UNE COOPÉRATION CONCERTÉE ET UNE RESPONSABILITÉ PARTAGÉE SONT INDISPENSABLES POUR LUTTER CONTRE LA CRIMINALITÉ TRANSNATIONALE
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Troisième Commission
7e séance – matin et après-midi
UNE COOPÉRATION CONCERTÉE ET UNE RESPONSABILITÉ PARTAGÉE SONT INDISPENSABLES POUR LUTTER CONTRE LA CRIMINALITÉ TRANSNATIONALE
La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a achevé aujourd’hui le débat qu’elle tient depuis hier après midi sur le thème de la criminalité transnationale organisée dans toutes ses manifestations, qu’il s’agisse de la corruption, de la traite des êtres humains, y compris des migrants, et du trafic de drogue.
Une trentaine d’États Membres, de toutes les régions du monde, ont détaillé les mesures et stratégies qu’ils ont prises pour venir à bout de ces fléaux qui détruisent le tissu social, sapent la démocratie et freinent le développement des peuples. Ainsi, de nombreuses délégations ont fait part des mesures de réforme législative et de leurs systèmes judiciaires, pour mieux se conformer aux instruments internationaux tels que la Convention contre la criminalité transnationale organisée et la Convention contre la corruption.
Des pays de transit comme le Kenya, la République-Unie de Tanzanie, l’Inde ont expliqué qu’ils avaient modifié leur approche face à une mobilité croissante des individus et des réseaux, au développement de technologies toujours plus sophistiquées et à la prolifération des armes. Ainsi, ces pays ont indiqué qu’ils avaient renforcé leur système de contrôle aux frontières, établi des brigades mobiles, formé leur personnel policier et mis en place des unités spéciales hautement entraînées dans la détection et la destruction des drogues ou des centres clandestins de fabrication de drogues chimiques.
Il a également été question de la situation en Asie centrale qui connaît une recrudescence de la culture du pavot et de l’opium. Selon le représentant de l’Iran, l’émergence des Taliban en Afghanistan a donné lieu à une augmentation sans précédent de la culture et de la production de l’opium – soit 93% de la production mondiale. Une grande partie des drogues produites en Afghanistan, soit 25 à 31%, transite vers les marchés européens à travers le territoire iranien.
La présence des forces de coalition dans ce pays, non seulement n’a pas contribué à l’éradication de ce phénomène mais a conduit à une indifférence face à la culture et la distribution de l’opium, a indiqué le délégué iranien. Le représentant a précisé que l’Iran occupait le premier rang dans le monde pour ce qui est de la découverte et de la saisie de 80% du volume d’opium au niveau mondial.
Des succès ont été signalés, notamment en Asie du Sud-Est où la production d’opium illicite accuse une baisse pour la sixième année consécutive. Des pays comme la Bolivie, le Venezuela, Cuba et le Maroc, ont souligné toutefois qu’il fallait veiller à aider les producteurs traditionnels de ces cultures à trouver des moyens alternatifs de subsistance.
Conscientes que les stratégies nationales ne sont que la moitié de la solution, les 30 délégations qui se sont exprimées ont salué en chœur le travail remarquable et indispensable de l’Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC) et ont souhaité que davantage de ressources lui soient allouées, ainsi qu’à ses bureaux régionaux, notamment en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en Afrique de l’Ouest et en Asie centrale.
Dans la lutte contre le terrorisme, plusieurs intervenants ont souligné que celle-ci ne saurait se faire au détriment de la souveraineté des États, comme le stipule la Stratégie mondiale antiterrorisme. L’Égypte, la Syrie et le Liban ont rappelé que la Stratégie Mondiale contre le terrorisme avait souligné la nécessité de mettre un terme à l’occupation étrangère, étant donné que celle-ci était l’une des causes conduisant à la violence.
En conclusion, les délégations ont placé de grands espoirs dans le Dixième anniversaire de la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale, qui selon eux, marquera l’an prochain un tournant décisif dans la concertation et la coopération internationales en matière de lutte contre ces fléaux.
La Troisième Commission reprendra ses travaux lundi 15 octobre pour procéder à l’examen de la « Promotion de la femme », de « La mise en œuvre du Programme d’action de la Quatrième Conférence mondiale sur la femme et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale ».
PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE
CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES
Suite et fin du débat général
M. ILYA I. ROGACHEV (Fédération de Russie) a jugé important d’accroître les efforts que la communauté internationale déploie pour lutter contre la drogue et la criminalité. Cela passe en premier lieu, a-t-il dit, par la signature des différentes conventions des Nations Unies, et également par le renforcement des traités sur la cybercriminalité et le terrorisme, fléaux toujours plus menaçants.
De la même façon, la Russie soutient l’initiative globale de lutte contre la traite des personnes. La Russie, de son côté, a amélioré sa législation, le mode de fonctionnement des organes chargés de la détection des crimes et ses modalités de coopération internationale.
Constatant que la lutte contre les trafiquants devenait de plus en plus difficile en raison de l’apparition des narcoéconomies comme en Afghanistan, le représentant a souhaité le renforcement du potentiel des Nations Unies en matière de lutte contre ce phénomène. Il faut, a-t-il insisté, réussir à contrôler les pays voisins de l’Afghanistan, par le biais d’un système analogue à une «ceinture de sécurité». Faisant également le constat de l’augmentation des drogues synthétiques fabriquées en Europe, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle engage de nouveaux efforts communs.
M. ZAHID RASTAM (Malaisie) a relevé que de nombreux pays prenaient des mesures pour lutter contre la criminalité organisée mais qu’il existait des divergences de vues sur les meilleurs moyens de s’attaquer à ces menaces. Il existe également différents niveaux de mise en application des lois et divers degrés de capacités juridiques entre les pays. Pour harmoniser les pratiques, il faudrait poursuivre la coopération sous forme d’échanges d’information, d’édification des capacités, de transferts technologiques et de renforcement des mesures de confiance de sorte à permettre aux pays de reprendre confiance et de s’orienter vers une compréhension commune et urgente des menaces. La Convention sur la criminalité transnationale organisée, à laquelle la Malaisie est État partie, stipule que le problème grave et croissant du crime organisé ne peut être résolu qu’à travers une étroite coopération internationale.
La Malaisie, a-t-il ajouté, a passé des accords bilatéraux avec ses voisins. Il s’agit là d’un moyen efficace de venir à bout de cette menace. La Malaisie a également signé le traité régional de l’ANASE en matière d’assistance juridique mutuelle et de coopération transfrontalière en matière d’instruction pénale. Le représentant a salué le travail accompli par l’ONUDC dont son pays a bénéficié directement, en particulier par le biais de ses programmes de renforcement des capacités. La Malaisie continuera d’appuyer et de coopérer avec l’ONUDC et avec les différents organismes des Nations Unies concernés par la prévention et la lutte contre la criminalité organisée et la justice pénale.
M. ATSUSHI YAMAGUCHI (Japon) est revenu sur la résolution présentée par son pays lors de la récente cinquantième session de la Commission des Nations Unies sur le trafic de drogues. Intitulée « Utilisation et caractérisation des drogues et profils chimiques pour aider la police à recueillir des renseignements et à faciliter le travail opérationnel et d’analyse », cette résolution adoptée par consensus demande désormais à être suivie d’effets, a indiqué le représentant. Celui-ci a témoigné de la bonne volonté de son pays en matière de lutte contre la drogue comme en témoigne le travail intense mené par les autorités japonaises pour parvenir à la ratification de la Convention des Nations Unies contre le crime transnational organisé et de ses Protocoles facultatifs, et de la Convention des Nations Unies contre la corruption. Le représentant du Japon a indiqué vouloir parvenir à ces ratifications le plus rapidement possible.
