 à 16 ans, cela devant faciliter un plus grand accès aux services de santé de reproduction pour les jeunes. Elle a enfin indiqué que le Gouvernement a aussi investi dans des mesures pour tenter de changer les comportements.
M. GENNADY ONISHENKO, Chef du Service fédéral pour la supervision de la protection et du bien-être des consommateurs de la Fédération de Russie, a mis l’accent sur la création d’une commission gouvernementale sur le VIH/sida et d’un conseil de coordination du VIH/sida auprès du Ministère de la santé, auxquels participent activement des représentants de la société civile et des personnes séropositives. Il a ajouté que des progrès sensibles avaient été enregistrés au cours des deux dernières années dans son pays concernant l’accès aux soins et à la prévention de cette infection. Chaque année, plus de 23 millions de tests sont réalisés, a-t-il précisé, notant que 35 000 patients bénéficiaient d’une thérapie antirétrovirale, dont 90% de femmes enceintes infectées. La lutte contre les maladies infectieuses, en particulier le VIH/sida, constitue l’une des priorités du Concept de la participation de la Fédération de Russie dans l’assistance internationale au développement, approuvée par le Président russe en juin 2007, a-t-il également souligné.
M. TREVOR MALLARD, Ministre de l’environnement de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que son pays dispose de services efficaces de soutien aux personnes infectées par le virus du sida. Il a rappelé, comme le suggère l’ONUSIDA, l’importance de bien connaître l’épidémie dans son pays et de s’approprier les problèmes spécifiques posés par la pandémie. Il faut tenir compte du fait que certains jeunes ne s’avouent pas actifs sexuellement, par exemple, par rapport à leurs parents. Il y a aussi les toxicomanes qui n’osent pas demander des seringues propres, et les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes qui ne reconnaissent pas avoir contracté la maladie de cette façon. Les femmes sont vulnérables et vivent dans l’inégalité dans la plupart des sociétés, a-t-il ensuite relevé. Nous devons donc adopter une approche fondée sur les droits de l’homme et lutter contre la discrimination. Il faut aussi former les travailleurs sanitaires. La Nouvelle-Zélande a un des taux de prévalence les plus bas, grâce notamment à la décriminalisation des relations sexuelles entre hommes et du travail du sexe, a-t-il expliqué.
M. PONEMEK DARALOY, Ministre de la santé de la République démocratique populaire lao, a affirmé que son pays continuait d’être classé parmi les pays à faible incidence, celle-ci étant inférieure à 1% de la population générale. Entre 2000 et 2007, 2 500 personnes ont été infectées, parmi lesquelles 1 600 ont développé le sida, tandis que 800 sont décédées. Malgré cette faible incidence, le pays ne se laisse pas aller, a souligné le Ministre. La lutte contre le VIH/sida fait partie des stratégies de croissance nationale et d’élimination de la pauvreté, a-t-il déclaré. Dans leur mise en œuvre, l’accent est mis sur un comportement sexuel plus sûr, sans oublier le traitement et les soins. Toutes ces activités visent les groupes à haut risque, a-t-il précisé. Le Ministre a rappelé que son pays était l’un des moins développés au monde et que ses ressources étaient limitées. Il a ainsi demandé un soutien continu et accru dans les efforts visant à préserver une faible prévalence.
M. BERNART SORIA, Ministre de la santé de l’Espagne, a expliqué comment son pays a fait face à ses engagements en matière de lutte contre le sida. L’Espagne a été le pays d’Europe où l’épidémie a été la plus importante, a-t-il signalé. M. Soria a assuré que de grands progrès avaient été néanmoins accomplis ces dernières années, car l’Espagne a compris et accepté la réalité du problème. Les ONG et les malades eux-mêmes participent aux actions de lutte, qui mettent l’accent sur la prévention. Aujourd’hui, on met à la disposition des personnes qui utilisent des drogues injectables du matériel stérile, a indiqué le Ministre. Il a aussi décrit un nouveau plan de lutte contre le VIH/sida, récemment adopté et qui a bénéficié d’un consensus de la population. Ce plan met l’accent sur la lutte contre la stigmatisation, la défense de la confidentialité et la détection précoce notamment. Le Gouvernement tente de dégager une vision globale de progrès et, dans ce cadre, participe aux efforts de lutte contre la discrimination au niveau mondial, a aussi assuré le Ministre. L’Espagne a ainsi fait des efforts financiers pour participer à l’aide publique au développement, et doit consacrer, en 2008, 5,5 milliards d’euros, afin d’atteindre en 2012 l’objectif de 0,7% du PNB.
M. ABDALLAH ABDILLAHI MIGUIL, Ministre de la santé de Djibouti, a affirmé qu’entre 2,6 et 2,9% de la population adulte de son pays était séropositive. Il a souligné que de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord avaient révisé leur stratégie de lutte contre le VIH/sida pour évoluer vers l’accès universel à la prévention, au traitement et à l’appui. Depuis 2003, Djibouti a choisi une stratégie multisectorielle qui mobilise 12 ministères, lesquels collaborent avec la société civile. Cette stratégie a abouti à des résultats positifs, a-t-il dit, mettant l’accent à cet égard sur la volonté politique. Ainsi, a-t-il estimé, le taux d’incidence a baissé de 2,9% en 2002 à 2,1 en 2007. La stratégie multisectorielle donne en particulier la priorité au travail communautaire, notamment celui de plus de 200 organisations non gouvernementales qui développent leurs actions auprès des groupes vulnérables pour promouvoir communication et plaidoyer, a expliqué le Ministre. Des solutions durables ne seront possibles, a-t-il fait remarquer, que grâce à la mise en œuvre de stratégies concertées. Il convient également d’unir les efforts qui donnent la priorité à des programmes ciblant les groupes les plus vulnérables et en renforçant l’engagement en faveur de l’accès universel.
M. MOHAMED OULD MOHAMED EL HAFEDH OULD KHIL, Ministre de la santé de la Mauritanie, a constaté la volonté internationale renforcée dans la lutte contre le sida qui fait espérer que les objectifs fixés pourront être atteints. La Mauritanie a fait de grands progrès dans l’établissement de l’état de droit, la démocratie, le rapprochement de l’administration des administrés, la déontologie et le respect de la dignité des êtres humains. Tout cela a permis à la société civile de mieux lutter contre la maladie. Malgré un faible taux de prévalence de 0,62% en 2007, le Gouvernement mauritanien et la société civile travaillent activement pour éliminer le sida, a assuré le Ministre. Cela passe par la réduction de la pauvreté, a-t-il noté. Le Ministre a considéré qu’avant tout, les services de santé doivent être renouvelés, ce que la Mauritanie a commencé dans le cadre de sa stratégie de développement. Il a également parlé de la sensibilisation qui est en œuvre, par le biais de la société islamique. Nous avons créé des centres de traitement et des centres gratuits de dépistage pour éviter notamment la transmission mère-enfant, a aussi précisé le Ministre. Le Parlement mauritanien a ratifié une loi de lutte contre le sida et une stratégie nationale a été mise en œuvre pour les soins aux séropositifs. Les soins médicaux sont accessibles sans discrimination et bénéficient ainsi à tous les étrangers, a-t-il ajouté. Le Ministre a conclu en remerciant tous les partenaires de développement pour leur soutien aux programmes de développement dans son pays.
M. TOMICA MILOSAVLJEVIC, Ministre de la santé de la Serbie, a indiqué que le nombre de malades du sida a baissé dans son pays au cours des huit dernières années, le nombre cumulé de cas rapportés avant le 31 décembre 2007 atteignant 2 200. Le nombre de dépistages anonymes a augmenté, a-t-il ajouté. De même, les campagnes de sensibilisation ont été intensifiées dans le pays, ce qui a contribué à diminuer la stigmatisation et la discrimination. Il a indiqué qu’une Commission nationale de lutte contre le VIH/sida avait été instituée en 2002, dirigée par le Ministère de la santé et composée de représentants de la société civile et des organisations non gouvernementales concernées. Une stratégie nationale, basée sur approche multisectorielle, incluant les organisations non gouvernementales, a été lancée en 2005, a-t-il dit. Le Ministre a mis l’accent sur la nécessité de stopper la propagation du sida chez les groupes les plus vulnérables de la société. Il a insisté sur l’engagement de la Serbie à continuer à améliorer les mesures locales et globales pour lutter contre le VIH/sida.
M. PEHIN DATO SUYOI OSMAN, Ministre de la santé de Brunéi Darussalam, a déclaré que son pays s’est engagé à atteindre les Objectifs du Millénaire de développement (OMD) et notamment celui de l’accès universel aux soins de santé. Toutes les femmes séropositives reçoivent un traitement antirétroviral dans son pays, a-t-il donné comme exemple. Le nombre de cas d’infection par le virus du sida, qui est de 39 au cours des 22 dernières années, est relativement bas, a-t-il noté, mais cela ne doit pas nous permettre de rester inactifs. De grands efforts sont menés par le Gouvernement de Brunéi Darussalam pour mettre en œuvre les programmes de prévention et augmenter la sensibilisation en matière de santé sexuelle. Les efforts de la société civile dans la lutte contre le VIH/sida sont aussi notables, a précisé le Ministre. Il a ensuite abordé le problème des souches de tuberculose résistantes aux médicaments et indiqué avoir mis en place un programme de traitement de tous les cas de tuberculose dans le pays. La communauté mondiale, a-t-il dit, doit soutenir les efforts dans la lutte contre cette maladie.
M. ANDRÉ MAMA FOUDA, Ministre de la santé du Cameroun, a indiqué qu’avait été lancé en 2006 un plan national basé sur une approche multisectorielle. La prévalence des séropositifs a atteint 5,5%, au Cameroun, ce qui constitue, a-t-il dit, un véritable défi de santé publique et un réel obstacle au développement. Les jeunes et les femmes payent un lourd tribut à cette pandémie, a-t-il ajouté. Le Gouvernement du Cameroun a entrepris de faire de la lutte contre le VIH/sida l’une de ses plus grandes priorités, a-t-il expliqué, notant que des progrès avaient été enregistrés, notamment dans le domaine de la prévention. Le Ministre a ainsi énuméré les actions entreprises, en particulier dans le domaine de l’éducation ou en faveur des enfants orphelins. Il a mis l’accent sur le soutien des partenaires bilatéraux et multilatéraux. L’accroissement constant du nombre de malades entraîne malheureusement une augmentation des besoins en traitements antirétroviraux, a-t-il dit, soulignant également l’importance pour son pays de maintenir la gratuité des médicaments antirétroviraux et d’assurer une bonne alimentation aux malades. Le Ministre a enfin, évoqué les effets de la crise alimentaire mondiale dans la lutte contre le VIH/sida. La réflexion en cours sur la crise alimentaire doit être intégrale et globale, a-t-il insisté.
Mme JIKO LUVENI, Ministre de la santé, des femmes et du bien-être social de Fidji, a expliqué que son pays a impliqué les groupes de personnes à risque dans les programmes de lutte contre le sida. Fidji dispose d’une stratégie pour la prévention, les soins et le traitement, et alloue une somme spécifique à son budget pour cela, a dit Mme Luveni. La Ministre de la santé de Fidji a mentionné l’existence du Comité consultatif national pour le sida qui fonctionne de façon indépendante, et qui est composé de tous les secteurs de la société, comme les organisations non gouvernementales (ONG) et les personnes vivant avec le VIH. Récemment, a-t-elle ajouté, une loi sur l’emploi a été adoptée pour protéger les personnes atteintes de VIH contre la discrimination sur les lieux de travail. Fidji a maintenant un taux de prévalence relativement bas et les parties prenantes se sont engagées à le maintenir. Mais la grande proportion de jeunes dans la population, ainsi que la mobilité des personnes, sont des facteurs de risque importants, a averti Mme Luveni. La Ministre a également souligné le rôle important que doivent jouer les femmes dans la lutte contre le sida. Il y a ainsi beaucoup de femmes membres des conseils d’administration des hôpitaux, a-t-elle précisé. Mme Luveni a enfin apprécié le rôle vital que jouent les ONG.
Mme BYAMBAA BATSREEDENE, Ministre de la santé de la Mongolie, a affirmé que la Mongolie faisait partie des pays à faible incidence mais demeurait hautement vulnérable en raison de la prévalence élevée des maladies sexuellement transmissibles, d’une consommation excessive d’alcool, de la consommation de drogue par injection, de la prostitution, de migrations accrues. La Ministre a mis l’accent sur les actions entreprises dans le cadre de la stratégie nationale relative au VIH/sida, mise en œuvre en 2006, ainsi que du Comité national, recréé sous la direction du Vice-Premier Ministre. Elle a indiqué néanmoins que la Mongolie connaissait des difficultés dans sa réponse nationale, notamment en raison du manque d’informations et du problème de financement. La Ministre a remercié les partenaires et les donateurs, en particulier les organisations du système des Nations Unies pour leurs efforts continus en vue d’aider la Mongolie à lutter contre l’épidémie de VIH/sida.
M. MALICK NJIE, Secrétaire d’État à la santé et aux services sociaux de la Gambie, a noté que l’Afrique subsaharienne a été affectée plus que toute autre région par le VIH/sida. Il a rappelé que la région compte 70% des 40 millions de personnes vivant actuellement avec le VIH. Il a remarqué que les jeunes ne comprennent pas toujours la portée des risques qu’ils prennent et a reconnu qu’il était nécessaire de les sensibiliser. Le Gouvernement de la Gambie a fourni des antirétroviraux à toutes les personnes infectées par le VIH/sida, a ensuite indiqué M. Njie. En outre, 10 groupes d’appui ont été créés en Gambie et sont représentés au Conseil national du sida, a-t-il ajouté. Nos stratégies continuent de mettre l’accent sur les activités de sensibilisation, afin d’aboutir aux changements de comportements. Nous avons aussi des services de conseil et de dépistage. D’autres difficultés sont liées à la peur et à la discrimination, a noté le Secrétaire d’État. La stigmatisation reste un problème, a-t-il en effet noté, même si le climat s’est amélioré en matière de prévention. Le Secrétaire d’État gambien a enfin souhaité qu’un plus grand partage de connaissances sur la question du VIH/sida ait lieu et a appelé la communauté internationale à faire preuve de plus de compassion. Nous avons besoin d’un appui durable et concerté de la part des autres pays, a-t-il indiqué.
