LA CDD ÉTUDIE EN QUATRE SESSIONS, LES ACTIONS À MENER EN MATIÈRE D’ÉNERGIE, DE POLLUTION, DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL ET DE CHANGEMENTS CLIMATIQUES
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Commission du développement durable
Quinzième session
4e et 5e séances – matin et après-midi
LA CDD ÉTUDIE EN QUATRE SESSIONS, LES ACTIONS À MENER EN MATIÈRE D’ÉNERGIE, DE POLLUTION, DE DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL ET DE CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Après l’ouverture hier de la quinzième session de la Commission du développement durable, au cours de laquelle les délégations ont rappelé les liens étroits qui existent entre les thèmes inscrits à l’ordre du jour -énergie au service du développement durable, pollution atmosphérique et préservation de l’atmosphère, développement industriel et changements climatiques- les délégations ont, aujourd’hui, détaillé les orientations et les mesures qu’il faudrait envisager dans ces domaines pour pouvoir faire face aux grands défis environnementaux actuels. Certaines orientations figurent déjà dans le projet de texte établi par le Président de la CDD-15 et soumis aux délégations pour être négocié cette semaine.
Quatre sessions parallèles organisées au cours de la journée ont permis de préciser les politiques envisageables sur des questions qui avaient déjà été examinées, sur le fond, lors de la quatorzième session de la CDD, en 2006, la présente session ayant pour mandat de définir, d’ici au 11 mai prochain, des directives politiques pour la facilitation de la mise en œuvre des programmes envisagés dans les quatre secteurs débattus.
Souhaitant que cette quinzième session aboutisse à l’adoption d’un texte axé sur l’action, les représentants des États Membres et des grands groupes de la société civile ont insisté sur les mesures qui restent à prendre pour soulager les pays en développement, qui sont les plus durement touchés par les problèmes de dégradation de l’environnement. L’importance du renforcement des capacités des pays en développement et du transfert vers ces pays de technologies de pointe ainsi que celle des questions d’aide financière ont donc été soulevées sur toutes les questions examinées.
Ce matin, concernant l’amélioration de l’accès à l’énergie et de l’efficacité énergétique, des actions ont été proposées en vue d’accroître la part des énergies renouvelables dans la satisfaction des besoins énergétiques mondiaux. Parallèlement, les délégués qui débattaient de la question de la pollution atmosphérique ont souhaité notamment encourager la promotion et l’utilisation de carburants à la fois plus propres et plus efficients et faire participer de façon plus énergique le secteur privé à la lutte contre la pollution.
Au cours également du débat qui a eu lieu sur le développement industriel, de nombreuses délégations ont insisté sur le rôle indispensable que doit jouer le secteur privé pour que les pays puissent réaliser leur développement industriel. Par ailleurs, à l’occasion de la quatrième session thématique, chaque délégation s’est montrée préoccupée par les conséquences qu’ont les changements climatiques
et le réchauffement de la planète. Elles ont insisté sur la nécessité pour tous les pays d’honorer les engagements qu’ils ont pris en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, et en particulier ceux concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
La Commission du développement durable reprendra ses débats demain, mercredi, le 2 mai, à 10 heures, pour donner la parole aux délégations qui n’ont pas pu intervenir aujourd’hui sur le thème de l’énergie et celui des changements climatiques. Elle abordera aussi le thème des « corrélations et questions intersectorielles (dont les moyens d’exécution)».
*E/CN.17/2007/9
MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2006-2007
Discussion interactive
L’énergie au service du développement durable
L’amélioration de l’accès à l’énergie et de l’efficacité énergétique ainsi que la question des énergies renouvelables et des technologies propres ont été, ce matin, au cœur de la discussion consacrée par la Commission du développement durable au thème « Énergie au service du développement durable ». Les délégations ont en effet discuté des orientations et des mesures qui pourraient être envisagées dans ce domaine et qui figurent dans le projet de texte de négociation établi par le Président de la CDD-15. Dans leur ensemble, les délégations ont souhaité que cette quinzième session de la Commission du développement durable aboutisse à l’adoption d’un texte axé sur l’action et insiste sur la mise en œuvre des décisions prises sur chacune des grandes questions inscrites à l’ordre du jour.
