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ECOSOC/6291

L'ECOSOC TIENT UNE RÉUNION-DÉBAT SUR LA COHÉRENCE ET L'EFFICACITÉ DU SYSTÈME DE DÉVELOPPEMENT DES NATIONS UNIES EN AMÉRIQUE LATINE

11/07/2007
Conseil économique et socialECOSOC/6291
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social


L'ECOSOC TIENT UNE RÉUNION-DÉBAT SUR LA COHÉRENCE ET L'EFFICACITÉ DU SYSTÈME DE DÉVELOPPEMENT DES NATIONS UNIES EN AMÉRIQUE LATINE


(Publié tel que reçu)


Genève, 11 juillet (Service de l’information des Nations Unies) –- Le Conseil économique et social a poursuivi cet après-midi l'examen des questions relatives à ses activités opérationnelles en tenant une réunion-débat sur la cohérence et l'efficacité du système de développement des Nations Unies aux niveaux régional et national.  Le panel était notamment constitué de l'équipe de directeurs régionaux des Nations Unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes, ainsi que du Vice-Ministre de la coopération extérieure du Nicaragua et du Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes.  La réunion était animée par M. Denis Aitken, Représentant du Directeur général pour le partenariat et la réforme des Nations Unies à l'Organisation mondiale de la santé.


Le Vice-Ministre nicaraguayen a relevé les progrès peu encourageants réalisés par de nombreux pays de la région dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Il faut que s'opère une révolution des idées, des engagements et du modèle de coopération, a-t-il estimé.  Il convient de mettre en place un système véritablement inclusif, d'assurer une meilleure prévisibilité de l'aide et de créer des conditions de commerce justes et équitables, a-t-il ajouté.


Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, M. José Luis Machinea, a souligné le rôle que joue la Commission dans la promotion du programme de développement des Nations Unies joué par sa Commission dans le contexte régional latino-américain.  La CEPALC s'efforce de dégager des consensus, de favoriser le dialogue, d'échanger les meilleures pratiques, d'agir comme soutien analytique aux équipes de pays et de renforcer les capacités.


La Directrice régionale du Programme des Nations Unies pour le développement s'est penchée sur la manière d'accroître l'efficacité du système en Amérique latine, plaidant pour que soit renforcée la cohérence à l'échelle régionale et nationale, notamment par la définition d'un agenda commun et pour que soient assurés transparence, responsabilité et échanges de bonnes pratiques entre les pays.


La Directrice régionale du Fonds des Nations Unies pour la population a notamment expliqué que le FNUAP œuvre notamment à la mise au point de procédures concernant l'obligation redditionnelle ainsi que l'évaluation et le retour d'informations sur ses activités au niveau national.  Il apporte en outre une aide en matière de planification stratégique et s'occupe de l'appui dans le domaine de la coordination régionale face aux situations de crise et d'urgence. 


Le Directeur régional du Fonds des Nations Unies pour l'enfance a fait observer que la responsabilité régionale passe aussi par la création de liens de solidarité et la promotion de la coopération Sud-Sud.  Il a également attiré l'attention sur la situation de certains pays à revenu intermédiaire qui ne reçoivent plus autant d'aide que lorsqu'ils étaient dans une situation de crise.


Les représentants des pays suivants ont participé au débat: Philippines, Belgique, Colombie, Costa Rica, Indonésie, Haïti, Panama, Barbade, Saint-Kitts-et-Nevis, Bolivie, Mexique, Suède et Canada.  Ils ont soulevé un certain nombre de questions ayant trait, entre autres, à la coordination entre les différents acteurs du développement; aux moyens d'améliorer l'efficacité et la cohérence du système au niveau régional, compte tenu des disparités qui caractérisent la région d'Amérique latine et des Caraïbes; et à la nécessité de prendre en considération les besoins des pays à revenus intermédiaires.


La matinée de demain, à compter de 10 heures, sera consacrée à une discussion générale sur la suite donnée aux recommandations de politique générale de l'Assemblée générale et du Conseil s'agissant des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement.  Le Conseil pourrait en outre se prononcer sur une proposition de modification du statut du Programme alimentaire mondial contenue dans le rapport du Conseil d'administration du PAM (E/2007/36).


Réunion-débat sur la cohérence et l'efficacité du système de développement des Nations Unies aux niveaux régional et national (Amérique latine et Caraïbes)


Introduction et présentations


Présentant le débat en tant que modérateur, M. DENIS AITKEN, Représentant du Directeur général pour les partenariats et la réforme des Nations Unies à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a indiqué qu'il faudra encore déployer beaucoup d'efforts pour faire prendre conscience de l'importance de l'action régionale en matière de développement.  L'équipe de directeurs régionaux des Nations Unies de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes devant le Conseil cet après-midi évoquera la coopération interinstitutions au niveau de l'Amérique latine et des Caraïbes, en s'efforçant de montrer que les dissensions internes ont pu être éliminées et comment le travail des équipes au niveau des États peut être renforcée.


M. VALDRACK JAENTSCHKE, Vice-Ministre à la coopération externe du Nicaragua, a fait observer que les objectifs du Millénaire pour le développement constituent la base minimum des conditions à réunir pour assurer une vie digne pour les peuples.  À mi-parcours de leur réalisation, les nouvelles sur les progrès réalisés sont peu encourageantes, a-t-il souligné.  C'est aussi le moment de réfléchir sur les moyens de parvenir à un monde plus juste et plus équitable.  Le Vice-Ministre a exprimé sa préoccupation s'agissant des asymétries entre les pays, l'absence d'un commerce véritablement juste, l'écart entre riches et pauvres et l'inégalité dans la distribution des richesses.  Pour diminuer la pauvreté, a-t-il poursuivi, il faut créer de la richesse.  Mais celle-ci ne sera possible que dans le cadre d'échanges véritablement justes et sans barrières.  Selon les données de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, bien peu de pays ont atteint les objectifs prévus en matière de réduction de la pauvreté, a insisté M. Jaentschke.  Il a attiré l'attention, à cet égard, sur les difficultés rencontrées par les pays dont l'économie est petite et ceux qui sont vulnérables aux catastrophes naturelles ou aux crises économiques.  Ils risquent de ne pas atteindre cet objectif, a-t-il averti.


En ce qui concerne le Nicaragua, la réalité n'est pas particulièrement encourageante, a poursuivi le Vice-Ministre nicaraguayen.  S'il veut réaliser ses objectifs, le pays devra maintenir son taux de croissance au-delà de la moyenne enregistrée entre 1990 et 2002.  On ne saurait se contenter de réduire la moitié de la pauvreté dans un pays où 80% de la population vit avec environ deux dollars par jour, a-t-il souligné.  Il a à cet égard fait observer que le pays ne pourra s'engager dans la voie du développement que si s'opère une révolution des idées, des engagements et du modèle de coopération.  À cet égard, la maîtrise nationale du développement est la condition qui doit accompagner ce processus.  Le Vice-Ministre a souligné que le Nicaragua reconnaît que les activités opérationnelles des Nations Unies jouent un rôle important dans la conception de stratégies de développement.  Les gouvernements bénéficiaires ont pour leur part la responsabilité d'assurer la coordination, en fonction de leurs stratégies et priorités nationales, de tout type d'aide extérieure.  Le développement économique et social doit rester au cœur des délibérations des Nations Unies.  Et les activités opérationnelles des Nations Unies doivent avoir un caractère universel, volontaire, neutre, multilatéral et être capables de s'adapter aux nécessités des pays en développement.  M. Jaentschke a ensuite plaidé pour que la participation des pays en développement soit renforcée, notamment au sein des institutions financières internationales, afin que soit créé un système véritablement inclusif.  Il faudra en outre augmenter la prévisibilité des flux d'aide.  Dans la poursuite du développement, les populations demandent efficacité et mise en œuvre effective des mesures, a-t-il conclu.


M. JOSÉ LUIS MACHINEA, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a rappelé que le but fondamental de la Commission est de promouvoir le programme de développement des Nations Unies et, dans le contexte institutionnel régional, de promouvoir la coopération en fonction des décisions des gouvernements et en coordination avec d'autres institutions.  La CEPALC s'efforce de donner une perspective régionale et de contrôler l'application et la réalisation des grands objectifs de développement, en particulier les objectifs du Millénaire pour le développement.  La Commission s'efforce de créer des consensus, organise des dialogues et des échanges de bonnes pratiques, agit comme soutien analytique aux équipes de pays et s'occupe de renforcer les capacités par le biais de coopération technique et de formations ciblées.


Des progrès importants ont été enregistrés ces dernières années, a poursuivi M. Machinea.  Des réunions de coordination sont régulièrement organisées depuis 2004 et ont permis de définir des prises de position communes sur l'action nécessaire des États; un cadre de rapport régional a été préparé et validé par les institutions du système; des activités de soutien analytique ont été déployées au profit notamment du Programme alimentaire mondial et du Fonds des nations Unies pour l'enfance.  L'attitude positive des directeurs régionaux est très importante pour la réalisation des objectifs.  Dans ce contexte, il faut veiller à éviter les doubles emplois entre les 700 programmes d'aide technique.  Un autre problème réside dans le changement d'orientation de l'aide directe au développement, qui a tendance à délaisser les secteurs les plus productifs des pays d'Amérique latine.  À cet égard, la CEPALC s'efforce d'informer les coordonnateurs résidents des missions techniques actives au niveau des États.  Elle participe pour ce faire aux réunions organisées par les coordonnateurs résidents et diffuse à ces occasions des informations sur les tendances régionales et sous-régionales, sur les domaines d'intérêt commun, et récolte des informations concernant les besoins et demandes.


MME REBECA GRYNSPAN, Directrice régionale du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a expliqué qu'il existe une tradition d'efforts conjoints dans la région d'Amérique latine et des Caraïbes.  Ainsi, en 2003, les institutions ont créé un Comité de coordination, qui comprend aujourd'hui de nombreuses organisations comme le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires ou le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM).   La constitution de ce vaste groupe de coordination vient augmenter la cohérence et l'efficacité du système des Nations Unies.  La région est caractérisée par des pays à revenu intermédiaire.  Mais c'est aussi la région la plus inégalitaire.  Elle a expliqué qu'afin d'améliorer l'efficacité du système, il faut renforcer la cohérence à l'échelle régionale et nationale, notamment par la définition d'un agenda commun.  Il faut orienter les activités des Nations Unies dans les pays en tenant compte des priorités nationales et des processus nationaux existants.  Il faut s'appuyer sur les programmes stratégiques et sur le plan d'action régional.  En outre, il faut veiller à assurer transparence, responsabilité et échanges de meilleures pratiques entre les pays.  S'intéressant de plus près à la structure du système des Nations Unies dans la région, elle a indiqué qu'il existe différents groupes de travail qui s'occupent entre autres des bilans communs de pays et du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement, des questions ayant trait au VIH/sida et de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.


Parmi les résultats obtenus, Mme Grynspan a relevé l'appropriation par les pays des objectifs du Millénaire pour le développement.  L'action régionale se concentre sur la collaboration entre les institutions en matière de mortalité infantile, de malnutrition et de mortalité maternelle.  Elle a en outre fait part de la préparation d'appels consolidés pour le Guatemala, El Salvador, la Bolivie et Haïti et le soutien de la Conférence régionale des Amériques sur le racisme et la xénophobie, qui a permis de fournir un programme-guide en la matière aux équipes par pays.  Mais il reste des défis, a-t-elle poursuivi, et notamment celui de faire en sorte que les bureaux régionaux appuient les équipes par pays.  Il n'y a pas de personnel excédentaire, a-t-elle tenu à ajouter.  Le travail doit donc être fait par le personnel existant des bureaux régionaux.  Il faut en outre renforcer la perspective régionale interinstitutions et apprendre à travailler ensemble dans une perspective régionale, et à partager les données et les connaissances.  Il faut également renforcer la coopération Sud-Sud, a-t-elle ajouté.


MME MARCELA SUAZO, Directrice régionale du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a indiqué que son institution vise quatre domaines prioritaires pour son action de collaboration.  Le premier est de réaliser le mandat de l'Assemblée générale en ce qui concerne l'examen triennal complet des activités opérationnelles.  Le Fonds s'est pour ce faire doté d'équipes interinstitutions appuyant l'action des équipes de pays pour la formulation de plans-cadres des Nations Unies pour l'aide au développement, notamment sous l'angle de l'assurance qualité et du soutien.


Mme Suazo a indiqué que le Fonds mène également des activités dans le domaine de la mise au point de procédures de reddition des comptes, d'évaluation et de retour d'information sur ses activités au niveau national, procédures permettant la prise de mesures favorisant le travail des équipes sur le terrain.  L'aide en matière de planification stratégique constitue une autre priorité au niveau, d'une part, de l'orientation des équipes de pays, pour mettre en évidence le lien entre développement, sécurité, droits de l'homme et aide humanitaire, et d'autre part de l'appui intégral aux programmes, en particuliers ceux visant la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Dans ce contexte, la lutte contre la mortalité maternelle (Objectif 5) est considérée comme une intervention prioritaire au niveau régional, axée avant tout sur les populations d'origine africaine.  Les soins obstétriques d'urgence permettent en effet de sauver de nombreuses vies.  La mort d'une mère a une incidence considérable pour sa famille et sa communauté.  L'équipe a donc décidé de nommer des points focaux pour la lutte contre la mortalité maternelle au niveau régional.  Dernière priorité d'action du FNUAP: le travail conjoint et l'appui dans le domaine de la coordination régionale face aux situations de crise et d'urgence.  À cette fin, une équipe spécialisée  a été créée qui regroupe d'autres institutions des Nations Unies ou d'organisations non gouvernementales comme CARE, OXFAM ou Visión Mundial.  L'équipe installée en Uruguay a ainsi pu aider ce pays à faire face aux conséquences des graves inondations qui l'ont frappé cette année.


Pour résumer, l'équipe des Directeurs régionaux des institutions des Nations Unies demeure engagée à réaliser un travail dans la cohérence et la coordination afin de renforcer les compétences des équipes régionales, à l'appui de politiques cohérentes s'inscrivant dans la durée, a conclu Mme Suazo.


M. NILS KASTBERG, Directeur régional du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), fournissant un exemple du concept de responsabilité régionale, a expliqué que, dans le cadre de l'Organisation panaméricaine de la santé, les gouvernements de la région se fixent des objectifs à intervalles réguliers.  La responsabilité régionale passe aussi par la création de liens de solidarité, a-t-il poursuivi.  Si un pays dispose de ressources dont a besoin un autre pays, il est important de promouvoir des liens de coopération Sud-Sud.  C'est dans ce cadre par exemple que le Brésil a offert des soins antirétroviraux à des femmes du Paraguay, du Nicaragua et du Cap-Vert, a-t-il souligné.


M. Katsberg a attiré l'attention sur la situation de certains pays à revenu intermédiaire qui, depuis qu'ils ont fait des progrès en matière de développement, ne reçoivent plus autant d'aide que lorsqu'ils étaient en situation difficile.  Les Nations Unies ont un rôle à jouer en faveur des pays à revenus intermédiaires afin de rappeler la pertinence du système d'aide pour ces pays et maintenir un minimum de ressources.  M. Kastberg a ensuite souligné que les Nations Unies doivent être présentes sur le terrain.  Ce n'est qu'en étant sur place qu'elles pourront faire un travail efficace, a-t-il souligné à l'intention de ceux qui reprochent aux organisations de multiplier leurs bureaux.  Les hommes politiques doivent rendre des comptes au niveau de l'État mais aussi au niveau le plus bas de la société, a-t-il insisté.  Pour conclure, s'intéressant aux cas d'urgence, il a regretté que l'accès au fonds d'urgence du Bureau de la coordination des affaires humanitaires ne soit possible qu'une fois que la catastrophe a éclaté.  Il y a des situations où nous savons que des cas d'urgence vont se reproduire, a-t-il fait valoir.  Pour autant, nous ne pouvons débloquer des fonds pour y faire face.  Il s'agit d'améliorer la capacité de réponse du système en cas d'urgence.



Questions et commentaires des membres du Conseil


Une délégation a voulu savoir quels obstacles empêchent la coopération régionale entre institutions des Nations Unies, et quelles solutions ont été trouvées.  Le représentant a également demandé pourquoi la part de l'Amérique latine dans l'aide au développement avait baissé. 


Des doutes ont été formulés quant à la validité de la structure régionale évoquée par Mme Grynspan, dans la mesure où il n'est pas précisé dans quelle mesure la participation des populations locales - les premières concernées - y serait assurée. Il a aussi été rappelé que la maîtrise par les pays des systèmes de coopération passe par une plus grande participation des autorités nationales dans les efforts des Nations Unies au niveau des pays.  Un intervenant a mentionné les réticences manifestées par les États, notamment s'agissant d'engagements financiers non tenus, ou encore les difficultés à collaborer ouvertement avec les mécanismes internationaux.


Une autre délégation a demandé si l'excellente coopération régionale dont il a été fait état se reflète au niveau national, et s'il est avéré que la bonne coopération entre institutions des Nations Unies entraîne des améliorations correspondantes dans l'application et des programmes et les résultats obtenus.


Une délégation a regretté que la communauté internationale n'ait toujours pas pris conscience de l'importance de la réalisation urgente des objectifs de développement dans les pays à revenu moyen. 


Un représentant a demandé quels ont été les facteurs qui ont permis de faire des progrès vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement dans la région latino-américaine, même si la réduction de la pauvreté est inégale.


Un intervenant a souhaité avoir davantage d'informations sur les liens de coordination entre les programmes et fonds des Nations Unies et la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes.


Une délégation a attiré l'attention sur les importantes disparités entre les pays de la région.  Comment se réalise la coordination au niveau de la région, alors que les problèmes sont multiformes, a-t-elle demandé?  Un autre représentant s'est dit préoccupé par le taux élevé de pauvreté prévalant encore dans certains pays de la région, ainsi que du niveau de criminalité et des conditions du passage difficile d'une économie agricole vers une société de services: quelles mesures effectives sont prises à cet égard?


Un représentant a préconisé l'amélioration de la coordination des Commissions régionales avec les institutions de Bretton Woods.  Ces institutions devraient en outre prendre en compte les défis particuliers que connaissent les pays confrontés à des inégalités sociales et autres, et contraints d'adopter des politiques très spécifiques pour y faire face.  Il faudrait en outre que le Conseil planifie la préparation des rapports sur une base pluriannuelle, ce qui permettra d'améliorer la coordination entre les institutions.


Une délégation a salué les efforts prometteurs déployés en matière de cohérence, faisant notamment référence aux programmes pilotes de certains pays et à la mise en place d'un système d'évaluation des coordonnateurs résidents.  Elle a estimé que la création de plaques tournantes propices à l'exécution des activités de l'ONU dans la région contribuerait à augmenter l'efficacité du système.  En outre, le système devrait préciser davantage les responsabilités et l'obligation des équipes par pays de rendre des comptes.


Réponses des panélistes


M. JAENTSCHKE, Vice-Ministre à la coopération externe du Nicaragua, a confirmé que l'ensemble de la région connaît le grave problème de la pauvreté.  Elle touche encore, dans la majorité des pays de la région, avant tout les femmes, les enfants et les personnes d'origine africaine.  D'autre part, l'adoption des objectifs du Millénaire pour le développement ne suffira pas à elle seule à régler les problèmes.  Il faut en outre bien avoir conscience qu'il sera impossible de «microgérer» l'action individuelle des États, et que l'imposition de conditions irréalistes ne fera rien pour améliorer une coopération qui, au niveau des pays, se heurte encore à d'énormes difficultés en matière de pauvreté et de faim.  La solution ne passera certainement pas par l'octroi de crédits ponctuels plus ou moins élevés, a estimé le Vice-Ministre: le développement de la région doit au contraire être abordé de manière systématique.


M. MACHINEA, Secrétaire exécutif de la CEPALC, a rappelé que la situation dans la région    s'améliore depuis quatre ans.  Ces progrès s'expliquent notamment par l'augmentation des dépenses sociales et une meilleure qualité des programmes sociaux, a-t-il précisé.  Toutefois, il y a toujours une impasse s'agissant des ressources, et les inégalités se maintiennent.  S'agissant des difficultés rencontrées dans la coordination mondiale, régionale et nationale, il a fait observer que le bilan au niveau régional et national est assez bon, bien qu'il reste des améliorations à apporter au niveau national.  Nous y travaillons, sur le plan opérationnel et analytique, a-t-il précisé.  Le problème majeur se pose au niveau mondial, a-t-il souligné, estimant que la dimension régionale des problèmes de développement y est mal connue.  M. Machinea a indiqué que la situation de l'Amérique latine n'est pas la pire en matière d'indice de pauvreté, mais pas la meilleure en matière d'économie.  Le bilan n'est pas trop mauvais et c'est peut-être là où le bât blesse, a-t-il souligné, rappelant les problèmes particuliers rencontrés par les pays à revenus intermédiaires.  La question de l'accès aux marchés internationaux est, elle-aussi, cruciale à cet égard, a-t-il poursuivi: soit on conclut Doha, soit on investit dans les pays à revenus moyens, a-t-il insisté.  Il a reconnu qu'il conviendrait d'harmoniser les efforts régionaux avec les objectifs du Millénaire pour le développement.  Aux intervenants qui ont attiré l'attention sur la nécessité d'améliorer la coopération, M. Machinea a répondu que la Commission veille à coordonner ses activités avec les autres institutions travaillant dans les pays où elle intervient.  Outre la bonne volonté qui caractérise la région, il y règne l'ambition d'améliorer l'efficacité et la cohérence du système, a-t-il affirmé.


MME GRYNSPAN, Directrice régionale du PNUD, a indiqué qu'au niveau régional, la coordination et le suivi sont assurés par un renforcement des liens avec les organes intergouvernementaux et par l'organisation de rencontres entre les acteurs, gouvernements, et membres de la société civile.  L'essentiel des rapports a cependant lieu au niveau des États, et l'action consiste donc à appuyer l'action des coordonnateurs résidents.  Il faut donc travailler sur les deux plans.


Pour ce qui est du lien entre performance régionale et action au niveau national, Mme Grynspan a reconnu qu'il ne fallait pas se reposer sur ses lauriers.  Reste que la bonne coordination permet de mieux faire passer les messages.  On s'efforce donc de prendre des contacts avec les équipes de pays et de mieux connaître leurs besoins et leurs problèmes.  Les bilans communs de pays et le travail effectué pour les plans-cadres des Nations Unies pour l'aide au développement permettent de tirer des conclusions intéressantes quant à l'efficacité de l'action.


Mme Grynspan a expliqué que les demandes d'aide au niveau national sont d'abord dirigées vers les instances nationales, puis répercutées vers le niveau régional - d'où la nécessité de bien connaître les capacités existantes sur place et dans la région.  Il est par ailleurs difficile d'évaluer la qualité de la collaboration.  Des critères d'évaluation sont actuellement recherchés.


Enfin, les structures d'appui aux Caraïbes existent bel et bien et elles seront conservées.  Il faut cependant continuer les efforts d'articulation de ces structures, a estimé Mme Grynspan.


MME SUAZO, Directrice régionale du FNUAP, a reconnu que la perfection n'existe pas mais qu'il y a des engagements, des certitudes et des efforts sur le long terme pour aider les gouvernements de la région.  Toutes les activités qui sont déployées sont orientées de façon à répondre à ces engagements.  La Déclaration de Managua a réuni les voix d'Amérique latine et des Caraïbes et initié un dialogue, a-t-elle ajouté.  Elle a expliqué que tous les directeurs régionaux, dans le cadre de visites officielles dans les pays, rencontrent les équipes par pays, de sorte qu'il soit possible pour le coordonnateur résident de connaître les priorités des institutions, les valeurs ajoutées et les contributions qu'elles peuvent apporter.  Il faut une présence et un travail plus coordonnés, a-t-elle reconnu.  La question des coûts a une importance cruciale et essentielle pour avoir l'efficacité requise.  Mme Suazo a pour conclure fait observer que l'impact le plus important a lieu au niveau sous-régional.  Il faut garder ce fait à l'esprit dans le choix des macrométhodes; l'idée, étant de disposer d'un réseau régional au Panama mais également d'un réseau sous-régional à la Jamaïque qui pourrait travailler au plus près de la région des Caraïbes.


M. KASTBERG, Directeur régional de l'UNICEF, a déclaré que le groupe régional procède à des évaluations par pays tenant compte de la sexospécificité et de la question de l'exclusion des autochtones et des personnes d'ascendance africaine.  L'évaluation fait l'objet d'une réflexion sous l'angle national et régional avec une variation des instances consultées (universités par exemple).  Dans d'autres domaines, on adopte des stratégies nationales appuyées par des organisations spécialisées, notamment dans le domaine de la santé, mais les fonds manquent pour ce travail.  Du travail reste à faire en matière de couverture de santé dans les Caraïbes, mais cette couverture est assez bonne dans d'autres régions.  Les critères utilisés pour aborder les problèmes des pays à revenu moyen varient en fonction des organisations et des donateurs, dont certains se détournent de la région.  Un critère fréquent pour la décision d'intervenir est celui de l'évolution de la mortalité infantile ou de la situation alimentaire.  Cette question de critère, et celle de la graduation nécessaire, doit être réexaminée, tout comme les problèmes de la violence et du VIH/sida par exemple.  La contribution des Nations Unies pourrait concerner le renforcement du leadership régional et l'aide aux équipes en termes opérationnels.  Le fait que l'UNICEF représente différentes organisations l'oblige à engager un véritable dialogue avec d'autres institutions telles que la Croix-Rouge, et il y a de très nombreux exemples de telles collaborations, a observé M. Kastberg.  Graduellement, l'UNICEF s'est ainsi rapprochée d'autres institutions opérant au niveau national dans le cadre de missions conjointes.  Des relations sont aussi nouées avec les organisations politiques régionales telles le CARICOM.  Un rapport sera présenté en fin d'année concernant les politiques les plus prometteuses pour la lutte contre la mortalité maternelle par exemple.


Conclusion


M. IDRISS JAZAÏRY, Vice-président du Conseil, a conclu le débat en saluant le potentiel de changement que l'on peut constater dans le travail des équipes de pays.  Il s'est félicité des aperçus intéressants qui ont été apportés, en particulier l'idée que la pauvreté n'existe pas en tant que telle, mais qu'il existe par contre des potentiels inexploités.  M. Jazaïry a observé qu'une autre discussion pourrait être consacrée à l'approfondissement de certains des aspects évoqués cet après-midi.  Ainsi, on aurait aimé savoir comment le fait pour les institutions d'unir leurs efforts permet concrètement d'améliorer les résultats en termes de développement.  De même, on aurait aimé avoir des détails sur la manière de transposer à l'Afrique les expériences acquises en Amérique latine, par exemple en ce qui concerne la diminution de l'aide directe au développement. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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