ESPOIRS DE PAIX, LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET INTÉGRITÉ TERRITORIALE S’INVITENT AU SECOND JOUR DU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE
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Assemblée générale
Soixante-troisième session
7e et 8e séances plénières de haut niveau
Matin et après-midi
ESPOIRS DE PAIX, LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET INTÉGRITÉ TERRITORIALE S’INVITENT AU SECOND JOUR DU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE
Le Président d’Israël, Shimon Pérès, offre aux pays arabes de venir parler de paix à Jérusalem
Les questions de la paix au Moyen-Orient, de la lutte contre le terrorisme et de l’intégrité territoriale des États se sont invitées au deuxième jour du débat général de l’Assemblée générale, même si la crise financière s’est maintenue au cœur des 32 discours prononcés aujourd’hui.
Le Président d’Israël, Shimon Pérès, a tendu la main aux pays arabes en les invitant à se rendre à Jérusalem pour discuter de la paix. Il a assuré que les dirigeants israéliens seraient prêts à marcher sur la terre arabe pour participer à un véritable dialogue.
S’il a élargi son invitation à Bashar Al-Assad, son homologue syrien, Shimon Pérès s’est gardé de se tourner vers le Président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad, qu’il a accusé d’antisémitisme, de négationnisme et de soutien au Hezbollah et au Hamas.
Dans une intervention au cours de laquelle il est longuement revenu sur le passé de son pays, le Président israélien a proposé « une paix immédiate avec le Liban », répondant ainsi aux propos tenus hier par le nouveau Président libanais, Michel Sleiman, qui s’était impatienté devant le manque de respect par Israël de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité.
Les négociations en vue d’établir un État palestinien coexistant en paix et en sécurité avec son voisin israélien « n’aboutiront probablement pas cette année », a reconnu Pérès qui a clairement rejeté tout dialogue avec « les terroristes » du Hamas.
Le fléau du terrorisme a aussi été commenté par le Président de l’Afghanistan, Hamid Karzai. Après s’être félicité de la transition démocratique au Pakistan, il a estimé que seule une sincère coopération régionale et internationale permettra de démanteler « l’appui institutionnel sophistiqué » dont jouissent les groupes terroristes.
Le Président afghan a, dans ce cadre, réitéré sa volonté de voir les institutions nationales de sécurité prendre une plus grande part dans la lutte contre le terrorisme et la protection des civils. L’« afghanisation » des opérations militaires est cruciale si l’on veut, a insisté le Président afghan, résoudre avec efficacité le problème des victimes parmi la population civile.
Son homologue du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa a prévenu que son gouvernement ne laissera jamais « les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, un groupe armé illégal, prendre en otage une partie de la population et lui dénier ses droits démocratiques à des élections libres ». Le Sri Lanka, a-t-il ajouté, n’acceptera jamais que soit remise en cause son intégrité territoriale.
C’est l’intégrité territoriale d’un autre État qui a soulevé des préoccupations parmi certains chefs d’État qui se sont succédés aujourd’hui à la tribune: la Géorgie dont le récent conflit avec la Fédération de Russie a conduit l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud à proclamer leur indépendance, reconnue de facto par Moscou.
Dénonçant vigoureusement « l’annexion armée du territoire » des territoires géorgiens, le Président de l’Ukraine, Victor Yushchenko,appuyé par ses homologues de l’Estonie et de la Lettonie, a déclaré que son pays nereconnait pas cette indépendance autoproclamée.
L’engagement inconditionnel des parties à appliquer le plan de paix constitue une exigence préalable pour les discussions sur le Caucase mais aussi pour l’avenir des relations entre l’Union européenne et la Fédération de Russie, a renchéri le Président polonais, Lech Kaczyñski.
Largement abordées hier lors de la première journée du débat général, les crises financière et alimentaire mondiales ont inspiré aujourd’hui certaines propositions, notamment celle du Président de la République dominicaine, qui a exigé un plan de sauvetage des Objectifs du Millénaire pour le développement semblable à celui envisagé pour porter secours aux sociétés de Wall Street. Le Président de la République dominicaine, Leonel Fernández Reya, a estimé que 350 milliards de dollars, soit la moitié de la somme débattue par le Congrès américain, suffiraient à atteindre les OMD en 2015.
Il faut substituer l’assistance à l’agriculture à l’aide alimentaire, a préconisé le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, en appelant à des systèmes d’investissement innovants. Aucune des recommandations faites lors du Sommet de Rome sur la sécurité alimentaire n’a été appliquée, a-t-il regretté. « Comme le médecin qui vient après la mort, nous n’avons rien vu ».
Ont également pris la parole aujourd’hui les dirigeants des pays suivants: Paraguay, Ghana, Portugal, Chili, Mexique, Burkina Faso, Chine et Cuba. Le Premier Vice-Président du Conseil d’État de Cuba est également intervenu.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 25 septembre, à partir de 10 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Déclarations
M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a déclaré que la crise alimentaire mondiale était devenue d’une effrayante actualité et risquait désormais de prendre des proportions encore plus dangereuses à moins d’une action urgente et collective. De la même manière, l’ONU doit devenir plus démocratique sinon elle risque de perdre en efficacité, en crédibilité et en légitimité. Aux niveaux national et régional, le Sri Lanka a entrepris d’accroître sa productivité agricole et de développer la recherche en privilégiant le transfert des technologies et le partage des meilleures pratiques.
Présidant actuellement l’Association sud-asiatique de coopération régionale, le Sri Lanka a annoncé, par la voix de son Président, que la région d’Asie du Sud avait l’intention de retrouver son rôle historique de producteur agricole en devenant de nouveau un des greniers les plus importants du monde. M. Rajapaska a ensuite souligné la nécessité de trouver des solutions à la crise énergétique à la fois équitables et pragmatiques, notamment en privilégiant le développement de sources d’énergie propres et fiables. Il a aussi souligné la nécessité de tirer le meilleur parti des ressources naturelles, de l’énergie solaire et éolienne, que son pays possède en abondance.
Abordant le dossier du terrorisme, le Président a ensuite affirmé que son gouvernement était toujours prêt à se pencher sur les causes profondes et les solutions constitutionnelles pour répondre aux aspirations et respecter les droits de toutes les minorités. Mais ce que le Gouvernement sri-lankais ne veut pas et ne pourra pas faire, a-t-il prévenu, c’est de laisser un groupe armé illégal, les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, prendre en otage une partie de la population dans le nord du pays et lui dénier ses droits démocratiques à des élections libres.
Le Gouvernement a ouvert un dialogue politique avec les dirigeants démocratiques de la communauté tamoule, un peuple qui a vécu en paix avec les Sri-Lankais pendant des siècles. Aujourd’hui, des dirigeants tamouls occupent des postes ministériels au sein du Gouvernement, a fait valoir M. Rajapaska. Tous les gouvernements qui se sont succédés au Sri Lanka au cours des 25 dernières années se sont efforcés de résoudre ce problème, que ce soit au travers de la facilitation norvégienne ou des coprésidents internationaux qui ont surveillé le soi-disant processus de paix, qui a toujours été rejeté par les terroristes.
Le Gouvernement actuel, a indiqué le Président, est prêt à de nouveaux pourparlers seulement si ce groupe armé illégal s’engage à déposer les armes et à mettre fin à ses opérations militaires. Le Gouvernement élu, a-t-il précisé, ne permettra en aucun cas que soit remise en cause l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’État Membre des Nations Unies qu’est le Sri Lanka. « Le message est clair », a-t-il insisté.
L’objectif de notre gouvernement est de permettre aux populations concernées de pouvoir profiter des bienfaits des processus démocratiques et de hâter les activités de développement dans les zones où sont présents les terroristes, a poursuivi le Président sri-lankais. Cela pourra se faire sur le modèle de développement économique rapide à l’œuvre dans la province de l’est de l’île, où d’anciens terroristes assument désormais des fonctions de conseillers provinciaux et où un ancien enfant soldat des Tigres tamouls a été élu Ministre, après avoir renoncé au terrorisme et s’être engagé sur la voie démocratique. De manière assez significative, la démocratie a été rétablie dans la région moins d’une année après la fin des activités terroristes.
En outre, en ce qui concerne l’aide humanitaire prêtée par son gouvernement aux populations locales, M. Rajapaska a cité le Représentant spécial du Secrétaire général, qui a déclaré, il y a quelques années, que « le Sri Lanka représentait un cas inhabituel d’un gouvernement central qui apporte des secours d’urgence à des personnes déplacées pourtant sous le contrôle du principal groupe d’opposition. Dans un monde où tant d’autres gouvernements et de groupes rebelles font de l’aide alimentaire une arme dirigée contre les populations civiles, la situation au Sri Lanka mérite une attention particulière, dans la mesure où elle constitue un important précédent ». Maintenant que la démocratie a été rétablie dans l’est de l’île, le Président du Sri Lanka s’est dit confiant qu’il serait possible d’y parvenir aussi dans le nord.
M. VICTOR YUSHCHENKO, Président de l’Ukraine, a estimé que les normes du droit international et des affaires internationales étaient actuellement négligées et minées. Il a déploré cette tendance à la démolition du système général, dont la pierre angulaire est, selon lui, le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’étanchéité des frontières étatiques.
Les derniers évènements dans le Caucase sont « notre plus grande préoccupation », a-t-il enchaîné. L’Ukraine condamne les actes d’agression et l’usage de la force dans cette région, a-t-il dit, pour ensuite « vigoureusement dénoncer » la violation de l’intégrité territoriale et l’inviolabilité des frontières géorgiennes, de même que « l’annexion armée de son territoire ». Il a également signalé que l’Ukraine ne reconnaît pas l’indépendance autoproclamée de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie.
Le chef d’État ukrainien s’est dit inquiété par la déviation des principes de l’ONU et du « renouvellement de la rhétorique de la guerre froide ». Ce processus représente une menace potentielle aussi bien pour la « nationalité ukrainienne » que pour les autres pays de notre région, a-t-il affirmé. Il a également dit rejeter les pressions de toutes sortes concernant les moyens de garantir la sécurité de son pays et de déterminer son appartenance aux structures de sécurité collective.
M. Yushchenko a ensuite lancé un appel au renforcement du rôle du Conseil de sécurité et a dit appuyer tout effort tendant à obtenir une résolution pacifique et à débloquer la situation dans le sud du Caucase.
Abordant ensuite le problème de la crise alimentaire, le Président ukrainien a invoqué la richesse de la terre noire de son pays pour signaler que celui-ci contribuera à la solution de cette crise. Il a également réitéré son appel à un plus grand renforcement de la coopération mondiale en matière d’écologie et a signalé son intention d’initier la création d’une constitution mondiale pour l’environnement. Son pays procédera également au renfoncement des efforts de lutte contre le VIH/sida, a-t-il signalé.
Enfin, le Président ukrainien a rappelé que cette année marquait le soixante-quinzième anniversaire de la grande famine d’Holodomor au cours de laquelle « 10 millions de nos compatriotes ont péri ». Cette terreur par la faim avait tout le caractère d’un génocide et s’est accompagnée de l’élimination de « l’élite nationale », a-t-il affirmé. Nos initiatives doivent inciter tous les pays de l’ancienne Union soviétique à rechercher la vérité. Nous partageons la souffrance des autres peuples touchés et les invitons à commémorer ensemble chaque tragédie nationale, a-t-il dit avant de conclure.