M. BALAJI SADASIVAN, Ministre d’État aux affaires étrangères de Singapour, a fait état d’une faible incidence du VIH/sida dans la population, de 0,1 à 0,2%, mais d’une augmentation des cas. Afin de mieux coordonner une action large et inclusive, le Gouvernement a créé un comité de politique sur le VIH/sida dont l’un des grands succès a été l’intensification de la mise en œuvre de programmes d’éducation. De nouveaux programmes ont été développés pour traiter de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH/sida, a-t-il ajouté. De même, Singapour a intensifié les initiatives de dépistage précoce. Le Ministre a également mis l’accent sur la mise en œuvre, au cours des deux dernières années, d’un programme amélioré de prévention en faveur des personnes récemment infectées afin de les aider à adopter un comportement sexuel plus sûr. Personne n’a le droit de mettre en danger une autre personne en raison de son propre comportement à haut risque, a-t-il notamment expliqué.
Mme LIDIETH CARBALLO QUESADA, Ministre par intérim de la santé du Costa Rica, a considéré que, dans la solidarité internationale dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida, on ne peut pas exclure certains pays au motif que leurs indicateurs socioéconomiques ne sont pas précis. Il faut répondre aux besoins des pays à revenu moyen, a-t-elle demandé. Le Costa Rica a toujours plaidé dans les instances internationales pour l’adoption d’une nouvelle approche concernant la coopération internationale et l’aide publique au développement (APD) qui fait du tort à des pays qui déploient pourtant de grands efforts dans la lutte contre le sida. Nous avons besoin de la communauté internationale et de son appui pour renforcer la lutte contre le sida, a-t-elle insisté. Le Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme a été créé pour financer un changement radical dans cette lutte, et il faut que les pays à revenu moyen puissent en bénéficier, a-t-elle ajouté. Au Costa Rica, nous avons mis en place une stratégie nationale pour 2007-2015 dans le domaine de la lutte contre le VIH. Nous avons aussi mis en place un plan national de surveillance et d’évaluation de la réponse nationale pour la période 2007-2010 et élaborons actuellement une nouvelle loi sur le VIH/sida. Cette évaluation nous permettra de mieux allouer nos ressources aux activités utiles. La Ministre a aussi évoqué ce qui est fait dans son pays pour améliorer l’éducation et la sensibilisation par rapport au VIH sida.
M. WESLEY GEORGE, Secrétaire parlementaire de Trinité-et-Tobago, a indiqué qu’en décembre 2007, 8 735 cas d’infection avaient été recensés dans son pays. Les rapports sexuels à risque continuent d’être les principales causes d’infection, a-t-il précisé. En guise de réponse nationale, un Comité national de coordination, multisectoriel dans sa composition, a été créé et est administré par le Bureau du Premier Ministre, a dit M. George. Inclusion, durabilité, respect des droits de l’homme sont quelques unes des priorités du plan stratégique mis en œuvre pour lutter contre le VIH/sida, a-t-il souligné. Il a en outre affirmé que le Gouvernement de Trinité-et-Tobago avait mis l’accent sur les programmes de sensibilisation dans le but d’éduquer la population, notamment dans le domaine de la prévention.
M. MARK DYBUL, Secrétaire d’État adjoint et Coordonnateur pour le sida au niveau mondial des États-Unis, a exprimé la volonté de son pays de participer à un partenariat mondial efficace dans la lutte contre le VIH/sida. Au cours des cinq dernières années, les États-Unis ont apporté 18,8 milliards de dollars à cette lutte, par le biais du Plan d’urgence du Président. Cela dépasse l’engagement qu’ils avaient initialement annoncé, qui était de 15 milliards de dollars, a-t-il souligné. M. Dybul a noté que l’effort mondial de lutte contre le VIH/sida est le premier dans l’histoire de la santé publique à mettre en place des infrastructures pour prévenir et traiter une maladie chronique. Le Secrétaire d’État a ensuite mis l’accent sur la responsabilité de poursuivre les efforts visant à réaliser les engagements de la Déclaration de Paris et ceux du Consensus de Monterrey, pour promouvoir et soutenir l’appropriation de la lutte antisida par chaque pays. Nous entrons dans une nouvelle ère de développement basée sur des partenariats entre pays égaux, a-t-il estimé, même si certains sont des partenaires « juniors ». Le représentant américain a appelé à pousser les pays à s’approprier leurs stratégies de développement. Dans ce cadre, il faut soutenir les familles et les communautés locales, car ce sont les individus qui ont permis que soit mis fin à l’idée qu’ils étaient incapables de gérer la prévention et le traitement au niveau national. Ces personnes ont créé de nouveaux modèles et donné des leçons pour le développement, a jugé M. Dybul. Il a aussi salué le courage et la force des personnes vivant avec le VIH, qui ont apporté une contribution inestimable au développement de la santé. Nous devons travailler avec les enfants depuis un âge très jeune et intégrer le changement social à des méthodes scientifiquement prouvées, a aussi estimé M. Dybul. Il a conclu en appelant à tenir les engagements pris et notamment à appuyer les dirigeants des pays en développement dans un esprit de partenariat.
M. SERHAT UNAL, Représentant spécial du Premier Ministre de la Turquie, a indiqué que le nombre de cas de personnes séropositives était de 2 920 en Turquie en novembre 2007, 70% de ces cas étant des hommes. La jeunesse de la population turque, le manque de connaissances sur les maladies sexuellement transmissibles, l’utilisation de drogues par voie intraveineuse, l’afflux de travailleuses du sexe et le nombre important de Turcs travaillant à l’étranger expliquent la progression des cas, a-t-il dit. M. Unal a également cité les grandes lignes du plan stratégique national sur le VIH/sida 2007-2011 adopté par la Turquie. Ce plan met en particulier l’accent sur la prévention et l’appui, les conseils et le dépistage, le diagnostique et le traitement, ainsi que sur la collaboration intersectorielle. Le représentant du Premier Ministre turque a notamment affirmé que l’accès universel avait été réalisé en Turquie pour plus de 90% des patients. Néanmoins, des problèmes subsistent, a-t-il dit, évoquant des services de prévention insuffisants pour les groupes les plus vulnérables, un nombre croissant de professionnels du sexe non enregistrés, les toxicomanes utilisant des drogues injectables et le coût élevé des traitements.
M. JUAN CARLOS NADALICH, Vice-Ministre de la santé de l’Argentine, a expliqué que le droit à la santé est un droit garanti par la Constitution de son pays depuis 1994. Ce droit est supérieur aux intérêts commerciaux et par conséquent, le droit à la propriété intellectuelle ne doit pas être un obstacle à la santé publique, a-t-il ajouté. En Argentine, nous garantissons la confidentialité à ceux qui vivent avec le VIH. Le Vice-Ministre a aussi indiqué que 80 millions de dollars sont consacrés en 2008 à la lutte nationale contre le VIH/sida, auxquels s’ajoutent 15 millions de dollars consacrés à la médecine et la sécurité sociale, ainsi que 5 millions de dollars provenant du Fonds mondial de lutte contre le sida. Nous devons nous occuper des groupes vulnérables comme les femmes et les enfants, a ensuite insisté le Vice-Ministre. Les médicaments antirétroviraux sont gratuits en Argentine, a-t-il ajouté. M. Nadalich a aussi considéré que l’optimisation des stratégies était prioritaire. La perspective sexospécifique a aussi été intégrée dans les mesures de prévention, a-t-il expliqué. Les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, les migrants, les jeunes et notamment les toxicomanes font l’objet d’une attention particulière. Il a enfin appelé les donateurs internationaux à maintenir leur aide pour les pays de sa région.
M. ADAM FRONCZAK, Vice-Ministre de la santé de la Pologne, a fait part d’une situation épidémique stable dans son pays. Cette situation s’explique par le fait que des mesures de mise en œuvre suffisamment rapides ont été prises, ceci grâce à la collaboration entre le Gouvernement et de nombreuses organisations non gouvernementales, lesquelles bénéficient de subventions gouvernementales, notamment dans la mise en œuvre de programmes de prévention. Il n’y aura pas de progrès dans la lutte contre l’épidémie de VIH/sida s’il n’y a pas d’accès universel, a estimé M. Fronczak. Le Vice-Ministre polonais de la santé a ainsi mis l’accent sur l’accès gratuit, en Pologne, aux médicaments antirétroviraux et aux tests de dépistage. La Pologne, a-t-il ajouté, continue d’allouer des ressources financières à des pays particulièrement affectés par le VIH/sida. Malgré les progrès considérables enregistrés en Pologne, il y a beaucoup à faire pour mettre en œuvre la Déclaration d’engagement, a-t-il cependant déclaré, évoquant les efforts à fournir en matière de traitement des coinfections, d’intensification des activités destinées aux jeunes, et de recherche scientifique.
M. LUIS ESTRUCH RANCANO, Vice-Ministre de la santé de Cuba, a affirmé que son pays avait démontré un engagement politique élevé dans sa réponse à l’épidémie de VIH/sida. Il a ainsi souligné que le plan cubain de prévention et de contrôle du VIH/sida, fondé sur une approche multisectorielle, avait été mis en place en 1986 par le Président Fidel Castro. Ce plan, a-t-il précisé, garantit un accès aux services et au traitement à 100% de la population. Le Ministre a rappelé que son pays était toujours soumis à un blocus économique, commercial et financier très dur de la part des États-Unis, ce qui entraîne des conséquences malheureuses pour la santé des Cubains. Néanmoins, Cuba s’attaque à la pandémie de manière positive, a-t-il dit. Il a ainsi indiqué que la prévalence du VIH/sida dans la tranche de la population âgée de 15 à 49 ans était de 0,1%, le taux de mortalité ayant été réduit de plus de 50% et le nombre de patients ayant diminué de 42%. Unité, dignité et intégration rationnelle constituent la seule façon de régler les défis communs d’un monde globalisé et inégal, a-t-il expliqué, soulignant la nécessité d’une mondialisation de la coopération et de la solidarité.
Mme RIGMOR AASRUD, Secrétaire d’État aux services de santé et de soins de la Norvège, a regretté que beaucoup de pays continuent à refuser de fournir des seringues propres aux toxicomanes et des services santé génésique aux jeunes. Elle a aussi dénoncé la stigmatisation des personnes infectées par le VIH, qui persiste. En Norvège, a-t-elle indiqué, le traitement et les soins sont gratuits. Le nombre de personnes séropositives est faible, à hauteur de 0,06% de la population, mais l’épidémie continue chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes. En ce qui concerne les toxicomanes qui se droguent par voie intraveineuse, l’épidémie semble contrôlée, mais elle reste imprévisible, a dit Rigmor Aasrud. Mme Aasrud a souligné que l’ignorance sur le VIH et le manque d’intérêt envers les personnes atteintes de la maladie sont un problème majeur. Le Gouvernement norvégien doit mettre en place un nouveau plan pour lutter contre la stigmatisation, a-t-elle indiqué, dans l’espoir de changer les attitudes. Elle a aussi estimé que les stratégies de prévention doivent se doter de nouveaux outils et suivre de nouvelles approches. Elle a enfin averti que la réponse internationale à la pandémie ne prendra certainement pas fin en 2015, et qu’il faudra continuer cette lutte quelques années encore.
M. MIRCEA MANUC, Secrétaire d’État de la Roumanie, a fait état d’une situation épidémiologique stable dans son pays. Les résultats importants enregistrés au cours des dernières années sont le fruit d’une approche multisectorielle de la question, favorisant l’inclusion de toutes les parties prenantes, en particulier la société civile et les organisations non gouvernementales, et permettant l’accès universel et gratuit à la thérapie ARV. L’intégration sociale du patient est un objectif du Gouvernement et des organisations non gouvernementales, a-t-il dit. M. Manuc a également rappelé que la Roumanie était, depuis janvier 2007, membre de l’Union européenne, ce qui expose davantage le pays aux migrations transfrontalières de personnes appartenant à des groupes à haut risque. Il a ainsi souligné la nécessité d’accroître les efforts pour une approche d’ensemble de la menace du VIH/sida aux plans national et mondial.
M. AL-ATTAF, Directeur adjoint du Fonds saoudien pour le développement, s’exprimant au nom du Royaume d’Arabie saoudite, a remarqué que l’expansion de l’épidémie dépasse tous les pronostics. Il incombe donc à la communauté internationale de fournir l’appui nécessaire pour le développement des secteurs de santé publique et pour parvenir à la mise en œuvre des mesures nécessaires de prophylaxie. Malgré son faible taux de prévalence, l’Arabie saoudite, au niveau national, est consciente du caractère létal de ce fléau. Le Gouvernement saoudien a donc mis en œuvre un programme national de prévention, qui met aussi l’accent sur la protection des personnes affectées. Ce programme combat la discrimination et œuvre en faveur du respect des personnes, a précisé M. Al-Attaf. Il a cité la création de 57 hôpitaux et de plusieurs dispensaires. Outre les montants déjà apportés à l’aide internationale, l’Arabie saoudite s’est engagée à verser 18 milliards de dollars d’ici 2010 à la lutte contre le VIH/sida, a rappelé le Directeur adjoint du Fonds saoudien pour le développement.
M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte), qui s’exprimait au nom du Groupe africain, a indiqué que 68% des adultes séropositifs et 90% des enfants séropositifs vivaient en Afrique où, en 2007, étaient enregistrés 76% des décès. De l’avis de M. Abdelaziz, la réalisation de l’objectif de l’accès universel d’ici à 2010 exigeait un renforcement des capacités nationales pour combattre plus efficacement Plus de 80% des pays, dont 85% en Afrique, ont des politiques visant à assurer un accès égal à la prévention du VIH/sida, au traitement, aux soins et l’appui, ce qui constitue, a-t-il dit, une première étape vers la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Néanmoins, les besoins d’investissements dans le renforcement des capacités restent importants, a-t-il poursuivi. Il est nécessaire, a expliqué le représentant, que les traitements de première et de deuxième ligne, avec des médicaments antirétroviraux, soient disponibles à des prix raisonnables. Parallèlement à un renforcement des capacités nationales, il est nécessaire de développer la coopération régionale, notamment à la lumière de la décision de l’Union africaine à Syrte, en Libye, en 2005, d’établir un centre africain visant principalement à promouvoir la coopération dans la lutte contre le VIH/sida, et à coordonner entre eux les centres spécialisés sur le terrain partout sur le continent, a assuré le représentant égyptien. La prévention et la lutte contre le VIH/sida sont liées de manière substantielle au processus de développement, a-t-il également dit, soulignant la nécessité de faire face à la crise alimentaire actuelle. Les efforts doivent être intensifiés dans la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants et pour le règlement pacifique des conflits armés en Afrique, a-t-il insisté. S’agissant de l’Égypte, la prévalence du VIH/sida demeure extrêmement faible en raison de valeurs culturelles et sociales profondément enracinées, a-t-il affirmé. Le représentant a évoqué le programme national intégré mis en place dans son pays dès la découverte du premier cas d’infection en 1986.
