En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/3884

TROISIÈME COMMISSION: LA LUTTE CONTRE LES STUPÉFIANTS EST LIÉE À CELLE CONTRE LA TRAITE HUMAINE ET LA CRIMINALITÉ TRANSNATIONALE

10/10/2007
Assemblée généraleAG/SHC/3884
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

5e et 6e séances - matin et après-midi


TROISIÈME COMMISSION: LA LUTTE CONTRE LES STUPÉFIANTS EST LIÉE À CELLE CONTRE LA TRAITE HUMAINE ET LA CRIMINALITÉ TRANSNATIONALE


Le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Antonio Maria Costa, a aujourd’hui, engagé les États Membres à traiter conjointement les problèmes relatifs aux stupéfiants, à la traite des personnes, à la corruption et au terrorisme.  Tout est lié, a-t-il insisté, en mettant en exergue la complexité de la problématique qu’il traitait au quotidien dans le cadre de son mandat.  Celui-ci s’exprimait lors du débat que la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles consacrait à la prévention du crime, à la justice pénale et au contrôle international des drogues.


Antonio da Costa a ainsi expliqué que par leur faiblesse institutionnelle et l’absence de primauté du droit, des régions du Myanmar, de l’Afghanistan ou de la Colombie étaient des terrains fertiles pour les trafiquants de drogues.  Il en est de même de l’Amérique centrale, des Caraïbes et l’Afrique de l’Ouest qui se retrouvent prises entre les feux de la drogue et du crime.  Ce n’est pas un hasard si les routes qu’emprunte la drogue traversent des régions en guerre et des États où la corruption est répandue.


Tous les intervenants ont mis en relief la nécessité d’une coopération à tous les niveaux et d’une allocation soutenue de ressources permettant une réponse systémique et globale à la criminalité transnationale.  Cette criminalité n’hésite pas à profiter des nouvelles avancées technologiques pour déstabiliser le développement politique, social, économique et la sécurité des États, ont-ils convenu.


Les projets de coopération internationale dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants ont atteint 760 millions d’euros en 2005, selon la représentante du Portugal qui s’exprimait au nom de l’Union européenne et des pays candidats.  À ce titre, l’Union européenne est le plus gros contribuable et le chef de file dans les efforts mondiaux contre les drogues, a–t-elle signalé.


La Commission avait le matin achevé son débat général sur le développement social.  Les 17 délégations qui se sont exprimées sur les thèmes de la jeunesse, de la famille, des personnes âgées et des personnes handicapées, ont mis l’accent sur la nécessité d’intégrer ces dernières dans les politiques nationales et de leur accorder un meilleur accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi.


Plusieurs États Membres ont décrit avec minutie les efforts qu’ils ont déployés en vue de mettre en place des mécanismes efficaces de suivi de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier pour ce qui est de l’égalité des chances en matière d’emploi, de formation professionnelle et de lutte contre la pauvreté.


La féminisation de la pauvreté a été mise en exergue par des représentants de pays de différentes régions du monde, qui ont souligné la nécessité de renforcer la législation sur l’égalité entre les sexes dans tous les domaines sociaux et leur attachement à la parité dans les postes de prise de décisions politiques.  Certains pays, comme les Émirats arabes unis et les Philippines, ont également procédé à une réforme de la législation nationale relative aux travailleurs migrants.  D’autres, tel le Nigéria, se sont souciés de créer un environnement propice aux travailleurs, en développant entre autres des politiques de lutte contre toutes les formes de discriminations envers les personnes touchées par le VIH/SIDA ou d’autres maladies chroniques.


La prochaine réunion de la Commission aura lieu demain matin à partir de 10 heures.



DÉVELOPPEMENT SOCIAL (Point 62)


Fin du débat général


Mme BORYANA ATANASSOVA, jeune déléguée de la Bulgarie, a indiqué que 2006 avait été une année très spéciale pour la jeunesse bulgare en raison de l’adhésion du pays à l’Union européenne, ce qui a ouvert de nombreuses possibilités en matière de mobilité et d’éducation.  La représentante a souhaité que les jeunes deviennent des partenaires égaux dans la prise de décisions politiques.  Elle a appelé les gouvernements à inclure systématiquement des représentants de la jeunesse dans leurs délégations auprès des instances internationales.  Nous présentons des idées intéressantes et nous aimerions que les États favorisent l’autonomisation des jeunes délégués, qui représentent le point de vue de plus d’un milliard deux-cent mille jeunes du monde, a-t-elle déclaré.  Sur la question de savoir comment garantir une participation effective des jeunes dans l’économie mondiale alors qu’ils se heurtent à tant de défis, Mme Atanassova a rappelé les axes esquissés par le Programme mondial d’action pour la jeunesse à l’horizon 2000 et au-delà: un niveau d’éducation correspondant aux aspirations des jeunes et un accès à des opportunités de travail répondant aux capacités effectives des jeunes.  Plus de 10 ans ont passé, a-t-elle souligné, depuis l’adoption du Programme d’action, et la réalité aujourd’hui reste bien en deçà de ces objectifs.