S’agissant de la lutte contre la traite des êtres humains, le représentant a annoncé que son pays était en train de mettre en place un programme de réhabilitation pour les victimes de la traite, en partenariat avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Le Japon entend également participer activement au prochain Forum de Vienne sur ce thème. Le représentant s’est également félicité du nombre toujours plus importants de pays signataires de la Convention des Nations Unies contre la corruption. Constatant que les auteurs de crimes transnationaux agissaient souvent dans des pays où la justice pénale était trop faible, le représentant a attiré l’attention sur le travail de l’Institut des Nations Unies de Prévention des crimes et de traitement des auteurs pour l’Asie et l’Extrême-Orient. Cet Institut contribue au renforcement des réseaux de prévention des crimes grâce à des cours dispensés chaque année, a indiqué le représentant. Il a néanmoins souhaité que l’Office, dont les ressources sont limitées, travaille davantage en partenariat avec d’autres organisations des Nations Unies, pour éviter la duplication des projets. Selon lui, l’ONUDC doit également faire preuve de prudence lorsqu’il lance de nouveaux projets, ceux-ci risquant parfois de déborder sur les programmes de certains États Membres.
M. MOHSEN EMADI (République islamique d’Iran) a souligné que le problème de la production illicite et du trafic des drogues était d’une telle envergure qu’il ne pourrait être résolu que par le biais de la coopération internationale. La République islamique d’Iran partage 1800 kilomètres de frontières avec les pays du Croissant d’Or, dont 936 kilomètres avec l’Afghanistan et 909 km avec le Pakistan. De ce fait, elle est aux premières lignes dans le combat contre l’abus des drogues et le trafic des drogues à l’échelle mondiale. À la suite de l’émergence des Taliban en Afghanistan, qui a donné lieu à une augmentation sans précédent de la culture et la production de l’opium – soit 93% de la production mondiale - l’Iran s’est vue d’un seul coup confrontée à de grandes quantités de stupéfiants qui transitent par son territoire. Une grande partie des drogues produites en Afghanistan, soit 25 à 31%, transite vers les marchés européens à travers le territoire iranien. La présence des forces de coalition dans ce pays, non seulement n’a pas contribué à l’éradication de ce phénomène mais a conduit à une indifférence face à la culture et la distribution de l’opium, a indiqué le délégué iranien.
L’Iran n’a eu d’autre choix que celui de lutter avec détermination contre ce phénomène dangereux, a ajouté M. Emadi. Cette lutte a été très coûteuse à tous les points de vue. Au fil des 25 dernières années, plus de 4000 personnes, membres des forces de l’ordre dans leur majorité, ont été tuées par des trafiquants et des milliards de dollars ont été dépensés pour les combattre. Le représentant a précisé que l’Iran occupait le premier rang dans le monde pour ce qui est de la découverte et de la saisie de 80% du volume d’opium au niveau mondial. L’Iran a pris l’initiative de créer une unité de combat contre les drogues au sein de l’Organisation de coopération économique. L’Iran agit aussi en étroite collaboration avec l’ONUDC et avec les organisations internationales et les groupes actifs dans ce domaine au niveau mondial. Des représentants de l’ONUDC, du Pacte de Paris et du Groupe de Dublin, entre autres, ont pu visiter les frontières communes entre l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan. À la suite de cette série de visites, les efforts et les mesures prises par l’Iran pour contrecarrer le trafic des stupéfiants ont été largement reconnues et appréciées,
a indiqué le représentant de l’Iran. L’Iran a également établi des contacts réguliers avec de hauts fonctionnaires chargés de la lutte contre les drogues en Afghanistan et au Pakistan et collabore étroitement avec l’ONUDC en matière de coordination de plans et mesures incluant les trois pays.
Mme ARIEL BOWEN (Jamaïque) a déclaré au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) que les retards dans l’application des traités internationaux dans la législation nationale des États membres de la CARICOM étaient dus à un manque de ressources. Réaffirmant l’importance que représente pour la CARICOM les bureaux décentralisés de l’ONUDC dans des pays en développement, elle a regretté la fermeture, l’année dernière, du bureau de la Barbade. Elle a expliqué en effet, que les pays de la CARICOM connaissaient un taux de criminalité élevé et qu’un grand nombre d’armes légères y était en circulation. De plus en plus souvent, les trafiquants empruntent la route des Antilles et de l’Afrique de l’Ouest. Évoquant le lien entre le trafic de drogues et le trafic des armes légères et de petits calibres, elle a regretté que les actions mises en œuvre par la CARICOM contre le trafic des armes légères aient eu un impact limité. Elle a dit attendre avec impatience la mise en œuvre rapide du Programme d’action de 2001 sur les armes légères et de petits calibres. La représentante a par ailleurs expliqué que les pays membres de la CARICOM avaient récemment pris des initiatives régionales en vue d’assurer la sécurité de la Coupe du monde de cricket. Ces initiatives seront couronnées de succès si des engagements financiers sérieux suivent, a-elle expliqué.
M. PATRICK RITTER (Liechtenstein) a estimé qu’il importait de fournir un appui technique à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) afin de renforcer la capacité des systèmes juridiques à appliquer les instruments juridiques internationaux. Ces instruments doivent être appliqués dans le respect de l’état de droit et des normes internationales. C’est le seul moyen de garantir la confiance de la société civile et du secteur privé dans l’efficacité des mesures instaurées par les autorités gouvernementales. C’est également le seul moyen de garantir la confiance mutuelle entre les différents États. Le représentant a passé en revue plusieurs programmes de l’ONUDC, notamment son partenariat avec le « International Center for Asset Recovery », un centre qui forme des fonctionnaires venant de pays en développement et qui leur fournit des outils informatiques efficaces. Nous sommes convaincus qu’initier des contacts et des échanges directs entre des praticiens venant de pays développés et de pays en développement permettra d’appliquer quotidiennement les termes de la Convention contre la corruption, a-t-il estimé. M. Ritter a ensuite évoqué les diverses mesures prises par le Liechtenstein pour renforcer son système de lutte préventive contre la criminalité financière. Ainsi, il a adopté en mai dernier des amendements à son Code pénal, un projet de loi sur les drogues et l’assistance mutuelle entre États afin de pouvoir être en conformité avec la directive de l’Union européenne sur le blanchiment d’argent
M. NIRUPAM SEN (Inde) a rappelé que 75% du pavot afghan était cultivé dans le sud de l’Afghanistan et qu’il appartenait à la communauté internationale d’agir de concert et rapidement pour remédier à ce problème car il constitue une menace sérieuse pour la stabilité des pays avoisinants. Il a également appelé à prendre des mesures efficaces pour empêcher l’abus des antistaminiques et d’autres formes de drogues. Le représentant de l’Inde a par ailleurs informé les membres de la Commission que son pays faisait toujours l’objet d’attaques terroristes au cours desquelles des civils sont pris pour cible. Bien qu’il juge utile l’adoption de la Stratégie antiterroriste mondiale, il a néanmoins a signalé qu’il restait beaucoup à faire à ce propos. Il faudrait en particulier lutter contre les ramifications locales, nationales, régionales et internationales de ce problème qui n’épargne aucune région du monde.
