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Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES, MME ASHA-ROSE MIGIRO

06/06/2007
Communiqué de presseConférence de presse
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES, MME ASHA-ROSE MIGIRO


Malgré une accélération de leur croissance économique et le renforcement de leurs institutions, les pays d’Afrique subsaharienne ne pourront atteindre les objectifs de réduction de pauvreté agréés au niveau mondial, et aucun d’eux ne pourra atteindre, dans les temps agréés, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a déclaré ce matin à la presse la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Asha-Rose Migiro.  Présentant un extrait du rapport « L’Afrique et les OMD: situation en 2007 », contenant les dernières analyses et statistiques relatives à la réalisation des OMD, et dont la copie finale paraîtra à la fin du mois, la Vice-Secrétaire générale a précisé que les défis à relever sont énormes, même si des progrès ont été constatés en Afrique subsaharienne.  Le moment de la publication ce matin des données concernant les efforts déployés par les pays africains coïncidait avec celui de l’ouverture, ce jour, du Sommet du G8 en Allemagne, a souligné Mme Migiro.  Elle a indiqué que devant le G8, le Secrétaire général proposerait que soit débattue la question de la mise en œuvre des mesures et des programmes qui faciliterait la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique subsaharienne.


Francesca Perucci, Chef de la Section de la planification et du développement des statistiques du Département des affaires économiques et sociales, qui est la principale rédactrice du rapport, et Guido Schmidt-Traub, Chef de l’Équipe de soutien à la réalisation des OMD au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ont participé ce matin, aux cotés de la Vice-Secrétaire générale, à la conférence de presse.


Selon le rapport, même si la proportion de personne vivant avec un dollar par jour ou moins est passée de 45,9 % à 41,1% depuis 1999, l’objectif de réduire de moitié en Afrique l’incidence de la pauvreté d’ici 2015 ne sera pas réalisé.  Bien que le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans soit passé de 185 à 166 pour mille naissances vivantes, ce taux ne représente qu’une fraction de l’objectif que s’était initialement fixée la communauté internationale.  Les taux de mortalité maternelle demeurent également très élevés, et le risque que court une femme de décéder de suites de complications dues à la grossesse ou à l’accouchement est de 1 pour 16, alors qu’il n’est que de 1 pour 3 800 dans les pays industrialisés.  Le taux d’infection au VIH/sida augmente quant à lui plus vite que le rythme auquel les nouveaux traitements sont proposés.


Les bonnes nouvelles provenant du continent africain concernent notamment l’augmentation de la croissance, l’amélioration de la qualité de la gouvernance, l’instauration d’une meilleure stabilité macroéconomique et l’amélioration des conditions de paix et de sécurité.  Mais ces progrès restent fragiles, a relevé Anna-Rose Migiro.  Une des premières causes de soucis est due au fait que la croissance africaine provient essentiellement des bonnes performances du secteur des produits de base, dont on connaît la vulnérabilité aux fluctuations des termes de l’échange, et à la sensibilité des marchés.  Or, beaucoup de pays africains sont fortement dépendants, pour leurs exportations, d’un seul ou de deux produits de base.  Le renforcement et la diversification de l’assise économique et commerciale de ces pays reste donc une priorité à moyen ou long terme que très peu d’entre eux sont cependant en état de réaliser, a indiqué Mme Migiro. 


Le rapport, a ajouté la Vice-Secrétaire générale, fait état de quelques réussites exemplaires, comme au Malawi, qui a doublé sa production agricole grâce à un programme d’engrais et de semence.  Le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda et bien d’autres, ont aboli les frais de scolarité, tandis que le Burundi a pour sa part instauré la gratuité des soins médicaux pour la mère et les enfants.  Le Sénégal quant à lui est en voie d’atteindre les Objectif du Millénaire pour le développement en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement, s’est félicitée la Vice-Secrétaire générale.  Mais, il est important pour les pays africains que soit conclu un ensemble de mesures de développement dans le cadre du Cycle des négociations commerciales de Doha et que, pour l’Afrique et les autres parties du monde en développement, soit rendue opérationnelle l’initiative de l’aide au commerce.


Les défis identifiés dans le rapport, et auxquels l’Afrique devra répondre, ont une chose en commun, a dit Mme Migiro: ils peuvent être relevés par un renforcement et un meilleur usage des ressources, des capacités humaines, institutionnelles et technologiques dont dispose déjà la communauté internationale.  Mais, il faudrait pour cela que les gouvernements africains et les donateurs et partenaires au développement tiennent chacun leurs engagements.


Mme Migiro a également signalé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement était aussi tributaire de l’aide publique au développement (APD) qui ne s’est pas accrue de manière significative depuis 2004.  Si l’on exclut le Nigéria, qui a bénéficié d’un allègement exceptionnel de sa dette, l’APD à destination du reste de l’Afrique subsaharienne n’a progressé que de 2% à la fin de l’année 2005.  Le Sommet du G8, a signalé Mme Migiro, fournit l’occasion aux pays donateurs d’annoncer leurs intentions s’agissant de l’augmentation de l’APD à chaque pays d’Afrique jusqu'à 2010 ou 2015, cette dernière date étant celle qui avait été fixée pour la réalisation des OMD.  Les données, chiffres et analyses figurant dans ce rapport devraient tous nous amener à laisser tomber les grands débats sur les questions de principe et à nous tourner vers des actions destinées à renforcer la mise en œuvre des programmes qui, concrètement, permettraient aux pays de parvenir aux OMD, a dit Mme Rose Migiro, en soulignant que tous les partenaires devraient s’assurer que la transparence et la responsabilité prévalent.  Beaucoup de pays africains montrent déjà à cet égard le bon exemple, a-t-elle indiqué.  Elle a émis l’espoir de voir les dirigeants réunis au Sommet du G8 étudier soigneusement les succès et les réussites qui se produisent en Afrique et s’efforcer de les soutenir au niveau requis.     


Répondant aux questions de la presse, M. Guido Schmidt-Traub, Chef de l’équipe de soutien à la réalisation des ODM au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a fait observer que l’absence de financements internationaux, d’infrastructures, et de politiques adaptées au niveau local étaient un frein à la réalisation des OMD en Afrique.  Les projections concernant l’APD ne nous laissent pas optimistes, a-t-il dit en notant que les appels à l’augmentation de cette aide restaient pratiquement sans réponse.  Tout en reconnaissant que l’argent ne règle pas tout, il a souligné qu’il fallait quand même en investir dans des stratégies claires auxquelles toutes parties souscrivent et soient partenaires. 


Il a aussi attiré l’attention sur le fait que les pays d’Afrique subsaharienne connaissaient également une pléthore de problèmes uniques en raison de l’incidence des maladies, de la situation enclavée de certains d’entre eux, ou parfois de leur petite taille, qui constituent des obstacles aux investissements étrangers.  D’autre part, le continent manque cruellement d’infrastructures au niveau de ses régions.


Certains pays, a poursuivi M. Schmidt-Traub, ont accru leurs revenus nationaux en raison de la montée des cours des matières premières.  Mais ce n’est pas suffisant, et nous souhaitons que le Sommet du G8 aborde la question de l’augmentation de l’aide publique au développement, a-t-il dit.  Il a aussi signalé qu’il était nécessaire de mettre en place des financements publics appropriés qui permettront de remédier par exemple à la faiblesses des niveaux de production agricole et à l’absence d’infrastructures scolaires.  Il s’agit donc d’un problème d’investissement sur le long terme, a-t-il dit.


À la remarque d’un correspondant qui estimait que le rapport faisait la part belle aux réussites et aux succès africains et ne mentionnait pas les échecs, Mme Francesca Perucci a répondu que les informations relatives aux difficultés qu’aurait l’Afrique à réaliser les OMD faisaient régulièrement la une des journaux.  Il est donc important que quand des données montrent clairement que des progrès ont été faits dans certains domaines ou par certains pays, on en parle aussi.  Pourquoi vouloir toujours donner une image négative de l’Afrique et ignorer systématiquement ce qui s’y passe de positif? s’est-elle interrogée.  M. Schmidt-Traub a tenu à relever que l’Afrique n’était pas un pays, mais un continent aux régions et aux nations diverses… Le Zimbabwe ne représente pas l’Afrique, a-t-il souligné, en répondant à la question d’un correspondant qui voulait savoir quels étaient les modèles les plus négatifs sur le continent.  M. Schmidt-Traub a ensuite déclaré qu’en matière de développement et de respect des engagements pris, certains pays du continent s’en sortaient mieux que d’autres et qu’il fallait donc éviter de généraliser.   


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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