C’est pour cette raison que les jeunes doivent être reconnus comme des partenaires fiables et engagés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Á cet égard, elle a encouragé à renforcer et à multiplier les mécanismes de consultations des organisations de jeunesse, comme les réseaux d’emploi des jeunes et les groupes consultatifs des organismes de jeunesse.  La déléguée bulgare a par ailleurs insisté sur le fait que le chômage demeurait un défi majeur pour la jeunesse.  En effet, une jeune personne sur trois dans le monde est, soit à la recherche d’un emploi, soit a renoncé à en chercher un ou travaille en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 2 dollars par jour.  La jeune représentante a mis l’accent notamment sur la féminisation du sous-emploi, qui devrait faire l’objet de toutes les priorités actuelles en matière de développement social.  Elle a aussi dénoncé le fait qu’en raison des caractéristiques de l’économie mondiale, l’éducation primaire ou secondaire ne constitue plus une garantie pour accéder au marché de l’emploi et vivre dans la dignité.


Mme NICOLE ROMULUS (Haïti) a souligné que le chômage endémique, les salaires de misère, l’insécurité, la crise économique, l’instabilité sociopolitique, qui hypothèquent l’avenir des pays en voie de développement, ont des incidences néfastes sur la condition de vie des personnes âgées.  La libéralisation brutale de l’économie à partir des années 80 a causé de sérieux dégâts dans la structure socio-économique du pays, aggravant le mode de vie déjà précaire des personnes âgées, a-t-elle expliqué.  Elle a précisé que les faibles revenus de l’État haïtien ne lui permettaient pas de leur offrir jusqu’ici un encadrement adéquat et qu’une aide de la communauté internationale serait indispensable dans le cadre de l’application du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.  Cette, assistance serait de nature technique et matérielle et permettrait d’élaborer des lois et des stratégies spécifiques aux personnes âgées.


La représentante a également déclaré que l’intégration des personnes handicapées dans la société constituait l’une des priorités du Gouvernement, précisant qu’environ 800 000 Haïtiens étaient affectés par divers types de déficiences.  Selon elle, la création récente d’un Secrétariat d’État à l’intégration des personnes handicapées constitue un jalon important vers l’intégration dans la société de cette catégorie vulnérable.  Enfin, la représentante a signalé que son pays éprouvait des difficultés, dans un monde mondialisé, à maintenir une solide adhésion aux traditionnelles valeurs familiales, les familles monoparentales tendant à devenir la norme.  L’augmentation croissante des enfants abandonnés et la délinquance juvénile est également une source importante de préoccupation.


M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria) a expliqué que son pays venait de nommer récemment un Ministre des Affaires de la femme et du développement social, en réunissant les départements du bien-être social et celui de l’intégration des personnes avec un handicap en un seul ministère.  Le représentant a également indiqué que son Gouvernement renforçait sa stratégie nationale d’élimination de la pauvreté dont l’objectif est de lutter contre la pauvreté à travers la croissance économique, le développement social, la parité entre les sexes, le développement de la science et la technologie.  Il existe aussi un Programme national d’élimination de la pauvreté (NAPEP) qui s’efforce d’établir des partenariats avec les gouvernements locaux, les coopérations et les organismes de microcrédits. 


Le représentant a ensuite donné deux exemples en matière d’OMD, pour lesquels son pays avait consenti de lourds investissements, à savoir la tolérance zéro en matière de corruption et aussi la volonté de réaliser l’état de droit.  Le Gouvernement s’attache aussi à créer un environnement propice aux travailleurs, en développant par exemple une politique de lutte contre les discriminations envers les personnes touchées par le VIH/SIDA.  Les employeurs n’ont pas le droit de discriminer les salariés porteurs du virus et ces salariés ne sont pas non plus obligés de se déclarer comme porteurs du virus, a-t-il expliqué. 


Le représentant a également annoncé la mise en œuvre à partir de novembre 2007 d’un programme d’intégration des personnes indigentes dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’action de Madrid sur le vieillissement.  Le Nigéria ayant lancé un plan cadre pour le développement de la région du Delta du Niger, le représentant a demandé que les investisseurs étrangers soient nombreux à se présenter pour investir dans la région, afin d’accompagner les pays du delta à relever le défi de leur développement.  Il a également prié les pays développés qui ne l’auraient pas encore fait, de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, comme ils s’y sont engagés.


M. MANI PRASAD BHATTARAI (Népal) a regretté que l’écart entre  les riches et les pauvres continue de se creuser dans le monde, une situation qui doit être renversée.  Il a expliqué que la Constitution intérimaire népalaise de 2007 avait intégré cette approche sociale, pour que le plein emploi et l’amélioration des conditions de travail soient possibles.  Affirmant que le Népal s’était toujours engagé en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et du Programme d’action de Bruxelles pour les pays les moins avancés, il a suggéré d’accorder un traitement spécial aux pays enclavés et à ceux sortant de conflits. 


Le représentant a expliqué que la mise en œuvre dans son pays du Plan intérimaire pour 2007-2010 comprend des programmes garantissant la fourniture de services de base aux plus pauvres et une plus grande inclusion sociale des communautés fragilisées dont les autochtones.  Rappelant que le Népal se montrait également attentif aux besoins des personnes âgées, le représentant a annoncé la création d’un comité de coordination spécialement formé pour répondre à leurs besoins.  À l’autre bout de la pyramide des âges, le représentant, évoquant l’avenir des plus jeunes, a évoqué l’autonomisation nécessaire des jeunes népalais appelés à participer à la restructuration de leur pays.


Considérant que son pays avait franchi un pas important en adoptant la Convention sur les droits des personnes handicapées, il a signalé que la Constitution népalaise prévoyait des mesures spéciales comme la discrimination positive en matière d’emploi par exemple.  Le représentant a également expliqué que son pays venait de connaître une transformation politique sans précédent, se relevant d’un conflit destructeur en personnes et en biens.  Se disant persuadé de la capacité de son pays à se relever, il a toutefois demandé le maintien de l’aide internationale.


Mme ZOYA I. POYMANOVA (Fédération de Russie) a déclaré que les transformations fondamentales que traverse l’économie actuelle ne manquent pas d’avoir des répercussions sur le niveau de vie de la population mondiale.  La Russie, a–t-elle signalé, a connu une baisse du taux de chômage et une augmentation du niveau de vie.  Elle a formé le vœu que grâce aux apports en investissements et aux politiques nationales avisées en matière de développement social, le pays réussira à maintenir cette tendance qui vise essentiellement à améliorer le niveau de la population en général et de certaines couches moins favorisées en particulier.  La Fédération de Russie compte 40 millions de jeunes ou 27% de la population.  Un éventail de programmes est en train d’être mis en place après qu’un décret ait conduit à l’établissement d’un Comité étatique qui a ébauché les priorités stratégiques et les grandes lignes directrices de la politique de l’État orientée vers la jeunesse.  Cette politique réside principalement dans une implication de la jeunesse dans la vie sociale.  Elle consiste également à coordonner cette vision avec le rôle qui incombe à la famille dans la société.  S’agissant des personnes âgées, la représentante a signalé que le Programme d’action de Madrid était perçu comme un point de départ pour les politiques nationales.  Il en est de même pour ce qui est de la Convention sur les personnes handicapées. 


Mme MARIA ELENA MEDAL (Nicaragua) a déclaré que le thème du développement social était un sujet présentant un grand intérêt pour son pays étant donné l’indice élevé de vulnérabilité des sociétés paupérisées et des nombreux défis auxquels elles sont confrontées.  La mondialisation et le système capitaliste n’ont pas été nos meilleurs alliés et, comme le montre le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur les résultats de la mise en œuvre du Sommet mondial sur le développement, la réalisation du plein emploi et de l’offre d’un emploi décent ne constituent pas toujours les priorités centrales des politiques macroéconomiques, a-elle ajouté.  Á l’issue de 16 années d’application de ces politiques néolibérales imposées par les organismes financiers internationaux, le Nicaragua se trouve dans un état chaotique, avec un pourcentage élevé de la population vivant avec moins d’un dollar par jour.  Les niveaux de la pauvreté ont atteint des dimensions effarantes.  Les droits économiques et sociaux des nicaraguayens, à l’instar de ceux de la majorité des habitants des pays en développement, ont été sacrifiés au cours des dernières décennies, au profit du bien-être de quelques uns.