Le représentant a appuyé la déclaration de la Jamaïque au nom de la CARICOM au sujet de la fermeture du bureau de l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (ONUDC) à la Barbade et a incité à une utilisation plus optimale des ressources allouées à l’ONUDC. Il faut aussi comprendre que l’allocation de ressources n’est pas uniquement une question de stabilité financière mais de besoins des pays, a-t-il ajouté. Il a ensuite souligné la nécessité de continuer à harmoniser les systèmes de justice pénale dans le monde. Le représentant a établi une corrélation entre le blanchiment d’argent, la corruption et les transactions illégales d’armes, soulignant qu’ils sapaient le tissu social et les efforts vers une bonne gouvernance et une démocratie participative.
M. LUIS ALBERTO AMOROS (Cuba) a exprimé la préoccupation de son pays face à l’augmentation de la criminalité transnationale organisée, au terrorisme et à la sophistication des méthodes utilisées par les trafiquants. Pour le représentant, il est évident que la bataille contre le crime n’est pas encore gagnée. Le fruit du commerce de la drogue dépasse en effet les 400 milliards de dollars dans le monde, a-t-il expliqué. Aux yeux du représentant, les progrès auraient été plus probants si la coopération internationale avait davantage respectée les principes des Nations Unies, si certains États n’avaient pas choisi de s’imposer par la force en raison de leur supériorité militaire et enfin si la coopération avait davantage été guidée par le respect mutuel et le développement social.
Il est inacceptable, a ajouté le représentant, d’entendre les États-Unis juger les autres pays dans le cadre de la lutte contre les drogues. Selon lui, en effet, les trafiquants engrangent chaque année 10 milliards de dollars de profits aux États-Unis. De la même façon, il a nié aux États-Unis le droit de se faire les champions de la lutte contre la traite des êtres humains, compte tenu des lois américaines qui encouragent, selon lui, les migrations illégales de ressortissants cubains. Il a également dénoncé la politique adoptée par les États-Unis en matière de lutte contre le terrorisme, évoquant la libération par les américains du terroriste Luis Posada Carriles, responsable, selon le représentant cubain, d’un attentat en 1976.
S’agissant des efforts accomplis par Cuba, le représentant a signalé l’adoption d’une législation sévère contre le blanchiment d’argent, le trafic d’armes, les drogues et d’autres manifestations criminelles. Il a également déclaré que son pays était connu pour sa transparence et son absence de corruption. Cela ne nous empêche pas de participer activement aux forums internationaux organisés sur ces différents thèmes, a ajouté le représentant, ni de proposer des partenariats aux États-Unis pour lutter contre la drogue et le terrorisme. Mais ces propositions ont toutes été rejetées a-t-il regretté.
Mme WARIF HALABI (République arabe syrienne) a déclaré que, vu l’impact destructeur de la criminalité transnationale organisée et du trafic des drogues, il devient urgent de trouver des solutions concertées à l’échelle mondiale aux fins de remédier aux répercussions désastreuses de ces fléaux et de leurs effets conjugués. Elle a rappelé que la Syrie avait signé ou ratifié la plupart des instruments internationaux relatifs à la criminalité organisée et avait contribué aux efforts internationaux dans ce sens, notamment par la signature et l’application des dispositions contenues dans les accords multilatéraux et bilatéraux, en particulier ceux ayant trait à l’extradition. La traite des personnes humaines représente l’un des aspects les plus graves de la criminalité transnationale, a-t-elle fait remarquer. La Syrie participe à des réunions
internationales en vue de trouver des solutions et a mis en place une commission d’examen du phénomène de la traite des personnes. Le Ministère de l’intérieur de la Syrie a accueilli un atelier à Damas, axé sur l’assistance technique au Gouvernement en vue d’une mise à jour de sa législation afférent au trafic illégal des personnes.
La Syrie, a-t-elle ajouté, soutient les efforts de la communauté internationale en matière de lutte contre le terrorisme mais dans la mesure où les moyens employés ne portent pas atteinte à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale des États. La Syrie établit aussi une distinction entre la lutte contre le terrorisme et la lutte légitime contre l’occupation. Elle a ratifié ou signé 10 des 13 conventions et traités internationaux contre le terrorisme et envisage de ratifier les autres. Le pays a également accédé à des accords régionaux pour lutter contre le terrorisme et continuera à déployer des efforts dans l’esprit et la lettre de la Charte des Nations Unies et des engagements internationaux.
La représentante a ajouté que la Syrie n’avait pas ménagé ses efforts pour réduire la production et la consommation des drogues illicites et elle accueille avec satisfaction toutes les offres de coopération. Elle a signé la convention contre la corruption et elle travaille en étroite coopération avec le Bureau de l’ONUDC pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Il serait bon que ce Bureau dispose de davantage de ressources et d’une aide technique accrue pour lui permettre de mieux s’acquitter de sa tâche dans une région ayant une position géographique si importante.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a déclaré qu’aucun pays ne pouvait, à lui seul, résoudre durablement le problème de la criminalité transnationale mais, qu’il y avait lieu de respecter la souveraineté de chaque État. Partant de sa propre expérience, le Mexique n’ignore pas que les réseaux du crime organisé et du trafic des stupéfiants s’adaptent rapidement à la mondialisation en multipliant et en diversifiant constamment leurs routes et itinéraires. En sus des engagements pris, la communauté internationale doit aussi concevoir des stratégies pour parer à de telles menaces. A cet effet, dans le cadre de l’Organisation des États Américain (OEA), le Mexique a encouragé des initiatives interdisant la vente sur Internet de substances contrôlées. Des mesures juridiques pourraient être également envisagées pour combattre le fléau de la traite des personnes que le Mexique condamne comme étant une forme contemporaine d’esclavage. Une loi vient d’ailleurs d’être approuvée par le Sénat mexicain à ce propos. Le Mexique présentera un projet de résolution sur le problème de la drogue et la coopération internationale. Il conduit actuellement des consultations officieuses sur ce texte.
M. FAH ALI HAMADI (Qatar) a rappelé qu’en mai 2006, le Qatar avait établi le Fonds sportif mondial, en collaboration avec l’ONUDC, grâce à des financements offerts par son pays. Ce Fonds, a-t-il précisé, appuie les efforts au niveau mondial pour faire en sorte que le sport soit utilisé comme moyen de protéger les jeunes de la consommation des drogues et de la violence. Le Fonds offre des bourses à des organisations non gouvernementales et aux associations de la jeunesse afin qu’elles puissent conduire des projets sportifs de prévention de la criminalité. Il organise également des camps d’été et des séminaires pour les jeunes. Soucieux de répondre aux exigences et au goût du jour des jeunes d’aujourd’hui, le Qatar a veillé à la conception du site du Fonds sportif mondial sur l’Internet (www.globalsportfund) par le biais duquel il se propose de partager des expériences et des informations sur les projets et activités qu’il soutient.
Mme SOHA GENDI (Egypte) a indiqué le rôle vital joué par les Nations Unis dans la prévention du crime et de la lutte contre la prolifération des drogues illicites. Ces deux activités de l’ONU peuvent contribuer grandement à garantir la stabilité et la paix sociale. L’Egypte a été parmi les premiers pays à adopter, en 1988, la résolution 515 de l’ECOSOC et il a été l’un des premiers à adhérer aux instruments internationaux contre la criminalité transnationale organisée sous toutes ses formes ainsi que contre le terrorisme.