M. ED KRONENBERG, Secrétaire d’État permanent du Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, a indiqué que les droits de l’homme, composante essentielle de la lutte contre le sida, sont au cœur de la politique étrangère des Pays-Bas. Les traditions, cultures ou religions ne peuvent pas servir de prétextes au non-respect des droits des personnes, notamment les droits reproductifs des hommes et des femmes, a-t-il dit. M. Kronenberg a aussi considéré que les minorités sexuelles, comme les lesbiennes, les homosexuels, les transsexuels et les bisexuels, ont droit de vivre sans discrimination. Les militants du sida ont réclamé des traitements comme un droit et non comme une action caritative, a-t-il expliqué. M. Kronenberg a appelé à éviter les jugements sur les attitudes et à adopter une approche pragmatique. Les femmes doivent avoir accès aux moyens de se protéger, notamment avec les préservatifs féminins. La lutte contre la pauvreté contribue à lutter contre les inégalités, a poursuivi le Secrétaire d’État, notamment dans la lutte contre le sida. Outre les investissements dans les méthodes ayant fait leur preuve, il a invité également à investir dans des nouvelles méthodes comme les microbicides et la vaccination. Le courage politique reste le point de départ de la lutte contre le sida, a-t-il fait observer. Il faut en effet du courage pour parler ouvertement de la sexualité, de la toxicomanie, et pour traduire les mots en actes, a-t-il dit avant de conclure.
M. ANDREW STEER, Directeur général du Département pour le développement international du Royaume-Uni, a notamment mis l’accent sur la nécessité d’accroître les investissements dans les services de santé et d’intensifier les prestations de santé en faveur des personnes les plus en danger. Il a rappelé que la semaine dernière, le Secrétaire d’État britannique pour le développement international avait lancé une stratégie actualisée devant être mise en œuvre sur sept ans pour arrêter la pandémie du VIH/sida et inverser la tendance dans les pays en développement. Le Secrétaire d’État a annoncé, outre l’engagement pris l’an passé par son pays de contribuer à hauteur de 2 milliards de dollars, d’ici 2015, au Fonds mondial, que le Royaume-Uni allait débloquer 12 milliards supplémentaires au cours des sept prochaines années en faveur du renforcement des systèmes et des services de santé. Ces annonces de contribution à long terme sans précédent témoignent de l’engagement du Royaume-Uni dans les efforts internationaux visant à réaliser l’objectif de l’accès universel, a déclaré M. Steer. Il a par ailleurs expliqué que le taux de prévalence demeurait faible au Royaume-Uni, et ce, en raison de la mise en œuvre précoce de programmes de lutte, d’accès aux traitements, et de campagnes de sensibilisation et de dépistage.
Table ronde 3: Action menée contre le sida pour les femmes et les filles - Égalité des sexes et sida
Alors que de plus en plus de femmes à travers le monde sont infectées par le VIH, une table ronde s’est penchée ce matin sur l’action menée dans la lutte contre la pandémie en faveur des femmes et des filles. Pour renverser cette tendance à la féminisation du VIH/sida, les intervenants ont mis en avant de nombreuses pistes à suivre, et tout particulièrement les mesures visant à promouvoir l’égalité entre les sexes et le changement des comportements.
Mme ANNA MARZEC-BOGUSLAWSKA, Chef du Centre national pour le sida de la Pologne, qui présidait cette table ronde, a lancé la discussion en soulignant la vulnérabilité des femmes face au VIH. Elles sont deux fois plus exposées au risque d’être infectées par le virus lors d’une relation sexuelle unique, a-t-elle rappelé. Constatant que les interventions en faveur des femmes n’étaient pas pleinement mises en œuvre, elle a estimé qu’il faudrait mettre en place un environnement favorable, donner la priorité aux jeunes femmes et aux filles et promouvoir la pleine participation des femmes infectées.
M. JESSIE FANTONE, Directeur du Secrétariat du Conseil national sur le sida des Philippines, a quant à lui mis en avant les obstacles que représentent certaines normes culturelles, et notamment les tabous associés au sexe. Il a par exemple expliqué que les filles étaient exclues de certains services de santé gouvernementaux car « elles ne sont pas sensées avoir des relations sexuelles ». Face à ce constat, il a insisté sur l’importance de créer des programmes ciblant spécifiquement les femmes et de mettre en œuvre une véritable éducation sexuelle dans les écoles. Il a aussi déclaré qu’il faudrait autonomiser les femmes, protéger leurs droits et encourager la gouvernance axée sur l’égalité entre les sexes. Si nous ne traitons pas immédiatement des questions d’égalité et de discrimination, il sera difficile d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour inverser les tendances générales de la pandémie, a-t-il argué.
Notre effort pour réduire la vulnérabilité des femmes et des filles au VIH doit être une collaboration entre les gouvernements, la société civile et le système des Nations Unies, a pour sa part fait valoir Mme INES ALBERDI, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM). Elle a affirmé que les programmes de lutte contre le VIH/sida devraient avoir à leur base la protection des droits des femmes et des filles. Rappelant que 57% des jeunes de 15 à 24 ans vivant avec le sida étaient des filles, elle a déclaré que celles-ci représentaient un groupe à risque. Il faut permettre aux femmes de connaître et de jouir de leurs droits, a-t-elle poursuivi, tout en notant l’importance d’inclure les hommes dans la lutte contre les stéréotypes sexuels et les comportements qui propagent la pandémie. En outre, elle a mis en avant le lien entre la violence à l’égard des femmes et le VIH/sida. La violence est à la fois une cause et une conséquence du VIH chez les femmes de tous âges, mais surtout chez les jeunes filles, a-t-elle précisé. En effet, elle a constaté que la violence pouvait encourager ces filles à dire non à des relations sexuelles et à utiliser un préservatif et les décourageait souvent à effectuer des tests de dépistage. Elle a estimé que des stratégies ciblant les femmes et les filles devaient être inclues dans tous les budgets et plans nationaux de lutte contre le sida.
Mme ROSA GONZALEZ, du Conseil sur les organisations de services du sida d’Amérique latine et des Caraïbes, a, elle aussi, insisté sur la nécessité de lutter contre la violence à l’égard des filles et des femmes, notamment celles séropositives. Elle a en outre constaté que toutes les violations des droits des femmes les rendaient plus vulnérables au VIH/sida. Ainsi, elle a plaidé pour que le problème soit traité sous tous ses aspects et a notamment affirmé qu’il faudrait offrir des possibilités d’études, de travail et d’information aux femmes. Il est urgent de trouver des voies politiques, économiques et sociales pour permettre aux femmes et aux jeunes filles, ou qu’elles soient, de bénéficier d’une vie digne, a-t-elle ajouté. Dans cette perspective, elle a souligné qu’il faudrait s’attaquer à la « longue chaîne de la discrimination », à certaines mentalités et coutumes enracinées au sein des communautés, afin de construire une société juste et équitable.
Au cours de la discussion qui a suivi, les représentants des délégations et de la société civile ont aussi insisté sur l’importance de l’autonomisation des femmes, du respect de leurs droits, de l’éducation, de l’égalité entre les sexes et du changement des comportements et des mentalités.
Il faut lancer un message clair que l’abus des femmes n’est pas toléré en assurant des poursuites dans ce domaine, a par exemple déclaré la représentante de l’Australie. La représentante de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH, elle-même séropositive depuis 10 ans, a demandé une réforme juridique qui permettrait une plus grande autonomisation des femmes. Il faut promouvoir leurs droits et s’assurer de leur participation dans la mise en œuvre des programmes, a-t-elle poursuivi.
À cet égard, les représentantes du Pérou et de l’Argentine, toutes deux travailleuses du sexe, ont regretté que les gouvernements et organisations internationales ne donnent que peu de moyens et ressources aux petites associations. « Votre argent doit aller à la base, pour nous former politiquement car nous voulons participer à l’élaboration des politiques qui concernent notre secteur. Nous ne sommes pas un problème mais une partie de la solution », a affirmé la représentante de l’Argentine.
Par ailleurs, de nombreux intervenants ont souligné la nécessité de mettre l’accent sur l’éducation. Ainsi, les représentantes du Portugal et de la Norvège ont jugé indispensables d’offrir une éducation sexuelle dans les écoles. C’est le meilleur moyen d’atteindre aussi bien les garçons que les filles et c’est un vecteur de promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes, a renchéri la représentante de la Suède. Enfin, le représentant de la Zambie a mis en avant le rôle que la religion pouvait jouer dans la modification des comportements.
Table ronde 4: Le sida, un défi qui touche plusieurs générations – Y donner une réponse substantielle et à long terme
Mme MANTOMBAZANA TSHABALALA-MSIMANG, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud et Modératrice de cette table ronde, a indiqué qu’il faudrait trouver des réponses viables à long terme, pour faire face à de nouveaux défis de taille qui, parfois, nous forcent à reculer.
Des progrès considérables ont été réalisés en termes de traitement et d’accès aux traitements antirétroviraux qui sont désormais accessibles à 3 millions de personnes dans les pays à revenus bas et intermédiaires. Désormais, il s’agit d’offrir un ensemble de solutions, qu’il s’agisse de prévention ou de l’atténuation des conséquences de la séropositivité. En Afrique du Sud, nous avons enregistré des progrès dans la prévention qui repose entre autres sur la promotion des préservatifs, notamment féminins. Nous avons réduit ainsi les taux de syphilis qui sont tombés à 2%. Les campagnes de sensibilisation sociale sur la modification des comportements ont atteint un taux de couverture de 90% de la population. Des campagnes d’information sur la santé et les modes de vie sains dans les écoles sont également menées. Nous offrons des soins nutritionnels car la sécurité alimentaire constitue également une priorité pour nous. Le budget en matière de santé a augmenté de manière constante depuis 2001 afin de favoriser la recherche dans les vaccins et les microbicides. L’Afrique du Sud dispose également d’une nouvelle politique de promotion de la médecine traditionnelle. Étant donné que la majorité des victimes du VIH/sida appartient aux couches les plus pauvres de la société, nous avons aussi lancé des programmes visant à réduire la pauvreté, en particulier la pauvreté des femmes.
Mme MARET MARIPUU, Ministre des affaires sociales de l’Estonie, a insisté sur l’importance des systèmes de santé et de leur accès. L’Estonie a adopté une approche durable et systématique en matière de prévention et de soins. En coopération avec les partenaires internationaux, la stratégie est désormais large et efficace afin de parvenir à une réduction de la propagation de la pandémie de VIH/sida. Des résultats ne peuvent être obtenus, a ajouté la Ministre, que si ces mesures sont planifiées de manière stratégique et conçues pour fonctionner à long terme, ce qui exige un financement soutenu. L’Estonie s’est engagée à fournir des traitements antirétroviraux gratuits. Un personnel médical compétent est également essentiel, a dit la Ministre, qui a rappelé que le manque de médecins et d’infirmières a été estimé à 4 millions de personnes dans le monde et que quand ce personnel est disponible, il faut qu’il soit formé de manière adéquate. La résistance aux médicaments dans les cas de tuberculose est un vrai défi, ce qui explique la nécessité de disposer de programmes de dépistage sida/tuberculose.
Évoquant la Conférence sur les systèmes de santé européens prévue à la mi-juin en Estonie, elle a jugé nécessaire d’évaluer l’efficacité des stratégies en cours. Nous devons combler le manque de volonté politique pour toucher les groupes les plus vulnérables, celui le plus exposé aux risques en Estonie étant celui des utilisateurs de drogues injectables. Elle a souligné l’importance des trois piliers d’un système de santé efficace: une stratégie claire assortie d’un système d’évaluation, un engagement politique dans la lutte contre le VIH et enfin la viabilité financière.
M. JIMMY KOLKER, intervenant au nom d’Ann Veneman, Directrice exécutive de l’UNICEF, a évoqué plusieurs défis: chaque nouveau-né séropositif implique un traitement qui doit se poursuivre tout au long du XXIe siècle; chaque parent que l’on sauve grâce à un diagnostic et traitement pris à temps représente un orphelin de moins; et la durabilité des traitements et la prévention. Le représentant a indiqué que la réalisation de l’Objectif nº6 du Millénaire dépendra et contribuera à d’autres objectifs relatifs à la réduction de la pauvreté, la santé maternelle et infantile, l’éducation et l’égalité entre les sexes. Toutefois, a-t-il indiqué, le sida est une maladie chronique incurable qui pose des défis uniques pour un engagement à long terme et un impact sur la santé et le développement. Le sida doit faire l’objet d’un agenda séparé.
Le représentant a précisé que l’UNICEF est particulièrement engagé dans le domaine de la protection sociale. Le concept de « responsabilité de protéger » devrait s’appliquer aux familles. La protection sociale réduit la vulnérabilité des femmes et des fillettes et allège le fardeau disproportionné qui incombe aux femmes, en particulier aux grands-mères. Le renforcement de la protection sociale ne se produira pas dans des cliniques mais exige de meilleures lois, des ministères robustes et davantage de partenariat avec les communautés et organisations religieuses. Un autre élément important est l’intégration des services et le renforcement des systèmes de santé. La prévention de la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant offre l’opportunité d’étendre la couverture des interventions maternelles et néonatales. L’intégration des traitements et les dépistages conjoints tuberculose/VIH est essentiel et se fait attendre depuis trop longtemps. Mais avant tout, a conclu le représentant, le défi intergénérations exige que l’on implique les jeunes et que l’on mobilise les familles et communautés.
M. GREGG GONSALVES, Réseau mondial pour les personnes atteintes du sida, a regretté que de nombreuses personnes trouvent encore que trop d’argent est alloué à la lutte contre le sida. Le représentant a dénoncé la politisation des systèmes de santé et les choix insoutenables que les pays pauvres sont forcés de faire. Il faut que la budgétisation soit faite de manière transparente et inclusive, a-t-il dit. Il faut qu’en cette nouvelle ère, les soins de santé primaire soient universels. On ne peut pas parler de rentabilité dans le cadre des soins de santé ni dire aux pauvres que ce dont les riches disposent maintenant le sera pour eux plus tard et, qu’entre temps, ils doivent de contenter de ce qu’ils ont maintenant.
