CONFÉRENCE DE PRESSE DE BRENDAN O’MALLEY, AUTEUR D’UNE ÉTUDE DE L’UNESCO INTITULÉE « L’ÉDUCATION PRISE POUR CIBLE »
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE BRENDAN O’MALLEY, AUTEUR D’UNE ÉTUDE DE L’UNESCO INTITULÉE « L’ÉDUCATION PRISE POUR CIBLE »
Consultant auprès de l’UNESCO, Brendan O’Malley a présenté, cet après-midi à la presse accréditée des Nations Unies, les conclusions de la nouvelle étude mondiale de l’organisation intitulée « L’éducation prise pour cible ». Cette étude fait état d’une forte augmentation de la violence politique et militaire contre le personnel éducatif, les étudiants, les enseignants, les membres de syndicats d’enseignants et de gouvernements et les institutions éducatives.
« Le nombre d’attaques a considérablement augmenté au cours des trois dernières années dans de nombreuses parties du monde », a déclaré M. O’Malley, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies, à New York, citant les attentats à la bombe, les assassinats, les enlèvements, les détentions, les tortures, les incendies perpétrés contre des établissements scolaires, leur occupation par des forces armées ou leur fermeture forcée, ainsi que le recrutement d’enfants soldats et l’enrôlement de mineurs âgés de moins de 15 ans, et les menaces dont tous sont l’objet.
M. O’Malley, auteur de cette étude globale parue en avril 2007, a précisé que les pays ou les zones les plus touchés étaient l’Afghanistan, la Colombie, l’Iraq, le Népal, le Territoire palestinien, la Thaïlande et le Zimbabwe.
En Iraq, a-t-il par exemple indiqué, 280 universitaires ont été tués depuis la chute de Saddam Hussein jusqu’au mois d’avril dernier, lors d’une campagne de liquidations. L’Afghanistan a connu, au cours de la période 2005-2006, 190 attentats à la bombe, incendies volontaires et tirs de missiles contre des cibles éducatives. En Colombie, 310 enseignants ont été assassinés depuis 2000. Au Népal, entre 2002 et 2006, 10 600 enseignants et 22 000 étudiants ont été séquestrés, tandis que 734 enseignants et 1 730 étudiants ont été arrêtés ou torturés. Au Myanmar, en 2002, environ 70 000 enfants soldats ont été enrôlés, dont un grand nombre dans l’armée nationale, et certains ont été recrutés de force alors qu’ils n’avaient que 11 ans.
Pour M. O’Malley, il est important de comprendre les conséquences des attaques contre l’éducation si l’on veut parvenir à l’objectif de l’éducation pour tous dans le monde entier. L’UNESCO conduit ce mouvement mondial, qui vise à répondre aux besoins d’apprentissage de tous les enfants, jeunes et adultes, d’ici à 2015.
Il a ainsi souligné que 40% des 77 millions d’enfants non scolarisés dans le monde vivent dans des pays en situation de conflit ou de post conflit. En Iraq, pays le plus durement touché par ces attaques, et où les systèmes scolaire et universitaire sont au bord de l’effondrement, 30% seulement des 3,5 millions d’élèves iraquiens assistent aux cours, alors qu’ils étaient encore 75% lors de la précédente année scolaire, a-t-il affirmé, ajoutant que dans de nombreux départements des universités de Bagdad, l’assiduité des étudiants a plongé de 60%.
M. O’Malley a estimé que les réponses à apporter passent généralement par le recours à des gardes armés, par la formation des enseignants au maniement des armes ou par l’envoi de l’armée pour réprimer la violence générale. D’autres solutions consistent à mobiliser les communautés locales pour faire face aux assaillants ou, comme en Afghanistan, à installer les écoles dans des maisons d’habitation dans les villages, où elles deviennent invisibles.
De son côté, la communauté internationale pourrait recourir davantage aux instruments relatifs aux droits de l’homme afin que les auteurs d’attaques ciblant l’éducation soient redevables de leurs actes et lancer une campagne de sensibilisation visant à lutter contre l’impunité dans les régions où ces attaques se produisent. De même, a-t-il dit, la Cour pénale internationale (CPI) devrait disposer de ressources accrues afin qu’un plus grand nombre de cas concernant l’éducation puissent être jugés et que le pouvoir de dissuasion du Tribunal soit renforcé.
Toujours sur la base de l’étude de l’UNESCO, M. O’Malley a préconisé des mesures pour que l’éducation ne soit plus un facteur attisant les conflits, mais qu’elle permette plutôt de les résoudre. Cette entreprise suppose la création d’écoles inclusives et propices à l’apprentissage, tenant compte des cultures et des langues locales et fonctionnant dans un esprit de paix et de tolérance. Elle signifie en outre la transparence et l’élimination des ingérences politiques et sectaires dans l’administration des universités, ainsi qu’un engagement en faveur de la liberté et de l’autonomie de l’enseignement.
Enfin, l’auteur de l’étude a souligné le besoin urgent de créer une base de données mondiale accessible à tous afin de pouvoir déterminer l’ampleur des attaques et d’en déterminer la nature et les cibles, et d’entreprendre des recherches qualitatives sur les mobiles de ces attaques.
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