M. FERNANDO LUGO MÉNDEZ, Président du Paraguay, a plaidé pour une croissance économique qui poursuive l’équité sociale, en opposition à la spéculation « immorale » à l’origine de la crise financière actuelle. Dans son premier discours à l’Assemblée générale, le Président du Paraguay a mis l’accent sur les changements qu’il est en train de mettre en marche dans son pays, après avoir succédé à un parti qui a contrôlé le Gouvernement pendant 61 ans. Il a expliqué que ses politiques s’articuleront autour de deux grands axes, à savoir l’équité sociale et la responsabilité environnementale.
À propos de la crise financière, M. Lugo a rappelé que la spéculation financière des années 80 avait endetté l’Amérique latine et minimisé le rôle de l’État. Aujourd’hui, cette même spéculation a conduit à la privatisation des bénéfices et à la « nationalisation » des coûts des économies de marché non régulées, s’est-il indigné. Il a appelé la communauté internationale à fournir une meilleure assistance pour faire face à la crise alimentaire afin de garantir une production croissante d’aliments, sans détruire l’environnement et en évitant la hausse des prix.
Président d’un pays où 35,6% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, M. Lugo a également demandé à la communauté internationale de passer de des paroles aux actes pour faire face aux changements climatiques, dont les principales victimes sont précisément les plus démunis. Il a aussi plaidé pour la réforme des Nations Unies et a notamment souhaité que l’Assemblée générale se convertisse en un « véritable parlement mondial ». Elle pourrait ainsi débattre des grands sujets mondiaux et éviter qu’ils soient « séquestrés » par d’autres organes contrôlés par un petit nombre de pays.
M. ANÍBAL ANTÓNIO CAVACO SILVA, Président du Portugal, a d’abord rappelé que « garantir la paix et le développement durable est une responsabilité partagée », avant de souligner que la pertinence de cet objectif et la centralité des Nations Unies dans sa concrétisation n’auront jamais été aussi manifestes. Il a ensuite expliqué que nous vivons à une période de grandes opportunités et de défis à l’échelle globale. Ces défis globaux appellent une responsabilité collective. « Pour ne pas demeurer dans la rhétorique pure », a-t-il dit, nous devons être cohérents et mettre en pratique les valeurs, principes, et politiques que nous défendons ». Ceci, s’est-il expliqué, passe par « la mise à disposition de moyens nécessaires à l’action de l’ONU, et par la clarification des mandats qui lui sont confiés ».
Le Président a aussi insisté sur l’importance de renforcer la représentativité des organes des Nations Unies. Est-il raisonnable, s’est-il interrogé, de continuer à avoir un Conseil de sécurité suivant les mêmes méthodes de travail et où des États tels que le Brésil et l’Inde, ou des continents comme l’Afrique, ne disposent pas de sièges permanents?
Profitant de la commémoration du soixantième anniversaire des missions de maintien de la paix des Nations Unies, le Président a rappelé que le Portugal demeurait un important contributeur de troupes notamment dans les missions déployées au Timor-Leste, au Kosovo, en Afghanistan, au Tchad et enRépubliquecentrafricaine.
Il a aussi expliqué que les discussions du Caire et de Lisbonne, tenues en 2007 entre l’Europe et l’Afrique, répondaient à la nécessité de continuer à mettre le continent africain au cœur des priorités internationales. Détaillant cette relation, il a précisé que la Stratégie conjointe Union européenne–Afrique qui illustre « le renouveau du partenariat » entre les deux continents est basée sur la coopération dans des domaines tels que la paix, la sécurité, le développement, la bonne gouvernance et les droits de l’homme ».
Le Président a, par ailleurs, posé la question du multilinguisme. Rappelant que la langue portugaise était la cinquième langue la plus parlée au monde, il a souhaité qu’elle soit hissée au rang de langue officielle et de langue de travail dans les organisations internationales. D’autant plus, a t-il soutenu, que la communauté des pays lusophones a toujours montré sa détermination à promouvoir la paix, la démocratie, les droits de l’homme et le développement. Le Président a conclu en annonçant la candidature de son pays à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2011-2012.
M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président du Ghana, a mis l’accent sur les difficultés économiques que traversent le monde et la nécessaire réforme des institutions pour faire face aux difficultés que sont la flambée des prix du pétrole, l’augmentation des prix des denrées alimentaires, les perturbations du marché financier, le trafic de stupéfiants et d’armes, les changements climatiques et le terrorisme. Il a ajouté que si beaucoup de ces problèmes sont naturels, d’autres sont le fait de l’homme.
Le Président a estimé qu’il y avait des opportunités extraordinaires et que cela passerait par la réforme des institutions. Il a réclamé une véritable direction à la tête de l’ONU, notant que c’était la seule organisation qui pouvait bénéficier d’un respect dans le monde entier. Les nations fortes et riches montrent actuellement le chemin et doivent continuer à partager les connaissances et les ressources financières avec les faibles et les pauvres.
Sous les auspices du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), le continent est en train de mettre en commun ses ressources pour développer ses marchés, son énergie, ses réseaux de transport et l’agriculture. Le Président Kufuor a jugé que c’était la seule manière pour l’Afrique de résoudre ses nombreux problèmes de pauvreté, d’analphabétisme, de maladie, d’ignorance et de conflits.
C’est à l’Afrique de se donner les moyens de s’intégrer dans la mondialisation tout en recevant le soutien de la communauté internationale. Le Président a toutefois reconnu qu’il restait encore beaucoup à faire notamment pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en 2015. Par ailleurs, il s’est félicité du développement de la démocratie en Afrique soulignant que de plus en plus de chefs d’État parviennent au pouvoir à l’issue d’élections libres.
M. Kufuor est ensuite revenu sur son mandat qui s’achève. Expliquant les progrès que son pays a enregistrés depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2001, il a indiqué que les efforts se sont portés sur la réduction de la dette nationale qui s’élevait à 8 milliards de dollars. Alors qu’il était difficile d’obtenir des lignes de crédits, grâce à une détermination nationale et beaucoup de discipline, la dette a été annulée par les créditeurs multilatéraux et bilatéraux en un temps record, s’est-il félicité.
De nombreuses améliorations ont été effectuées, a poursuivi le Président. Les investissements nationaux et étrangers ont permis de lancer des services sociaux et de développer un programme scolaire universel au niveau des deuxième et troisième cycles. Des investissements lourds ont été injectés dans les transports et un processus de modernisation de l’agriculture a commencé à améliorer le bien-être de plus de 60% de la société. Enfin, un gisement de pétrole a été découvert, représentant une bénédiction pour le pays. M. Kufuor a conclu en déclarant que « le développement accéléré et la bonne gouvernance, y compris le respect des droits de l’homme, ne s’excluent pas. Bien au contraire, la bonne gouvernance est capable d’accélérer le développement ».
Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, a constaté que l’optimisme qui régnait au détour du XXIe siècle, quand on parlait du « Millénaire de l’espoir », semble se dissiper. Plus de 100 millions de personnes sont tombées dans l’extrême pauvreté pour une seule raison, l’augmentation des prix des denrées alimentaires, a-t-elle fait remarquer. Et il y a maintenant cette instabilité financière qui affecte de nombreuses économies et qui menace de toucher les plus pauvres du monde. C’est pour cela que nous devons absolument revoir nos objectifs, a déclaré Mme Bachelet.
Le monde est capable de procurer des ressources économiques, techniques et scientifiques, qui permettent, pour la première fois dans l’histoire, d’assurer le bien-être de l’humanité tout entière. Mais la détermination fait défaut et il est temps de faire des choix politiques clairs, afin de mener une action collective mettant en jeu les États et la société civile. La Présidente a donc appelé à travailler ensemble, afin de soutenir les mesures d’urgence visant à résoudre la crise alimentaire et éviter que les crises économiques fassent obstacle aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Mme Bachelet a souhaité que chacun s’engage dans le sens du multilatéralisme et que la réforme de l’ONU en fasse une institution plus représentative et plus démocratique. Nous devons progresser et trouver des accords dans le cadre du Cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de la prochaine Conférence sur le financement du développement et de la Conférence de Copenhague de 2009 sur les changements climatiques.
« Avec modestie, mais aussi avec fierté », la Présidente chilienne a annoncé que son pays est en bonne voie pour atteindre les OMD avant l’échéance de 2015. Nous pouvons affirmer qu’il est possible d’éliminer la pauvreté, d’émerger du sous-développement et cela dans la liberté et le respect de la démocratie. Le Chili a triplé la taille de son économie entre 1990 et 2008, ce qui correspond aux années de démocratie. Dans le même temps, les investissements sociaux ont augmenté, a précisé la Présidente, qui a aussi parlé des défis encore à relever, comme l’égalité des sexes.
Tout cela a pu être réalisé grâce à une détermination politique claire, en plaçant la démocratie au centre de la vie publique. La Présidente chilienne a ajouté que son pays a pu, la semaine dernière, aider la Bolivie à résoudre de façon pacifique le conflit interne qui a éclaté récemment. Les valeurs de la démocratie, du dialogue, des droits de l’homme et de la paix sont plus fortes que jamais en Amérique latine, s’est-elle réjouie.
Les politiques nationales, cependant, ne suffisent pas, a poursuivi Mme Bachelet, qui a considéré chaque pays responsable de contribuer à un monde dans lequel prévalent les grandes valeurs de l’humanité. Le Chili coopère dans ce sens et soutient notamment une initiative lancée il y a quelques jours, au titre de laquelle il va former des troupes en Bolivie, en Équateur et dans d’autres pays de la région. Enfin, la Présidente a rappelé les avancées qu’a permises le système de protection des droits de l’homme mis en place dans sa région et a souhaité qu’il en soit de même grâce à la Déclaration du Millénaire.
M. DANILO TÜRK, Président de la Slovénie, a déclaré que s’il devait résumer en un mot l’exigence politique prioritaire des Nations Unies aujourd’hui, sa réponse serait la suivante: « Nous vivons dans un monde qui appelle la transformation, nous devrions donc faire de la transformation le concept clef de l’action de l’ONU ». Il s’est ensuite demandé si les Nations Unies étaient capables de générer la métamorphose sociale et politique exigée par le monde contemporain et si avait été identifié le principal domaine dans lequel les efforts de transformation doivent être déployés.
Pour M. Türk, il est maintenant clair que le développement mondial –immédiat et futur– dépendra de façon vitale de la préservation de notre environnement naturel et, en particulier, des moyens mis en œuvre pour répondre aux problèmes posés par les changements climatiques. Le combat de notre avenir commun sera remporté ou perdu sur le front de l’environnement et c’est précisément sur ce champ de bataille que doit avoir lieu la transformation à laquelle je faisais allusion plus tôt, a souligné le Président slovène. Même le Conseil de sécurité a reconnu l’urgence des questions environnementales et la gravité des effets adverses que les changements climatiques pourraient entraîner pour notre sécurité internationale, a-t-il rappelé.
M. Türk a ensuite rappelé que, sous la présidence de son pays, l’Union européenne avait adopté un plan en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 30% d’ici à 2020. Hier, le Président français, Nicolas Sarkozy, qui préside actuellement le Conseil européen, a réitéré l’engagement de l’Union à suivre la feuille de route de Bali et à faire de la Conférence de Copenhague de 2009 une réussite. Dans l’intervalle, des progrès devront être accomplis durant la Conférence de Poznań. Toutefois, les efforts que devront consentir les pays européens ne seront couronnés de succès que si un partenariat adéquat est établi entre les principaux acteurs économiques et politiques, a-t-il prévenu.
