LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL OUVRE SA SESSION DE FOND
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LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL OUVRE SA SESSION DE FOND
La réalisation des Objectifs du Millénaire demeure possible mais il faut d'urgence prendre des mesures concertées, souligne le Secrétaire général
(Publié tel que reçu)
Genève, 2 juillet (Service d’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social a ouvert, ce matin, sa session de fond de 2007, en entamant un débat de haut niveau consacré cette année au « renforcement de l'action menée à tous les niveaux pour promouvoir une croissance économique durable favorable aux pauvres, notamment grâce à des politiques macroéconomiques équitables ». Les premiers intervenants dans le cadre du débat de haut niveau ont été la Présidente de la Suisse, Mme Micheline Calmy-Rey, et le Premier Ministre de Lituanie, M. Gediminas Kirkilas.
Dans une déclaration d'ouverture de la session, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a relevé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement demeure possible dans la plupart des pays, mais qu’il sera pour cela indispensable que les dirigeants politiques prennent de toute urgence des mesures concertées. Il a souligné combien il importe que les nations développées respectent leurs promesses. L’heure est venue de transformer les promesses en progrès véritables.
Le Président du Conseil économique et social, M. Dalius Čekuolis, a pour sa part rappelé que la communauté internationale s’est fixée en 2000 des objectifs communs à réaliser d’ici 2015. Si, à mi-parcours, nous sommes témoins d'un recul mondial de la pauvreté dans la plupart des parties du monde, de nombreux pays n'arrivent pas à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui requièrent des approches multisectorielles et des efforts conjugués. À cet égard, le Conseil économique et social joue un rôle central dans le soutien des efforts nationaux.
Le Conseil a également entendu la Présidente de l'Assemblée générale des Nations Unies, Mme Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, qui s'est dite persuadée que le renforcement du Conseil économique et social et l'amélioration de sa coopération avec l'Assemblée générale devrait permettre aux États de mieux s'acquitter de leurs obligations en matière de développement. Elle s'est également réjouie de ce que le Premier Ministre de son pays, le Bahreïn, soit venu, aujourd'hui, recevoir la mention spéciale du prix d'honneur 2006 de l’ONU-HABITAT. Mme Anna Tibaijuka, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT) est également intervenue pour saluer le Bahreïn, vainqueur de la mention spéciale du prix d'honneur ONU-Habitat 2006.
Dans le cadre du débat de haut niveau du Conseil, la Présidente de la Confédération suisse a rappelé que les Objectifs du Millénaire pour le développement doivent être compris comme la locomotive de l'Agenda mondial pour le développement. «Nous possédons les connaissances et l'expérience requises pour vaincre la pauvreté extrême et la faim; et nous possédons également les ressources nécessaires, si nous sommes prêts à nous mobiliser», a fait observer Mme Calmy-Rey.
Le Premier Ministre de Lituanie, a souligné qu'il convient, en toute urgence, de sortir du mode «gestion des affaires courantes», faute de quoi les Objectifs du Millénaire pour le développement resteront une simple promesse. Les efforts locaux devraient à cet effet être appuyés par des soutiens régionaux et internationaux. L'éradication de l'extrême pauvreté exige un partenariat mondial.
Le Conseil a ensuite procédé à une concertation de haut niveau sur les faits nouveaux importants survenus dans l’économie mondiale et la coopération économique internationale. Des présentations ont été faites dans ce cadre par M. Sha Zukang, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales (modérateur), suivi de M. Panitchpakdi Supachai, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement; de M. Pascal Lamy, Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce; de M. Murilo Portugal, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international et de M. François Bourguignon, Vice-président de la Banque mondiale.
Les représentants des pays suivants ont participé au dialogue avec les panélistes: Pakistan, Portugal, Fédération de Russie, États-Unis, Kazakhstan, Guinée et Chine.
Au début de la séance, le Conseil économique et social a adopté son ordre du jour (l'ordre du jour provisoire annoté figure au document E/2007/100) et son programme de travail (E/2007/L.6).
Le Conseil économique et social se réunira de nouveau cet après-midi, à 15 heures, pour entendre la présentation du rapport du Secrétaire général sur le renforcement de l'action menée à tous les niveaux pour promouvoir une croissance économique durable favorable aux pauvres, qui servira de base au débat de haut niveau.
Déclarations
M. DALIUS ČEKUOLIS, Président du Conseil économique et social, a rappelé qu'au début du millénaire, la communauté internationale a adopté un Agenda pour le développement basé sur un ensemble de buts et d'objectifs communs à réaliser d'ici 2015. Si, à mi-parcours, nous sommes témoins d'un recul mondial de la pauvreté dans la plupart des parties du monde, de nombreux pays n'arrivent toutefois pas à remplir les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il souligné. Il faut œuvrer dans le cadre d'un véritable partenariat mondial. La réalisation de ces Objectifs requiert des approches multisectorielles et des efforts conjugués. Et il n'y a pas un seul projet que pourraient adopter tous les pays, mais de nombreux succès. Le Président a espéré à cet égard que chacun saura reprendre et appliquer les leçons apprises et les bonnes pratiques. Dans la période qui précède 2015, la communauté internationale devrait porter ses efforts sur l'identification des facteurs clefs du succès et les rendre adaptables localement, a-t-il conclu.