Le Bureau de l’ONUDC au Caire effectue un travail significatif en matière de suivi et de l’application des instruments internationaux et dans son appui à la modernisation de la législation nationale relative au terrorisme, à la criminalité et à la traite des personnes, a-t-elle précisé. Ce bureau a également dépêché des missions de vérification dans plusieurs pays africains de la région pour que 19 Membres puissent bénéficier du plein appui du Bureau. Il a toutefois plaidé pour une amélioration des ressources consacrées à ce bureau pour qu’il soit à même de mettre sur pied les programmes prioritaires
L’Egypte est l’un des cinq pays africains les plus en butte au terrorisme, a ajouté la Représentante. Elle a appelé à l’établissement de normes en vue de la création d’une banque de données que les Nations Unies pourraient utiliser comme source d’information permettant notamment de fournir un appui aux pays africains en termes de prévention de la criminalité. Il a conclu en émettant le vœu que la Douzième conférence des Nations Unies sur la prévention du crime, qui aura lieu en 2010 à Bangkok, s’attaquera aux nouvelles formes de crimes qui exploitent les nouvelles technologies. Il a enfin rappelé que la Stratégie antiterroriste mondiale avait souligné la nécessité de mettre fin à l’occupation étrangère étant donné que celle-ci constituait l’une des causes conduisant à la violence dans le monde.
M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a déclaré au nom de la Communauté des États indépendants (CEI) que 5% de la population mondiale utilisait des produits stupéfiants, ce qui représente des dépenses dépassant le PNB de près de 90 pays du monde. Le représentant du Kazakhstan a fait siennes les recommandations présentées par le Comité intergouvernemental de contrôle des stupéfiants en 2006 selon lesquelles la coopération technique était indispensable au renforcement des potentiels nationaux. Affirmant que chaque année 150 tonnes d’héroïne proviennent d’Afghanistan, il a considéré qu’il s’agissait là d’une vraie menace pour les pays de la CEI. Dans ces pays, le nombre de narco-dépendants augmente chaque année. Selon le représentant, si rien n’est fait, il pourrait y avoir entre 20 et 25 millions de toxicomanes dans les pays de la CEI d’ici 2010. Il a donc évoqué la nécessité d’une politique rigoureuse, sur le mode d’une ceinture de sécurité qui empêche les produits illicites de quitter l’Afghanistan et de transiter par l’Asie centrale. Le représentant a aussi évoqué la bonne coopération existante entre les pays membres de la CEI qui travaillent actuellement à la mise en place d’un Programme de lutte contre les drogues illicites, les psychotropes et les précurseurs, a-t-il précisé. Réaffirmant la nécessité de promouvoir des mécanismes juridictionnels adaptés à une lutte efficace contre les drogues et le crime, le représentant a considéré que le chemin vers la victoire était encore long.
M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a attiré l’attention de l’assemblée sur les passages du Rapport du Secrétaire général (A/62/117) qui indiquent que depuis l’an 2000, la culture du pavot a chuté de 80% en Asie du Sud-Est. Même si ces chiffres nous procurent une grande satisfaction, nous ne pouvons ignorer qu’il faut redoubler d’efforts dans d’autres parties du globe, l’Afghanistan produisant actuellement 92% de la culture du pavot du monde, a-t-il noté. Le représentant a ensuite signalé que malgré la coopération de son pays avec les États-Unis dans le cadre d’études sur la production d’opium, le Myanmar n’avait reçu aucune assistance bilatérale de la part de ce pays pour lutter contre le fléau des stupéfiants. Afin de combattre le problème de la drogue avec efficacité, des efforts concertés de réduction de la production doivent aller de pair avec des efforts concertés de réduction de la demande, a-t-il estimé.
Le représentant a ensuite indiqué que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avait signalé que malgré une baisse de 88% de la culture du pavot au Myanmar ces huit dernières années, elle avait quelque peu augmenté au cours des derniers mois. Il faut fournir aux cultivateurs de pavot, dont certains vivent dans une pauvreté extrême, une aide au développement durable, a-t-il souligné. Le représentant a indiqué que le Myanmar avait crée en avril 2002 le « New Destiny Project », un programme qui fournit un appui aux cultivateurs cherchant à exploiter d’autres cultures marchandes.
Le Myanmar collabore également avec l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est à l’élimination des drogues dans la région d’ici 2015. Nos progrès pour combattre le problème de la drogue ont été réalisés avec pratiquement aucun appui extérieur et il est regrettable qu’ils n’aient pas bénéficié de l’appui qu’ils méritent, a-t-il estimé. À moins de recevoir une aide leur permettant de diminuer la pauvreté extrême dans laquelle ils vivent, les anciens cultivateurs de pavots risquent de reprendre cette activité pour garantir leur survie, a-t-il averti, et tous nos efforts auront été déployés en vain.
M. HUGO SILES (Bolivie) a indiqué qu’une révolution démocratico-culturelle avait eu lieu à la tête du mouvement populaire, notamment du mouvement autochtone pour apporter des transformations sur la base d’un système social communautaire. La feuille de coca est son symbole. Elle a été injustement stigmatisée par la communauté internationale. Il existe des preuves culturelles, anthologiques et scientifiques pour revaloriser la feuille de coca, lui redonner son caractère sacré et lui restituer son statut historique et culturel au niveau international. La politique zéro du coca imposée à la Bolivie au cours de la décennie écoulée par l’un des pays figurant parmi les premiers consommateurs de drogues illicites, n’a servi qu’à apporter le deuil et la douleur au sein des familles les plus démunies parmi les producteurs de la feuille de coca, a-t-il constaté. Il a fustigé le manque de transparence de l’aide économique pour la culture de substitution qui a facilité l’enrichissement des intermédiaires et bouleversé la vie des producteurs traditionnels locaux, donnant lieu dans beaucoup de cas à de véritables tragédies à l’échelle des familles et des communautés.
Il est rare que l’on parle de saisies de drogues chez les grands consommateurs, a encore ajouté le représentant. Nous aimerions connaître le résultat de la lutte contre le trafic des stupéfiants dans ces pays. La priorité devrait être axée non pas contre les producteurs de matière première mais contre ceux qui la modifient et la distribuent de manière illégale. La Bolivie n’a pas besoin d’aide économique ni militaire pour éradiquer les plantations de coca. Sa nouvelle politique « Coca Oui, Cocaïne Non », centrée sur le dialogue et l’échange au niveau local, a permis d’accomplir des progrès significatifs dans le processus d’interdiction des précurseurs utilisés dans la production de la cocaïne. Le pays a besoin d’un appui logistique pour combattre et faire cesser la production commerciale de cocaïne, a-t-il proposé. Il est prêt à apporter son grain de sable d’une façon concertée et sur la base du partage, mais se refuse de porter atteinte aux droits de paysans humbles qui ne font qu’offrir le fruit de leur travail parce que la demande l’exige. Eliminons plutôt la demande en stupéfiants!, a conclu M. Siles.
M. FRISNEL AZOR (Haïti) a expliqué que les forces de sécurité présentes aux frontières maritimes et terrestres du pays, ont été renforcées pour éviter qu’Haïti ne serve de pays de transit aux trafiquants de drogues. Il a émis le vœu que les États-Unis puissent mobiliser les ressources nécessaires en vue de l’application réelle d’un Accord bilatéral conclu en 1997. Le représentant d’Haïti a fait référence au rapport du Secrétaire général qui demande un engagement plus ferme de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) dans le contrôle aux frontières. Il a souhaité que cette proposition soit approuvée lundi par le Conseil de Sécurité. Le représentant a insisté sur la réforme judiciaire en cours qui est une priorité pour le Président René Préval, a indiqué le représentant haïtien. Un groupe de travail sur la réforme de la justice a d’ailleurs été mis sur pied en juin 2007, a-t-il précisé. Le Ministère de la justice s’attache dans le même temps à consolider l’indépendance de la magistrature par le biais d’une collaboration avec l’ONUDC qui fournit un précieux service d’assistance technique, a dit le représentant.
