CONFÉRENCE DE PRESSE DE JAN ELIASSON, ENVOYÉ SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LE DARFOUR: 24 OCTOBRE 2007
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE JAN ELIASSON, ENVOYÉ SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR LE DARFOUR: 24 OCTOBRE 2007
« L’heure de vérité approche » au sujet du Darfour, a déclaré aujourd’hui M. Jan Eliasson, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Darfour, à trois jours du lancement de nouvelles négociations en Libye entre le Gouvernement du Soudan et les mouvements rebelles. M. Eliasson, qui s’exprimait par vidéoconférence d’Asmara, en Érythrée, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York, a espéré qu’une cessation des hostilités pourrait être annoncée à l’ouverture des pourparlers, dont il a indiqué qu’ils dureraient plusieurs semaines. Il a cependant prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à une percée immédiate sur un accord de paix final, compte tenu notamment de l’aggravation récente de la situation sur le terrain.
M. Eliasson a reconnu que des incertitudes subsistaient sur la participation de plusieurs groupes rebelles. « Nous avons très peu d’espoir sur la présence à Syrte d’Abdulwahid Nour », l’un des fondateurs du Mouvement de libération du Soudan (MLS), actuellement en exil à Paris, a-t-il admis, en assurant qu’une place lui serait réservée à la table des négociations, au cas où il changerait d’avis. Il a constaté que la position d’Abdulwahid Nour avait des répercussions négatives dans les camps de personnes déplacées, où certains hésitent eux aussi à se rendre en Libye.
Il a espéré que le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) serait représenté à un haut niveau, malgré la demande de son chef, Khalil Ibrahim, de reporter d’un mois le lancement des négociations. Il a également fait part des réticences d’Ahmed Abdelshafi, chef d’une faction du MLS, qui réclame la poursuite des consultations entre rebelles, qui se déroulent actuellement à Jouba, au sud du Soudan. « Nous avons attendu longtemps, la population du Darfour attend depuis quatre ans et demi », a-t-il déclaré, en estimant qu’un nouveau report ne serait pas utile, parce qu’il n’y avait aucune garantie sur une plus large unité des mouvements rebelles à l’avenir.
Les négociations entre le Gouvernement du Soudan et les rebelles du Darfour débuteront samedi après-midi à Syrte, en Libye, par une cérémonie officielle à laquelle pourrait participer M. Alpha Konaré, Président de la Commission de l’Union africaine (UA), a-t-il indiqué, en rappelant que la rencontre était placée sous la double tutelle de l’Union africaine et de l’ONU, avec la participation de quatre pays de la région, le Tchad, l’Érythrée, l’Égypte et la Libye, pays hôte. Il a également insisté sur la participation de la société civile du Darfour. Les chefs de tribus et les associations de femmes se montrent particulièrement enthousiastes, a-t-il dit, en déplorant les difficultés de leur acheminement en Libye.
D’une manière générale, l’Envoyé spécial du Secrétaire général a souligné le défi matériel que représente l’organisation d’une telle rencontre. Il faut d’abord localiser les participants, répartis sur l’ensemble du territoire soudanais, puis aller les chercher et enfin obtenir les autorisations de sortie de la part des autorités soudanaises, a-t-il expliqué. « Nous n’y verrons clair qu’au dernier moment », a-t-il concédé, ajoutant que les incertitudes sur le niveau de participation étaient autant de nature logistique que politique. Il a lancé un appel pressant au Gouvernement du Soudan pour qu’il fournisse les permis en temps voulu. « J’espère que les autorités soudanaises feront preuve de bonne volonté », a-t-il dit. Il a par ailleurs souhaité que le Conseil de sécurité apporte un soutien actif aux négociations de Syrte.
Interrogé sur les chances de succès de la rencontre, M. Eliasson a estimé qu’elles étaient une occasion à ne pas manquer. Il a cependant noté que plusieurs facteurs extérieurs avaient joué négativement ces derniers mois. Il a ainsi déploré la recrudescence de la violence sur le terrain, illustrée par l’attaque d’Haskanita contre les soldats de l’Union africaine. Il s’est inquiété de la frustration et de la colère grandissante dans les camps de réfugiés, avec l’émergence d’une jeune génération plus radicalisée. Il a enfin constaté les divisions grandissantes, aussi bien au sein du Gouvernement, après la suspension de la participation de l’ancienne rébellion sudiste du Mouvement pour la libération du peuple soudanais (MLPS), que parmi les rebelles du Darfour, où l’émiettement jusque là limité au SLM s’est maintenant étendu au MJE, menacé par une nouvelle dissidence.
L’Envoyé spécial a reconnu qu’on ne pouvait pas faire abstraction de la réalité du terrain, mais il a espéré que la raison finirait par l’emporter. Il a souhaité que les négociations puissent progresser rapidement sur la question des compensations pour les victimes des conflits, le principe du retour des déplacés et des réfugiés, la sécurité et le désarmement des milices. Il a cependant estimé que les questions clefs du partage du pouvoir, du partage des ressources et de la terre nécessiteraient davantage de temps.
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