La responsabilité première dans la réalisation de ces objectifs repose sur les États Membres, a poursuivi le Président. À cet égard, le Conseil économique et social joue un rôle central dans le soutien des efforts nationaux. La nouvelle formule adoptée pour le débat de haut niveau du Conseil offre un excellent potentiel de répondre à la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le Président a ainsi estimé que la réunion ministérielle constitue une avancée pour la pleine réalisation d'un partenariat mondial pour le développement, notamment du fait qu'elle offre une plate-forme essentielle pour le partage d'expériences nationales. Il a à cet égard félicité les pays qui se sont portés volontaires, cette année, pour faire une présentation. Une approche axée sur les résultats permettra de faire un pas de plus vers des solutions viables pour les millions de personnes qui souffrent de la pauvreté, a-t-il souligné. M. Čekuolis s'est réjoui de ce que la «foire aux innovations de l’ECOSOC» offre cette année, pour la première fois, une occasion supplémentaire de trouver des solutions concrètes. Pour conclure, le Président s'est réjoui des annonces qu'effectueront, à cette session, les gouvernements des initiatives concrètes mises en œuvre pour lutter contre la pauvreté et la faim. Il a ainsi tenu à souligner que le segment de haut-niveau doit être compris comme une opportunité pour identifier des manières d'avancer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Je compte sur votre engagement pour envoyer un message clair au monde, pour montrer que, dans un esprit de partenariat véritable, nous n'abandonnons pas nos engagements et que nous sommes déterminés à faire en sorte que les vies de millions de personnes s'améliorent, a-t-il conclu.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a souligné combien est sacrée la mission du Conseil, qui est de diriger dans le monde entier les activités menées par les Nations Unies en faveur de l'amélioration de la condition humaine et du développement. Il s'est dit convaincu que cette année, les membres du Conseil sont mieux armés que jamais pour relever ce défi. Le Conseil a pris des initiatives ambitieuses en vue de dynamiser ses fonctions et de rationaliser sa mission. Il se trouve de ce fait bien placé pour devenir une plaque tournante, à l'échelle mondiale, pour la conception et la supervision des politiques et pratiques en matière de développement, a déclaré M. Ban. Pour nous en convaincre, a-t-il précisé, il nous suffit d'examiner deux des mesures novatrices les plus marquantes prises par le Conseil: l'instauration des examens ministériels annuels et la création du Forum pour la coopération en matière de développement. Les examens ministériels peuvent aider le Conseil à mieux évaluer les progrès accomplis par les pays au regard des objectifs de développement convenus à l'échelon international. Parallèlement, le nouveau Forum pour la coopération en matière de développement peut aider les pays à mieux orienter la coopération internationale pour le développement vers la réalisation de ces objectifs. Ces deux nouveaux mécanismes n'auraient pu être établis à un moment plus opportun, a poursuivi le Secrétaire général. «Nous nous trouvons à mi-parcours de la course vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement», a-t-il en effet souligné. Déployer maintenant des efforts vigoureux et soutenus peut faire la différence entre la réussite et l'échec de notre formidable entreprise. Il va sans dire que des millions de vies sont littéralement en jeu, a déclaré M. Ban. Aussi, s'est-il félicité de l'orientation donnée à l'examen ministériel annuel, qui sera axé sur le premier et le dernier des Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim et mettre en place le partenariat mondial pour le développement.
M. Ban a rappelé que le Conseil était saisi du rapport analytique établi par le Secrétaire général en vue de l'examen ministériel, ainsi que du Rapport de 2007 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, dont le lancement a lieu ici et aujourd'hui même. Il ressort de ce rapport que les progrès dans la réalisation des objectifs pour le développement ont été lents dans certains des pays les plus pauvres du monde, en particulier en Afrique subsaharienne. Le principal message qu'il véhicule reste toutefois encourageant: la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement demeure possible dans la plupart des pays, mais il est pour cela indispensable que les dirigeants politiques prennent de toute urgence des mesures concertées, a indiqué le Secrétaire général. L'expérience a également montré que les mesures destinées à harmoniser les stratégies nationales de développement efficaces et les Objectifs du Millénaire devaient être prises au niveau intérieur, et non imposées de l'extérieur, a ajouté M. Ban. Il a souligné combien il importe que les nations développées respectent leurs promesses; il faut qu'elles atteignent l'objectif de 0,7 % fixé en matière d'aide publique au développement. «Aujourd'hui, j'engage instamment les donateurs à établir un calendrier pour l'accroissement de l'aide, afin qu'ils tiennent d'ici à 2010 et 2015 les engagements qu'ils ont pris», a déclaré le Secrétaire général. Ce faisant, ils doivent également s'attaquer aux disparités qui existent dans le régime commercial mondial et qui nuisent à un si grand nombre de nations en développement. Le monde a désespérément besoin que les négociations commerciales de Doha aboutissent, a souligné M. Ban. L'heure est venue de transformer les promesses en progrès véritables, a-t-il déclaré. En agissant maintenant, nous pouvons encore parvenir à respecter la date butoir de 2015, a-t-il estimé. Telle est la tâche à laquelle doivent s'atteler non seulement le Conseil, mais aussi l'ensemble du système international, a-t-il conclu.
Mme SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente de l'Assemblée générale, a fait observer que le Conseil économique et social est maintenant entré dans une nouvelle ère qui lui permettra de se renforcer. L'adoption de la résolution 61/16 par l'Assemblée générale, résultat d'une négociation qui a duré des années, est très prometteuse, a-t-elle souligné. Elle s'est également réjouie de ce que la réunion ministérielle annuelle offre le potentiel de discuter et distinguer des bonnes pratiques pour éradiquer la pauvreté. Les défis qui attendent la communauté internationale sont énormes, a-t-elle insisté, attirant ensuite l'attention sur les espoirs et les aspirations des gens souffrant de la pauvreté, de la malnutrition et des épidémies. La communauté internationale a une responsabilité morale face à ces souffrances et doit répondre immédiatement aux aspirations de ces personnes, a-t-elle martelé.