M. SODNOM GANHUAYG (Mongolie) a déclaré que son pays harmonisait actuellement sa législation avec la Convention de Palerme sur la criminalité transnationale organisée et ses Protocoles facultatifs. Il a indiqué que la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle et la consommation de drogue par les adolescents constituaient des phénomènes récents dans son pays. Un Programme de soutien aux victimes de la traite a d’ailleurs été récemment approuvé et il permettra aux plus jeunes d’entre elles d’être scolarisées, a indiqué le représentant. La Mongolie cherche aussi à combattre la corruption, le blanchiment d’argent et le terrorisme. Une loi contre la corruption a été adoptée et une agence de lutte contre la corruption a été créée en 2006. Dorénavant, les fonctionnaires sont obligés de déclarer leurs revenus, leurs investissements et les cadeaux qu’ils peuvent éventuellement recevoir, a indiqué le représentant. Mais pour une meilleure efficacité, la nouvelle agence doit pouvoir compter sur la pleine coopération d’autres agences internationales du même type a souligné le représentant. Dans ce cadre, il s’est aussi félicité du travail effectué en commun avec l’ONUDC. L’Office, par son assistance technique, joue un rôle crucial, a-t-il indiqué.
M. CHIRACHAI PUNKRASIN (Thaïlande) a considéré que le problème mondial des stupéfiants était en mutation constante. Son pays attend avec impatience l’examen à 10 ans des réalisations et des lacunes par rapport aux cibles décidées lors de la vingtième session extraordinaire de 1998. Pour réduire la demande de drogue, il faut convaincre chaque groupe cible du danger des drogues et de l’intérêt d’une vie sans drogues, a dit le représentant soulignant là le rôle crucial des médias.
Concernant l’offre des drogues, un succès notoire a été rencontré en Asie du Sud-Est où la production d’opium illicite accuse une baisse pour la sixième année consécutive, a relevé le représentant. Pour la Thaïlande, a-t-il poursuivi, il s’agit d’aider la population, notamment les communautés appauvries vivant dans les montagnes, à avoir une vie différente, sans drogue. Cela passe par des projets de développement alternatifs, a-t-il déclaré. Mais devant le manque de ressources disponibles, il a lancé un appel aux pays développés pour qu’ils accueillent davantage les produits issus de projets de développement alternatifs sur leurs marchés nationaux. Alarmé également par l’usage des amphétamines fait par les jeunes, il a appelé à un contrôle international élargi de la fabrication de ces drogues.
La Thaïlande est très inquiète de savoir qu’elle devient un pays d’origine, de transit et de destination de la traite des êtres humains. Déterminée à lutter contre ce fléau, elle a participé à plusieurs ateliers régionaux avec l’ONUDC sur le thème de la justice pénale consécutive au trafic d’êtres humains. Elle a également accueilli, en février dernier, un atelier sur la question. La Thaïlande recommande à tous les États l’application de la Déclaration de Bangkok adoptée lors du onzième Congrès sur la prévention du crime et la justice pénale.
M. CHIN MINGJUN (Singapour) a commencé par constater, comme l’indique le rapport, que de toute évidence, le contrôle international des drogues fonctionne bien. Nous enregistrons des succès, a-t-il noté, car près de la moitié de toute la cocaïne et un quart de toute l’héroïne produites dans le monde sont interceptés. Bien entendu, quelques nuages pointent encore à l’horizon puisqu’il existe 25 millions de consommateurs de drogues et que plusieurs régions non contrôlées par le Gouvernement central demeurent des centres de production de drogues. Dans le cas de Singapour, a-t-il indiqué, la menace de l’héroïne a surgi dès les premières années de la fondation du pays et, pour y faire face, le pays a renforcé son système pénal, utilisant une stratégie systémique incluant des composantes éducation, réhabilitation, traitements et participation active de la collectivité.
Le représentant a souligné que les efforts collectifs ont été déterminants, y compris ceux des agences de publicité qui ont volontairement publié des affiches visant à dissuader les trafiquants potentiels. Le pays a lancé des initiatives comme la « Community Action for the Rehabilitation of Ex-Offenders » pour assurer la réinsertion des ex-trafiquants et des toxicomanes dans la société, en leur offrant une seconde chance. Le résultat est que depuis 1994, le nombre des toxicomanes est passé de 6 200 à 1 100 l’an passé. Tant en termes absolus qu’en termes relatifs, le nombre de toxicomanes est l’un des plus faibles au monde, a-t-il précisé. Singapour collabore, d’autre part, avec les pays membres de l’ANASE et d’autres partenaires internationaux.
M. Mingjun a par ailleurs critiqué les commentaires personnels faits lors de la séance d’hier par le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Antonio Maria Costa, sur la question de la peine de mort et ce, en l’absence d’un représentant de Singapour. Nos séances portent sur des discussions autour des problèmes de la drogue, a-t-il rappelé, et le mandat de l’ONUDC est d’assister les États Membres dans leur combat contre les drogues illicites, la criminalité et le terrorisme. Il est surprenant que M. Costa ait saisi cette occasion pour faire part de ses opinions personnelles sur la question de la peine de mort. Outre le fait que ses opinions sont mal informées et non pertinentes, il a dépassé son mandat et est allé au-delà de ses attributions, a mis en garde le représentant.
La réalité, a poursuivi le représentant, est qu’il n’existe pas de consensus sur la qualification de la peine de mort comme violation des droits de l’homme. Pour beaucoup de pays, la peine de mort, qui est une question relevant de la justice pénale, est un moyen de dissuasion. Chaque citoyen a le droit de vivre dans un environnement sain, sans que sa vie et sa sécurité personnelle ne soient menacées. La position de Singapour est simple: chaque pays a le droit souverain de décider de son propre système de justice pénale et il n’appartient pas à M. Costa de prendre cette décision à la place de population de Singapour.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a noté avec satisfaction que les contributions des États Membres au budget de l’ONUDC étaient en constante augmentation, allant jusqu’à constituer 88% de son budget global. Il a souhaité que le prochain budget de l’ONUDC soit adapté à l’étendue du mandat et des défis relevant de l’Office. Le représentant de l’Indonésie s’est également félicité des conclusions de la seizième session de la Commission pour la Prévention du crime et la justice pénale. Il a relevé en particulier l’adoption de la résolution 16/1 sur la coopération internationale en matière de trafic international illicite de produits forestiers. Les impacts négatifs de ce trafic étant importants, notamment sur l’environnement, le représentant a estimé qu’il était essentiel de prendre des mesures très fermes sur le plan international. Compte tenu du lien entre nos forêts et le réchauffement climatique, cela permettra en même temps d’avancer en matière environnementale, a-t-il souligné.
Le Congrès de Bangkok en avril 2005 a permis de progresser dans la lutte contre le crime, a reconnu le représentant. Celui-ci a remercié la Thaïlande d’avoir développé un outil efficace de mise en œuvre des décisions adoptées à cette occasion. En matière de lutte contre la drogue, le représentant de l’Indonésie a exprimé également sa satisfaction de voir que l’ONUDC prenait en compte la question du développement alternatif qui constitue un enjeu crucial. Pour lui, le développement alternatif est l’élément indispensable à une stratégie de lutte équilibrée, participant également à l’élimination de la pauvreté. Le représentant indonésien a également souligné l’attachement de son pays à la lutte contre la corruption. Ainsi, il sera l’hôte de la seconde Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption, au début de l’année 2008.