L’énergie est une donnée vitale de la promotion du développement durable, de l’élimination de la pauvreté et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a rappelé le représentant du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Appelant à la mise en place de politiques qui aideraient à combler le fossé existant entre riches et pauvres, il a particulièrement insisté, à l’instar notamment des représentants du Zimbabwe et de l’Indonésie, sur l’importance du renforcement des capacités des pays en développement et du transfert vers ces pays de technologies énergétiques de pointe. Les pays en développement, a ajouté le représentant du Pakistan, devraient aussi bénéficier de financements prévisibles et suffisants dans le domaine énergétique et l’investissement devrait y être encouragé.
La question du financement mérite une attention renforcée, a estimé le représentant de la Grenade, qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS). Il a ainsi, entre autres, souhaité que soient créés, avec la participation du secteur privé, des fonds et des modalités de financement prévisibles qui permettraient aux pays en développement de bénéficier d’emprunts et d’options financières plus diversifiés. Parmi les idées suggérées par les délégations, celle du Japon a estimé qu’il était indispensable de renforcer la coopération avec le secteur privé et les institutions financières internationales, afin de créer des conditions qui soient plus favorables à l’investissement dans le domaine de l’énergie et d’appuyer sans réserve, entre autres, les mesures d’économie et d’accès à l’énergie.
Reconnaissant que les combustibles fossiles joueront un rôle dominant au cours des prochaines décennies, la majorité des délégations, dont celle de l’Iran, a insisté sur la nécessité d’associer des technologies propres à leur emploi. « Il faut conjuguer nos efforts dans les domaines de la recherche et du développement de ces technologies », a souligné la représentante de la Chine, tout en plaidant en faveur du transfert de ces technologies vers les pays en développement.
De nombreuses délégations ont aussi indiqué que ce genre de mesures devrait en outre s’accompagner d’actions visant à accroître la part des énergies renouvelables dans la satisfaction des besoins énergétiques mondiaux. Si on répond à l’augmentation de la demande globale d’énergie, qui doit croître de 60% d’ici à 2030, par une utilisation accrue de combustibles fossiles, les problèmes
concernant la qualité de l’air et la santé des populations deviendront insurmontables, a, de son côté, prévenu le représentant de l’Islande, tout en notant que son pays satisfaisait 70% de sa demande d’électricité par l’utilisation des énergies hydrique et géothermique.
Le représentant de l’Allemagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a, pour sa part, estimé que la réalisation de la sécurité énergétique mondiale passait par la diversification des sources d’énergie et par une plus grande efficacité énergétique. Il a ainsi souhaité que le document final qui sera soumis aux délégations prenant part aux travaux de la CDD-15 comporte des objectifs précis assortis de calendriers de mise en œuvre en ce qui concerne notamment l’accès à l’énergie et le rendement énergétique. Le représentant des États-Unis a, quant à lui, souhaité que le texte du Président cite ou propose des initiatives spécifiques et des projets précis, comme par exemple, le programme d’électrification, mené par les États-Unis dans les bidonvilles de l’Inde et du Brésil.
Comme celles de l’Allemagne et des États-Unis suscitées, les délégations de la Suisse et du Costa Rica, ont, par ailleurs, souhaité que cette session de la CDD mette en place un mécanisme de suivi et d’examen qui permettrait d’évaluer, au cours des années à venir, les résultats des mesures recommandées et mises en œuvre.
Concernant toujours le texte de négociation soumis par le Président, de nombreuses délégations représentant des petits États insulaires en développement, dont celles de la Micronésie, des Îles Salomon et de Tuvalu, ont demandé que le document en question comporte une section qui leur soit spécifiquement consacrée, afin notamment de renforcer la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice. Ces délégations ont, entre autres, estimé qu’en raison de l’isolement géographique de leurs territoires et de la petite taille de leurs économies, les petites îles constituaient un cas particulier et unique, qui les différencie des situations qui peuvent exister dans le reste du monde. Le représentant de Tonga a exhorté les donateurs à tenir les promesses et les engagements qu’ils avaient pris en matière d’assistance.
Enfin, plusieurs délégations ont mis en exergue l’importance qu’il y a de renforcer toutes les formes de coopération, aussi bien Nord-Sud que Sud-Sud ou triangulaire, afin de mieux assister les pays en développement dans les efforts qu’ils déploient pour améliorer l’accès à l’énergie et le rendement énergétique sur leur territoire. Les représentantes de l’Australie et du Brésil ont tenu à souligner le rôle positif que peut jouer la coopération régionale, notamment en ce qui concerne les énergies renouvelables et le partage des connaissances scientifiques dans le domaine énergétique.
