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SG/SM/10949-CS/9001

LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES REQUIÈRENT UNE ACTION SUR LE LONG TERME À L’ÉCHELLE MONDIALE, SOULIGNE BAN KI-MOON DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ

17/04/2007
Secrétaire généralSG/SM/10949
CS/9001
ENV/DEV/921
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LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES REQUIÈRENT UNE ACTION SUR LE LONG TERME À L’ÉCHELLE MONDIALE, SOULIGNE BAN KI-MOON DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ


On trouvera ci-après la déclaration faite aujourd’hui par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion du débat public du Conseil de sécurité consacré à l’énergie, à la sécurité et au climat, le 17 avril:


Je vous remercie de m’offrir la possibilité de prendre la parole devant le Conseil de sécurité au sujet de cette grave question d’actualité.


Tout au long de l’histoire de l’humanité, les peuples et les pays se sont disputé les ressources naturelles.  Qu’il s’agisse de bétail, de points d’eau et de terres fertiles, d’itinéraires commerciaux, de stocks de poissons et d’épices, de sucre, de pétrole, d’or ou d’autres précieuses marchandises, la guerre a trop souvent été le moyen de s’assurer la possession de ressources rares.  Aujourd’hui encore, le maintien de l’approvisionnement en carburants et en minéraux est au cœur des considérations géopolitiques.


Les choses sont plus faciles en période d’abondance, lorsque tout le monde peut partager les richesses, même si ce n’est pas sur un pied d’égalité.  Mais lorsque les ressources sont rares, qu’il s’agisse de l’énergie, de l’eau ou des terres arables, nos fragiles écosystèmes sont mis à rude épreuve, tout comme les mécanismes de survie des groupes et des individus.  Une rupture des codes de conduite établis, et même des conflits caractérisés, peuvent alors s’ensuivre.


Au Sommet mondial de 2005, les États Membres ont renouvelé leur engagement de promouvoir une culture de la prévention des conflits armés.  Ils se sont également engagés à renforcer les moyens dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour atteindre cet objectif.  Le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1625 sur la prévention des conflits, en particulier en Afrique, et réaffirmé la nécessité de traiter les causes profondes des conflits.


Dans une série de rapports consacrés à la prévention des conflits, mon prédécesseur, le Secrétaire général Kofi Annan, a mis en lumière les menaces que font peser la dégradation de l’environnement et la pénurie de ressources.  Comme il le disait dans le dernier en date de ces rapports: « La dégradation de l’environnement peut déstabiliser des régions déjà sujettes à des conflits, en particulier là où elle s’accompagne d’un accès inéquitable à des ressources rares ou d’une politisation de l’accès à de telles ressources.  J’exhorte les États Membres à redoubler d’efforts pour s’entendre sur des moyens qui nous permettent à tous de vivre de manière viable dans la limite des ressources de la planète. »


Mesdames et Messieurs, permettez-moi de renouveler et de compléter cet appel.  Comparé à celui des conflits et de leurs conséquences, le coût de la prévention est nettement inférieur, non seulement du point de vue financier, mais aussi et surtout au regard des vies humaines et de la qualité de vie.


Je crois fermement qu’aujourd’hui, tous les pays reconnaissent que les changements climatiques, en particulier, requièrent une action sur le long terme à l’échelle mondiale, conforme aux résultats scientifiques les plus récents et compatible avec le développement économique et social.


D’après les évaluations les plus récentes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le réchauffement de la planète est incontestable, ses effets sont manifestes, et il ne fait aucun doute que les activités humaines y ont considérablement contribué.


On constate déjà les incidences négatives dans de nombreux domaines, notamment l’agriculture et la sécurité alimentaire; les océans et les zones côtières; la diversité biologique et les écosystèmes; les ressources en eau; la santé des populations; les établissements humains; l’énergie, les transports et l’industrie; et les phénomènes climatiques extrêmes.


Les modifications prévues du climat de la Terre ne posent donc pas seulement des problèmes environnementaux.  Elles peuvent aussi avoir de graves implications sociales et économiques.  En outre, comme le Conseil le met en évidence aujourd’hui, les questions de l’énergie et des changements climatiques peuvent avoir des répercussions sur la paix et la sécurité.  Cela est particulièrement vrai dans les régions vulnérables qui sont déjà en proie à de multiples difficultés, comme les conflits, la pauvreté et l’inégalité d’accès aux ressources, la faiblesse des institutions, l’insécurité alimentaire et l’incidence de maladies telles que le VIH/sida.


Examinons les scénarios suivants, qui, sans être alarmistes, sont tous alarmants:


--    Les effets néfastes des changements climatiques, tels que les inondations et les sécheresses et les coûts économiques qu’ils entraînent, dont l’indemnisation des terres perdues, risquent de polariser la société et de marginaliser certaines populations.  Il se pourrait de ce fait que les États soient moins à même de régler les conflits à l’aide de moyens pacifiques et démocratiques, de maintenir la cohésion sociale et de défendre les droits de l’homme;


--    Les phénomènes climatiques extrêmes et les catastrophes naturelles, telles que les inondations et les sécheresses, multiplient les risques de situation d’urgence humanitaire et, par là même, d’instabilité et de dislocation;


--    Les migrations résultant de facteurs tels que les changements climatiques pourraient exacerber les tensions et les conflits, en particulier dans les régions où se trouvent un grand nombre de personnes déplacées et de réfugiés;


--    La raréfaction des ressources, en particulier de l’eau et des produits alimentaires, pourrait contribuer à transformer ce qui relève actuellement de la concurrence pacifique en rivalité violente;


--    Un accès limité ou menacé à l’énergie est, on le sait déjà, un puissant facteur de conflit.  L’évolution de la planète risque d’en accentuer encore l’effet délétère;


--    Et, bien entendu, les coûts et pertes économiques qui découleraient de tous ces scénarios entraveraient la réalisation par les pays des objectifs du Millénaire pour le développement.


Ce ne sont, bien sûr, que des scénarios.  Mais nous ne pouvons nous contenter d’attendre de voir s’ils se réalisent.  Tous les mécanismes multilatéraux doivent agir de concert pour empêcher que cela ne se produise. 


Nous devons concentrer plus nettement notre attention sur les avantages d’une action précoce.  Les ressources de la société civile et du secteur privé doivent être mises à contribution.  Ce Conseil a un rôle à jouer à cet égard en s’attachant, avec les autres organes intergouvernementaux compétents, à remédier aux causes profondes des conflits dont il sera question aujourd’hui.


Le Secrétariat se tient prêt à aider toutes les entités concernées à s’acquitter de leurs mandats respectifs.  Personnellement, j’attends avec intérêt de travailler avec les États Membres sur les questions susmentionnées et j’espère que, grâce aux débats qui se dérouleront dans diverses instances, nous serons en mesure de parvenir à un large consensus sur la voie à suivre.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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