Pour le Président de la Slovénie, une alliance entre l’Union européenne, les États-Unis, le Japon, la Chine, l’Inde et le Groupe des 77 est donc essentielle. C’est un moment important pour les Nations Unies, a-t-il insisté. Les défis environnementaux appellent des approches novatrices dans la manière dont le monde consomme de l’énergie, dont il élabore ses technologies, et dont il poursuit son développement. Dans ce contexte, a ajouté M. Türk, une coopération est nécessaire au niveau mondial.
Une transformation est également nécessaire dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, a poursuivi le Président slovène. Là aussi, des partenariats sont nécessaires, en particulier pour résoudre les situations de conflits qui prévalent au Moyen-Orient, dans le Caucase et dans les Balkans, ainsi que dans plusieurs régions d’Afrique. Des modèles de diplomatie préventive, à l’image de celle qui a été mise en œuvre en République populaire démocratique de Corée, doivent être mis en pratique dans d’autres régions du monde.
Une réforme des institutions chargées des questions de paix et de sécurité internationales, comme le Conseil de sécurité, est enfin nécessaire, a-t-il poursuivi. Il a estimé au terme de son intervention que cet organe devrait être modifié de trois façons. Six sièges supplémentaires de membres permanents devraient être répartis entre toutes les régions du monde et une catégorie supplémentaire de membres non permanents devrait être ajoutée à un Conseil qui n’excèderait pas plus de 25 membres.
M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a exigé un plan de sauvetage des Objectifs du Millénaire pour le développement semblable à celui envisagé pour porter secours aux sociétés de Wall Street, tout en dénonçant le « capitalisme de casino » à l’origine de la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires.
Citant un rapport de la Banque mondiale (BM), il a estimé que 350 milliards de dollars d’aide extérieure étaient indispensables pour atteindre les OMD en 2015, soit la moitié de la somme débattue actuellement au Congrès américain pour sauver les sociétés de Wall Street « seules responsables de leur échec ». Le Président a appelé la communauté internationale à appliquer ce plan « audacieux et urgent » pour surmonter les obstacles qui empêchent de réaliser des Objectifs définis en 2000.
Selon lui, les peuples du monde touchés par la faim sont en train d’élever leur voix pour que la communauté internationale leur accorde la même attention que celle consacrée à des sociétés comme Fanny Mae, Fanny Mac, Bear Sterns, Meryll Lynch ou AIG. M. Fernandez a rappelé que les pays les plus riches n’ont pas tenu leurs engagements, à l’exception de cinq d’entre eux à savoir la Norvège, la Suède, les Pays-Bas, le Danemark et le Luxembourg.
M. Fernandez a également souligné les difficultés pour les pays en développement de lutter contre la pauvreté dans une période marquée par la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires. Selon lui, la spéculation excessive sur les marchés est à l’origine de cette hausse. En conséquence, a accusé le Président, la République dominicaine doit payer cette année 5 milliards de dollars supplémentaires pour son approvisionnement en pétrole, soit une somme que le pays aurait pu investir dans la réalisation des OMD.
M. FELIPE CALDERÓN HINOJOSA, Président du Mexique, a réaffirmé l’engagement du Mexique à construire un monde plus humain, plus juste, plus prospère et plus sécuritaire. Pour ce faire, il a souhaité un renouvellement et un renforcement des Nations Unies. Les menaces qui pèsent sur la sécurité de la planète ne viennent pas seulement des conflits entre États mais des acteurs non étatiques comme les trafiquants de drogue.
M. Calderón s’est dit concerné par les changements climatiques. Le défi doit être relevé par les dirigeants mondiaux. Il a pointé du doigt les pays pollueurs. Les pays qui souffrent le plus, a-t-il souligné, sont les pays qui contribuent le moins au réchauffement planétaire et qui sont les plus vulnérables. Il faut, selon lui, trouver des solutions urgentes. Il a rappelé que ce n’est pas un problème auquel il faut faire face en fonction de son propre degré de développement. Le Mexique, a-t-il aussi rappelé, a proposé la création d’un « fonds vert » dont l’idée a été reprise par la Banque mondiale. Il a lancé un appel aux pays développés pour qu’ils participent et contribuent à ce fonds.
Face à l’augmentation des prix des denrées alimentaires, a poursuivi le Président, le Mexique a pris les mesures nécessaires en réduisant notamment les taxes à l’importation et en développant les infrastructures pour améliorer la productivité agricole. Le Président s’est félicité de la situation de son pays qui est en train d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à la différence de nombreux pays. Le Mexique a, par exemple, consacré 123 milliards de dollars, soit 60% de son budget, aux dépenses sociales.
Le Président s’est engagé à fournir à la date de 2011, un médecin, des médicaments, des soins et une couverture sociale à chaque Mexicain. Par ailleurs, il a rappelé que le trafic ne connaît pas de frontières et que l’Amérique latine est l’un des continents au monde qui enregistre le plus de violence. Le Mexique a pour sa part entamé une lutte sans merci contre la criminalité et seule l’aide de la communauté internationale permettra d’enrayer les violences, a estimé le Président.
Après avoir mis en lumière la situation particulière de son pays, classé au douzième rang de l’économie mondiale et onzième rang de la population mondiale, M. Calderón a fait part de sa volonté de siéger comme membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2009-2010, qui sera l’occasion pour le Mexique de participer à la prévention et au règlement pacifique des différents conflits, d’appuyer les travaux du Conseil et d’œuvrer à la résolution rapide des différends entre États. L’ONU est l’Organisation qui représente le mieux la diversité des êtres humains, la pluralité des nations et les aspirations collectives. Il s’agit d’une alliance privilégiée pour garantir la paix dans le monde, la justice, la sécurité et le développement, a-t-il conclu.
L’Afrique n’est pas un continent pauvre, c’est un continent qui a été appauvri, a lancé au début de son intervention, M. ABOULAYE WADE, Président du Sénégal, estimant que les populations les plus désœuvrées de la planète attendent beaucoup de l’actuelle session de l’Assemblée générale.
Abordant le problème de la crise alimentaire, le chef de l’État sénégalais a préconisé de substituer l’assistance à l’agriculture à l’aide alimentaire. Il faut imaginer des systèmes d’investissement innovants, a-t-il proposé, avant de signaler qu’aucune des mesures prescrites lors du Sommet de Rome n’avait été appliquée. « Comme le médecin qui vient après la mort, nous n’avons rien vu », a-t-il constaté.
Il a également annoncé que le Sénégal avait lancé au mois d’avril 2008 une « Grande Offensive Agricole pour l’Agriculture et l’Abondance » qui cible la production céréalière, la modernisation de l’élevage et l’irrigation afin de mettre fin à la dépendance du pays aux importations alimentaires. Le Président sénégalais a aussi évoqué la « Grande Muraille Verte », projet initié par son pays et qui ambitionne de lutter contre l’avancée du désert, en plantant des arbres et en installant des bassins de rétention d’eau de Dakar à Djibouti. Le Sénégal a également lancé une initiative pour lutter contre l’érosion des côtes africaines.
S’agissant des Objectifs du Millénaire pour le développement, M. Wade s’est proposé de relever le défi lancé à l’Afrique par le Secrétaire général. Constatant que la mortalité infantile et maternelle demeure un point faible pour son pays, il a annoncé le lancement d’un programme spécial destiné à y remédier. Nous relevons également le « fossé numérique » dénoncé par le Secrétaire général, a-t-il dit.
« En ce mois du Ramadan », le Président sénégalais a réaffirmé l’adhésion de l’Oummah islamique aux principes de culture, de la paix et du dialogue des civilisations. L’extrémisme, la violence, l’intolérance et la discrimination sont condamnés par notre religion, a-t-il assuré. Il s’est ensuite félicité de la résolution de conflits dans de nombreux pays africains. Au Darfour, cependant, a-t-il pronostiqué, il n’y aura pas de solutions tant qu’on n’aura pas désarmé toutes les parties au conflit.
M. Wade a ensuite réaffirmé son attachement au retour à la « légalité républicaine » en Mauritanie, conformément à la voie tracée par l’Union africaine. Saluant ensuite la position du chef d’État de la République dominicaine concernant l’actuelle crise financière, le Président sénégalais a estimé que l’échec actuel est « l’échec des économistes, des financiers et de l’intelligentsia ». La solution à la crise mondiale se trouve en Afrique, a-t-il avancé. Il faut créer richesses et emplois dans le continent pour qu’il soit capable de jouer à son tour le rôle de relais de « l’économie essoufflée », a-t-il dit, avant de lancer un appel à la poursuite des efforts d’investissements dans les infrastructures africaines.
M. HAMID KARZAI, Président de l’Afghanistan, a déclaré que depuis sa dernière déclaration devant l’Assemblée générale, son pays a été amené à faire face à de nombreux défis mais qu’aucun n’a été aussi troublant que le terrorisme international. « Les forces terroristes ont significativement accru leurs attaques et brutalités et jouissent de la liberté dans leurs sanctuaires » a-t-il révélé.
Soulignant que le fléau du terrorisme s’est maintenant étendu à toute la région, il a illustré son propos par une série d’exemples dont les récents sont l’attaque impitoyable perpétrée contre l’hôtel Marriott à Islamabad, le 20 septembre 2008, l’attentat perpétré contre l’ambassade de l’Inde à Kaboul, et les attaques terroristes dans les villes indiennes de Bangalore et d’Ahmedabad. Ce sont « les plus affreuses démonstrations du terrorisme grandissant » a-t-il dit, avant d’affirmer que le terrorisme ne cessera pas tant qu’on n’aura pas démantelé l’appui institutionnel sophistiqué dont il jouit dans la région et détruit ses sanctuaires. Cela ne sera possible que si l’on s’engage dans une sincère coopération régionale et internationale, a insisté le Président.
Après s’être félicité de la transition démocratique au Pakistan, il a réitéré sa volonté de voir les institutions nationales de sécurité, à savoir l’Armée et la Police, prendre une plus grande part dans la lutte contre le terrorisme et la protection des civils. L’« afghanisation » des opérations militaires est cruciale si l’on veut, a insisté le Président, résoudre avec efficacité le problème des victimes parmi la population civile. La multiplication des victimes civiles, a-t-il averti, peut compromettre la légitimité de la lutte contre le terrorisme et la crédibilité du partenariat entre le peuple afghan et la communauté internationale.
Si le terrorisme et la persistance d’un climat d’insécurité continuent de faire obstacle à la croissance économique, nous devons faire tout ce qui est possible pour gagner la bataille du développement économique, a soutenu le Président, rappelant qu’au mois de juin dernier, son pays a lancé sa Stratégie nationale de développement à la Conférence des donateurs de Paris.
Le développement exige aussi, a-t-il poursuivi, une « afghanisation » du processus de développement qui n’est pas seulement la clef pour parvenir à une appropriation nationale mais aussi pour assurer une mise en œuvre efficace de la Stratégie nationale. Le Président a fermement recommandé l’abandon des structures parallèles et des mécanismes inutiles.
Il a ensuite brossé un tableau des progrès enregistrés par son pays, entre autres dans le domaine de la lutte contre le trafic des stupéfiants. Il a ainsi affirmé que la production d’opium a chuté de 20%, cette année, alors que le nombre des provinces qui ont renoncé à la culture de pavot est passé à 18 de sorte que 50% du pays a virtuellement adopté des cultures de substitution. La clef sera d’assurer des moyens de subsistance alternatifs, de consentir des investissements plus importants dans les forces de l’ordre et de traiter des aspects bien plus larges du trafic mondial des stupéfiants. Le Président a cité la réduction de la demande sur les marchés extérieurs et le contrôle des frontières.
M. BLAISE COMPAORÉ, Président du Burkina Faso, a parlé de « session charnière » qui offre une formidable occasion d’évaluer les actions accomplies et de prendre les mesures correctives nécessaires face aux crises récentes. La crise alimentaire montre l’inconséquence de nos politiques agricoles et la fragilité de nos systèmes de production et de commercialisation, a-t-il affirmé.
Le Président burkinabè a donc jugé urgent d’améliorer le fonctionnement des institutions internationales concernées, de relancer les investissements en faveur de l’agriculture et de soutenir les organisations paysannes et professionnelles dans des partenariats innovants. Parmi les engagements à prendre, il a cité un accès plus facile à la terre et une plus grande maîtrise de l’eau. Pour faire face à la crise énergétique, le Président a invité à trouver des solutions durables en utilisant les ressources renouvelables.
L’aide publique au développement connaît un fléchissement ces dernières années, en termes de volume et d’efficacité, a poursuivi M. Compaoré. Pour lui, il est fondamental de veiller à ce que les États s’approprient les politiques économiques et reçoivent une aide pour le renforcement de leurs capacités de gouvernance. Il a aussi jugé primordial d’harmoniser et de simplifier les procédures pour les donateurs, ainsi que d’aligner progressivement l’aide sur les programmes nationaux de développement. Enfin, il a plaidé en faveur d’une meilleure coordination des interventions des partenaires techniques et financiers sur le terrain, sous le leadership des gouvernements.
Évoquant ensuite le problème du trafic de stupéfiant dans certaines parties de son pays qui sont utilisées comme points de départ et de transit pour l’exportation de drogues illicites, le Président a appelé la communauté internationale à apporter un soutien actif. Il lui a aussi demandé de s’investir davantage sur les questions environnementales.
Le Burkina Faso qui assure la présidence de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), s’évertue à apporter sa contribution au renforcement de la paix et de la sécurité. Le Président Compaoré a salué les progrès obtenus par de nombreuses médiations engagées dans différentes régions, démontrant ainsi la capacité des Africains à résoudre d’abord par eux-mêmes leurs différends.
Le Burkina Faso qui prend part à L’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), souhaite que la communauté internationale apporte son appui à cette Mission. M. Compaoré s’est, par ailleurs, dit préoccupé par le délitement de l’État somalien et a exprimé son espoir concernant le Sahara occidental. Nous saluons, par ailleurs, l’Accord d’Alger intervenu récemment entre le Gouvernement malien et les rebelles touaregs.
Le Burkina Faso, a-t-il promis, continuera de s’investir, avec l’ensemble de la communauté internationale, au rétablissement de la paix en Iraq et en Afghanistan. Il a enfin exprimé son soutien à la République de Chine (Taiwan), se disant favorable à sa participation aux activités des organismes internationaux.
M. SHIMON PERES, Président d’Israël, a commencé son intervention en rappelant qu’il y a 60 ans, l’Assemblée générale avait adopté une résolution historique qui aurait pu mettre fin au conflit israélo-arabe et appelait à l’établissement d’un État juif et d’un État arabe. Le peuple juif a accepté cette résolution et établi l’État d’Israël; les Arabes l’ont rejetée, ce qui a conduit à la guerre. Ce qui s’est passé au cours des décennies suivantes n’a pas grand chose à voir avec l’intention initiale du texte. Mais l’ironie de l’Histoire nous place aujourd’hui dans des circonstances similaires. Nous sommes en effet au milieu du gué et aucun retour en arrière n’est possible. Seul le fait d’avancer nous fera comprendre à quel point nous approchons de la paix, a-t-il promis.
Après avoir connu sept guerres, Israël a transformé ses victoires militaires en processus de paix, sachant que le coût de la vie rend une paix imparfaite préférable à des victoires parfaites, a poursuivi Shimon Pérès. Nous avons aussi conclu deux accords de paix, le premier avec le plus vaste pays arabe, l’Égypte, le second avec le Royaume hachémite de Jordanie. Toutes les terres, toute l’eau et toutes les ressources tombées entre nos mains ont été restituées après la signature des accords, a souligné le Président israélien. Mais en plus de la paix, il faut dans notre région restaurer l’environnement sous peine de sombrer dans la pauvreté. Car si nous ne triomphons pas du désert et de la pollution, ce sont eux qui auront raison de nous, a-t-il prévenu, estimant que seule la coopération pouvait répondre à cette exigence.
Avec les Palestiniens, nous négocions la paix, a affirmé M. Pérès. Les deux parties se sont mises d’accord pour établir un État palestinien coexistant avec Israël, vivant en paix et en sécurité avec son voisin. Israël a essayé de conclure les négociations cette année mais, a estimé le Président, il faudra probablement attendre l’an prochain pour cela. Nous avons convenu, a-t-il poursuivi, d’aller de l’avant, en dépit de changements possibles dans la direction du pays. Au Liban, où nous avons respecté les dispositions de la résolution 425, le Hezbollah paralyse le pays et se met en travers de la paix, a dénoncé le Président. À Gaza, où nous nous sommes complètement retirés et où nous avons démantelé nos colonies de peuplement, le Hamas a fait du territoire une base arrière pour les tirs de roquettes.
Au centre de toute cette violence et de ce fanatisme se tient l’Iran, a tonné Shimon Pérès. Ce régime est source de dangers pour le monde entier et sa quête d’hégémonie religieuse et régionale divise le Moyen-Orient et y compromet les chances de paix. Son soutien au Hezbollah a divisé le Liban, de même que celui qu’il apporte au Hamas divise les Palestiniens, a-t-il accusé. « Hier, sur cette même estrade, le dirigeant iranien a remis à jour la plus sombre rhétorique antisémite, celle des Protocoles des Sages de Sion », s’est ému le Président israélien.
« Leur déni méprisable de l’Holocauste est une moquerie d’une évidence indiscutable et un affront cynique fait aux survivants de cette horrible tragédie », a-t-il lancé. Or, le leadership iranien continue d’enrichir de l’uranium et des missiles de longue portée, une portée qui contraste avec celle, bien courte, de son esprit. Cela risque de déboucher sur une tragédie, a prévenu le Président, qui a expliqué qu’Israël se défendrait à l’avenir comme elle a su le faire par le passé.
Pour sa part, Israël continuera de rechercher la paix. Nous suggérons une paix immédiate avec le Liban. Les Premiers Ministres israéliens ont indiqué à la Syrie que pour obtenir la paix, Israël était prêt à réfléchir à la possibilité d’un compromis global. À cette fin, nous avons proposé des entrevues en personnes avec le Président syrien Bachar Al-Assad, comme l’avait fait en leur temps le Président Sadate et le Roi Hussein de Jordanie. Nous attendons toujours une réponse, a indiqué Shimon Pérès.
Après un long débat national, Israël a accepté la solution de deux États. Les Arabes ont remplacé les trois « NON » de Khartoum -pas de paix, pas de négociations et pas de reconnaissance d’Israël- par une initiative de paix inaugurée par l’Arabie saoudite. Shimon Pérès en a profité pour adresser à tous les dirigeants qui le souhaitent une invitation à se rendre à Jérusalem pour discuter de la paix. De la même manière, nous sommes prêts à nous rendre dans un pays arabe où un véritable dialogue pourrait avoir lieu, a-t-il assuré.
M. WEN JIABAO, Premier Ministre du Conseil des affaires d’État de la Chine, a estimé que compte tenu du tremblement de terre dévastateur qui avait frappé le Wenchuan et de la tenue des Jeux olympiques de Beijing, l’année 2008 s’était avérée exceptionnelle pour son pays. Depuis la conclusion des Jeux olympiques, le monde entier attend maintenant de savoir quelle direction prendra la Chine tant au plan politique qu’au plan économique, a-t-il estimé, pour affirmer ensuite que son pays demeure engagé sur la voie du développement pacifique, de la poursuite des réformes, de l’ouverture et de l’adhésion à une politique étrangère d’indépendance et de paix.
Le succès des Jeux olympiques a été une grande source d’inspiration et de fierté pour la population chinoise. Il leur a donné le courage et la force de poursuivre les efforts de modernisation du pays, a affirmé le Premier Ministre. M. Jiabao a cependant convenu que le fossé entre les villes et les campagnes demeurait important, de même qu’entre différentes régions du pays, notamment à l’ouest. Des dizaines de millions de Chinois manquent de nourriture et de vêtements adéquats, a-t-il signalé. Il a expliqué que la Chine demeure un pays en développement et son développement est sujet à une absence de ressources naturelles et aux conséquences des catastrophes naturelles. Le système socialiste d’économie de marché, la démocratie et le respect de l’état de droit doivent tous être améliorés, a-t-il reconnu.
Rappelant que l’année 2008 marque le trentième anniversaire de la politique de réformes et d’ouverture de la Chine, M. Jiabao a indiqué que son pays a l’intention de maintenir cette politique qui a su insuffler une vitalité nouvelle à la Chine, afin de bâtir un pays puissant, prospère, démocratique, avancé sur le plan culturel et harmonieux.
La Chine aspire à un environnent international pacifique afin de réaliser sa politique de développement, a poursuivi le Premier Ministre chinois pour qui le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États est une condition préalable aux bonnes relations entre États. La Chine maintiendra sa souveraineté et son intégrité territoriale et ne tolèrera aucune ingérence extérieure, a-t-il notamment déclaré.
La Chine est prête à établir des relations amicales avec tous les pays, a poursuivi le Premier Ministre. En matière de relations internationales, elle prend position en tenant compte à la fois de son intérêt national et du bien-être de la population de la planète. Nous ne suivrons jamais aveuglement les positions d’autrui, a notamment affirmé M. Jiabao, qui a indiqué que son pays continuera de jouer un rôle actif et constructif pour promouvoir la résolution paisible des conflits.
Le développement de la Chine est pacifique de nature, a-t-il poursuivi, et nous n’avons et n’aurons jamais de visées hégémoniques. Évoquant ensuite les nombreux défis auxquels le monde actuel est confronté, notamment le réchauffement climatique et les crises financière, énergétique et alimentaire, M. Jiabao a préconisé des efforts concertés pour y faire face. La Chine est prête à travailler avec les autres membres de la communauté internationale pour renforcer la coopération, partager les opportunités et contribuer au développement durable de la planète, a-t-il dit en guise de conclusion.
M. JOSÉ RAMÓN MACHADO VENTURA, Premier Vice-Président du Conseil d’État de Cuba, au nom du Mouvement des pays non alignés, a averti qu’il n’y a pas d’échappatoire. Les responsables de la situation actuelle, à savoir les pays industrialisés, et, en tout premier lieu, « la seule superpuissance », doivent assumer leurs responsabilités. On ne saurait, a-t-il dit, continuer à dilapider des sommes colossales alors que des milliers d’êtres humains ont faim et meurent de maladies curables. Le Premier Vice-Président a ensuite réitéré les revendications de son mouvement, en citant la fin des guerres d’occupation et du pillage des ressources naturelles dans les pays du tiers monde et l’affectation d’une partie des « fabuleuses dépenses militaires » à l’aide au développement. Il a aussi demandé le respect des engagements pris en vertu du Protocole de Kyoto, l’accès aux technologies et l’appui à la formation des ressources humaines des pays du Sud.
Le Premier Vice-Président a ensuite dénoncé, entre autres, « l’intoxication politique et la politique de deux poids deux mesures en matière des droits de l’homme ». La légitimité du Conseil des droits de l’homme ne dépend pas de la perception que peut en avoir l’« Empire » mais de sa capacité à s’en tenir strictement aux principes d’universalité, d’objectivité, d’impartialité et de non-sélectivité dans le traitement des questions qui lui sont soumises.
Le Premier Vice-Président a accusé les États-Unis d’avoir intensifié leur « guerre économique » contre son pays, malgré le fait que Cuba vient d’être frappé par deux puissants cyclones. L’« administration étasunienne » s’entête en effet, a dénoncé le Premier Vice-Président, à appliquer impitoyablement son blocus. Non contente de cela, elle a tenté de manipuler l’information en faisant croire que le Gouvernement cubain avait repoussé son offre d’assistance.
L’administration Bush, a-t-il poursuivi, faisant étalage du cynisme et de l’hypocrisie qui la caractérisent, continue de vouloir cacher sa volonté de domination et de recolonisation de Cuba rien moins que comme une entreprise de libération et de démocratisation.
« Qui donc, exception faite de ces complices, reconnaît encore en ce monde la moindre autorité à l’administration Bush en matière de démocratie et de droits de l’homme », s’est interrogé le Premier Vice-Président, qui a plaidé pour un nouvel ordre international « vraiment démocratique et équitable ». Quel respect pourrait-on donc bien avoir pour un gouvernement qui viole la souveraineté d’autres États sous prétexte de lutter contre le terrorisme tout en assurant l’impunité à des terroristes sévissant contre Cuba? s’est-il encore demandé.
M. JOSÉ MANUEL ZELAYA ROSALES, Président du Honduras, a averti que tous les progrès accomplis par son pays en matière de réduction de la pauvreté et de croissance économique étaient à présent menacés par la crise et la fraude financières mais aussi par les crises alimentaire, pétrolière et énergétique. Au Honduras, la pauvreté et les inégalités continuent d’augmenter, a-t-il poursuivi, signalant que 70% des richesses nationales appartenaient à 1% de la population.
Ce capitalisme sauvage et les lois « impitoyables et démoniaques » du marché ne satisfont que la volonté de quelques-uns, a-t-il déclaré, pour ensuite expliquer que le trafic de drogues et la traite des êtres humains entravaient également l’indépendance économique du pays. Le capitalisme dévore les êtres humains dans de grandes parties du monde, a-t-il insisté.
Le Président hondurien a ensuite fait remarquer qu’un tiers des 700 milliards de dollars demandés pour venir au secours des institutions financières américaines permettrait d’éliminer la pauvreté en Afrique, en Amérique et en Asie. Nous ne serons jamais libres dans ce système de « Roi Midas », a-t-il ironisé.
L’État doit retrouver sa responsabilité sociale et le capital doit être mis au service d’une société équitable, a-t-il poursuivi. Il a précisé que son objectif n’était pas de détruire le marché mais de construire une économie sociale qui fonctionne. Il a également insisté sur la nécessité de définir les limites du capitalisme et d’appuyer le processus de démocratisation des institutions financières et des pays.
M. Zelaya Rosales a ensuite condamné les « fausses démocraties » où hommes et femmes sont uniquement perçus comme de simples votants pour lesquels on monte de véritables « comédies politiques ». La démocratie doit se transformer en véritable démocratie et l’impérialisme comme système de contrôle des pays et du commerce doit disparaître, a-t-il asséné.
Il a ensuite recommandé l’assignation d’une autorité à la gestion des marchés spéculatifs. Les secteurs stratégiques de l’économie doivent également être mis sous le contrôle de l’État pour éviter toute flambée des prix des denrées alimentaires ou des médicaments, a-t-il estimé, avant de demander l’élimination des subventions agricoles pratiquées dans les pays du Nord.
Nous voulons dire au monde développé que nous voulons être traités dans l’égalité et le respect et ne pas être victimes des asymétries de vos marchés, a-t-il poursuivi. Si vous nous apportez de l’aide, n’imposez pas de conditions, a-t-il ajouté.
Le chef d’État hondurien a ensuite recommandé aux pays du G-8 d’intensifier le dialogue avec les pays d’Amérique latine et du Mercosur, tout en respectant leurs systèmes nationaux. Abordant la question des migrations internationales, M. Zelaya Rosales a rappelé qu’immigrer est un droit de l’homme et non un délit. Il a demandé une régularisation de la situation des nombreux migrants qui vivent dans les pays du G-8. Il est temps, a-t-il conclu, que la minorité des pays de la communauté internationale comprenne que son avis ne doit pas être imposé comme une raison d’État.
M. ARMANDO EMÍLIO GUEBUZA, Président du Mozambique, a remarqué que l’origine de la crise alimentaire est liée aux changements climatiques, à la désertification, à la demande croissante en céréales, à l’augmentation du prix du pétrole et ses conséquences sur les prix du transport, à l’impact de la libéralisation et aux subventions agricoles. Il a donc appelé la communauté internationale à mettre fermement en œuvre des solutions pertinentes.
Il est important, a-t-il poursuivi, que la coopération internationale stimule un regain de productivité chez les fermiers des pays en développement. Cela implique un meilleur accès aux engrais et pesticides, ainsi que des investissements dans les infrastructures pour faciliter l’accès aux marchés. Le Président a invité à la mise en œuvre des recommandations de la Conférence des pays les moins avancés sur « les règles de l’Organisation internationale du commerce et la crise alimentaire ». Il a aussi appelé à soutenir les efforts régionaux, tels que le Programme de développement agricole africain, dans le cadre du NEPAD.
Le Mozambique, a-t-il rappelé, est vulnérable aux catastrophes naturelles et à la dynamique des prix de l’alimentation et du pétrole. Ces facteurs représentent la plus grande menace pour les programmes socioéconomiques du Gouvernement, a-t-il noté. Les ressources naturelles du pays permettent une production agricole mixte, a-t-il précisé, mais le manque de ressources financières et la faiblesse du réseau bancaire dans les zones rurales n’ont pas permis d’améliorer la production pour répondre aux besoins alimentaires de la population. En outre, le système imparfait de distribution rend difficile la commercialisation des produits dans les zones qui en ont le plus besoin.
Le Président du Mozambique a parlé des conséquences des catastrophes naturelles, comme la perte de zones arables ou l’érosion du sol qui entraine une mauvaise qualité de la terre et la rend impropre à la culture. Pour faire face à la crise alimentaire, le Gouvernement, a-t-il indiqué, a approuvé un Plan d’action pour 2008-2011 devant appliquer la « Révolution verte » lancée en 2007. Mais, a-t-il souligné, cela requiert des ressources supplémentaires.
M. Guebuza a présenté l’initiative qu’il a lancée en février dernier, en faveur des femmes et des enfants. Même si certains progrès ont été accomplis, on peut encore réduire la mortalité maternelle de plus de 50%, faire baisser la mortalité infantile de 17%, faciliter l’accès au traitement antirétroviral et faire en sorte d’ici à 2010, que plus de 95% de femmes et enfants soient dotés de moustiquaires traitées avec des insecticides. Il nous faudra des fonds supplémentaires dans le domaine de la santé, a expliqué le Président, qui a d’ailleurs salué les efforts de solidarité internationale en faveur des pays d’Afrique et du Mozambique, en particulier.
Il a enfin appelé à des réformes structurelles de l’ONU afin d’améliorer sa compétence et lui permettre de répondre aux défis actuels. Il a souhaité voir renforcer le multilatéralisme et les partenariats pour la paix, la sécurité et le développement.
M. TOOMAS HENDRICK ILVES, Président de l’Estonie, a démarré son propos en abordant la question des Objectifs du Millénaire pour le développement et particulièrement l’approche pour les concrétiser. Il a rappelé que la moitié du temps imparti à la réalisation de ces Objectifs était maintenant passé, en partageant avec le Secrétaire général la réalité de la distance qui existe encore entre les attentes et les réalisations.
Le Président estonien a regretté que dans le même temps, les progrès dans les domaines économiques et de la coopération au développement demeuraient bien modestes. S’appuyant sur le dernier rapport du Secrétaire général, il a déclaré qu’en dépit du fait que les États donateurs ont accru leur aide au développement, la réalité est que l’assistance financière internationale a décru, ces deux dernières années.
En tant que membre de l’Union européenne, il a expliqué que cette organisation est sur la voie d’atteindre l’objectif de 0,7% de son PIB. Mettant en exergue les efforts de son pays, le Président a affirmé que son pays a amplement accru sa part de soutien international, en tant que donateur, en la faisant quadrupler depuis 2004. Regrettant par ailleurs la stagnation des négociations du Cycle de Doha, le Président est passé aux questions humanitaires, avant d’exprimer sa préoccupation sur la dernière guerre entre la Géorgie et la Fédération de Russie.
Que signifient donc ces événements pour les Nations Unies? s’est-il interrogé. En détaillant ses réponses, il a fait remarquer que l’on devait réaliser que les principes gouvernant les relations entre États ont été sérieusement touchés, car il y a eu menace de recours à la force et agression contre l’intégrité territoriale d’un État. Aucun pays n’a le droit de prendre des libertés à l’égard du droit international. Pour l’Estonie cette action russe rend impérieuse la nécessité d’améliorer la capacité des Nations Unies à régler les conflits et d’aller vers la réforme du Conseil de sécurité.
Il a conclu son intervention en évoquant la montée de la « guerre cybernétique » qui tend à devenir un problème international. Il est encore difficile de déterminer les auteurs et de les arrêter, alors qu’il s’agit d’une forme d’agression qui peut toucher tous les États et tous les continents. Face à cela, la communauté internationale doit s’activer. Aussi, le Président de l’Estonie a-t-il appelé l’ensemble des États Membres à coopérer sur cette question, en ajoutant que son pays était prêt à apporter son expertise en la matière.
M. BINGU WA MUTHARIKA, Président de la République du Malawi, a tiré la sonnette d’alarme concernant la crise alimentaire qui affecte actuellement le monde. Face à cette pénurie, de plus en plus de gens sont incapables de se nourrir et des émeutes de la faim se multiplient. Le Président a estimé que cette crise des denrées alimentaires résulte d’une incapacité des pays à augmenter et à soutenir la production des aliments de base, notamment le blé, le maïs, le riz, la pomme de terre. La crise est aussi due à une insuffisance de produits halieutiques, de viande et de volailles.
La crise alimentaire est un défi collectif, a insisté M. Wa Mutharika, en rappelant aux dirigeants des États Membres des Nations Unies que les responsables mondiaux « avaient été conscients des signes précurseurs mais avaient décidé de les ignorer ». Cette crise alimentaire commence à éroder, à négliger, voire à réduire à néant les gains de la croissance économique et elle frappe particulièrement les petits pays. Le chef d’État du Malawi a dit craindre une augmentation des conflits liés à la pénurie alimentaire.