M. HAMID CHABAR (Royaume du Maroc) a souligné que l’étroite corrélation établie dans les rapports du Secrétaire général entre la criminalité organisée, le terrorisme et les réseaux de trafic de drogue était significative à plus d’un titre. Les réseaux criminels et mafieux, ou qu’ils se trouvent, sont indéniablement une menace pour la paix et la sécurité internationales. Il s’est réjoui du niveau de coopération exemplaire entre son pays et l’ONUDC et a rappelé qu’une délégation de l’Office, chargée de l’aspect prévention et du terrorisme avait visité le Maroc cette année. Toujours en coopération avec l’ONUDC, le Maroc abritera la Cinquième Conférence des ministres de la justice des pays francophones d’Afrique pour la ratification et la mise en œuvre des instruments universels contre le terrorisme. Un autre atelier général aura lieu au Maroc dans le cadre d’EUROMED, consacré aux questions d’extradition et d’entraide judiciaire.
M. Chabar a néanmoins estimé que la lutte contre les fléaux du crime organisé restait tributaire du respect de l’État de droit et de la bonne gouvernance, aux niveaux local, national et international. Les plans d’action mis en place ne peuvent en effet pas être mis en œuvre efficacement sans l’établissement d’une coopération internationale soutenue et d’une assistance technique appropriée, y compris par le renforcement des capacités nationales, notamment des pays en développement. Le Maroc est en phase d’harmonisation de sa législation nationale avec les dispositions de la Convention contre la criminalité transnationale organisée, qu’il a ratifiée en 2002. Plusieurs réformes ont été introduites et ont abouti à l’adoption du code pénal et du code de procédure pénal.
Parlant de la corrélation entre criminalité transnationale, la traite des êtres humains et des migrants, trafic des drogues et des armes, il a souhaité une réflexion plus approfondie et une approche globale intégrée qui privilégie à l’échelle mondiale la dimension humaine et socioéconomique sur la base du partage des responsabilités. Il s’est félicité du fait que l’ONUDC ait conçu un programme visant à appuyer les efforts des pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest pour prévenir et combattre plus efficacement le trafic des migrants. Résolument décidé à réduire la culture du cannabis, le Maroc s’est engagé dans une campagne drastique pour réduire de moitié les superficies cultivées en cannabis. La troisième enquête de l’ONUDC à ce sujet a révélé que les superficies cultivées avaient baissé de 46%. Le Ministère marocain s’emploie de son côté à développer le concept de tourisme rural en guise d’alternative à la culture du cannabis.
M. AHMAD GIADE (Nigéria) a fait part de la préoccupation de son pays devant les ravages provoqués par l’abus de drogues, qui ont elles-mêmes des conséquences désastreuses sur l’insécurité et la pauvreté, a-t-il dit. Il est donc particulièrement important que l’ONUDC permette aux États membres, notamment ceux de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest qui est prise sous les feux croisés des trafiquants de drogue, de renforcer leurs moyens de lutter contre ce fléau. De son côté, le Nigéria a fait des progrès en matière de contrôle des stupéfiants, toutefois, l’aide des partenaires internationaux et de l’ONUDC lui est indispensable, notamment pour venir à bout définitivement du cannabis. Car, par manque d’intérêt des donateurs internationaux, le cannabis continue d’être écoulé. En matière de lutte contre la cocaïne aussi, il y a beaucoup à faire, a-t-il constaté. Le Nigéria a participé récemment au lancement d’une opération conjointe pour l’Afrique de l’Ouest à laquelle les partenaires internationaux devraient s’intéresser a déclaré le représentant. Devant les difficultés de financement rencontrées par l’ONUDC, le représentant a rappelé que l’engagement de tous était nécessaire. L’Afrique de l’Ouest a besoin d’une aide urgente indispensable au renforcement de notre justice pénale, de nos activités de prévention contre le crime et de notre développement économique, a-t-il confié.
M. YURII ONISCHENKO (Ukraine) a noté que la mondialisation avait créé un climat favorable aux drogues illicites, à la criminalité et au terrorisme. Dans le contexte de réforme en cours des Nations Unies, chaque bureau, chaque organisation doit définir la place qui lui revient dans la lutte contre ces maux, a-t-il estimé. « Nous avons l’intention de nous investir activement dans le cadre des efforts internationaux déployés dans ces domaines essentiels », a affirmé le représentant de l’Ukraine. Il a souhaité le développement de la coopération internationale, tout en soulignant qu’au niveau régional aussi, les pays et les régions devaient se montrer solidaires. Le représentant ukrainien a considéré que le succès de cette entreprise dépendrait de chaque service de répression national, mais aussi de la capacité des États à lutter contre les causes profondes du trafic de drogues.
Préoccupé de voir que le phénomène des drogues s’aggrave en raison du faible niveau de développement de nombreuses régions, le représentant ukrainien a estimé qu’il devrait être intégré aux stratégies mondiales de développement durable. Il a aussi insisté sur la nécessité de renforcer les moyens de contrôle pour qu’ils soient à la hauteur des méthodes toujours plus sophistiquées auxquelles ont recours les trafiquants. Préoccupé également par la production d’héroïne en Afghanistan, il a expliqué que le transit de cette drogue illicite se faisait dans des pays vulnérables aux économies en transition. Ces pays auraient donc bien besoin du nouveau Centre régional de coordination pour lutter contre le trafic de drogue et le crime organisé. Créé par cinq pays d’Asie Centrale, avec l’ONUDC ce centre fonctionne sur le mode d’Interpol et constitue une avancée importante.
M. FRANCISCO ANIBAL ANZOLA QUINTO (Venezuela) a indiqué que la lutte contre le problème des drogues dans toutes ses manifestations était une priorité pour son pays, qui mène une lutte inlassable grâce aux stratégies dissuasives et répressives qui ont porté des fruits tangibles. Une saisie de 60 tonnes de cocaïne a eu lieu au cours des dernières années, ce qui incite à l’optimisme. Il a évoqué la réforme de la loi organique sur le trafic illicite des stupéfiants et des précurseurs psychotropes. Il a signalé que les nouveaux moyens mis en œuvre incluent l’utilisation d’aéronefs pour surveiller les voies de transit des drogues et le renforcement du système de vérification à la douane. Le Venezuela est un pays de transit et pour cette raison, il faut renforcer la coopération internationale dans la région des Caraïbes pour pouvoir lutter contre ce phénomène de manière la plus efficace possible. Des programmes de formation ont été établis pour la police, les douaniers et le personnel du système judiciaire.
Mme JOYCE KAFANABO (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que le Gouvernement de son pays était profondément préoccupé par l’existence du trafic de drogue et par ses effets préjudiciables au développement social et au bien-être de la population. Dans une grande mesure, par sa position stratégique et partageant des frontières avec huit autres nations, -dont six enclavées- notre pays est un pays de transit, avec une tendance alarmante à l’augmentation de la quantité de drogues disponibles sur son territoire. Le cannabis est la substance la plus utilisée et sa culture est en augmentation constante. Pour un pauvre paysan qui cultive du cannabis, cette culture est plus lucrative que les cultures vivrières traditionnelles dont la valeur a accusé une baisse sur le marché mondial, a remarqué Mme Kafanabo. Le pays s’attache pourtant à mettre en place une gamme de mesures tant dissuasives que répressives pour les trafiquants. Quant aux mesures qui s’adressent aux paysans, elles consistent en campagnes de sensibilisation pour les encourager à abandonner la culture du cannabis.