M. JORGE SAMPAIO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour l’initiative « Halte à la tuberculose », présentant le premier rapport sur les conclusions du premier Forum des dirigeants mondiaux sur le VIH/tuberculose, a rappelé que la Déclaration de l’Assemblée générale de 2006 avait souligné la nécessité d’accélérer et de multiplier les activités conjointes sida/tuberculose. Toutes les trois minutes dans le monde, une personne vivant avec le virus du sida meurt de la tuberculose. Un consensus s’est dégagé selon lequel la tuberculose, en particulier les souches résistantes, constituent la plus grande menace à une réponse efficace face au sida. « Permettez-moi de répéter le slogan de notre Forum », a insisté l’Envoyé spécial: « une vie, deux maladies, une réponse ». Toutefois, a prévenu M. Sampaio, un long chemin doit encore être parcouru avant que l’approche intégrée des soins de santé soit une particularité commune à tous les systèmes de santé dans le monde. Pour cela, il faudra développer des partenariats significatifs entre les programmes, les communautés affectées et la société civile, y compris le secteur privé. Il est aussi nécessaire de faire des interventions ciblées en faveur des femmes et des enfants et des segments les plus marginalisés de la population. Il est aussi essentiel d’investir dans des secteurs vitaux des systèmes de santé comme les achats et les capacités des laboratoires. L’Envoyé spécial a aussi insisté sur la nécessité de parvenir à de meilleurs outils en termes de détection, de diagnostic et de traitement de la tuberculose pour les personnes infectées par le VIH et d’intégrer la lutte contre le VIH et la tuberculose aux programmes de lutte contre la pauvreté.
Table ronde 5: Ressources et accès universel – Perspectives et limitations
Responsabilité, durabilité et prévisibilité des ressources devant permettre d’atteindre l’accès universel à la prévention et au traitement du VIH/sida ont été les trois mots clefs de la table ronde de l’après-midi, intitulée « Ressources et accès universel – Perspectives et limitations », que présidait le Ministre de la santé de l’Islande, M. GUDLAUGUR THOR THORDARSON.
Sans ces ressources, le monde ne sera pas en mesure de réaliser l’accès universel aux services de soins et de prévention du VIH/sida, a déclaré le Ministre. En 2010, 10 millions de personnes auront besoin d’un traitement antirétroviral, mais seulement 5 millions en bénéficieront, a-t-il affirmé. De même, d’ici à 2010, les besoins financiers pour garantir l’accès universel atteindront 40 milliards de dollars, tandis qu’ils se situeront entre 35 et 49 milliards en 2015, a-t-il ajouté. Ainsi, afin de combler ce fossé, les engagements des donateurs internationaux doivent être honorés et de nouveaux doivent être pris.
Le Ministre a en particulier estimé que le moment était peut-être venu d’établir une assurance santé internationale. Les Nations Unies pourraient, a-t-il estimé, mettre en œuvre un tel mécanisme qui obligerait les États Membres à payer une cotisation. Une telle solution permettrait d’assurer l’avenir et le financement du Fonds mondial, a-t-il expliqué.
M. DANIEL KWELAGOBE, Ministre des affaires présidentielles et de l’administration publique du Botswana, a jugé essentiel d’examiner le fait de savoir si nous avons mobilisé suffisamment de ressources pour réaliser l’accès universel. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a été établi pour fournir aux pays à faible et moyen revenus des financements additionnels, a-t-il déclaré, notant que, pour la première fois, nous sommes en mesure de mobiliser les 10 milliards de dollars prévus. Toutefois, nous réalisons que les exigences actuelles de la lutte contre ces maladies dépassent les 10 milliards de dollars, a-t-il ajouté. Ainsi, pour combler le manque de ressources, les engagements des donateurs doivent être honorés et de nouveaux doivent être pris si nous voulons atteindre notre objectif, a-t-il dit. Le VIH est un problème de développement et est là pour durer, les solutions devant être à long terme et non temporaires, a-t-il expliqué. Il a souligné la nécessité d’adopter une approche multisectorielle pour constituer un cadre propice au partenariat avec le secteur privé, la société civile et les communautés. Le Ministre a indiqué que son pays finançait actuellement plus de 90% de sa réponse nationale, et ce, grâce à des ressources intérieures. Il a précisé que la prévention représentait la solution de son pays pour garantir la prévisibilité des ressources et l’action. Sans de nouvelles ressources additionnelles, nous ne parviendrons pas à l’accès universel d’ici à 2010, a-t-il fait remarquer. Si nous voulons réaliser cet objectif, les règles et les principes directeurs doivent être transparents, a-t-il souligné.
Mme ASIA RUSSEL, du HealthGap, une organisation aux États-Unis qui lutte pour l’accès au traitement du VIH/sida, a indiqué que le coût pour atteindre l’accès universel d’ici à 2010, sera de 40 milliards de dollars par an, les pays développés consacrant environ 10 millions de dollars par an. De grands donateurs parmi les pays du G-8 ont réduit leurs donations, a-t-elle regretté. Mme Russel a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de mobiliser davantage de professionnels de la santé et de la collectivité qui permettent l’accès à la santé, notamment en Afrique subsaharienne. Elle a également estimé que si les investissements sont supérieurs à ceux du passé, ils demeurent néanmoins largement inférieurs aux besoins. Il faut un financement adéquat de la santé, plutôt que de laisser perdurer ces écarts actuels, a-t-elle insisté. Elle a exhorté les gouvernements à mettre en œuvre des plans transparents et responsabilisés et à faire en sorte que les besoins de leurs citoyens soient satisfaits. Elle a également plaidé en faveur d’une participation égalitaire de la société civile, en tant qu’initiatrice mais aussi en tant qu’exécutante des programmes.
M. MICHEL KAZATCHKINE, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a estimé que les investissements réalisés avaient entraîné des résultats positifs. Depuis sa création en 2002, le Fonds mondial a approuvé 572 subventions d’une valeur globale de 10,7 milliards de dollars, dans 136 pays, 60% des programmes concernant l’Afrique subsaharienne et 60% étant liés aux VIH/sida. En 2007, a-t-il ajouté, la contribution du Fonds mondial représentait un tiers de l’aide internationale contre la pandémie, et les deux tiers du financement international contre la tuberculose et le paludisme. Des progrès ont été enregistrés dans la prévention et le traitement, a-t-il dit. Trois millions de personnes bénéficient désormais d’un traitement antirétroviral dans les pays à faible ou moyen revenus, tandis que le taux de contamination a diminué dans certains pays, a-t-il expliqué. Mais il existe un écart, a-t-il ajouté, précisant que nous sommes bien loin de l’accès universel à l’appui, au traitement et à la prévention. Le Fonds mondial estime que la demande exprimée par les pays pour le financement de la lutte contre le VIH/sida est au moins le double de ce qui est actuellement financé, a-t-il dit. Outre un renforcement du système de santé, le Fonds mondial encourage vigoureusement des programmes basés sur l’appropriation nationale, y compris avec la participation de la société civile et du secteur privé. De même, afin d’améliorer l’harmonisation des programmes, le Fonds devra être en mesure d’accepter des stratégies nationales comme bases de financement, une étape, a-t-il précisé, dans la coordination des donateurs, liant la lutte contre le VIH/sida, le renforcement du système de santé et l’alignement sur les processus nationaux.
Lors du débat interactif qui a suivi, la représentante de l’Angola a estimé que l’ONUSIDA devait être plus inclusive et faire participer davantage les représentants de la société civile en vue d’une véritable action. Son collègue de la Zambie a mis l’accent sur la nécessité de s’aligner sur les plans nationaux. En outre, il s’est notamment interrogé sur l’absence de décideurs africains au sein du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le représentant de la Turquie, qui a rappelé que son pays devenait un pays donateur émergeant, a précisé que celui-ci accordait désormais la priorité au secteur de la santé. Sans améliorer les capacités nationales et développer la coopération, notamment Sud-Sud, les pays en développement ne seront pas en mesure de tenir les objectifs, a estimé pour sa part le délégué de l’Égypte.
Pour la représentante de la Namibie, il ne peut y avoir de caractère durable des ressources sans sécurité alimentaire. Son collègue des Pays-Bas a mis l’accent sur la nécessité de trouver des mécanismes de financement novateurs, et évoqué ainsi l’idée d’une assurance internationale de santé. Le délégué du Canada a assuré que les États Membres avaient un rôle clef à jouer pour l’accès universel. Il a dit soutenir l’idée d’un financement prévisible sur le long terme pour la lutte contre le VIH/sida. Son homologue de l’Ouganda a estimé que les pays africains devraient pouvoir investir comme au Botswana. Mais, il a affirmé que les pays les plus affectés étaient aussi ceux qui avaient été les plus touchés par la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI). Le représentant de Cuba a mis l’accent sur les ressources que forment, dans la lutte contre le VIH/sida, le capital humain. Son collègue du Mexique a souligné pour sa part la nécessité d’établir un lien entre le VIH/sida et les comportements sexuels. Si les pays continuent à promulguer des lois qui pénalisent les travailleurs sexuels, nous perdrons l’occasion d’avoir une réponse efficace face à l’épidémie, a-t-il déclaré.
Suite des déclarations
M. LIU QIAN, Vice-Ministre de la santé de la Chine, a affirmé que la lutte contre le VIH/sida était une question vitale stratégique en Chine, liée à la stabilité sociale, à la croissance économique et à la sécurité de l’État. Il a insisté sur les programmes mis en place dans son pays pour le traitement des patients atteints du sida et pour accélérer la prévention de la transmission de la mère à l’enfant. Il a aussi indiqué que le pays avait commencé à traiter les malades du sida par la médecine chinoise, ce qui avait permis de prévenir la détérioration de leur santé. Le représentant a fait valoir que la Chine offrait une assistance sociale aux orphelins du sida et avait formulé, depuis 2006, des politiques préférentielles en ce qui concerne notamment leur éducation et leurs soins médicaux. Par ailleurs, M. Liu a affirmé que son pays faisait la promotion des études scientifiques sur la prévention et le traitement du VIH/sida, soutenait la recherche sur la pandémie, sur les traitements antirétroviraux et sur la résistance aux médicaments. Il a aussi souligné que la Chine était engagée dans une coopération internationale dans ces domaines, avec la pleine participation des ONG, ainsi qu’une coopération bilatérale avec de nombreux pays et associations.
Mme JEANETTE VEGA, Vice-Ministre de la santé du Chili, a rappelé qu’il s’était écoulé sept ans depuis l’adoption de la Déclaration d’engagement. En dépit des progrès accomplis, des lacunes persistent, que ce soit en matière de prévention ou de traitement. C’est d’autant plus vrai pour les pays en développement, a-t-elle regretté. La Vice-Ministre a affirmé qu’il fallait disposer d’informations reflétant la diversité des réalités pays par pays pour mettre en place des politiques de santé appropriées. Le respect de la personne doit s’inscrire au cœur même des campagnes de sensibilisation et de politiques des soins pour tous, a-t-elle poursuivi. Au Chili, l’accès au traitement est gratuit et le dépistage universel, a-t-elle assuré.
M. PAUL RICHARD RALAINIRINA, Secrétaire général du Ministère de la santé et du planning familial de Madagascar, a indiqué que son pays avait répondu à l’appel pour la mise en place un leadership fort dans la lutte contre le VIH/sida. Il a fait part de certains éléments de la réponse nationale malgache, citant la mise en œuvre d’initiatives novatrices de prévention, la création d’un Fonds de solidarité pour le soutien des personnes vivant avec le VIH, ou encore la promulgation de textes et de réglementations protégeant leurs droits. M. Ralainirina a aussi expliqué que Madagascar avait décentralisé la gestion de sa réponse à la pandémie en favorisant une approche focalisée sur les communes selon leur degré de vulnérabilité. En outre, il a parlé de renforcement des activités de communication, recentrées autour d’une communication pour la prise d’initiatives et d’actions qui vise des interventions de proximité. Ainsi, notre taux de prévalence est maintenu à moins de 1%, a indiqué le représentant malgache, tout en soulignant l’importance de rester vigilant. Il s’est dit convaincu que les partenaires financiers devaient considérer l’appui à la réponse à apporter au VIH et au sida comme un véritable investissement à long terme, quel que soit le niveau de prévalence des pays. M. Ralainirina a de plus souhaité que le partenariat avec le secteur privé et la société civile soit renforcé, tout en insistant sur la nécessité d’améliorer les offres de services de santé. Il a déclaré que pour parvenir à vaincre le VIH/sida, il fallait faire preuve de vision stratégique, de volonté politique et de solidarité.
M. MICHAEL VIT, Vice-Ministre de la santé de la République tchèque, a indiqué que son pays mettait actuellement en œuvre son quatrième plan de lutte contre le VIH/sida, qui couvre la période 2008-2012. Le sida posant des problèmes de toute nature à la société dans son ensemble, il convient que tous les secteurs d’activités du Gouvernement soient concernés par le combat contre la pandémie, a poursuivi le Vice-Ministre. M. Vit a ensuite expliqué que les traitements antirétroviraux étaient payés grâce aux ressources du système public de santé. Les ressources supplémentaires générées par ce système pourront être utilisées pour financer des programmes de prévention, a-t-il ajouté. Le Vice-Ministre tchèque a tenu en outre à saluer le rôle, qu’il a qualifié d’« irremplaçable », des organisations non gouvernementales, réunies dans son pays dans le cadre d’un forum de prévention d’ONG spécialisées. Enfin, M. Vit a rappelé l’engagement de la République tchèque de stabiliser d’ici cinq ans la pandémie et de mettre fin à l’augmentation des cas de VIH/sida.
M. BATHIYOR NIYAZMATOV, Vice-Ministre de la santé de l’Ouzbékistan, a indiqué que la protection de la santé du peuple ouzbèke constituait une priorité de son gouvernement, comme le prouvent la proclamation de 2005 comme Année de la santé et de 2008 comme Année de la jeunesse. L’Ouzbékistan a pris tout naturellement des mesures pour limiter la propagation de la pandémie, a indiqué M. Niyazmatov. Un Comité de coordination nationale a été établi, qui chapeaute les principaux organismes chargés de la lutte contre le VIH/sida, que ce soit au niveau gouvernemental ou de la société civile. Par ailleurs, le programme stratégique qui a été lancé pour la période 2007-2011 inclut les dispositions de la Déclaration d’engagement et de la Déclaration politique. Un travail important a été également fait au niveau de la prévention et de la sensibilisation pour promouvoir des pratiques sûres. Le Vice-Ministre a mentionné que dans le rapport du Secrétaire général, il est démontré que les progrès réalisés dans de nombreuses régions du monde dépendent avant tout des montants et de la qualité des ressources affectées à la lutte contre le VIH/sida. Il a donc lancé un appel au renforcement de ces ressources.
M. THOMAS ZELTNER, Directeur de l’Office fédéral de la santé publique de la Suisse, a noté les développements positifs survenus depuis 2001, tout en avertissant qu’il ne fallait pas baisser la garde. Il a en effet souligné que des défis majeurs persistaient notamment en matière de prévention. Il a aussi affirmé que la stigmatisation et la discrimination continuaient d’aggraver la situation des femmes, des enfants, des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, des travailleurs du sexe, des consommateurs de drogue, des personnes vivant avec le VIH et de leurs familles. Il a déclaré que la Suisse attachait une grande importance à la promotion et la protection des droits de l’homme et a souhaité que l’égalité des sexes soit au cœur de toute action de lutte contre le VIH/sida. Toute personne, a-t-il estimé, devrait avoir un accès équitable et sans restriction à l’éducation, à l’information, au pouvoir de décisions, aux services d’accompagnement, de conseil, de dépistage et de santé reproductive et sexuelle. M. Zeltner a également souligné que ces efforts devraient aller de pair avec le renforcement des systèmes de santé et des capacités nationales et communautaires. S’agissant de son propre pays, M. Zeltner a fait remarquer que la Suisse connaissait une légère diminution de la prévalence du VIH/sida, mais que cela cachait une augmentation des nouvelles infections au sein des groupes à risque. Il a expliqué que la Suisse avait donc ciblé ses campagnes en faveur des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, qui semblent lassés par l’utilisation du préservatif et ne perçoivent plus le VIH comme une infection mortelle. Il a par ailleurs fait part du succès des interventions en faveur des consommateurs de drogue. Sur le plan international, le représentant a indiqué que la Suisse prenait davantage en compte la problématique du VIH/sida dans ses activités de coopération.
M. MIGUEL FERNANDEZ GALEANO, Vice-Ministre de la santé de l’Uruguay, a déclaré que son pays avait un taux de prévalence du VIH/sida de 0,45%, un taux relativement bas, mais qui augmente parmi les populations à risque. L’Uruguay a mis en place des mécanismes de lutte, comme une Commission nationale de santé sexuelle et génésique, qui est chargée de coordonner son action contre le VIH/sida. En outre, un plan stratégique a été adopté par le Gouvernement uruguayen l’an dernier. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés à ce jour, l’Uruguay doit faire face cependant à de nombreuses carences, notamment en ce qui concerne la promotion de pratiques sûres, que ce soit dans les comportements sexuels ou la consommation de drogues par voie intraveineuse, a dit M. Fernandez Galeano. Le Vice-Ministre a cependant fait remarquer que le statut de son pays, considéré comme à revenu intermédiaire, ne lui avait pas permis jusqu’à présent de bénéficier du soutien du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Il s’est dit toutefois satisfait de la réévaluation des critères pris en compte jusqu’à présent dans le classement économique des États. Au plan national l’Uruguay va multiplier ses campagnes publiques de lutte contre la pandémie, a assuré le Vice-Ministre en concluant son intervention.
Mme SPECIOSE BARANSATA, Vice-Ministre chargée de la lutte contre le sida du Burundi, a indiqué que son pays avait une prévalence de 3,57% du VIH et que l’épidémie se féminisait de plus en plus. Elle a expliqué qu’en 2001, le Burundi avait mis en place un cadre institutionnel pour une approche multisectorielle et décentralisée de lutte contre la pandémie. La Vice-Ministre a également fait observer que le pays s’était doté d’un ensemble d’outils dont des politiques, des plans et des guides qui orientent l’action des intervenants. Ainsi, elle a expliqué que le Plan d’action 2007-2011 couvrait quatre axes stratégiques: la réduction de la transmission par le renforcement de la prévention, l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH, la réduction des déterminants de vulnérabilité face au VIH et l’amélioration de la gestion et de la coordination de la réponse nationale. Elle a estimé que les efforts du pays, appuyé par ses partenaires, avaient donné des résultats encourageants. Elle a par exemple constaté que le nombre de centres de prise en charge des traitements antirétroviraux était passé de 6 en 2002 à 53 aujourd’hui et que le nombre de patients recevant un traitement antirétroviral était maintenant de 12 000 contre 600 en 2002. Mme Baransata a toutefois admis que des défis majeurs demeuraient alors que plus de 16 000 personnes attendent toujours un traitement et que les 230 000 qui sont infectées finiront par en avoir besoin aussi. Il a en conclusion appelé les donateurs à appuyer les efforts du Burundi dans la mise en œuvre de son Plan stratégique national de lutte contre le sida.
M. MELITON ARCE RODRIGUEZ, Vice-Ministre de la santé du Pérou, a rendu compte des détails du Plan stratégique multisectoriel contre le VIH/sida que son pays a adopté. Le Plan vise, a-t-il expliqué, à réduire d’ici à 2011, le taux de prévalence actuel, qui est de 0,6%; à diminuer de 50% le taux d’incidence parmi les groupes vulnérables, et à réduire la transmission verticale de 14% à moins de 2%. Dans ce cadre, le Vice-Ministre péruvien s’est félicité que les tests de dépistage appliqués aux femmes enceintes soient passés de 31% du total de ce segment de la population en 2004 à 71% en 2007. Aujourd’hui les traitements antirétroviraux sont offerts gratuitement et complètement pris en charge par le budget national, a indiqué M. Arce Rodriguez.
La coopération du Fonds mondial et d’autres contributions demeurent nécessaires, mais ces actions devraient plutôt dans l’avenir se diriger vers les secteurs de l’assistance technique, de la prévention, de la promotion et du renforcement des services de santé, a estimé le Vice-Ministre. Il a ajouté que les très difficiles tâches de prévention se font en collaboration avec le secteur de l’éducation. Il a ensuite fait part des efforts régionaux, en indiquant que son pays participe aux négociations de la sous-région andine sur l’achat des antirétroviraux pour en réduire le prix d’achat. Le Pérou est également membre du Secrétariat technique du Groupe de la coopération technique horizontale chargé de surveiller l’exécution des plans mis en place par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes contre la pandémie de VIH/sida.
M. JOSE VIEIRA DIAS VAN-DUNEM, Vice-Ministre de la santé de l’Angola, a fait état d’un taux de prévalence relativement bas de l’infection par le VIH/sida dans son pays, soit moins de 3%. Il a ensuite indiqué qu’un plan stratégique national avait été adopté pour lutter contre la pandémie, qui a été élaboré en consultation avec l’armée, les malades du sida, le secteur privé et la société civile. En outre, en 2004, 2005 et 2007, des études nationales ont été menées pour déterminer la prévalence parmi les femmes enceintes, ce qui a permis de conclure à une féminisation de la pandémie et de mieux comprendre la dynamique de celle-ci dans le pays, a indiqué le Vice-Ministre. Le Gouvernement de l’Angola, a-t-il dit, a élargi l’accès gratuit des patients aux traitements antirétroviraux. Les efforts du Gouvernement se heurtent cependant à des difficultés qui résultent du manque de ressources humaines pour assurer le suivi des 182 000 malades enregistrés en Angola, a précisé M. Dias Van-Dunem.
Mme TERTTU SAVOLAINEN, Secrétaire d’État au Ministère de la santé et des affaires sociales de la Finlande, a insisté sur l’importance de la prévention de base, s’inquiétant que les services dans ce domaine et la connaissance quant aux risques posés par le VIH ne soient pas disponibles pour de nombreux Finlandais et particulièrement les jeunes. Face à une pandémie qui est encore en pleine expansion, il faut intensifier les efforts de lutte et mettre l’accent sur la prévention en s’assurant que les groupes vulnérables sont impliqués dans les programmes, a-t-elle ajouté. Pour répondre à la féminisation de la maladie, Mme Savolainen a suggéré d’investir en faveur des femmes et des filles, dans leur éducation et dans l’amélioration de leur santé et de leur statut social. Elle a plaidé pour que des investissements accrus soient faits dans les systèmes de santé et dans les ressources humaines nécessaires à la lutte contre le VIH/sida. Mme Savolainen a aussi souligné l’importance du rôle que pourrait jouer la société civile pour mettre en œuvre les mesures de lutte contre le VIH/sida. Elle a jugé inacceptable, sept ans après l’adoption de la Déclaration d’engagement, que la majorité des toxicomanes, des hommes ayant des relations avec d’autres hommes, des travailleuses du sexe, des prisonniers, des migrants et de nombreuses femmes et enfants n’aient toujours pas accès à de véritables outils et services de prévention. La Secrétaire d’État finlandaise a enfin estimé que les personnes vivant avec le VIH/sida devaient jouir de tous leurs droits de l’homme, sans stigmatisation et discrimination.
M. HUMBERTO SALAZAR, Directeur exécutif du Conseil présidentiel sur le sida de la République dominicaine, a indiqué que dans son pays, le taux de prévalence du VIH/sida est passé aujourd’hui à 0,8%, contre 1% en 2002. Le pays a concentré ses efforts dans la détection précoce et l’acquisition des antirétroviraux, a dit M. Salazar. Depuis 2005, le taux des médicaments que l’État fournit gratuitement est passé de 11,9 à 29,1% pour les adultes et de 24,4 à 46% pour les enfants. Reconnaissant la féminisation de l’épidémie, la République dominicaine met un accent particulier sur la protection des enfants, des jeunes gens et des femmes en promouvant leurs droits, en luttant contre la discrimination, et en défendant leur plein statut de citoyen. Le Gouvernement dominicain défend aussi l’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes, en promouvant les droits sexuels et les droits de reproduction des femmes.
M. SERIK AYAGANOV, Membre du Parlement du Kazakhstan, a indiqué que, dans le souci de renforcer la lutte contre le VIH/sida, le Gouvernement kazakh avait amendé certaines de ses législations pour pouvoir améliorer la qualité des soins dispensés aux malades. Des résultats encourageants ont déjà été obtenus dans la surveillance épidémiologique, ce qui s’est traduit par un accroissement de demandes de dépistage volontaire, a indiqué M. Ayaganov. En outre, la question du VIH/sida a été inscrite dans la plupart des documents stratégiques nationaux, y compris le Plan « Kazakhstan-2030 » et le Programme de réforme du système de santé et du développement pour la période 2005-2010. Le Gouvernement ambitionne aussi de garantir la gratuité des soins à tous les malades du VIH/sida, a poursuivi le parlementaire. Il a fait part du rôle important joué par la société civile dans l’élaboration des politiques de santé publique, 78 ONG travaillant actuellement en coopération avec les autorités kazakhes dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida.
M. PANAGIOTIS SKANDALAKIS, Membre du Parlement de la Grèce, a fait part des principaux éléments de la réponse au VIH/sida dans son pays. Il a déclaré qu’en dépit d’un bas taux de prévalence, la Grèce n’avait épargné aucun effort dans la lutte contre le VIH/sida. En 2007, la Grèce a mis à jour sa stratégie en la matière et élaboré un plan d’action national, a-t-il indiqué. Ce plan, a-t-il précisé, met l’accent sur les politiques de prévention, la lutte contre la discrimination ainsi que l’amélioration des traitements, des soins et de l’appui. M. Skandalakis a assuré que son pays était attaché à renforcer la coopération entre les autorités et la société civile afin de réaliser pleinement les droits fondamentaux de tous. Par ailleurs, le parlementaire grec a indiqué que son pays avait dépensé 45 millions d’euros en 2007, principalement pour des campagnes de sensibilisation, les traitements antirétroviraux et le financement d’ONG. Enfin, il a affirmé que les parlementaires avaient un rôle important à jouer dans la lutte contre le VIH/sida en suivant de près les actions entreprises par le Gouvernement et en faisant la promotion d’une réponse basée sur les droits de l’homme.
S’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. ABDUL KALAM AZAD, Ministre de la santé et de la famille du Bangladesh, a rappelé que tandis que 1 million de personnes supplémentaires avaient bénéficié de traitements antirétroviraux en 2007, 2,1 millions d’autres étaient mortes du VIH/sida. La pandémie est devenue non seulement un problème de santé publique dans les pays les moins avancés, mais aussi un problème de développement. Si les ressources mobilisées jusqu’à présent sont encourageantes, elles demeurent néanmoins insuffisantes pour permettre à ces pays de réaliser l’Objectif du Millénaire pour le développement qui correspond à la progression de la lutte contre le VIH/sida. Une aide supplémentaire de la communauté internationale est donc plus que jamais indispensable, l’accent devant être mis sur des mécanismes du type UNITAID ou la Facilité internationale d’achat de médicaments. Le Ministre a ensuite expliqué que l’une des difficultés auxquelles se heurtaient les PMA était les dispositions actuelles du régime juridique international, qui n’est pas favorable aux transferts de technologies. Or ceux-ci sont de nature à faciliter le développement des médicaments génériques pour les pays les plus pauvres, a souligné M. Azad. S’exprimant ensuite en sa qualité de représentant du Bangladesh, M. Azad a déclaré que son pays figurait parmi ceux dont la prévalence était la plus basse, puisque le taux est inférieur à 1% pour tous les groupes de la population. Ce chiffre est l’aboutissement de politiques de santé publique efficaces adoptées depuis 1985, a affirmé le Ministre.
M. TAPUWA MAGURE, Chef du Conseil national sur le sida au Zimbabwe, a rappelé que l’Afrique subsaharienne demeurait la région la plus affectée par le VIH/sida au monde. Il a indiqué que la pandémie avait été déclarée « catastrophe nationale » au Zimbabwe et qu’une réponse multisectorielle avait été mise en place pour lui faire face dans le pays. M. Magure a expliqué que le cadre stratégique zimbabwéen de lutte contre le VIH/sida pour 2006-2010 avait été élaboré avec toutes les parties prenantes, dont la société civile, le secteur privé et les représentants communautaires. Son but est d’aider le pays à parvenir à l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui, a-t-il ajouté. S’agissant de la prévention, il a assuré que les mesures prises pour prévenir la transmission de la mère à l’enfant avaient été étendues à tous les districts du pays et que des efforts avaient été faits pour renforcer le dépistage, notamment par un service mobile de conseils. Il a aussi indiqué que l’éducation en matière de VIH/sida avait été intégrée au cursus scolaire. En ce qui concerne le traitement, M. Magure a indiqué que les centres de soins avaient été décentralisés pour améliorer l’accessibilité aux thérapies antirétrovirales. Il a précisé que 105 000 personnes bénéficiaient de traitements antirétroviraux au Zimbabwe, mais que 300 000 personnes supplémentaires avaient besoin de ces médicaments. En outre, il a assuré que le Gouvernement était en train de renforcer les systèmes de santé afin d’étendre la couverture en matière de traitement. Le représentant a admis que la fourniture d’une thérapie abordable était un défi pour son pays, bien que des compagnies pharmaceutiques produisaient localement des antirétroviraux. Il faut considérablement augmenter leurs capacités pour répondre à la demande, a-t-il souligné, en appelant les partenaires à assister le Zimbabwe dans cette tâche.
M. PRAT BOONYAWONGVIROT, Secrétaire permanent au Ministère de la santé publique de la Thaïlande, a rappelé que la réponse donnée par son pays à l’épidémie du VIH a été reconnue au niveau mondial comme une grande réussite. Au début des années 90, il y avait 130 000 nouveaux cas d’infection, mais grâce à des efforts coordonnés pour les programmes de prévention et une ferme détermination, la prévalence du VIH a fortement baissé. Pour atteindre l’objectif de l’accès universel d’ici à 2010, la Thaïlande a adopté une stratégie préventive visant à réduire le nombre de nouvelles infections de moitié d’ici à 2010. Cette stratégie vise cinq groupes vulnérables, comme les couples dysfonctionnels, les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, les toxicomanes utilisant des drogues injectables, les femmes travaillant dans l’industrie du sexe et leurs clients, ainsi que les jeunes. Parmi les mesures proposées, il y a le conseil et le dépistage, l’éducation sexuelle, la promotion du préservatif et un programme d’utilisation de la méthadone. L’utilisation du préservatif est passée de 30 à 60% chez les jeunes, a-t-il précisé. La Thaïlande s’est aussi engagée à fournir un accès universel aux traitements antirétroviraux et plus de 180 000 patients y ont déjà accès.
M. MURRAY PROCTOR (Australie) a rappelé, à la suite du Secrétaire général, que le nombre de personnes infectées par le VIH/sida était 2,5 fois supérieur au nombre de personnes recevant des traitements antirétroviraux. Il a estimé que le temps des demi-mesures était passé, et qu’il fallait désormais prendre appui sur les ressources et les connaissances disponibles pour mettre fin à la pandémie de VIH/sida. Pour sa part, l’Australie a obtenu des succès significatifs grâce à des efforts de prévention centrés sur les groupes vulnérables, a dit M. Proctor. Nous avons aussi adopté une approche pragmatique, en distribuant des seringues et des aiguilles stérilisées aux toxicomanes, ce qui a permis d’éviter l’infection d’environ 25 000 personnes, s’est félicité le représentant australien. Grâce à un partenariat avec la coalition des entreprises d’Asie-Pacifique, le Gouvernement australien a aussi été en mesure d’amener le milieu des affaires à répondre à la pandémie de VIH/sida, a encore souligné le représentant.
M. LOUIS-CHARLES VIOSSAT, Ambassadeur de la France chargé de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles, s’est réjoui des résultats obtenus ces dernières années dans la lutte contre le VIH. Il a estimé que cela avait été rendu possible grâce à la mobilisation personnelle de nombreux chefs d’État qui, ensemble, ont présidé à la création d’instruments innovants, tels que le Fonds mondial ou UNITAID, et à la levée massive de financement. Il a affirmé que les progrès réalisés devraient encourager la communauté internationale à intensifier ses efforts pour faire reculer l’épidémie et parvenir à l’objectif d’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’appui en matière de VIH. Par ailleurs, M. Viossat a noté qu’en France le sida avait commis ses pires ravages chez les homosexuels, les usagers de drogues intraveineuses et les femmes migrantes. Face à ce constat, il a expliqué que son pays avait ciblé ces groupes, en collaboration avec des associations et en apportant des adaptations au droit. Ainsi, la part des usagers de drogues dans les nouvelles infections en France est passée de 30% à moins de 2%, a-t-il indiqué. M. Viossat a déclaré que l’approche d’interventions de santé adaptées aux besoins des minorités était formidablement payante contre le VIH/sida. En outre, le représentant a insisté sur la nécessité d’intensifier les efforts de recherche pour un vaccin mais aussi pour les microbicides et les méthodes de prévention. Il a toutefois déclaré que les progrès ne seraient possibles qu’en mettant en place des mécanismes pérennes et stables de financement adaptés, tels que la contribution de solidarité sur les billets d’avion, dans le cadre d’UNITAID. La France continuera de promouvoir, dans le cadre de sa présidence de l’Union européenne, le développement et la mise en place de dispositifs de couverture du risque maladie adaptés à la diversité des pays et à même de renforcer les systèmes de santé.
M. LENNARTH HJELMAKER, Ambassadeur sur la question du VIH/sida au Ministère des affaires étrangères de la Suède, a estimé que la pleine jouissance par tous des droits de l’homme doit être la base de la réponse à la pandémie du VIH/sida. L’appui de la Suède aux pays qui en ont besoin, a-t-il précisé, n’est pas seulement financier mais consiste surtout à faire ce qu’il faut et à le faire de manière efficace. L’Ambassadeur sur la question du VIH/sida du Ministère suédois des affaires étrangères a voulu que l’on lorsque l’on parle de prévention, l’on évoque des questions telles que la sexualité, l’homosexualité, l’usage de la drogue, la prostitution ou encore les migrations. La prévention, a-t-il insisté, est une question de pouvoir entre hommes et femmes, entre parents et enfants et entre riches et pauvres. La prévention doit cibler les personnes déjà infectées, et pas seulement les femmes enceintes séropositives. L’accès aux préservatifs masculins et féminins est crucial, la recherche sur de nouvelles technologies aussi, comme les vaccins ou les microbicides. En outre, les jeunes gens doivent avoir accès à une éducation sexuelle et à des services qui ne les intimident pas, a dit M. Hjelmaker.
Les inégalités entre les sexes sont un moteur de la propagation de la pandémie, a poursuivi l’Ambassadeur. Le VIH et le sida sont des questions de droits et de justice, et répondre aux besoins des groupes vulnérables est essentiel. Les pays développés, a-t-il aussi estimé, ont la responsabilité première de mettre en œuvre des bonnes pratiques pour lutter contre la discrimination. Les restrictions aux voyages et à l’octroi de visas doivent être levées. Nous avons besoin d’une réponse efficace, d’un engagement à long terme et d’un financement soutenu. Les interventions en matière de VIH et de sida doivent faire partie de l’Agenda plus large du développement, a-t-il préconisé. La question du VIH/sida doit entrer dans la vie quotidienne, à l’école, sur le lieu de travail et à l’église. Le rôle de la société civile est essentiel et la participation active et significative de personnes vivant avec le VIH ou malades du sida est la clef de la réussite des efforts déployés. Lennarth Hjelmaker a conclu en espérant que de nombreux pays auront compris la force et l’impact que peut avoir un effort conjoint.
M. NAWAB MUHAMMAD YUSUF TALPUR (Pakistan) a estimé à 85 000, le nombre de personnes qui vivent avec le VIH dans son pays dont le taux de prévalence est à moins de 1%. Il a ajouté que le passage à une faible prévalence à une épidémie concentrée est attribuable à l’augmentation de nouveaux cas d’infection, en particulier parmi les usagers de drogue par injection. La proportion de l’épidémie parmi les travailleurs du sexe et les jeunes chômeurs continue aussi d’augmenter, a-t-il reconnu.
La réponse du Gouvernement, a-t-il indiqué, a été la coordination des efforts du Gouvernement et des donateurs bilatéraux et multilatéraux, le système de l’ONU et la société civile. Un programme de 30 millions de dollars a été lancé pour la période allant de 2003 à 2008 et la société civile porte désormais le fardeau de la mise en œuvre avec le secteur public. L’expansion de la société civile a conduit à l’émergence de réseaux tels que le consortium provincial et le consortium national contre le sida qui jouent un rôle crucial dans la facilitation et la coordination des efforts. Le représentant a conclu en soulignant que la question du VIH/sida ne peut être traitée uniquement comme une question de santé. Il s’agit d’une question économique, sociale et de développement. En conséquence, la lutte contre le VIH/sida doit aller main dans la main avec celle contre la pauvreté, a-t-il insisté.
Mme ZEBO YUNUSOVA, Chef du Département de la santé du Tadjikistan, a souligné que même si son pays enregistrait un faible taux de prévalence, il n’en était pas moins confronté à une augmentation des cas. Des objectifs sont identifiés pour tenter de garantir un accès universel d’ici à 2010 au traitement, à la prévention et à l’appui. Sur cette base, un programme national de lutte contre l’épidémie de VIH/sida pour 2007-2010 a ainsi été élaboré. Ce programme se concentre en particulier sur la prévention pour les groupes les plus vulnérables, ainsi que sur la thérapie. Mme Yunusova a cependant précisé que la mise en œuvre du programme national souffrait d’un manque de financements intérieurs, mais aussi de ressources de la part des bailleurs de fonds.
M. SAMVEL GRIGORIAN, Chef du Centre national de prévention du VIH/sida de l’Arménie, a déclaré que son pays avait mis en place un cadre de mesures pour lutter contre le VIH/sida ainsi qu’une autorité nationale de coordination. Il a aussi dit qu’en 2007, l’Arménie avait approuvé son deuxième plan quinquennal de réponse à la pandémie, qui inclut la participation très large de toutes les parties prenantes, dont les personnes vivant avec la maladie. Il a affirmé qu’au cours des dernières années, l’approche à la prévention avait changé. M. Grigorian a mis en avant l’introduction de programmes d’éducation dans les écoles pour faire la promotion de comportements plus sûrs et celle des programmes mis en place en faveur des populations les plus à risque. Il a affirmé que cela avait permis de réduire la propagation du VIH parmi les groupes vulnérables et de leur donner meilleur accès aux moyens de prévention. Ainsi, il a indiqué que le niveau des connaissances sur le VIH/sida avait augmenté au cours des deux dernières années parmi les toxicomanes, les travailleurs du sexe et les hommes ayant des relations avec d’autres hommes. Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’appui que fournit le Fonds mondial dans la mise en œuvre du programme national sur le sida en Arménie. Il a indiqué que grâce à ce programme, 90 patients recevaient un traitement antirétroviral et que toutes les femmes enceintes séropositives avaient reçu des mesures de prévention de la transmission de la mère à l’enfant au cours des quatre dernières années.
Mme SANDRA ELISABETH ROELOFS, Première Dame et Envoyée spéciale du Président de la Géorgie, a indiqué que la Géorgie avait une faible prévalence du VIH/sida mais était également un pays à haut risque en raison des flux de migration et de transit. Elle a souligné que la Géorgie était un des seuls pays parmi les États à faible et moyen revenus à garantir un accès universel à 75% des personnes vivant avec le VIH/sida. Mme Roelofs a de plus expliqué qu’en plus d’être la Première Dame de Géorgie, elle était désormais devenue infirmière et était déterminée à travailler dans cette profession. J’ai décidé que mon salaire serait versé en faveur des programmes de réduction des risques posés par le VIH mis en œuvre dans le pays, a-t-elle ajouté. Elle a précisé que les programmes pour les toxicomanes étaient de petite échelle à l’heure actuelle car il était difficile de convaincre la population et le gouvernement de leurs effets positifs. Mme Roelofs a par ailleurs mentionné le lien entre les maladies infectieuses et les conditions de vie, affirmant qu’avec une croissance économique de 15% par année, la Géorgie était déterminée à lutter contre la pauvreté au cours des cinq prochaines années. Elle a aussi insisté sur le rôle des systèmes d’assurance de santé, notant que la population était ainsi obligée d’adopter des comportements responsables, sur le modèle du port de la ceinture en ce qui concerne la conduite routière. Enfin, a déclaré Mme Roelofs, les gouvernements devaient démontrer leur engagement en augmentant l’allocation budgétaire destinée aux systèmes de santé.
Mme MARIE FRANCE PURUHENCE, Secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) de la République du Congo, a indiqué que le nombre de personnes séropositives au Congo est estimé à 140 000 pour 3,5 millions d’habitants soit un taux de prévalence de 4,1%. En dépit de l’insuffisance des ressources, a-t-elle ajouté, le Congo s’est résolument engagé dans la voie de l’accès universel aux services de prévention, de soins et de soutien psychologique. Il a aussi pris d’importantes mesures comme celles relatives à la gratuité des antirétroviraux et des examens de suivi biologique de l’infection au VIH. Le nombre de sites de dépistage est passé de 6 en 2006 à 66 en 2008, a indiqué Mme Puruhence. À cela s’ajoutent 28 centres de prise en charge globale des personnes séropositives.
La Secrétaire exécutive du CNLS a aussi relevé qu’en 2007, sur un total de 4 607 femmes enceintes ayant bénéficié de conseils et de dépistage du VIH, 5,6% se sont révélées séropositives. Mais, a-t-elle reconnu, le taux de couverture des personnes vivant avec le VIH reste encore faible, car 7% seulement du total estimé des malades bénéficient d’une prise en charge. Sur 30 000 personnes qui ont besoin d’être sous antirétroviraux seules 8 843 sont suivies dont 7 605 sont sous traitement. La Secrétaire exécutive a donc appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts, en soulignant que le succès de la lutte contre le VIH/sida passe par une synergie et une cohérence des interventions de l’ensemble de la communauté internationale.
M. FRED T. SAI, Conseiller présidentiel sur la santé reproductive et le VIH/sida du Ghana, a affirmé que son pays avait lancé un nouveau programme destiné à augmenter le nombre de personnes bénéficiant de thérapies antirétrovirales. Le pays est confronté à plusieurs défis comme celui de permettre l’augmentation de l’accès des enfants au traitement antirétroviral. Les organisations de la société civile ont participé aux mesures prises, a-t-il dit, regrettant toutefois que ces associations aient vu leur financement réduit. M. Sai s’est dit préoccupé par la stigmatisation et la discrimination dont sont l’objet les personnes séropositives, et a noté que des efforts de sensibilisation étaient entrepris pour lutter contre ce phénomène. Il a par ailleurs mis l’accent sur le problème que représente le manque de ressources humaines, ainsi que la fuite des cerveaux. M. Sai a, avant de conclure, souligné la nécessité de mettre l’accent sur l’éducation et la santé pour lutter plus efficacement contre la pandémie et progresser vers la réalisation des objectifs de développement.
M. HOWARD NJOO, Directeur général de l’Agence de santé publique du Canada, a estimé qu’il était impossible d’accomplir des progrès concrets sans accroître et coordonner les mesures mondiales, y compris la participation des populations touchées à l’élaboration des stratégies de lutte antisida. L’intervenant a ensuite insisté sur la valeur du savoir local, des expériences vécues et de l’inclusion des personnes atteintes du VIH/sida pour combattre la pandémie. Le Canada appuie la participation de la société civile aux travaux de l’ECOSOC ainsi qu’au sein du Conseil de coordination du programme de l’ONUSIDA, a encore dit M. Njoo. Il a déclaré qu’il était essentiel de mieux connaître la façon dont les personnes contaminées font face à cette maladie afin de lutter efficacement contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/sida. Il est en outre indispensable de maintenir une action constante en matière de lutte antisida, pour éviter une recrudescence de la maladie au sein des populations à risque où les taux d’infection avaient déjà été stabilisés, a prévenu M. Njoo. Il a estimé que la prévention auprès des personnes séropositives doit devenir un volet de plus en plus important de la lutte à l’échelle mondiale.
M. GABRIEL THIMOTHÉ, Directeur général du Ministère de la santé publique et de la population d’Haïti, a affirmé qu’en dépit des turbulences sociopolitiques qu’a connues son pays au cours des cinq dernières années, celui-ci avait pu consolider des acquis tangibles dans la lutte contre le VIH/sida en maximisant l’effort national et la solidarité internationale. Des interventions novatrices ont été entreprises afin de contrôler l’épidémie et ont permis d’obtenir des résultats significatifs, a-t-il dit. Le profil épidémiologique a montré une réduction progressive de la prévalence du VIH qui est passée de 6,5% en 1993 à 2,2% en 2007 avec une nette tendance à la féminisation, ce qui, a-t-il ajouté, justifie la formulation de stratégies mieux adaptées. De l’avis de M. Thimothé, le succès du Programme national de lutte contre le VIH/sida n’occulte pas les grands défis. En effet, la « multisectorialité » tarde à se matérialiser par l’implication effective des ministères sectoriels. La coordination des interventions demeure un souci majeur pour le Gouvernement qui priorise la synergie des actions et la responsabilisation des ressources, a-t-il ajouté.
Mme MILENA STEVANOVIS, Coordonnatrice nationale du VIH/sida de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a affirmé que son pays connaissait un très faible taux de prévalence du VIH/sida, même si le nombre d’infections augmentait dans la région. La mise en œuvre de la stratégie nationale a contribué notamment à un renforcement des capacités du secteur tant gouvernemental que non gouvernemental. La stratégie, a-t-elle dit, met l’accent sur la prévention, le traitement et les soins des personnes séropositives. Mme Stevanovis a estimé que la santé constituait un investissement pour la croissance économique et le développement du pays. Elle a ajouté que le système en vigueur dans l’ex-République yougoslave de Macédoine était centré sur le patient et le citoyen.
M. BABATUNDE OSHOTIMEHIN, Directeur général de l’Agence nationale pour le contrôle du sida du Nigéria, a affirmé que son pays considérait la pandémie de VIH/sida comme un défi important au développement. Le Nigéria, a-t-il rappelé, a organisé deux Sommets de l’Union africaine sur le VIH/sida, l’un en 2001, l’autre en 2006. Ces deux événements ont donné lieu à la Déclaration d’Abuja de 2001 et à l’engagement pris lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au VIH/sida de 2006. Il a également rappelé qu’en 2005, le Nigéria avait mis en place un nouveau cadre stratégique, faisant suite au premier plan multisectoriel qui avait expiré en 2004. De même, les États fédéraux qui composent le pays ont mis en œuvre des plans stratégiques, fondés sur les principes de la stratégie nationale. Différents secteurs, comme ceux de la santé, de l’éducation, de la jeunesse et des affaires féminines, ont eux aussi établi des plans stratégiques, a-t-il dit. M. Oshotimehin a assuré que le Nigéria avait effectué des progrès considérables vers la réalisation de l’accès universel et, par voie de conséquence, vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Tous les efforts menés et les résultats obtenus auraient été vains s’ils n’avaient pas été accompagnés d’une volonté politique forte des différents gouvernements qui se sont succédé, a-t-il affirmé. Enfin, a-t-il estimé, les ressources affectées à la lutte contre le VIH/sida peuvent être étendues au renforcement des systèmes de santé.
M. DAVID KIHULURO APUULI, Directeur général de la Commission sur le VIH/sida de l’Ouganda, a déclaré que le monde était parvenu à la seconde phase de la pandémie de VIH/sida. Toutes les études révèlent en effet que le plus grand nombre d’infections se produit désormais parmi les personnes âgées de plus de 30 ans et les couples mariés. Des études soulignent aussi la normalisation de l’épidémie, qui conduit paradoxalement les individus à retomber dans des comportements à risque, puisque l’arrivée de traitements antirétroviraux plus nombreux et plus efficaces fausse la perception de ces mêmes risques. Notre premier message devrait être: votre premier choix doit être de rester en bonne santé, le recours aux traitements antirétroviraux ne devrait être que le second choix, a déclaré M. Apuuli. Pour permettre cependant d’universaliser l’accès à ces traitements en Ouganda, il a annoncé qu’il sera nécessaire au pays de disposer de ressources supplémentaires, soit près de 700 millions de dollars pour couvrir les besoins de 80% des malades dans les cinq ans à venir.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a déclaré que l’élimination de la pandémie de VIH/sida demeurait un objectif planétaire compte tenu des risques que fait peser la maladie sur les populations et leur développement social et économique. Pour débarrasser les peuples du monde de ce fléau, a-t-il dit, il faut mobiliser davantage de ressources financières et humaines afin de réaliser dans les délais fixés l’objectif d’accès universel.
Évoquant ensuite la situation dans son pays, le représentant a indiqué que le Comité national de lutte contre le sida axait ses efforts sur la prévention, en s’efforçant de sensibiliser les jeunes aux risques. L’information sur le sida, la fourniture de conseils pratiques et la tenue de campagnes de dépistage gratuit sont autant d’éléments qui rendent compte de la nature multisectorielle de la lutte contre le VIH/sida telle qu’elle est pratiquée par la Syrie, a encore dit le représentant. Il a également souligné l’intensification des mesures visant à empêcher la transmission de la mère à l’enfant et à assurer des transfusions sanguines sûres à tous les Syriens. S’agissant des comportements à risque, le délégué de la Syrie a souligné l’importance de l’éducation religieuse pour lutter efficacement contre le sida au sein des groupes de migrants, de toxicomanes et de travailleurs du sexe.
M. MUSTAPHA EL-NAKIB (Liban) a indiqué que le faible taux de prévalence qu’enregistre son pays ne l’a pas empêché d’adopter une politique ferme pour réduire la propagation du VIH/sida. Le Liban, a-t-il dit, a été un des premiers pays de la région à mettre au point un Plan stratégique national qui a fait suite à une approche scientifique et multisectorielle pour stopper la progression de la maladie. Toutefois, a-t-il dit, les évènements douloureux dont le pays souffre toujours ont largement affecté la réalisation des objectifs fixés dans le Plan stratégique. Le représentant a donc appelé la communauté internationale à aider son pays dans la crise actuelle. Alors qu’il est confronté à une lourde dette de plus de 40 milliards de dollars, le Liban n’a pas accès au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida au motif que son PNB est trop élevé.
M. ALI YOUSEF AL SAIF (Koweït) a indiqué que son pays dont le taux de prévalence reste faible, offre gratuitement à tous les patients du VIH/sida les traitements dont ils ont besoin. Dès 1985, le pays a équipé ses banques du sang de la dernière technologie pour éviter des stockages de sang contaminé. Le Koweït, a rappelé le représentant, a été parmi les premiers pays de la région à tenir des conférences sur le VIH/sida qui visaient à familiariser le secteur médical avec les dernières découvertes sur la maladie et les mesures de prévention. Des séminaires étaient tenus en marge des conférences pour sensibiliser tous les groupes de la population. L’OMS, pour sa part, a fait du laboratoire viral du Koweït, le laboratoire de référence pour toute la région de l’est de la Méditerranée, a encore indiqué le représentant.
Le monde est plein de paradoxes, a estimé M. CARSTEN STAUR (Danemark). Huit ans après le début du nouveau Millénaire, de nombreuses femmes ne peuvent toujours revendiquer leur droit sur leur propre corps. Au moins 76% des jeunes gens infectés par le VIH sont des femmes, et ces dernières représentent 61% des adultes infectés en Afrique, soit sept fois plus que les hommes. La discrimination sexuelle, a voulu démontrer le représentant, augmente tout simplement la vulnérabilité des femmes et des filles au VIH/sida. Les préjugés sociaux, l’absence de sécurité financière, le manque d’accès à l’éducation et à l’emploi, sont autant de facteurs qui limitent la capacité des femmes à se protéger du VIH/sida. Aujourd’hui moins de 20% des jeunes gens sexuellement actifs utilisent le préservatif et les jeunes femmes sont trois fois plus vulnérables que les hommes.
La lutte contre les inégalités entre sexes est donc cruciale, a insisté le représentant, en estimant qu’elle l’était tout autant que l’intégration de la prévention du VIH dans les services de santé reproductive. Lutter contre les discriminations et viser les groupes vulnérables, comme les travailleurs du sexe et les usagers de drogues par voie intraveineuse sont des choses essentielles pour améliorer l’accès aux services de santé reproductive et de planification familiale. L’expérience menée par le Danemark au Mozambique a montré la pertinence d’une prévention fondée sur l’information et la formation des jeunes gens, a estimé M. Staur. La lutte contre le VIH/sida, a promis le représentant, restera une priorité stratégique du Gouvernement danois qui compte doubler son assistance d’ici à 2010. Il a aussi rappelé que son pays a pris la direction de l’« Appel pour une action sur l’égalité des sexes et l’émancipation économique de la femme ».
M. YUKIO TAKASU (Japon) a rappelé que le Sommet du G-8 d’Okinawa a initié un plan d’action global et que depuis lors, les dirigeants de ce Groupe ont établi des objectifs quantifiés et lancé le Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Pour relever les défis, nous devons, a dit le représentant, mobiliser davantage d’appui et de ressources par le biais des canaux multilatéraux et bilatéraux. Le Japon, a-t-il rappelé, a déjà fait une contribution de 850 millions de dollars au Fonds mondial et le 23 mai dernier, son Premier Ministre a promis une contribution supplémentaire de 560 millions de dollars. Dans ce cadre, le représentant a jugé important que toutes les parties prenantes du domaine de la santé coordonnent mieux leurs efforts pour éviter les doubles emplois et engranger davantage de résultats.
Le représentant a jugé tout aussi important de renforcer les systèmes de santé et de soins communautaires, en soulignant que c’est la fragilité de ces systèmes qui est le plus grand obstacle à la lutte contre les maladies infectieuses dans les pays en développement. En mai dernier, a-t-il encore rappelé, la quatrième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD IV) a appelé à la formation et à la rétention du personnel de santé comme contribution à la réalisation de l’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la santé visant à doter l’Afrique d’au moins 2,3 agents de santé pour 1 000 habitants. Le Japon s’est engagé à en former 100 000, a souligné le représentant, en promettant que les conclusions de la TICAD IV seront dûment prises en compte par le Sommet du G-8 d’Hokkaido prévu en juillet prochain.
M. JEAN-MARC HOSCHEIT (Luxembourg) a souligné que parmi les priorités sectorielles de la coopération luxembourgeoise figurent la santé et l’éducation. Une grande partie des ressources de l’aide publique au développement (APD) du Luxembourg a été consacrée à des projets et programmes ciblant la lutte contre le VIH/sida et ses co-infections, le renforcement des systèmes de santé et des capacités de gestion de ces derniers, la recherche et le développement des traitements, et les activités de sensibilisation et d’éducation à des comportements sans risque, a indiqué M. Hoscheit. En outre, le Luxembourg s’est engagé en 2007 à soutenir à hauteur de 5 millions d’euros l’Initiative « Aids 2031 » d’ONUSIDA.
Le représentant a aussi rappelé que le thème de la session 2009 du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC), qu’il présidera, sera la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé. Par ailleurs, à l’initiative de l’Union européenne, l’Assemblée mondiale de la santé, a indiqué le représentant, vient d’inscrire un point spécifique sur la mise en œuvre de ces OMD à son ordre du jour. Le représentant a conclu en citant les trois défis à relever en ce qui concerne le VIH/sida pour les années à venir à savoir, l’accès aux services de prévention et de traitement, la qualité des services et un leadership politique fort couplé à une collaboration à tous les niveaux avec la société civile, les ONG et surtout les personnes vivant avec le VHI ou malades du sida.
M. ADEL G.M. ALAKHDER (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que son pays avait été l’un des premiers pays à appuyer les efforts internationaux dans la lutte contre la maladie. C’est dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration politique et de la Déclaration d’engagement que s’inscrivent nos politiques de santé publique. Ainsi, la Libye a créé le Centre Kadhafi pour la lutte contre le VIH/sida, ainsi qu’une Commission de planification des soins de santé, qui a permis d’ouvrir quatre cliniques spécialisées dans la lutte contre la pandémie. « Mon pays a également accueilli différents experts étrangers afin de bénéficier des connaissances extérieures », a souligné le représentant. La communauté internationale doit mobiliser hommes et ressources pour soutenir les efforts déployés dans la lutte contre le VIH/sida, a souligné le représentant.
Mme MARIE YVETTE BANZO-ABALOS (Philippines) a souligné que si le taux des personnes infectées par le VIH aux Philippines stagne en-dessous de 0,1% de la population, la moitié de ces cas n’ont été détectés que ces sept dernières années. En outre, dans le pays, le VIH n’est pas seulement une question de santé publique mais bien de développement affectant chaque aspect des activités humaines. En conséquence, le pays concentre ses efforts sur la prévention. Il a développé des plans à moyen terme pour déterminer où les ressources ont le plus grand impact et à quelles interventions il faudrait donner la priorité. Le travail de lutte contre le VIH/sida ne peut connaître le succès, a averti la représentante, que s’il implique étroitement les communautés et les groupes à risque.
Comme le pouvoir dans le pays est décentralisé, le succès dépend aussi de l’efficacité des gouvernements locaux. Mais la clef du succès réside dans le contrôle et l’évaluation de l’épidémie et l’identification des mesures à prendre pour contenir sa propagation. Le VHI/sida, a dit avoir constaté la représentante, se nourrit de la pauvreté, de l’ignorance, de la discrimination, de la marginalisation sociale et des inégalités entre les sexes. À long terme, la lutte contre ce fléau nécessitera une réponse déterminée et soutenue aux questions plus larges du développement et des droits de l’homme, a estimé la représentante.
Mme BINAGWAHO (Rwanda) a déclaré que son pays ne peut plus se permettre de perdre des citoyens à cause du VIH/sida. À cette fin, la lutte contre la pandémie a été inscrite au cœur des politiques nationales. En outre, au Rwanda, le Gouvernement continue de travailler avec la société civile pour créer un climat synergique susceptible d’atteindre toutes les couches de la société. La reconstruction du pays s’appuie sur le respect des droits de l’homme, la création des opportunités économiques et l’assistance aux groupes vulnérables. Cependant, si le taux de prévalence s’est stabilisé autour de 3%, il ne faut pas oublier qu’il peut augmenter à tout moment. Tant qu’il y aura de l’espace pour de nouvelles infections, nous aurons encore beaucoup de travail, a-t-elle prévenu. Sa délégation estime que le thème retenu pour la Réunion de haut niveau est d’une importance capitale, car l’accès des malades à la prévention et aux traitements est fondamental dans la lutte contre le VIH/sida. Vingt-cinq après, nous devons continuer à nous battre en mobilisant l’appui de la communauté internationale, tant en termes de personnel qualifié que de ressources financières.
M. MILOS PRICA (Bosnie-Herzégovine) a constaté que son pays avait une faible prévalence du VIH, avec seulement 147 personnes séropositives détectées. Il a noté qu’outre les groupes vulnérables, la transmission hétérosexuelle du VIH était dominante dans le pays, comme dans la région dans son ensemble. En dépit de ce taux de prévalence, M. Prica a estimé que la transition sociale, économique et politique actuelle rendait la population vulnérable au VIH. Il a également souligné que les effets dévastateurs de la guerre de 1992-1995 avaient contribué à augmenter cette vulnérabilité en raison des migrations, des lacunes dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux. Il a affirmé que les efforts pour lutter contre le VIH/sida avaient été intensifiés en 2001. M. Prica a rappelé que le Comité consultatif national de lutte contre le VIH/sida avait déclaré 2006 « Année de lutte contre la stigmatisation et la discrimination ». Par ailleurs, il a indiqué que la Bosnie-Herzégovine avait mobilisé un volume substantiel de ressources pour la prévention et le traitement du VIH/sida. Les thérapies antirétrovirales sont gratuites, a-t-il précisé. M. Prica a fait remarquer que le Fonds mondial soutenait le Programme de lutte contre le sida du pays pour élargir les interventions auprès des jeunes et des groupes vulnérables. La Bosnie-Herzégovine, a-t-il assuré, est déterminée à renforcer les efforts de lutte contre la pandémie.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a estimé que la manière la plus efficace de lutter contre la double épidémie du VIH/sida et de la tuberculose est d’adopter une double stratégie qui impliquerait une coordination et une collaboration plus étroites entre les programmes visant ces deux maladies. Il faut, pour ce faire, un niveau élevé d’engagement politique, un leadership fort et une bonne communication à tous les niveaux d’opération. Dans notre lutte, a poursuivi le représentant, il faut se concentrer sur la discrimination qui, en isolant les patients et en les privant de soins, ne peut qu’aggraver l’impact du VIH/sida. Un accès élargi aux traitements antirétroviraux pourrait d’ailleurs contribuer à déstigmatiser la maladie et augmenter la demande de soutien psychologique et de tests.
Après avoir donné le détail des mesures prises par son pays, le représentant a estimé que les valeurs et principes religieux aident les pays à prévenir les comportements sexuels à risque et la dépendance à la drogue. L’islam, a-t-il dit, a joué un rôle important et déterminant en épargnant les sociétés des comportements sexuels dangereux et condamnables qui ont eu des conséquences dévastatrices dans certaines parties du monde. Il a appelé ONUSIDA à reconnaître le potentiel de la culture et de la religion dans ses programmes de prévention. Il a aussi suggéré l’adoption de lois et de règles contre les personnes qui s’adonnent à des comportements contraires à la loi. Il a conclu en attirant l’attention sur le rôle important de la société civile et des ONG.
Mme AURA MAHUAMPI RODRIGUEZ DE ORTIZ (Venezuela), a déclaré que la politique du Gouvernement de son pays était basée sur la défense et le respect des droits de l’homme. L’élimination de la pauvreté est l’une des priorités absolues du Président Chavez, a-t-elle ajouté, expliquant que la lutte contre le sida faisait partie des stratégies nationales de développement et d’amélioration des qualités de vie des citoyens vénézuéliens. La représentante a ensuite vanté l’efficacité des programmes et réseaux des unités de santé, à l’origine des progrès enregistrés en matière de prévention et de sensibilisation des jeunes au risque de la maladie. Elle a rendu hommage à l’appui actif des acteurs de la société civile, rouage qu’elle a considéré comme indispensable à la conduite des campagnes menées sur le terrain et à la fourniture gratuite des préservatifs et des moyens de dépistage.
La représentante du Venezuela a ensuite indiqué que 65 000 personnes vivaient avec le VIH dans son pays, l’essentiel des personnes touchées appartenant aux groupes des hommes de moins de 25 ans ayant des rapports sexuels avec des hommes et des travailleuses sexuelles. Elle a précisé que la grande majorité de ces individus recevaient gratuitement un traitement antirétroviral. Mme Ortiz a ajouté que la gratuité des soins était possible grâce aux achats avantageux de médicaments génériques.
M. NEBOJSA KALUDJEROVIC (Monténégro) a souligné la responsabilité morale qu’ont tous les pays de réaffirmer les engagements pris en 2001 et 2006 et de renforcer les efforts à déployer pour inverser la tendance de l’épidémie. Soulignant que les pays d’Europe de l’Est ont connu le doublement de leur taux de prévalence en moins de 10 ans, le représentant a, par exemple, indiqué que les experts croient que le taux réel de prévalence au Monténégro est 6 à 11 fois supérieur au taux de 0,01% proclamé à ce jour. Pendant les deux premières années et demie de la mise en œuvre de sa Stratégie nationale, le Monténégro a fait des progrès notables dans l’établissement d’un cadre normatif pour la prévention et le traitement du VIH/sida ainsi que pour la fourniture des équipements et des biens essentiels, a dit M. Kaludjerovic.
Mais, a reconnu le représentant, beaucoup reste à faire dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination ainsi que pour combler les lacunes en matière de recherche, de collecte de données, d’expertise technique, de ressources humaines au sein du Gouvernement, de financement et d’implication du secteur privé. Le succès ne sera à portée de main que lorsque la solidarité mondiale mènera à un leadership et à un engagement forts, ainsi qu’à une coopération et une coordination renforcées des efforts de toutes les parties prenantes internationales et nationales, a conclu le représentant.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déclaré que les progrès réalisés dans la lutte contre la pandémie étaient encourageants, mais qu’il fallait les redoubler pour aboutir. Il a estimé qu’un leadership fort devait être mis en place à tous les niveaux pour permettre un accès universel à la prévention, aux traitements et aux soins de santé en particulier. En outre, une réponse efficace à la pandémie doit se fonder sur des mécanismes financiers durables, a souligné le représentant, qui a indiqué que son gouvernement contribue à des programmes de l’UNICEF et d’ONUSIDA, ainsi qu’au Fonds mondial. En outre, a estimé M. Wenaweser, nos stratégies doivent aller au-delà des campagnes et de la mise à disposition de traitements antirétroviraux pour intégrer pleinement les notions de droits de l’homme et d’autonomisation de la femme. Les efforts de sensibilisation doivent aussi s’adresser aux enfants et aux jeunes gens, a conclu M. Wenaweser.
M. DAW PENJO (Bhoutan) a rappelé que son pays a adopté un plan stratégique dès 1989, soit quatre ans avant que le premier cas de VIH ne soit détecté. Aujourd’hui, la voie de transmission la plus commune est la relation hétérosexuelle suivie par la transmission de la mère à l’enfant. Il est possible, a reconnu le représentant, que la rapidité de la mondialisation, le chômage et l’intensification de l’exode rural renforcent substantiellement les comportements à risque des jeunes dans un pays où 60% de la population a moins de 25 ans. Le taux de prévalence reste bas mais compte tenu du petit nombre d’habitants, le VH/sida représente déjà un défi énorme au développement.
En conséquence, le Gouvernement a adopté un nouveau plan stratégique pour garder le taux de prévalence le plus bas possible, intensifier les mesure de prévention et multiplier les interventions auprès des sous-populations vulnérables. Une des mesures prises a été un accès universel à la thérapie antirétrovirale. L’accent sera mis sur les jeunes, les travailleurs du sexe, les usagers de drogues et la population mobile dont les migrants. Les stratégies comprennent des services de santé reproductive et de soutien psychologique ouvertes aux jeunes, l’éducation à la santé reproductive dont le renforcement des capacités de négociations des filles pour convaincre leurs partenaires d’utiliser des préservatifs. Mais, la rareté des ressources demeure un obstacle de taille, a dit le représentant, en espérant un appui financier et technique continu de la part des donateurs.
M. AKEC K. A. KHOC (Soudan) a indiqué que dans son pays, le VIH/sida est désormais perçu comme un problème émergent de développement. Les dernières données montrent un taux de prévalence général de 1,6% et de 2,6% parmi les adultes. Les deux années de mise en œuvre du Plan stratégique, a affirmé le représentant, ont abouti à la gratuité des services de soutien psychologique, des tests et des traitements. Le Gouvernement du Soudan a donné la priorité aux sous-populations à risque comme les prisonniers ou les routiers.
Le pays, a-t-il ajouté, a également formé la coalition des jeunes et des femmes contre le VIH/sida et pour la première fois, le secteur de l’éducation a incorporé un programme d’informations sur le VIH/sida dans le cursus scolaire. Le Gouvernement du Soudan a aussi fait adopter des lois sur les droits des personnes vivant avec le VIH et les malades du sida pour les protéger contre la discrimination, a indiqué M. Khoc. Des groupes ont été formés qui se chargent de leur offrir un appui économique et social. Le Soudan, a souligné le représentant, attend des organisations internationales davantage d’assistance technique et d’aide au renforcement des capacités humaines et des systèmes de santé.
M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a déclaré que son pays privilégiait une approche multisectorielle en matière de lutte contre le sida, impliquant l’ensemble des partenaires sociaux. Le représentant a souligné l’importance de la promotion de l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le virus du sida et de la nécessité de renforcer la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, ce que les autorités du Myanmar s’emploient à faire en s’appuyant sur un réseau de près de 40 cliniques. Le représentant a également attiré l’attention sur les efforts entrepris pour sensibiliser les jeunes aux risques associés à la maladie en les incitant à modifier leurs comportements sexuels. Il a ajouté que l’accent était mis sur le suivi de l’application des mesures de prévention à l’intention des travailleurs du sexe et les utilisateurs de drogues injectables. M. Swe a indiqué que 11 000 malades du sida recevaient un traitement antirétroviral. Les besoins concernent 75 000 patients, a-t-il conclu, en appelant la communauté des donateurs à renforcer son aide aux pays qui en ont le plus grand besoin.
M. COLLIN D. BECK (Îles Salomon) a estimé qu’une approche holistique était indispensable dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida. À cet égard, il est revenu sur la proposition du Groupe des 77 de prendre en compte les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce comme moyen d’universaliser l’accès aux traitements antirétroviraux. Cette stratégie doit être combinée avec des ressources suffisantes et des efforts soutenus pour rééquilibrer le système commercial international. En outre, a ajouté le représentant, il faudrait centrer les campagnes de prévention et de sensibilisation sur les communautés rurales.
M. CHRISTOPHER K.C. LEE (Malaisie) a déclaré qu’en dépit des succès obtenus dans la réduction de la portée de la pandémie de VIH/sida au sein des groupes à risque, la Malaisie continuait de sensibiliser sa population à la nécessité d’adopter des comportements plus sûrs. La promotion des valeurs morales et la détection sont essentielles pour enrager la diffusion du sida, a-t-il dit, ajoutant que depuis 2007 des conférences sur la maladie avaient été organisées au profit de plus de 100 000 jeunes à travers tout le pays. Il s’est en outre félicité de ce que la Malaisie ait réussi à améliorer de manière significative la fourniture gratuite de traitements antirétroviraux dans les prisons et les centres de désintoxication.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déclaré que l’injustice sociale et la pauvreté avaient grandement facilité la propagation de cette maladie. Nous devons donc aborder le problème sous un angle beaucoup plus large, en prenant en compte les questions de santé publique, de développement, de droits de l’homme et de sexospécificité. Il ne peut y avoir de prévention sans un accès universel à l’éducation et à la santé, a poursuivi le représentant, qui a rappelé que l’an dernier, les personnes nouvellement infectées avaient été deux fois et demie plus nombreuses que celles qui ont bénéficié d’un traitement. Il faut mettre l’accent sur la lutte contre la stigmatisation et les préjugés dont sont victimes en particulier les groupes vulnérables. Sur le plan national, le Nicaragua dispose d’outils techniques et juridiques pour endiguer la pandémie, notamment la loi sur la défense et la promotion des droits de l’homme face au VIH/sida, a fait valoir le représentant.
M. AHMED KHALEEL (Maldives) a indiqué qu’en tant que petit État insulaire en développement, son pays avait le plus grand mal à assurer la conduite efficace de programmes de surveillance de la progression de la pandémie de VIH/sida. Le manque de ressources humaines pour mettre en œuvre les stratégies nationales de lutte contre la maladie constitue un obstacle majeur pour les Maldives, a dit M. Khaleel, en souhaitant que l’aide internationale permette à son pays de mettre fin à la propagation du sida comme elle lui a donné les moyens d’éradiquer le paludisme. En conclusion, le représentant a estimé que la dégradation continue de l’environnement à l’échelle planétaire et les effets des changements climatiques risquaient d’intensifier la vulnérabilité des pays aux infections du type de celles causées par le VIH/sida.
M. HENRY MAC DONALD (Suriname) a indiqué que depuis 2004, la réponse au VIH/sida au Suriname avait été guidée par un Plan stratégique quadriennal en faveur d’une approche multisectorielle. Les domaines d’action prioritaires de ce plan sont les suivants: coordination nationale des politiques et renforcement des capacités, prévention de la pandémie, lutte contre les stigmates et la discrimination, information stratégique pour le développement de politiques et de création de services. En outre, dans le cadre de l’approche multisectorielle évoquée, le Suriname œuvre étroitement, au sein du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), qui a été signé en 2007 par le Suriname et les Nations Unies, à l’élaboration de programmes d’appui.
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