LA PARTICIPATION DES GRANDS GROUPES AUX TRAVAUX DU FORUM DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS DOIT ÊTRE RENFORCÉE, PLAIDENT LEURS REPRÉSENTANTS
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Forum des Nations Unies sur les forêts
Septième session
5e séance – matin
LA PARTICIPATION DES GRANDS GROUPES AUX TRAVAUX DU FORUM DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS DOIT ÊTRE RENFORCÉE, PLAIDENT LEURS REPRÉSENTANTS
Ce sont les intérêts placés dans le contrôle des ressources forestières et le manque de volonté politique qui entravent la gestion durable des forêts, a déclaré, ce matin, le représentant du groupe des ONG devant les États membres du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), qui avait invité les grands groupes à participer à un dialogue multipartite.
Pour leur première intervention dans le cadre de la septième session du Forum, les représentants des grands groupes ont estimé que leur participation aux travaux du FNUF pourrait être renforcée et que leurs avis devaient être pris en compte, en particulier dans les négociations sur l’instrument juridique international non contraignant et le choix des priorités qui seront inscrites au programme de travail pluriannuel pour la période 2007-2015.
Ainsi, le représentant du Groupe des enfants et de la jeunesse a souhaité que des indicateurs en matière d’éducation et de renforcement des capacités figurent expressément dans ces deux documents, tandis que le Groupe des femmes a demandé l’adoption de mécanismes de parité appropriés pour permettre à celles-ci de participer pleinement aux délibérations et, d’en recruter davantage au sein des institutions qui s’occupent de la protection des forêts.
Le représentant des ONG a aussi considéré que l’instrument juridique non contraignant ne contribuerait pas à l’amélioration de la situation actuelle, s’il ne prenait pas en compte les droits des peuples autochtones, des schémas de consommation et de production et des flux commerciaux et financiers du bois.
Le Groupe des autochtones a renchéri sur ce point, qualifiant « d’ambigu et faible » le projet d’instrument juridique non contraignant en ce qui concerne les droits des personnes dont les moyens de subsistance dépendent étroitement des forêts. Le Sommet mondial sur le développement durable avait pourtant réaffirmé le rôle vital des populations autochtones, a fait observer le représentant, qui a également regretté qu’aucune mention ne soit faite dans le texte des aspects culturels et spirituels des forêts chers à ces populations.
Ce projet de texte ne fait pas davantage référence à la situation des travailleurs forestiers, a relevé le représentant de leur groupe, comme si le commerce du bois et de ses produits dérivés était plus important pour le Forum, que les conditions de travail qui rendent ce commerce possible. Pourtant, tant que 75% de la main d’œuvre forestière sera forcée d’accepter des contrats informels, souvent dans des conditions dangereuses et pour de faibles salaires, la question d’un partage équitable des bénéfices forestiers ne pourra pas être posée, a-t-il prévenu.
Les délégations se sont, dans l’ensemble, félicitées des interventions des grands groupes même si un certain nombre d’entre elles ont estimé qu’il serait difficile d’inclure leurs points de vue à ce stade des négociations, alors que le projet de texte est déjà à l’étude. L’Australie a, pour sa part, regretté l’absence d’un représentant du secteur privé et des entreprises pour qu’il puisse répondre à certaines des préoccupations exprimées, souhaitant qu’il prenne part à la prochaine phase du dialogue avec les parties prenantes, qui aura lieu la semaine prochaine.
Avant de tenir cette séance publique, le Forum des Nations Unies sur les forêts avait organisé une table ronde autour du Partenariat de collaboration sur les forêts, une alliance novatrice regroupant 14 organisations et institutions forestières internationales et secrétariats de conventions liés aux forêts. Le PCF a été établi en avril 2001, conformément à la recommandation du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC).
La prochaine séance publique du Forum aura lieu vendredi 20 avril, à 16 h 30.
TABLE RONDE AVEC LES PRÉSIDENTS DU PARTENARIAT DE COLLABORATION SUR LES FORÊTS
M. HANS HOOGEVEN, Président de la septième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a déclaré qu’au cours des dernières années, le besoin de renforcer la coopération et la coordination entre les organes des Nations Unies chargés de la protection des forêts s’était fait ressentir, et ce, afin d’améliorer l’efficacité et la cohérence de leur action sur le terrain. Dans ce contexte, l’ECOSOC a créé cette nouvelle initiative connue sous le nom de Partenariat de collaboration sur les forêts, présidée par les chefs politiques des organisations en charge de la protection des forêts. Ils sont réunis, aujourd’hui, pour faire part de leurs idées sur la façon de renforcer cet outil et mettre en œuvre l’instrument juridiquement non contraignant et le programme de travail du Forum, qui font l’objet de négociations parallèles.
M. JAN HEINO, Directeur général adjoint du Département forestier de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’exprimant au nom du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF), qu’il préside, a annoncé qu’il attendait avec intérêt de savoir ce que les États membres du FNUF souhaitent pour le programme de travail pluriannuel du Forum. Il est important que le PCF appuie les mesures que les pays doivent prendre au niveau national, en les aidant à préciser leurs priorités.
M. PEKKA PATOSAARI, Directeur du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, a rappelé pour sa part que dans sa résolution 2000/35, l’ECOSOC avait décidé d’inviter les chefs des organisations pertinentes des Nations Unies à constituer un Partenariat pour renforcer les travaux du FNUF. Ils sont maintenant invités à prendre la parole.
M. LUIS MACCHIAVELLO AMOROZ, Président du Conseil international du bois tropical, a expliqué que ce Conseil était une organisation intergouvernementale créée en 1986 et chargée d’administrer l’Accord international sur les bois tropicaux, qui vise notamment la diversification du commerce des bois tropicaux et la gestion durable de ces ressources. Il a précisé que ce Conseil gérait de nombreux projets, notamment des activités d’appui, pour assurer que les bois tropicaux sont gérés de manière durable. Il a souligné les progrès encourageants effectués dans les pays producteurs mais a constaté que seules 12% des forêts tropicales du monde faisaient l’objet d’une gestion durable. Beaucoup de zones sont encore menacées par le déboisement ou les coupes illégales, a-t-il fait remarquer. Parmi les raisons qui pourraient expliquer ce manque de mise en œuvre, il a rappelé que la plupart de ces forêts se trouvaient dans des pays en développement qui rencontrent des défis majeurs et pour lesquels la question des forêts tropicales n’est pas sur la liste des priorités nationales. Toutefois, il a insisté sur la nécessité d’améliorer les lois régissant les forêts, la coupe, le reboisement, ou encore l’aide aux communautés locales qui dépendent de l’exploitation des forêts. S’agissant du rôle du Forum des Nations Unies sur les forêts, M. Amoroz a estimé que celui-ci devait passer de l’étude des thèmes généraux à une stratégie concrète pour lutter contre la déforestation dans les zones tropicales, en mettant d’abord l’accent là où les pertes ont été les plus importantes.
M. JORGE RODRIGUEZ, Vice-Ministre de l’environnement et de l’énergie du Costa Rica, s’exprimant au nom du Ministre Roberto Dobles, Président du Conseil des Gouverneurs du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE, a déclaré que les différents organes pertinents en matière de protection des forêts devaient travailler à des fins de complémentarité pour ne pas empiéter sur leurs prérogatives respectives. Il a rappelé qu’à l’heure actuelle, une réflexion était menée au sein du PNUE sur la bonne gouvernance en matière de protection des forêts et les technologies propres. Selon le Vice-Ministre, les défis environnementaux doivent être inscrits dans la planification des politiques nationales. Le PNUE a donc décidé d’organiser, l’an prochain, au Costa Rica, une réunion internationale afin de mobiliser le plus grand nombre possible de pays en développement et les aider à relever les défis posés par les changements climatiques et par la perte de biodiversité. Les efforts déployés par le FNUF et le PNUE doivent contribuer à la réalisation des objectifs mondiaux fixés pour les forêts et découlant du dialogue international actuellement engagé, a-t-il conclu.
M. ANDREW BENNET, Président du Conseil d’administration du Centre international de recherche sur les forêts, a indiqué qu’au cours des dernières années, il était devenu de plus en plus clair que la demande de biens et services des forêts allait augmenter, quelle que soit l’efficacité de la gestion des ces ressources, en raison du volume des réserves actuelles. Il a toutefois souligné que dans certaines régions, les forêts se rétablissaient et parfois augmentaient. Il s’est dit préoccupé par le fait que des pays relativement riches ne consacrent pas plus d’énergies et de fonds à la gestion des forêts. Par ailleurs, M. Bennet a insisté sur le rôle des forêts afin d’atténuer les changements climatiques, notant l’importance des échanges de carbone et des réserves de carbone. De l’avis de M. Bennet, il faudrait s’assurer que ces mécanismes profitent avant tout aux petits exploitants. Il a indiqué que le Centre international de recherche sur les forêts, crée en 1993, était encore à ses débuts. Les produits de nos recherches, nos analyses, nos idées, la technologie, tout cela deviendra utile si ceci permet de préserver et d’accroître la valeur des forêts et s’il est possible de les traduire en mesures concrètes, a-t-il déclaré. Dans ce contexte, il a souligné l’importance des partenariats de coopération entre centres de recherche et institutions de développement des forêts. Ces institutions, a-t-il poursuivi, doivent avoir un mandat clair afin de tirer le meilleur parti des informations des centres de recherche et fournir un véritable appui au niveau national dans la gestion des forêts.
M. WARREN EVANS, Directeur du Département environnement de la Banque mondiale, a affirmé que les objectifs mondiaux définis par le Forum des Nations Unies sur les forêts étaient étroitement alignés sur les priorités de la Banque mondiale en matière de protection des forêts, qui s’appuient sur des nombreux partenariats. Il a en effet rappelé que l’aide publique au développement (APD) ne suffirait pas à fournir l’appui financier indispensable aux activités liées à la sauvegarde des forêts. M. Evans s’est dit heureux de voir l’importance de plus en plus grande accordée au rôle des forêts dans l’atténuation des changements climatiques. Dans de nombreux pays en développement, le déboisement est la principale cause d’émissions de carbone, a-t-il fait observer, avant d’annoncer que la Banque avait créé une nouvelle alliance pour aider ces pays, tout en élaborant une stratégie de bonne gouvernance pour les aider à mettre en place une gestion durable. Pour réaliser les objectifs définis par le FNUF, il faut adopter l’approche de « portefeuilles » proposée par le Programme sur les forêts (PROFOR) et l’assortir d’une assistance technique. Pour sa part, la Banque mondiale, qui consacre entre 300 et 500 millions de dollars par an à la protection des forêts, vient de lancer un service des partenariats pour des carbones des forêts, a conclu M. Evans.
M. HEINO a indiqué que la FAO allait procéder à un examen de ses priorités en matière de foresterie d’ici à mars 2009. Il a rappelé que le programme forestier de la FAO avait comme priorité d’ensemble la mise en œuvre d’une gestion durable des forêts. Il a fait valoir que le Comité sur les forêts de la FAO s’était réuni le mois dernier à Rome et avait notamment demandé à la FAO de renforcer son rôle en tant que centre de connaissances et de communications sur les forêts ainsi que son appui aux programmes nationaux forestiers. Ce Comité a aussi souhaité que la FAO assiste les États dans leurs efforts pour améliorer leurs lois forestières, a-t-il encore noté. Faisant part des nombreuses activités de la FAO dans le domaine de la foresterie, il a affirmé que l’Organisation était pleinement engagée dans les efforts fournis par le système des Nations Unies dans son ensemble pour améliorer la cohérence et la coopération. Il a notamment expliqué que la FAO travaille, à un niveau ou un autre, avec tous les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF), se félicitant du rôle de ce Partenariat pour parvenir à une approche coordonnée des activités forestières. En outre, il a précisé que la coopération de la FAO allait au-delà des membres de ce Partenariat et s’étendait à de nombreuses organisations internationales, régionales et nationales, y compris des ONG.
M. RISTO SEPPALA, ancien Président de l’Union internationale des organisations de recherche des forêts, a déclaré que cet organisme coordonnait l’initiative commune de protection des forêts, en servant de point focal aux activités du Partenariat de collaboration sur les forêts. L’Union organisera d’ailleurs, l’an prochain, une conférence internationale à Séoul. La septième session du FNUF donne une nouvelle occasion à l’Union de renforcer son appui au FNUF, a poursuivi le représentant, précisant qu’il établit un lien important entre les décisions politiques et les conclusions scientifiques. Face à l’appui scientifique et technique dont le Forum a besoin dans certains domaines, l’Union a décidé de lancer un nouvel accord PCF-FNUF qui vise à fournir aux États Membres les toutes dernières connaissances indispensables pour relever les défis politiques, a conclu M. Seppala.
M. MARK ZIMSKY, représentant du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a rappelé que ce Fonds était un mécanisme financier pour les trois Conventions internationales qui sont directement impliquées dans les questions de gestion durables des forêts: la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Ces trois Conventions mettent l’accent sur l’importance de la conservation et l’utilisation et la gestion durables des forêts pour parvenir à leurs propres objectifs, a-t-il précisé. Le FEM obtient des conseils sur les aspects de la gestion forestière à intégrer dans les projets qu’il finance pour générer des bénéfices mondiaux en matière environnementale. En outre, il a estimé que les projets du FEM démontraient l’importance qu’accordent les États à l’investissement en faveur d’outils de gestion durable des forêts. Depuis sa création en 2005, le FEM a financé plus de 230 projets relatifs à la gestion durable des forêts pour un total de 1,2 milliard de dollars, a-t-il fait valoir.
Par ailleurs, M. Zimsky a noté que le FEM connaissait actuellement un processus de réforme, qui comprenait notamment l’élaboration d’un cadre stratégique pour la gestion durable des forêts, qui doit être présenté en juin prochain. Ce cadre vise à offrir plusieurs options aux États afin qu’ils puissent mettre en œuvre une gestion durable de leurs forêts par le biais de projets du FEM sur l’amélioration de la gestion de la production forestière, par exemple, ou encore sur la mise en place de zones protégées. Enfin, toujours dans le cadre de cette réforme, il a noté que le FEM tentait de réduire et de simplifier l’attribution des ressources de ses projets.
Réagissant à ces interventions, le Guatemala a déclaré qu’il fallait que le PCF aide les gouvernements à renforcer leurs priorités nationales. Comment allons-nous faire pour renforcer cette volonté de coopération au niveau régional? a voulu savoir le Costa Rica, avant que l’Australie demande que les informations soient mieux présentées à l’avenir. Quel ordre de priorité donner aux questions en matière de protection et de sauvegarde des forêts? Le représentant de la République dominicaine a déclaré que les ressources de la communauté internationale devaient entrer en synergie avec les priorités nationales des États.
DIALOGUE MULTIPARTITE
Présentation des documents de travail des grands groupes
M. PATOSAARI, Directeur du Secrétariat du FNUF, a présenté la note du Secrétaire général sur le dialogue multipartite (E/CN.18/2007/4). Il a souligné le travail difficile des grands groupes qui doivent consulter de nombreux interlocuteurs en vue de leur participation à ce dialogue. Soulignant l’importance de cet échange avec le Forum, il a toutefois estimé que le travail accompli en coopération avec les parties prenantes pouvait être amélioré. S’agissant du prochain programme de travail pluriannuel, il a argué que les délégations pourraient envisager de continuer à impliquer les parties prenantes à des groupes d’experts spéciaux pour les travaux du Forum et devraient recourir à cette pratique pour évaluer la mise en œuvre du futur instrument juridique contraignant sur les forêts. Cette participation peut contribuer de manière marquée au travail du Forum et possède un grand potentiel pour la coopération de tous les acteurs dans les années à venir, a-t-il affirmé.
Le représentant du Groupe des enfants et de la jeunesse a noté que ce Groupe avait participé activement aux travaux du Forum depuis sa création et s’est félicité des efforts visant à mettre l’accent sur l’importance de l’éducation et du renforcement des capacités. Les jeunes d’aujourd’hui sont la prochaine génération qui dépendra des forêts, a-t-il fait valoir, en déclarant qu’une éducation appropriée pourrait les sensibiliser à une gestion durable des ressources forestières. Il a encouragé le Forum à évaluer les résultats des efforts d’éducation pour tous les États Membres. Par ailleurs, le représentant a plaidé pour une plus grande implication des grands groupes, notamment dans les dialogues au niveau régional. Se félicitant de l’élaboration d’un instrument juridique non contraignant et de celle du programme de travail pluriannuel du Forum, il a toutefois souhaité que la mise en œuvre et les indicateurs en matière d’éducation et de capacités figurent expressément dans ces deux documents.
La représentante du Groupe des femmes a déclaré que ce Groupe avait permis d’impliquer les femmes dans la gestion durable des forêts, mais que leur niveau de participation était encore trop faible. Elle a estimé qu’il s’agissait là d’une dimension essentielle qui devait être incluse dans les discussions de la septième session du Forum. L’absence de mécanismes de parité appropriés les empêche en effet de participer pleinement aux délibérations, surtout dans le cadre de l’initiative du secteur privé. Il faut donc renforcer les capacités des femmes et en recruter davantage dans les institutions traitant des forêts, a-t-elle conclu.
Le Groupe des exploitants agricoles et des petits propriétaires de forêts représente les intérêts de la foresterie locale, a déclaré son représentant. Les familles agissant dans ce cadre poursuivent plusieurs objectifs, dont la préservation de la biodiversité. À cette fin, il faut établir un cadre institutionnel approprié pour les aider à réaliser ces objectifs. Un autre élément clef est un système foncier adapté pour assurer la gestion durable des forêts, dont il faudra tenir compte au moment d’adopter l’instrument juridique non contraignant, a-t-il souligné. Tout en appréciant ce dialogue multipartite, le représentant a cependant souligné que la bonne mise en œuvre du Programme de travail pluriannuel nécessiterait une prise en compte accrue des avis de tous les grands groupes.
Prenant la parole à la fois pour le Groupe des populations autochtones et pour celui des ONG, le représentant de ce dernier a fait remarquer que malgré les efforts de ces dernières années, la crise mondiale des forêts se poursuivait. Il a estimé que l’action était entravée par les intérêts qui contrôlent les ressources forestières et par le manque de volonté politique à l’égard de la conservation et de la gestion durable des forêts. En outre, il a souligné la tendance accrue qui consiste à se reposer sur le marché pour trouver des solutions, alors que c’est en fait dans le marché que beaucoup de problèmes ont leur origine. Il a aussi considéré que l’instrument juridique non contraignant ne contribuerait pas à l’amélioration de la situation actuelle s’il ne traitait pas des droits des peuples autochtones, des schémas de consommation et de production et des flux commerciaux et financiers du bois.
Poursuivant cette intervention commune, le représentant du Groupe des populations autochtones a déclaré qu’il était urgent de reconnaître et respecter les droits des populations autochtones et des communautés locales qui dépendent des forêts. Il a souhaité que l’on traite des questions sous-jacentes à la déforestation, insistant sur la nécessité de réduire la consommation des ressources forestières. Le représentant a estimé que le projet d’instrument juridique non contraignant était loin des Principes forestiers et d’Action 21, le qualifiant « d’ambigu et faible » en ce qui concerne les droits des personnes qui dépendent des forêts. Ainsi, il a rappelé que le Sommet mondial sur le développement durable avait réaffirmé le rôle vital des populations autochtones dans le développement durable, tandis que le projet d’instrument juridique non contraignant sur les forêts n’en faisait pas mention. Enfin, il a déclaré que ce texte était basé sur les aspects commerciaux des forêts et non sur les aspects culturels et spirituels qui sont chers aux populations autochtones et, a regretté qu’il n’envisage pas un mécanisme financier accessible aux populations autochtones.
Le représentant de la Communauté scientifique et technologique s’est félicité que le projet de texte de l’instrument international juridique non contraignant tenait compte de la contribution de la science et de la recherche, puisqu’il prévoit des expertises dans les programmes et les politiques forestiers. Il a également salué la résolution des États Membres à élargir les capacités scientifiques et technologiques relatives aux forêts des pays en développement. Le projet de texte mentionne également la résolution des États Membres à promouvoir la coopération technique et scientifique au travers des institutions internationales, régionales et nationales appropriées. Le Groupe a émis le souhait que ces résolutions très encourageantes puissent se concrétiser dans le programme de travail pluriannuel et que les initiatives de partenariats évoquées, ce matin, soient considérées comme des piliers des programmes de mise.
Le représentant du Groupe des travailleurs et des syndicats a déploré que le projet actuel de l’instrument juridique non contraignant ne fasse pas une seule fois, dans 24 pages de texte, mention des travailleurs forestiers. Puisqu’il n’y a pas de référence aux travailleurs, il n’y a pas non plus de mention de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a-t-il encore regretté. Il a pourtant estimé que sans cette référence ou une mention des normes de travail, l’instrument ne pourrait pas couvrir la question d’un partage équitable des bénéfices forestiers. Il a indiqué que la pauvreté ne serait pas réduite et les bénéfices ne seraient pas partagés tant que 75% de la main d’œuvre forestière seront forcés à accepter des contrats informels et souffrent de l’instabilité de l’emploi, de conditions de travail dangereuses et de faibles salaires. Il a, en outre, argué que le projet d’instrument juridique non contraignant donnait l’impression que le commerce du bois et de ses produits était plus important que les conditions de travail qui rendent ce commerce possible. Il semble clair que les piliers environnemental et économique de la gestion durable des forêts sont plus égaux que le pilier social, a-t-il déclaré, en demandant que les délégations rectifient cette omission.
Les États-Unis se sont félicités des interventions faites par les grands groupes, dont la participation au sein du FNUF et aux niveaux régional et national doit être, selon son représentant, renforcée. L’Allemagne, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a également remercié les groupes pour avoir attiré l’attention sur des questions essentielles. Pour sa part, l’Uruguay a déclaré qu’il tiendrait particulièrement compte des vues exprimées par le Groupe des syndicats et des travailleurs. Une des questions qui se posera à l’heure des négociations au sein du programme de travail, c’est de savoir comment les préoccupations des grands groupes seront traitées, a-t-il ajouté. La République-Unie de Tanzanie a indiqué que l’adoption de nouveaux mécanismes financiers était une des questions cruciales évoquées par certains des grands groupes pour renforcer la capacité des pays en développement. Le représentant du Sénégal a reconnu qu’il y avait encore beaucoup à faire pour transférer aux communautés locales des pouvoirs en matière de gestion des forêts. Celui du Panama a déclaré qu’il avait apprécié l’intervention du Groupe des peuples autochtones qui, dans son pays, participe activement à la gestion des forêts. L’Australie a regretté l’absence du secteur privé et des entreprises et a espéré qu’un représentant prendrait part à la prochaine phase du dialogue avec les parties prenantes. Pour la délégation de la Suisse, la participation des grands groupes aux groupes de travail était nécessaire. Ils devraient également être inclus au processus de négociations par les gouvernements au niveau national, a estimé de son côté la Malaisie.
Répondant à ces observations, le représentant des ONG a déclaré qu’il n’était pas complètement satisfait de la manière dont les travaux du Forum étaient conduits, tandis que celui du Groupe des travailleurs et syndicats a indiqué que le texte de l’instrument juridique en cours de négociations pourrait faire mention des travailleurs et des droits des populations autochtones.
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