Il faudrait par ailleurs que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) accélère le processus de négociation de l’accord sur le commerce des produits agricoles afin de garantir des termes plus avantageux aux paysans. Le gouvernement tanzanien reste aussi préoccupé par la vulnérabilité des jeunes aux drogues et à la prévalence du VIH/sida. Des programmes organisés par des pairs et ciblant les jeunes ont été mis en place pour les dissuader de devenir des vendeurs et des consommateurs de drogues. Des unités spéciales tanzaniennes ont été formées au sein des organismes d’application des lois et une équipe spéciale interagences a été mise sur pied pour s’attaquer aux différentes manifestations du trafic des stupéfiants. En dépit de ce train de mesures, le Gouvernement reste confronté à de nombreux défis qui vont de l’inadéquation des ressources à celle des capacités, et au manque d’infrastructures et de personnel dûment formé pour traiter de l’usurpation et du détournement des produits pharmaceutiques ou encore de la fabrication des drogues illicites.
Mme MEIRAV EILON-SHAHAR (Israël) a expliqué que son pays avait de bons résultats en matière de saisie de drogue et que la toxicomanie y était relativement faible par rapport à d’autres pays développés. Cependant, a-elle précisé, les demandes d’ecstasy, de LSD et d’héroïne restent trop importantes. Le cannabis est toujours apprécié par les consommateurs qui l’assimilent à une drogue douce. La télédétection des champs de cannabis doit être développée, a souligné la représentante. Constatant que l’abus de drogue était quatre fois plus élevé dans les communautés de migrants, Israël a mis en place des programmes spécifiques, a-t-elle poursuivi. La traite des êtres humains dont font parfois partie ces migrants doit également être fortement combattue, a soutenu la représentante. Elle a évoqué un amendement adopté en 2006 qui pénalise sévèrement l’esclavage, les travaux forcés et l’exploitation sexuelle.
Évoquant les organisations terroristes, la représentante a estimé que celles-ci avaient partie liée avec les trafiquants d’armes. Les connexions entre les milieux de la drogue et du terrorisme sont également visibles d’après elle. Cela est particulièrement vrai dans la région frontalière avec le Liban, a-elle souligné. « Nous avons vu des terroristes exploiter la vulnérabilité des toxicomanes et des gens ont été punis pour cela dans notre pays » a-elle précisé. La coopération internationale avec les pays voisins doit être renforcée à tout prix, a-t-elle conclu avant d’ajouter « nous ne pouvons pas laisser des différends politiques entraver notre lutte contre la drogue ».
M. WANJUKI MUCHEMI (Kenya) a estimé que l’ONUDC jouait un rôle pivot pour ce qui est du renforcement des capacités des États de mieux répondre à la criminalité transnationale et de faire face avec détermination et efficacité à son caractère changeant et très organisé. Les séminaires et les programmes de formation de l’ONUDC ont renforcé nos capacités de lutter contre le crime et le blanchiment d’argent, a affirmé le représentant. Il a aussi estimé que la Convention contre le crime transnational organisé et ses protocoles forme un cadre juridique solide et appelle les États Membres à trouver la volonté politique nécessaire à la mise en œuvre de ces textes. Or il y a une faible adhésion au Protocole sur les armes à feu par exemple, a noté le représentant du Kenya. Mon pays, qui est la voie préférée de nombreux trafiquants, a renforcé les mesures de contrôle aux frontières, a indiqué le représentant.
Un Comité interministériel et une agence nationale pour la campagne contre l’abus des drogues ont été créés et travaillent main dans la main avec d’autres organismes du pays. Compte tenu du phénomène alarmant du blanchiment d’argent de la drogue, le Kenya a dûment participé à la réunion du Groupe anti-blanchiment d’Afrique orientale et d’Afrique australe (GABAO) sur le lien entre corruption et blanchiment d’argent. La prévention de la corruption est en effet un défi formidable pour le Kenya qui a été le premier à signer la Convention pertinente des Nations Unies, a souligné le représentant qui s’est d’ailleurs étonné que jusqu’à présent, la majorité des États parties à la Convention soit des pays en développement. Il a encouragé les États à appuyer les efforts des pays africains visant à une coordination et à l’adoption de mesures conjointes aux niveaux régional et sous-régional pour faire face aux différentes formes de crimes et de trafics, notamment des stupéfiants et des personnes.
Mme KIM COWAN (Canada) a annoncé en préambule que le Canada avait ratifié la semaine dernière, la Convention des Nations Unies contre la corruption. Le Gouvernement a également mis en place une nouvelle stratégie antidrogue axée sur les jeunes. Quelque 63,8 millions de dollars supplémentaires sera versé dans les deux prochaines années en plus des 385 millions dépensés chaque année. Le but est de réduire l’offre et la demande de drogues pour créer des communautés plus sûres et plus saines, a souligné la représentante. Le Canada a également l’intention de renforcer la prévention de la traite des êtres humains et le soutien apporté aux victimes de ces traites, a indiqué la représentante. Cela se fait dans le respect des recommandations contenues dans le Protocole des Nations Unies sur la traite des êtres humains, a-t-elle précisé.
La représentante a expliqué que son pays était soucieux d’aider l’Afghanistan dans sa lutte contre la production de drogue. Cette aide s’est manifestée très concrètement par une contribution financière de 27 millions d’euros. Dans le domaine de la lutte contre la criminalité, la représentante a considéré que les travaux de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale devaient être encouragés. Le principe d’une assistance technique agréé lors de la Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée est également soutenu par le Canada, a indiqué la représentante. Engagé dans la lutte contre le terrorisme, le Canada salue la Stratégie globale adoptée l’année dernière par l’Assemblée générale. Tout en coopérant avec les autres États, le Canada reste très attentif au respect des droits de l’homme et souhaite voir appliquée une Stratégie équilibrée, a insisté la représentante.
M. DESALEGN ALEMU (Ethiopie) a déploré que par manque de ressources financières et de savoir-faire technologique, les pays les moins avancés éprouvaient des difficultés à lutter contre la drogue et le crime. Il a expliqué que le gouvernement éthiopien était complètement disposé à mettre en œuvre les recommandations des Nations Unies dans ces domaines. D’ailleurs, a-t-il souligné, le pays consent déjà des efforts importants qui se sont traduits par la mise sur pied d’un système judiciaire plus efficace et de nouvelles lois présentées dans le cadre de la nouvelle Constitution du pays prévoient une meilleure formation des juges. Un centre de réforme de la justice a même été créé a indiqué le représentant.
Dans ce cadre général de réformes, le code pénal éthiopien a été révisé. Il contient de nouvelles dispositions relatives à la corruption, l’Ethiopie ayant signé la Convention des Nations Unies contre la corruption. La traite des humains, le trafic de drogues, et la corruption y sont également désormais punis conformément aux recommandations des traités internationaux, a annoncé le représentant de l’Ethiopie. Il a également annoncé la création d’une agence de contrôle des drogues qui devra lutter contre la production et la consommation de produits illicites. Tous ces efforts ayant des conséquences onéreuses sur le budget du pays, le représentant a demandé aux partenaires internationaux de bien vouloir honorer leurs engagements en faveur des pays les moins avancés.
M. MAJDI RAMADAN (Liban) a expliqué que son pays œuvrait dans trois directions en matière de lutte contre la drogue. Il s’agit de combattre l’offre et la demande de drogue, mais aussi de traiter les toxicomanes. Au Liban, où la tolérance zéro est appliquée en matière de drogues, 120 millions de mètres carrés de haschich et 100 millions de mètres carrés de cocaïne ont été détruits en 2002. En 2005, a-t-il poursuivi, ce sont les champs d’opium illicite qui ont été détruits. Aujourd’hui, le Liban n’est ni un grand pays producteur, ni un important pays de transit de drogue, s’est-il félicité, en citant un rapport du Département d’État américain datant de 2005.
Le représentant libanais a également signalé l’action de son pays en matière d’information sur les drogues. Essentiellement dirigée vers les plus jeunes, il a indiqué que cette stratégie portait ses fruits. Considérant que le toxicomane était une personne malade et non un criminel, il a indiqué que son pays proposait aux drogués d’aller à l’hôpital plutôt qu’en prison. Mais par manque de soutien de la communauté internationale, le Liban ne parvient pas toujours à appliquer ses programmes dans leur totalité, a regretté le représentant.
Intervenant également sur la question du terrorisme, le représentant du Liban a signalé que son pays avait ratifié 11 des 13 conventions internationales dans ce domaine. « Le Liban est déterminé à combattre le terrorisme sous toutes ses formes » a-t-il conclu.
M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation mondiale des migrations (OIM), a observé que l’un des défis majeurs dans la prévention du crime en ce début de XXIe siècle demeurait la lutte contre la traite des personnes. L’OIM compte actuellement 500 projets de par le monde et dispose de projets de lutte contre la traite des êtres humains dans 84 pays. Ces opérations sont axées sur la recherche et la collecte de données, la prévention par la diffusion d’informations et la sensibilisation, le renforcement des capacités tant par les gouvernements que par les groupes de la société civile et l’assistance directe aux personnes victimes du trafic des êtres humains. Il est amplement reconnu de nos jours que la « demande » est la cause première de la traite, mais nous ne disposons pas de l’action préventive que l’on pouvait logiquement attendre.
Le représentant a regretté que la grande majorité des ressources allouées à des actions de lutte contre la traite soit fournie par les pays de destination et dépensée dans les pays d’origine dans l’espoir de réduire la « livraison » non réglementée d’une main d’œuvre et de services bon marché. Il faudrait combiner cette approche avec un centrage accru sur des actions tendant à inhiber la demande en main d’œuvre et en services bon marché dans les pays de destination, y compris ceux de l’Europe occidentale. La majorité des interventions en matière de trafic humain est centrée sur la traite des femmes et des enfants pour l’exploitation sexuelle, mais des rapports font maintenant état d’un nombre accru d’hommes et de garçons victimes de traite sur le marché du travail, a informé M. Dall’Oglio. Il a indiqué que l’OIM s’attendait à une augmentation de cette tendance et du travail forcé dans les années à venir dans des secteurs particulièrement vulnérables à ce genre de trafic que sont l’agriculture, les textiles, le travail domestique et les soins à domicile, l’hôtellerie, le secteur du bâtiment et de l’extraction minière.
M. MICHAEL SCHULTZ, Fédé ration internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a réitéré l’engagement de la Fédération à œuvrer en faveur des personnes se trouvant dans des situations vulnérables, dans le respect de ses principes fondamentaux de neutralité, d’indépendance et d’humanité avant tout. Par le truchement de son réseau mondial, la FICR est le témoin des conséquences humanitaires de la mauvaise utilisation et de l’abus des drogues et d’autres substances. A ce titre, M. Schultz a salué le travail de l’ONUDC dans les différents domaines relevant de son mandat. Il est essentiel que les événements qui marqueront la célébration, en 2008 et 2009, du dixième anniversaire de la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale respecte la priorité qui consiste à traiter d’une façon humaine les utilisateurs de drogues, en les respectant en tant que personnes ayant des droits et des besoins.
Dans nombre de pays, en particulier en Asie centrale, le lien direct entre le virus du VIH/sida et l’utilisation et l’abus des drogues a été clairement établi, a-t-il ajouté. Dans ces pays comme dans d’autres, les malades sont victimes de stigmatisation et de discrimination qui ne font que contribuer à accroître leur marginalisation. Dans ce contexte, la Fédération accorde une attention particulière aux problèmes des stupéfiants dans les pays aux prises avec la pauvreté, le manque de sécurité et la stagnation économique. Nous souhaitons en particulier inclure les questions liées à la drogue aux stratégies visant au développement économique durable. Il existe un lien direct entre l’abus des drogues, la violence et la santé. Par contre, le lien entre l’abus des drogues, la transmission du VIH/sida et la migration demeure moins visible. Pourtant, 84% des cas de VIH/sida au Kazakhstan, par exemple, ont été infectés par une injection de drogues. Et la tranche d’âge la plus touchée est celle ayant entre 20 et 29 ans (54,3% des cas). Les hommes constituent l’écrasante majorité de la population affectée, mais il y a chaque fois plus de femmes infectées ou à risque.
Mme AXUMITE GEBRE-EGZIABHER, ONU-Habitat, a partagé avec la Commission quelques enseignements tirés de dix années d’expérience de l’agence en matière de prévention du crime en zone urbaine. L’année 2007 marque un tournant historique dans ce domaine, a-t-elle expliqué. En effet, pour la première fois, 50% de la population mondiale est concentrée dans des centres urbains. Cette proportion va grimper des deux-tiers d’ici 2030, a-elle prévenu. Considérant que 95% de ces citoyens des villes habitent dans des pays en développement, cela ne va pas sans poser de problèmes. Le taux de criminalité risque de progresser fortement si rien n’est fait pour offrir de meilleures conditions d’hébergement aux populations.
L’ONU-Habitat recommande de procéder à la construction d’habitations adéquates mais aussi de réfléchir en termes de stratégies adaptées à la lutte contre le crime urbain. Ce n’est qu’en protégeant les catégories les plus vulnérables de nos sociétés urbaines que la lutte contre le crime pourra être efficace. Une étude lancée dans 12 taudis dans différentes parties du monde, a prouvé que moins de 25% des incidents criminels survenant dans des quartiers défavorisés, étaient signalés aux autorités.
L’ONU-Habitat travaille étroitement avec l’ONUDC pour développer des stratégies appropriées à ces questions de sécurité, a précisé sa représentante. Se référant à une récente Conférence des Nations Unies au Mexique, la représentante a expliqué que 800 participants issus de 35 pays avaient travaillé ensemble sur ces questions. Un événement parmi d’autres qui allait pouvoir nourrir la réflexion du forum urbain mondial de Nanjing en Chine, prévu en octobre 2008.
Droit de réponse
Le représentant du Liban a reproché à la déléguée d’Israël de lancer des accusations sans fondement. Il a regretté que dans son allocution sur la lutte contre les drogues, la représentante d’Israël cherche à décrédibiliser l’action du Liban dans ce domaine. « Ce ne sont pas les divergences de vues politiques qui nous empêchent de collaborer avec Israël » a-t-il dit, « c’est l’occupation qui ne nous permet pas de travailler ensemble. Quand Israël cessera d’occuper notre pays, nous pourrons collaborer dans le domaine de la drogue ». Selon le délégué, les déclarations d’Israël sont particulièrement regrettables dans la mesure où ce pays est au centre du trafic mondial de pilules d’ecstasy. Le représentant libanais a cité un rapport du Département d’État américain selon lequel les trafiquants israéliens, particulièrement efficaces, étaient difficiles à arrêter.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel