En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/10839

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. BAN KI-MOON, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 11 JANVIER 2007

11 janvier 2007
Secrétaire généralSG/SM/10839
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. BAN KI-MOON, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 11 JANVIER 2007


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est un grand plaisir pour moi de vous revoir.


J’ai l’impression que certains d’entre vous sont de vieux amis, car nous avons déjà participé à deux conférences de presse au cours de la transition.  Depuis, j’ai pu rencontrer très rapidement certains d’entre vous, notamment à l’occasion d’un point de presse lors de ma première journée de travail, et voilà que nous nous réunissons une semaine après mon entrée en fonctions.  J’espère en avoir fait suffisamment pour vous prouver que je ne vous éviterai pas.  Bien au contraire, vous aurez peut-être l’impression que je vous poursuis.


Mes 10 premiers jours de travail ont été particulièrement chargés.


J’ai rencontré le personnel de l’Organisation, y compris des représentants des grands lieux d’affectation.


J’ai procédé à cinq nominations à des postes importants, parmi lesquelles les nominations aux postes de vice-secrétaire général et de chef de Cabinet.  Trois de ces cinq nominations concernent des femmes originaires de pays en développement; toutes les personnes nommées sont des personnes remarquables, qui devront être jugées selon leurs mérites.   


J’ai rencontré mon nouvel Envoyé spécial pour le Darfour, M. Jan Eliasson, ainsi que le principal médiateur de l’Union africaine, Dr. Salim Ahmed Salim.  J’ai présidé une série de réunions sur la crise au Darfour, auxquelles ont participé tous mes hauts conseillers.  J’ai depuis envoyé M. Eliasson dans la région.  Je lui ai parlé ce matin et il est ressorti confiant des réunions qu’il a eues avec le Président Bashir et d’autres dirigeants soudanais.  Il va poursuivre ses consultations et me rejoindra à Addis-Abeba.  Nous participerons à la réunion au sommet de l’Union africaine. 


Pour ce qui est du Liban, de l’Iraq, de la Somalie et d’autres questions d’actualité brûlantes, j’ai participé à des réunions de fond et eu de nombreuses conversations téléphoniques avec les dirigeants concernés.  J’ai fait état au Conseil de sécurité de ma vision des principaux défis pour la paix et la sécurité.  J’ai rencontré de nombreux ambassadeurs, parmi lesquels des représentants des cinq groupes régionaux, ainsi que d’un certain nombre de groupes de négociation. 


C’est pour permettre une plus grande souplesse dans la formation de ma nouvelle équipe que j’ai demandé à tous les secrétaires généraux adjoints et sous-secrétaires généraux de me présenter leur démission d’ici au 15 janvier.  C’est pour placer d’emblée très haut la barre en matière d’éthique que j’ai présenté ma déclaration de situation financière au Bureau de la déontologie.  Lorsque cette déclaration aura été examinée par Pricewaterhouse Coopers, elle sera rendue publique.


Voici un résumé, loin d’être exhaustif, des nombreuses activités que j’ai pu avoir au cours de ces 10 premiers jours de fonction.  Les trois mois qui viennent s’annoncent plus chargés encore. 


Au sein de l’ONU, je serai actif sur trois fronts. 


Je vais m’efforcer de restaurer la confiance entre États Membres et Secrétariat, d’une part, et entre administration et personnel, d’autre part.  Je m’efforcerai également de renforcer la capacité institutionnelle de l’Organisation et je m’assurerai que le Secrétariat soit structuré de façon à lui permettre de répondre avec efficacité aux demandes qui lui sont présentées.  Je vais commencer aujourd’hui à consulter les États Membres et leur parler de la restructuration éventuelle des départements et bureaux traitant de la paix et de la sécurité. 


Je veillerai également à modifier la culture de travail de l’Organisation elle-même.  Mon objectif est de pouvoir disposer d’un personnel qui soit véritablement mobile et plurifonctionnel, en mettant davantage l’accent sur la gestion des carrières, la formation, la responsabilisation et la prise en compte du travail réalisé à tous les niveaux. 


Entre-temps, bien entendu, la terre ne s’arrêtera pas de tourner, alors que nous essayons de mettre de l’ordre au sein de l’ONU. 