Soulignant qu'en dépit des efforts déployés, la pauvreté n'a pas été complètement éradiquée, la Présidente de l'Assemblée générale a plaidé pour un partenariat plus large. Il faut parvenir à l’éradication de la pauvreté, et je crois que nous en avons les capacités et les ressources, a-t-elle souligné. À cet égard, elle s'est dite persuadée que le renforcement du Conseil économique et social et l'amélioration de sa coopération avec l'Assemblée générale devrait permettre aux États de mieux s'acquitter de leurs obligations en matière de développement. Elle a également rappelé la nécessité de mettre en place un mécanisme global pour la mise en œuvre et le suivi des réunions des Nations Unies. Mme Al Khalifa a ensuite tenu à insister sur l'importance que revêt la question de l'égalité des sexes. Malgré tous les progrès réalisés, les femmes restent marginalisées, a-t-elle déploré. Il y a encore un long chemin à parcourir. Mais nous devons avoir à l'esprit les succès enregistrés. Elle a aussi attiré l'attention sur la question des changements climatiques, qu'elle a qualifiés d'un des défis les plus graves auxquels se trouve confrontée l'humanité. La communauté internationale doit y répondre sans délai. La Présidente de l’Assemblée générale a à cet égard estimé qu’aborder cette question -étroitement liée au développement économique et social- à la réunion ministérielle pourrait servir de tremplin pour la réunion des Nations Unies sur le climat, qui aura lieu à Bali à la fin de l'année. Pour conclure, elle s'est réjouie de ce que le Premier Ministre de son pays, le Bahreïn, soit venu aujourd'hui recevoir un prix de la part d'ONU-HABITAT.
Mme ANNA TIBAIJUKA (Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains - ONU-HABITAT) a salué le vainqueur de la mention spéciale du prix d'honneur ONU-Habitat 2006, le royaume du Bahreïn. Ce prix vise à reconnaître sur le plan international les efforts constants et les approches novatrices des programmes d'habitat. Suite à un examen rigoureux des candidatures, le Groupe d’experts a dit que le Bahreïn est le pays qui a fait le plus pour lutter contre la pauvreté et moderniser les villes en tenant compte du développement à long terme et de l'égalité entre hommes et femmes. L'ONU-HABITAT a une relation de longue date avec le Bahreïn, a rappelé Mme Tibaijuka. Le Gouvernement du Bahreïn a conçu des programmes de logement révolutionnaires. Ces 20 dernières années, les demandes de logement ont explosé, mais le Gouvernement a su mettre en place des logements différents pour correspondre aux différents revenus. Le résultat en est en particulier « la magnifique ville de Manama ». Ces innovations pourraient constituer une émulation pour d'autres qui aimeraient parvenir au même objectif.
Plus de 50% de la planète vivra bientôt dans des villes, a rappelé Mme Tibaijuka. Voilà des défis formidables qui compliquent notre tâche. Il faut tout faire pour nous adapter. Il convient de planifier et d'observer pour adapter les normes de construction. Ce sont les pauvres qui sont les plus vulnérables car leur logement ne respecte pas toujours les normes toutes simples qui pourraient sauver des vies. Le prix d'honneur ONU-HABITAT est la reconnaissance d'efforts inlassables déployés par le Bahreïn ces trois dernières décennies pour améliorer le logement de la population, des riches et des pauvres, des hommes et des femmes. L'ONU-HABITAT espère que ce prix encouragera d'autres gouvernements à parvenir au même but.
M. BAN, Secrétaire général des Nations Unies, a présenté la mention spéciale 2006 du prix d'honneur d'ONU-HABITAT 2006. Il a souligné que le Bahreïn a effectué des pas de géant dans la lutte contre la pauvreté. D'un ensemble de villages ruraux, le Bahreïn est devenu une économie diversifiée tout en conservant l'héritage culturel propre au pays, s'est-il réjoui. Le Secrétaire général a ensuite rappelé que la lutte contre la pauvreté est l'un des plus grands défis de notre temps. Si elle veut parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d'ici à 2015, la communauté internationale doit redoubler d'efforts, a-t-il insisté. Pour conclure, il a tenu à féliciter de tout cœur le Premier Ministre du Bahreïn pour ses efforts et pour le prix qu'il a reçu.
M. SHEIKH KHALIFA BIN SALMAN AL KHALIFA, Premier Ministre du Bahreïn, s'est réjoui de recevoir ce prix et souligné qu'il l'accueille avec surprise et honneur. Il a estimé que ce prix reflète les efforts déployés par ONU-HABITAT pour aider les différents pays. En outre, ce n'est pas un prix qui m'est destiné personnellement, a-t-il poursuivi, mais un prix qui vient aussi consacrer les efforts de la Princesse et du Roi du Bahreïn. Nous travaillons tous, main dans la main, pour améliorer la vie des habitants. Ce prix, a-t-il ajouté, doit rendre fiers tous les habitants du Bahreïn, car il consacre la reconnaissance par la communauté internationale des efforts déployé par le Bahreïn pour parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il nous encourage à poursuivre nos efforts pour parvenir à la réalisation de tous ces objectifs. Le Premier Ministre a ainsi rappelé que le droit à un logement digne est un droit inaliénable, qui est consacré par la Constitution du Bahreïn. Ainsi, offrir un logement à tous les habitants est une des priorités de notre politique de développement, a-t-il expliqué. Pour conclure, il a assuré que le Bahreïn continuera d'œuvrer en partenariat avec ONU-HABITAT, car le pays croit fermement en ce programme.
Mme MICHELINE CALMY-REY, Présidente de la Suisse, a rappelé que le grand nombre des objectifs de développement approuvés par la communauté internationale au cours des dernières décennies, ainsi que leur étroite interrelation, implique des efforts exceptionnels au plan de la cohérence des politiques, qu'il s'agisse des politiques nationales de développement ou des politiques de coopération poursuivies par les pays donateurs et les agences multilatérales. Dans ce contexte, les Objectifs du Millénaire pour le développement doivent être compris comme la «locomotive» de l'agenda global de développement, a-t-elle souligné. Elle a fait observer qu'à mi-parcours de la période que la communauté internationale s'est assignée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, nombreux sont ceux qui cherchent à savoir si les efforts communs sont en bonne voie ou non. La plupart semblent se concentrer sur l'image globale, a-t-elle poursuivi, arguant qu'il s'agit d'une agrégation difficile à faire et qu'il serait plus intéressant de s'arrêter aux cas individuels de développement. Une croissance favorable aux pauvres n'est pas le résultat d'une doctrine économique correcte sur le papier, mais le fruit d'un mélange complexe de facteurs au nombre desquels figurent des politiques macroéconomiques prudentes, une protection sociale efficace et un mélange d'investissements dans l'infrastructure, la formation et des services publics de base.
