CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DE NEJOSA RADMANOVIC, PRÉSIDENT DU PARLEMENT, ET DE HARIS SILAJDŽIC, MEMBRE DE LA PRÉSIDENCE DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE
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CONFÉRENCE DE PRESSE CONJOINTE DE NEJOSA RADMANOVIĆ, PRÉSIDENT DU PARLEMENT, ET DE HARIS SILAJDŽIĆ, MEMBRE DE LA PRÉSIDENCE DE LA BOSNIE-HERZÉGOVINE
Impasse politique, rapprochement avec l’Union européenne, divergences sur le verdict de génocide prononcé par la Cour internationale de Justice (CIJ) en février 2007, tels sont les sujets abordés ce matin par M. Nejosa Radmanović, Président serbe du Parlement de Bosnie-Herzégovine et M. Haris Silajdžić, membre bosniaque de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, qui s’adressaient à la presse à l’occasion du quinzième anniversaire de l’admission de la Bosnie-Herzégovine à l’Organisation des Nations Unies.
M. Radmanović a d’emblée indiqué que, plus de 11 ans après la fin de la guerre, la Bosnie-Herzégovine était pleinement engagée sur la voie de l’adhésion à l’Union européenne. Il a ajouté que si, à ce stade, toutes les conditions n’étaient pas réunies pour qu’un tel changement s’effectue, les autorités de son pays étaient confiantes de la conclusion, d’ici à la fin de l’année, de l’Accord de stabilisation et d’association avec la Bosnie-Herzégovine, dont le texte a été approuvé le 3 mai dernier par les États membres de l’Union européenne. À ses yeux, si la situation en Bosnie connaît de nombreux blocages politiques, cela est dû en partie au fait qu’une frange importante de la population et de la classe politique s’interrogent sur la nécessité du maintien ou non d’un Haut Représentant des Nations Unies en Bosnie-Herzégovine, ces fonctions représentant le plus haut pouvoir politique dans ce pays. M. Radmanović a toutefois estimé qu’en cas de finalisation de l’Accord, une présence onusienne à ce niveau ne serait plus pertinente.
À l’inverse, M. Silajdžić a plaidé pour une attention et un engagement accrus de la part de la communauté internationale, et notamment de l’ONU, en Bosnie-Herzégovine. Il a estimé que l’Organisation devait être présente pour arbitrer les discussions qui sont en cours sur la question de savoir ce que doit être la Bosnie-Herzégovine de demain. À cet égard, il a plaidé en faveur d’une Bosnie-Herzégovine qui soit devenue une « démocratie, en s’inspirant des modèles historiques européens ». Mettant en garde contre les obstacles à la prospérité que feraient naitre dans son pays l’émergence et l’établissement durables d’une « ethnocratie », M. Silajdžić a estimé que le Haut Représentant des Nations Unies, qui peut annuler toute décision de l’exécutif ou du Parlement de Bosnie-Herzégovine, devait continuer d’aider à dépasser les différences et les tensions politiques et à mettre le pays sur la voie du développement économique.
Pour M. Silajdžić, la Bosnie-Herzégovine doit, pour pouvoir progresser dans le sens de la démocratisation et de la modernité, regarder son passé en face. À cet égard, il s’est félicité de ce que la Cour internationale de Justice ait reconnu officiellement la responsabilité serbe dans le génocide musulman survenu pendant le conflit de 1992-1995. Il a toutefois regretté qu’un tel verdict n’ait été suivi d’aucune réaction marquante de la communauté internationale et des médias. Déplorant ce « silence », il a déclaré qu’à son avis, la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et de sa région devait avoir pour terreau la reconnaissance partagée et juste des crimes perpétrés, ainsi que des manquements et des erreurs commises, à l’époque, par les pays voisins.
De son côté, M. Radmanović a jugé que son collègue bosniaque se livrait à une « interprétation » en évoquant de la sorte le verdict de la CIJ. Il a ainsi rappelé que cet arrêt de la Cour établissait que la Serbie n’avait pas commis de génocide en Bosnie-Herzégovine tout en reconnaissant que ce pays n’avait rien fait pour empêcher le génocide perpétré contre la population musulmane à Srebrenica, « et nulle part ailleurs ». À cette aune, le Président serbe du Parlement de Bosnie-Herzégovine a estimé que le rapprochement avec l’Union européenne ne devait pas être entravé par le ressentiment bosniaque envers la passivité supposée des pays européens pendant le conflit.
M. Haris Silajdžić a nié que ses propos sur le verdict de la CIJ relevaient d’une interprétation, la Cour ayant officiellement reconnu « la perpétration de crimes contre l’humanité sur l’ensemble du territoire bosniaque au moment des faits ». C’est en ce sens qu’il a indiqué qu’il fallait que les auteurs de ces crimes soient poursuivis sans relâche et traduits en justice par la communauté internationale pour éviter, entre autres, la répétition de telles tragédies où que ce soit dans le monde.
Enfin, M. Silajdžić a fait savoir qu’une délégation bosniaque se rendrait demain à Washington pour y discuter avec des hauts responsables américains des moyens à mettre en œuvre pour relancer le dialogue, entre les parties concernées, sur les réformes législatives et de la police.
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