L’Afrique sera en tête de liste de nombre de mes priorités et mon premier grand voyage reflètera cet état de fait.  À la fin du mois, je vais participer au sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, sommet au cours duquel le Darfour et la Somalie seront parmi les premiers points de l’ordre du jour.  Je rencontrerai le personnel des lieux d’affectation de l’ONU à Addis-Abeba et à Nairobi, nos sièges sur le continent africain. 


Je vais également me rendre en République démocratique du Congo, où est déployée notre plus importante mission de maintien de la paix et où des élections libres ont eu lieu l’été dernier, pour la première fois en 40 ans.  Je me réjouis de voir de mes propres yeux les bénéfices ainsi récoltés par la République démocratique du Congo, un grand pays au cœur de l’Afrique, un pays clef pour la stabilité future de la région.  Sur place, je rencontrerai les agents de la paix et je les remercierai personnellement de leur contribution dans des conditions difficiles et bien souvent dangereuses. 


J’insisterai également sur le respect, par les agents de la paix et autres, de la politique de l’Organisation en matière d’exploitation et de violences sexuelles.  Tolérance zéro signifie indifférence zéro et impunité zéro.  Dans les mois qui viennent, je m’efforcerai avec les États Membres d’assurer la mise en place d’un partenariat beaucoup plus fort pour que la responsabilité puisse se matérialiser et qu’elle concerne aussi bien les auteurs d’abus sexuelsque les chefs militaires et leurs supérieurs.


Une autre priorité sera d’insuffler un nouvel élan à la quête de paix et de stabilité au Moyen-Orient.  En chemin vers l’Afrique, je m’arrêterai à Paris pour participer à une conférence sur la reconstruction du Liban.  S’agissant d’Israël et de la Palestine, j’insisterai pour qu’une réunion du Quatuor ait lieu aussi rapidement que possible. 


Outre ces domaines, il reste un certain nombre de questions urgentes: les défis politiques et de sécurité en Afghanistan et en Iraq; le statut du Kosovo; le renforcement des régimes mondiaux de désarmement et de non-prolifération; le règlement des problèmes posés par l’Iran et la République populaire démocratique de Corée. 


Ces questions touchant à la paix et à la sécurité sont primordiales, mais elles ne doivent pas nous faire oublier les efforts que nous menons dans d’autres domaines.  Nous devons redoubler d’ardeur pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement à la date butoir de 2015.  Nous devons faire nettement mieux pour enrayer les changements climatiques.  Ces questions feront aussi partie de mes priorités. 


Enfin, nombre d’entre vous ont demandé que j’expose mes vues sur la peine de mort.  Permettez-moi de le faire aujourd’hui.  Je suis convaincu du fait que la vie est précieuse, qu’elle doit être protégée et respectée et que tous les êtres humains ont le droit de vivre dans la dignité.  Le droit international reflète ces valeurs.  Je suis conscient du fait que le droit international et la pratique nationale des États évoluent vers l’élimination de la peine de la mort.  C’est une tendance que j’encourage.  Au fur et à mesure que les États Membres se prononceront, j’attends d’eux qu’ils respectent le droit international et les droits de l’homme sous tous leurs aspects.  Comme vous le savez, j’ai demandé aux autorités iraquiennes de faire preuve de retenue dans l’exécution des peines de mort prononcées par la Haute Cour iraquienne. 


Mesdames et Messieurs, merci encore de m’avoir permis de vous faire cette mise au point.  Je vais à présent essayer de répondre à vos questions. 


Question (interprétation de l’anglais): Au nom de l’Association des journalistes accrédités auprès de l'ONU, je vous remercie de l’occasion que vous nous offrez de vous rencontrer une nouvelle fois.  J’espère que ces rencontres seront aussi fréquentes et régulières que possible, compte tenu de votre disponibilité.  Je voudrais vous demander quelque chose qui tient à cœur à beaucoup de mes collègues, en particulier les journalistes qui se trouvent tous les jours aux Nations Unies.  Nous voudrions que vous preniez l’engagement, alors que vous entamez votre mandat de Secrétaire général de l’ONU, de veiller à ce que l’Organisation fasse preuve de transparence et rende compte des informations qu’elle fournit aux journalistes.  Je pense en particulier à vos programmes et activités.  Nous souhaiterions que le bureau de la Porte-parole, les hauts responsables des départements et des organismes de l’ONU reçoivent des informations en temps réel et soient autorisés à partager ces informations avec nous.  Plus précisément, nous souhaiterions que ce soit vous-même qui nous communiquiez ces informations, afin de renforcer la confiance entre vous et les médias.  Merci.   


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Avant de répondre à votre question, je souhaiterais vous présenter toutes mes félicitations puisque vous venez vous aussi d’accéder à la présidence de cette importante organisation qu’est l’Association des journalistes accrédités auprès de l'ONU.  J’aimerais également remercier votre prédécesseur, M. Masood Haider, de sa contribution.  Je considère que le rôle des médias est très important car c’est vous qui faites le lien entre les activités des Nations Unies et les peuples du monde entier. 


Je vous remercie de votre aimable suggestion.  Ma position est identique à la vôtre sur notre relation.  Je sais que la Porte-parole tientune conférence de presse tous les jours à midi.  C’est une pratique qui, je l’espère, pourra se poursuivre.  Dans le même temps, je veillerai à ce que les chefs des départements et autres hauts responsables aient des contacts très étroits avec les journalistes pour que vous receviez des informations en temps réel, y compris moi-même.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, à mon tour, je vous souhaite la bienvenue.  Vous vous apprêtez à vous rendre à Addis-Abeba et avez indiqué que l’une de vos priorités était le Soudan et le Darfour.  Hier, le Président soudanais a refusé le déploiement d’une force des Nations Unies au Darfour, affirmant qu’elle n’était pas nécessaire et que les troupes de l’Union africaine pouvaient très bien assurer le maintien de l’ordre dans la région.  Quel message allez-vous adresser au Président Bashir lorsque vous allez le rencontrer à Addis-Abeba?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je viens tout juste de m’entretenir avec mon Envoyé spécial, M. Jan Eliasson, qui a rencontré le Président Bashir il y a quatre heures de cela.  Il m’a dit qu’il avait eu une excellente conversation avec le Président et d’autres responsables, dont le Ministre des affaires étrangères.  Il m’a indiqué que leur position se rejoignait sur pratiquement tous les points, qu’on lui avait assuré la coopération du Gouvernement et du Président soudanais et que ceci était de bon augure pour la coopération entre le Gouvernement soudanais, l’ONU et l’Union africaine.  Par conséquent, je ne suis pas certain de ce qu’il a dit et du rejet du déploiement d’une force des Nations Unies que vous venez de mentionner.  À cause du caractère très sensible de la situation, je ne suis pas en mesure de vous donner des détails.  Mais je peux vous assurer que cette question figure au sommet de mes priorités et que j’en discuterai avec le Président soudanais. 


Question (interprétation de l’anglais): J’ai une question de suivi à vous poser.  Allez-vous insister auprès du Président soudanais pour qu’il accepte le déploiement de la force hybride de quelque 22 000 hommes qu’avaient proposé votre prédécesseur et le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP)?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Étant donné la situation humanitaire particulièrement inquiétante qui règne au Darfour, il est très important que nous parvenions à déployer une force robuste et disposant des ressources nécessaires sur le terrain.  On en a déjà discuté à Addis-Abeba et à Abuja et l’on compte bien mettre en œuvre les accords qui avaient été alors conclus.  Des discussions sont en cours à ce sujet, y compris en ce qui concerne la contribution diplomatique de l’ancien Secrétaire général, M. Kofi Annan.  Le dernier entretien qu’ont eu MM. Bashir et Eliasson me semble très prometteur.  Je suivrai de près cette question. 


Question (interprétation de l’anglais): Hier, le Président George W. Bush a présenté une déclaration de politique générale très importante sur la stratégie de son pays en Iraq.  Appuyez-vous l’appel qu’il a lancé au Gouvernement de M. Maliki en faveur d’un désarmement des milices, dont celles de Moqtada Sadr?  Pensez-vous que ce message équivaut à un ultimatum à l’adresse de l’Iran, compte tenu de ce qu’aucune suggestion n’a été faite sur de possibles rapprochements diplomatiques avec l’Iran ou la Syrie?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Cette déclaration n’ayant été prononcée qu’hier soir, il faut maintenant en voir les effets.  Mais, d’une façon générale, les Nations Unies se féliciteraient de tout effort visant à améliorer la situation des Iraquiens en matière de sécurité et à stabiliser le pays à travers la mise en œuvre d’un ensemble de mesures économiques et politiques.  L’ONU va travailler en étroite concertation avec le Gouvernement iraquien ainsi qu’avec toutes les parties prenantes concernées.  Nous allons, ensemble, discuter de la manière dont nous pouvons accompagner au mieux ces efforts en vue de parvenir à la paix et à la stabilité en Iraq.  Conformément à son mandat, l’ONU va continuer d’accompagner le processus d’examen constitutionnel en soutenant le processus politique.


Question (interprétation de l’anglais): Pensez-vous que ce soit une bonne idée d’exiger du Gouvernement iraquien qu’il désarme les milices?  Pensez-vous que le Gouvernement iraquien doit désarmer les milices?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est une situation très inquiétante qui nous préoccupe.  Nous sommes particulièrement préoccupés par la violence confessionnelle et nous espérons que le Gouvernement iraquien prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité et la sécurité.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous avez évoqué le Moyen-Orient, vous allez vous rendre à une réunion du Quatuor et votre prédécesseur a estimé que le moment était venu pour le Quatuor d’établir des dates limites, de prendre des mesures concrètes et de ne pas simplement publier des déclarations vagues.   Avez-vous des propositions pour l’action future du Quatuor?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il est très important de redynamiser le processus du Quatuor à ce stade pour aider et faciliter le processus de paix au Moyen-Orient.  J’ai procédé à des consultations avec les parties intéressées, notamment les participants au processus du Quatuor.  J’espère que cela pourra être fait lors de ma participation à une conférence internationale consacrée à la reconstruction du Liban.  Mais il y a eu des problèmes de calendrier.  Toutefois, aujourd’hui, nous pensons que la réunion du Quatuor pourra être convoquée dans les plus brefs délais.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, j’ai une question au sujet de certains des choix que vous avez déjà faits.  Je ne conteste pas ces choix ni les qualifications des personnes concernées, mais j’ai une question à poser au sujet du processus de sélection.  Plusieurs fois, apparemment, les personnes choisies pour les postes aux rangs les plus élevés n’ont jamais véritablement eu d’entretien d’embauche pour les fonctions que vous comptiez leur proposer et n’ont jamais donc eu la possibilité d’expliquer comment elles allaient répondre à vos attentes.  Ma question porte donc sur l’exigence d’une administration ferme à l’ONU.  Comment pouvez-vous être certains que les hauts fonctionnaires que vous avez choisis pourront répondre à vos attentes, si vous n’avez jamais pris le temps de leur expliquer ce que sont vos exigences et vos attentes?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il semble y avoir des malentendus au sujet du processus d’examen et de sélection des hauts fonctionnaires de l’ONU, y compris le choix de la Vice-Secrétaire générale et autres hauts fonctionnaires.  J’ai nommé cinq hauts fonctionnaires pour l’instant, y compris la porte-parole.  J’ai eu des entretiens en personne avec ces hauts fonctionnaires; des entretiens privés.  Lorsqu’il n’était pas nécessaire d’avoir un entretien privé, j’ai agi de mon propre chef en m’appuyant sur mon expérience et sur mes relations de travail avec les personnes concernées.  Je vais vous dire franchement qu’au cours du processus de nomination l’année dernière, j’ai rencontré un grand nombre de ministres des affaires étrangères et de très hauts responsables dans le monde entier.  En fait, toutes ces personnes se sont entretenues avec moi lorsque j’étais moi-même l’un des candidats, mais à l’époque, elles ne se doutaient peut-être pas que moi aussi je les interviewais au sujet de ce que je devrais faire si j’étais élu Secrétaire général de l’ONU.


Il y a eu des informations concernant Mme [Asha-Rose] Migiro que j’ai choisie comme Vice-Secrétaire générale.  J’ai travaillé en étroite coopération avec elle, comme homologue, lorsque nous étions tous deux ministres des affaires étrangères de nos pays respectifs et j’ai passé plus de 10 heures avec elle, puisque j’ai pris le même vol qu’elle pour aller en République-Unie de Tanzanie.  Nous étions assis côte à côte dans l’avion et nous avons passé au moins six heures à nous parler.  Nous avons appris à nous connaître.  J’ai eu de nombreuses autres discussions avec elle et je la connais très bien.  Je connais aussi de nombreux autres dirigeants africains que j’ai rencontrés durant mon mandat de ministre des affaires étrangères.  


J’ai eu un entretien avec l’Ambassadeur John Holmes que j’ai choisi pour diriger le Bureau de la coordination des affaires humanitaires et je connais Mme Alicia Barcena depuis longtemps.  J’ai été très impressionné par sa capacité de gérer l’ensemble de l’Organisation.  Elle a été directrice adjointe de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) pendant quatre ans, elle a été vice-ministre de l’environnement au Mexique, pendant de nombreuses années.  Elle s’est occupée de nombreuses questions de gestion. 


J’espère que vous jugerez les personnes et les nominations sur pièces en fonction de la manière dont elles exercent leurs fonctions, plutôt qu’en fonction de ce que vous entendez de différentes sources.  J’espère que vous apprécierez les nominations en fonction des qualifications, du mérite et des résultats que ces personnes obtiendront.


Pour ce qui est d’un resserrement de la gestion et d’obtenir une administration plus efficace, j’ai l’intention de conclure des pactes avec tous les hauts fonctionnaires, y compris avec les secrétaires généraux adjoints et avec les sous-secrétaires généraux, quant aux objectifs à atteindre en matière de résultats.  Ces fonctionnaires devront présenter leurs objectifs et le Conseil d’évaluation de la performance des hauts fonctionnaires examinera les résultats obtenus à la fin de l’année ou à la fin de leur contrat.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, si vous allez à Washington la semaine prochaine, allez-vous demander au Président Bush de fermer la prison de Guantanamo?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En fait, je vais aller à Washington en ma qualité de nouveau Secrétaire général de l’ONU sur l’invitation du Président Bush, qui est le Président du Gouvernement hôte.  Aujourd’hui, c’est le cinquième anniversaire de la réouverture de la prison de Guantanamo et à l’instar de mon prédécesseur, je pense que cette prison devrait être fermée.  Je me souviens également que le Président Bush, lui-même, a dit qu’il aimerait fermer cette prison.


Question (interprétation de l’anglais): Après votre première déclaration sur l’exécution de Saddam Hussein et votre refus, au cours d’autres entretiens, d’appuyer la déclaration antérieure de Kofi Annan qui jugeait la guerre en Iraq « illégitime », êtes-vous inquiet d’avoir, peut-être donné la mauvaise impression quant à votre degré d’indépendance par rapport aux positions des États-Unis, puisque ce pays a vigoureusement appuyé votre nomination? 


Qu’entendez-vous par « plus brefs délais » au sujet de la prochaine réunion du Quatuor?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Tous les fonctionnaires de l’ONU, y compris le Secrétaire général, ne représentent pas leur pays, mais travaillent au service des Nations Unies.  Vous devez donc savoir que quelles que soient mes activités, quelles que soient mes fonctions, je les exercerai en ma qualité de Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, comme je l’ai dit au moment de prêter serment.


Pour ce qui est de la date exacte ou du moment exact de la réunion du Quatuor, je ne peux pas vous le dire à ce stade, mais je puis vous dire que je discute de cette question de façon intense avec Mme [Condoleezza] Rice et avec M. [Sergey] Lavrov, ainsi qu’avec M. [Javier] Solana de l’Union européenne et la présidence de l’Union européenne.  Nous vous en informerons lorsque nous aurons des précisions plus concrètes.


Question (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne la situation humanitaire au Darfour, pourriez-vous envisager une date limite ou un calendrier plus précis pour le dialogue politique en cours et pour que cela fonctionne avant d’envisager d’autres options? 


Pourriez-vous nous faire part brièvement de votre point de vue sur l’avortement?


Le Secrétaire général: Je n’ai pas bien compris une partie de votre question.  Pourriez-vous répéter votre question?


Question: Pourriez-vous envisager un ultimatum pour le dialogue politique en cours sur le Darfour, pour que cela fonctionne bien avant d’envisager d’autres options?


Le Secrétaire général: Bien sûr, je souhaite que la crise du Darfour soit réglée dès que possible.  Vous le comprendrez aisément, cela fait intervenir de nombreuses dimensions politiques différentes.  Je dois donc parler de cette question tout d’abord avec le Gouvernement soudanais, avec l’Union africaine, la Commission et aussi avec de nombreux dirigeants de l’Union africaine qui s’investissent dans l’examen de cette question.  À ce stade, c’est une question qui revêt pour moi une priorité absolue actuellement.


Question: Plusieurs informations circulent selon lesquelles la Corée du Nord prépare un deuxième essai nucléaire.  Qu’allez-vous faire pour empêcher la Corée du Nord de procéder à un tel essai, et que feriez-vous si elle effectuait vraiment cet essai nucléaire?


Le Secrétaire général: Je suis de très près l’évolution de la situation en Corée du Nord, y compris son programme nucléaire.  Mais à ce stade, je n’ai pas d’informations précises ni concrètes sur votre question.  S’agissant des questions nucléaires, comme vous le savez très bien, le processus des Pourparlers à Six a été relancé, et je demande à toutes les parties à ces pourparlers de travailler d’arrache-pied à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Quant à ce que je peux faire pour faciliter ce processus en tant que Secrétaire général, comme je l’ai souvent dit, je vais tout mettre en œuvre pour faciliter le bon déroulement du processus qui rassemble les six parties, et je m’engage à avoir un dialogue avec les autorités nord-coréennes si la situation l’exige et cela, en étroites consultations avec les membres du processus à Six parties ainsi qu’avec le Conseil de sécurité. 


Question: Hier soir, le Président Bush a fait une déclaration.  Votre prédécesseur était assez réticent et ne souhaitait pas s’engager à fournir davantage de personnel à l’Iraq après la tragédie qui s’est produite au siège de l’ONU à Bagdad.  Accepteriez-vous une demande des États-Unis pour que l’ONU fournisse plus d’aide à l’Iraq?


Le Secrétaire général: L’ONU participe au processus de stabilisation de la situation iraquienne.  Par le passé, l’ONU a pris part aux activités d’une mission de contrôle et de surveillance, notamment lors de deux élections et de la rédaction de la Constitution.  L’ONU maintient une mission sur place et nous continuerons de participer au processus dans toute la mesure de nos moyens, mais notre participation et nos contributions à ce stade dépendent essentiellement des conditions de sécurité sur le terrain.  Nous allons procéder à des consultations et suivre de très près la situation et son évolution.  Comme vous le savez, l’ONU a lancé un Pacte international avec l’Iraq.  C’est un programme très important et je vais le suivre de près en étroites consultations avec les États Membres. 


Question: J’ai une question sur la Somalie.  Votre Porte-parole nous a dit que vous avez des préoccupations au sujet de la situation actuelle en Somalie.  Pourriez-vous nous expliquer quels sont vos préoccupations et vos sentiments à ce sujet?


Le Secrétaire général: Je suis également de très près l’évolution de la situation en Somalie.  Je suis préoccupé par les répercussions sur les civils.  La situation dans ce pays nous rappelle crûment la nécessité de redoubler d’efforts politiques pour stabiliser la situation politique etsociale au plus tôt.  Je pense que nous devons tout mettre en œuvre pour protéger les civils et être très prudents quant aux conséquences imprévues que la situation pourrait entraîner.  Je crois que c’est dans les intérêts supérieurs de tout un chacun que de reprendre un processus politique négocié.  À ce sujet, mon Représentant spécial tient des discussions intenses avec les parties intéressées par la situation en Somalie.


Question: Je voudrais avoir la réponse à ma question en français s’il vous plaît.  Sur la Somalie, est-ce que vous pouvez élaborer un peu plus sur l’intervention unilatérale des Américains?  En allant en Afrique, vous avez dit que vous feriez une escale en République démocratique du Congo.  Peut-on déjà connaître les questions qui seront abordées avec les autorités congolaises lors de votre rencontre au Congo?


Le Secrétaire général: (en français) La dernière fois, j’étais un peu déçu parce que je n’ai pas pu répondre en français.  Mon français pourrait être amélioré (rires dans la salle).  Je continue de travailler.  En fait, j’ai pris des cours de français ces derniers mois.  Je pense que mon français n’est pas parfait, je continuerai d’étudier le français.  Mais aujourd’hui si vous me le permettez, je voudrais parler en anglais. (en anglais) À propos du Congo, comme je vous l’ai dit dans mes remarques liminaires, je voudrais voir de mes propres yeux ce que le processus de paix a pu apporter sur le terrain.  De très nombreuses personnes ont servi avec honneur l’Organisation en vue de la stabilisation politique et sociale de la République démocratique du Congo qui est, je crois, un excellent exemple.  L’Organisation dispose d’une très riche expérience en matière de maintien de la paix et le Congo en est un bon exemple.  Je souhaiterais tout d’abord remercier les troupes déployées sur le terrain de leur contribution.  C’est ce que je commencerai par faire, et ensuite, j’espère pouvoir m’entretenir avec le Président congolais.  Je l’inviterai à poursuivre le processus de démocratisation et également les efforts qu’il déploie en vue de la stabilisation économique, sociale et politique du pays.  C’est là l’objectif principal de mon voyage au Congo.  J’imagine qu’on aura de nombreux ennemis après ce que je vais dire maintenant.  Nous étions censés nous limiter à 30 minutes de conférence de presse.  Nous venons de dépasser le délai des 30 minutes. 


Question (interprétation de l’anglais): Vikou vous a posé une question sur l’intervention américaine en Somalie.  Pourriez-vous préciser votre position sur ce point?  J’aurais ensuite une question qui est une question de suivi quant à ce qu’a dit Warren, par rapport au processus de recrutement.  De toute évidence, lorsque vous êtes amené à sélectionner de nouveaux hauts responsables vous tenez compte d’une certaine répartition géographique, pour que des postes reviennent aux membres permanents du Conseil de sécurité, d’autres à des pays en développement – c’est un exercice d’équilibrage.  C’est ce qui a été fait par le passé, par exemple avec le programme pétrole contre nourriture, dont les hauts responsables étaient issus de pays membres permanents du Conseil de sécurité.  Est-ce que vous allez maintenir cette pratique, qui s’apparente à du patronage politique?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je vais commencer par répondre à votre deuxième question, car je pense avoir répondu à votre première question sur la Somalie.  Je pense avoir déjà répondu en partie à cette question qui portait sur l’intervention américaine en Somalie.  Je vous l’ai dit, je suis de très près l’évolution de la situation en Somalie et, je l’ai dit par l’entremise de ma Porte-parole l’autre jour, tout juste après cette attaque en Somalie, qui a pris pour cible une cache où se seraient trouvés des membres d’Al-Qaida.  Je me suis inquiété de l’effet que cela pourrait avoir sur les civils, puisque des civils sembleraient avoir perdu la vie au cours de cette attaque.  Je comprends pleinement les raisons qui expliquent que cette attaque ait été nécessaire, mais je pense que l’on doit tout de même faire preuve de la plus grande prudence pour éviter que cette situation n’évolue de manière imprévue.  Cette situation, je vous l’ai dit plus tôt, nous rappelle purement et simplement qu’il nous faut redoubler d’efforts sur le plan diplomatique pour qu’un processus politique soit mis en place et que cette question soit réglée par des moyens pacifiques.


Pour répondre à votre deuxième question, je crois qu’il y a un certain malentendu, un malentendu tout à fait infondé quant à la procédure de sélection des hauts fonctionnaires de l’Organisation.  Quelle est la politique que je suis lorsqu’il s’agit pour moi de sélectionner quelqu’un pour un poste de Secrétaire général adjoint?  J’essaie tout d’abord de voir quelles sont les qualités et les qualifications que réunit la personne concernée.  Je tiens compte également de la répartition entre hommes et femmes et de la répartition géographique.  Peut-être avez-vous eu l’impression que certains postes étaient réservés aux membres permanents du Conseil de sécurité, d’autres à des pays en développement.  C’est peut-être l’impression qui ressort des nominations que j’ai faites, mais j’ai eu des propositions de très nombreux pays, j’ai passé en revue et de très près les curricula vitae des personnes qui m’ont été suggérées, j’ai procédé à toutes les vérifications nécessaires et j’ai même rencontré ces personnes pour savoir quelle était un peu leur position et ce qu’elles comptaient faire.  Parmi les qualités les plus importantes pour moi figure l’esprit d’équipe: est-ce qu’une personne peut fonctionner en équipe?  C’est, je crois, l’une des qualités les plus importantes lorsque l’on est amené à harmoniser les processus de travail au sein de l’Organisation. 


J’ai eu entre les mains les C.V. de très nombreux candidats.  Il m’a été très difficile de ne recruter qu’une ou deux personnes parmi ces très nombreuses candidatures.  Bien entendu, dans certains cas il me faut tenir compte d’un certain nombre de critères, parmi lesquels le pays d’origine de ces personnes, qui peuvent être des pays membres permanents du Conseil de sécurité, des pays qui ont effectué des contributions importantes.  Mais, même lorsque des candidatures m’ont été présentées par ces pays-là, ces candidatures ont été passées au peigne fin pour voir si elles réunissaient bien toutes les qualifications requises et, surtout, si les candidats faisaient preuve d’esprit d’équipe. 


Question (interprétation de l’anglais): Une dernière question sur la Somalie.  Répondez-moi par oui ou par non: pensez-vous que ce qu’ont fait les États-Unis en Somalie est, d’une façon ou d’une autre, en contradiction avec le droit international?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais):Par principe, je ne répondrai certainement pas par oui ou par non et je crois de toute façon avoir déjà répondu à cette question. 


Question (interprétation de l’anglais): Votre voyage en Afrique, M. le Secrétaire général: vous nous avez dit que la Somalie et le Darfour figuraient en tête de votre programme de travail, en tête des questions que vous allez aborder avec les dirigeants africains.  Est-ce que vous avez une vision spécifique de ce que vous souhaitez faire?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je ne suis pas en mesure de vous dire exactement ce dont nous allons discuter avec les dirigeants africains.  Nous parlons de ces questions depuis un certain temps maintenant, nous avons accumulé une très riche expérience, les informations ne manquent pas dont je dois faire fonds.  Je dois tenir compte de ce qui a été fait par mon prédécesseur pour résoudre la crise du Darfour.  Je peux également compter sur des conseillers absolument remarquables qui vont m’aider.  Je peux compter sur les relations de travail que j’entretiens avec de nombreux dirigeants africains.  Je vais essayer de tirer profit de cette occasion que m’offre mon voyage en Afrique pour discuter plus avantde ces questions. 


Dernière question (interprétation de l’anglais): Vous avez commencé votre exposé en nous lançant un appel.  Vous nous avez demandé de juger les personnes que vous avez sélectionnées sur pièces, une fois qu’elles auront fait leurs preuves.  Pourriez-vous s’il vous plaît nous expliquer ce qui suit: vous avez nommé Mme Barcena à la gestion de l’Organisation.  Quel est le processus de sélection que vous avez suivi pour la nomination de Mme Barcena?  Qu’en est-il de ces personnes qui disent que Mme Barcena ne dispose pas des connaissances financières et de gestion qui lui permettraient, contrairement à M. [Christopher] Burnham, de s’acquitter de ses fonctions et faire en sorte que l’Organisation suive  financièrement la bonne direction?  Qu’en est-il également du personnel, dont nombre des représentants se sont plaints auprès de vous de la façon dont fonctionne le système d’administration de la justice, le mécanisme de responsabilisation?  J’aimerais savoir en quoi Mme Barcena répond bien au profil nécessaire pour ce poste.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Trouver le candidat parfait, trouver la personne qui connaisse tout ce qui se passe dans le monde, en réalitéc’est mission impossible.  Vous ne pourriez pas non plus trouver un Secrétaire général parfait, je ne prétends certainement pas être le candidat parfait, je ne connais pas tous les rouages du système des Nations Unies, loin de là.  En ce qui concerne le poste de Secrétaire général adjoint à la gestion, pour occuper ce poste on peut être fort en finances, on peut être fort en ressources humaines, on peut avoir des compétences en leadership de manière générale.  J’ai surtout accordé de l’importance à la richesse d’expérience dont peut se prévaloir Mme Barcena, qui a été Vice-Ministre de l’environnement au Mexique, Secrétaire exécutive adjointe de la CEPALC et qui a également été Chef de Cabinet.  Le poste de Chef de Cabinet figure parmi les postes les plus importants du système des Nations Unies, puisqu’un Chef de Cabinet doit connaître tout ce qui se fait aux Nations Unies, puisqu’il doit conseiller le Secrétaire général.  J’ai donc toute confiance que Mme Barcena s’acquittera de ses fonctions avec autant de brio que ses prédécesseurs.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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