Il y a deux décennies, dans plusieurs pays, la production alimentaire a été affectée par les changements climatiques, les cyclones, les ouragans, les inondations, l’élévation du niveau de la mer et la sécheresse, a notamment indiqué le Président du Malawi, en estimant que ces phénomènes avaient été des signes précurseurs de la crise actuelle. Il a déploré la tenue de conférences, de séminaires et autres rencontres qui finalement n’ont abouti à aucune mesure concrète.
Par ailleurs, M. Wa Mutharika a regretté l’utilisation de produits vivriers dans la production de biocarburant, ce qui a réduit considérablement les ressources alimentaires. Il a également pointé du doigt les difficultés rencontrées par les fermiers. Elles sont généralement liées à l’absence d’utilisation des engrais, des pesticides et herbicides. Les institutions internationales savent que les paysans ne sont pas en mesure de produire suffisamment si on ne leur verse pas les subventions qui leur permettraient de se doter des intrants nécessaires, a regretté M. Wa Mutharika.
Il a accusé tous ceux qui polluent, rejettent les déchets toxiques dans l’atmosphère, endommageant les lacs, les mers et toutes les ressources en eau de la planète. L’accès à l’eau est un problème majeur qui nuit principalement aux agriculteurs et aux fermiers. Cette pollution détruit également les zones côtières et engendre davantage de pauvreté, a averti le chef d’État du Malawi. Face à ce constat, il a exhorté les nations à faire tous les efforts nécessaires pour relever le défi de la sécurité alimentaire. Il a appelé les pays industrialisés à investir davantage dans le développement, et en particulier dans l’agriculture. Les secteurs privés des pays industrialisés pourraient investir beaucoup plus dans la production agricole et dans la recherche sur les moyens d’atténuer les effets des changements climatiques, a-t-il suggéré.
La crise pourrait être gérée si les Nations Unies, la Banque mondiale et les grands bailleurs de fonds, agissant dans le cadre de leur politique mondiale de développement, soutenaient la relance de la production agricole et alimentaire mondiale, a dit M. Wa Mutharika, en proposant que l’ONU appelle à promouvoir une « alliance pour une révolution verte en Afrique ».
M. DEMETRIS CHRISTOFIAS, Président de Chypre, a appelé la Turquie à jouer un rôle positif dans les négociations ouvertes récemment sur la réunification de l’île et a demandé au Secrétaire général de l’ONU d’exercer sa mission de bons offices mais sans arbitrage ou médiation.
Dans son premier discours à l’Assemblée, le Président chypriote a rappelé les efforts lancés le 3 septembre dernier pour surmonter les difficultés du passé et progresser vers une réunification de Chypre qui serait approuvée mutuellement et inclurait le retrait des troupes étrangères. Il a exprimé sa ferme volonté politique de résoudre ce problème, 34 ans après la division du pays.
M. Christofias a demandé l’engagement positif d’autres acteurs importants qui, pour des raisons historiques, ont fait partie du problème et doivent maintenant faire partie de la solution. À ce titre, il a souligné l’importance de la Turquie dans les résultats des négociations en cours, en rappelant notamment que ce pays maintient 40 000 soldats et des dizaines de milliers de colons à Chypre.
Le Président chypriote a insisté sur le besoin de trouver un accord avec le dirigeant de la communauté chypriote turque, M. Mehmet Ali Talat, après avoir souligné l’importance des résolutions de l’ONU qui offrent un cadre juridique prescrivant pour l’île une fédération bizonale, bicommunale, avec une identité internationale unique, une souveraineté unique et indivisible et une nationalité unique.
M. Christofias a cependant rappelé à la communauté internationale et au Secrétaire général que les Chypriotes sont eux-mêmes les principaux acteurs du processus et qu’ils doivent construire eux-mêmes le pays qu’ils imaginent pour leur société. Les bons offices, a-t-il prévenu, signifient assistance et aide, et non arbitrage ou médiation.
M. Christofias s’est déclaré convaincu qu’un accord bénéficiera à tout le monde, étant donné qu’il permettrait aux Chypriotes, Chypriotes grecs et Chypriotes turcs, de vivre et travailler ensemble dans un pays indépendant et prospère, au sein de la famille de l’Union européenne (UE), sans la présence d’armées étrangères et de « colons illégaux ».
M. ÁLVARO URIBE VÉLEZ, Président de la République de Colombie, a indiqué que la Colombie poursuivait la lutte pour que chaque citoyen reprenne confiance dans la vie, le travail, l’action, les études et le bonheur au sein de la patrie. Une confiance reposant sur la sécurité démocratique, la sécurité dans l’investissement, la responsabilité sociale et l’édification de la cohésion sociale. Tout en relevant que, cette année, les « délits contre la sécurité des citoyens » -les taux de criminalité- avaient accusé une baisse de 30% par rapport à l’an dernier, il a déclaré ne pas s’en tenir pour satisfait. « Nous avons mis l’accent sur la protection des chefs syndicalistes, des enseignants et des journalistes », a-t-il indiqué, en précisant que le Gouvernement assurait la protection individuelle de 8 612 citoyens, dont 1 462 ont des liens avec des syndicats.
Le Président a également réaffirmé sa détermination à poursuivre les efforts de lutte contre l’impunité. Entre 1991 et 2001, il n’y avait eu que deux condamnations, a-t-il rappelé. Or, grâce aux efforts déployés ces dernières années en termes budgétaire et de renforcement de la justice, de la politique de sécurité et du pacte tripartite entre les travailleurs, les chefs d’entreprises et le Gouvernement, sous les auspices de l’Organisation internationale du Travail (OIT), 199 personnes ont été condamnées pour assassinat d’ouvriers, dont 134 sont effectivement en prison.
Sur les 123 sentences exécutoires, 85 correspondent aux trois dernières années, a-t-il ajouté en rappelant qu’auparavant, les « organisations terroristes pénétraient le mouvement ouvrier et finissaient par assassiner les travailleurs. Le démantèlement des paramilitaires a supprimé cette source de martyrs mais les guerrillas terroristes persistent dans leurs crimes, comme ce fut le cas il y a peu dans le sud du pays avec l’assassinat d’un groupe de professeurs par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ».
Sur les quelque 60 000 terroristes qui affligeaient le pays au début du mandat de ce Gouvernement, 48 000 ont abandonné leurs organisations criminelles et participé au programme de réinsertion qui constitue le grand défi de la Colombie, a souligné le chef d’État colombien, en indiquant qu’à la date du 17 septembre 2008, 2 436 guerrilleros s’étaient démobilisés, dont 2 147 des FARC.
M. Uribe a estimé que dans une « démocratie d’opinion comme la nôtre », la transparence est tout aussi fondamentale que le respect des droits de l’homme. Il a annoncé à cet égard que le 10 décembre prochain, la Colombie se soumettra volontairement à l’examen périodique par les pairs du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Il a ensuite évoqué « l’héroïsme, la planification et la grande efficacité de nos soldats » qui ont permis de libérer l’otage Ingrid Betancourt et ses compagnons de captivité. Ingrid Betancourt est le symbole de la liberté, de cette liberté que nous revendiquons pour libérer ceux qui sont encore séquestrés et pour en finir avec ce pénible crime dans notre partie, a-t-il ajouté.
Les drogues illicites, a-t-il poursuivi, agissent comme combustibles du terrorisme. Il a appelé à une responsabilité partagée dans ce domaine, pour que le monde s’attaque sur un pied d’égalité à la production, au trafic et à la consommation de drogues ainsi qu’au blanchiment d’argent et aux précurseurs chimiques. Il a demandé que soit pénalisée la consommation des drogues.
Celui qui s’achète une dose personnelle de drogues illicites encourage un enfant à devenir « dealer » et plus tard, un bandit effrayant. Celui qui achète une dose personnelle de drogues illicites contribue à faire exploser une voiture piégée en Colombie et à détruire quatre arbres dans la forêt amazonienne », a conclu M. Uribe.
M. VALDIS ZALTERS, Président de la Lettonie, a souligné que par le passé, la communauté internationale a assisté à une augmentation compréhensible de conflits gelés. Comme ils ne sont pas réglés, cela signifie qu’ils sont susceptibles de redémarrer. Le Président s’est tout de même félicité, particulièrement des améliorations significatives apportées dans le domaine de la résolution des longs conflits et singulièrement, le conflit du Kosovo où les acteurs internationaux doivent maintenant concentrer leurs efforts sur le développement des secteurs de la sécurité, de l’économie, et sur la promotion des relations de bon voisinage avec les autres États.
Le Président lettonien a salué la décision du Secrétaire général de procéder à la reconfiguration de la Missiond’administration intérimaire desNations UniesauKosovo (MINUK) et a précisé qu’il était nécessaire que la coopération entre l’ONU et l’Union européenne continue. Commentant la récente guerre en Géorgie, il a fait remarquer que de nouveaux défis avaient été lancés au système de la légalité internationale. Comment des troupes de maintien de la paix, s’est-il interrogé, peuvent-elles ne protéger qu’une des parties à un conflit? Pouvons-nous accepter que ces forces entrent et occupent un territoire hors des zones de conflits?
Pouvons-nous accepter, a encore demandé le Président, que la protection de nationaux serve de prétexte au recours à la force par un autre État sans qu’aucune sanction ne soit prise à son encontre? Ces questions, a-t-il estimé, sont importantes maintenant qu’un plan clair de résolution de la crise géorgienne doit être établi. Ce plan, a-t-il soutenu, devra prendre en compte la mise en œuvre des six points de l’Accord de cessez-le-feu signé par la Russie ainsi que le retrait des forces étrangères du sol géorgien. Le Président a aussi souhaité que la Mission d’Observation des Nations Unies en Géorgie (MONUG), dont le mandat date de 15 ans soit préservée.
Il a ensuite abordé l’enjeu des Objectifs du Millénaire pour le développement pour insister sur la question fondamentale de la libéralisation du commerce. Le Président de la Lettonie a donc souligné la nécessité de faire aboutir les négociations du Cycle de Doha. Il a conclu en annonçant la candidature de son pays au Conseil de droits de l’homme pour l’année 2014. Il a aussi estimé que la réforme du Conseil de sécurité n’avait que trop tardé, avant d’appeler, par ailleurs, à l’accélération de la réforme de la gestion de l’ONU.
M. MARCUS STEPHEN, Président de la République de Nauru, a rappelé qu’au début de cette décennie, son pays était au bord du désastre économique. Pour redresser la situation, une série de réformes fiscales, économiques et de gouvernance ont été menées, ce qui a permis à Nauru d’arriver à un certain équilibre, a indiqué M. Stephen. Le Président de Nauru a cependant averti que la consolidation de ce rétablissement nécessite qu’une aide soit versée à son pays par ses partenaires de développement.
La récession qu’a connue Nauru résultait de la corruption et de la mauvaise gestion de l’administration, a expliqué le Président. Les caisses de l’État étant vides, Nauru ne pourra jamais rembourser qu’une petite part de sa dette extérieure, a-t-il indiqué. Il a donc fait appel à la compréhension des créanciers de Nauru, en assurant cependant que le Gouvernement de Nauru veillerait à ce que cette situation d’endettement ne se reproduise plus. Nauru ne dispose pas des ressources humaines dont il aurait besoin pour mener à bien tout ce qui doit y être fait, a poursuivi le Président. Il a souhaité que les pays développés ouvrent beaucoup plus leur marché du travail et promeuvent la mobilité des travailleurs, comme le font la Nouvelle-Zélande et l’Australie qui ont mis en place des programmes de travail dont peut tirer parti la main d’œuvre non qualifiée de la région du Pacifique.
M. Stephen a aussi relevé la vulnérabilité de Nauru, en tant que petit État insulaire en développement (PEID), faisant face aux crises alimentaire et énergétique. Notre pays dépend des importations alimentaires, et son isolement au milieu du Pacifique rend le coût du transport élevé, a-t-il relevé. Les habitants de Nauru vivent d’autre part à un ou deux mètres au-dessus du niveau de la mer, a rappelé le Président. L’exploitation des mines de phosphate a quant à elle détruit l’environnement, détruisant la couche de terre arable et laissant un sol dénudé et impropre à toute agriculture qui couvre 80% de la superficie de l’île.
Une conséquence de la crise de l’énergie est que Nauru ne peut plus payer aujourd’hui le prix du pétrole dont il a besoin et le pays souffre de coupures d’électricité qui en moyenne durent huit heures par jour. Cela veut aussi dire qu’il n’y a pas d’eau courante et que le développement du commerce en est ralenti. En outre, cette crise affecte Nauru de façon disproportionnée en ce qui concerne le secteur des transports, et l’île s’en trouve d’autant plus isolée, a déploré le Président. Il a rappelé que l’utilisation exclusive des énergies fossiles par les pays industrialisés pendant plusieurs décennies a contribué à élever le niveau de la mer. Les petits États insulaires du Pacifique en subissent aujourd’hui les effets négatifs, alors qu’ils n’y ont pas contribué. Nos peuples seront bientôt pris en otage par les inondations qui en résulteront, a-t-il averti.
Pour nous, les changements climatiques sont une menace à la paix et à la sécurité internationales, a dit M. Stephen. S’il n’est pas nécessaire que le Conseil de sécurité se penche sur les détails des discussions relatives à la Convention-cadre pertinente, il faut néanmoins qu’il garde ce sujet à l’esprit et inscrit à son ordre du jour pour s’assurer que tous les pays contribuent à résoudre le problème. D’autre part, bien que Nauru dispose d’une stratégie nationale de développement durable, il lui est difficile d’atteindre les OMD, a signalé M. Stephen. Il a rappelé que l’ONU s’est engagée à ouvrir à cet égard huit bureaux dans les États insulaires du Pacifique. Il a enfin souhaité voir le Conseil de sécurité élargi, afin de lui permettre de mieux refléter les réalités géopolitiques du monde moderne, et a indiqué que son pays soutenait l’attribution de sièges de membres permanents au Japon, à l’Inde, à l’Allemagne et au Brésil.
M. ELÍAS ANTONIO SACA GONZÁLEZ, Président d’El Salvador, a estimé que la crise actuelle ne faisait qu’aggraver la situation déjà difficile des pays en développement. « Nous avons l’obligation politique et morale de trouver une solution à ces difficultés et ne pas freiner le développement ». Il faut reconstruire un capitalisme prudent qui assure le financement du développement et non pas la spéculation, a-t-il lancé, avant d’indiquer qu’il partageait l’avis du Président Sarkozy de la France à ce sujet.
Le Président Saca González a ensuite réitéré l’appel qu’il avait lancé l’an dernier aux pays producteurs de pétrole, les incitant à trouver des mécanismes souples pour éviter les incidences négatives du prix du pétrole sur les pays en développement. « Si nous n’agissons pas, nous condamnons à la faillite de nombreux pays qui subissent de plein fouet le prix exagérément élevé du pétrole », a-t-il averti.
M. Saca González a rappelé que les pays appartenant au système d’intégration d’Amérique centrale et du Brésil ont pris des initiatives pour tenter de répondre à la crise alimentaire. Ainsi, une commission multidisciplinaire salvadorienne regroupant des entrepreneurs et des partis politiques a récemment proposé une série de mesures pour répondre à la conjoncture des effets de la crise. Différentes conférences ont également été organisées pour étudier la situation des pays à revenu moyen. Le Président d’El Salvador a ensuite recommandé l’application de nouvelles modalités de coopération, comme la coopération Sud-Sud ou la suppression de la dette.
Passant aux Objectifs du Millénaire pour le développement, le Président salvadorien a signalé qu’au cours de la période 2001-2007, la pauvreté avait fortement reculé dans son pays, en passant de 32,6 à 12,8%, tandis que les inscriptions à l’école primaire avaient accusé une nette augmentation. Il a également signalé un recul notable des personnes n’ayant pas accès à l’eau potable ou à l’assainissement. En matière de lutte contre le VIH/sida, le Président s’est félicité d’avoir pu assurer la distribution gratuite de médicaments antirétroviraux à toutes les personnes concernées, réduisant ainsi de 35% le nombre de décès imputables à cette maladie. El Salvador, a-t-il assuré, a atteint certains OMD avant la date butoir de 2015, notamment en matière d’égalité des sexes.
Passant à la réforme du Conseil de sécurité, le Président a souhaité que cet organe devienne plus représentatif, démocratique et transparent afin de mieux répondre aux nouvelles réalités. Dans un deuxième temps, il s’est félicité de la participation de son pays aux efforts de maintien de la paix de l’ONU. Constatant que les migrations sont une source de plus en plus importante de conflit, le Président Saca González a insisté sur la nécessité d’adopter des mesures efficaces pour combattre et prévenir la traite des personnes et des migrants, et garantir la protection des victimes, notamment les femmes et les enfants. Avant de conclure, le Président d’El Salvador a indiqué que son pays s’est engagé à lutter contre les changements climatiques, et qu’il a mis en place un « Réseau vert » qui cible les populations les plus vulnérables et les sensibilise à la nécessité d’économiser le bois pour protéger les forêts, de recycler et de faire preuve de responsabilité environnementale dans les entreprises.
M. RUNALDO RONALD VENETIAAN, Président du Suriname, a demandé de nouveaux mécanismes financiers pour soutenir le développement de pays à taux de déforestation très bas comme le sien, et a souligné les difficultés rencontrées par son pays pour atteindre les OMD, en raison des crises énergétique, alimentaire et financière.
Au nom d’un pays dont le territoire est boisé à 90%, M. Venetiaan, a regretté que les mécanismes conçus pour apporter des compensations à la déforestation ne tiennent pas compte des États qui en présentent les taux les plus bas. Il a donc souligné l’importance d’investissements substantiels pour le développement durable de ces nations, étant donné que la bonne gestion des forêts et des ressources naturelles ne devrait pas se faire, a-t-il insisté, aux dépens des peuples de pays très boisés.
Avant que n’éclatent plusieurs crises touchant l’énergie, l’alimentation et l’économie, le Suriname était en bonne voie pour atteindre certains OMD, parmi eux la réduction de la pauvreté, a-t-il rappelé, et ce, grâce à un taux de croissance de 5% ces trois dernières années. « Il nous est maintenant devenu difficile de garder le rythme et la qualité de notre développement », a-t-il déploré.
M. Venetiaan a également plaidé pour une solution aux politiques protectionnistes des pays riches qui sont à l’origine, a-t-il assuré, d’une baisse de production dans les secteurs agricoles de nombreux pays. Il s’est déclaré favorable à un changement de comportement à l’égard de la nature, en alertant sur les effets dévastateurs que l’inaction pourrait avoir sur les prochaines générations.
M. ÁLVARO COLOM CALLABEROS, Président de la République du Guatemala, a dénoncé l’insécurité dont souffre le monde et les ravages du terrorisme et de la criminalité organisée. Il a exprimé sa gratitude pour l’aide apportée par les Nations Unies dans la lutte contre ces crimes, notamment par le biais de la Commission internationale contre l’impunité. Il a tenu à exprimer toute sa fierté de représenter un peuple qui, pendant des décennies, a lutté pour son bien-être et sa liberté.
Le Président du Guatemala a indiqué que le pays est parvenu à sortir seul de la crise qu’il a traversée pendant 54 ans et que, durant ce temps, le peuple du Guatemala a eu le sentiment que la solidarité mondiale manquait. Par ailleurs, M. Callaberos a mis en avant les progrès accomplis par son pays, qui ont permis d’assurer l’éducation gratuite pour tous, une permanence médicale valable le soir après 17 heures dans 52 villes et la scolarisation de 3 500 enfants qui disposent désormais d’équipement adéquat dans les écoles. Il a appelé la communauté internationale à continuer d’assister son pays pour lui permettre de poursuivre des efforts dans cette voie. Le Guatemala procède actuellement à une réforme fiscale en vue d’accroître le budget consacré au secteur social afin de venir en aide aux pauvres et d’améliorer les services en faveur des enfants. Le Guatemala est déterminé à faire bénéficier aux populations autochtones des mêmes mesures prévues par les programmes de développement.
Derrière la crise alimentaire internationale se cache la crise de la faim, la crise de l’abandon, a insisté le Président du Guatemala, qui a ouvertement dénoncé les politiques menées parfois au niveau international. Le Guatemala est le pays du maïs et pourtant il y a quelques années, on nous a dit que ce n’était pas une bonne idée de produire du maïs et il a fallu détruire les champs de maïs, et aujourd’hui, nous sommes contraints d’importer du maïs, a fait remarquer M. Colom Callaberos.
Concernant les changements climatiques, le Président du Guatemala s’est dit profondément préoccupé par les conséquences dévastatrices de ce phénomène, en particulier sur les groupes vulnérables. La solidarité et la volonté politique sont essentielles pour adopter une action commune permettant de combattre ce phénomène et de préserver l’environnement. Par ailleurs, il a précisé que la sécurité du pays était en jeu et que même si El Salvador et la Colombie luttent contre le trafic de stupéfiants, son pays en est gravement affecté. La criminalité organisée expose la population à des risques graves la population. Le Président a conclu sa déclaration en soulignant qu’un programme de cohésion sociale est mis en œuvre au Guatemala avec l’aide de partenaires au développement.
Convaincu que chaque État devait se voir donner la possibilité de décider de la direction que les Nations Unies devraient prendre, M. LECH KACZYÑSKI, Président de la Pologne, a d’emblée plaidé en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, dont le nombre de membres non permanents devrait augmenter pour mieux refléter le monde d’aujourd’hui. Il a ensuite affirmé que la communauté internationale devrait unir ses efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, en se joignant à l’appel lancé par le Premier Ministre britannique, Gordon Brown.
Le Président a ensuite attiré l’attention sur l’impact des changements climatiques sur la crise alimentaire mondiale, qui démontre que sans un engagement collectif à réduire les émissions de gaz à effet de serre, nous échouerons à nous adapter aux effets de ce phénomène. La Pologne se veut un partenaire actif à cet égard, a-t-il assuré, comme en témoigne la Conférence de Poznań qui se tiendra en décembre prochain.
Un des défis qui se posera à cette occasion, a poursuivi M. Kaczyñski, sera de trouver des solutions et de soutenir des mécanismes capables de provoquer de véritables changements systémiques dans les pays en développement. Des investissements sont donc indispensables à cet égard dans ces mêmes pays, a-t-il précisé. La Conférence, espère-t-il, posera les fondations nécessaires pour conclure, à Copenhague en 2009, un accord destiné à succéder au Protocole de Kyoto. En marge de la Conférence de Poznań seront organisées des réunions entre des ministres de l’économie, de l’industrie, du commerce et des finances, qui discuteront des mécanismes d’appui aux pays en développement.
Par ailleurs, le Président polonais a déclaré qu’il suivait avec préoccupation la situation en Géorgie. Il a regretté que certains pays utilisent les fournisseurs d’énergie pour atteindre des objectifs politiques vis-à-vis de leurs voisins. M. Kaczyñski a dénoncé l’agression militaire illégale dont la Géorgie avait été victime et la division territoriale qui s’est ensuivie. Il a souligné que l’engagement inconditionnel à mettre en œuvre les dispositions du plan de paix constituait une exigence préalable aux discussions sur le Caucase qui se tiendront en octobre à Genève, ainsi que sur l’avenir des relations entre l’Union européenne et la Fédération de Russie.
M. FRANÇOIS BOZIZÉ, Président de la République centrafricaine, a souligné que son pays connait depuis 1996 une situation d’instabilité alimentée par les effets de multiples conflits limitrophes dont la crise du Darfour. D’ailleurs, a-t-il affirmé, « l’utilisation d’une partie du territoire centrafricain comme base arrière d’éléments armés représentait un danger du même ordre que les faits générateurs de la résolution 1778(2007) du Conseil de sécurité, a-t-il estimé.
Il s’est ensuite félicité du mandat de la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), dans le cadre de l’opération multidimensionnelle destinée à rétablir les conditions de sécurité nécessaires au retour volontaire et durable des réfugiés et personnes déplacées par les conflits dans cette région à cheval sur trois frontières entre le Tchad, la République centrafricaine et le Soudan. Notant la fin de la Mission EUFOR en mars 2009, le Président a appelé à une révision de la MINURCAT. « Nous attendons qu’elle dépasse le cadre actuel de sa compétence pour devenir une force opérationnelle des Nations Unies », a-t-il dit.
Parlant de l’impact de la crise alimentaire mondiale, le Président a dit que dans son pays ce phénomène global était accentué par les conflits récurrents. Tout un paradoxe « au regard des potentialités naturelles de son pays » a-t-il ajouté. Évoquant les mesures prises à Rome en juin 2008 pour faire face à cette crise, il a souligné tout l’espoir que son pays avait mis dans la proposition faite par le FMI de doubler son aide à l’agriculture sur le continent africain. Il a aussi présenté les initiatives régionales en la matière et notamment, les Déclarations de Maputo et d’Abuja consistant respectivement à allouer 10% du budget national à l’agriculture et à assurer un meilleur accès aux intrants. Au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), il a été décidé de faire de la relance du secteur agricole, le centre du Programme économique régional (PER), a souligné le Président.
Il a aussi mis en lumière la position de son pays sur la réforme de l’ONU, en déclarant qu’aujourd’hui les différentes institutions qui composent l’Organisation nécessitent une réforme pour en faire un instrument beaucoup plus efficace en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et la recherche de la paix. L’ONU doit être adaptée au contexte actuel, a-t-il insisté, avant d’appeler à une attention particulière sur le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et l’Assemblée générale mais aussi les institutions de Bretton Woods.
« Le monde réclame et compte sur une ONU chaque jour meilleure », a déclaré M. PEDRO RODRIGUES VERONA PIRES, Président du Cap-Vert, qui évoquait la crise mondiale actuelle aux multiples facettes. Cette conjoncture mondiale est chargée d’incertitudes à court et à long termes, a-t-il noté, ajoutant que c’est la sécurité générale et collective qui est en cause.
Nous n’avons pas encore réussi à gagner la paix mondiale et les foyers de conflits armés resurgissent encore et toujours, a-t-il déploré. Or, sans sécurité, sans stabilité sociale, sans cohésion politique et institutionnelle, et surtout sans confiance réciproque entre les acteurs politiques internationaux, il devient difficile de promouvoir les prémisses capables de contribuer à garantir la solution des grands problèmes globaux, a noté M. Verona Pires.
Pour le Président cap-verdien, il est urgent de garantir le maintien d’un environnement international favorable à la réalisation des engagements pris avec les Objectifs du Millénaire pour le développement, favorable à la croissance socioéconomique des pays les plus pauvres. Notant que la crise alimentaire a mis des centaines de millions de personnes dans une situation de précarité alimentaire, il a relevé l’urgence qu’il y a à agir pour garantir une plus grande production agricole, capable de donner satisfaction aux besoins actuels et futurs.
Cet objectif requiert la promotion de politiques agricoles en accord avec les exigences de la situation, le partenariat des États riches et technologiquement plus avancés, ainsi que l’aide technique des organismes internationaux. Abordant la question de l’escalade des prix du pétrole, M. Verona Pires a imaginé un système de compensation aux pays pauvres, face a l’accumulation d’énormes excédents financiers. Des mesures globales et urgentes s’imposent aussi afin de dépasser la grave crise de l’environnement, a ajouté le Président du Cap-Vert.
Il a considéré qu’il appartient à l’ONU de promouvoir et d’assurer une gouvernance mondiale plus efficace. Pour remplir ce rôle, plus complexe que jamais, il a appelé les Nations Unies à s’adapter aux défis du XXIe siècle et à garantir la confiance à tous les États Membres. Il a donc jugé indispensable de perfectionner et de réformer le système onusien, en élargissant notamment la représentativité et la légitimité du Conseil de sécurité. Enfin, le Président cap-verdien a salué les récentes élections législatives qui se sont tenues en Angola ainsi que les engagements politiques qui ont permis de résoudre la crise politique au Zimbabwe.
M. BAMIR TOPI, Président de l’Albanie, a estimé que la lutte mondiale contre le terrorisme exige des Nations Unies qu’elles continuent de jouer un rôle très important. Il a également fait part de son appui au Programme « Une UN ». Passant ensuite aux Objectifs du Millénaire pour le développement, le Président Topi a indiqué que son pays les concevait comme un moyen de promouvoir la croissance nationale et y avait même ajouté la bonne gouvernance comme objectif. Les problèmes liés aux changements climatiques sont également l’une des priorités du Gouvernement albanais, a-t-il signalé, tandis que la crise alimentaire exige, de l’avis du chef d’État albanais, une réponse à multiples niveaux, cohérente et bien coordonnée.
M. Topi a ensuite indiqué que l’Albanie avait procédé à un programme de réformes institutionnelle, économique et juridique, dont le but est de rendre le pays attractif pour les investisseurs étrangers. Une Stratégie nationale de développement et d’intégration a notamment été mise sur pied pour les sept prochaines années. Ce projet vise à faire de l’Albanie un pays disposant de normes démocratiques élevées, capable de pleinement garantir les droits de l’homme et jouissant d’un développement économique et social qui lui permettra d’intégrer l’OTAN et l’Union européenne.
Le Président a ensuite déclaré que la création de l’État indépendant et souverain de « Kosova » était un des événements les plus importants qu’ait connu sa région. Une « Kosova » démocratique et juste, orientée vers une intégration Euroatlantique est la solution la plus juste et la plus durable, a-t-il notamment affirmé. Il a également estimé que la Constitution kosovare et le Plan Ahtisaari répondent aux normes les plus élevées en matière de respect des droits de l’homme et offrent une protection élargie à toutes les communautés de « Kosova », notamment la communauté serbe. Il a également souhaité voir s’étendre, dans l’ensemble du territoire, la présence de la Mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX).
L’Albanie, a-t-il poursuivi, estime que les efforts visant à établir des parallèles entre la « Kosova » et les régions de la Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, sont infondés. La « Kosova » représente un cas unique et les solutions qui ont été mises en place le sont également, a-t-il avancé, pour ensuite estimer que le territoire mérite de devenir membre des Nations Unies « aussitôt que possible ».
M. OSCAR ARIAS SANCHEZ, Président du Costa Rica, a appelé la communauté internationale à investir moins d’argent dans les armes pour le consacrer à la lutte contre la pauvreté et à faire la paix avec la nature pour faire face aux changementx climatiquex. Les dépenses militaires mondiales s’élèvent à 3,3 milliards de dollars par jour, s’est indigné le Président costa-ricien, en comparant cette somme à l’aide internationale qui arrive « au compte-gouttes » dans les pays les plus pauvres. Il a présenté les dépenses militaires « excessives » comme une forme d’agression indirecte des gouvernements contre leur peuple et en les qualifiant de « distorsion majeure des valeurs ».
Pour M. Arias, dont le pays a aboli l’armée il y a 60 ans, un petit pourcentage des dépenses militaires mondiales permettrait de donner de l’eau potable à toute l’humanité, de réaliser l’alphabétisation universelle ou d’installer l’électricité dans tous les foyers, sans pour autant affaiblir les capacités de défense des pays. Il a demandé le soutien des États Membres à un traité sur les ventes d’armes que son pays appuie et qui interdirait le transfert d’armes, s’il y a des raisons suffisantes de croire qu’elles pourraient servir à des violations des droits de l’homme.
À propos des changements climatiques, M. Arias a lancé un appel à « une déclaration de paix avec la nature » pour éviter le paysage apocalyptique qui attend l’humanité si elle reste les bras croisés. Il a ainsi incité la communauté internationale à se joindre à la « croisade » menée par son pays contre le réchauffement planétaire et la destruction de l’environnement, en soulignant que le Costa Rica compte le plus grand nombre d’arbres par habitant et par mètre carré, au monde.
Le Président du Costa Rica a également appelé la communauté internationale à faire pression pour que les responsables des crimes commis au Darfour soient traduits devant la Cour pénale internationale (CPI), afin de ne pas répéter l’histoire « douloureuse » du Kosovo, de la Bosnie ou du Rwanda. Mon pays, a-t-il déclaré, s’opposera à toute tentative de sortir de ce chemin, qui est celui de la paix.
M. BAYAR SANJ, Premier Ministre de la Mongolie, a déclaré que son gouvernement avait reconnu le besoin urgent de relever le défi de la crise alimentaire en entreprenant des actions aux niveaux politique et pratique. Aussi l’année 2008 a-t-elle été désignée en Mongolie, « Année de la production et de la sûreté alimentaire ». Il a souligné que cette initiative visait à atteindre le triple objectif de promouvoir la production alimentaire pour réduire la dépendance aux importations; de sensibiliser l’opinion publique à la qualité des produits alimentaires et de mettre en place une chaîne de production alimentaire indépendante dans le pays.
Évoquant ensuite la question de la hausse des prix du pétrole, le Premier Ministre a expliqué la situation particulière de son pays qui cherche à développer des technologies propres pour continuer d’utiliser le charbon. Il a déclaré que, sur le plan énergétique, la priorité de son gouvernement était à la coopération dans le nord-est de l’Asie. Partisan d’une intégration régionale des économies, M. Bayar a attiré l’attention sur les difficultés des petits pays vulnérables, comme le sien. Il a émis l’espoir que l’examen à mi-parcours du Programme d’Almaty sur les pays en développement sans littoral, qui aura lieu la semaine prochaine dans cette même Assemblée, permettra de faire des avancées à cet égard. Des progrès sont également nécessaires dans le cadre du Cycle de Doha, pour permettre aux pays ayant des besoins spécifiques de bénéficier de règles commerciales plus équitables, a-t-il relevé.
Enfin, a indiqué le Premier Ministre, la Mongolie reste fermement engagée à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. La décision, annoncée il y a quelques jours à peine, des deux principaux partis politiques de mettre de côté leurs divergences pour former un gouvernement d’unité nationale, est un signe tangible en faveur du bien-être et de la prospérité du peuple mongol et de la volonté d’atteindre ces Objectifs dans les délais impartis, s’est-il félicité.
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