« Nous possédons les connaissances et l'expérience requises pour vaincre la pauvreté extrême et la faim », a souligné Mme Calmy-Rey, ajoutant que «nous possédons également les ressources nécessaires, si nous sommes prêts à nous mobiliser». La présidente de la Confédération a indiqué qu'elle restait attachée à l'approche choisie à Monterrey, qui invite tous les acteurs concernés -gouvernements, institutions multilatérales, organisations non gouvernementales ou secteur privé- à conjuguer leurs efforts sur un large front, aux niveaux national, régional et mondial. Il est important que les pays en développement, responsables au premier chef de leur propre développement, formulent et mettent en œuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté effectives et efficaces, qu'ils créent des conditions propices à un développement humain et écologiquement durable et qu'ils mobilisent pour ce faire leurs propres ressources. Il n'en est pas moins crucial que les pays industrialisés accroissent leur aide au développement et ouvrent davantage leurs marchés aux pays en développement, a ajouté Mme Calmy-Rey. Elle a en outre fait observer que la bonne gouvernance au niveau national est indispensable au développement durable. Au niveau global, nous sommes tous appelés à mieux coordonner nos politiques macroéconomiques afin de renforcer la stabilité économique globale, a poursuivi Mme Calmy-Rey. Nous savons d'ores et déjà que des résultats dans ce domaine ne pourront être obtenus que par le biais d'efforts très substantiels et conjoints de tous les partenaires concernés. Et si nous voulons aller de l'avant, nous avons besoin des Nations Unies, a-t-elle insisté. À cet égard, elle a fait observer que le Conseil économique et social remplit le double rôle de forum politique et de coordinateur de système. Il est le lieu où s'engage le débat mondial sur les nouvelles tendances dans le domaine du développement économique et social et où des partenariats peuvent se créer en vue de la mise en œuvre de ses politiques. Pour conclure, elle s'est réjouie de la création du Forum pour la coopération en matière de développement dont le lancement officiel aura lieu jeudi. «J'ai la profonde conviction qu'il s'agit d'un grand pas en avant dans le renforcement du rôle de l'ECOSOC», a confié la Présidente suisse, car le Forum offre de précieuses possibilités pour replacer le débat sur l'efficacité de l'aide à un niveau véritablement multilatéral.
M. GEDIMINAS KIRKILAS (Premier Ministre de la Lituanie) a souligné que c'est aux États membres qu'il appartient de faire du Conseil économique et social, le forum au sein duquel mener des discussions de pointe, proposer des recommandations concrètes et assurer un suivi aux décisions. La croissance économique sur la planète a été plutôt prometteuse ces dernières années, a-t-il déclaré. La pauvreté mesurée en termes de population vivant avec un dollar par jour a reculé dans toutes les régions en développement, a-t-il ajouté. Des changements prometteurs se produisent en matière d'instruction primaire, de vaccination des enfants et de nombre de malades du VIH/sida pris en charge, a-t-il insisté. Mais les progrès réalisés jusqu'ici ne suffisent pas, a reconnu le Premier Ministre. En dépit de la reconnaissance réitérée des besoins spécifiques de l'Afrique et des croissances records enregistrées par un certain nombre d'économies africaines, la pauvreté et la faim restent des défis importants en Afrique subsaharienne et dans les pays les moins avancés, a-t-il souligné. La pauvreté et la faim demeurent une réalité quotidienne pour des millions d'êtres humains dans le monde. Il convient, de toute urgence, de sortir du mode «gestion des affaires courantes», faute de quoi les Objectifs du Millénaire pour le développement resteront une promesse. Les efforts locaux devraient à cet effet être appuyés par des soutiens régionaux et internationaux. En outre, une approche multidimensionnelle est nécessaire.
La croissance économique doit être renforcée par des aides, a poursuivi le Premier Ministre lituanien. La Lituanie n'en serait pas arrivée là où elle est aujourd'hui sans un ferme engagement dans le domaine du renforcement institutionnel. Il est également important de rendre les femmes autonomes. L'éducation reste aussi un outil puissant dans l'éradication de la pauvreté. Pour appliquer les engagements à réduire la pauvreté et la faim, il faut aussi aborder le lien entre la pauvreté et les situations de conflit, a indiqué M. Kirkilas. Un retrait de l'assistance internationale des pays qui sont en situation postconflictuelle peut porter préjudice à l'établissement d'une paix durable. Le Conseil économique et social peut apporter une aide dans ces situations. Le changement climatique est également un facteur que l'on ne peut plus ignorer. Quand des catastrophes naturelles frappent ce sont les pauvres qui en sont les premières victimes. M. Kirkilas s'est dit heureux de voir que le changement climatique exige des solutions à long terme et mondiales. Il est nécessaire de porter de plus en plus notre attention sur la croissance «verte». L'éradication de l'extrême pauvreté exige un partenariat mondial. L'Union européenne a fait des efforts considérables pour contribuer à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Les pays de l'Union européenne sont engagés à améliorer l'efficacité de l'aide. Il convient de décider des mesures qui renforceront la capacité des Nations Unies à produire des résultats dans ces domaines. Des résultats concrets pour réduire la sombre réalité de la pauvreté et de la faim ne peuvent se faire, entre autres, sans une mobilisation internationale de l'aide et de l'allègement de la dette. Il faut rassembler le monde autour des objectifs fixés il y a sept ans. Nous nous sommes engagés à l'éradication de la pauvreté, la communauté internationale ne peut se soustraire à ses obligations morales fortes. Il est nécessaire de se monter à la hauteur de ces promesses.
CONCERTATION SUR LES FAITS NOUVEAUX DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE ET LA COOPÉRATION ÉCONOMIQUE INTERNATIONALE
Présentations des panélistes
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales des Nations Unies, a souligné que le dialogue d'aujourd'hui offre une occasion en or aux institutions économiques et financières de tenir les États au courant des derniers développements économiques. Il a expliqué qu'au cours des dernières années, le rythme de la croissance économique mondiale s'est ralenti. Ce risque de baisse de la croissance requiert des politiques coordonnées. Une légère reprise en Europe et au Japon n'a pas suffi à compenser le ralentissement aux États-Unis, a-t-il poursuivi. Il a rappelé que la croissance dans la plupart des économies des pays en développement reste tributaire de la conjoncture économique internationale, qui elle-même dépend des résultats des grands pays développés. Pour les pays les moins avancés, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement peut être ainsi compromise, et leur vulnérabilité est notamment liée à la volatilité accrue des produits de base et des marchés des valeurs dans la plupart des pays. M. Sha a attiré l'attention sur l'augmentation des taux d'intérêts à long terme des bons du trésor américain, qui constituent un point de repère important pour comprendre les coûts financiers que connaissent les pays en développement. Il faut davantage d'efforts pour faire progresser les négociations multilatérales et notamment faire reprendre le Cycle de négociations de Doha qui a été suspendu, a-t-il insisté.
Le Secrétaire général adjoint a expliqué qu'en dépit d'une croissance robuste de la production ces dernières années, les taux de chômage ont été parfois plus élevés que les années précédentes. Il a ainsi fait observer que la création d'emploi sera décisive pour la lutte contre la pauvreté. Il a fait part de sa plus grande préoccupation, à savoir la structure de déséquilibre mondial caractérisé par le déficit hypertrophié de l'économie des États-Unis. Le passif des États-Unis dépasse de loin l'excédent commercial et suscite, entre autres, la perte de confiance dans le dollar. Cette perte de confiance est susceptible de déstabiliser l'économie mondiale. M. Sha a souligné à cet égard que pour éviter que les déséquilibres mondiaux n'aient de conséquences trop graves, les politiques internationales doivent être coordonnées. Dans cette optique, le Fonds monétaire international a lancé, en 2006, un cycle de consultations qui n'a pour l'instant pas donné lieu à des mesures concrètes. Mais il faut de toute urgence établir de telles consultations multilatérales. À long terme, seules des réformes approfondies du système monétaire et financier international permettront de gérer les asymétries. Pour conclure, il a attiré l'attention sur les risques de paupérisation encourus par les personnes âgées. La charge fiscale nécessaire à l'amélioration des conditions de vie de ces personnes requiert l'aide de la communauté internationale, a-t-il insisté. Il a rappelé que le vieillissement de la population mondiale augmentant, la part de la population active se réduit. Il a ainsi plaidé pour la mise en œuvre de politiques qui stimulent la productivité et le flux de main d'œuvre, en encourageant la participation des femmes et des personnes âgées au monde du travail.
M. PANITCHPAKDI SUPACHAI (Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement - CNUCED) a relevé que l'économie mondiale dans son ensemble est en bonne santé. Toutefois, ce tableau doit prendre en compte le ralentissement de l'économie américaine et le fait que la croissance au Japon et dans la zone euro repose encore sur une dynamique externe. La bonne nouvelle est que les pays en développement continuent de connaître une forte croissance. La croissance a rarement été aussi généralisée. Ces pays jouent un rôle de plus en plus important. La mondialisation a renforcé leurs liens commerciaux avec le reste du monde. L'année dernière, en terme de PIB, le commerce international a dépassé le seuil de 30% pour la première fois. La part des pays en développement s'est accrue. Pour de nombreux producteurs de produits de base, l'essor des prix a conduit à une amélioration significative des échanges. Il doit être souligné que les pays en développement connaissent une expansion du commerce non seulement avec le Nord, mais aussi entre eux.
Un nouveau paysage financier est en train d'émerger, a souligné M. Supachai. Depuis un certain nombre d'années, les flux des capitaux ont été inversés. Les pays en développement sont devenus des exportateurs nets de capitaux et les pays développés des importateurs nets. Les marchés émergents ont réduit leur emprunt à l'étranger. Si les perspectives à court terme de l'économie mondiale sont positives, des problèmes se posent. Un ralentissement de la croissance américaine pourrait altérer la croissance d'autres pays. Le ralentissement aux États-Unis pourrait offrir une autre tendance à la baisse à l'échelle mondiale. La gestion des déséquilibres mondiaux est nécessaire. L'endettement étranger des États-Unis continue de s'aggraver et cela conduit à une pression politique pour protéger le pays d'une plus grande dépendance à l'égard de l'Asie qui ne cesse d'augmenter. Enfin, dans le cadre de la perspective du développement, c'est un impératif moral pour le monde de se rappeler des pays pauvres.
M. PASCAL LAMY, Directeur de l'Organisation mondiale du commerce, a fait observer qu'il y a, aujourd'hui, un consensus pour reconnaître que le commerce joue un rôle fondamental dans le développement. Il a à cet égard regretté qu'un certain nombre de règles commerciales soient en défaveur des pays en développement. Il a à titre d'exemple rappelé que les règles de subventions aux produits agricoles déforment les possibilités commerciales des pays en développement. La décolonisation politique est intervenue il y a plus de 50 ans mais nous n'avons pas encore mené à bien la décolonisation économique, a fait observer M. Lamy. L’Agenda de Doha pour le développement consiste justement à remédier aux déséquilibres qui subsistent et à fournir aux pays en développement un meilleur accès aux marchés. Le Directeur de l'OMC a également tenu à rappeler que si le commerce est un ingrédient essentiel, la libéralisation n'est pas forcément la panacée pour le développement. L'ouverture commerciale ne peut être politiquement et économiquement durable que si elle est complétée par des politiques qui améliorent les capacités au plan humain et structurel et qui s'attaquent aussi au défi de la distribution des bénéfices issus de la libéralisation des échanges. Un ensemble de politiques en matière d'éducation et de sécurité sociale doit être justement mis en œuvre. À cet égard, M. Lamy a souligné que si s'occuper de cet ensemble politique est déjà une tâche difficile dans les pays développés, cela relève de la gageure pour les pays en développement. C'est la raison pour laquelle le programme d'aide au commerce a trouvé sa place aux côtés des négociations de Doha. L'idée de ce programme est d'améliorer la capacité des pays en développement de profiter de cette libéralisation accrue, a-t-il rappelé. Pour certains, cela impliquera de mettre leurs infrastructures et leurs institutions à l'épreuve pour faire en sorte que leurs produits correspondent aux critères techniques, sanitaires et phytosanitaires des marchés d'exportation; pour d'autres cela impliquera des projets à grande échelle d'amélioration des infrastructures et des logistiques de transport. Il a rappelé que les activités de l'OMC dans ce domaine sont limitées, et sont axées uniquement sur la formation. C'est pourquoi des activités ont été mises en œuvre en collaboration avec le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement ou l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette aide au commerce doit venir compléter les résultats ambitieux des négociations de Doha plutôt que les remplacer, a-t-il estimé.
S'intéressant plus particulièrement au Cycle de Doha, le Directeur de l'OMC a fait observer que les négociations sont maintenant à un croisement entre la voie du succès ou celle du ralentissement jusqu'à l'arrêt. Les États Membres se sont engagés à conclure les négociations d'ici à la fin de l'année. Mais pour y parvenir, il faut progresser sur les questions des subventions agricoles, des tarifs agricoles et des tarifs industriels, puisque récemment quatre membres n'ont pas réussi à trouver un accord sur ces éléments. Ce n'est pas une bonne nouvelle, a poursuivi M. Lamy, et cela pourrait être fatal si ces membres ne jouent pas un rôle constructif. Il reste très peu de choses à faire, par rapport au travail qui a déjà été abattu, a-t-il ajouté. Le défi est aujourd'hui moins économique que politique et M. Lamy a demandé aux négociateurs de l'OMC de se souvenir que des milliards de personnes comptent sur ces négociations pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. MURILO PORTUGAL (Directeur général adjoint du Fonds monétaire international – FMI) a déclaré que le scénario de départ est le suivant: l'économie mondiale continue de connaître de bons jours. Une croissance solide se maintient dans la zone euro et au Japon et un renforcement de la croissance aux États-Unis est attendu au cours du deuxième semestre de cette année. Le FMI s'attend à une croissance mondiale de l'ordre de 5% pour 2007. S'agissant des États-Unis, après un ralentissement de la croissance d'un an on s'attend à une relance progressive de l'économie une fois que le marché immobilier sera rééquilibré. Les prix élevés du pétrole vont se répercuter dans les prochains mois. L'inflation devrait être assez modérée. Dans la zone euro, la croissance est plus forte qu'escomptée. Le PNB a augmenté de 2,4 % dans la première partie de l'année malgré un ralentissement des dépenses à la consommation. L'essor de l'économie de la zone euro semble assez solide et la croissance devrait rester au-delà du potentiel prévu pour l'année 2008. Le marché du travail continue d'évoluer dans des conditions favorables. Au Japon, la croissance se poursuit. Le PNB a subi un accroissement de 3,3% reflétant un climat de forte activité. L'inflation des prix à la consommation continue de tourner autour du taux zéro. Le retour à une politique monétaire neutre devrait s'opérer en tandem avec des prospectives d'amélioration de l'inflation. S'agissant des marchés émergents et des pays en développement, on s'attend à une croissance forte en 2007 profitant de conditions financières mondiales favorables et de prix élevés des produits de base. En Chine, la croissance du PIB a repris sont rythme annuel de plus de 11% grâce à d'importants investissements et exportations. Il en est de même en Inde. Pour le Conseil économique et social, la croissance va se poursuivre de manière plus forte que prévue et il faudra plus de rigueur en matière de politique monétaire dans ces deux pays. La politique de croissance continue d'être forte parmi tous les groupes de pays en développement. En Afrique subsaharienne la croissance s'améliore.
Toutefois, des risques accompagnent ce scénario de base. La pression de l'inflation reste préoccupante pour tous les pays avancés et émergents. Les prix des produits agricoles ont augmenté radicalement. Une recrudescence des prix en matière d'énergie constitue aussi un risque. L'augmentation récente des rendements à long terme dans le monde reflète ces préoccupations. Il est donc utile de maintenir une pression ferme sur l'inflation. Le deuxième risque concerne l'augmentation notable des taux d'intérêt à long terme. Il convient de faire preuve de vigilance. Enfin, les déséquilibres de comptes constituent le troisième risque même si les déséquilibres dans la balance des paiements sont peu probables, ils pourraient être très coûteux s'ils interviennent de façon désordonnée. Pour essayer de régler ces déséquilibres, le FMI a procédé à des consultations multilatérales.
En conclusion, M. Portugal a estimé que les perspectives mondiales restent favorable bien qu'il y ait toujours des risques de mauvaises surprises. Il n'y a pas lieu pour les décideurs politiques de relacher leurs efforts en faveur d'un environnement macroéconomique stable.
M. FRANÇOIS BOURGUIGNON, Vice-Président de la Banque mondiale, a fait observer qu'au niveau mondial, la croissance économique dans les pays en développement a ouvert de nombreuses possibilités. Toutefois, au niveau régional et sous-régional, les inégalités des en matière de possibilités commerciales et de participation à la croissance mondiale représentent la plus grande menace à la stabilité de la croissance et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. La période actuelle est marquée par une croissance exceptionnelle pour les pays en développement, a-t-il poursuivi, avant de souligner que la croissance des pays en développement durant les dix dernières années a été plus rapide que celles des 20 années précédentes. Aussi, la part des pays en développement aux résultats économiques mondiaux est passée de 39% en 1995 à 46% en 2005. M. Bourguignon a expliqué que la poursuite de la croissance a eu des effets notables sur la réduction de la pauvreté. Le monde, pris globalement, est sur le point de réaliser le premier objectif du développement qui est de diminuer l'extrême pauvreté de moitié, d'ici à 2015. C'est une réussite énorme, s'est réjoui M. Bourguignon. Il s'est également réjoui de ce que les progrès récents dans la réduction de la pauvreté ne sont pas dus à des événements cycliques mais résultent de changements structurels fondamentaux dans l'économie mondiale.
S'agissant de la réduction des disparités, il y a également lieu d'être optimiste. Toutefois, le tableau varie de manière substantielle au niveau régional et local, l'Afrique sub-saharienne restant notamment à la traîne. Non seulement il y a d'énormes disparités dans la répartition des revenus, mais de plus, le fossé s'élargit. Le défi de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement touche surtout les pays les plus fragiles, ceux qui sont confrontés de la manière la plus aiguë aux défis institutionnels et de gouvernance. M. Bourguignon a ensuite expliqué que la fragilité d'un État peut être considérée comme transitoire, pour des pays émergeant de conflits civils extrêmement dévastateurs. Malheureusement, il y a de nombreux exemples de fragilité persistante et chronique. La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement est particulièrement problématique dans ces pays, a-t-il fait observer, soulignant la nécessité d'y accorder une attention particulière et de mobiliser des ressources pour les aider à faire face à ces défis. Renforcer l'aide au développement est essentiel, a ajouté M. Bourguignon. Pour conclure, il a attiré l'attention sur les dangers de l'émission de gaz à effet de serres. Au-delà de leur impact mondial potentiel, les pays ne seront pas tous touchés de la même manière, a-t-il souligné. À cet égard, il a expliqué que bien qu'il soit tentant de prétendre qu'il s'agit du problème des pays riches, cette attitude est erronée car bientôt, les émissions à effet de serre viendront principalement des pays émergeants.
Débat interactif
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a demandé, si le Cycle de Doha se conclut et si un accord est obtenu sur les subventions à l'agriculture et sur les barrières tarifaires, quels seraient les avantages concrets pour le reste des pays en développement qui ne sont ni pays émergents, ni pays à faibles revenus intermédiaires? Autre scénario, si le cycle de Doha n'arrive pas à conclure, ne serait-il pas possible d'envisager un programme séparé d'une première voie pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement? Le représentant pakistanais à également demandé s'il ne convenait pas d'examiner l'ensemble de l'architecture internationale pour relancer les premiers objectifs qui sont de promouvoir la stabilité mondiale et garantir l'accès à un financement à court terme aux pays qui en ont vraiment besoin et non à ceux qui y ont déjà accès.
M. PEDRO MARQUES (Portugal, au nom de l'Union européenne) a estimé que la réunion d'aujourd'hui offre une occasion d'approfondir les débats sur la suite à donner au consensus de Monterrey. Il a fait observer que les récents rapports de la Banque mondiale montrent qu'après une solide croissance ces trois dernières années, l'économie mondiale devrait connaître un ralentissement en 2007 et que les pays en développement ont continué à connaître la croissance en 2006 et qu'elle restera robuste en 2007, malgré certains éléments de modération. Malheureusement, une croissance soutenue ne semble pas garantir la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement pour 2015, du fait que 44 pays, dont la majorité se trouvent en Afrique, n'ont pas réussi à atteindre une croissance de plus de 3%.
Comment expliquer qu'en dépit de plusieurs chiffres positifs, nous nous trouvons toujours face à ce tableau contrasté dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, s'est demandé le représentant de l'Union européenne? Dans ce monde interdépendant, il faut adopter une approche de collaboration nationale, internationale et régionale pour relever les défis. Et il faut donc accorder une attention particulière à l'Afrique et aux pays les moins avancés, a-t-il souligné. Il a à cet égard rappelé que la paix, la sécurité, le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales constituent la base pour le développement. Le consensus de Monterrey est le fondement de ce partenariat mondial pour le développement. Ce document rappelle que chaque pays a la responsabilité de son propre développement et souligne le rôle de la bonne gouvernance, des politiques nationales et des stratégies de développement dans la réalisation de ces objectifs. Enfin, le représentant du Portugal a souligné que l'Union européenne s'est engagée à augmenter son aide publique au développement jusqu'à atteindre le taux de 0,7% du PIB en 2015. Rappelant que l'importance du commerce pour la croissance, il a estimé que la réussite des négociations de Doha est essentielle et dépend autant des pays développés que des pays en développement.
M. ALEXANDER YAKOVENKO (Russie) s'est interrogé sur l'orientation de la mondialisation. La mondialisation comporte de nombreux aspects positifs mais des millions de personnes dans le monde n'en retirent aucun bénéfice. Le fossé entre riches et pauvres continue de s'élargir. La mondialisation est un phénomène complexe. Les conditions de la mondialisation doivent préserver la multiplicité des modèles des États; il faut tenir compte des spécificités de chaque pays. La coopération dans le cadre des Nations Unies et d'autres organisations internationales devrait être élargie pour rechercher des processus pour neutraliser ces aspects négatifs. Quelles peuvent-être les priorités au niveau de la coopération entre la communauté internationale et les pays?
M. RICHARD MILLER (États-Unis) s'est réjoui des bonnes nouvelles annoncées s'agissant de la croissance économique mondiale, et notamment des progrès réalisés par les pays en développement. Il a toutefois regretté que les pays les moins avancés n'aient pu participer à la prospérité mondiale. Relevant qu'ils restent assez nombreux à avoir du mal à rattraper le reste du monde, il a demandé aux institutions présentes ce qu'elles peuvent faire, dans leur domaine de compétences, pour assurer l'intégration de ces pays à l'économie mondiale.
M. YERZHAN KAZIKHANOV (Kazakhstan) a tenu à rappeler que la coopération dans le domaine du transport est un facteur clé du développement économique mais que les coûts de transport élevés sapent la compétitivité. Quinze sur 31 pays en développement sans littoral figurent dans les pays les moins avancés. Le Kazakhstan a dit souhaiter que soit pleinement prise en considération la position de ces pays dans le développement économique, le commerce international et la coopération régionale. Le Kazakhstan aimerait savoir quels sont les avis des conférenciers s'agissant des besoins spécifiques de ces pays dans le contexte de la coopération internationale?
M. ALPHA SAW (Guinée) a demandé quel était l'impact des marchés émergeants, tels la Chine, sur l'aide aux pays les plus pauvres. Il a aussi demandé s'il existe des informations s'agissant de la situation des pays les moins avancés, et notamment des producteurs de coton. Joignant sa voix à celle du représentant des États-Unis, il a souhaité savoir ce que chacun des intervenants peut faire pour aider les pays les plus pauvres et les plus fragiles.
MME LIU HUA (Chine) a déclaré apprécier ces échanges au sein du Conseil économique et social. Les présentations faites ce matin permettent de mieux comprendre les risques et les possibilités de la présente situation économique. La Chine aimerait savoir quelles mesures la Banque mondiale propose de prendre pour faire un travail de réforme au sein même de la Banque mondiale? S'agissant du FMI, la réforme bat son plein et on arrive à une étape cruciale. Quelles mesures le FMI envisage-t-il de prendre pour faire avancer le travail de réforme?
M. LAMY, Directeur de l'OMC, répondant à la question du représentant du Pakistan, a expliqué que parmi les profits concrets que pourraient avoir les pays en développement figure notamment l'accès aux marchés de l'agriculture ou textile, vêtements et chaussures où ces pays peuvent avoir un avantage comparatif non négligeable. À cet égard, il a rappelé que les échanges Sud-Sud, entre pays en développement, sont très nombreux. S'agissant des subventions qui bouleversent les échanges, il a souligné que l'exemple du coton est le plus évident à cet égard. Les subventions bouleversent les possibilités de ces pays qui ont pourtant un net avantage comparatif. Les déséquilibres doivent être abordés aussi bien au niveau national qu'international, a-t-il poursuivi. Il faut bien cibler les pays dont la capacité à contrer ces phénomènes sont les plus faibles. Répondant à la question du représentant des États-Unis sur les mesures favorisant l'intégration des pays les plus pauvres, il s'est dit en faveur de la mise en œuvre de mesures permettant de résister au protectionnisme. Enfin il s'est dit en accord avec le représentant du Kazakhstan et rappelé que faciliter le transport des produits est vital pour les pays enclavés en développement. À certains égards, les règles internationales garantissant le passage ne sont pas aussi claires qu'on le souhaiterait, a-t-il reconnu.
M. SUPACHAI, Secrétaire général de la CNUCED, a rappelé que la question de la stabilité financière internationale est essentielle. Il ne faut pas s'en remettre uniquement aux pays individuels, a-t-il insisté. Et pour intégrer les plus vulnérables au système international, il est nécessaire de déployer un large éventail de mesures. La CNUCED, quant à elle, insiste sur la une formation productive par le biais d'une augmentation des investissements visant à assurer une meilleure formation et à créer des emplois. Une telle approche permet aux pays de devenir plus compétitifs et de s'intégrer au système économique mondial. S'agissant des répercussions sur les pays les moins avancés, il a rappelé que les Nations Unies ont beaucoup œuvré pour mieux comprendre la situation de ces pays et a rappelé que le Conseil est saisi d'un rapport sur cette question.
M. PORTUGAL, Directeur général adjoint du FMI, a fait observer que la question de la réforme complète de l'architecture financière internationale et du FMI d'une part, et la question des déséquilibres mondiaux d'autre part, sont deux problèmes séparés. Face aux déséquilibres mondiaux, aucun pays n'arrivera à y remédier en faisant cavalier seul. Raison pour laquelle il est essentiel de mettre en œuvre un nouvel instrument de consultation bilatérale pour discuter de la façon de régler les problèmes tout en maintenant les effets positifs de la croissance mondiale. La réforme des institutions financières internationales est une autre question, a-t-il répété. Il est revenu sur le travail du FMI qui privilégie une approche fondée sur la maîtrise par ces pays de leurs projets de réduction de la pauvreté. Ainsi des documents de stratégies de réduction de la pauvreté sont rédigés par ces pays eux-mêmes. À titre d’exemple, il a indiqué que le Fonds monétaire international a ouvert des centres d'assistance technique. Trois existent en Afrique (Est, Ouest et Afrique centrale), un dans les Caraïbes et un au Moyen-Orient, notamment. Au représentant américain qui s'enquerrait des moyens permettant d'améliorer l'intégration des pays les moins avancés aux marchés, il a préconisé de renforcer l'assistance, d'améliorer l'accès aux marchés pour les pays à faibles revenus, d'assurer une meilleure gouvernance et de mettre en œuvre des réformes des politiques nationales. Puis à la question portant sur les quotas, il a expliqué que le FMI s'est engagé à doubler les voix des pays à faible revenu pour qu'ils disposent de plus de poids.
M. BOURGUIGNON, Vice-président de la Banque mondiale, a souligné qu'il que tous les pays profitent des expériences visant à favoriser l'intégration aux flux mondiaux. La question de l'accès aux marchés demeure essentielle pour les pays à faibles revenus. Des mesures peuvent être prises dans les pays les plus pauvres. Il convient de faire au mieux pour faciliter leur intégration. Les investissements dans les infrastructures sont nécessaires pour faciliter les échanges. L'intégration dans les courants mondiaux constitue l'objectif essentiel pour ces pays.
S'agissant de la question des pays privés de littoral, ceux-ci doivent être en mesure d'accéder facilement aux infrastructures d'importation et d'exportation. Une coopération régionale s'impose dans ce domaine. S'agissant de la lutte contre la pauvreté, M. Bourguignon a estimé que certains pays auront encore durant des années un pourcentage élevé de pauvreté. D'ici 2015, il y aura encore un peu moins de deux milliards de personnes dans le monde qui vivront dans l'extrême pauvreté. La promotion de l'équité au sein des pays est essentielle. Enfin, quant à la question des étapes fragiles dans des pays qui sortent d'un conflit, il faut pouvoir compter sur des ressources financières suffisantes pour ne pas retomber dans des situations de conflit. Mais comment veiller à ce que ces ressources soient bien utilisées, à demandé M. Bourguignon?
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