En cours au Siège de l'ONU

AG/10754

LE TERRORISME ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES CONTINUENT DE DOMINER LE DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

25/09/2008
Assemblée généraleAG/10754
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-troisième session

9e et 10e séances plénières de haut niveau

Matin et après-midi


LE TERRORISME ET LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES CONTINUENT DE DOMINER LE DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Les petits États insulaires en développement critiquent le manque de réaction des principaux pollueurs de la planète


La troisième journée du débat général de l’Assemblée générale a été marquée par les interventions de nombreux pays qui ont mobilisé l’actualité internationale au cours des derniers mois.  Le Pakistan, l’Iraq, le Soudan ou encore le Zimbabwe ont fait le point sur la situation de leur pays alors que les petits États insulaires en développement ont dénoncé le manque de réaction des « principaux pollueurs de la planète ».


« Le Pakistan n’est pas la cause du terrorisme, il en est la victime » a déclaré Asif Ali Zardari, Président du Pakistan, qui a profité de son intervention pour rendre longuement hommage à Benazir Bhutto, son épouse et ancien Premier Ministre du Pakistan, assassinée l’an dernier au cours d’un attentat. 


« Si Al Qaida et les Taliban ont cru qu’en faisant taire Benazir Bhutto, ils allaient étouffer son message, ils se sont clairement trompés » a-t-il clamé, pour ensuite demander aux États Membres de se tenir aux côtés de son pays qui est «  en première ligne dans cette lutte épique du nouveau millénaire » qu’est le combat contre le terrorisme. 


Le Président pakistanais a tout de même ajouté: « Tout comme nous n’accepterons pas que notre territoire soit utilisé par les terroristes, nous n’accepterons pas non plus que sa souveraineté soit violée par « nos amis ».  Comme solution définitive contre le terrorisme, il a préconisé « un Pakistan économiquement viable et stable ».  La justice économique et la démocratie, a-t-il dit, sont les cauchemars les plus noirs des terroristes.


Le Président iraquien, M. Jalal Talabani, a également dénoncé les menaces terroristes qui continuent de peser sur son pays, tentant de le plonger dans « la tyrannie, l’oppression et la dictature ».  Soulignant néanmoins les progrès enregistrés, il a argué que l’Iraq « ne menace plus la paix et la sécurité internationales », avant de demander l’arrêt de toutes les mesures prises par le Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.


Si le Vice-Président du Soudan s’est également tourné vers la communauté internationale pour l’inviter à appuyer les efforts de paix et de stabilité dans son pays, il a estimé que la question du Darfour relève, d’abord et avant tout, de la responsabilité des Soudanais.  « Cette question est au centre des préoccupations du Gouvernement et du peuple soudanais », a-t-il affirmé, signalant qu’un consensus national sur cette question est actuellement en cours. 


Le Vice-Président soudanais s’est aussi interrogé sur le bien-fondé du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) qui risque « de miner les efforts de paix, compromettre la stabilité du pays et servir de prétexte aux groupes rebelles du Darfour qui ne se sont pas joints aux accords de paix ».


Les critiques qu’il a émises sur les sanctions imposées à son pays ont été relayées par le Président du Zimbabwe, Robert Mugabe, qui a lancé des accusations contre le Royaume-Uni et les États-Unis.  Le Président Mugabe a assuré que son parti, la ZANU (PF), obéira à l’esprit et à la lettre de l’Accord signé avec l’opposition le 15 septembre dernier.  Il a donc appelé tous les États Membres qui ont imposé des sanctions à son pays à les lever afin que « nous puissions nous concentrer, sans distraction, à la relance économique ».


Ce soixante-troisième débat général a également été dominé par les préoccupations des petits États insulaires en développement.  « Il n’est pas juste que des petites îles courent le risque d’être submergées par la montée des eaux, pendant que d’autres nations refusent d’admettre leurs responsabilités dans la pollution qui menace la planète », s’est notamment indigné le Président des Seychelles.


Face à cette situation, le Président des Îles Marshall a signalé que les pays du Pacifique ont l’intention de présenter une résolution visant à inscrire la question des changements climatiques à l’ordre du jour du Conseil de sécurité « comme une question de sécurité de la plus grande gravité ».


Outre les pays susmentionnés, la Principauté d’Andorre; Antigua-et-Barbuda; l’Arménie; l’Australie; le Brunéi Darussalam; le Cameroun; les Comores; l’Espagne; l’ex-République yougoslave de Macédoine; la Guinée-Bissau; la Guinée équatoriale; le Japon; Kiribati; le Koweït; la Micronésie; la Norvège; les Palaos; les Pays-Bas; la République de Corée; Sao Tomé-et-Principe; Saint-Marin; Saint-Kitts-et-Nevis; la Sierra Leone; le Tadjikistan et le Timor-Leste ont également participé à ce débat général.


Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, vendredi 26 septembre, à partir de 9 heures.


SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Déclarations


M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a appelé les chefs d’État à traiter des problèmes mondiaux qui sont les défis du XXIe siècle.  L’humanité a connu un certain nombre de crises qui ont causé la crise générale du financement qui a des effets graves sur la situation sociale des pays en développement et des États en transition.


M. Rahmon a souhaité un dialogue efficace entre toutes les nations tout en évitant le « deux poids, deux mesures ».  Il a estimé que l’Organisation des Nations Unies était la seule instance qui pouvait relever les défis et régler les problèmes actuels, notamment celui de la crise alimentaire et du réchauffement climatique.


Le Tadjikistan est frappé de plein fouet par la hausse des prix des denrées alimentaires, a expliqué le Président Rahmon.  Le territoire tadjik est à 93% montagneux et 7% sont des terres arables.  La crise alimentaire a donc frappé les deux tiers de la population, a-t-il avancé.  Il a déploré que certaines nations utilisent des produits alimentaires dans la production de biocarburant, considérant ce geste « inhumain ».  Il faut empêcher l’aggravation de la crise alimentaire qui pourrait conduire à la paupérisation de millions de personnes.


Le Président a demandé l’aplanissement des barrières artificielles qui nuisent au commerce.  La réunion de haut niveau qui s’est tenue à Rome sur la sécurité alimentaire constitue un pas important, a-t-il noté, mais il faut revitaliser au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) les activités dans le transfert des technologies de pointe.  Il a lancé un appel pressant pour appuyer ces programmes car, a-t-il dit, la vie de millions de personnes dépend du droit à l’alimentation.


Le Tadjikistan possède une terre fertile et riche en eau et peut apporter des solutions durables, a précisé le chef d’État.  Cinquante cinq pourcent des ressources en eau de l’Asie centrale proviennent du Tadjikistan.  L’eau est une source majeure de production hydroélectrique non polluante mais seule 5% de cette capacité est utilisée, a déploré le Président.  Selon lui, une démarche commune pour utiliser l’hydroélectricité et les autres ressources naturelles apporterait des solutions aux problèmes écologiques et alimentaires.


Au Tadjikistan, les changements climatiques sont un autre sujet d’inquiétude pour le pays.  Les glaciers ont diminué de 30% et le niveau des fleuves a considérablement diminué.  M. Rahmon a appelé la communauté des donateurs à soutenir la croissance durable de son pays.  Il a souhaité une réduction de la dette des pays en développement, rappelant les prix très élevés pour ces pays, des produits de base et des produits alimentaires.  Il a conclu son propos en mettant en lumière la situation qui prévaut en Afghanistan, objet de préoccupation pour son pays. 


M. BRANKO CRVENKOVSKI, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré que les résultats à mi-parcours des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne devaient pas être sous-estimés mais qu’ils étaient loin d’être satisfaisants.  À l’heure où de nombreux pays rencontrent des difficultés dans leur croissance économique, il a estimé qu’il était temps d’impulser un nouvel élan à la réalisation de ces Objectifs. 


Le dirigeant macédonien a ensuite évoqué les questions relatives à la paix et à la sécurité internationales, faisant part de son inquiétude devant les crises et les tensions dans plusieurs régions du monde.  Des actes terroristes sont perpétrés avec une régularité préoccupante, et nous, les États Membres, manquons toujours de la volonté nécessaire pour s’entendre sur une convention générale sur le terrorisme, a-t-il regretté.


Ces tendances incitent avec raison un certain nombre d’États à soulever les questions de la pertinence des Nations Unies, de la signification et de l’efficacité du multilatéralisme ainsi que de la sélectivité dans l’exercice du droit international.  Les solutions aux problèmes doivent être recherchées dans le respect des normes convenues par la communauté internationale et par le biais du dialogue et de la coopération, a poursuivi le Président.  Dans ce contexte, l’ONU a un rôle spécifique à jouer qui ne doit pas être négligé, a-t-il souligné.  Il est donc plus que jamais nécessaire d’améliorer l’Organisation, de la rendre à la fois plus pertinente et plus efficace.


Branko Crvenkovski s’est ensuite félicité que les pays d’Europe du Sud-Est et les Balkans aillent dans la bonne direction.  Il a salué la tendance à l’intégration régionale dans les structures euroatlantiques.  Il a cependant regretté que, lors du Sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui s’est tenu en avril 2008, l’intérêt national étroit d’un pays ait été présenté comme plus important que les principes établis du droit international.  Mon pays, en dépit de l’absurdité de cette situation, a participé activement aux processus de négociations avec la Grèce, dans le cadre de la médiation établie par l’Envoyé personnel du Secrétaire général, a rappelé le Président.  Parallèlement, nous avons scrupuleusement respecté les obligations qui sont les nôtres, tout en affirmant notre rôle constructif en faisant de nombreuses suggestions et concessions.


Malheureusement, je suis forcé de conclure que l’autre partie n’a pas rempli ses obligations avec le même sérieux, ce qui a été confirmé par la violation flagrante de l’Accord intérimaire signé en 1995.  D’après ce document, la Grèce est juridiquement contrainte de ne pas s’opposer à la candidature de mon pays aux institutions et organisations internationales, multilatérales et régionales dont elle est membre.  Pareillement, a encore dénoncé le Président, lors du même sommet de l’OTAN, la Grèce s’est opposée à l’admission de la République de Macédoine à l’OTAN, insistant sur le fait que, préalablement à cette intégration, une solution mutuellement acceptable soit trouvée.  Une telle demande remet en cause toute la logique des négociations et les principes de la Charte des Nations Unies. 


Prenant appui sur son statut d’État Membre, la Grèce s’est également opposée à l’entrée de la République de Macédoine dans l’Union européenne, en usant d’arguments similaires.  Le Président a réitéré en conclusion que son pays, en État Membre responsable, était prêt à une solution de compromis raisonnable qui ne soit pas un déni de l’identité nationale et culturelle macédonienne.  Si la raison de notre intégration aux institutions internationales est la contribution à la stabilisation de notre État, alors nous ne devrions pas accepter d’être humiliés et de faire l’expérience d’une déstabilisation intérieure suite à un compromis bancal, a-t-il ajouté.


M. JAMES ALIX MICHEL, Président des Seychelles, a exigé des mesures pour cesser d’enrichir les plus riches et d’appauvrir les plus vulnérables, notamment en mettant fin aux subventions agricoles des nations développées, afin de lutter contre les nouveaux « ennemis » de notre temps, comme l’inégalité dans le commerce international, la faim, les épidémies ou la dégradation de l’environnement.


En pleine crise alimentaire, le Président des Seychelles a demandé l’abandon de « solutions » qui ne cessent de bénéficier aux plus riches, aux dépens des plus démunis.  Il a notamment jugé inacceptable que certains pays parmi les plus aisés soient autorisés à accorder des subventions agricoles, qui rendent moins compétitives les exportations des pays en développement sur les marchés.


M. Michel a critiqué les investisseurs étrangers qui exploitent les ressources des pays en développement et obtiennent des profits élevés, tout en ne laissant pratiquement rien aux nations qui leur accordent leurs licences.  Cette attitude ressemble, a-t-il dénoncé, à une manière de prendre un bol d’aliments aux plus pauvres pour leur rendre ensuite une cuillère en la présentant comme don généreux.  Par exemple, les Seychelles ne perçoivent que 7% sur le thon pêché dans ses eaux territoriales, s’est-il indigné.


S’agissant de la pêche, le Président des Seychelles a manifesté sa préoccupation face à la situation d’insécurité qui règne dans les eaux internationales au large de la Somalie et les récents actes de piratage contre des navires européens qui s’y sont déroulés.  Selon lui, l’économie de son pays pourrait se voir affectée par ces actes.


À propos des changements climatiques, M. Michel a souligné à quel point son pays est exposé aux menaces du réchauffement de la planète et a appelé l’ensemble de la planète à faire face au problème.  Il n’est pas juste que des petites îles-États courent le risque d’être submergées par la montée des eaux, a-t-il déploré, pendant que d’autres nations refusent d’admettre leurs responsabilités dans la pollution qui menace la planète.       


Pour lutter contre la crise alimentaire actuelle, le Président des Seychelles a exigé un engagement politique, la fin des subventions agricoles et des ressources pour que les pays en développement puissent les investir dans leurs infrastructures.


M. SERZH SARGSYAN, Président de l’Arménie, a déclaré que le sang avait coulé dans le sud du Caucase car « nous, les leaders, avons manqué d’apporter des solutions pacifiques aux conflits existants ».  L’expression troublante de « guerre froide » a refait surface, a-t-il signalé, pour ensuite estimer que la session actuelle de l’Assemblée générale devait déboucher sur la prévention de ce type d’évolution.  Nous continuons de réagir aux défis « horizontaux » que sont le terrorisme, le crime international ou le trafic de drogue par l’intermédiaire d’institutions conçues pour gérer des controverses inter-États, a-t-il signalé.  Pour répondre à ces problèmes, il a préconisé la mise sur pied d’une meilleure coopération régionale qui incorporerait des frontières ouvertes, des lignes de communication entrecroisées et des systèmes économiques étroitement liés.


S’attardant sur la situation dans le sud du Caucase, M. Sargsyan a estimé que les États Membres doivent suivre à la lettre les principes inscrits dans la Charte de l’ONU.  À son avis, il importe également d’examiner avec sérieux le droit d’un peuple à l’autodétermination.  Nous sommes opposés à l’idée que les revendications en matière d’autodétermination doivent être résolues par la sécession mais force est de constater qu’elle devient bien souvent la solution aux conflits.  Pour être viable, cette solution doit être approuvée par toutes les parties concernées, a souligné le Président arménien.


C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, l’Arménie continue de négocier avec l’Azerbaïdjan dans le cadre du Groupe de Minsk de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour que ce dernier reconnaisse les 16 années d’indépendance de la République du Nagorny Karabakh.  Cette population, qui a suivi les procédures légales pour déclarer son désir d’autodétermination, a été victime d’une guerre brutale et a risqué l’extinction alors qu’elle habitait alors une région autonome sans armée et sans intention ou capacité d’occuper une quelconque région de l’Azerbaïdjan.  Il est donc injuste que l’on qualifie d’« occupant », un peuple qui a combattu pour son droit à la vie. 


Le Président arménien a rappelé qu’il y a quelques mois, l’Assemblée n’a adopté que par 39 voix pour sur les 146 votants une résolution relative à l’un des épisodes du conflit au Nargony Karabakh.  Se demandant si un tel vote ne constituait pas une approbation tacite de la position de l’Azerbaïdjan, le Président a dit espérer que le réel intérêt de ce dernier est bien de parvenir à une solution pacifique et globale de ce conflit. 


Faut-il absolument que le sang coule pour comprendre que les conflits gelés exigent une approche consciencieuse et experte et qu’ils doivent être réglés par la négociation dans différents forums, s’est-il interrogé.  Serait-il possible, a-t-il encore demandé, de s’abstenir de lancer de nouveaux défis au processus?  Évoquant ensuite le soixantième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme et la Convention de l’ONU pour la prévention et la répression du crime de génocide, M. Sargsyan a signalé que pour les Arméniens, « une population qui a survécu à un génocide », ces anniversaires sont plus qu’importants. 


En matière de droits de l’homme, il a précisé que son pays est pleinement conscient du fait qu’il doit prendre des mesures importantes dans ce domaine.  Il a cependant estimé, qu’à une époque où l’on voit des progrès scientifiques et des avancées dans les technologies de l’information, la protection des droits de l’homme et le processus de suivi des obligations des États méritent d’être réexaminés.


M. LITOKWA TOMEING, Président des Îles Marshall, a déclaré qu’à l’instar des îles sœurs du Pacifique, les Îles Marshall luttent pour la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Ses efforts, a t-il révélé, ont été rendus difficiles par des forces imprévisibles, « capables d’emporter chaque morceau de nos ressources ».


Le Président marshallais a en effet exposé les difficultés vécues par une petite économie insulaire, en particulier dans le secteur des transports.  Il a ajouté que cela rendait difficile la formulation de stratégies de développement surtout dans un contexte de hausse du prix du carburant.  Son impact, a-t-il dit, a été à la fois immédiat et sévère, car venant perturber la fourniture des biens et services sur tout le territoire.  La conséquence majeure de cette situation a été la déclaration de « l’état d’urgence économique ». 


En réaction à cette situation, le Président Tomeing a informé l’Assemblée générale que son pays envisage dorénavant d’adopter le principe « achat du pétrole en gros », un concept approuvé par leForum du Pacifique.  Il a donc demandé à la communauté internationale d’envisager la création d’une facilité financière globale qui viendrait en aide aux petits États insulaires en temps de crise et dans la transition d’une énergie basée sur les combustibles fossiles à une énergie basée sur des sources renouvelables et surtout abordables.


Le Président des Îles Marshall a ensuite abordé la problématique du changement climatique, en rappelant que les petits territoires insulaires du pacifique étaient ceux qui émettaient le moins de gaz à effet de serre mais qui en payaient le prix le plus lourd.  Il a fait part de l’intention des pays du Pacifique de présenter une résolution visant à inscrire la question des changements climatiques à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, « rien moins que comme une question de sécurité de la plus grande gravité ».


L’engagement de la communauté internationale en la matière, a prévenu le Président, sera mesuré à l’aune de sa capacité à fournir un financement durable à des programmes concrets d’adaptation.  C’est une chose d’adopter des accords ou des résolutions et s’en est une autre de leur donner une signification concrète, a martelé le Président marshallais.   La seule solution en matière de changement climatique, a-t-il insisté, est de changer l’esprit et le comportement moral, économique et politique des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. 


M. AHMED ADBALLAH MOHAMED SAMBI, Président de l’Union des Comores, a regretté que les idéaux de paix, de justice, de solidarité et de développement ne soient pas davantage représentés en ces temps de crise.  La double crise alimentaire et énergétique actuelle exige l’impulsion d’un nouvel élan de solidarité internationale, les pays en développement étant davantage touchés que d’autres, a déclaré le Président comorien.  Il s’est ensuite félicité de la tenue d’élections libres, transparentes et démocratiques sur l’île d’Anjouan en juin dernier, élections ayant permis de parachever la mise en place des exécutifs des îles de l’Union des Comores. 


Il a annoncé l’organisation prochaine d’une conférence intercomorienne, qui rassemblera les forces politiques, les exécutifs des îles, la société civile et les partenaires des Comores.  Cette conférence aura pour but de se pencher sur les institutions de l’Union, sources d’incompréhension entre pouvoir central et entités fédérées, a déclaré le Président.  En sa qualité de Président actuel de la Commission de l’océan Indien, M. Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a également demandé à la communauté internationale de soutenir les efforts de cette Commission, notamment par rapport à la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice.


Il a aussi exprimé la grande préoccupation de son pays face à la question de l’île comorienne de Mayotte.  Malgré des discussions engagées avec la France et l’instauration d’un Groupe de travail de haut niveau sur ce thème, la France semble déterminée à organiser un référendum en 2009, en vue de la départementalisation de Mayotte, a expliqué le Président.  Il a rappelé que jusqu’ici, jamais l’unité territoriale de l’archipel des Comores n’avait été remise en cause, les quatre îles formant un territoire unique d’ailleurs admis en tant que tel aux Nations Unies en 1975.  C’est pourquoi, a prévenu le Président, « l’Union des Comores considère d’ores et déjà comme nulle et non avenue toute consultation qui serait organisée dans le cadre de la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte ».  Il a, en guise de conclusion, lancé un appel solennel aux autorités françaises pour que le dialogue engagé se poursuive en vue d’une solution négociée respectueuse de l’intégrité territoriale des Comores. 


M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a dénoncé les politiques néolibérales qu’il a rendues responsables de la crise alimentaire actuelle, et a exigé un changement d’attitude de la part du monde économique.


Le Président équato-guinéen a demandé une nouvelle stratégie pour le monde d’aujourd’hui à travers une révision des institutions de coopération multilatérale et surtout un changement de mentalité et de comportement de ceux qui détiennent le pouvoir économique, afin d’atteindre une expression démocratique propice au dialogue et à la concertation entre les peuples.  Selon lui, la force des plus puissants n’est manifestement pas parvenue à résoudre les problèmes du monde.  Au contraire, elle les a aggravés.


Pour atteindre les OMD, M. Obiang Nguema Mbasogo a notamment exigé une réforme du système économique mondial basée sur le respect de la diversité des modèles de développement, pour que chaque pays puisse choisir celui qui lui convient le mieux, selon sa réalité historique, politique et socioculturelle.  Il a fustigé les politiques néolibérales appliquées depuis plus de 40 ans et les recettes préconisées par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), coupables, selon lui, de la crise alimentaire actuelle.  Il a accusé ces organisations d’être « les voix de leurs maîtres », pour avoir instauré des barrières discriminatoires contre les capacités de production et d’échanges des pays africains.


Les politiques de libéralisation impulsées par ces organisations, a-t-il assuré, ont précisément permis « l’invasion » des marchés africains par des produits alimentaires hautement subventionnés qui sont en train de mettre fin à l’agriculture du continent.  Paradoxalement, a-t-il dit, les pays africains produisent et exportent aujourd’hui ce qu’ils ne consomment pas et importent des pays du Nord ce qu’ils ne produisent pas, en dépit de leur capacité de produire pour leur consommation.  Selon le Président, aucune nation du continent n’a intérêt à maintenir cette dépendance aux importations alimentaires.  En revanche, l’Afrique a aujourd’hui besoin d’un développement solidaire, basé sur le renforcement de son tissu socioéconomique, a-t-il souligné.


M. Obiang Nguema Mbasogo a aussi réitéré son engagement en faveur des droits de l’homme, tout en précisant que son pays n’avait de leçons à recevoir de personne et en rejetant ceux qui prétendent supplanter la volonté souveraine du peuple de la Guinée équatoriale.


M. ANOTE TONG, Président de Kiribati, a regretté que la communauté internationale soit restée sourde aux appels lancés par les petits États insulaires en développement concernant les changements climatiques.  Alors que les États continuent de se disputer la responsabilité et le leadership dans ce domaine, nos peuples souffrent de l’impact de ces changements et de l’élévation du niveau de la mer.  Les solutions pratiques font toujours défaut, a tranché le Président. 


Kiribati, a-t-il souligné, n’est plus qu’à deux mètres au dessus du niveau de la mer.  Avant que l’île ne soit complètement inondée, l’intrusion de l’eau salée dans l’eau douce aura rendu impossible toute vie dans l’île, a-t-il alerté.  Dans 40 à 50 ans, Kiribati sera totalement submergée.  L’île, a-t-il poursuivi, n’est pas un gros émetteur de gaz à effet de serre.  En conséquence, ses efforts d’atténuation des effets des changements climatiques n’auront qu’un impact minime sur ce phénomène mondial.  Par ailleurs, les mesures d’adaptation dans des atolls comme Kiribati sont impossibles à mettre en œuvre. 


Le Président kiribatien a salué les nouvelles stratégies adoptées pour lutter contre le réchauffement climatique.  Mais, a-t-il souligné, compte tenu des tendances actuelles, aucune mesure d’atténuation ne pourra changer la situation des îles comme Kiribati et la réinstallation de 100 000 personnes exige une longue planification.  Il faudra donc agir très tôt pour éviter le stress et la douleur que ne manqueraient de ressentir les habitants de l’île, a préconisé le Président, avant de faire part de la Stratégie nationale en la matière et de la Déclaration sur les changements climatiques adoptée par les dirigeants du Forum du Pacifique.  Se félicitant des efforts internationaux, le Président s’est néanmoins dit préoccupé par le fait qu’on ne parle jamais du sort des êtres humains dont l’existence même est gravement menacée par les changements climatiques. 


Dans la région du Pacifique, nous avons toujours lutté contre le terrorisme, a poursuivi le Président Tong, en demandant à ses pairs de faire preuve de la même solidarité concernant la lutte contre les changements climatiques.  Il a poursuivi en rappelant que Kiribati figure parmi les trois États du Pacifique que l’on envisage de supprimer de la liste des Pays les moins avancés (PMA).  Faisant de ce sujet, une question de « vulnérabilité économique extrême », le Président kiribatien a contesté des indicateurs qui ne mesurent que le revenu par habitant et la qualité de la main d’œuvre.  Il faut, a-t-il dit, tenir compte de l’impact des chocs extérieurs comme la hausse des prix alimentaires et énergétiques mais aussi et surtout de la « vulnérabilité environnementale ». 


M. FRADIQUE BANDEIRA MELO DE MENEZES, Président de Sao Tomé-et-Principe, a déclaré que seul un dialogue constant permettrait de trouver des solutions aux problèmes transfrontaliers qui sont aujourd’hui les nôtres, de la crise financière aux changements climatiques en passant par la crise alimentaire mondiale.  Il a indiqué que la persistance de conflits, notamment en Afrique et au Moyen-Orient, préoccupait son pays et que la communauté internationale devait s’employer à les résoudre sans tarder.  En raison des difficultés particulières que connaît Sao Tomé-et-Principe, son dirigeant a expliqué que son pays ne serait pas en mesure d’atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Certes l’éducation s’est largement améliorée, grâce à des politiques ciblées en milieu rural, mais la pauvreté est toujours très présente. 


En outre, d’après les données publiées en 2007, les cas de VIH/sida ont augmenté sur l’île, même si nous avons vigoureusement réagi en adoptant des politiques de prévention et de soins de santé.  Le Président santoméen s’est ensuite félicité de la solidarité témoignée par Taiwan à l’égard de son pays et a demandé qu’il soit permis aux 23 millions de Taiwanais de pouvoir être représentés à l’Assemblée générale.  Il s’est aussi élevé contre le maintien du blocus imposé par les États-Unis à Cuba, blocus qui est un vestige d’un autre temps, selon M. De Menezes.  Il a lancé en conclusion un appel vibrant à la solidarité internationale pour permettre aux pays les plus vulnérables de pouvoir progresser sur la voie du développement.


M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, a rappelé le rôle fondamental joué par le Nations Unies dans son pays.  L’institution internationale y a exercé, dans un contexte de violence, son devoir sacré qui est de sauver les générations du fléau de la guerre.  Mais aujourd’hui, a-t-il dit, la Sierra Leone représente ce que les Nations Unies peuvent réussir lorsque ses États Membres travaillent ensemble.  Le Président sierra-léonais a poursuivi en soulignant que la hausse des coûts des produits alimentaires a un mauvais impact sur les ressources de la Sierra.  Elle constitue, a-t-il insisté, un risque pour la stabilité du pays mais aussi pour celle des autres États de l’Afrique de l’Ouest.  Il a expliqué qu’il était vital que le continent africain accroisse sa production agricole et arrive à l’autosuffisance alimentaire.   M. Bai Koroma a affirmé que si la question agricole était résolue, il resterait encore celle des barrières douanières qui appauvrissent les agriculteurs africains. 


Ayant coordonné le Comité des 10 chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine chargé de construire une position commune africaine sur le thème de la démocratisation des Nations Unies, le Président a rappelé sa conviction quant à la nécessité de rendre plus représentative et donc « plus efficace » l’ONU.  Dans le cadre de cette réforme, celle du Conseil de sécurité demeure, a-t-il dit, la plus critique et la plus urgente à l’ordre du jour.  Il a insisté sur la position africaine consacrée dans le « Consensus d’Ezulwini ».


Rendant hommage à toutes les structures et forces onusiennes travaillant activement pour la paix, le développement et la justice dans son pays, le Président s’est réjoui de la remarquable contribution au renforcement de l’état de droit et à la lutte contre l’impunité faite par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.  Il a informé l’Assemblée générale de la fin en 2010 des activités du Tribunal et à cet effet, appelé ledit Tribunal à demander aux États Membres de se préparer à discuter, dès à présent, de la réponse à donner aux questions résiduelles.   


Évoquant la situation politique interne, marquée par la tenue des élections parlementaires et présidentielles, « libres et transparentes », M. Bai Koroma a remercié la communauté internationale pour son précieux soutien à l’organisation de ces processus électoraux.  Il a aussi reconnu que la reconstruction de son pays nécessitait, bien plus que la simple absence de guerre, le développement.  C’est pourquoi l’une des priorités du Gouvernement demeure actuellement, a t-il dit, l’éradication de la pauvreté. 


M. JALAL TALABANI, Président de l’Iraq, a signalé qu’alors même que la population de son pays s’efforce de bâtir un nouvel État fédéral et démocratique, elle se trouve victime d’une série d’attentats terroristes qui, selon lui, tendent à alimenter un conflit sectaire et à saper le processus politique et la stabilité de l’Iraq pays pour le plonger dans la tyrannie, l’oppression et la dictature.


Le terrorisme est un danger aveugle qui menace tout le monde, a-t-il averti, lançant un appel à la communauté internationale et aux pays voisins, en particulier, leur demandant de soutenir l’Iraq dans sa lutte contre la violence et le terrorisme.  Notre situation requiert l’appui des pays du monde entier pour bâtir une nation moderne capable de garantir la justice, l’état de droit, le respect des droits de l’homme et la participation des femmes dans toutes les sphères de la vie.


Évoquant le processus de réconciliation nationale, le Président iraquien a estimé qu’il relevait de la responsabilité partagée des politiciens, des religieux, des intellectuels, des organisations de la société civile et de tous les autres acteurs de « l’arène iraquienne ».  Il s’est félicité des nombreuses avancées positives sur le terrain comme la fin des assassinats sectaires, l’amélioration de la situation sécuritaire et le retour de milliers de familles déplacées.  Il a également signalé que la bonne formation des forces de police et militaires du pays avait permis de renforcer l’ordre à Bagdad et d’éliminer la plupart des milices armées et groupes terroristes.  Des opérations semblables ont également été menées avec succès à Bassorah, à Mosul et à Diyala, a-t-il signalé.  Les Forces de sécurité iraquiennes défendent également les acquis démocratiques de la population.


Le Président iraquien a ensuite déclaré que le Gouvernement d’unité nationale s’attache à améliorer les relations de l’Iraq avec ses voisins et les autres pays du monde, en accord avec les principes inscrits dans la nouvelle Constitution du pays.  L’Iraq ne menace plus la paix et la sécurité internationales, a-t-il lancé, avant de demander que la situation de son pays ne soit plus examinée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nation Unies.  Il a également préconisé l’arrêt de toutes les mesures prises par le Conseil de sécurité aux termes de ses résolutions fondées sur le Chapitre VII, y compris la question des réparations.


Pour le chef d’État iraquien, la nouvelle politique du pays a permis à l’Iraq de devenir un lieu de rencontre et de dialogue pour des rivaux régionaux et internationaux.  Nous continuerons de mettre ce rôle en valeur et d’adopter des mesures politiques pour écarter « l’ombre de la guerre » de la région, a-t-il dit.  Il s’est également félicité du renforcement de la représentation diplomatique arabe dans son pays et a invité tous les pays à ouvrir ou rouvrir des missions en Iraq.  Le Président Talabani a ensuite signalé que son pays se prépare à son retour sur la scène internationale en participant activement aux réunions et conférences des Nations Unies.  Il a également indiqué que l’Iraq venait de signer un Pacte international pour la croissance économique et la justice sociale en partenariat avec la communauté internationale.


M. Talabani a ensuite engagé l’ONU à renforcer ses activités en Iraq, notamment dans les domaines de la reconstruction, du développement et de la réconciliation nationale.


Passant ensuite à la situation au Moyen-Orient, le chef d’État iraquien a affirmé son appui aux droits inaliénables des Palestiniens et a estimé que cette région devait être libre d’armes de destruction massive.


M. ELIAS CAMSEK CHIN, Vice-Président des Palaos, a déclaré que le défi le plus important auquel est confrontée aujourd’hui la communauté internationale est les changements climatiques.  Nous devons maintenant parvenir à un accord global sur une réduction quantifiée des émissions de gaz à effet de serre en vue de succéder au Protocole de Kyoto, a-t-il lancé, sous peine de condamner à la disparition un certain nombre de petits États insulaires, dont Palaos.  Alors que nous produisons peu de carbone, a poursuivi le Vice-Président, nous mettons pourtant en œuvre nos engagements afin de réduire au maximum nos émissions.


Les océans qui entourent Palaos font partie intégrante de notre viabilité nationale, a-t-il rappelé.  Aussi s’est-il élevé contre la pêche au chalut, responsable de la destruction d’écosystèmes entiers au large des côtes micronésiennes.  Pour parer à cette pratique, nous avons lancé le projet « Micronesia Challenge », qui va permettre de placer sous protection plusieurs milliers de kilomètres carrés au large des côtes.  Enfin, s’il s’est félicité de la modification du délai de soumission des dossiers à la Commission des limites du plateau continental, M. Chin a demandé qu’une assistance technique soit prêtée aux pays en développement pour qu’ils puissent le respecter.


Par ailleurs, depuis l’entrée de Palaos à 1994 à l’ONU, nous avons exprimé notre préoccupation devant l’absence de représentation des Nations Unies dans l’île, a indiqué le Vice-Président.  Il s’est donc félicité de l’annonce faite par les agences des Nations Unies d’ouvrir prochainement des bureaux dans les îles micronésiennes, dont Palaos.  En outre, au cours de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, nous espérons que les Nations Unies prendront des mesures pour aider les petits pays à mettre en œuvre les mesures de lutte contre le terrorisme.  Il a remercié les États-Unis et l’Australie pour leur aide à cet égard.  Le Vice-Président a estimé en conclusion qu’il était grand temps de réformer le Conseil de sécurité et de permettre notamment à l’Inde d’y être représentée.


M. WINSTON BALDWIN SPENCER, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est inquiété des changements climatiques qui frappent particulièrement l’île d’Antigua-et-Barbuda et a appelé la communauté internationale à réagir.  Les catastrophes naturelles fréquentes dévastent la planète et sont catastrophiques pour les Caraïbes dont les économies sont dépendantes de l’environnement naturel, a-t-il rappelé.


M. Spencer a salué l’Organisation des Nations Unies et ses organes pour leur action en Haïti et dans les Caraïbes, qui ont été gravement touchés ces dernières semaines par les tempêtes.  Dans le même temps, il a souhaité que la communauté internationale poursuive ses efforts humanitaires.


Les sociétés vulnérables en développement sont la cible de crimes généralisés, a souligné le Premier Ministre, dénonçant particulièrement le trafic de drogue.  Il a réclamé de l’aide pour lutter contre ces crimes et a voulu que des efforts soient davantage déployés, notamment en matière de terrorisme.  M. Spencer s’est félicité de l’attitude de certains chefs d’État qui se sont excusés pour la diaspora africaine, pour les injustices passées et qui, comme l’Italie en Lybie, se sont engagés à octroyer des réparations. 


Par ailleurs, de nombreux gouvernements ont accepté les transitions politiques et démocratiques et ont montré des signes positifs en acceptant, par exemple, de transférer et de partager le pouvoir.  Il a cité le Kenya, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud.  Le Premier Ministre a lancé un appel à l’Administration américaine, lui demandant de changer ses rapports avec Cuba et de mettre un terme à l’embargo économique et financier. 


En tant que Président du Groupe des 77 et de la Chine, il a fait part de ses inquiétudes sur l’augmentation des prix des denrées alimentaires, l’amenuisement des ressources naturelles et la crise endémique en matière de développement.  Il a aussi relevé la crise de confiance à l’égard des institutions de gouvernance mondiale, la crise énergétique qui s’aggrave et la crise de l’eau qui menace.  Il a demandé à la communauté internationale de créer un environnement qui soit juste et durable.  Nous devons tous, et sans tarder, nous mettre en mode « exécution » et réfléchir à la manière d’agir, a-t-il conclu.


M. EMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, a fait remarquer que l’Assemblée générale se réunissait à un moment d’incertitudes entourant la crise économique globale que nous vivons.  Il a ensuite déclaré que la situation financière mondiale et la double menace de la crise pétrolière et alimentaire pesaient sur son État et agissaient négativement sur sa capacité à aller vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


M. Mori a expliqué que la crise pétrolière constituait un grand défi pour les États Membres de l’organisation mondiale.  Il a fait part de sa crainte que ceux qui seront les plus affectés soient malheureusement les moins à même d’y faire face.  Et, très souvent, a-t-il poursuivi, il s’agit des petits États insulaires en développement du Pacifique.  La Micronésie, a-t-il dit, vit la réalité de cet impact, à la fois au niveau des activités gouvernementales et au sein des cadres familiaux.


Le Président s’est réjoui que cette crise pétrolière ait au moins permis de mettre en lumière et de relever les limites et insuffisances de la dépendance mondiale aux combustibles fossiles.  Insistant sur les problèmes électriques récurrents qui influent sur l’activité économique et sociale dans son pays, il a lancé un appel pressant à l’accélération du développement et du partage de technologies relatives aux sources d’énergie propres, renouvelables et alternatives.


La hausse du carburant, a-t-il dit, a provoqué une augmentation du coût des importations alimentaires.  Le Président a donc appelé au soutien des partenaires internationaux, lequel soutien doit se concentrer sur la lutte contre les gaspillages de produits de pêche dont sont coutumiers certaines entreprises de pêche et qui ont pour résultat la diminution des ressources disponibles pour les Micronésiens.  « La communauté internationale doit trouver les voies et moyens pour réduire et éliminer ce gaspillage » a-t-il martelé.


Emanuel Mori a poursuivi en souhaitant que les pays développés ne prennent pas prétexte de la crise financière pour ne pas honorer les engagements relatifs à l’affectation de 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement.  « La planète est en péril, et les îles de faible élévation font face à un péril particulier », a-t-il conclu, en préconisant la mise en place de stratégiesrapides d’atténuation, en commençant par celles qui ont fait leur preuve.  


La question des changements climatiques doit être abordée selon une perspective holistique et ne pas être limitée au développement durable, aux questions humanitaires, techniques, économiques ou environnementales.  Cette thématique, a-t-il dit, influe aussi sur les droits de l’homme, la paix et la sécurité internationales et l’intégrité territoriale.  Il s’agit de l’existence même des petites nations insulaires vulnérables.


M. JOÃO BERNARDO VIEIRA, Président de la Guinée-Bissau, s’est déclaré d’accord avec le Secrétaire général des Nations Unies, pour dire qu’il allait falloir revoir le mode de fonctionnement du système des Nations Unies pour mieux répondre aux défis du monde.  L’ONU doit adopter un fonctionnement moins bureaucratique, mieux adapté aux nouvelles technologies et disposer pour cela de moyens suffisants ainsi que d’un personnel très motivé.  Le Président bissau-guinéen a également salué la proposition du Secrétaire général visant à introduire de nouvelles méthodes de travail au Secrétariat, axées tant sur le travail d’équipe que sur les compétences individuelles. 


S’agissant des crises énergétique, alimentaire et financière en cours, auxquelles il faut ajouter la préoccupation majeure du réchauffement climatique, le Président a estimé qu’il faut trouver une réponse collective plus appropriée.  L’augmentation du prix du pétrole a des conséquences désastreuses pour les pays en développement et retarde la pleine réussite des Objectifs du Millénaire pour le développement a souligné le Président Vieira, en citant son propre pays dont les activités socioéconomiques sont entravées par le prix de l’énergie, notamment dans les secteurs hospitalier et de distribution d’eau potable.  Comment pouvons-nous investir et progresser au niveau de nos infrastructures si nous sommes obligés d’affecter une part de plus en plus importante de nos maigres ressources à l’achat de combustibles? s’est interrogé le Président, fustigeant un système fondé sur la spéculation.  N’est-il pas temps de créer un fonds mondial pour atténuer ses effets qui remettent en cause notre capacité à parvenir aux OMD?, a-t-il poursuivi. 


De la même façon, la très forte augmentation du prix des matières premières sur le marché international engendre une réelle inquiétude qui doit conduire à la mobilisation générale.  Il s’agit de mettre en œuvre des politiques agricoles ambitieuses qui nous permettent d’investir dans une agriculture moderne et rentable, a préconisé le Président.  N’oublions pas que le droit à l’alimentation est un droit fondamental inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, a rappelé le Président de la Guinée-Bissau, selon lequel il faut reformuler les conditions d’obtention des crédits pour l’agriculture, en particulier.  Les conséquences des mauvaises pratiques financières ne se limitent pas à quelques pays, a encore regretté le Président, qui a estimé que seule une étroite coopération des pays du monde permettra de faire face aux nombreux défis qui se posent à tous, y compris les défis climatiques. 


C’est par le dialogue entre pays, cultures et religions que nous parviendrons à obtenir des résultats, a expliqué le Président pour lequel le dialogue doit également se tenir au niveau national, notamment par l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles comme ce sera le cas en Guinée-Bissau le 16 novembre prochain.  Malgré une situation internationale complexe, la communauté internationale a les moyens de réussir, a conclu le Président, qui appuie le processus de réforme en cours pour démocratiser le système des Nations Unies, et notamment le Conseil de Sécurité dont l’élargissement doit être prioritaire. 


Le Roi MSWATI III, Chef d’État du Royaume du Swaziland, a souhaité que l’Assemblée générale de l’ONU poursuive son travail pour l’avenir des pays et prépare le terrain pour un monde meilleur.  Cependant, il a rappelé qu’actuellement le monde continuait à se heurter à bon nombre de défis et notamment les effets catastrophiques des changements climatiques, des épidémies et des pénuries alimentaires.  La situation s’est détériorée ces dernières semaines avec la flambée du prix du pétrole, l’augmentation des prix des denrées alimentaires et l’instabilité du système financier international, retardant les efforts des pays qui tentent de lutter contre la pauvreté.


Le Roi Mswati III a salué l’action de la FAO et du Programme alimentaire mondial (PAM) qui continuent d’aider les pays en développement à trouver des solutions durables.  Le Swaziland, a-t-il dit, a décidé d’adopter plusieurs stratégies pour garantir la sécurité alimentaire.  Le Roi a, dans ce contexte, regretté que les négociations de Doha sur l’agriculture n’aient pas apporté les résultats escomptés.


Il a appelé à un dialogue mondial sur le réchauffement climatique qui est responsable des différentes catastrophes dans le monde et notamment dans son pays.  Nous sommes touchés par une sécheresse persistante et des vents très forts qui provoquent des incendies, a déploré le Roi.  Il faut répondre aux besoins de l’Afrique, a-t-il plaidé en jugeant essentiels un accès meilleur aux sources de financement.  S’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Roi Mswati III a affirmé que son pays était à mi-parcours et sur la bonne voie.  Bon nombre de personnes vivent toujours dans la pauvreté, a-t-il reconnu avant de s’engager à poursuivre les Objectifs et notamment à réduire la pauvreté d’ici à 2015.  En conclusion, le Roi a salué l’Accord de partage du pouvoir au Zimbabwe et a demandé à la communauté internationale d’appuyer le peuple zimbabwéen. 


M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a déclaré que les gouvernements devaient tirer les leçons de la crise alimentaire pour mettre en place des politiques de développement rural.  Les bailleurs de fonds doivent recentrer leur aide sur le renforcement de la productivité agricole, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité de relever le niveau de l’aide publique au développement.  Bien que nous ayons bénéficié d’une aide importante de la part des donateurs internationaux, il faut nous demander si elle a été attribuée de manière ciblée.  Le Président timorais a rappelé que son pays disposait de quelques ressources naturelles, dont du pétrole et du gaz, et que les revenus de ces ressources se situaient entre 100 et 150 milliards de dollars par an, ce qui est un chiffre encourageant.  Nous cherchons désormais à réinvestir ces revenus modestes dans des secteurs diversifiés afin de répondre aux besoins immédiats de nos populations pauvres. 


Toutefois, a rappelé M. Ramos-Horta, nous ne sommes pas insensibles aux souffrances des autres peuples.  Ainsi, nous avons largement participé aux opérations de secours en Indonésie, au lendemain du passage du tsunami en décembre 2004.  Début 2009, nous consacrerons 1 million de dollars par mois à aider les enfants du Myanmar, a annoncé M. Ramos-Horta.  Le Président s’est attardé sur la situation au Myanmar, soulignant qu’il s’alignait sur la position des pays voisins de cette nation.  La dénonciation des abus est certes justifiable sur le plan moral mais il a affirmé qu’il ne pourrait pas y avoir d’accord au Myanmar sans un dialogue avec les militaires.  Par ailleurs, il a salué l’effort de solidarité de Cuba en faveur de son pays, qui ne se contente pas seulement d’aider financièrement le Timor-Leste, mais aussi de former ses médecins et ses ingénieurs.  À la lumière de cette générosité, M. Ramos-Horta a plaidé en faveur de la levée du blocus économique qui pèse sur Cuba. 


Le Président timorais est ensuite revenu sur l’attentat dont son Premier Ministre et lui-même ont été victimes en février dernier et auquel ils ont réchappé.  Il a expliqué que cet évènement avait eu pour effet de galvaniser le peuple timorais en faveur de l’état de droit et de l’engager plus fermement sur la voie de son développement économique.


M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a estimé que les crises alimentaire et énergétique actuelles sont une urgence humanitaire qui exige une solidarité mondiale visant à fournir rapidement une assistance en nourriture, en eau et en énergie.  Il a regretté que cette crise ait pour effet de retarder la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  La résolution de cette crise doit s’accompagner d’une intervention internationale appropriée, notamment l’annulation de la dette des pays en développement victimes d’une carence en nourriture, a estimé le chef d’État, pour qui les défis posés par les changements climatiques devraient être intégrés dans les programmes de développement. 


Le commerce est un outil important pour le développement, a-t-il poursuivi, pour ensuite lancer un appel à la création d’un système financier ouvert et non discriminatoire, et à la levée des tarifs imposés sur les produits des pays en développement.  Il a également estimé troublant de constater l’échec des pourparlers de Doha, sans savoir quand ils reprendront.


M. Mugabe a ensuite signalé que les effets des changements climatiques, notamment des sécheresses et des inondations, ainsi que les sanctions « illégales et unilatérales » imposées à son pays avaient entravé les efforts déployés par le Zimbabwe pour augmenter sa production de nourriture.  « Je lance un appel à la conscience du monde et je lui demande de faire pression pour assurer la levée des sanctions imposées par le Royaume-Uni et les États-Unis.  « Ces deux pays, ont provoqué beaucoup de souffrances parmi la population de mon pays », a accusé le Président.  Pour le dirigeant du Zimbabwe, ces mesures économiques « unilatérales et coercitives » vont à l’encontre des principes de la coopération internationale.


Le chef d’État s’est ainsi insurgé contre « certains membres permanents » du Conseil de sécurité qui ont placé la situation de son pays sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Ceux qui nous accusent de violer le droit, la démocratie ou encore les droits de l’homme sont eux-mêmes responsables de génocide, d’actes d’agression et de destruction massive, a-t-il tonné.  M. Mugabe s’est néanmoins félicité de la position d’autres membres du Conseil de sécurité, qui a permis au Zimbabwe de ne pas devenir la victime d’un « cocktail de mensonges ».  Pour le chef d’État, le Conseil de sécurité fait l’objet des manipulations des pays les plus puissants qui s’en servent pour légitimer leurs machinations politiques. 


S’il a reconnu l’importance des bureaux du Secrétariat de l’ONU qui aident les États Membres à résoudre les problèmes politiques et autres, le Président a jugé essentiel que les fonctionnaires accomplissent leurs tâches avec sensibilité et neutralité.  Ils ne devraient en aucun cas jouer les forts contre les faibles.  Le Président du Zimbabwe a donc appelé les membres du Conseil à arrêter de manipuler le Secrétariat de l’ONU pour servir leurs visées politiques.  Le Secrétaire général et ses fonctionnaires devraient être en mesure de servir tous les États Membres sans que certains ne viennent agiter des bâtons ou des carottes.


Abordant ensuite la situation politique dans son pays, le Président s’est félicité de la signature d’un accord, le 15 septembre dernier, sur la création d’un Gouvernement inclusif.  Cela a été accompli grâce à une médiation entièrement africaine et témoigne du fait que l’Afrique est entièrement capable de gérer ses problèmes elle-même.  Après avoir rendu hommage au « Président Thabo Mbeki » d’Afrique du Sud, il a promis que son parti, la ZANU-PF obéira à l’esprit et à la lettre de l’Accord qu’il a signé. 


En tant que Gouvernement, nous sommes prêts à coopérer avec tous les pays qui respectent la souveraineté du Zimbabwe.  Le Président a donc appelé tous les États Membres qui ont imposé des sanctions contre son pays à les lever afin que son pays « puisse se concentrer, sans distraction, à sa relance économique ».


M. PAUL BIYA, Président de la République du Cameroun, a lancé un appel pour une solidarité renforcée et urgente de la communauté internationale en faveur de l’Afrique, afin de l’aider à affronter la crise alimentaire, les changements climatiques, l’émigration et la pauvreté.  Le Président camerounais a manifesté sa préoccupation face aux proportions importantes de la crise alimentaire dans le monde et dans son propre pays où des « turbulences sociales » se sont produites récemment en raison de la hausse du coût de la vie.  Son pays a pris des mesures correctives, saluées par le Fonds monétaire international (FMI), qui n’ont cependant pas éliminé complètement le problème.


L’Afrique, a-t-il assuré, a subi clairement le contrecoup de la crise financière internationale et de la hausse « exponentielle » des cours du pétrole, des phénomènes qui échappaient à son contrôle et qui ont réduit le continent au rôle de « spectateur impuissant ».  Pour une solution durable, il a notamment demandé une augmentation de l’aide alimentaire, la réduction des subventions agricoles dans les pays développés et celle des restrictions aux exportations alimentaires des pays du Sud.


M. Biya a manifesté sa confiance dans la communauté internationale pour sortir l’Afrique de la pauvreté et du sous-développement.  Il a rappelé le vaste et sous-exploité potentiel économique de l’Afrique, ainsi que l’urgence de faire face à l’impact des changements climatiques.  Il a aussi plaidé pour une régulation de l’émigration, un exode qui « vide l’Afrique des ressources humaines dont elle a le plus grand besoin ».


Le Président de la République du Cameroun a souligné que l’Afrique a le plus grand besoin de la communauté internationale dans le domaine de la paix et la sécurité.  Comme exemple de résultat d’une « volonté de paix authentique », il a cité « l’avancée historique » dans le règlement avec le Nigéria du différend sur la presqu’île de Bakassi, tout en se félicitant du rôle décisif de l’ONU.


M. ASIF ALI ZARDARI, Président du Pakistan, a d’abord rappelé qu’il était le veuf d’une victime du terrorisme, Benazir Bhutto.  Il a donc regretté la non-application de la résolution du Conseil de sécurité relative à l’assassinat de sa défunte épouse car aujourd’hui « nous ne savons toujours pas qui sont les forces et les institutions impliquées ».  Il a estimé qu’une enquête des Nations Unies rassurerait le peuple pakistanais qui verrait enfin que la justice est plus qu’une théorie.  « Nous avons payé le prix fort pour être venus à l’ONU et pour n’avoir pas mené une enquête dans le pays ».  Mais, s’est expliqué le Président pakistanais, « nous voulions que l’enquête soit crédible, indépendante et qu’elle représente l’engagement « respecté » de l’ONU en faveur des victimes du terrorisme ».


Rendant longuement hommage à sa défunte épouse, le Président pakistanais a lancé: « Si Al-Qaida et les Taliban ont cru qu’en faisant taire Benazir Bhutto, ils allaient étouffer son message, ils se sont clairement trompés ».  Il a ensuite relaté le dernier attentat-suicide commis dans son pays contre l’hôtel Marriot.  Les germes du terrorisme actuel, a-t-il affirmé, remontent aux années 80, à l’époque où les superpuissances étaient impliquées dans la guerre afghane. 


Le terrorisme ne peut être vaincu par les seuls moyens militaires, a-t-il dit.  Ce combat exige une volonté politique, une mobilisation populaire et une stratégie socioéconomique qui gagnent les cœurs et l’âme des nations concernées.  Les mesures unilatérales des grandes puissances doivent se garder d’enflammer les passions des alliés.  Les violations de la souveraineté des pays ne contribueront pas à éliminer la menace terroriste, a-t-il prévenu, bien au contraire. 


Le Pakistan démocratique est prêt à dégager le consensus nécessaire à la bataille contre le terrorisme et seul un gouvernement démocratique peut remporter la victoire, a insisté le Président.   La mondialisation n’est pas seulement économique, elle est aussi politique, a-t-il souligné, parce que le terrorisme touche tous les continents et toutes les nations.  Le Président a donc demandé aux leaders réunis à l’Assemblée générale s’ils seront aux côtés de son pays alors que le pays se tient, pour l’ensemble du monde civilisé, en première ligne de cette « lutte épique » du nouveau millénaire. 


Le Pakistan n’est pas la cause du terrorisme, il en est la victime, a poursuivi le Président.  Et il se bat pratiquement seul, a-t-il insisté.  La bataille doit être économique et sociale aussi bien que militaire.  Un Pakistan économiquement viable sera un Pakistan stable, a-t-il ajouté, et un Pakistan stable privera les terroristes d’oxygène.  La justice économique et la démocratie sont les cauchemars les plus noirs des terroristes.  


Tout comme nous n’accepterons pas que notre territoire soit utilisé par les terroristes, nous n’accepterons pas non plus que sa souveraineté soit violée par « nos amis », a prévenu le Président.  Car, s’est-il expliqué, cela ne ferait que renforcer les forces contre lesquelles nous nous battons.  Le Président a promis qu’il s’efforcera de persuader les leaders du FATA et la province de Pakhtunkhwa d’accepter l’autorité du Gouvernement et de tourner le dos aux terroristes.  Nous travaillerons, a-t-il encore dit, avec l’Afghanistan et les forces de l’OTAN pour assurer la sécurité de la frontière commune. 


Nous poursuivrons le dialogue avec l’Inde sur les questions en suspens, a-t-il aussi promis.  Mais, a-t-il dit, « nous n’hésiterons pas à user du pouvoir de l’armée, de la police et de la force aérienne contre les terroristes.  Nous utiliserons la justice contre le chaos des anarchistes.  Nous userons du pouvoir du droit contre les ténèbres ». 


M. ALI OSMAN MOHAMED TAHA, Vice-Président du Soudan, a invité l’ensemble de la communauté internationale à appuyer les efforts visant à la paix et à la stabilité au Soudan et à s’abstenir de tout ce qui serait susceptible d’entraver ces efforts ou de leur porter préjudice.  Il a réaffirmé la ferme détermination de son pays à la mise en œuvre des accords de paix, par l’organisation, en premier lieu, d’élections générales vers le milieu de l’année prochaine puis par la poursuite du programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.  Il a toutefois signalé que cela ne pourrait pas se faire si la communauté internationale ne s’acquittait pas de ses engagements financiers, annoncés en 2005 à Oslo et en mai dernier également en Norvège.  Il a aussi sollicité la suppression de la dette extérieure du Soudan ainsi que la levée des sanctions à l’encontre de son pays.


La question du Darfour est au centre des préoccupations du Gouvernement et du peuple soudanais car elle relève de la responsabilité des Soudanais d’abord et avant tout, a souligné M. Taha.  Il s’est solennellement engagé à la recherche d’une solution pacifique et politique à la question du Darfour, par la poursuite des démarches positives en cours dont la plus importante réside dans l’initiative des Soudanais visant à un consensus national sur cette question, tel que l’avait annoncé le Président soudanais lors de sa récente visite dans la région.  Il a fortement appuyé dans ce cadre la nomination du Médiateur, M. Djibril Yipènè Bassolé, et l’annonce de la création d’une commission arabo-africaine présidée conjointement par le Premier Ministre du Qatar, et la Médiation de l’Union africaine et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes.  Ladite commission sera chargée des pourparlers de paix entre le Gouvernement soudanais et les mouvements et groupes armés, en coopération avec le Médiateur commun de l’Union africaine et des Nations Unies.  Il a indiqué que le Gouvernement d’unité nationale forme le vœu que ces nouvelles initiatives portent leurs fruits dans les meilleurs délais.


Le Gouvernement soudanais s’est par ailleurs attaché à la mise en œuvre du Protocole humanitaire signé avec les Nations Unies le 28 mars 2007 en vue de l’ouverture de couloirs humanitaires pour l’acheminement de l’assistance aux populations du Darfour.  M. Taha s’est interrogé sur le bien-fondé du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le chef d’État soudanais qui, selon lui, « a mis fin à la guerre la plus longue sur le continent africain, a apporté la paix à l’est du Soudan et a jeté les bases de la paix au Darfour ». 


À cet égard, il a remercié « plus des deux tiers de la communauté internationale », notamment les membres des organisations telles que l’Union africaine, le Mouvement des non-alignés, la Ligue des États arabes et l’Organisation de la Conférence islamique, pour avoir catégoriquement rejeté ce mandat d’arrêt du Procureur général de la CPI.  Il a mis en garde contre le risque que ces poursuites minent les efforts de paix et soient préjudiciables à la stabilité dans le pays, y compris au Darfour.  Le Vice-Président soudanais a également estimé que ces poursuites pourraient servir de prétexte aux groupes rebelles au Darfour qui ne se sont pas joints aux accords de paix.


M. JOSE LUIS RODRIGUEZ ZAPATERO, Président du Gouvernement de l’Espagne, a rappelé que cette année le monde célèbre le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen.  Une Déclaration, a-t-il dit, qui témoigne de la ferme volonté d’ouvrir la voie à un monde meilleur et notamment à la lutte contre la pauvreté absolue dans le monde.


M. Zapatero a mis en avant les Objectifs du Millénaire pour le développement qui, avec la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, est le texte le plus noble et le plus engagé de l’histoire de l’humanité.  Face à la pauvreté absolue de millions et de millions de personnes, le Premier Ministre espagnol a regretté le manque de progrès.  « Les pays engagés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ne peuvent marquer un arrêt et se soustraire aux engagements pris.  Nous devons agir de façon responsable », a martelé M. Zapatero.


Le Premier Ministre a dit sa détermination à lutter activement contre la faim et la misère dans le monde, en aidant les millions d’êtres humains qui en souffrent.  Il a, à cet égard, mis en avant les mesures prises en Espagne.  Les quatre dernières années, a-t-il indiqué, le Gouvernement a accru son aide publique au développement et participer aux efforts visant à faire face à la crise alimentaire.  Il ne faut pas manquer l’échéance de 2015, a-t-il martelé. 


Le chef du Gouvernement espagnol a, par ailleurs, proposé que 2015 soit l’année d’un moratoire sur la peine de mort.  Il a appelé les pays à participer à un processus de réflexion sur le sens du châtiment affligé par les États.  N’attendons pas et ne différons pas à plus tard notre action, a-t-il dit.


À l’instar d’autres intervenants, M. Zapatero s’est dit inquiet de la propagation et des effets de la crise financière internationale sur la vaste majorité des économies développées et moins développées.  Il a appelé à la création d’un nouvel ordre financier où les institutions jouent leur rôle, notamment en rationalisant les marchés pour répondre aux véritables besoins des familles et au bien-être des personnes.  L’État doit protéger les marchés contre leurs propres excès.  Nous avons donc besoin d’institutions qui protègent les États.  Le Premier Ministre a souhaité revoir les règles des marchés financiers pour tirer les enseignements des erreurs commises et agir rapidement.


Il a rappelé que c’est son pays qui a proposé, il y a quatre ans, la création de l’Alliance des civilisations pour jeter les ponts entre les différentes cultures.  L’initiative, lancée par l’Espagne et la Turquie, s’est aujourd’hui élargie à un Groupe d’amis de 90 États et organisations internationales, s’est-il félicité.


M. Zapatero a conclu son discours en appelant à la concertation et au dialogue politique permanent.  Nous avons besoin des Nations Unies et des centaines de millions de personnes ont besoin de nous en Afrique et en Asie, a-t-il souligné.  L’objectif premier doit être d’éliminer la misère et la pauvreté absolue.  Notre génération peut atteindre cet objectif, a assuré le Premier Ministre Zapatero.


M. TARO ASO, Premier Ministre du Japon, a entamé son intervention par une diatribe contre la frénésie qui s’est emparée des places financières internationales, citant un proverbe d’après lequel il existe deux sortes de banquiers: « ceux qui ont la mémoire courte et ceux qui n’en ont pas du tout ».  Il a ensuite rappelé que le Japon avait accueilli, en mai dernier, la quatrième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD IV), qui avait rassemblé plus de 3 000 participants et au cours de laquelle un consensus très fort a émergé pour hâter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le 7 juillet, a poursuivi M. Aso, le Sommet du G-8 s’est ouvert à Hokkaido et certains des thèmes abordés lors de la Conférence ont été repris en présence d’un grand nombre de participants africains.  Mais le thème principal de ce Sommet a été la lutte contre les changements climatiques.  À cette occasion, les huit pays industrialisés se sont mis d’accord pour s’engager à adopter un seuil dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et créer, sous l’égide des Nations Unies, un mécanisme efficace dans le cadre duquel les économies les plus puissantes agiraient de manière responsable, s’est félicité le Premier Ministre.


Abordant la situation au Moyen-Orient, il a déclaré que l’un des meilleurs moyens d’atteindre un jour une paix globale dans la région était, à l’instar de ce que fait la société civile japonaise, d’« investir » dans les esprits des plus jeunes, comme ces lycéens palestiniens et israéliens qui ont eu l’occasion de se rencontrer dans les environs de Kyoto et qui avaient en commun au moins une chose: la perte d’un proche dans un attentat terroriste.  M. Aso a affirmé qu’il n’avait aucun doute sur le fait qu’il existait certains types de diplomatie dans laquelle le Japon excellait.


Par ailleurs, le Premier Ministre a annoncé que le Japon préparait actuellement un projet de résolution visant l’élimination totale des armes nucléaires.  Il a réaffirmé l’engagement total de son pays en la matière, comme en témoigne aussi la candidature de Yukiya Amano au poste de directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Abordant les dossiers internationaux, M. Aso a appelé de ses vœux une résolution pacifique des questions en suspens en Géorgie sur la base de l’intégrité territoriale des États et avec la bonne foi des parties concernées, y compris la Fédération de Russie. 


Il a ensuite dénoncé l’enlèvement de plusieurs de ses concitoyens par la Corée du Nord et l’absence presque complète de progrès dans l’enquête à ce sujet, comme au sujet du démantèlement de ses programmes nucléaires.  Le Premier Ministre a cependant indiqué qu’il était prêt à prendre toutes les dispositions nécessaires pour faire avancer le règlement des contentieux avec Pyongyang.  Nous n’attendons plus qu’un geste du régime nord-coréen, a-t-il déclaré.  Je continuerai aussi à travailler au démantèlement des capacités nucléaires nord-coréennes dans le cadre des Pourparlers à six, a ajouté le Premier Ministre. 


En conclusion, M. Aso a réitéré l’importance, « pour le peuple japonais », de réformer le Conseil de sécurité et ce par une augmentation du nombre de membres permanents et non permanents.  Il a rappelé que le Japon faisait partie des candidats qui seront en lice, le mois prochain, pour l’élection de nouveaux membres appelés à siéger au Conseil dès janvier 2009 pour un mandat de deux ans.


CHEIKH NASSER AL-MOHAMMAD AL-AHMAD AL JABER AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, a appelé l’Iran à collaborer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique « avec transparence » et a demandé à la communauté internationale de poursuivre ses efforts pour trouver une « solution pacifique ».


Le Premier Ministre koweïtien a d’abord souligné le droit de tous les États à produire, développer et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques dans le cadre du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a cependant demandé à l’Iran de poursuivre sa collaboration avec l’AIEA afin de « dissiper les doutes » sur la nature de son programme nucléaire.  Tout en incitant la communauté internationale à poursuivre ses efforts avec l’Iran pour éviter « une crise ou une guerre » qui fasse du tort à la sécurité et la stabilité de la région, il a également exigé un traitement « sans favoritisme » d’Israël, le seul pays de la région qui ne fait pas partie du Traité de non-prolifération, a-t-il rappelé.


À propos du conflit israélo-palestinien, le Premier Ministre koweïtien a exigé de la communauté internationale un « désir sérieux et véritable » d’atteindre une paix juste et durable, en accord avec les résolutions internationales, la Feuille de route approuvée par le Conseil de Sécurité dans sa résolution 1515 et l’Initiative de paix arabe, pour faire en sorte que le peuple palestinien jouisse de tous ses droits politiques légitimes et de son propre État.


S’exprimant sur l’Iraq, il s’est félicité des progrès réalisés et a souhaité « une réconciliation nationale » qui permette la construction d’un pays « démocratique, libre, sûr et indépendant vivant en paix avec lui-même et ses voisins ».  Il a également appuyé la récupération par la Syrie de sa « terre occupée ».  S’exprimant sur la hausse « injustifiée » du prix du pétrole, il a nié la responsabilité des pays producteurs et a accusé la spéculation, les taxes supplémentaires sur les combustibles et le manque de nouvelles raffineries.    


M. HANG SEUNG–SOO, Premier Ministre de la République de Corée, s’est félicité que grâce à une coopération accrue, les capacités anti-terroristes avaient été renforcées à tous les niveaux.  Mais, a-t-il aussi relevé, il se trouve que partout sur la planète, le terrorisme continue de menacer et de coûter la vie à des personnes innocentes.  Il en a donc lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle renouvelle sa détermination à supprimer le terrorisme sous toutes ses formes.


En cette année du soixantième anniversaire de l’édification de la République de Corée, il a tenu à rappeler que son pays avait été l’un des premiers que l’ONU a reconnu dans une résolution adoptée en 1948.  Il a saisi cette occasion pour formuler le vœu que cette relation perdure et se renforce.


Il a abordé la question des Objectifs du Millénaire pour le développement pour dire qu’afin d’arriver à leur réalisation, il faudrait que les États Membres renforcent leurs engagements.  La volonté politique ne suffit pas, a-t-il dit.  Nous avons besoin d’une solide croissance économique et d’une stratégie pour traduire nos engagements en réalité.


Il a proposé aux pays en développement son modèle économique assis, non plus sur le principe « grandit d’abord et nettoie après », mais plutôt sur une politique économique écologique et résolument tournée vers la lutte contre la pauvreté.  Poursuivant, le Premier Ministre coréen a souligné que la question des changements climatiques menaçait les fondements mêmes des Objectifs du Millénaire pour le développement, en affectant l’agriculture, notamment.  « Il faut y faire face et adopter une meilleure stratégie climatique pour l’énergie et le développement », a-t-il souligné. 


Le Premier Ministre a partagé la vision d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50%, à l’horizon 2050.  Il a dit l’intention de son pays d’annoncer l’an prochain un plan d’objectif de réduction fixé pour 2020.  Il aussi souhaité qu’un nouveau sommet sur les changements climatiques et le développement durable se tienne en 2012, pour permettre le décollage du régime qui doit succéder au Protocole de Kyoto après 2012.


Le Premier Ministre a ensuite insisté sur la crise alimentaire mondiale, en faisant état des différentes contributions de son pays.  Il a ainsi rappelé que son pays a décidé, en plus de l’assistance qu’il accorde à la République démocratique populaire de Corée, d’affecter une somme de 100 millions de dollars américains, sur les trois prochaines années, à une aide alimentaire d’urgence et à l’assistance au renforcement des capacités agricoles dans les pays en développement.  


Évoquant la relation avec son voisin, la République populaire démocratique de Corée du Nord, il a déclaré qu’il faisait tous les efforts pour résoudre la difficile question du nucléaire nord coréen, dans le cadre des pourparlers à six.  Il a regretté que ce pays ait inversé le processus de démantèlement de ces installations nucléaires.  Dès que des progrès seront enregistrés dans le domaine de la dénucléarisation, la République de Corée, a-t-il assuré, est prête à appuyer le développement économique du Nord.  Il est également prêt à discuter de la manière de mettre en œuvre tous les accords intercoréens dont celui de 1992.  


PRINCE HAJI AL-MUHTADEE BILLAH, Prince duBruneiDarussalam, a d’abord longuement justifié l’attachement de son pays à l’Organisation des Nations Unies à laquelle son pays a adhéré il y a près de 25 ans. Énumérant plusieurs des activités des Nations Unies, à ses yeux essentielles, il a notamment salué le travail de l’ONU au sein du Quatuor pour l’établissement d’une paix juste et durable au Moyen-Orient ainsi que le rôle joué par le Secrétaire général aux côtés de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) pour venir en aide à la population du Myanmar éprouvée par le cyclone Nargis. 


Le Prince a réaffirmé la volonté de son pays de contribuer pleinement au dialogue des nations qui se joue sur la scène des Nations Unies.  S’adressant ensuite à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il lui a demandé de reconnaître le rôle des Nations Unies dans la stabilisation des nations les plus petites et les plus fragiles, dont les droits à la sécurité et à l’espoir doivent être préservés.  Déclarant parler au nom d’une nouvelle génération de dirigeants mondiaux, qui allait contribuer peu à peu à façonner le monde à venir, il a évoqué la signature par les pays de l’ANASE, d’une Charte nouvelle à laquelle ont également adhéré les membres de l’Organisation de la Conférence Islamique qui ont modifié leur propre charte et accepté les objectifs à long terme définis en 2005 dans le Programme d’action décennal de Makkah. 


Selon le Prince, un tel développement illustre le désir profond de ces nouveaux dirigeants de garantir à leur peuple à la fois l’espoir et la confiance en l’avenir.  « Notre rôle est de leur donner confiance », a-t-il insisté, avant de préciser que cette confiance passera par l’éducation, la santé et le maintien de leurs culture, valeur et foi.  S’il y a une chose à apprendre des crises actuelles, a-t-il poursuivi, c’est que la sécurité n’est pas un concept abstrait.  Le Prince a également remercié l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui contribuent largement à propager la confiance parmi les peuples.


M. KEVIN RUDD, Premier Ministre de l’Australie, a déclaré que s’il était légitime de critiquer les Nations Unies, ceux qui se prononcent contre l’existence même de cette institution n’ont pas d’argument quand il s’agit de savoir par quoi la remplacer.  La crise financière mondiale nous donne aujourd’hui l’occasion d’agir de manière collective sur le long terme plutôt que séparément et d’une manière sélective.  Pour M. Rudd, ces problèmes devraient faire ressortir ce qui doit rester comme le principe fondateur du XXIe siècle: l’interdépendance.  « Ce n’est plus l’expression d’un idéalisme sentimental, mais au contraire la reconnaissance d’un réalisme implacable », a-t-il déclaré.  Cette interdépendance représente l’impact cumulé de la mondialisation de notre engagement les uns vis-à-vis des autres depuis plusieurs décennies: la mondialisation de l’économie, la globalisation de la sécurité et la mondialisation de l’environnement.


S’agissant de la crise financière, le Premier Ministre a déclaré que la stabilité des marchés mondiaux était un bien public mondial.  Si les gouvernements échouent à protéger ce bien, alors ce sont les travailleurs du monde entier qui en feront les frais, ceux dont les logements et les emplois en dépendent.  Ce sont les gouvernements plutôt que les spéculateurs qui ont la responsabilité de déterminer les règles des marchés financiers, a-t-il poursuivi.  Affirmant que les régulateurs avaient échoué à reconnaître les risques systémiques posés par de grandes institutions financières, M. Rudd a affirmé que la tâche immédiate consistait à reconstruire la confiance dans le système financier, en veillant à ce que les banques centrales disposent de liquidités suffisantes et en recapitalisant les firmes les plus importantes.


En ce qui concerne l’environnement mondial, nous devons répondre sans tarder aux défis posés par les changements climatiques, a estimé le Premier Ministre australien.  Après avoir signé en décembre dernier le Protocole de Kyoto, l’Australie a apporté la preuve de son engagement, en décidant de se doter du dispositif de réduction des émissions de gaz à effet de serre le plus complet au monde.  Nous allons également mettre en œuvre une stratégie nationale d’efficacité énergétique, ainsi qu’une autre visant à développer les énergies renouvelables.  En outre, l’Australie a décidé d’établir un Institut mondial de stockage et de capture de carbone visant à accélérer le développement de nouvelles technologies, institut auquel tous les gouvernements et compagnies du secteur privé sont invités à prendre part.


En matière de sécurité, le Premier Ministre australien a mis l’accent sur la lutte contre le terrorisme international.  Il a expliqué que son pays travaillait en étroite coopération avec le Gouvernement de l’Afghanistan pour rétablir la sécurité et la stabilité dans ce pays.  L’Australie contribue également aux efforts internationaux pour prévenir la prolifération des armes de destruction massive.  M. Rudd s’est dit préoccupé par le fait que des États comme l’Iran ou la République démocratique populaire de Corée continuaient de défier la communauté internationale et échouaient à se conformer aux demandes de transparence de leurs activités nucléaires.  Faisant écho aux propos de son homologue du Japon, le Premier Ministre a déclaré que son pays était prêt à coopérer avec d’autres nations pour parvenir à une élimination définitive des armes nucléaires.  Une Commission internationale a été établie conjointement par nos deux pays, a indiqué M. Rudd, afin de forger le consensus nécessaire pour faire de véritables progrès dans les domaines de la non-prolifération des armes nucléaires et du désarmement à l’approche de la Conférence d’examen de 2010.


En conclusion, il a plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité pour que cet organe reflète enfin les réalités géopolitiques d’aujourd’hui.  Le Premier Ministre de l’Australie a annoncé que son pays serait candidat pour un siège non permanent pour la période allant de 2013-2014.


M. ALBERT PINTAT, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a commencé son discours en rappelant les objectifs et les défis que chaque État doit relever dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir éradiquer la pauvreté extrême d’ici à 2015, réduire la mortalité infantile et lutter contre la propagation des maladies.


M. Pintat a regretté que la faim dans le monde, principale préoccupation lors de la création de l’ONU il y a 63 ans, soit toujours d’actualité.  Il a tiré la sonnette d’alarme en précisant que d’ici à 2025 il y aurait 2 milliards de personnes supplémentaires qui vivront dans des conditions d’extrême pauvreté, alors qu’il y a aujourd’hui 2,5 milliards de pauvres dans les pays du Sud et 950 millions de personnes vivant dans des conditions d’extrême pauvreté.


Le chef du Gouvernement d’Andorre s’est inquiété des déplacements massifs de population qui sont poussées par la faim dans le nord de l’Ouganda ou au Darfour.  Il a souligné son sentiment d’impuissance en tant que chef d’État face à l’aggravation de la malnutrition et à la tragédie des émeutes de la faim dans le monde.


Crises financière, énergétique, alimentaire et changements climatiques, quelles erreurs avons-nous commises, s’est interrogé M. Pintat.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires de base qui ont augmenté de 50% en un an alors que le prix des marchandises dans le monde a augmenté de 30%.  Citant les chiffres de l’indice du seuil de pauvreté, le chef du Gouvernement d’Andorre a déploré le nombre trop élevé de personnes vivant dans des conditions d’extrême précarité.


Il a estimé que la crise alimentaire actuelle est liée à la distribution géographique de la productivité et a souhaité que la production augmente là où les populations souffrent de la faim, tout en arrêtant d’envoyer la surproduction des pays les plus riches vers les pays pauvres, ce qui contribue à augmenter la dépendance de ces derniers.  La mesure prise par la Banque mondiale de doubler le volume des prêts à l’agriculture vers l’Afrique est bonne, a-t-il estimé.


La Principauté d’Andorre adhère aux thèmes mis en avant au cours de la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale qui s’est tenue à Rome en juin.  M. Pintat a attiré l’attention sur le travail de son gouvernement dans le domaine de la coopération pour le développement.  Ce travail, a-t-il expliqué, se fait avec tous les grands organismes internationaux, les pays qui en font la demande, les organisations non gouvernementales (ONG) et la société civile.


M. Pintat a conclu son discours en rappelant que les Nations Unies et ses représentants ont finalement échoué à garantir une alimentation pour tous.  Il a également relevé l’échec dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il faut maintenant passer à l’action, a-t-il insisté, la dignité de tout être humain nous y oblige et l’humanité le mérite.


M. FIORENZO STOLFI, Premier Ministre de Saint-Marin, a plaidé pour une réforme de l’ONU, dont le renforcement du rôle de l’Assemblée générale qu’il a décrite comme le forum le plus important pour un petit pays qui veut faire entendre sa voix.  Le processus de réforme des Nations Unies a une importance fondamentale pour l’équilibre du monde et doit demeurer au centre de nos efforts, a assuré le Premier Ministre. 


Une Assemblée générale plus forte serait plus complémentaire des autres entités importantes de l’ONU.  Son renforcement et sa démocratisation peuvent aussi garantir aux petits États la possibilité de participer et d’avoir un rôle plus large dans la prise de décisions au sein des entités multilatérales.  M. Stolfi s’est déclaré convaincu que des pays comme le sien peuvent apporter une contribution fondamentale à l’ONU, étant donné qu’ils n’ont pas d’intérêts macroéconomiques, militaires ou géopolitiques.  En ce qui concerne les changements climatiques, il a prôné l’identification d’une stratégie effective à tous les niveaux, afin d’atteindre un équilibre entre le respect de l’environnement, la consommation d’énergie et la croissance économique.     


M. JENS STOLTENBERG, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que les crises qui secouent le monde sont à la fois alimentaire, énergétique, commerciale mais également de fonctionnement.  Notre capacité à prendre des décisions est en crise, a soutenu le Premier Ministre selon lequel si l’ONU discute, délibère et étudie, elle est trop souvent incapable de décider.  Relevant que certaines nations semblent peu soucieuses donner une impulsion au changement et progrès, il a regretté que ces pays-là ralentissent la marche du monde et bloquent les décisions, y compris au Conseil de sécurité.  C’est pourquoi il faut soutenir la volonté de réforme démontrée par le Secrétaire général, a affirmé le Premier Ministre, qui s’est dit encouragé par le nombre croissant d’États Membres désireux de rejoindre l’approche « Une ONU ». 


Le Premier Ministre norvégien a ensuite évoqué les Objectifs du Millénaire pour le développement et plus particulièrement l’initiative récente d’« un plan mondial pour sauver 10 millions de mères et d’enfants d’ici à 2015 ».  Si ce plan aboutit, c’est selon lui le moyen de bâtir des sociétés plus viables et d’améliorer la santé maternelle, domaine dans lequel aucun progrès n’a été fait contrairement à la pauvreté et à la mortalité infantile qui ont diminué.  Il a regretté que ce monde soit dirigé par des hommes qui n’ont jusqu’ici pas suffisamment pris au sérieux la question de la santé maternelle.


Concernant la crise financière qui secoue actuellement la planète, le Premier Ministre a rappelé que ce ne sont pas les marchés financiers qui investissent pour construire des écoles en Afghanistan ou des hôpitaux au Rwanda.  C’est aux États de diriger les ressources vers ces objectifs prioritaires, a-t-il estimé, avant d’axer son discours sur des questions environnementales.  Tout juste de retour d’un voyage dans la forêt amazonienne au Brésil, le Premier Ministre a en effet rappelé qu’en tant que pays riche et développé, la Norvège est le premier sponsor du Fonds pour l’Amazonie.  Il a souhaité que la question de la déforestation soit incluse dans un nouvel accord global sur les changements climatiques.  Le règlement durable de la question des changements climatiques constitue un test de maturité pour la coopération internationale, a encore estimé le Premier Ministre de la Norvège, dont le pays soutient par ailleurs la candidature islandaise au Conseil de Sécurité.   


M. DENZIL L. DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a vu un symbole dans la coïncidence des célébrations de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale et celle du vingt-cinquième anniversaire de l’indépendance politique de son pays.  Il a dit sa fierté  d’appartenir à une nation qui progresse économiquement et socialement.  Il a regretté que ce ne soit point le cas d’autres petits États, comme Haïti, en rappelant que les dégâts causés par les ouragans dans ce pays avait des conséquences terribles sur la construction des institutions et des infrastructures.


Il a partagé et expliqué les raisons des progrès accomplis par son pays.  Ceux-ci, a-t-il dit, tiennent particulièrement de la bonne gouvernance, d’une gestion prudente des ressources, des investissements appropriés, de la protection des libertés religieuses, d’association et d’expression.   Il a ensuite estimé que la mise à nu de l’instabilité du système financier international et des institutions financières n’était point le fait de petits États comme le sien qui en subissent néanmoins les conséquences.  S’agissant de la crise alimentaire, il a détaillé certaines mesures prises par son gouvernement, comme la stabilisation des prix, la rationalisation et la promotion de l’usage de terres cultivables, la fourniture de semences aux fermiers et la promotion d’une utilisation rationnelle de l’eau.


Devant ce qu’il qualifie de pire crise alimentaire de ces dernières années, le Premier Ministre de Saint Kitts-et-Nevis a réclamé un ajustement vigoureux de l’Agenda de réforme des Nations Unies.  Il a proposé que l’ONU s’attèle à l’accomplissement de ses mandats dans les domaines de la protection des libertés  individuelles et de droits de l’homme, tout en œuvrant pour la promotion du développement économique pris comme un élément intégral de la sécurité humaine.


Il s’est félicité de la relation qui existe entre son pays et les agences spécialisées des Nations Unies, en mentionnant aussi le rôle et la présence des institutions régionales.  Il a, par ailleurs, pris fait et cause pour Taiwan, en demandant que soit facilitée sa participation aux agences spécialisées des Nations Unies, au regard de son soutien actif lors des crises humanitaires.


M. JAN PETER BALKENENDE, Premier Ministre des Pays-Bas, a posé la question de savoir ce que nous faisions pour réaliser la liberté de nos peuples et de tous les autres.  Il a tout d’abord parlé de la liberté vis-à-vis de la pauvreté, contre laquelle son gouvernement, parmi tant d’autres, a entrepris une action.  La communauté internationale doit soutenir ceux qui souffrent de la faim et des maladies.  Mais, a prévenu M. Balkenende, nous devons veiller à ce que cette aide soit la plus efficace possible.  À cette fin, une coopération intergouvernementale est nécessaire, de même que des partenariats entre secteurs privé et public.


Nous devons également nous libérer de la peur, a poursuivi le Premier Ministre, qui a expliqué qu’il n’y avait pas de place dans une société libre pour la torture, la peine capitale et l’impunité.  À cet égard, il s’est félicité que son pays accueille, à La Haye, la Cour pénale internationale, dont il a cependant souhaité qu’elle bénéficie d’une reconnaissance plus large de la part des États Membres.  M. Balkenende a ensuite souligné qu’il fallait affirmer la liberté d’expression et la liberté religieuse, sous peine d’alimenter des malentendus regrettables entre les nations.  Le défi pour chaque gouvernement est donc d’affirmer les valeurs religieuses et culturelles de son peuple, tout en jetant des ponts avec le reste du monde, a estimé le Premier Ministre néerlandais.  Trouver le bon équilibre n’est pas simple, a-t-il dit, mais c’est essentiel.  Pour lui, les Nations Unies sont l’enceinte dans laquelle il est possible de garantir le respect de telles libertés fondamentales.  Il a insisté sur des « Nations Unies renforcées avec un Conseil des droits de l’homme plus juste et plus équitable ». 


*   ***   *


À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.