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ENV/DEV/912

LES DÉLÉGATIONS PRÉPARANT LA CDD-15 DÉBATTENT DE DEUX PHENOMÈNES ÉTROITEMENT LIÉS: LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

28/02/2007
Conseil économique et socialENV/DEV/912
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Réunion préparatoire intergouvernementale

5e et 6e séances – matin & après-midi


LES DÉLÉGATIONS PRÉPARANT LA CDD-15 DÉBATTENT DE DEUX PHENOMÈNES ÉTROITEMENT LIÉS: LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ET LE CHANGEMENT CLIMATIQUE


Les délégations, les experts et les grands groupes participant à la Réunion préparatoire à la quinzième session de la Commission du développement durable (CDD-15) se sont penchés aujourd’hui sur les phénomènes interdépendants de la pollution atmosphérique et du changement climatique au cours de deux tables rondes consacrées à chacune de ces questions.


Au cours de la première, les experts ont imputé en grande partie la pollution atmosphérique à l’accroissement des activités de transports individuels et commerciaux utilisant des véhicules fonctionnant à l’essence et au diesel.  Le cas de la pollution des grandes agglomérations urbaines a, à cet égard, été relevé.  La communauté internationale devrait élaborer des politiques de régulation encourageant l’utilisation des biocarburants et des énergies propres, comme le gaz naturel liquéfié, qui ne contient pas de plomb et émet 70% moins de monoxyde de carbone que l’essence ordinaire, ont recommandé des experts et des délégations.


Plusieurs représentants, dont celui du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont fait remarquer que les pays en développement jouaient un rôle de pionniers dans l’utilisation de ce type de carburant.  Un des deux experts prenant part à la table ronde a préconisé pour sa part l’élimination définitive du plomb comme additif dans les carburants à base d’hydrocarbure, comme cela est déjà le cas dans tous les pays d’Afrique subsaharienne, et la réduction au strict minimum du taux de soufre contenu dans l’essence.


Au cours de la deuxième table ronde, les participants se sont déclarés extrêmement inquiets des répercussions du changement climatique, qui se traduit déjà par la montée du niveau des mers et des océans et par des dégradations irréversibles des écosystèmes marins.  Outre une réduction indispensable des émissions de gaz à effet de serre, plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité de promouvoir la production nationale et décentralisée de bioénergies, cette option ayant aussi le mérite de créer des emplois tout en limitant le recours traditionnel à l’utilisation de la biomasse comme source d’énergie.


L’heure est venue de passer à l’action, ont déclaré de nombreuses délégations en proposant le lancement d’initiatives concertées associant les organisations internationales et régionales, les institutions financières internationales, la société civile et le secteur privé.  Rappelant que le Protocole de Kyoto fait obligation à 38 pays industrialisés de réduire de 5,2% leurs émissions de dioxyde de carbone d'ici à 2012 par rapport à leurs niveaux d’émissions de 1990, la délégation de l’Allemagne a annoncé que l’Union européenne, qu’elle préside, envisageait de réduire les siennes d’au moins 20% d’ici à 2020.  Sur cette question, le principe de responsabilité commune mais différenciée a été rappelé par des délégations des pays en développement, qui se voient imposer des contraintes alors que leur contribution au changement climatique reste marginale.


La Réunion préparatoire de la Commission du développement durable poursuivra ses travaux demain, jeudi 1er mars, à 10 heures.


ORIENTATIONS POSSIBLES ET MESURES ENVISAGÉES POUR ACCÉLÉRER LES PROGRÈS SUR LA QUESTION RELATIVE À LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ET À L’ATMOSPHÈRE


Exposés


M. HILAL A. RAZA, Directeur général de l’Institut de développement des hydrocarbures du Pakistan, a indiqué que les émissions de gaz provenant du transport routier contribuaient en grande partie à la pollution atmosphérique dans les pays en développement, ceci se vérifiant particulièrement dans les grandes villes à forte densité de véhicules consommant de l’essence et du diesel.  La mauvaise qualité du carburant, le mauvais état des véhicules vieillissants et l’importance du trafic aggravent ce problème, a-t-il ajouté.  Il a rappelé que le gaz naturel était utilisé depuis plusieurs décennies comme carburant automobile.  Il a relevé qu’on estimait que 6 millions de véhicules fonctionnaient au gaz naturel compressé en ce moment à travers le monde, l’Amérique latine en étant le plus grand utilisateur, suivie par l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord.  Le Pakistan est le plus grand consommateur de ce type de carburant en Asie et le troisième dans le monde, a précisé M. Raza, en notant que le gaz naturel représentait 10% du carburant utilisé dans les transports dans son pays. 


Le représentant pakistanais a ensuite affirmé que le choix du gaz naturel constituait une mesure importante visant à améliorer la qualité de l’air.  Le gaz liquéfié, a-t-il poursuivi, ne contient pas de plomb et émet 70% moins de monoxyde de carbone que l’essence ordinaire.  Le Pakistan a réussi à promouvoir l’usage du gaz naturel par le biais d’initiatives politiques basées sur les mécanismes du marché, a poursuivi M. Raza, en indiquant que le projet pilote lancé par l’Institut qu’il dirige avait entraîné des investissements de l’ordre de 500 millions de dollars de la part du secteur privé afin d’établir les infrastructures nécessaires au réapprovisionnement, à la conversion et à la fabrication de carburants, créant ainsi 28 000 emplois au Pakistan.  Il a constaté que le prix croissant de l’essence avait été une des raisons principales de la transition opérée vers l’usage du gaz naturel, qui a aussi été facilitée par diverses initiatives politiques encourageant l’utilisation de cette énergie.  Il a à cet égard cité la déréglementation du prix du gaz naturel, le soutien aux investissements et les exemptions de taxes s’appliquant aux équipements afférents.


M. Raza a indiqué que les utilisateurs de carburant au diesel étaient moins enclin à passer au gaz naturel, parce que le prix du diesel était moins élevé que celui de l’essence.  Il a souligné les efforts déployés par le Gouvernement pour encourager le passage au gaz naturel, dont notamment la mise en place de mesures incitatives pour remplacer les autobus roulant au diesel par des véhicules roulant au gaz naturel dans les villes.  Il a estimé qu’une fois qu’un bon réseau de stations d’approvisionnement serait établi, il y aurait de plus en plus d’autobus et de camions fonctionnant au gaz naturel, ce qui aurait une incidence de taille sur l’index de pollution des villes.


Qualifiant le gaz naturel liquéfié de « solution pratique » à la pollution atmosphérique, M. Raza a indiqué que d’autres pays pouvaient s’inspirer de l’expérience du Pakistan, tout en insistant sur l’importance de prendre en compte l’environnement propre à chaque pays.  Il a aussi estimé qu’il fallait créer des synergies entre les retombées économiques et les bénéfices écologiques, affirmant qu’une initiative environnementale ne pouvait pas réussir si elle n’avait pas un intérêt économique. 


M. BRIAN DOLL, Président du Groupe des carburants de l’Association internationale de l'industrie pétrolière pour la sauvegarde de l'environnement (IPIECA), a déclaré que le temps était venu pour les Nations Unies de lancer une initiative diplomatique majeure pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la nécessité d’éliminer définitivement le plomb comme additif dans la chaîne d’approvisionnement en carburants.  Une fois qu’un tel objectif aura été atteint, l’étape suivante sera de veiller à ce que le taux de souffre contenu dans l’essence soit compatible avec les convertisseurs catalytiques les plus récents dont les pays souhaitent équiper leurs parcs de véhicules, a préconisé l’expert.  Mais réduire les éléments sulfurés est bien plus difficile et coûteux qu’éliminer le plomb, a-t-il prévenu, en raison du fait qu’il ne s’agit pas d’un additif, mais d’un composant chimique présent dans les molécules d’essence et de diesel.  Ce problème se pose particulièrement dans les petites raffineries, qui ne disposent pas toujours des moyens d’éliminer le souffre contenu dans les hydrocarbures, a dit l’expert.  M. Doll s’est ensuite inquiété de la pollution causée par les émissions de gaz toxiques provenant de l’acheminement d’hydrocarbures. 


Il a ensuite rappelé que les nouveaux biocarburants, en pleine croissance, posaient autant de défis qu’ils offraient d’opportunités.  En effet, un certain nombre de problèmes ont déjà été constatés dans les pays qui cultivent à grande échelle l’huile de palme ou le manioc, qui sont nécessaires à l’élaboration de certains biocarburants, a-t-il rappelé.  La « reconversion » des hydrocarbures aux biocarburants doit donc se faire de façon responsable, a insisté le représentant.  Conscients que de nombreuses organisations internationales travaillent sur des initiatives intersectorielles en ce qui concerne les biocarburants, l’IPIECA souhaite qu’une seule s’en occupe en se fondant sur des règles scientifiques acceptées par tous, a suggéré l’expert.


Débat interactif


Ouvrant le débat interactif sur la question de la pollution atmosphérique, le représentant du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé qu’il fallait agir à tous les niveaux pour pouvoir lutter efficacement contre la pollution atmosphérique.  Il a insisté sur l’importance d’un renforcement de la coopération internationale afin d’aider les pays en développement à mettre en œuvre leurs plans et stratégies nationales de lutte antipollution.  Dans ce cadre, il a appelé la communauté internationale à développer un cadre d’assistance en vue de soutenir la modernisation des centrales électriques thermiques, ainsi que les efforts visant à promouvoir l’utilisation de nouveaux types de carburants, et à renforcer les normes de qualité de l’air.  Il a aussi mis en avant la nécessité d’aider les pays en développement pour qu’ils se convertissent à l’utilisation des énergies renouvelables. 


Il faudrait aussi améliorer la collecte des données concernant la pollution atmosphérique et faciliter le transfert de technologies abordables, plus efficaces et plus respectueuses de l’environnement, a recommandé le représentant du Pakistan.  Il a ensuite proposé que soient identifiés les obstacles et les contraintes financières, technologiques et institutionnelles auxquels font face les pays en développement en matière de lutte contre la pollution atmosphérique.  Le porte-parole du Groupe des 77 a ensuite suggéré qu’au niveau national les gouvernements soient encouragés à mieux surveiller la qualité de l’air par l’élaboration de stratégies et a proposé que l’on améliore les politiques de réduction des risques environnementaux à travers un renforcement des capacités humaines et institutionnelles pertinentes.  La promotion de moyens de transports publics plus propres et plus écologiques et la sensibilisation du public aux dangers de la pollution atmosphérique devrait également faire l’objet d’une attention particulière, a souligné le représentant. 


Le représentant de l’Allemagne, qui prenait la parole au nom de l’Union européenne, a estimé pour sa part que la pollution constituait la plus importante menace à la santé humaine et à l’environnement et qu’elle avait aussi un impact sur le bien-être social et les économies à travers le monde.  Il a affirmé qu’il fallait pour faire face à ce problème, adopter une approche intégrée qui puisse servir d’outil principal pour définir des politiques à long terme fondées sur l’utilisation des connaissances scientifiques disponibles.  Les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de qualité de l’air doivent être à la base des normes établies au niveau national, a-t-il estimé.  Il a souligné la nécessité d’améliorer la qualité des carburants ainsi que celle des technologies permettant de lutter contre la pollution, qui devraient aussi devenir plus abordables au plan des coûts.  Il a fait valoir que l’Union européenne avait fixé des limites d’émissions pour les différentes sources de pollution et a invité les autres pays à s’inspirer de cet exemple.  S’agissant du transport, il a rappelé que ce secteur était essentiel pour l’économie, tout en relevant qu’il était aussi de plus en plus polluant.  Notant que les systèmes de transports étaient souvent transfrontaliers, il a argué qu’il fallait à cet égard trouver des solutions dans le cadre d’accords internationaux, en complément des efforts régionaux et bilatéraux.  Enfin, il a jugé que la gouvernance internationale en matière de contrôle de la pollution atmosphérique était trop fragmentée et a plaidé en faveur d’un renforcement des synergies entre les différents acteurs régionaux et internationaux.


Le représentant des États-Unis s’est félicité pour sa part de la réussite du Partenariat pour les carburants et les véhicules propres (PCFV), qui est selon lui un projet exemplaire formé lors du Sommet de Johannesburg de 2002, et dont le premier objectif était l’élimination progressive de l’utilisation de l’essence au plomb en Afrique subsaharienne.  Le Partenariat a été établi dans le but d’appuyer la Déclaration de Dakar de 2001 dans laquelle des pays d’Afrique subsaharienne ont convenu d’éliminer progressivement l’essence au plomb, a-t-il précisé.  Ainsi, avec l’appui de la Banque mondiale, les 49 pays du sous-continent africain ont définitivement renoncé en 2005 à la production d’essence au plomb, contribuant ainsi au bien-être de 733 millions de personnes, s’est félicité le représentant.  Il a estimé que ce type d’initiative devrait servir de modèle au reste de la communauté internationale pour éliminer le plomb de l’essence d’ici à la fin 2008.  C’est déjà le cas dans plusieurs pays hors d’Afrique, comme l’Indonésie, dont le représentant a indiqué que son Gouvernement avait également organisé une conférence régionale sur la gestion de la qualité de l’air urbain.


Pour sa part, la délégation du Canada a indiqué que son Gouvernement avait l’intention d’adopter, dans les trois prochaines années, des mesures de régulation efficaces dans le cadre d’un programme national intitulé « Clean Air Regulatory Agenda ».  S’agissant de la pollution à l'intérieur des bâtiments dans les pays en développement, la représentante canadienne a indiqué qu’elle était due en grande partie à l’utilisation traditionnelle de la biomasse, comme par exemple la combustion du bois de chauffe, de pneus ou de bouses de vaches, ces sources d’énergie étant utilisées pour se réchauffer ou cuisiner dans des environnements clos.  Rien qu’en Afrique, près de 650 millions de personnes sur les 904 millions qui peuplent ce continent, dépendent de la biomasse traditionnelle pour leurs besoins énergétiques, a-t-elle précisé.  Or, la pollution intérieure provoque l’apparition de maladies respiratoires, qui sont chaque année responsables du décès de 1,6 million de personnes, principalement des femmes et des enfants. 


À cet égard, la délégation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que l’OMS travaillait à l’élaboration des toutes premières directives mondiales sur la qualité de l’air, qui mettront particulièrement l’accent sur les moyens de l’améliorer à l’intérieur des bâtiments.  L’OMS a également appelé tous les pays, qu’ils soient en développement ou développés, à réexaminer leurs stratégies nationales de réduction de la pauvreté à la lumière des risques posés à la santé par certains types d’énergies utilisés pour la cuisson des aliments et le chauffage.  Le représentant du Groupe des ONG a déploré qu’autant de personnes succombent à la pollution provoquée par l’utilisation de biomasse à travers des méthodes dangereuses.  Il a préconisé l’introduction de technologies et de sources d’énergies innovantes et non polluantes, comme l’énergie solaire, pour la maîtrise desquelles une coopération internationale accrue est indispensable, particulièrement en ce qui concerne les zones urbaines, a-t-il ajouté.


ORIENTATIONS POSSIBLES ET MESURES ENVISAGÉES POUR ACCÉLÉRER LES PROGRÈS SUR LA QUESTION RELATIVE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES


Exposés


M. JOSE DOMINGOS MIGUEZ, Président du Conseil exécutif du Mécanisme pour un développement propre (MDP) du Protocole de Kyoto, a déclaré que 1 597 projets relatifs à la lutte contre les changements climatiques avaient été mis en œuvre dans 55 pays depuis l’année 2005.  Se félicitant qu’autant de projets aient vu le jour en si peu d’années, il a indiqué que leur exécution se traduirait par une réduction des émissions de gaz à effet de serre équivalant à 2,4 milliards de tonnes de Co2.  Le Mécanisme a d’ores et déjà permis la création d’un marché de crédits de carbone d’un montant de 24 milliards de dollars.  Ce marché génère annuellement de nouveaux revenus financiers au rythme de trois milliards de dollars par an, a indiqué l’expert.  Soulignant que plus de 60% des projets entrepris dans ce cadre par les pays en développement l’avaient été de leur propre initiative, de manière unilatérale, il a expliqué que cela signifiait que les risques encourus étaient entièrement à leur charge.  En outre, le Mécanisme a permis le lancement de nouveaux investissements dans des pays en développement, qui n’auraient jamais vu le jour sans le Protocole de Kyoto, a indiqué l’expert.  M. Domingos Miguez a fait ensuite observer que le MDP avait renforcé la capacité institutionnelle des pays en développement à lutter contre le changement climatique et à s’y adapter.  En conclusion, il a expliqué que le MDP était un mécanisme innovant et pionnier, qui avait introduit le concept de réduction d’émissions de gaz à effet de serre dans les activités du secteur privé des pays en développement.


M. RICHARD MOSS, Directeur de la Division énergie et climat de la Fondation des Nations Unies, a fait part des résultats d’une étude réalisée par cette Fondation sur les changements climatiques.  Il a expliqué que cette étude avait été menée par 18 experts de 11 pays sur une période de deux ans.  Le rapport qui en est issu vise à donner à la communauté internationale une feuille de route pour une réponse mondiale accélérée au phénomène du changement climatique, a-t-il fait valoir.  Il a fait observer que ce rapport soulignait l’urgence qu’il y a à réagir à la situation actuelle.  Le changement climatique existe, et les gens en subissent déjà les conséquences dans leurs vies quotidiennes, a tenu à souligner M. Moss en notant la fréquence rapprochée du déclenchement de phénomènes naturels extrêmes, ainsi que la montée du niveau des mers ou encore les incidences du changement climatique sur les ressources en eau et sur les écosystèmes.  Il a rappelé que le niveau du réchauffement actuel de la planète s’élevait actuellement à 0,8 degré Celsius, et a indiqué qu’on s’attendait à une nouvelle augmentation de 0,6 degré sur la base des quantités d’émissions de gaz à effet de serre actuellement dégagées dans l’atmosphère.  M. Moss a affirmé qu’il était indispensable que les émissions de carbone ne dépassent pas de beaucoup leur niveau actuel et qu’elles atteignent un plafond stable d’ici à 2015-2020, si on voulait éviter d’arriver à un point de non-retour. 


Soulignant une corrélation entre développement, croissance économique et protection de l’environnement, l’expert a proposé quelques stratégies qui pourraient être suivies.  Il a ainsi suggéré la promotion d’une production nationale et décentralisée de bioénergies, une option qui aurait l’avantage de permettre la création d’emplois.  Il a aussi souhaité le développement de l’accès aux vecteurs d’énergies modernes, notamment pour réduire l’usage de bois de chauffe, et a souligné que le secteur privé était en train de prendre conscience des opportunités qui se présentent dans ce secteur.


Il n’y a pas de solution magique au problème actuel, a poursuivi M. Moss en affirmant que l’une des plus efficaces serait de s’appuyer sur un panachage de différentes méthodes d’atténuation des changements climatiques.  Il a toutefois estimé qu’il était essentiel d’améliorer l’efficience de la consommation d’énergie dans le secteur des transports ainsi que dans celui des immeubles commerciaux et résidentiels.  Parmi les autres recommandations figurant dans le rapport qu’il présentait, il a mis en avant la nécessité d’inclure les changements climatiques dans la conception des stratégies locales de développement durable, ainsi que dans les efforts déployés pour maintenir la biodiversité et dans la conception des zones protégées.  Il a aussi jugé essentiel d’améliorer la coordination des actions de tous les organes de l’ONU concernés par la recherche ou la mise œuvre de solutions contre ce phénomène, afin de mieux diffuser l’information et d’aider les pays à s’adapter et faire face à la situation.  L’heure est maintenant à l’action, a déclaré M. Moss.  Il a souhaité que des actions prioritaires soient identifiées et a encouragé toutes les parties prenantes -les gouvernements, à tous les niveaux; les organisations internationales; le secteur privé et la communauté des ONG- à travailler ensemble.  « Il faut aller au-delà du stade des échanges d’informations et passer à celui des actions concrètes », a-t-il affirmé. 


Débat interactif


Les participants à la Réunion préparatoire de la CDD-15 ont entamé une discussion interactive sur la question des changements climatiques.  Le débat a fait ressortir l’urgence, pour toute la communauté internationale, d’entreprendre des actions concrètes de niveau mondial pour atténuer et combattre les graves menaces que posent les phénomènes climatiques.  De nombreux intervenants, dont les représentants de l’Iran et du Brésil, ont toutefois rappelé que toutes décisions contraignantes dans ce domaine devaient se faire dans le respect des termes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  D’autres, comme les délégués de la Chine et du Zimbabwe, ont réitéré l’importance du respect du principe de responsabilité commune mais différenciée dans la réponse à apporter à ces défis.


À cet égard, le représentant de l’Algérie a regretté le manque de transparence qui caractérise, selon lui, le dialogue qui a lieu sur le régime post-Kyoto.  Il a affirmé que celui-ci semblait s’écarter du principe de la responsabilité commune mais différenciée pour asseoir les bases d’un régime injuste et insensé où tous les pays contribueraient à la lutte contre les changements climatiques à un même niveau d’efforts, alors que les responsabilités des pays sont différentes en ce qui concerne leurs niveaux respectifs d’émissions de gaz à effet de serre.  Il a fait valoir qu’il fallait conjuguer les efforts pour mettre en pratique des mesures efficaces, innovantes, solidaires et responsables, qui puissent stabiliser durablement les émissions de gaz à effet de serre. 


Conformément au Protocole de Kyoto et à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les capacités des pays en développement doivent être renforcées, a déclaré la représentante du Pakistan qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Elle a estimé que les politiques d’atténuation devaient tenir compte des conclusions de tous les grands sommets et conférences des Nations Unies et inclure des objectifs de réduction d’émissions de carbone, ainsi que les innovations technologiques appropriées.  La représentante a aussi estimé que les actions visant à renforcer la lutte contre les effets du changement climatique devraient s’inscrire dans le cadre de coopérations Sud-Sud et Nord-Sud.  Le représentant de l’Arabie saoudite a renchéri sur ce point en notant que les pays en développement ne pourraient respecter les obligations qu’on leur assigne si les pays industrialisés ne remplissaient pas leurs engagements en termes d’assistance technique et financière. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne, le représentant de l’Allemagne a insisté sur l’importance de l’implication de toutes les parties prenantes à mettre en œuvre les dispositions du Protocole de Kyoto.  Il a par ailleurs rappelé que l’Union européenne s’était engagée à réduire d’au moins 20% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020, et a invité les autres pays à suivre cet exemple dans la mesure de leurs capacités et de leurs responsabilités respectives.


Certains représentants ont évoqué les difficultés que rencontrent spécifiquement leurs régions.  Le délégué du Nigeria a ainsi indiqué que l’Afrique était le continent qui émettait le moins de gaz à effet de serre mais qu’elle subissait de manière disproportionnée l’impact des changements climatiques provoqués par les pays industrialisés.  Citant la déperdition de la biodiversité et encore le phénomène de déforestation, il a regretté que les mesures d’adaptation soient souvent très coûteuses et que la plupart des projets en cours soient axés sur l’atténuation.  Les représentants de Tuvalu, qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (OASIS), et de la Barbade, qui prenait la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont tous deux insisté sur la nécessité de mettre en place des mesures d’adaptation.  Ce dernier a d’ailleurs jugé que l’appui de la communauté internationale, dans ce domaine, avait été lent à venir et manquait de constance.


D’autres pays ont également fait part des initiatives qu’ils ont lancées pour lutter contre les phénomènes liés au changement climatique.  Ainsi, le représentant des États-Unis a noté que son pays avait choisi d’appliquer une approche de partenariat afin de parvenir aux objectifs relatifs aux changements climatiques et d’assister les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation et d’adaptation.  Le représentant du Costa Rica a pour sa part indiqué que son pays s’employait à devenir le premier pays à « bilan carbone neutre », en accompagnant par exemple toute production de gaz polluant par des mesures compensatoires de reforestation.  Le représentant du Japon a quant à lui plaidé qu’une approche sectorielle pouvait être une méthode efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en notant que l’amélioration de l’efficience énergétique pouvait atténuer le rythme du changement climatique. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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