Pollution atmosphérique/atmosphère
Au cours de cette session interactive, qui était présidée par M. Alain Édouard Traoré, du Burkina Faso, les intervenants ont apporté des éléments au débat qui a lieu sur la manière dont devrait être menée la lutte contre les différents types de pollution atmosphérique: pollution en milieu fermé; pollution due aux transports; pollution aux tempêtes de poussière et de sable; pollution résultant des pluies de cendres qui se produisent après les éruptions volcaniques, ou encore pollution par le mercure.
Invités à proposer des mesures pour accélérer les progrès et pour lancer des initiatives, actions et projets spécifiques se rapportant à la pollution atmosphérique et à la préservation de l’atmosphère, les délégations participant au débat ont suggéré un certain nombre d’amendements et d’ajouts au document de négociations soumis aux participants par le Président de la CDD-15. Il a été ainsi proposé que soit examinée la question du commerce illicite de substances qui sont capables d’attaquer la couche d’ozone; d’encourager la promotion et l’utilisation de carburant plus propres; d’améliorer les cadres réglementaires de prévention de la pollution atmosphérique; de faire participer de façon plus énergique le secteur privé à la lutte contre la pollution; ou encore d’examiner le rôle du déboisement, des catastrophes naturelles et de la dégradation des sols dans la pollution atmosphérique. Le Groupe des représentants de la communauté scientifique et technologique a déclaré qu’il appréciait le fait que le texte du Président mette l’accent sur le renforcement des activités de recherche liées à ces questions et a assuré la Commission que le monde universitaire et de la recherche scientifique apporterait, à cet égard, tout son soutien à la communauté internationale.
Le manque de ressources financières et technologiques dont souffrent de nombreux pays en développement a été désigné par les intervenants au débat comme un obstacle à la lutte contre la pollution. Ce point de vue a été défendu par le représentant des petits États insulaires en développement, alors que le Groupe des 77 et de la Chine invitait les pays développés à soutenir les projets pilotes qui sont mis en œuvre dans les pays défavorisés.
Plusieurs demandes plaidant en faveur du renforcement de la coopération internationale ont été formulées, les délégations des pays en développement exhortant la communauté internationale à faciliter les transferts de technologies plus efficaces et plus respectueuses de l’environnement ainsi que la mobilisation d’une assistance visant à soutenir le renforcement des capacités. La délégation de l’Australie a appuyé les appels lancés en faveur du renforcement de type de coopération, tout en spécifiant qu’il fallait avant tout soutenir les initiatives nationales et améliorer la diffusion d’informations. Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a, pour sa part, demandé que soient mieux épaulés les efforts nationaux de lutte contre le transfert transfrontière de substances illégales.
Certaines délégations, comme celle du Sénégal, ont en outre souhaité le renforcement de la coopération Sud-Sud. « Beaucoup de nos compatriotes souffrent de maladies respiratoires dues à la pollution de l’air, et il serait peut-être utile d’élaborer une charte mondiale de la pollution de l’air », a suggéré le représentant sénégalais.
Au niveau national, les gouvernements devraient améliorer la compilation des données et le suivi de la qualité de l’air, a estimé le Groupe des 77 et de la Chine,tandis que certaines délégations relevaient l’utilité du suivi par satellite de la pollution et de la mise en place d’un système d’alerte précoce. Elles ont indiqué que les organisations internationales avaient, par leurs capacités à créer des synergies, un rôle important à jouer. La prévention étant indispensable, il faudrait notamment promouvoir l’application des lignes directrices énoncées par l’OMS en la matière, ont recommandé des délégations.
Les agriculteurs peuvent contribuer aux efforts visant à changer la situation mondiale en matière de pollution, notamment par la promotion de cultures servant à la fabrication de biocombustibles moins polluants que les énergies fossiles, a indiqué le représentant du Groupe des agriculteurs. Les
biocombustibles permettent par exemple de fabriquer des mélanges énergétiques composés à 30% d’éthanol et d’essence. Mais pour se lancer dans ces cultures, les agriculteurs doivent être encouragés, notamment par des aides financières ou des exemptions fiscales, a dit le représentant.
Le grand problème que représente la pollution par la combustion de la biomasse traditionnelle, dans des locaux fermés, à des fins culinaires ou de chauffage dans les pays en développement, a été très souvent soulevé par les intervenants. À ce sujet, la représentante de l’Allemagne, qui parlait au nom de l’Union européenne, a proposé des mesures d’incitation qui permettraient aux populations de passer de l’usage de combustibles solides à celui de combustibles plus propres. Tout comme la représentante du Groupe des femmes, elle a souligné qu’il était essentiel de promouvoir une bonne ventilation des cuisines. Certains pays n’ont même pas de loi en matière de construction ou d’architecture, a relevé le représentant du Groupe des ONG, en citant notamment le cas du Népal. Il faut aussi aider les femmes et les enfants à changer leurs comportements en matière d’activités culinaires, a ajouté cet intervenant.
La pollution qui se produit dans des locaux fermés est la pire forme de pollution, a estimé le représentant du Pakistan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Elle affecte en premier lieu les pauvres, et particulièrement les femmes et les enfants, a-t-il relevé. À titre d’exemple, 90% des habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée n’ont pas accès à des sources d’énergie modernes et sont contraints d’utiliser les combustibles traditionnels. Cette méthode de cuisson d’aliments tue 1,6 millions de personnes chaque année, mais la situation s’est parfois améliorée grâce à des initiatives lancées à travers des partenariats, a relevé le représentant des États-Unis. La représentante du Groupe des entreprises et de l’industrie a souligné que le manque d’énergie entrave gravement le développement et a donc invité les entreprises, en tant qu’investisseurs, à travailler en partenariat avec les gouvernements pour résoudre ce problème.
Parmi les principales sources de pollution atmosphérique, les émissions dangereuses provenant des moyens de transports ont également fait l’objet de vives préoccupations de la part des intervenants au débat. Il est apparu qu’une première chose à faire, pour lutter contre cette pollution, est de définir une législation spécifique visant à encourager l’utilisation de véhicules plus propres. C’est ainsi que plusieurs pays ont pu éliminer l’utilisation de l’essence à plomb, conformément aux recommandations du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, qui demande l’élimination de l’utilisation de l’essence contenant du plomb comme combustible automobile. L’Indonésie a pu s’en débarrasser depuis le mois de juillet 2006, de même que l’Arabie saoudite et le Botswana. Le représentant des États-Unis s’est réjoui de constater que plusieurs pays africains et européens ont aussi pu éliminer ce combustible polluant.
Il faut aussi, comme l’a exprimé le représentant de l’Iran, promouvoir les transports en commun et ferroviaire. Le représentant du Groupe de la jeunesse, quant à lui, a invité les participants à utiliser davantage le biodiesel, tandis que celui du Costa Rica estimait qu’il fallait renforcer encore plus le contrôle à l’exportation des véhicules automobiles. La représentante d’Israël a, pour sa part, proposé des mesures visant à décourager les citadins de prendre leurs voitures.
Dans ses remarques de conclusion, le Président du débat, M. Traoré a noté que les stratégies et les actions lancées en ce qui concerne la lutte contre la pollution devaient tenir compte des situations et des conditions spécifiques de chaque pays. Une approche intégrée au niveau national, régional et international est nécessaire, a-t-il relevé, en mettant l’accent sur la nécessité d’opérer des transferts de techniques vers les pays en développement et sur le renforcement des capacités de ces pays.
Développement industriel
Poursuivant leur examen des orientations possibles et des mesures envisagées qui figurent dans le texte du Président, les délégations de la Commission du développement durable se sont penchées, cet après-midi, sur le thème du développement industriel. Au cours de cet échange, elles ont particulièrement insisté sur l’importance du rôle du secteur privé et de l’accès aux technologies, et ont noté qu’il était indispensable d’assurer aux pays une intégration au système commercial mondial afin d’y accélérer un développement industriel durable.
La majorité des intervenants au débat ont souligné que le développement industriel pouvait non seulement contribuer à la croissance, notamment par la création d’emplois, mais qu’il avait aussi un rôle à jouer dans la protection de l’environnement. Le développement industriel, s’il se base sur les principes de la viabilité et de la bonne gouvernance, peut être un moteur de la réalisation des OMD, a notamment déclaré la représentante de l’Allemagne, qui intervenait au nom de l’Union européenne.
Pour que les pays réalisent leur développement industriel, de nombreuses délégations ont insisté sur le rôle indispensable que doit y jouer le secteur privé. Les représentants du Canada et de l’Australie ont affirmé qu’il fallait que chaque pays crée, à cet égard, un environnement national favorable et des cadres stables de gouvernance, ce qui permettrait au secteur privé d’être plus dynamique, plus solide, et par conséquence, de prospérer. Le représentant des États-Unis a pour sa part mis l’accent sur le rôle indispensable qui doit revenir aux partenariats entre le privé et le public. Ces partenariats ont, selon lui, donné des résultats concrets et mesurables quand on leur a permis d’exister. De son côté, le représentant de la République de Corée a estimé que si les accords de libre échange pouvaient jouer un rôle déterminant dans la réalisation du développement industriel durable, car ils contribuent à la compétitivité, ils pourraient également comporter des dispositions relatives à la protection de l’environnement.
La responsabilité sociale et environnementale des entreprises a d’ailleurs été présentée comme étant un des principes clefs à inscrire dans le développement industriel durable par plusieurs délégations, dont celle de la Norvège. En outre, nombre de délégations ont déclaré qu’il fallait intensifier la recherche et les investissements consacrés aux technologies propres et surtout, faire en sorte que les pays en développement puissent en disposer. « Il faut un meilleur appui technique et financier en faveur des pays en développement pour qu’ils puissent adopter des technologies propres », a plaidé le représentant de la Jordanie, tandis quecelui du Sénégal estimait que la mise aux normes des industries devait être soutenue par des modèles financiers qui incitent les pays à l’appliquer.
Tout en soulignant les progrès réalisés par les pays en développement, la représentante du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que ces pays faisaient encore face à de nombreux défis de développement industriel, parmi lesquels elle a relevé le manque d’accès à l’énergie et la pénurie en infrastructures de base dont ils souffrent. La représentante a d’autre part estimé que le potentiel du commerce, en tant que moteur de croissance, était entravé par les capacités limitées des pays en développement en matière de ressources humaines, d’institutions et de compétences. Plusieurs délégations ont estimé que les pays en développement devraient bénéficier d’une plus grande assistance internationale et d’une coopération accrue, afin de les aider à se renforcer dans ces domaines.
En outre, la délégation du Pakistan a mis en exergue, comme de nombreux représentants dont ceux de l’Afrique du Sud ou de l’Inde, le potentiel qu’a le commerce dans l’apport de revenus et d’activités liées au développement industriel. Elle a à cet égard regretté que l’accès aux marchés des pays industrialisés soit rendu difficile par l’imposition d’obstacles tarifaires et non tarifaires. La représentante du Pakistan a, comme beaucoup d’autres représentants, plaidé pour l’élimination de ces obstacles, dont notamment les crêtes tarifaires. Partageant cette position, le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a indiqué que les stratégies de développement industriel devaient être élaborées en pensant aux bénéfices qu’elles pouvaient offrir aux pauvres.
Les grands Groupes de la société civile ont également pris part à cette discussion et ont fait des commentaires sur le texte de négociation du Président. Ainsi, la représentante du Groupe des entreprises et de l’industrie a souhaité que la Commission encourage l’innovation technologique, notamment par les partenariats, et présente des choix favorables à l’établissement de meilleures modèles de consommation et pour une utilisation plus rationnelle des ressources. La représentante des ONG a suggéré de proclamer une « journée internationale pour l’efficacité énergétique ». Enfin, la représentante du Groupe des jeunes a souhaité que les gouvernements mettent en place des moyens d’incitation économique et des politiques sociales qui récompenseraient les comportements qu’ils souhaitent encourager. Elle a aussi estimé que les progrès accomplis par chaque pays soient mesurés en utilisant des indices de croissance qui prennent en compte les facteurs sociaux et environnementaux et non pas seulement des données purement économiques.
Changements climatiques
Les émissions de gaz à effet de serre; l’élévation du niveau des mers; l’augmentation de la fréquence des ouragans et des cyclones ou encore la fonte des glaciers affectent tout particulièrement les pays les plus vulnérables que sont les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés (PMA). En présence de Bagher Assadi (Iran), Président du mécanisme de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et sous la présidence de Luiz Alberto Figueiredo Machado, du Brésil, les délégations participant à cette session de la Commission du développement durable ont examiné, cet après-midi, les mesures et les orientations envisagées pour faire face au phénomène des changements climatiques.
De nombreux pays subissent déjà les effets négatifs des changements climatiques, ont fait remarquer de nombreux intervenants, dont le représentant de la Tanzanie et celui des États membres de l’Alliance des petits états insulaires (AOSIS). Ce sont en outre les plus pauvres qui sont aussi majoritairement victimes des pratiques nuisibles des pays riches, résultant de leur mode de vie et de leurs habitudes de consommation. Les émissions de gaz à effet de serre en provenance des pays industrialisés sont, à cet égard, la première cause du réchauffement de la planète. Le représentant du Bangladesh a donc invoqué l’obligation qu’a la communauté internationale d’appliquer dans ce cas précis le principe du pollueur-payeur.
Pour faire face aux conséquences des émissions de gaz à effet de serre, la délégation du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et qui a été rejointe par d’autres délégations, a lancé un appel à tous les États pour qu’ils ratifient la Convention-cadre sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto. Concrètement, les délégations ont donc demandé aux pays développés de diminuer de manière urgente et drastique leurs émissions de gaz à effet de serre. Les États de l’Union européenne se sont, dans une déclaration commune, dits prêts à s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 30%, d’ici à 2020 par rapport au niveau qu’elles atteignaient en 1990, à condition que les autres pays développés s’engagent à procéder des réductions de niveaux comparables. Le représentant des États-Unis a évoqué, pour sa part, l’« Initiative 20/10 » du Président Bush, qui vise à réduire la consommation d’essence des Américains de 20% au cours des 10 prochaines années. La délégation de la Fédération de Russie a, quant à elle, signalé que son pays avait réduit la quantité de ses émissions dans l’atmosphère, grâce notamment à la capacité d’absorption de carbone de ses importants massifs de forêts.
Pour la délégation du Canada, la communauté internationale devrait saisir l’occasion de cette session de la CDD pour convenir d’un cadre d’action pour la période post-2012. Les pays industrialisés se sont en effet engagés, aux termes du Protocole de Kyoto, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre après 2012, avec d’ici-là un objectif de les réduire de 5% en dessous des niveaux qu’elles atteignaient en 1990. Pour le représentant de l’Allemagne, porte-parole de l’Union européenne, « il est urgent d’avoir un accord global et complet pour combler le fossé entre les deux premières périodes d’engagement du Protocole de Kyoto. »
Les principes de Rio, et notamment le Principe 7, relatif à la responsabilité commune mais différenciée, qui met l’accent sur la responsabilité particulière qui incombe aux pays développés lorsqu’il s’agit de résoudre les problèmes environnementaux de portée mondiale, ont été réaffirmés cet après-midi par le Groupe des 77 et de la Chine et d’autres intervenants, dont notamment le Brésil.
La CDD représente un instrument politique de haut niveau, tandis que la Convention et le Protocole de Kyoto ont un rôle complémentaire, a expliqué le Président du Mécanisme de la Convention-cadre contre les changements climatiques, M. Bagder Assadi, de l’Iran. Pour la délégation de la Suisse, il ne faut pas que les travaux de la CDD fassent double emploi avec ceux du Mécanisme de la Convention-cadre. La CDD doit jouer un rôle dans cinq différents domaines de travail, a estimé l’Afrique du Sud: l’adaptation aux changements climatiques; l’atténuation de ces changements; la gestion des conséquences imprévues des politiques d’adaptation; la recherche et le développement; et la recherche des moyens de financement de la mise en œuvre des mesures à prendre.
Le Groupe des 77 et de la Chine a pour sa part proposé les options politiques suivantes: élaborer des politiques tenant compte des engagements auxquels les États ont souscrit à l’issue des sommets et des conférences pertinentes; encourager les pays de l’annexe 1 du Protocole de Kyoto à soutenir le transfert de technologies vers les pays en développement; inviter les pays développés à diminuer plus encore leurs émissions de gaz à effet de serre; et simplifier les mécanismes de financement du Fonds mondial pour l’environnement.
M. Assadi a pour sa part évoqué deux fonds qui sont déjà en fonctionnement (le Fonds pour les changements climatiques et le Fonds pour les pays les moins avancés), tandis qu’un autre, le Fonds pour l’adaptation, est en cours de création. Le représentant de l’Indonésie a d’ailleurs souhaité que ce dernier puisse rapidement fonctionner. Le représentant de l’Alliance des petits États insulaires a, en effet, souligné que ces États ont besoin d’une aide particulière pour trouver des solutions de financement pratiques aux problèmes qui leur sont spécifiques. Il a, à cet égard, évoqué la nécessité pour les petits États insulaires de mettre en place des systèmes d’alerte précoce, de prévision de risques et de réaction en cas de catastrophes.
Parmi les représentants des grands groupes qui se sont exprimés, celui des agriculteurs a regretté que le texte du Président ne mentionne pas l’agriculture dans le domaine des changements climatiques.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel