ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES ÉTATS MEMBRES ESTIMENT QUE L’ONU PEUT APPORTER UNE RÉPONSE INTÉGRÉE AU DOUBLE DÉFI DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DES OMD
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Assemblée générale
Soixante-deuxième session
82e & 83e séances plénières
Matin, après-midi et soir
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES ÉTATS MEMBRES ESTIMENT QUE L’ONU PEUT APPORTER UNE RÉPONSE INTÉGRÉE AU DOUBLE DÉFI DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DES OMD
L’Assemblée générale a clôturé, ce soir, trois jours d’un débat thématique consacré aux changements climatiques, auquel auront pris part 115 délégations. Les États Membres ont notamment reconnu que les Nations Unies étaient les mieux placées pour apporter une réponse intégrée au double défi que constituent la lutte contre les effets des changements climatiques et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Le Président de l’Assemblée générale, M. Srgjan Kerim, a ainsi souligné qu’il était nécessaire « de mieux comprendre la façon d’intégrer les changements climatiques dans toutes les stratégies nationales de développement ». M. Kerim, dans ses observations finales, a affirmé que ce débat, intitulé « Faire face aux changements climatiques: Les Nations Unies et le monde au travail », avait été l’occasion d’entendre « les raisons impérieuses pour lesquelles les Nations Unies se doivent de promouvoir des partenariats et des approches intégrées avec toutes les parties prenantes intéressées, en particulier le secteur privé et les autorités locales ».
« Une conviction générale ressort du débat selon laquelle les actions nécessaires sont tellement interdépendantes qu’elles ne peuvent résulter que d’efforts collectifs », a-t-il ajouté. Le Président de l’Assemblée générale a estimé que des propositions plus complètes doivent être faites sur la façon d’assurer la cohérence et de promouvoir les synergies au sein du Système des Nations Unies afin de combler les fossés dans la mise en œuvre du régime de la Convention-cadre sur les changements climatiques.
Lors de cette troisième journée de débat, le représentant des Îles Salomon a estimé que l’ampleur des changements climatiques avait dépassé les capacités existantes du système des Nations Unies. Dans ce processus, les principes d’équité et de vulnérabilité ont été dilués au sein du Système, a-t-il affirmé. Il n’existe pas, a-t-il estimé, de direction claire sur la manière dont l’ONU doit répondre aux défis des changements climatiques aujourd’hui, à moyen et à long termes. Il a enfin déploré l’absence d’une institution centrale de l’ONU pour traiter de la question des changements climatiques.
Le délégué de Papouasie-Nouvelle-Guinée a indiqué, pour sa part, être revenu de Bali avec un sentiment d’espoir, notant toutefois que les deux années qui nous séparent de Copenhague, où se déroulera la quinzième Conférence des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques, « risquent d’être très complexes ». Dans la perspective de ce nouveau rendez-vous crucial, le représentant du Danemark a assuré que son pays, qui en sera l’hôte, s’était engagé à travailler étroitement avec tous les États Membres en vue d’atteindre un « accord ambitieux, répondant de manière adéquate aux défis énormes des changements climatiques ». « Les deux prochaines années exigeront des efforts concertés de la part de toutes les parties à la Convention-cadre et des parties prenantes pour obtenir un accord à Copenhague », a-t-il déclaré.
En tout cas, a prévenu le représentant des Comores, « si une véritable solidarité internationale ne se manifestait pas dès aujourd’hui, d’ici 50, 40, 30 voire 20 ans, certains pays, surtout certaines îles, ne seraient que de vieux souvenirs dans la mémoire des hommes car elles auront été effacées de la surface du globe ».
Pour l’Inde, la question de l’adaptation est cruciale pour les pays en développement qui, sans être responsables des changements climatiques, en sont souvent les plus grandes victimes. Plusieurs pays industrialisés, à l’instar de la Norvège, ont en effet reconnu que le fardeau du réchauffement pesait lourdement sur les pays les plus pauvres, lesquels sont pourtant les moins responsables de la situation actuelle. Les changements climatiques sont aussi, de ce fait, une question de justice et d’éthique, a observé sa représentante. Son homologue du Canada a ainsi estimé que les pays les plus directement responsables du réchauffement climatique devraient prendre un engagement ferme sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre d’un accord. La déléguée de la Norvège a annoncé que son pays, prêt à jouer son rôle, avait d’ores et déjà décidé d’annuler ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 afin de devenir une nation exempte de carbone.
Le volet sécurité a également été évoqué par quelques délégations. Pour le Royaume-Uni qui, lors de sa présidence du Conseil de sécurité en avril dernier, avait organisé un débat sur le sujet, « les changements climatiques constituent non seulement une menace pour l’environnement, mais aussi pour la paix et la sécurité internationales, et par-dessus tout pour la prospérité et pour le développement ». Le Conseil de sécurité, qui est chargé de la protection des droits de l’homme et de l’intégrité et de la sécurité des États, doit « réagir face à la menace que posent les changements climatiques », a ainsi estimé le représentant de Palaos. Celui-ci a proposé que le Conseil de sécurité examine l’imposition de plafonds d’émissions de gaz à effet de serre à tous les États et qu’il use de son pouvoir pour sanctionner ceux qui ne respecteraient pas cette obligation.
Les représentants des États suivants ont pris la parole: Îles Marshall, Saint-Marin, Inde, Tunisie, Îles Salomon, Singapour, Monaco, Fédération de Russie, Djibouti, Malte, Kazakhstan, Thaïlande, Jamahiriya arabe libyenne, Qatar, Israël, Portugal, Pakistan, Danemark, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Turquie, Japon, Royaume-Uni, République de Corée, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Chypre, Allemagne, Arabie saoudite, Palaos, Cuba, El Salvador, Ouzbékistan, Namibie, République islamique d’Iran, Comores, Jamaïque, Nicaragua, Monténégro, Suède, Émirats arabes unis, Mongolie, Arménie, Ukraine, Kenya, Samoa, Canada, Bélarus, Colombie, Nouvelle-Zélande, Norvège, Micronésie, Guatemala, Népal, Tadjikistan, Nigéria, Guinée, Bahamas, Maurice, Saint-Kitts-et-Nevis, Suisse, Équateur, Bolivie, Liechtenstein, Argentine et Bénin. Les Observateurs du Saint-Siège, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de l’Organisation juridique consultative pour les pays de l’Asie et de l’Afrique, de l’Union interparlementaire, de l’Organisation internationale pour les migrations, de l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles, de l’Ordre militaire souverain de Malte et de la Communauté européenne se sont également exprimés.
DÉBAT THÉMATIQUE INTITULÉ « FAIRE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES: LES NATIONS UNIES ET LE MONDE AU TRAVAIL »
Déclarations
Mme RINA M. TAREO (Îles Marshall) a estimé que le problème que posent les changements climatiques ne sera pas résolu par des discussions généralisées. La communauté internationale a besoin d’un système de l’ONU plus efficace et plus cohérent afin d’obtenir des résultats, a-t-elle soutenu. De l’avis de Mme Tareo, l’ONU devrait ainsi reconnaître que l’adaptation comporte des limitations inhérentes à certains pays sans littoral; faciliter les discussions diplomatiques traitant des menaces que comporte l’environnement pour la souveraineté des États ainsi que de la responsabilité des principaux émetteurs de carbone; renforcer les capacités nationales afin que les législations nationales en vigueur puissent répondre de manière efficace au problème des changements climatiques; s’impliquer davantage dans la création de partenariats intersectoriels regroupant les décideurs et les populations vulnérables; analyser l’impact des changements climatiques sur la sécurité alimentaire et l’utilisation potentielle des récifs de corail comme bassin de stockage du carbone; assurer le maintien de la transparence dans le financement de l’adaptation et aider les États Membres à mettre en œuvre la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à l’échelle nationale.
La représentante a également engagé l’ONU, et notamment le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), à examiner comment les lois sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement pouvaient relever le défi que présentent les changements climatiques et d’en renforcer les capacités. Mme Tareo a également exprimé sa profonde préoccupation concernant le risque que les nouveaux mécanismes mondiaux de financement pour les changements climatiques, au sujet desquels des discussions sont actuellement en cours avec la Banque mondiale, pourraient faire concurrence au système de financement pour l’adaptation qui est déjà en place. Les pays qui reçoivent ces fonds doivent également pouvoir participer à leur gestion, a-t-elle estimé. La fenêtre d’action internationale se referme rapidement, et nous devons transformer la rhétorique en résultats, a-t-elle estimé, avant de conclure.
M. DANIELE BONDINI (Saint-Marin) a indiqué que le quatrième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) présentait une base pour les stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il a aussi noté que le Plan d’action de Bali constituait une feuille de route pleine de promesses pour une action multilatérale coordonnée et globale. Rappelant que les changements climatiques affectaient tous les pays, le représentant a toutefois dit que les pays en développement faisaient face à une plus grande urgence et avaient besoin d’être aidés financièrement afin de renforcer leurs capacités. Il a estimé que le développement et la croissance économique pouvaient progresser tout en s’appuyant sur des politiques respectueuses de l’environnement. Les conséquences négatives des changements climatiques sont un obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), une menace à la sécurité et à l’origine de situations d’urgence, a-t-il insisté. Le représentant a affirmé que les avancées technologiques dans le domaine des sources d’énergie nouvelles et renouvelables étaient un élément clef et devaient constituer un des objectifs principaux des efforts pour lutter contre les changements climatiques. De l’avis de sa délégation, les partenariats entre les gouvernements et le secteur privé peuvent contribuer grandement, en générant des investissements efficaces en faveur des technologies alternatives. M. Bondini a indiqué que son pays procédait actuellement à la finalisation d’un projet de loi visant à promouvoir l’efficacité énergétique et les nouvelles sources d’énergie ainsi que les mesures pour réduire la consommation en eau. Il a précisé que ce texte prévoit des mesures incitatives ainsi que de nouveaux critères quant à la part d’énergie tirée de sources renouvelables, notamment pour les édifices publics.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a rappelé que, pour les pays en développement, l’élimination de la pauvreté et le développement doivent être les premiers objectifs et que l’ONU doit s’assurer que l’agenda sur les changements climatiques ne constitue pas un obstacle à ces objectifs. La question de l’adaptation est cruciale pour les pays en développement, car ils ne sont pas responsables des changements climatiques et en seront pourtant les plus grandes victimes. Le représentant a rappelé le rôle de l’ONU pour renforcer les capacités d’adaptation de ces pays et leur apporter une aide technique et financière. L’ONU doit notamment assumer le rôle principal dans la promotion de la recherche et la diffusion des technologies et en particulier celles d’adaptation. Le représentant a aussi appelé les Nations Unies à participer à l’élaboration de mécanismes financiers et de fonds pour assurer des flux de ressources vers les pays en développement.
M. Sen a engagé les Nations Unies à encourager les pays développés à remplir leurs obligations et à s’engager encore davantage dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le problème des changements climatiques doit être abordé dans le contexte du développement durable, a-t-il poursuivi, plutôt que de chercher à l’intégrer dans les questions commerciales, sociales, économiques, humanitaires et sécuritaires. M. Sen a également appelé à favoriser les partenariats, qui peuvent jouer un rôle important dans les efforts d’adaptation, de réduction, de financement et de transfert de technologie. L’ONU devrait d’ailleurs promouvoir des modèles de partenariat, a-t-il suggéré. Le représentant a aussi souligné l’importance de la coopération Sud-Sud dans des domaines tels que l’adaptation. L’Inde serait prête à partager avec des pays en développement son expertise et ses capacités en science et technologie, a-t-il précisé. Il a indiqué que, bien que le développement de l’Inde se poursuive, les émissions de gaz à effet de serre ne devraient pas dépasser le niveau des pays développés. Notre taux d’émission par habitant est d’une tonne par an, ce qui représente seulement un quart de la moyenne mondiale, a-t-il fait remarquer. M. Sen a donné plusieurs exemples des efforts de son pays, et notamment expliqué que toutes les usines polluantes autour de Delhi ont été fermées et que tous les bus et taxis de la ville sont passés au gaz naturel comprimé. Nous avons ainsi accompli ce que la ville de New York n’a pas encore fait, a-t-il fait observer avant de conclure.
M. HABIB MANSOUR (Tunisie) a constaté que les régions les moins responsables des changements climatiques en sont les plus vulnérables et les plus exposées. C’est précisément là que la notion de responsabilité commune et différenciée, principe sur lequel est fondée la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prend toute sa signification dans la mesure où l’entière application de ce principe constitue une réponse aux déséquilibres et disparités économiques, financiers et technologiques, des moyens d’adaptation aux impacts adverses, actuels et futurs, des changements climatiques. Pour sa part, la Tunisie a mis en place tout un arsenal institutionnel, règlementaire et technique, ainsi que des plans de mise à niveau environnementale des entreprises industrielles tunisiennes, des mécanismes financiers incitatifs en faveur de la maîtrise de l’énergie, la promotion des énergies renouvelables, la gestion écologiquement rationnelle des déchets, l’atténuation des gaz à effet de serre, le développement forestier et l’amélioration de la qualité de l’air. Des structures de coordination au niveau national ont été mises en œuvre avec l’appui de nombre d’organismes et de fonds et dans le cadre des mécanismes de financement prévus par la Convention-cadre et son Protocole, a poursuivi M. Mansour. Cependant, a-t-il dit, l’effort national, qui est nécessaire, n’est pas suffisant. Le soutien international et les différentes formes de coopération bilatérale, régionale et multilatérale, restent indispensables pour consolider le processus de développement et pour pouvoir ainsi prévenir les risques avérés ou potentiels des changements climatiques. C’est dans cet esprit, a rappelé le représentant, que la Tunisie a organisé, du 18 au 20 novembre 2007, une Conférence internationale sur ce thème de la solidarité internationale.
M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a estimé que l’ampleur des changements climatiques avait dépassé les capacités existantes du système des Nations Unies. Dans ce processus, les principes d’équité et de vulnérabilité ont été dilués au sein du système de l’ONU, a-t-il affirmé. Il a ainsi regretté que les petits pays insulaires en développement ne reçoivent pas autant d’attention que d’autres États, les projets qu’ils soumettent étant considérés comme trop modestes ou trop chers. Le représentant a par ailleurs regretté que le rapport du Secrétaire général ne fasse pas état du lien entre les pays et les Nations Unies en détail et ne fait aucune mention des États Membres là ou il n’y a pas de présence de l’ONU ou lorsque celle-ci est limitée. Il a souligné que beaucoup d’organes de l’ONU n’avaient pas de bureaux régionaux ou sous-régionaux créant des partenariats faibles. M. Beck a fait remarquer qu’à l’heure actuelle, il n’existait pas de direction claire sur la manière dont l’ONU doit répondre aux défis des changements climatiques aujourd’hui, à moyen et à long termes. En outre, M. Beck a déploré l’absence d’une institution centrale de l’ONU pour les changements climatiques. Il a précisé qu’il serait plus efficace de coordonner toutes les questions liées aux changements climatiques et à l’environnement sous un même type d’accord. Le représentant a aussi souhaité que la situation des pays à faibles revenus et dotés d’un petit secteur privé soit prise en compte. Il a aussi demandé que l’unité des petits États insulaires en développement au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA) soit renforcée, de même que le Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays sans littoral. Rappelant les paroles du Secrétaire général lors de son entrée en fonctions, il a déclaré que le succès de l’ONU dépendrait non pas de ce qui est promis mais de ce qui est fait et a souhaité que ce soit là le principe guidant la lutte contre les changements climatiques.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a estimé que l’ONU devait jouer un rôle de médiateur afin d’assurer que les pays en voie de développement puissent bénéficier du transfert de technologies grâce à l’intermédiaire d’institutions financières internationales comme la Banque mondiale. Bien que le Kazakhstan n’ait pas encore conclu le processus de ratification du Protocole de Kyoto, il contribue activement à la lutte contre les changements climatiques au niveau national, a-t-elle indiqué. La représentante a précisé que le Kazakhstan allait centrer ses efforts sur l’utilisation de technologies propres et engager ses citoyens et entreprises à faire un usage économe de l’électricité. Malgré la croissance du secteur industriel, les émissions de gaz à effet de serre sont passées de 4,7 millions de tonnes en 1990 à 3 millions en 2006, a-t-elle indiqué. Nous avons l’intention de les réduire d’un tiers encore d’ici à 2024, tout en multipliant par 250 l’utilisation de ressources alternatives comme l’énergie éolienne, solaire et géothermale. La représentante a également indiqué qu’un système de quotas permettant de gérer les émissions de chaque région du pays entrerait en vigueur cette année, et qu’un mécanisme de commerce des quotas d’émissions de gaz à effet de serre serait également mis sur pied. Le Gouvernement a également lancé un projet appelé « pays vert » pour lutter contre la déforestation en plantant des millions d’arbres tous les ans. Des mesures efficaces de lutte contre les feux de forêts et la déforestation illicite ont également été mises en place. Enfin, Mme Aitimova a estimé que les investisseurs étrangers dans son pays devaient cibler les programmes de développement durable en mettant en œuvre une stratégie de « production propre ». Elle a également attiré l’attention sur un projet inédit qui espère inciter les compagnies pétrolières à protéger l’environnement et obtenir le label « pétrole vert ». Cette initiative pourrait devenir un exemple à suivre, a-t-elle estimé.
M. GILLES NOGHÈS (Monaco) a considéré que la stratégie à suivre dans la lutte contre les changements climatiques doit traiter de pair cette question avec celle du développement. C’est non seulement une question de cohérence d’action, mais aussi de responsabilité, d’équité et de solidarité. Dans le cadre de sa politique de coopération internationale, Monaco contribue à renforcer les capacités nationales de certains pays en développement, notamment par la surveillance de la pollution atmosphérique, la lutte contre la désertification, l’adduction d’eau et la conservation des forêts. En outre, le Prince Albert II a fixé à son gouvernement des objectifs clairs en matière de réduction des émissions de carbone et des mesures volontaires ont été adoptées dans tous les aspects de la vie urbaine, en particulier dans le transport et l’habitat. Le représentant a aussi appelé à mettre en place des partenariats traditionnels et novateurs. La Fondation du Prince Albert II soutient plusieurs projets de développement avec les entreprises privées dans le secteur des énergies renouvelables, plus précisément sur les biocarburants de deuxième génération et la valorisation énergétique du biogaz. Dans ce contexte, M. Noghès a suggéré que l’ONU et les gouvernements stimulent les partenariats avec le secteur de la philanthropie dont le poids économique est considérable mais dont seulement une très faible partie est consacrée à la lutte contre les changements climatiques. Enfin, le représentant a appelé à développer l’utilisation des mécanismes de développement propres. Il a aussi mentionné que se tiendra à Monaco, en février prochain, la dixième session extraordinaire du Conseil d’administration du PNUE.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré qu’il était d’une importance fondamentale que la Conférence de Bali ait réaffirmé la place de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques comme mécanisme universel pour ramener les émissions de gaz à effet de serre à un niveau sûr. Atteindre cet objectif sera grandement facilité par un appui plus efficace de l’ensemble du système des Nations Unies, de ses fonds, programmes et institutions spécialisées. Les propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général visent à optimiser les activités des Nations Unies dans ce domaine et, de l’avis de sa délégation, plusieurs d’entre elles méritent une considération particulière. En outre, M. Churkin a estimé raisonnable la tentative d’organiser les travaux futurs des Nations Unies sur la base du cadre stratégique de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. M. Churkin a estimé que si tous les participants au processus sur les changements climatiques œuvraient en ce sens, il serait possible d’obtenir une synergie susceptible d’aider à relever les défis actuels. Le représentant a noté les propositions de renforcer la recherche scientifique dans le domaine des changements climatiques, de coordonner les activités des Nations Unies aux niveaux sectoriel et thématique pour fournir une analyse globale des liens entre biocarburants et sécurité alimentaire et pour accroître le rôle des écosystèmes forestiers dans le processus climatique.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a souligné que les Nations Unies étaient devenues une force indispensable pour mettre en lumière les diverses facettes des changements climatiques. Soulignant le travail du GIEC, il a affirmé qu’il fallait renverser la détérioration actuelle de l’environnement qui a des conséquences sur la paix et la sécurité internationales, les migrations, le manque de ressources et les inévitables crises humanitaires. Il a indiqué que, selon le GIEC, l’Afrique serait le continent le plus touché par les changements climatiques en raison notamment de la rareté de l’eau, de la sécheresse, des inondations et des vagues de chaleur. Il a estimé que les pays en développement seraient certainement obligés d’axer leurs efforts sur les mesures d’adaptation, car l’atténuation, les technologies et le financement exigeaient des ressources dont ces pays ne disposent pas. La question du financement est au cœur de la majorité de ces mesures, a-t-il poursuivi, en rappelant que le Plan d’action de Bali avait identifié la nécessité d’augmenter les ressources pour la lutte contre les changements climatiques.
M. SAVIOUR F. BORG (Malte) a déclaré que si la Convention-cadre doit être le cadre privilégié pour traiter des questions relatives à la lutte contre les changements climatiques, l’ensemble du système de l’ONU devrait se mobiliser en faveur de cette lutte. Il a estimé que l’un des messages les plus forts du rapport du Secrétaire général est le suivi donné à la déclaration qu’il a faite en novembre dernier concernant les activités de l’ONU et la nécessité d’unifier l’ensemble des composantes du système pour adopter une réponse commune aux défis des changements climatiques. Le représentant a indiqué que Malte, petit État insulaire, s’est engagé à travailler avec l’Union européenne pour prendre des mesures visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 20% d’ici à 2020 et de les ramener aux niveaux de 1990.
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a déclaré que l’instrument devant succéder au Protocole de Kyoto après 2012 devrait donner une signification réelle à la notion de responsabilité commune mais différenciée. Dans ce contexte, les pays développés devraient prendre la direction des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En outre, cet instrument devrait prendre en considération la disparité des situations nationales et les spécificités propres à chaque pays. Enfin, la nécessité d’assurer un développement continu et une croissance économique constante doit être également prise en compte dans l’élaboration de cet instrument. Il a expliqué que de nombreux pays en développement avaient besoin de ressources et d’énergie, notamment de combustibles fossiles, pour améliorer les conditions de vie de leur population et ne pourraient accepter un cadre qui entrave leur développement. Toutefois, il a estimé que la croissance économique et la lutte contre les changements climatiques n’étaient pas mutuellement exclusives. Parmi les mesures concrètes à prendre dans ce sens, il a affirmé qu’il fallait augmenter l’efficacité énergétique, ce qui permet également d’améliorer la compétitivité d’un pays et de réduire ses importations énergétiques, comme c’est le cas à Singapour. Il a aussi plaidé pour l’utilisation de sources d’énergie propres et pour des investissements dans ce secteur. Il a indiqué que Singapour s’employait à générer son électricité par le gaz naturel. Enfin, il a insisté sur la nécessité de protéger les forêts, rappelant que la déforestation est responsable de 20% des émissions de carbone.
M. DON PRAMUDWINAI (Thaïlande) a souligné le lien important qui existe entre changements climatiques et développement. La question est de savoir comment les Nations Unies peuvent mobiliser les efforts internationaux à l’appui des efforts d’atténuation et d’adaptation. Dans ce contexte, la coopération Sud-Sud peut jouer un rôle complémentaire à la coopération Nord-Sud afin de faciliter les investissements et les transferts de technologies indispensables aux pays en développement. Le représentant a également estimé qu’il était temps que les organes subsidiaires des Nations Unies facilitent les transferts de technologies et mobilisent les ressources financières. Elle a insisté sur la mise en place de mécanismes novateurs et sur l’opérationnalisation du Fonds d’adaptation à cette fin. Le représentant a rappelé que le succès de cette entreprise ne sera pas simplement mesuré par les progrès, mais aussi par les résultats. La Thaïlande s’est dite résolue en conclusion à fournir un effort collectif.
M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a noté que le lancement des négociations sur un régime post-Kyoto exigeait un renforcement de la confiance entre toutes les parties et des efforts cohérents et concertés au niveau national. Il a indiqué que le développement de certains pays ne devait pas être entravé par le renforcement des mesures pour lutter contre les changements climatiques. En outre, il a estimé qu’on ne pouvait uniquement se concentrer sur les émissions résultant des combustibles fossiles mais qu’il fallait également prendre en compte les autres sources de gaz à effet de serre. S’agissant des sources d’énergies renouvelables, le représentant a suggéré que, compte tenu de leur coût et du manque d’accès aux technologies qui y sont liées, les pays développés et les institutions financières internationales encouragent leur utilisation et la coopération dans ce domaine. Soulignant la responsabilité historique des pays développés, il a déclaré que ceux-ci devaient fournir un appui, notamment financier, aux pays en développement pour leurs stratégies d’adaptation. Il a insisté sur les besoins de l’Afrique qui, en raison de la sécheresse, nécessite une assistance en matière de développement agricole et de renforcement de la gestion des ressources en eau. Il a également appelé à une intensification des efforts dans la recherche scientifique tout en soulignant le rôle que peuvent jouer le secteur privé, les ONG, les médias et la société civile. Enfin, il a expliqué que son pays avait établi un groupe de travail chargé d’identifier les moyens pour réduire les émissions de gaz à effets de serre.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré qu’il fallait engager une action immédiate dans la lutte contre les changements climatiques. La Conférence de Bali a été couronnée par l’adoption d’un plan d’action et d’une feuille de route, a-t-il ensuite rappelé. Le Qatar accorde à cette question une importance particulière, comme en témoigne la création en octobre dernier d’une Commission chargée des changements climatiques au sein du Ministère des ressources naturelles en vue de suivre la mise en œuvre des dispositions de la feuille de route de Bali. Le Qatar est également membre du Conseil du Fonds d’adaptation, qui a été mis en place pour permettre aux États les plus démunis de faire les choix technologiques indispensables face au réchauffement planétaire. S’il est vrai que nul n’est à l’abri des changements climatiques, les pays en développement sont ceux qui en souffrent le plus à ce stade, a fait ensuite observé le représentant. C’est pourquoi le développement et le transfert de technologies modernes doivent être les piliers de la lutte contre ce phénomène pour aider ces mêmes pays à y faire face.
M. DAN GILLERMAN (Israël) a estimé que même si tous les pays doivent prendre part aux efforts d’atténuation dans la lutte contre les changements climatiques, il n’en reste pas moins que le fossé entre les États en matière de ressources et de capacités implique un calendrier différencié pour permettre aux pays d’adapter leurs politiques nationales et de mettre en œuvre leurs engagements. Le partenariat est un facteur clef dans la recherche d’une solution commune. Israël, a affirmé son représentant, est prêt à partager sa propre expérience, ses technologies, ses meilleures pratiques et son savoir-faire. Le représentant s’est attardé sur les efforts déployés par son pays dans le domaine de la lutte contre la désertification et de l’accès à l’eau potable. M. Gillerman a aussi rappelé qu’en tant Vice-Président de la seizième session de la Commission du développement durable, Israël a présenté un projet de résolution sur les technologies agricoles au service du développement. Il a par ailleurs, rappelé qu’Israël a signé un mémorandum d’accord avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur le financement d’un certain nombre de projets. Il a conclu sur les accords signés avec les pays de la région, notamment l’accord sur le partage de l’eau avec la Jordanie.
M. JOÃO MANUEL SALGUEIRO (Portugal) a souligné, à son tour, que l’atténuation des effets des changements climatiques est techniquement faisable et économiquement rentable si l’on agit maintenant. Les changements climatiques ne sont plus seulement une question d’environnement, a prévenu le représentant, car leurs ramifications peuvent toucher les trois piliers du développement durable, en compromettant la croissance économique et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La communauté internationale doit donc relever les défis du développement et des changements climatiques d’une manière cohérente et ciblée. Dans ce contexte, les mesures d’adaptation ne réussiront que si elles sont mises en œuvre dans le cadre des plans nationaux et internationaux de développement durable. Les mesures d’adaptation doivent donc être intégrées aux programmes d’aide au développement. La communauté internationale a devant elle deux années de négociations intenses. Elle doit répondre aux attentes de l’opinion publique et aux analyses scientifiques qui sont faites de façon extrêmement claire.
M. FARUKH AMIL (Pakistan) s’est félicité que le Plan d’action de Bali mette en avant une approche intégrée et coordonnée pour répondre aux défis des changements climatiques, tout en assurant le développement durable et la croissance économique des pays. Il a souligné les mesures prises par son pays pour atténuer les effets des changements climatiques, dont la mise en place d’un Comité du Premier Ministre sur la question, la création d’un centre de recherche qui doit suggérer des mesures d’adaptation ou encore celle d’une cellule de mécanisme de développement propre afin de faciliter les projets de ce type dans le pays. Il a toutefois admis que le Pakistan devait encore entreprendre des actions en faveur de la gestion efficace des ressources en eau, de la sensibilisation du public et des changements de comportement, et développer des systèmes d’alerte précoce par satellite. M. Amil a déclaré que les Nations Unies avaient un rôle central à jouer pour répondre aux défis des changements climatiques. Saluant sa contribution qui a permis de conclure avec succès la Conférence de Bali, le représentant a estimé que l’ONU pouvait contribuer aussi à la mise en œuvre des engagements déjà souscrits en matière de changements climatiques, ainsi qu’au suivi de l’application des objectifs internationaux de développement. En outre, il a argué que les Nations Unies pouvaient assister les pays en développement dans l’élaboration de stratégies nationales et de plans d’action pour lutter contre les changements climatiques. Le représentant a insisté sur la nécessité de fournir des ressources adéquates pour que le système de l’ONU puisse remplir ce mandat. Parmi les autres suggestions avancées, il a noté que l’ONU pourrait élaborer un « indice de vulnérabilité » et évaluer les besoins technologiques et financiers des pays en développement.
M. CARSTEN STAUR (Danemark) a noté que les changements climatiques sont de plus en plus imprévisibles et qu’en conséquence, l’action est devenue urgente dans ce domaine. Il a considéré que la Conférence de Bali marque un tournant important, dans la mesure où un Accord a été trouvé sur la nécessité d’aborder la question à l’échelle mondiale. La Conférence de Bali a également permis de s’entendre sur l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre et sur un cadre cohérent de négociation avec la participation de tous les pays. Pour le Danemark, les Nations Unies jouent un rôle central en fournissant un cadre pour les négociations sur un nouvel accord. Le système des Nations Unies doit aussi jouer un rôle de soutien, dans le cadre général du développement et des OMD. M. Staur a encouragé le Secrétaire général à continuer à jouer un rôle majeur dans la coordination de la réponse apportée par l’ONU. Il a aussi précisé les cinq objectifs de stratégie qu’il considère essentiels. Tout d’abord, le système de l’ONU devrait saisir cette occasion pour faire la preuve de son engagement et s’aligner avec les priorités nationales dans les pays partenaires. Les Nations Unies devraient aussi continuer à faciliter les échanges de connaissances et de données afin de prendre des décisions bien fondées. En outre, M. Staur a estimé que l’ONU devrait promouvoir l’intégration des considérations climatiques dans l’élaboration des politiques. Il a aussi estimé que l’ONU, et non seulement le PNUD et le PNUE, a un rôle essentiel à jouer dans de nombreux pays, afin de renforcer leurs capacités. Enfin, il a souligné que les Nations Unies doivent fournir un cadre conceptuel pour l’intégration des problèmes liés aux changements climatiques dans les programmes en faveur du développement. En tant que pays hôte de la quinzième Conférence des États parties à la Convention-cadre en 2009, le Danemark est fermement engagé à œuvrer étroitement avec tous les États Membres en vue de parvenir à un accord ambitieux, à répondre de manière adéquate aux défis considérables liés aux changements climatiques. Les deux prochaines années exigeront des efforts concertés de la part de tous les États parties et parties prenantes pour réaliser cet objectif à Copenhague.
M. CAMILLO M. GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a rappelé que l’importance de la réduction des futures émissions de gaz à effet de serre ne devait pas occulter le fait que pour de nombreux pays comme le sien, les changements climatiques ne sont pas un concept hypothétique mais une réalité vécue quotidiennement. Face à la montée des eaux qui menace l’existence même de Saint-Vincent-et-les Grenadines, le Gouvernement a entrepris la construction de fortifications le long des côtes pour entraver leur érosion. Dans ce contexte, les questions étroitement liées de l’atténuation et de l’adaptation revêtent une importance capitale, a souligné le représentant, qui a mis l’accent sur la nécessité de financer en priorité l’adaptation. Sa délégation envisage les approches régionales innovantes comme un moyen de réaliser de telles mesures, ainsi que les partenariats pour le renforcement des capacités. Il est par ailleurs indispensable de revoir les obligations des pays en développement en termes de dette à la lumière des changements climatiques, a poursuivi M. Gonsalves. La gravité de la situation exige aussi d’abandonner définitivement les paradigmes existants d’exclusivité technologique et de droits de propriété intellectuelle afin de pouvoir faciliter le transfert de technologies. Enfin, a—t-il estimé, il faudrait réfléchir à une nouvelle conception de l’assistance au développement pour contrer les effets adverses du climat sur le développement des États les plus vulnérables.
M. BAKI ÍLKIN (Turquie) a rappelé que le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) avait montré que les changements climatiques pouvaient entraver gravement les efforts de développement durable dans le monde et, en particulier en Afrique du Nord et dans la région Méditerranée. Il a noté que la Turquie était un de ces pays vulnérables aux effets des changements climatiques et qu’elle devait faire face aux problèmes de manque de précipitations, de rareté de l’eau et de désertification. Tout en reconnaissant l’importance des mesures d’atténuation, il a mis en avant la nécessité de permettre aux pays en développement de s’adapter aux conséquences des changements climatiques. Le représentant a, à cet égard, insisté sur l’importance de l’investissement pour renforcer les capacités et transférer les technologies dans ce domaine pour éviter de saper les efforts de développement. Par ailleurs, le représentant a fait valoir que son pays, bien qu’il soit membre de l’OCDE, n’était pas encore pleinement développé et qu’il n’appartenait pas non plus au groupe des pays à économie en transition. À ce sujet, il a émis l’espoir que le prochain régime sur les changements climatiques prendrait en compte de nouvelles catégories de pays sur la base de leur niveau de développement. Enfin, il a noté que la Turquie accueillerait la septième session du Comité d’examen de la mise en œuvre de la Convention pour la lutte contre la désertification, à Istanbul du 20 au 29 octobre prochain, ainsi que la trentième session du GIEC en 2009. Il a conclu en affirmant que la lutte contre les changements climatiques nécessitait l’adoption d’une approche intégrée et d’une action concertée de tous les organes de l’ONU.
M. YUKIO TAKASU (Japon) est revenu sur le « programme de promotion du refroidissement de la terre » proposé par son gouvernement qui a ainsi l’intention de débloquer, sur une période de cinq ans, une somme de 10 milliards de dollars pour aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à lutter contre l’impact négatif des changements climatiques. Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, le Japon a aussi l’intention de créer un nouveau fonds multilatéral, a indiqué le représentant. Les percées technologiques étant essentielles en la matière, au cours des cinq prochaines années, le Japon a également décidé d’investir près de 30 milliards de dollars dans la recherche. Il propose d’ailleurs d’établir un cadre international de collaboration avec les institutions internationales pertinentes. Le secteur privé, a poursuivi le représentant, à un rôle important à jouer dans le développement, le déploiement et le transfert des technologies propres. Pour l’impliquer dans ces efforts, il faut améliorer l’environnement financier, en respectant, par exemple, les droits de propriété intellectuelle et en renforçant les capacités humaines. Mais il y a des choses, a conclu le représentant, que l’on peut faire dès maintenant à savoir, promouvoir un mode de vie durable par le recyclage systématique déchets.
M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a déclaré que les changements climatiques constituaient non seulement une menace pour l’environnement, mais aussi pour la paix et la sécurité internationales, et par-dessus tout pour la prospérité et pour le développement. Même si les Nations Unies font déjà beaucoup dans ce domaine, l’Organisation ne peut apporter seule la solution au problème. Les institutions des Nations Unies ont besoin d’identifier leur rôle dans le cadre d’un système international plus large, qui inclut la société civile, le secteur privé, les instituts de recherche, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et bien d’autres organisations, a fait observer le représentant. L’ONU doit aussi jouer un rôle déterminant dans le financement et veiller au renforcement des capacités des gouvernements des pays en développement. Les institutions de l’ONU devraient en outre collaborer entre elles pour renforcer leur action, tout en s’efforçant d’éviter les doubles emplois. Afin de maximiser cette action commune, une vision stratégique est indispensable pour déterminer comment les institutions des Nations Unies peuvent contribuer le mieux à mettre en œuvre le Plan de Bali. Pour sa part, le Royaume-Uni a suggéré d’analyser le travail déjà effectué à ce stade pour soutenir la mise en œuvre de la Convention-cadre et du Plan d’action de Bali. En outre, M. Sawers a proposé d’identifier les avantages comparatifs de chaque organisme des Nations Unies et de développer une stratégie d’engagement supervisée par le Secrétaire général lui-même.
M. CHO HYUN (République de Corée) s’est félicité de l’élan politique manifesté en 2007 pour faire face aux défis des changements climatiques. Il a notamment salué la feuille de route de Bali et le lancement de négociations sur un régime post-2012. Il a souligné le rôle essentiel des Nations Unies pour mettre en œuvre le Plan d’action de Bali, en encourageant les partenariats entre toutes les parties, y compris les autorités centrales et locales, la société civile et le secteur industriel. Dans cette perspective, il a déclaré que les institutions des Nations Unies devaient placer les changements climatiques au cœur de leur action et encourager l’intégration des activités respectueuses de l’environnement. En outre, il a estimé que la coordination entre les différentes institutions était indispensable pour parvenir à des résultats les plus efficaces. Il a espéré que le Conseil des chefs de secrétariats (CCS) continuerait à améliorer la coordination du système de l’ONU dans ce domaine. La République de Corée, a-t-il assuré, est déterminée à contribuer au succès des négociations visant à établir un nouveau régime sur les changements climatiques après 2012. En outre, le représentant a indiqué que son pays avait lancé son quatrième Plan d’action national sur les changements climatiques en décembre dernier, visant principalement à renforcer les capacités des gouvernements locaux, du secteur industriel et de la société civile. Enfin, il a déclaré que son gouvernement était prêt à intégrer la perspective environnementale dans ses projets et politiques d’aide publique au développement (APD).
M. ROBERT G. AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a déclaré que son pays ne peut pas rester silencieux alors que nos villages sont détruits, nos côtes sont érodées et que nos enfants meurent de maladies virales. Il a affirmé que son pays était plus que jamais mobilisé dans la lutte contre les changements climatiques, aux côtés de ses partenaires, pour inverser la tendance actuelle. Nous revenons de Bali avec un sentiment d’espoir, mais les deux années qui nous séparent de Copenhague risquent d’être très complexes, a affirmé le représentant. M. Aisi s’est dit ensuite préoccupé par l’attitude de certains pays développés qui demandent aux pays en développement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, alors qu’ils sont responsables au premier chef du réchauffement planétaire. Il faudra mobiliser les ressources financières et trouver dans les marchés d’échange de carbone des revenus pour veiller à la réduction des émissions, a ajouté le représentant. Pour sa part, la Papouasie-Nouvelle-Guinée s’est lancée à nouveau dans un programme ambitieux de préservation de ses forêts, qui constituent un atout majeur dans la rétention des émissions, en particulier celles liées au déboisement. Nous ne pouvons pas attendre 2012 pour agir dans ce domaine, a fait observer le représentant, qui a demandé que la communauté internationale se mobilise.
M. ANDREAS D. MAVROYIANNIS (Chypre) a affirmé que son pays était déjà affecté par les conséquences des changements climatiques, par le réchauffement des températures et la montée du niveau de la mer, mais qu’il était difficile de prévoir l’ampleur économique et sociale de ce phénomène pour l’avenir. Il a souligné que la rareté des ressources pouvait contribuer, entre autres, aux conflits, à la famine, aux migrations. Par ailleurs, il a estimé que c’était souvent les petits pays qui souffraient des conséquences des changements climatiques alors que leur part de responsabilité à la détérioration environnementale est très faible. Il a cependant insisté sur la nécessité pour ces pays de bénéficier d’un soutien pour mettre en œuvre leurs stratégies d’atténuation et d’adaptation et d’être considérés, en priorité, pour le financement et l’utilisation de nouvelles technologies. Le représentant a appuyé les recommandations du Secrétaire général sur la voie à suivre ainsi que celles du Conseil des chefs de secrétariats pour renforcer la coordination du système de l’ONU dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques. Il a déclaré que le défi des changements climatiques nécessitait des efforts soutenus et multidimensionnels avec des objectifs à moyen et à long terme.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a estimé que dans la lutte contre les changements climatiques les pays industrialisés doivent demeurer la force motrice. C’est une question de justice et de crédibilité. Nous devons, a-t-il insisté, réduire de 25 à 40% nos émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau des années 90. Décrivant le plan que son pays a adopté en 2007, le représentant a indiqué qu’il vise, par exemple, à doubler d’ici à 2020 la part des énergies renouvelables dans le secteur de l’électricité. Il s’agit aussi de renforcer de 30% d’ici à 2009 et de 30% après 2012, les normes d’efficacité énergétique dans les immeubles. Son gouvernement compte par ailleurs débloquer plus de 2,3 milliards de dollars par an pour moderniser les systèmes énergétiques dans les immeubles. La protection du climat est une bonne mesure économique, a-t-il dit. En Allemagne, chaque euro dépensé dans la modernisation des immeubles existants a garanti ou créé quelque 25 000 emplois.
Pendant les 10 dernières années, 214 000 emplois ont été créés dans le secteur des énergies renouvelables dont 60 000 dans celui de l’énergie éolienne. En la matière, la question des partenariats entre secteurs public et privé est essentielle. De son côté, a préconisé le représentant, le système des Nations Unies doit travailler avec une vision stratégique et cohérente, fondée sur des objectifs et des priorités communes et montrant clairement l’avantage comparatif des entités de l’ONU dans la lutte contre les changements climatiques. Les questions du financement des efforts d’atténuation et d’adaptation ainsi que du transfert des technologies seront les questions clefs de l’avenir dont la réponse exige des concepts novateurs, a conclu le représentant à l’intention du système des Nations Unies.
M. AYSAR TAYEB (Arabie saoudite) a déclaré que son gouvernement avait fait une promesse de contribuer pour un montant de 330 millions de dollars en faveur d’un nouveau fonds établi afin de soutenir la recherche énergétique et la lutte contre les changements climatiques. Dans le but d’appuyer la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dans ses efforts pour faire face à ce phénomène sans porter atteinte au développement des pays, il est indispensable de trouver des solutions pratiques pour atteindre le niveau requis des émissions de gaz à effet de serre. Les solutions technologiques telles que la captation et le stockage du carbone sont des options idoines et une manière constructive d’avancer en ce sens. Évoquant ensuite la feuille de route de Bali, le représentant a indiqué que l’accord que devait élaborer la communauté internationale pour succéder au Protocole de Kyoto ne devait pas pour autant se substituer à la Convention-cadre ou à aucun de ses principes, ou faire oublier qu’une action est immédiate en vertu du Protocole de Kyoto. Il a enfin rappelé qu’à Bali, les États parties avaient consenti à renforcer le financement en faveur des pays en développement, pour permettre à ces derniers de se doter des outils nécessaires pour prendre des mesures d’atténuation et d’adaptation.
M. STUART BECK (Palaos) est revenu sur le débat sur les changements climatiques, organisé en avril dernier par le Conseil de sécurité, sous la présidence du Royaume-Uni. Il a ainsi rappelé que la Secrétaire d’État britannique aux affaires étrangères, Mme Margaret Beckett, qui présidait cette réunion, avait affirmé que les changements climatiques posaient une menace à la sécurité collective dans un monde fragile et de plus en plus interdépendant. Le Conseil de sécurité, qui est chargé de la protection des droits de l’homme et de l’intégrité et de la sécurité des États, est habilité à prendre des décisions au nom de tous les États pour faire face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il estimé. Le représentant a ainsi appelé le Conseil de sécurité à réagir également, face à la menace posée par les changements climatiques. Il a proposé que le Conseil de sécurité examine l’imposition de plafonds d’émissions de gaz à effet de serre à tous les États et qu’il use de son pouvoir pour sanctionner ceux qui ne respecteraient pas cette obligation.
M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba) a jugé regrettable que le pays qui est responsable de plus de 25% des émissions de gaz à effet de serre, alors qu’il ne représente que 4,7% de la population mondiale, ignore le Protocole de Kyoto et demeure impassible devant les 190 nations qui s’emploient à réactualiser cet instrument. Nous avons des responsabilités communes mais différenciées, a rappelé le représentant, en souhaitant que la lutte contre les changements climatiques ne se transforme pas en obstacle au développement. Les pays développés monopolisent les brevets, les technologies et les ressources financières. Ils sont donc responsables de l’accès des pays du tiers monde à ces trois éléments, a-t-il plaidé. Après avoir fait part des efforts déployés par son pays dans la lutte contre les changements climatiques, il a estimé que cette lutte exige qu’au-delà des questions scientifiques et technologiques et de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, « nous changions entièrement le paradigme du développement social et économique ». C’est une tâche considérable, mais nous avons toujours une chance de léguer à nos descendants non seulement une planète plus propre, mais un monde plus juste et plus équitable dans sa répartition des richesses, a conclu le représentant.
Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a jugé important que les délibérations à mener sur les changements climatiques se situent dans le contexte multilatéral, étant donné notamment le caractère mondial que revêtent les effets de ce phénomène. Elle s’est dite satisfaite des résultats de la Conférence de Bali, qui permettent la tenue d’un dialogue en vue de faire avancer les négociations et de parvenir à un accord dans la lutte contre les changements climatiques. La représentante a estimé qu’il est nécessaire de pouvoir compter sur la participation de tous les pays développés, tout en ayant à l’esprit que la lutte à mener relève de la responsabilité de la communauté internationale tout entière. Mme Gallardo Hernandez a rappelé que l’on est au bord d’un cataclysme mondial qui affectera terriblement l’utilisation des ressources naturelles et, au final, l’économie internationale, sans compter la menace qui pèse sur la biodiversité et la vie humaine. Depuis que l’Organisation de Nations Unies a été créée, de nouvelles menaces à la sécurité internationale ont surgi et, parmi elles, celle découlant des changements climatiques. Il faut donc que tous les pays, développés ou en développement, s’assurent que les transformations mondiales à opérer dans les domaines économiques, scientifiques et technologiques, soient compatibles avec un environnement durable et sécurisé. Ces efforts ne seront viables que s’ils se situent dans le cadre de la responsabilité commune mais différenciée, en tenant compte des capacités d’action des pays, a recommandé la représentante salvadorienne. Mme Gallardo Hernandez a enfin mis l’accent sur le rôle que peut jouer le secteur privé en soutenant les politiques d’assistance technique et de coopération entre les gouvernements pour aider les pays en développement.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a indiqué que les changements climatiques ne devraient pas être considérés comme un phénomène isolé ou séparément des autres problèmes environnementaux tels que la désertification et la perte de biodiversité. La relation entre ce phénomène et la croissance économique durable et leur impact mutuel est également reconnue à travers le monde entier. Il a estimé indispensable que le principe de responsabilité commune mais différenciée soit rigoureusement appliqué, les pays développés devant prendre la direction des efforts de mise en place des politiques d’atténuation et d’adaptation. La délégation a ensuite réitéré la nécessité pour le Plan d’action de Bali d’être transparent et inclusif, de manière à encourager la participation des pays en développement parties à la Convention. Elle s’est dite par ailleurs préoccupée par les conséquences possibles des mesures prises pour répondre aux changements climatiques sur les pays en développement. Ainsi, au cours des négociations, il faudrait éviter, selon le représentant, de prendre des décisions qui pourraient alourdir le fardeau déjà accablant que subissent les pays les plus pauvres ou les plus vulnérables. Enfin, il a estimé que les contributions au Fonds d’adaptation sont d’une importance capitale, en particulier de la part des pays développés.
M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a déclaré qu’il était évident que le problème des changements climatiques exigeait plus que jamais une approche multilatérale. À cet égard, il a estimé que les Nations Unies disposaient des moyens appropriés pour prendre la direction de cet effort. La réalisation de programmes d’économies d’énergies sont indispensables pour mener à bien ce combat et exige une coopération internationale, a poursuivi le représentant. Elle a ensuite attiré l’attention sur le problème du financement insuffisant des efforts d’atténuation et surtout d’adaptation des changements climatiques. La sécurité écologique est mise aujourd’hui rudement à l’épreuve dans les zones de catastrophes écologiques, comme dans le bassin de la mer d’Aral, dont l’Ouzbékistan fait partie et dont la disparition programmée a un impact régional et international de grande ampleur. Les récoltes et les plantes ont été détruites par l’assèchement du bassin, rendant inéluctable la disparition des activités traditionnelles de pêche et de chasse indispensables à la survie des populations locales. Mais les mesures prises ne sont pas suffisantes pour venir à bout des problèmes liés à la mer d’Aral. Les conditions de vie des habitants se dégradent en raison de la raréfaction des nappes phréatiques, a déploré le représentant, qui a également souligné que les écosystèmes en étaient bouleversés. Il a saisi cette occasion pour annoncer que son pays avait l’intention d’organiser les 11 et 12 mars une conférence internationale sur les moyens d’atténuer les conséquences des changements climatiques sur le bassin de la mer d’Aral, invitant les représentants des Nations Unies à y participer.
M. KAIRE MUNIONGANDA MBUENDE (Namibie) a estimé que les changements climatiques constituaient un cas classique et une démonstration de l’interdépendance dans laquelle vivent les pays et les peuples, et où le bien-être des uns entraînait la catastrophe pour les autres. Les Nations Unies offrent le cadre approprié pour que soient abordées les questions liées aux changements climatiques et pour que l’on demande aux États de respecter leurs engagements aux titres de la Convention-cadre et du Protocole de Kyoto, a dit M. Mbuende. Il est important de prendre en compte le fait qu’il faut mobiliser des capitaux suffisants et encourager la circulation de flux financiers majorés, a-t-il dit. Les changements climatiques, a-t-il ajouté, ne représentant pas une question qui doit être traitée isolément des autres. Elle exigent des Nations Unies qu’elles fassent en sortent que les activités au niveau des pays soient menées à bien de façon coordonnée et alignée sur les stratégies et les plans de développement nationaux, tout en intégrant le fait que l’élimination de l’extrême pauvreté demeure au centre des activités de développement.
M. MOHAMED TOIHIRI (Comores) a fait état d’études sur l’impact des changements climatiques qui avaient montré la très grande vulnérabilité de l’Archipel des Comores. Les principales villes du pays sont situées dans les zones côtières où vit la majorité de la population, a-t-il expliqué, précisant que la quasi-totalité des infrastructures était située à moins de six mètres au-dessus du niveau de la mer. Selon des projections, la part de la population qui sera affectée par les changements climatiques représentera 65% de la population totale du pays en 2050, a-t-il dit, notant que les pertes subies dans la zone côtière s’élèveraient à 400 millions de dollars cette année-là, soit environ deux fois le PIB de 2001. Le représentant a rappelé que si une véritable solidarité internationale ne se manifestait pas dès aujourd’hui, d’ici 50, 40, 30 voire 20 ans, certains pays, surtout certaines îles, ne seront que de vieux souvenirs dans la mémoire des hommes car elles auront été effacées de la surface du globe.
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a souligné le consensus existant sur le fait que les changements climatiques représentent un grand danger pour le développement et l’existence même des petits États insulaires en développement comme la Jamaïque. Dans notre pays, a-t-il expliqué, on est obligé de se concentrer sur les effets négatifs de ce phénomène, comme l’augmentation du niveau de la mer et la fréquence inquiétante d’ouragans et d’inondations, au détriment des efforts qui devraient être consacrés aux programmes de développement. Au cours des trois dernières années, la Jamaïque et d’autres pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) ont été touchés par cinq ouragans majeurs qui ont eu des coûts énormes en termes de pertes en vies humaines et de destruction d’infrastructures. Ils ont aussi affecté des secteurs productifs, comme l’agriculture et le tourisme, a précisé M. Wolfe. La Jamaïque a lancé un programme destiné à augmenter l’utilisation d’énergies renouvelables jusqu’à 10% de ses besoins totaux en énergie d’ici 2010, a dit M. Wolfe. Le représentant s’est aussi félicité que son pays ait été nommé au Conseil d’administration du Fonds d’adaptation. Il a ajouté que la Jamaïque est un des 10 pays qui est sur le point de mettre en œuvre un projet communautaire d’adaptation aux effets des changements climatiques.
Le représentant jamaïcain s’est joint aux appels qui engagent les pays à réduire de façon significative leurs émissions de gaz à effet de serre, et il a soutenu la poursuite d’une deuxième période d’engagement. Les négociations à mener à cette fin devraient, selon lui, être terminées pour la quinzième session de la Conférence des parties qui se tiendra à Copenhague en 2009. M. Wolfe a ensuite expliqué la synergie qui résulte d’efforts conjoints et a plaidé en faveur d’une collaboration active au niveau mondial pour relever les défis posés par les changements climatiques.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déclaré que la communauté internationale faisait face à une planète qui est sur le point de sombrer, mais que pourtant, certains pays industrialisés ne semblaient même pas se soucier de ramener à des niveaux acceptables leurs émissions de gaz à effet de serre. « Nous sommes certes en train de négocier un nouveau traité, mais ce sont surtout de nouveaux objectifs en matière d’émissions qui ont été fixés à Bali, fondés sur le principe de responsabilité commune mais différenciée », a dit M. Castillo. Pour les pays en développement, la lutte contre les changements climatiques relève de la nécessité absolue, a-t-il poursuivi en déplorant cependant que malgré les engagements pris, le financement reste encore purement rhétorique. Le Nicaragua a lancé un appel aux pays développés pour qu’ils assument leurs responsabilités, en prenant la tête des efforts d’atténuation et d’adaptation, a dit le représentant. Il a donc fait part de son étonnement que le Fonds d’adaptation ne soit actuellement financé qu’à hauteur de 2%, le plus souvent par des pays en développement, qui viennent en aide à d’autres pays en développement. La meilleure façon d’atteindre les objectifs consacrés dans le Plan d’action de Bali, serait d’inclure une « clause climatique » dans les relations commerciales pour éviter toute forme de protectionnisme de la part des pays développés, a proposé M. Castillo.
M. NEBOJSA KALUDJEROVIC (Monténégro) a affirmé que les partenariats parmi les parties prenantes pour traiter des effets des changements climatiques, dans le domaine de l’atténuation, de l’adaptation, du financement et de la technologie, étaient de la plus haute importance. Le secteur privé, la société civile, les médias, les parlements, le secteur associatif, la communauté scientifique et le système des Nations Unies ont collectivement la responsabilité de relever le défi des changements climatiques, a-t-il dit. Une coopération plus large entre les États Membres et les institutions spécialisées, les fonds et les programmes des Nations Unies pourront renforcer les efforts déployés aux niveaux national, régional et international, a-t-il assuré. Les Nations Unies, a-t-il estimé, disposent ainsi d’un savoir-faire et d’une expertise uniques pour aider les États Membres à développer des politiques intégrées sur l’atténuation et l’adaptation et peuvent jouer un rôle tout aussi unique de catalyseur dans la dissémination mondiale des bonnes pratiques. Avant de conclure, le représentant a annoncé que son pays organiserait une conférence régionale sur les changements climatiques au cours du deuxième semestre de 2008.
Mme ULLA STRÖM (Suède) a assuré que la question des changements climatiques est une des priorités du Gouvernement suédois dont les efforts en la matière sont menés depuis longtemps. Le pays a d’ailleurs réduit de 8,7% ses émissions de gaz à effet de serre en 2006 par rapport à 1990 et aide les pays en développement à s’adapter aux changements climatiques. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a posé les défis à relever par les pays développés et tous les pays doivent prévoir et commencer à adopter des mesures d’adaptation. La représentante a estimé possible de combiner les réductions d’émissions de gaz à effet de serre avec la croissance économique, comme c’est le cas en Suède. Mme Ström a aussi plaidé pour que la question des changements climatiques soit traitée dans le contexte mondial des Objectifs du Millénaire pour le développement. Toutes les stratégies de développement et de réduction de la pauvreté doivent prendre en compte les changements climatiques, a-t-elle souhaité.
Le Gouvernement suédois a créé une Commission internationale sur l’aide au développement en la matière. Elle constitue un forum au sein duquel des experts de grande renommée et des hommes politiques peuvent discuter librement et définir une direction sur la façon de prendre en compte les changements climatiques dans l’aide publique au développement. Composée de 13 membres et présidée par Mme Gunilla Carlsson, la Ministre suédoise pour la coopération et le développement international, la Commission présente une large représentation géographique et institutionnelle. Mme Ström a précisé les quatre domaines prioritaires étudiés par la Commission: le rôle et l’importance des écosystèmes dans la prévention des catastrophes; les zones de bidonvilles urbains; les catastrophes qui se prolongent; les mécanismes de gestion du risque dans le secteur de l’assurance. La représentante a estimé qu’il ne faudrait pas s’arrêter à la dimension scientifique du problème, mais prendre aussi en compte sa dimension humaine. Elle a précisé que la Commission allait se réunir demain pour la première fois et qu’il était prévu de tenir trois ou quatre réunions au cours de la première année de son mandat, un rapport devant être présenté au printemps 2009. Elle a émis l’espoir que ses résultats pourront contribuer à l’accord post-2012. Mme Ström a enfin souligné que les changements climatiques affectent déjà la sécurité humaine dans de nombreuses régions du monde et a mis en garde contre les risques de voir des millions de réfugiés du fait des changements climatiques créer de sérieux problèmes de migration.
M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a déclaré que le rapport du Secrétaire général offrait des solutions collectives pertinentes pour résoudre les problèmes posés par les changements climatiques. L’ONU et la Conférence des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques sont les instances dans lesquels doivent s’inscrire les actions multilatérales, a-t-il ajouté. Les Émirats arabes unis ont repris à leur compte le Plan d’action de Bali, souhaitant que les négociations en vue de parvenir à un accord en 2009 permettent d’obtenir des résultats concrets dans la lutte contre le réchauffement planétaire. Le mois dernier, a poursuivi le représentant, nous avons accueilli un sommet qui comptait des experts et des scientifiques du monde entier, au cours duquel les Émirats ont annoncé le lancement d’un programme de 50 milliards de dollars pour soutenir la recherche d’énergies renouvelables, en particulier les énergies éolienne et solaire. En outre, pas plus tard que vendredi dernier, le Gouvernement a lancé au niveau national une politique intitulée « Villes sans carbone ». Les Émirats arabes unis ont aussi contribué à hauteur de 150 millions de dollars au Fonds d’adaptation afin de financer la mise au point de stratégies à l’appui de la recherche de technologies propres. Le représentant a également annoncé une stratégie visant à élaborer un certain nombre de normes environnementales dans la législation des Émirats arabes unis. M. Al-Jarman a conclu son intervention en demandant aux pays développés d’assumer leurs responsabilités pour que les pays en développement puissent tirer parti des fonds et des mécanismes existants.
Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a estimé qu’il manquait aujourd’hui une volonté politique pour coopérer. Il est temps d’agir, a-t-elle insisté. Elle a en outre estimé que des progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable des pays en développement, en particulier des objectifs de développement internationalement reconnus, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, exigeaient une mise en œuvre totale et immédiate des engagements souscrits au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto, en particulier ceux concernant le financement de l’adaptation, le transfert des technologies et le renforcement des capacités. La représentante a affirmé que si un cadre global pour la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre était adopté demain, une stratégie mondiale pour l’atténuation demeurerait essentielle, alors même que le monde subit déjà le réchauffement en raison de l’inertie et des retards pris. De l’avis de sa délégation, une partie essentielle de toute stratégie mondiale intégrée doit se concentrer sur un financement accru et une assistance dans le domaine du renforcement des capacités des pays en développement.
M. ARMEN MARTIROSYAN (Arménie) a déclaré que son pays avait pris depuis longtemps des mesures d’atténuation des effets des changements climatiques. Il a également mis sur pied un centre d’information national au sujet de ce phénomène, qui vise à favoriser l’échange d’informations pertinentes avec tous les centres équivalents du monde entier. L’Arménie vient également de rendre public son premier rapport national sur les changements climatiques, dans un souci de pouvoir prendre les mesures législatives qui s’imposent en toute connaissance de cause, a ajouté le représentant. Bien que son pays ne figure pas à l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, et ne soit donc pas tenu à ce titre par l’obligation de limiter ses émissions de gaz à effet de serre, il a toutefois pris des mesures à cette fin sur une base volontaire. Le Gouvernement arménien a également mis en œuvre un plan-cadre énergétique jusqu’à 2010, sur lequel se base cette stratégie de réduction.
M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) s’est félicité de la priorité que s’est fixé le Secrétaire général de l’ONU en mettant la question des changements climatiques au cœur des activités de l’Organisation. Il est convaincu, a-t-il dit, que l’Assemblée générale des Nations Unies est l’instance appropriée pour débattre de cette question de façon globale et pour soutenir les négociations qui sont menées sous les auspices de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques. Il a proposé que l’Assemblée discute régulièrement des conséquences dévastatrices des changements climatiques sur l’environnement et le développement économique et social. M. Sergeyev a ensuite souligné l’importance de poursuivre l’élan pris au niveau national. L’Ukraine applique d’ailleurs le mécanisme pour le développement propre. Le Gouvernement ukrainien a approuvé en 2005 le Plan d’action national et a comptabilisé ses émissions de gaz à effet de serre annuelles. Son objectif est de les réduire de 25% d’ici à 2020, a précisé le représentant. Il a ajouté que son pays espère investir le solde de son quota d’émissions dans les technologies de l’environnement. Le Gouvernement fait aussi des efforts pour passer d’une économie basée sur le carbone aux énergies propres, comme les énergies renouvelables. Cela exige de renforcer la coopération internationale, a-t-il fait remarquer. Quant au régime des émissions qui sera en vigueur après 2012, le représentant a souhaité qu’il soit souple et tienne compte des besoins spécifiques des pays. Il a souligné l’importance d’arriver à un équilibre entre les deux périodes d’engagement. Il a aussi appelé à mettre au point un mécanisme de transfert des technologies visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
M. JOHN MCNEE (Canada) a déclaré que l’un des aspects les plus importants de la feuille de route de Bali était d’avoir reconnu qu’aucun pays ne pouvait agir seul contre les changements climatiques. Dans ces conditions, il a expliqué que son gouvernement était pleinement conscient du fait que les pays les plus directement responsables des émissions de gaz à effet de serre doivent prendre un engagement ferme sur la limitation de ces mêmes émissions dans le cadre d’un accord. Pour sa part, le Canada s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 60 à 70% d’ici à 2050. À Bali, le Gouvernement canadien a également décidé de redoubler d’efforts en faveur de la recherche technologique pour trouver des alternatives énergétiques respectueuses de l’environnement. Les partenariats entre le secteur privé et le secteur public contribuent à faciliter le financement de ces technologies propres, a ajouté le représentant. Il importe maintenant que des mesures d’adaptation soient envisagées de manière à garantir la sécurité de dizaines de millions de gens, a-t-il prévenu. Par ailleurs, le représentant a accueilli favorablement le rapport du Secrétaire général, qui montre que beaucoup d’institutions des Nations Unies se livrent déjà à des activités constructives dans la lutte contre les changements climatiques. Il s’est félicité en particulier de l’insistance et du pragmatisme manifestés pour que l’ONU développe une vision commune. Pour que la Conférence de Copenhague parvienne à adopter un accord en décembre 2009, il faudrait faire preuve de souplesse et de compromis, a estimé le représentant du Canada, convaincu que les pays industrialisés devront donner l’exemple.
M. ALI’IOAIGA FETURI ELISAIA (Samoa) a affirmé que les changements climatiques ne connaissaient aucune frontière et ne respectaient aucune souveraineté nationale. Aucun pays n’est à l’abri de leurs effets, indépendamment ou non du fait qu’il ait contribué à leurs causes profondes, a-t-il dit, soulignant que les changements climatiques appelaient une solution globale, les Nations Unies étant les mieux placées à cette fin. Les Nations Unies, a-t-il ajouté, doivent veiller à ce que les changements climatiques soient intégrés dans leur ordre du jour dans tous les domaines, compte tenu du profond impact que ceux-ci ont dans les aspects sociaux, économiques et politiques de la vie. Le représentant a en outre souligné que des partenariats innovants devaient être examinés et encouragés là où ils peuvent apporter une valeur ajoutée en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) a affirmé que le système des Nations Unies avait un rôle important à jouer dans l’assistance des pays, notamment les pays en développement, dans leurs efforts pour lutter contre les effets des changements climatiques. Le représentant a estimé que les Nations Unies, outre les domaines cités dans le rapport du Secrétaire général, pouvaient assister les États à renforcer leurs capacités pour l’adaptation et l’atténuation, en particulier dans les pays en développement, en vue de créer un environnement favorable au développement et au transfert des technologies et de sensibiliser aux questions liées aux changements climatiques. De même, a-t-il dit, l’ONU a un rôle à jouer pour tenter d’obtenir la volonté politique, le soutien et les engagements des dirigeants, mobiliser les ressources, promouvoir les partages des meilleures pratiques et des expériences parmi les États et les parties prenantes, et en facilitant l’établissement de normes contraignantes dans le domaine des changements climatiques.
M.ANDREIDAPKIUNAS (Bélarus) a rappelé que son pays était le seul à attendre la ratification par les parties au Protocole de Kyoto d’un amendement à l’annexe B du Protocole qui contient les engagements chiffrés auxquels les États parties se sont engagés. Seuls trois pays, à ce jour, ont ratifié l’amendement depuis son adoption par la Conférence des États parties, il y a 15 mois. Le représentant a également estimé que les Nations Unies devraient prendre des mesures concrètes pour établir un mécanisme facilitant le développement conjoint de technologies et assurer un accès plus large des pays en développement et aux économies en transition à des technologies nouvelles et émergeantes dans le domaine des sources nouvelles et renouvelables d’énergie, de l’efficacité énergétique et des économies d’énergie. De l’avis de sa délégation, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) pourraient jouer un rôle clef dans ce processus, y compris en préparant et en organisant, lors de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, un débat thématique sur les sources nouvelles et renouvelables d’énergie, l’efficacité énergétique et les économies d’énergie.
M. JAIRO MONTOYA (Colombie) a jugé opportun d’examiner le rôle des groupes de travail de l’ONU sur l’énergie, l’eau ou les océans pour déterminer leurs capacités à contribuer à la lutte contre les changements climatiques. À cet égard, a-t-il dit, les entités du système de l’ONU doivent respecter cinq conditions fondamentales. Elles doivent d’abord assurer le respect de l’orientation générale donnée par le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Elles doivent ensuite limiter leurs activités à leur mandat respectif. Elles doivent aussi donner leur contribution en tenant compte de leur capacité réelle et de leur avantage comparatif. Elles doivent enfin éviter de se concurrencer dans la mobilisation des ressources. Mais par-dessus tout, a insisté le représentant, elles doivent privilégier une approche fondée sur le développement, compte tenu de l’impact négatif, reconnu entre autres par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), des effets des changements climatiques sur la lutte contre la pauvreté et la réalisation des OMD. Toute stratégie doit donc être compatible avec les priorités des pays en développement en matière de croissance économique et de développement social.
Les entités des Nations Unies doivent se concentrer sur le renforcement des capacités nationales en matière de lutte contre les changements climatiques, en particulier en ce qui concerne les activités d’adaptation. Il est tout aussi important de promouvoir un environnement international favorable à la mise en œuvre des mesures convenues. Pour les pays en développement, cela implique le respect par les pays développés de leurs engagements; le maintien d’un flux adéquat de ressources internationales pour financer les activités d’adaptation et encourager des mesures volontaires d’atténuation; le transfert de technologies écologiquement saines; et la diffusion d’informations objectives et complètes sur les implications des changements climatiques. Concernant les partenariats, le représentant a jugé que le Pacte mondial est l’instrument idoine pour promouvoir la responsabilité sociale du secteur privé. « J’ai, a conclu le représentant, sciemment écarté la question d’une nouvelle architecture de l’environnement au sein du système de l’ONU, car au-delà de la cohérence de l’ordre du jour et des débats sur le cadre institutionnel, la vraie question est d’identifier les occasions nouvelles de contribuer efficacement à la lutte contre les changements climatiques ».
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a convenu que le problème des changements climatiques et du développement durable sont liés. Répondre aux défis que posent les changements climatiques dans le cadre du développement exigera une harmonisation plus étendue des efforts des donateurs, et ce, en conformité avec les projets et systèmes des pays en voie de développement tels qu’énoncés dans la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement, a-t-elle estimé. La représentante a ensuite indiqué que la Nouvelle-Zélande développe actuellement un système de commerce des émissions des six types de gaz à effet de serre et qu’elle a créé un réseau ciblant la recherche et la réduction des émissions dans le secteur de l’industrie animalière, 50% des émissions de carbone du pays étant provoquées ce secteur. Le Livestock Emission Abatement and Research Network (LEARN) regroupe des scientifiques et des fonctionnaires du monde entier et permettra de développer de nouvelles technologies dont pourront profiter les pays développés et les pays en voie de développement. La représentante a indiqué que son pays participe également activement dans le cadre de plusieurs partenariats, dont le International Carbon Action Partnership (ICAP) et le International Council for Local Environmental Initiatives (ICLEI) et a estimé que l’ONU et ses États Membres devaient appuyer le travail de ce type d’initiative.
Mme MONA JUUL (Norvège) s’est félicitée de l’Accord conclu à Bali, bien que son gouvernement estime que la communauté internationale ne se soit pas montrée assez ambitieuse. Le fardeau du réchauffement planétaire pèse lourdement sur les pays les plus pauvres, qui sont pourtant les moins responsables de la situation actuelle et, de ce fait, les changements climatiques sont également une question de justice et d’éthique. Si les pays industrialisés doivent être à la tête des efforts entrepris dans ce domaine, a estimé la représentante de la Norvège, tous les pays doivent cependant y participer dans la limite de leurs capacités. Le Gouvernement norvégien est prêt à jouer son rôle et a décidé d’annuler ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, pour devenir ainsi une nation exempte de carbone. La Norvège s’est donc fermement engagée à développer des technologies de capture et de stockage de carbone et à les rendre viables pour un usage mondial. En outre, elle reconnaît le besoin de réduire les émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts et a donc annoncé qu’elle allait appuyer les efforts de reboisement à hauteur de 500 millions de dollars par an. Seules des mesures efficaces dans ce domaine permettront de réduire progressivement et considérablement les émissions de gaz à effet de serre, a ajouté le représentant avant de conclure.
M. JEEM LIPPWE (Micronésie) a affirmé que les petits États insulaires en développement qui ont peu contribué aux effets des changements climatiques souffrent le plus. Il a demandé aux principaux pollueurs de prendre leurs responsabilités et de couvrir les coûts de l’adaptation dans les pays en développement, en particulier dans les petits États insulaires en développement. Il a estimé qu’investir dans les sources d’énergie propre renouvelable contribuerait à aider les petits États insulaires en développement à satisfaire leurs besoins énergétiques et à lutter contre les effets des changements climatiques. Soutenir le développement, l’utilisation et la fourniture de technologies d’énergie renouvelable pour les petits États insulaires en développement est nécessaire, a-t-il assuré. Pour cela, il est important d’intégrer la Stratégie de Maurice dans tous les processus des Nations Unies, a-t-il souligné.
Mme MELANIE SANTIZO-SANDOVAL (Guatemala) est brièvement intervenue pour déclarer que les pays de sa région étaient frappés de plein fouet par l’évolution du climat. Au-delà des effets néfastes du phénomène, nos pays d’Amérique latine et des Caraïbes doivent trouver des solutions communes pour répondre aux effets d’une dégradation écologique dont ils ne sont responsables qu’à hauteur de 5% des gaz à effets de serre qu’ils émettent chaque année. La représentante a ajouté que la région avait enregistré ces dernières années les températures les plus élevées de son histoire et que la désertification affectait de plus en plus le développement des pays. Se félicitant ensuite de la feuille de route convenue à Bali et de l’opérationnalisation du Fonds adaptation, elle a toutefois noté que ces accords ne marquaient que le début d’un processus de négociations plus exigeant. Elle a ainsi souhaité que la question à ses yeux « vitale » de la déforestation fasse l’objet d’un examen complet. La représentante a également demandé aux pays industrialisés de respecter leurs engagements en ce qui concerne la réduction des émissions de CO2 et de transfert de technologies en direction des pays en développement. Elle a enfin suggéré de ne pas revenir au cours des négociations de fond à venir sur les accords déjà trouvés dans ces domaines.
M. TIRTHA RAJ WAGLE (Népal) a souligné l’importance d’établir des partenariats et la coopération entre les autorités gouvernementales, les Nations Unies et les agences de développement, les organisations non gouvernementales, la société civile et le milieu des affaires en vue de créer un avenir durable. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de mobiliser les efforts dans le cadre des Nations Unies, en particulier de la Convention-cadre sur les changements climatiques, en respectant les engagements et les obligations pris en vertu des principes de responsabilité commune mais différenciée et des capacités respectives. Il a par ailleurs exhorté la communauté internationale à appuyer la création d’un centre de recherches au Népal en vue de permettre une évaluation scientifique des changements climatiques dans la chaîne de l’Himalaya et l’adaptation. Il a enfin souhaité que soit accordée une plus grande attention aux pays les moins avancés, aux pays montagneux et aux petits États insulaires en développement, par le biais d’un soutien technique et financier.
M. SIRODJIDIN ASLOV (Tadjikistan) a axé son intervention sur la question de l’adaptation. Il a ainsi indiqué que les conditions climatiques défavorables dans son pays s’étaient aggravées avec les années, les hivers étant devenus au cours des 50 dernières années de plus en plus rigoureux. Le représentant a expliqué que cette évolution avait des effets catastrophiques sur la fourniture d’énergie et, ce faisant, sur l’activité des entreprises industrielles soumises, a-t-il dit, à de fréquentes coupures d’électricité. Il a estimé à plusieurs centaines de millions de dollars les pertes entraînées par l’hiver particulièrement rude qui sévit actuellement dans son pays. Le représentant a ensuite mis l’accent sur la nécessité impérieuse de prendre les mesures d’urgence qui s’imposent pour assurer à tous une fourniture à long terme d’eau potable. L’eau est une ressource naturelle unique que les hommes utilisent pour boire, produire leur nourriture, fabriquer leurs biens, générer l’électricité qui fait tourner leurs usines, a-t-il rappelé. Il a aussi rappelé le lien qui existe entre énergie hydrique et réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Pour ces raisons, nous estimons que l’Assemblée générale devrait tenir un débat de haut niveau sur la question de l’eau et de sa fourniture, a encore déclaré le représentant. Ce débat, a-t-il suggéré, pourrait être l’occasion de discuter sur le fond de mesures spécifiques à mettre en œuvre dans le cadre de la réalisation des OMD et de la Décennie internationale d’action sur le thème « L'eau, source de vie ».
M. BATURE LAWAL (Nigéria) a accueilli avec satisfaction les « idées neuves » que Richard Branson, de Virgin Group, a défendues hier sur la nécessité d’une action concertée pour lutter contre les changements climatiques. Le Nigéria, a-t-il poursuivi, s’est activement engagé dans des partenariats bilatéraux et multilatéraux tant aux niveaux régional que national. Il a intégré ses stratégies d’atténuation et d’adaptation dans ses politiques de développement avec pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de maintenir la campagne contre la désertification et la dégradation des sols. En juillet 2007, le Gouvernement du Nigéria a transformé en loi les normes et règlementations nationales en matière d’environnement et continue d’attirer l’attention sur la nécessité pour la communauté internationale et le système des Nations Unies, en particulier, d’appuyer les efforts des pays africains pour sauver le Lac Tchad. Pour les pays en développement, a poursuivi le représentant, le défi à relever est de traiter du changement climatique sans compromettre l’ordre du jour du développement.
Le système des Nations Unies, a estimé M. Lawal, peut les aider dans la mobilisation des ressources, le renforcement des capacités et l’accès à des technologies propres. Le représentant a tout de même mis en garde contre la production de biocarburants dans des zones où elle pourrait menacer la sécurité alimentaire. Il a aussi souligné que pour des pays comme le Nigéria, la question des droits de propriété intellectuelle est le principal obstacle au transfert des technologies. Il a donc plaidé pour un programme « aide pour la technologie » à l’instar du programme « aide pour le commerce ». Les Nations Unies, a-t-il aussi suggéré, pourraient répertorier les technologies à libre accès et les mettre à la disposition des pays en développement. Le représentant a conclu en appelant les Nations Unies à promouvoir « vigoureusement » le programme stratégique d’investissement pour la gestion durable des terres en Afrique subsaharienne. Il les a aussi appelées à aider les pays africains à accéder, par le biais du Plan-cadre de Nairobi, aux projets lancés dans le cadre du mécanisme de développement propre.
M. ALPHA IBRAHIMA SOW (Guinée) a rappelé que le réchauffement climatique affecte gravement son pays et sa région avec des conséquences sensibles comme les dérèglements écologiques et la désertification. Il a donc souhaité la mise en place d’un accord global et conforme au principe de responsabilités communes mais différenciées. Il a réitéré la nécessité urgente de mobiliser pleinement les outils financiers, techniques et institutionnels pour renforcer les capacités d’adaptation des pays les plus pauvres et les plus vulnérables aux effets néfastes, souvent « catastrophiques et imprévisibles » des changements climatiques. Il a jugé important, dans ce contexte, de rendre opérationnel le Plan-cadre de Nairobi en vue de faciliter la participation des pays en développement au mécanisme pour le développement propre. Le représentant a conclu en exprimant sa reconnaissance à tous les pays partenaires qui ont pris des engagements concrets, quantifiables et ciblés. Il a particulièrement remercié le Japon dont le Premier Ministre a fait la promesse d’établir un nouveau mécanisme de financement d’un montant de 10 milliards de dollars pour appuyer concrètement les efforts des pays en développement face aux changements climatiques.
Mme PAULETTE A. BETHEL (Bahamas) a rappelé que son pays, qui figure parmi les 100 nations les plus vulnérables aux effets des changements climatiques, fait désormais face à des inondations résultant de précipitations très fortes, à une perte de ses ressources hydriques et à l’érosion de ses côtes. Le Gouvernement des Bahamas a clairement pris conscience que l’avenir de son peuple dépendrait de l’exploitation responsable des ressources naturelles et de celles créées par l’homme disponibles dans le pays. Mais nous devons apporter une réponse collective au problème que nous confrontons, a dit Mme Bethel. C’est pourquoi nous saluons ce débat qui permet de réfléchir aux moyens d’engager le Système des Nations Unies, en collaboration avec les États Membres, le secteur privé et la société civile, à soutenir les travaux de la Convention-cadre contre les changements climatiques, a-t-elle ajouté. Des besoins importants se font également sentir dans le domaine des ressources financières additionnelles et des solutions technologiques, a-t-elle dit, en souhaitant que le Fonds d’adaptation facilite ce processus.
M. SOMDUTH SOBORUN (Maurice) a encouragé le Secrétaire général à rester engagé dans la recherche de solutions à la question des changements climatiques. Il a estimé que les Nations Unies restent la meilleure organisation pouvant traiter de cette question et a appelé à bien coordonner toutes les activités menées en son sein. Il faut parvenir à un accord bien avant 2009, a déclaré M. Soborun, afin de faire avancer le processus et arriver à un accord pour l’après Kyoto. Il faut donc éviter de surcharger le programme du Plan d’action de Bali, a-t-il recommandé. Le représentant a souligné les défis auxquels font face les petits États insulaires en développement (PEID) du fait des changements climatiques et du réchauffement de la planète. Ces États se voient menacés par l’augmentation du niveau de la mer, les conditions météorologiques extrêmes, le rétrécissement des côtes et le blanchiment du corail. Cela affecte sérieusement le tourisme et la pêche qui constituent les piliers de l’économie des PEID, a expliqué le représentant mauricien. Il a donc approuvé les initiatives des Nations Unies visant à aider ces États et, en général, tous les pays en développement, à élaborer et mettre en œuvre des stratégies nationales d’adaptation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
M. Soborun a lancé un nouvel appel en vue de créer un fonds spécial pour les PEID. Ce fonds serait consacré au développement et à la mise en œuvre des mesures de lutte et d’adaptation. Les 300 millions de dollars récemment déposés dans le fonds ne constituent qu’une goutte d’eau dans l’océan et la communauté internationale peut faire beaucoup plus, a dit le représentant. Il s’est félicité de l’initiative japonaise qui a abouti à la création d’un mécanisme financier de 10 milliards de dollars destiné à aider les pays en développement à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il a encore exprimé sa gratitude au Gouvernement indien qui a projeté d’aider les PEID à hauteur de 70 millions de dollars, cette somme s’ajoutant aux 350 millions de prêts et d’ouvertures de crédit déjà promis. Sans ressources en fer, charbon, or, diamants, cuivre ou pétrole, mais avec un fort ensoleillement annuel, les petits États insulaires en développement concentrent leurs efforts pour pouvoir extraire le dioxyde de carbone de l’atmosphère et utiliser l’énergie solaire, a dit M. Soborun. Le transfert de technologies et de savoir-faire est donc important pour ces pays, a-t-il rappelé.
M. DELANO BART (Saint-Kitts-et-Nevis) a indiqué que pour des pays comme le sien, il importait déjà de traiter les conséquences des changements climatiques. La destruction de nos plages et l’endommagement de nos forêts vierges et de notre topographie ont déjà commencé, a-t-il signalé. Les chutes de pluie sont devenues imprévisibles et violentes, ce qui entraîne une érosion des terres cultivables. Ce phénomène, de même que les périodes de sécheresse, menace la sécurité alimentaire de notre pays et nous oblige à importer de la nourriture en grande quantité, a expliqué M. Bart. Il a également indiqué que les ressources en eau potable du pays étaient de plus en plus limitées. La dégradation de notre environnement risque de nous rendre moins attrayants pour le tourisme, qui est notre moteur principal de développement, a-t-il averti. Nous contribuons le moins au réchauffement climatique, et cependant nous comptons parmi les premiers à souffrir des conséquences de ce phénomène, a déploré le représentant. Il est moralement impératif que les pays émetteurs et pollueurs adhèrent à des partenariats pour trouver une solution. Le représentant a indiqué que des sources viables d’énergie géothermiques existaient dans son pays, mais que Saint-Kitts-et-Nevis ne disposait pas de ressources financières et techniques pour pouvoir l’exploiter. Nous avons besoin de l’aide des pays développés dans ce domaine, a-t-il indiqué. Avant de conclure son intervention, le représentant a estimé que toutes les nations doivent être unies pour faire face au défi des changements climatiques et mettre en œuvre, de manière proactive, des stratégies et des solutions pour mitiger les effets de ce désastre imminent.
M. PETER MAURER (Suisse) a voulu que dans l’avenir, le système des Nations Unies réponde effectivement aux demandes du Plan d’action de Bali, en matière de réduction des émissions, d’adaptation, de transfert de technologies et de mobilisation des ressources financières. Estimant que le rapport du Secrétaire général mérite d’être complété, il a mentionné à titre d’exemple les activités en matière de plaidoyer réalisées par les institutions des Nations Unies qui participent à la Stratégie internationale de prévention des catastrophes dans le cadre du « Cadre d’action de Hyogo 2005-2015 ». Il a enfin souligné l’importance que revêt la troisième Conférence mondiale sur le climat qui sera organisée à Genève au début de septembre 2009. Le thème général en sera la « prédiction climatique pour la prise de décision », en prêtant une attention particulière à une échelle de temps allant des saisons aux décennies. La Conférence comportera un segment de haut niveau au cours duquel d’importantes recommandations seront faites pour la lutte contre les changements climatiques, et notamment en ce qui concerne l’adaptation.
M. RODRIGO RIOFRÍO (Équateur) a souligné l’importance de la feuille de route qui a été établie à la Conférence de Bali et qui devrait permettre à la communauté internationale de parvenir aux accords nécessaires pour faire face aux effets des changements climatiques. Nous sommes très préoccupés par la responsabilité historique des pays développés, a-t-elle ajouté, sachant que les changements climatiques majeurs causent des catastrophes dans les pays en développement. C’est pour cette raison que nous demandons à ces États de respecter leurs engagements et de mettre en œuvre des mesures d’aide aux pays en développement pour que ces derniers s’adaptent aux changements. En Équateur, les émissions ne représentent que 1% des émissions mondiales, alors que le pays a dû faire face à des catastrophes naturelles qui résultent des changements climatiques. Certaines zones du pays, comme les zones côtières, se trouvent donc en situation d’urgence à cause de graves inondations causées par l’ouragan Niña.
Il y a quelques mois, a poursuivi le représentant, l’Équateur a présenté à la communauté internationale une initiative qui consiste à laisser le pétrole brut dans les sous-sols de la région ITT-Yasuni. Le Gouvernement équatorien s’est ainsi engagé à ne pas exploiter près de 920 millions de barils de pétrole et, en contrepartie, il sollicite la responsabilité de la communauté internationale et sa participation, en versant 5 dollars par baril non exploité dans un fonds d’affectation spéciale. Les 4,6 milliards de dollars qui devraient être générés seront utilisés pour mener à bien le Plan national de développement, notamment par la diversification des sources d’énergie et le développement des capacités.
M. HUGO SILES-ALVARADO (Bolivie) a affirmé que l’on oubliait les causes fondamentales qui ont mené à la situation actuelle. On ne cherche qu’à traiter les problèmes de conjoncture, a-t-il dit. Les changements climatiques sont la conséquence d’un long processus de contamination de l’environnement, a-t-il dit, citant le développement industriel. Le représentant a indiqué que la Bolivie connaissait une deuxième année consécutive d’inondations, conséquence de refroidissement ou de réchauffement rapide de masses d’air dans l’atmosphère qui touchent durement le continent sud-américain. S’agissant des mesures requises d’adaptation ou d’atténuation, le représentant a observé que les pays les moins développés ne disposaient pas des technologies nécessaires pour les mettre en œuvre. Les pays qui ont le plus contribué à la pollution de l’atmosphère doivent au minimum rendre disponibles ces technologies, a-t-il déclaré.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé qu’il importe de reconnaître que le problème des changements climatiques n’est pas seulement une question environnementale, mais principalement une question de développement durable. Il a également fait remarquer que les changements climatiques sont capables d’exacerber les menaces qui se posent sur le plan sécuritaire et entrent ainsi dans le cadre des priorités du travail de l’ONU. Le financement des efforts à déployer pour lutter contre les conséquences du phénomène et les technologies à développer et à utiliser occupent à juste titre une place de premier ordre dans le cadre au sujet duquel nous nous sommes accordés à Bali, a poursuivi le représentant. Mais nous ne devons pas nous laisser porter par l’idée que l’on peut apporter une réponse technologique au défi complexe posé par les changements climatiques, a-t-il prévenu. Une volonté politique durable et une prise de conscience mondiale de l’étendue du défi qui se pose à nous sont indispensables, a estimé le représentant, qui a ensuite préconisé la création de partenariats entre toutes les parties impliquées dans la lutte contre les changements climatiques.
M. MARTIN GARCIA MORENO (Argentine) a affirmé que son pays appuyait de façon claire la tenue de négociations à l’intérieur des instances principales responsables de la question des changements climatiques, l’instance la plus pertinente étant pour l’instant la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le renforcement de la coopération multilatérale est essentiel aux mesures d’atténuation et d’adaptation, a-t-il également assuré. Les activités du système des Nations Unies pourraient, a-t-il estimé, être renforcées si les parties à la Convention-cadre conviennent que l’ONU est l’instance pertinente où doivent avoir lieu les négociations. Il convient, a-t-il ajouté, de se concentrer sur la réalisation des obligations déjà établies et mettre de côté les initiatives visant à diluer ces efforts.
M. JEAN-MARIE EHOUZOU (Bénin) a rappelé que nombre de pays étaient confrontés à l’érosion côtière et aux inondations dues à la hausse du niveau de la mer, ou encore à l’assèchement des cours d’eau, compliquant dans tous ces cas l’accès aux ressources naturelles essentielles pour la survie de l’humanité. Il a préconisé, à la lumière des différents débats tenus sur la question, de rechercher des solutions concertées et fondées sur la solidarité internationale, nécessitant la mobilisation de ressources financières requises dans les temps ainsi que les transferts de technologies appropriées. Le représentant a ensuite affirmé que les sociétés humaines devaient opérer des transformations en profondeur pour éloigner le spectre de chocs climatiques majeurs. Il a signalé également que les travaux du GIEC avaient mis en évidence le rapport coût-avantage largement positif de l’action par anticipation relativement au coût des catastrophes naturelles causées par les changements climatiques. Le représentant du Bénin a en outre indiqué que les avancées technologiques permettaient désormais de faciliter l’utilisation d’énergies renouvelables afin de diminuer la pression pesant sur les ressources naturelles extinguibles. Il a ainsi plaidé pour la mise à disposition de ces avancées aux couches les plus pauvres de la population mondiale et jugé que toute stratégie d’adaptation devait s’inscrire dans la perspective du développement durable. M. Ehouzou a par ailleurs souhaité que les ressources allouées au titre du Fonds d’adaptation servent aussi à financer les projets de lutte contre la dégradation des sols et à soutenir un vaste programme de reboisement. Ces activités, a-t-il dit, contribueront non seulement à améliorer la santé environnementale de notre planète, mais aussi celle de ses habitants en générant des revenus.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que l’utilisation de technologies dites « propres » constituait une composante importante du développement durable. Il a estimé que pour aider les pays en voie d’industrialisation à éviter les erreurs que les autres ont commises dans le passé, les pays les plus industrialisés devraient partager avec eux leurs technologies les plus avancées et les plus propres. En outre, les marchés devraient être encouragés à favoriser des « économies vertes » et non à appuyer la demande de biens dont la production provoque la dégradation de l’environnement, a-t-il souligné. Le défi des changements climatiques exige, à ses yeux, une réponse coordonnée à plusieurs niveaux, qui doit se faire simultanément avec des programmes d’atténuation et d’adaptation à l’échelle individuelle, locale, nationale et mondiale.
M. RAYMOND FORDE, Vice-Président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a exhorté tous les gouvernements à saisir les opportunités offertes par le consensus issu de la trentième Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge tenue à Genève en novembre dernier, afin d’opérer « un vrai changement » dans le domaine prioritaire de l’adaptation à l’évolution du climat. Il a indiqué que les sociétés qu’il représente sont très actives sur le front de la lutte contre les effets des changements climatiques, par le biais notamment de l’utilisation des expertises et ressources mobilisées lors des grandes conférences internationales pour établir des plans d’action nationaux de réduction du coût humanitaire, en particulier dans les pays les moins avancés et sans littoral. L’Observateur a ensuite souligné que la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge continuerait d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour assurer que les changements climatiques font intégralement partie des politiques nationales de réduction des risques. Enfin, il a jugé que l’adaptation devait être financée par le biais d’un fonds propre n’entrant pas en concurrence avec les autres mécanismes d’appui au développement.
Mme DIANE JUMET, Conseillère spéciale de l’Organisation juridique consultative pour les pays d’Asie et d’Afrique, a déclaré que la politique de réduction de consommation était importante et nécessaire, sachant que les avancées technologiques pourront bientôt contribuer à utiliser les ressources d’une manière plus efficace. Le partage et le transfert de technologies est un devoir moral et un objectif louable, a ajouté l’intervenante, même s’il n’est pas possible de partager ce qui n’existe pas encore, notamment les biocarburants dont la mise au point est pour l’heure en cours. Mme Jumet a poursuivi son intervention en disant que les Nations unies, en tant que premier forum intergouvernemental mondial, peut contribuer de manière déterminante en identifiant lors de ses débats des secteurs prioritaires et en intensifiant l’échange d’informations et d’expertise entre les parties à la Convention-Cadre. Les objectifs fixés peuvent être atteints, a-t-elle estimé, et placer la barre trop haut pourrait devenir une raison malvenue de reporter l’action commune et même une cause d’échec. Elle a conclu en disant qu’il faudrait également insister sur la pleine mise en œuvre des accords internationaux en vigueur sans avoir à s’appesantir lors de débats supplémentaires.
Mme ANDA FILIP, Observatrice permanente de l’Union interparlementaire (UIP), a rappelé qu’en matière de lutte contre les effets du réchauffement climatique, le coût de l’inaction dépassait de loin celui de l’action. Elle a ajouté qu’à Bali, l’UIP avait œuvré activement à la rédaction de la Déclaration finale qui, a-t-elle dit, appelle les parlements à renforcer les politiques écologiques et les législations en vue de parvenir aux objectifs fixés en vertu de la Convention-cadre de l’ONU. L’intervenante a ensuite évoqué les différentes initiatives prises par des parlements nationaux avant d’affirmer que ceux-ci ne pourraient pas, seuls, sauver le monde de sa propre extinction. Elle a ainsi plaidé pour la mise en œuvre de partenariats forgés dans l’intérêt du plus grand nombre entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé. Ce que les parlements peuvent faire dans ce cadre, comme le Secrétaire général l’a suggéré à Bali, c’est de poser les fondations juridiques nécessaires à l’établissement de tels partenariats, a encore dit Mme Filip. Elle a conclu en indiquant que l’UIP ne ménagerait pas ses efforts cette année, notamment en interpellant la communauté scientifique sur les moyens pratiques et accessibles à mettre en place à moyen terme, en particulier dans les pays dans le besoin.
Mme ANKE STRAUSS, Observatrice de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a affirmé que peu d’attention avait été accordée jusqu’ici aux conséquences des changements climatiques sur les migrations à long terme. Elle a mis l’accent sur la nécessité pour les gouvernements et les parties prenantes, à travers le dialogue et la coopération, de planifier dès maintenant des mesures visant à s’attaquer aux causes et aux conséquences migratoires des changements climatiques et d’améliorer la prise de conscience du problème. Reconnaissant que l’élaboration de politique, la recherche et les activités sur le terrain doivent être coordonnées en vue d’assurer la cohérence nécessaire à tous les niveaux, l’OIM, en coopération avec ses partenaires de l’action humanitaire du Système des Nations Unies et le Comité permanent interinstitutions assistent sur le terrain les personnes déplacées en raison de situations écologiques, a indiqué Mme Strauss.
M. NARINDER KAKAR, Observateur permanent de l’Union mondiale pour la conservation de la nature et de ses ressources auprès des Nations Unies, a déclaré que l’Union œuvrait à la protection de la biodiversité afin de réduire, par ce biais, les effets néfastes des changements climatiques. Les activités destinées à accroître l’adaptation des populations à cette évolution permettront de réduire leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles, a-t-il ajouté, les partenariats au niveau local étant essentiels à cette fin. L’Observateur a mis l’accent sur l’importance du rôle des forêts et des ressources hydriques dans l’adaptation aux changements climatiques et de la gestion durable des écosystèmes. Évoquant ensuite l’action internationale entreprise sous l’égide de l’ONU, M. Kakar a déclaré que les stratégies de réduction des gaz à effet de serre devraient être axées non seulement sur celle des émissions de dioxyde de carbone mais aussi sur une réduction accrue des émissions résultant de l’utilisation des énergies fossiles. Il a ensuite plaidé pour une diffusion équitable des technologies vertes par le biais du mécanisme pour un développement propre et le Fonds d’adaptation, afin de tenir compte du manque de ressources financières, administratives et techniques qui font encore défaut aux pays en développement.
M. ROBERT L. SHAFER, Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte, a affirmé que les Nations Unies devraient renforcer les capacités de planification de santé publique, y compris les mécanismes de surveillance et d’évolution du climat et des impacts sur la santé, et adopter une approche plus préventive de la protection sanitaire. Les Nations Unies, a-t-il ajouté, doivent devenir un endroit neutre où l’on pourra négocier, rétablir un climat de confiance et mobiliser des volontés politiques de haut niveau.
Mme MARIA FRANCESCA SPATOLISANO, Observatrice de la Communauté européenne, a affirmé que l’ensemble de mesures sur les énergies renouvelables, établi le 23 janvier dernier, devrait permettre à l’Union européenne de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’une manière très significative. Elle a indiqué que cet objectif serait respecté par le biais d’une combinaison d’actions rentables sur le plan économique et d’efforts équitablement partagés entre les États membres de l’Union européenne. Elle a également indiqué que, pour l’Union européenne, la réduction des émissions de gaz à effet de serre peut être réalisée sans baisse de la croissance économique et de la prospérité des peuples. Pour ce faire, elle a plaidé pour que les pays en développement appliquent le principe de la responsabilité commune mais différenciée qui, a-t-elle ajouté, sera la condition pour pouvoir porter la réduction d’émission à 30% une fois qu’un nouvel accord international aura été trouvé. L’intervenante a également estimé qu’il faudrait utiliser plus efficacement les possibilités offertes par le marché des carbones qui, a-t-elle précisé, sera amené à jouer un rôle central dans le contexte du prochain accord international. Les autorités publiques peuvent faciliter la création d’un cadre attractif pour le secteur privé, par le biais d’investissements à l’appui du développement d’une économie à faible carbone, a encore souhaité l’Observatrice de la Communauté européenne. Elle a rappelé, à ce propos, que, selon le rapport du secrétariat de la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques, le secteur privé fournissait déjà 86% des investissements financiers destinés à répondre au défi du réchauffement de la planète.
M. SRGJAN KERIM, Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a affirmé que le nombre de délégations qui se sont exprimées, 115 au total, témoignait de l’importance qu’il y a à entreprendre des actions concrètes immédiates en vue de s’attaquer aux changements climatiques. Au cours de ces trois jours, nous avons entendu les raisons impérieuses pour lesquelles les Nations Unies se doivent de promouvoir des partenariats et des approches intégrés avec toutes les parties prenantes intéressées, en particulier le secteur privé et les autorités locales, afin d’éliminer la menace que les changements climatiques posent à notre façon de vivre, a-t-il déclaré. Une conviction générale ressort du débat selon laquelle les actions nécessaires sont tellement interdépendantes qu’elles ne peuvent résulter que d’efforts collectifs, a-t-il ajouté.
Le Président de l’Assemblée générale a également rappelé que, parmi les États Membres, le lien entre les changements climatiques et le développement durable avait été mis en valeur. Le Secrétariat des Nations Unies doit désormais réagir en développant des solutions politiques susceptibles d’aider les États Membres à répondre aux questions soulevées lors du débat, a-t-il dit. C’est pourquoi, il a estimé qu’il était nécessaire de mieux comprendre la façon d’intégrer les changements climatiques dans toutes les stratégies nationales de développement. De même, des conseils plus clairs sont indispensables pour savoir comment renforcer le régime de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, notamment pour faciliter l’accès aux ressources financières et aux investissements. Des propositions plus complètes sur la façon d’assurer la cohérence et de promouvoir les synergies au sein du Système des Nations Unies afin de combler les fossés dans la mise en œuvre doivent être également faites, a-t-il ajouté. M. Kerim a mis l’accent également sur la nécessité pour les Nations Unies d’aider au mieux les pays en développement à s’adapter aux effets inévitables des changements climatiques.
Le Président de l’Assemblée générale s’est déclaré convaincu que le défi à relever est de créer des économies où il y aura une faible consommation de carbone et d’inciter les individus à modifier leurs comportements. Les États Membres, les organisations régionales et multilatérales doivent dès lors développer des partenariats plus forts avec le secteur privé. Les Nations Unies, avec le Pacte mondial, ont déjà fait un pas dans cette direction, a-t-il dit. Le secteur privé, a-t-il précisé, prend au sérieux ces problèmes et reconnaît la contribution qu’il peut apporter. M. Kerim a, par ailleurs, souligné que de plus en plus de pays développés manifestaient leur volonté de fournir des fonds nouveaux et de mettre en valeur les rôles essentiels que jouent les institutions financières internationales et le secteur privé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cela est essentiel car on ne peut sous-estimer l’importance à accélérer les transferts de technologies vers les pays en développement et à assurer le financement de l’adaptation et de l’atténuation, a-t-il affirmé.
M. Kerim a affirmé que les États Membres reconnaissaient que les Nations Unies étaient les mieux placées pour fournir une réponse intégrée au double défi complémentaire que posent la lutte contre les effets des changements climatiques et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a souligné l’importance pour les États Membres de travailler ensemble en vue de parvenir à un accord afin de guider les activités des Nations Unies concernant les changements climatiques. Le Président a proposé que le Secrétaire général fournisse à l’Assemblée générale un exposé plus détaillé des efforts visant à renforcer et à coordonner les activités sur les changements climatiques. De même, il a annoncé qu’il convoquerait deux réunions de l’Assemblée pour examiner les aspects spécifiques de la question du climat, l’une sur les besoins des pays les plus vulnérables et l’autre sur la responsabilité des entreprises et le développement durable.
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