En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/11268-DEV/2645

À SANTIAGO, BAN KI-MOON FAIT VALOIR QU’UNE FORTE VOLONTÉ POLITIQUE EST NÉCESSAIRE POUR COMBLER LE FOSSÉ ENTRE LES PROMESSES ET LES RÉALITÉS DANS LA LUTTE MONDIALE CONTRE LA PAUVRETÉ

8/11/2007
Secrétaire généralSG/SM/11268
DEV/2645
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À SANTIAGO, BAN KI-MOON FAIT VALOIR QU’UNE FORTE VOLONTÉ POLITIQUE EST NÉCESSAIRE POUR COMBLER LE FOSSÉ ENTRE LES PROMESSES ET LES RÉALITÉS DANS LA LUTTE MONDIALE CONTRE LA PAUVRETÉ


(Publié le 19 novembre – retardé à la traduction)


On trouvera, ci-après, l’allocution que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a prononcée lors de la table ronde de haut niveau sur le Partenariat mondial pour le développement, qui s’est tenue à Santiago le 8 novembre:


Je suis profondément honoré de participer à cette table ronde avec Madame Bachelet et Monsieur Zapatero, et avec vous tous.  C’est pour moi un très grand honneur, et je vous remercie du fond du cœur pour votre aimable hospitalité et votre accueil chaleureux.  C’est la première fois que je me trouve dans cette « Maison des Nations Unies ».  J’y ai été accueilli par nos collègues et, en ma qualité de Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, je voudrais également vous y accueillir tous.


J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt et d’admiration les exposés éloquents et mobilisateurs que vous venez de faire, Madame la Présidente et Monsieur le Président du Gouvernement.  Votre détermination à relever tous ces défis est très opportune et très juste.  Je vous remercie tout particulièrement de l’appui énergique que vous apportez aux activités de l’Organisation des Nations Unies en espérant pouvoir compter sur le même appui au cours des années à venir.


Mesdames et Messieurs, nous sommes réunis aujourd’hui pour examiner les moyens de rendre ce monde meilleur pour tous.  Il s’agit là d’un objectif vaste et ambitieux, mais en aucun cas d’une démarche purement théorique.  C’est une entreprise que nous menons à l’échelle mondiale pour aider des millions de femmes, d’hommes et d’enfants à sortir de la pauvreté très réelle et désespérante dont ils souffrent au quotidien.


Pour cela, nous devons prendre des mesures concrètes pour lutter contre la maladie et l’oppression, remplacer les inégalités par des chances, améliorer la vie de tout un chacun dans le monde et promouvoir le développement durable.


Il y a sept ans, les dirigeants du monde ont pris une décision clairvoyante et stimulante en adoptant les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Ils ont convenu d’accomplir des progrès déterminants sur chaque front durant les 15 premières années du nouveau siècle et se sont engagés à mener un combat gigantesque en faveur du développement durable, de l’amélioration de la santé et de l’éducation, de l’égalité des sexes et de la préservation de l’environnement.  Les Objectifs du Millénaire pour le développement sont clairs et assortis d’un calendrier.  Cette année, nous venons tout juste de franchir la moitié du chemin qui nous mène à l’échéance de 2015.  Les résultats sont inégaux à l’échelle du monde.


Un grand nombre de pays ne suivent pas le mouvement.  Sur le continent africain par exemple, c’est le cas pour tous les pays de la région subsaharienne.  Des millions d’enfants meurent chaque année avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans et des maladies infectieuses telles que le paludisme, le sida et la tuberculose font le plus grand nombre de victimes dans les pays les plus vulnérables.


Dans un grand nombre de villes de pays en développement, plus de la moitié de la population vit dans des taudis et n’a guère accès aux services de base.


Lorsque je me suis rendu dans le bidonville de Kibera, à Nairobi, j’ai été particulièrement frappé et mortifié par ce que j’y ai vu.


Nous nous trouvons manifestement dans une situation d’urgence.  Pour y faire face, nous avons besoin d’établir un plan d’urgence et de prendre sans délai des initiatives collectives.  Les Objectifs du Millénaire pour le développement, adoptés par des dirigeants que nous respectons, répondent à ce besoin.


L’échéance de 2015 ne peut en aucun cas être repoussée.  Chaque jour qui passe nous en rapproche de façon plus pressante.  Afin de réaliser à temps les objectifs, nous devons prendre des mesures concertées dès aujourd’hui.


Nous devons redoubler d’efforts et mettre en place un véritable partenariat pour le développement, comme l’exige le huitième Objectif du Millénaire pour le développement.  La réalisation complète de cet objectif est une condition préalable à la réalisation des sept autres.


Pour cela, nous devons réaffirmer notre attachement aux principes directeurs du Consensus de Monterrey, issu de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue il y a cinq ans.  J’ai participé à cette conférence, non pas en tant que Secrétaire général, mais en tant que représentant de la Corée.


Les pays en développement ont pour responsabilité de continuer à créer un environnement propice à une croissance économique durable et équitable.  Ils doivent en outre prendre pleinement en charge leur développement.


Les pays développés, quant à eux, doivent faire davantage d’efforts pour tenir leur engagement à constituer un partenariat mondial pour le développement.  Cela signifie qu’ils doivent prendre des initiatives dans les domaines du financement du développement, du commerce et des transferts de technologie.


La réforme du commerce mondial est tout aussi importante.  Nous devons faire en sorte que le cycle de négociations commerciales de Doha aboutisse rapidement à un accord dans lequel le volet consacré au développement sera concret.  Nous devons aussi mettre en pratique l’initiative d’aide au commerce.  Enfin, nous devons tirer pleinement parti de la douzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, qui aura lieu à Accra en 2008, pour aller de l’avant sur les plans du commerce et du développement à l’échelle mondiale.


Nous devons également nous employer activement à faire face, à l’échelle mondiale, aux changements climatiques qui menacent gravement le développement.  L’une de mes principales priorités en tant que Secrétaire général consiste à mobiliser les initiatives internationales relatives au réchauffement de la planète.  Je continuerai à faire tout mon possible pour créer une dynamique qui nous permette d’obtenir des résultats concrets à la conférence qui aura lieu le mois prochain à Bali.


Dans ces domaines comme dans d’autres, nous devons accorder une attention spéciale aux pays qui ont des besoins particuliers, notamment ceux qui sont en conflit ou qui se relèvent d’un conflit.  Nous devons concentrer nos efforts sur les pays qui sont tout particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles, comme les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés.  Nous devons aussi relever les défis propres à l’Afrique, qui est la seule région du monde à avoir pris du retard dans la réalisation des Objectifs du Millénaire.


La région de l’Amérique latine et des Caraïbes devrait atteindre l’objectif de la réduction de la pauvreté en 2015, même si plusieurs pays accusent un retard.  D’après les nouvelles estimations de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, la proportion de la population de cette région vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 19 % à la fin des années 90 à 13,5% l’année dernière.


En dépit de ces progrès, la pauvreté et la faim demeurent des handicaps majeurs.  Ainsi, en Amérique latine et dans les Caraïbes, on compte toujours près de 200 millions de pauvres.  Parmi ceux-ci, 70 millions vivent dans l’extrême pauvreté et 50 millions sont sous-alimentés.  Ces chiffres restent trop élevés.


Dans le même temps, la part de l’aide publique au développement allouée à la région a baissé, probablement parce que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes sont pour la plupart des pays à revenu intermédiaire.


S’agissant de l’aide publique au développement, il ne fait aucun doute que les pays les moins avancés ont la priorité.  Néanmoins, il faut aussi maintenir l’appui international aux efforts de développement des pays à revenu intermédiaire.  Ces pays, dont vous faites partie, doivent encore relever les défis imposants de la pauvreté endémique et des grandes inégalités.  Dans le contexte actuel d’une économie mondialisée, ils doivent en outre faire face au problème de leur vulnérabilité aux influences externes.


Je félicite l’Espagne pour avoir multiplié par deux le montant de son aide publique au développement depuis 2004 et pour s’être engagée à atteindre l’objectif d’une aide équivalant à 0,7% du produit intérieur brut d’ici à 2010, soit cinq ans avant l’échéance prévue.  Alors que je m’apprêtais à prendre mes fonctions de Secrétaire général, j’ai été très impressionné et reconnaissant lorsque Monsieur Zapatero est venu au Siège de l’ONU et s’est engagé, aux côtés de l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, à atteindre cet objectif.  L’Espagne continue ainsi d’appuyer les efforts de développement des pays à revenu intermédiaire, notamment en Amérique latine.


Permettez-moi de mettre ici l’accent sur ce qui compte le plus au stade où nous en sommes.  En tant que Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, je voudrais insister sur la nécessité d’une volonté et d’une direction politiques fortes en ce qui concerne les questions relatives aux changements climatiques et aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  En effet, nous disposons des ressources, des technologies et de toutes les théories.  Ce qui nous manque le plus, c’est la volonté politique.


Lors des réunions au sommet de 2000 et 2005, les dirigeants étaient très enthousiastes.  Permettez-moi d’ajouter en plaisantant que, quand ils ont décollé de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York, ils se sont tous plongés dans leurs affaires politiques intérieures.  Quand ils sont arrivés dans leurs capitales respectives, ils avaient presque oublié ce qui s’était passé ou n’avaient plus la même volonté.


Comme cela me consternait, j’ai convoqué une réunion de haut niveau pour le 24 septembre, en demandant aux dirigeants du monde entier d’y manifester une volonté et une détermination politiques très fortes.  J’ai été très encouragé par l’engagement qu’ils ont affiché.  Plus de 80 dirigeants étaient présents à cette réunion.  Cent soixante-dix pays y ont également participé et se sont déclarés fermement résolus à examiner les questions relatives au réchauffement climatique de la planète.


Je me rends demain en Antarctique avec l’appui énergique de Madame Bachelet, notamment sur le plan logistique, ce dont je lui suis très reconnaissant.  Je vais également me rendre à Punta Arenas et dans la région de l’Amazone.  Je mettrai à profit ce voyage pour alerter les dirigeants du monde entier quant à la nécessité d’aborder le problème de façon concertée.  Comme je l’ai dit, nous avons besoin d’une volonté politique forte.


La coopération internationale avec les pays à revenu intermédiaire est nécessaire pour leur permettre de préserver les acquis du développement, notamment en raison de la grande fragilité de leur croissance économique.  Je constate une fois de plus qu’il s’agit là d’un problème à part entière, même parmi les pays à revenu intermédiaire de l’Amérique latine.  Cette coopération les aide en outre à devenir des pôles régionaux de développement et à contribuer au bien commun universel, notamment en protégeant l’environnement, en favorisant une économie mondiale stable et en appuyant nos opérations de maintien de la paix dans les points chauds du globe.


Les pays à revenu intermédiaire devraient, pour les mêmes raisons, participer davantage à la coopération Sud-Sud, à la fois entre eux et avec les pays à faible revenu.  Le Chili offre sur ce plan un bon exemple par le rôle majeur qu’il joue.  En effet, sous la direction de Madame Bachelet, conjointement avec le Brésil, la France et l’Espagne, et avec l’appui de l’ONU, il parraine le Programme d’action contre la faim et la pauvreté.


Pour sa part, la communauté internationale doit s’efforcer de rendre nos programmes de développement multilatéraux plus efficaces et plus cohérents et de mieux intégrer nos efforts dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et des infrastructures, de sorte que nous puissions obtenir de meilleurs résultats.


Il ne peut y avoir de mission plus importante pour l’Organisation des Nations Unies que celle qui consiste à réduire la pauvreté et à aider les hommes et les femmes des pays les plus pauvres à bénéficier de la prospérité du monde.


C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai autant insisté pour que soit mise en œuvre la réforme de l’ONU.  En effet, l’Organisation doit agir plus rapidement et plus efficacement, en se préoccupant davantage des résultats de ses interventions.  Elle doit être plus transparente, plus responsable et plus performante.  Nous avons besoin d’une meilleure Organisation qui mène à bien ses principales missions, notamment celle du développement.  Si le monde juge que nous utilisons nos ressources efficacement et à bon escient, il sera porté à contribuer davantage au développement.


Tout bien considéré, le développement durable ne doit pas seulement permettre à des millions d’hommes et de femmes dans le monde de jouir d’une meilleure santé et de mener une vie plus décente.  Il est également primordial pour préserver la paix et la sécurité dans le monde.


Nous avons fait considérablement avancer la mise en œuvre de notre programme commun de développement.  Toutes les parties prenantes, et en particulier les pays en développement, peuvent être fières de ce qui a été accompli jusqu’à présent.  Il reste toutefois de grandes disparités, à la fois entre les régions et entre les nations.  Il subsiste aussi un fossé entre les promesses et les résultats.


Manifestons la volonté politique de combler ce fossé et de mettre fin à la pauvreté une fois pour toutes.  Engageons-nous à redoubler d’efforts pour appuyer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Enfin, efforçons-nous de créer un monde meilleur, plus pacifique et plus prospère pour tous.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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