Le Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale du Nicaragua a néanmoins amorcé une nouvelle étape.  Il a réaffirmé le droit à une éducation gratuite pour tous.  Dans trois ans, nous espérons éliminer l’analphabétisme sur l’ensemble du territoire après l’avoir éliminer de la capitale.  L’accès à la santé et l’accès gratuit aux médicaments ont été consacrés comme faisant partie des droits de l’homme élémentaires.  Le Programme Usura 0 touche 70% des femmes et 20% des hommes parmi lesquels 20% sont des jeunes de moins de 24 ans qui ont achevé leurs études supérieures mais n’ont pas encore trouvé de travail.  Par le biais de ce programme, a expliqué Mme Medal, des crédits à faible taux d’intérêt sont accordés.  L’égalité entre les sexes et le programme d’autosuffisance alimentaire sont aussi des axes fondamentaux pour le Gouvernement nicaraguayen. 


La représentante a invité la communauté internationale à devenir des partenaires pour le développement en mettant l’accent sur la coopération Sud-Sud et sur les plans d’intégration basés sur la solidarité.  Ces efforts ne devraient pas toutefois se substituer à la responsabilité historique des pays industrialisés d’appuyer le développement de nos peuples car il ne faut pas oublier que ces pays ont pu se développer au détriment des nôtres. 


M. RAPHAEL S.C. HERMOSO (Philippines) a expliqué que son pays avait fait un pas décisif en engageant les jeunes dans le processus de prise de décisions politiques puisque la Présidente Gloria Macapagal Arroyo a nommé des jeunes gens à la tête du Bureau de la Commission nationale présidentielle pour la jeunesse qui équivaut à un ministère.  Les élections locales prochaines offrent une occasion en or pour mieux asseoir la réforme en cours et former des jeunes à devenir les dirigeants du futur qui seront plus à même d’adopter des programmes inspirés des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Un prix est également décerné dans la région des pays membres de l’ANASE qui récompense des programmes de jeunes particulièrement performants ayant un rapport avec ces objectifs.


Le représentant a indiqué que son pays était signataire de la Convention sur les droits des personnes handicapés.  La mise en œuvre des dispositions de ce document est vitale si l’on veut améliorer l’existence des personnes handicapées, notamment dans les pays en développement ou résident nombre d’entre elles, a-t-il insisté.  Il a regretté que la plupart des personnes handicapées fassent partie des pauvres parmi les pauvres et a encouragé une coopération entre toutes les nations dans le domaine du développement et le partage des connaissances pour améliorer les capacités de ces personnes.  La grandeur d’une nation se mesure à la manière dont elle traite ses citoyens les plus faibles, a-t-il conclu en incitant les États Membres de l’ONU à faire montre d’une grandeur collective.


Mme AICHA ALI AL-MANSOURI (Émirats arabes unis) a regretté que la situation sociale de plus de la moitié de la population dans le monde continue de ne pas correspondre aux aspirations des peuples à vivre à l’abri du besoin.  Elle a indiqué que pour sa part, son pays s’employait à honorer ses engagements internationaux en matière de développement social en particulier.  Elle a cité en exemple le lancement du programme « Dubai Cares » qui offre une éducation primaire à plus d’1 million d’enfants dans le monde.  Des efforts ont aussi été consentis dans le domaine de la santé et ont conduit à une réduction du taux de mortalité infantile, à l’élimination de maladies dangereuses comme la polio et à une baisse significative des cas de VIH/sida.  Alors que la croissance économique se poursuit, le revenu per capita s’est accru et, par conséquent, celui des dépenses nationales a également augmenté, a-t-elle déclaré.  Dans cette marche vers le développement social, les femmes sont parties prenantes et participent activement à la prise de décisions.  Plusieurs d’entre elles occupent aujourd’hui des postes ministériels.  Au niveau législatif, une série de lois a été ou est en passe d’être adoptée pour fournir une plus grande protection aux travailleurs et aux employées domestiques.  Des mesures ont aussi été prises pour améliorer le sort des personnes handicapées, en leur facilitant l’accès à l’éducation et en leur accordant une place plus importante dans la société.


M. FRANCISCO ANIBAL ANZOLA QUINTO (Venezuela) a expliqué que l’un des postulats de la révolution bolivarienne réside dans la construction d’un nouveau modèle de développement centré sur l’être humain et pétri de valeurs telles que la solidarité, la justice, l’inclusion sociale, l’égalité, le respect des droits de l’homme et la participation de tous les citoyens.  Dans ce contexte, l’élimination de la pauvreté est le fondement même de toute la politique du pays en matière de développement social. L’élimination de la pauvreté se fait au Venezuela à travers des programmes sociaux orientés vers l’intégration graduelle de secteurs qui avaient été exclus auparavant, ainsi que vers l’emploi des jeunes.  Le représentant a rappelé qu’en octobre 2005, l’UNESCO avait reconnu que le Venezuela était devenu un pays exempt d’analphabètes.


Le pays garantit le droit à la santé et, avec l’aide de médecins cubains, il a favorisé l’accès gratuit et sur un pied d’égalité de 17 millions de personnes à tous les soins de santé primaire.  En 2006, l’investissement national dans les domaines sociaux a atteint 30,97% du PIB, le domaine de l’éducation enregistrant le pourcentage le plus élevé, soit 37,5%, suivi par celui de la sécurité sociale, 26,3%, et celui de la santé, 13,3%.  Le taux de chômage a diminué de 8,4% en décembre 2006.  Une loi sur les microcrédits a aussi été promulguée et un appui a été apporté aux coopératives et aux petites et moyennes entreprises.  Le Venezuela a par ailleurs adopté une loi en faveur des personnes handicapées qui seront provisoirement exonérées de payer les transports en commun.


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a assuré à la Commission que l’élimination de la pauvreté restait la priorité absolue du Cameroun.  Il a expliqué que les bénéfices tirés par son pays de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) avaient été affectés en priorité à l’éducation.  Le Représentant a également annoncé la mise sur pied au Cameroun d’une politique pour la préparation à l’emploi des jeunes, précisant que des salons de l’emploi étaient régulièrement organisés dans tout le pays pour aider les jeunes à accéder à l’emploi.  Par ailleurs, un document de politique nationale en matière de vieillissement est  en cours de finalisation.  Considérant que l’égalité des chances dans la vie devait devenir une réalité pour toutes les personnes handicapées, le Représentant a annoncé la création d’un Comité national chargé de veiller à l’accès aux soins, à l’éducation, à la formation professionnelle et à l’emploi de cette catégorie de citoyens.  Le Représentant s’est enfin réjoui de certaines initiatives prises par les Nations Unies, comme la création en juin dernier du village du Millénaire et la création d’un groupe de travail sur la réalisation des OMD en Afrique.


Mme OLHA KAVUN (Ukraine) a fait part du plein engagement de son pays à mettre en œuvre la Déclaration de Copenhague et son Programme d’action ainsi que la Déclaration des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Elle a noté que le problème de la pauvreté demeurait un défi pour de nombreux pays, y compris l’Ukraine.  L’objectif principal de notre Gouvernement est donc d’instaurer des mesures de développement social, a-t-elle indiqué, et nous nous efforçons d’intégrer des stratégies internationales en la matière dans nos programmes nationaux.  Nous visons notamment à  améliorer notre politique sociale par une utilisation efficace de nos ressources.  La représentante a également précisé que l’Ukraine mettait la priorité sur l’emploi car le plein emploi, notamment celui des jeunes, est, selon elle, le meilleur moyen de combattre la pauvreté et de promouvoir l’intégration sociale.  Mme Kavun a également préconisé une définition plus large du développement économique et social, tant au niveau national qu’international.  L’élimination de la pauvreté, l’intégration sociale, le plein emploi, un travail décent constituent en effet les défis actuels du développement.  Alors que la responsabilité des politiques de développement social revient en premier lieu aux gouvernements, a-t-elle poursuivi, les organisations internationales, non gouvernementales et les entreprises ont également leur rôle à jouer.


M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan), réaffirmant l’attachement de son pays à la réalisation des OMD, a évoqué la stratégie adoptée par la République du Kirghizistan pour les années 2007 à 2010 dont le but est d’améliorer le niveau de vie et la qualité de vie des habitants.  Le représentant a insisté sur le fait que selon lui, l’interaction entre les efforts régionaux, nationaux et internationaux devait prévaloir, elle seule permettant à son avis, d’avancer vers la réalisation des OMD.  Le représentant a évoqué également les discussions en cours entre les plus hautes autorités de son pays, en vue de la création d’un état social.  C’est vers un monde social unique qu’il faut tendre, a-t-il déclaré, souhaitant que le dialogue règne dans la communauté internationale.  Le représentant, au nom du Président de son pays, a proposé la création d’une journée mondiale de la justice sociale.  Un projet de résolution allant dans ce sens a été déposé, a-t-il précisé.  Le représentant s’est dit convaincu que l’adoption d’une résolution sur la création d’une telle journée mondiale contribuait à renforcer l’attention de tous les pays sur les buts et les tâches retenus dans la Déclaration de Copenhague.


M. OMAR, Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a expliqué que la FAO avait constaté que parmi les personnes avec handicap, on dénombrait un grand nombre d’agriculteurs chefs de famille.  Elle a donc cherché à augmenter les revenus et les possibilités d’emplois de ces personnes dans l’agriculture mais aussi dans les secteurs connexes.  L’un des moyens pour y parvenir est de former ces agriculteurs aux nouvelles technologies agricoles de production.  Mais la FAO s’emploie aussi, à précisé son représentant, à prévenir les accidents du travail dans les forêts et les lieux de pêches.  Son mandat consiste également à encourager les États Membres à inclure la problématique des agriculteurs handicapés dans leurs politiques de développement rural.


Évoquant la Convention sur les droits des personnes avec un handicap, le représentant a signalé que ce texte garantissait l’accès de ces personnes à la nourriture, à l’éducation, à la santé et à des conditions d’emploi satisfaisantes.  Ce sont autant de domaines qui sont directement liés au travail de la FAO.  L’organisation a en effet initié plusieurs projets pilotes à l’attention des personnes handicapées du monde rural.  Ces projets ont prouvé que les personnes handicapées étaient pleinement capables d’intégrer de nouvelles techniques de travail susceptibles d’augmenter leurs niveaux de revenus.  La FAO s’est également rendue compte que dans les situations d’urgence, les personnes handicapées, déjà vulnérables, étaient touchées plus durement que les autres.  De ce fait, elle a adapté ses opérations d’urgence et de réhabilitation afin qu’elles correspondent davantage aux besoins de ces catégories de population et de leurs familles.


Droit de réponse


Mme FEDA ABDELHADY-NASSER (Palestine) est revenue sur la déclaration faite hier par Israël dans le cadre du débat général sur le développement social.  Les actions que mène Israël contre le peuple palestinien réduisent sa crédibilité à néant.  Quatre-vingt dix pour cent des Palestiniens vivent en effet en dessous du seuil de pauvreté, plus d’un million des habitants de la bande de Gaza dépend entièrement de l’aide alimentaire internationale sans compter les possibilités d’emplois détruites par le comportement de la puissance d’occupation.  Israël ne fait que contribuer à aggraver la pauvreté abjecte et à accroître le système de dépendance du peuple palestinien, notamment par la construction du mur et par l’extension des colonies, a déclaré la représentante.  Elle a fustigé les restrictions imposées au mouvement des personnes et des biens, y compris à Jérusalem-Est.  Loin de promouvoir le développement social, ces pratiques ont dévasté les conditions socio-économiques dans lesquelles vit le peuple palestinien et ont détruit le tissu même de la société palestinienne. 


PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE


Note du Secrétaire général (A/62/84)


Par cette note, le Secrétaire général transmet à l’Assemblée générale, à sa soixante-deuxième session, le rapport de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée sur les travaux de sa troisième session, tenue à Vienne du 9 au 18 octobre 2006 (CTOC/COP/2006/14).


Rapport du Secrétaire général sur le Renforcement du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, en particulier de ses capacités de coopération technique (A/62/126)


Le rapport fait la synthèse du travail accompli par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour aider les États Membres à lutter contre la criminalité transnationale organisée, la corruption et le terrorisme, et à prévenir la criminalité et renforcer les systèmes de justice pénale.


Il traite également de l’application du Programme d’action 2006-2010 sur le renforcement de l’état de droit et des systèmes de justice pénale en Afrique et contient des informations sur l’action engagée pour renforcer le Programmes des Nations Unies pour la prévention du crime et de la justice pénale, ses capacités de coopération technique et son organe directeur: la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale.


Le rapport fait également le point sur le nombre d’adhésions à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée qui a continué d’augmenter pour atteindre désormais 134.  Cent douze Etats ont ratifié le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, cent six le Protocole contre le trafic illicite des migrants par terre, air et mer et soixante-deux le Protocole contre la fabrication et le trafic illicite d’armes à feu, de pièces, éléments et munitions.


Lors de sa troisième session à Vienne, Autriche, du 9 au 18 octobre 2006, la Conférence des Parties à la Convention contre la criminalité transnationale organisée a ouvert la voie à un processus durable de transposition des traités en mesures efficaces de lutte contre la criminalité transnationale organisée.  La Conférence avait aussi définit des domaines prioritaires en matière d’assistance technique.  Ceux-ci seront examinés par le groupe de travail provisoire d’experts gouvernementaux à composition non limitée sur l’assistance technique, qui se réunira à Vienne en octobre 2007.


Le Secrétaire général recommande que l’Assemblée générale envisage de prendre des mesures pour réaffirmer son appui aux travaux que mènent la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et la Conférence des États Parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption pour s’acquitter de leur mandat ambitieux et plaider en faveur d’un appui accru de la part des États Membres.


Il encourage les États Membres à envisager une série de mesures, notamment de recenser les pratiques optimales utilisées par divers acteurs à l’échelle locale pour lutter contre la traite des personnes.  Il recommande également que leurs services de détection et de répression participent activement aux initiatives pertinentes de l’ONUDC telles que le programme de contrôle des conteneurs qu’il a lancé avec le Conseil de coopération douanière, et à l’échange d’informations.


Il est également suggéré dans le rapport que les États Membres envisagent de traduire les règles et normes de l’Organisations des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale dans leur langue nationale et à organiser une formation spécifique pour les personnels des services de justice pénale concernée.


Le Secrétaire général encourage enfin les États Membres à fournir des ressources régulières et adéquates à l’ONUDC, et à se tenir au courant des grands problèmes qui commencent à se faire jour et des réponses qui peuvent leur être apportées, notamment dans les domaines de la prévention de la délinquance urbaine, de l’exploitation sexuelle des enfants, de la fraude et de l’usurpation d’identité, et du trafic international illicite de produits forestiers, notamment de bois, d’espèces sauvages et autres ressources forestières biologiques, et de la lutte contre ces phénomènes.


Rapport du Secrétaire général sur l’Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (A/62/127)


Le rapport décrit les activités de l’Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, notamment les programmes et activités qu’il a mis au point pour appuyer les pays de la région dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale.  Il se penche aussi sur l’avenir de l’Institut, promoteur privilégié du développement socioéconomique dans la région, et énumère les mesures concrètes prises pour permettre à l’Institut de mieux prêter son appui aux mécanismes nationaux de prévention du crime et de la justice pénale mis en place dans les pays africains. 


Note du Secrétariat sur l’assistance technique en vue de l’application des conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme (A/C.3/62/L.2)


Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale demanderait instamment aux États Membres qui ne l’ont pas encore fait d’envisager de devenir parties sans plus attendre aux conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme.  Elle prierait l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, sous réserve de la disponibilité de ressources extrabudgétaires, de fournir une assistance juridique aux États Membres qui le demandent.  L’Assemblée générale prierait instamment les États Membres de renforcer la coopération internationale dans toute la mesure du possible, pour prévenir et combattre le terrorisme.


Note du Secrétaire général sur la Suite donnée au onzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale et préparatifs du douzième congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale (A/C.3/62/L.3)


Aux termes d’un projet de résolution, l’Assemblée générale accepterait avec gratitude l’offre du Gouvernement […] d’accueillir le douzième Congrès et prierait le Secrétaire général d’engager des consultations avec le Gouvernement […] et d’en rendre compte à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale à sa dix-septième session.  Elle déciderait que la durée du Congrès ne dépasserait pas huit jours, y compris les consultations préalables.


CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES


Rapport du Secrétaire général sur la coopération internationale face au problème mondial de la drogue (A/62/117)


Le rapport donne un aperçu de l’exécution des activités de lutte internationale contre la drogue menées par les États, notamment l’application des textes issus de la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale organisée en 1998.  Les États Membres se sont engagés à obtenir des résultats significatifs et mesurables d’ici 2008.  Des investissements accrus dans des programmes de réduction de la demande ont été constaté dans la quasi-totalité des régions depuis 1998.  Il existe toutefois un écart considérable entre les régions disposant de structures de surveillance des drogue (Amérique du Nord, Océanie, Europe centrale et occidentale) et celles où ces capacités sont moins développées (Afrique subsaharienne, Afrique du Nord et Moyen-Orient).


De l’avis du Secrétaire général, le problème mondial de la drogue  peut être surmonté si la communauté internationale est disposée à consentir les investissements nécessaires et à les maintenir dans la durée.  Il considère également que les objectifs fixés à la vingtième session extraordinaire de l’Assemblée générale peuvent être atteints si des ressources sont mises à disposition de manière durable et si des politiques claires et cohérentes sont élaborées et mises en œuvre.


En prévision de l’examen en 2008 des progrès accomplis dans la  réalisation des buts et objectifs fixés par l’Assemblée générale à sa vingtième session extraordinaire, le Secrétaire général demande aux Etats qui sont confrontés à de graves problèmes de drogue de s’engager publiquement, à titre volontaire, à s’attaquer à ces problèmes en se fixant des délais et des objectifs.


Déclaration liminaire du Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, suivie d’une série questions


M. ANTONIO MARIA COSTA, Directeur exécutif de l’ Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a estimé qu’il était impérieux de traiter conjointement les problèmes liés aux stupéfiants, à la traite des personnes, à la corruption et au terrorisme.  Tout est en effet lié. Ainsi, a-t-il expliqué, n’y a pas de meilleure stratégie d’éradication de la culture de la drogue que celle faite par les agriculteurs eux-mêmes, soucieux de retourner vers la légalité.  Il a aussi expliqué que de par leurs faiblesses, des pays comme le Myanmar, l’Afghanistan ou la Colombie attiraient d’autant plus les activités illicites.  Citant l’Amérique centrale, les Caraïbes et l’Afrique de l’Ouest comme exemple de pays pris entre les feux de la drogue et du crime, M. Costa a appelé les pays riche, consommateurs de drogues, à agir.


Le Directeur exécutif a indiqué que l’Afghanistan et l’Asie centrale étaient les pays qui mobilisaient la majorité des ressources de son bureau actuellement.  Signalant que son Bureau est également actif en Afrique, il a salué le travail de l’Union africaine qui doit adopter prochainement un Plan d’action contre les stupéfiants.  M. Costa a également félicité les États d’Amérique centrale qui travaillent à l’élaboration d’une stratégie similaire.  Mais au-delà des États, c’est tout un chacun qu’il faut impliquer dans la lutte contre les stupéfiants, a déclaré le Directeur de l’ONUDC.


La lutte contre le trafic des stupéfiants a produit certains résultats, a-t- il ajouté.  Ainsi, les niveaux de dépendance ne se sont pas accrus cette année mais 25 millions de personnes restent tout de même dépendantes de la drogue à travers le monde.  Le travail de l’ONUDC consiste d’ailleurs aussi à faire comprendre à chacun qu’il faut aider les drogués plutôt que de les stigmatiser.  En informant les familles des dangers de la drogue, notamment grâce à des campagnes de prévention, de grandes choses peuvent être accomplies a estimé le Directeur.


Intervenant sur la question de la traite des personnes dont s’occupe également son bureau, le Directeur exécutif de l’ONUDC s’est réjoui de ce que cette thématique commence à intéresser davantage de monde.  La traite des personnes prend les traits de fillettes vendues à des touristes étrangers, d’adolescents obligés de se prostituer, d’enfants enrôlés dans l’armée devenant ensuite des esclaves sexuels ou d’employés de maison réduits au statut d’esclave, a-t-il expliqué.  Là aussi, comme pour la drogue, il faut une prise de conscience mondiale de ce phénomène.  Il faut que les acheteurs, et les consommateurs prennent conscience qu’ils ont un rôle à jouer.


Le Directeur exécutif de l’ONUDC a également évoqué la menace que fait peser la corruption, « une pourriture qui réduit les investissements, vole l’argent public, sape la démocratie, en détruisant la confiance du public », a-t-il dit.  La corruption, a-t- il aussi signalé, facilite les actes de terrorisme et s’avère donc dangereuse.  Se félicitant de la ratification par plus d’une centaine d’États Membres de la Convention anticorruption, le Directeur exécutif a également évoqué l’initiative de récupération des biens volés soutenue par la Banque mondiale.  Aujourd’hui la tolérance de l’opinion publique est moins grande envers les actes de corruption, a-t-il dit.


Terminant son allocution sur la thématique du terrorisme, M. Costa a expliqué que l’ONUDC aidait les pays à appliquer les 13 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme actuellement en vigueur.  Considérant que les actes terroristes sont une des formes de crime les plus violentes, il a demandé que tous les terroristes soient traduits en justice et à  appelé à une plus grande coopération entre toutes les institutions concernées.  Enfin, alors que l’adoption du budget de l’ONUDC est imminente, il a appelé les États Membres à se montrer généreux pour que l’Office puisse répondre à tous les défis qui se présentaient.


Questions et réponses des délégations


Le représentant de la Guinée-Bissau a souhaité que l’analyse de M. Costa soit un facteur incitatif pour les partenaires internationaux afin qu’ils contribuent à mettre un terme à la production de drogue dans les pays en développement mais aussi aux importations vers les pays consommateurs.  Parlant de l’abomination qu’est la traite des êtres humains et des effets néfastes de la corruption, il a insisté pour que le développement devienne une réalité qui protège les pays pauvres contre les fléaux que connaît le monde à l’heure actuelle.


Pour le représentant du Soudan, la réalisation du développement exige que l’on mène un combat sans merci contre le phénomène des drogues.  Le représentant a par ailleurs souhaité que la coopération entre l’ONUDC et Institut africain de recherche pour la prévention du crime, qui se trouve en Ouganda et dont la présidence est assurée par le Soudan, soit renforcée.  Ce dernier a besoin de ressources et il serait opportun que les pays contribuent à son financement, a-t- il recommandé.


Le représentant de la Barbade a signalé que la région des Caraïbes se situait à la croisée des chemins de la criminalité organisée mondiale et se trouvait donc touchée par le trafic d’armes illicites et de drogues.  C’est pour cette raison qu’il est important d’avoir une représentation de l’ONU dans nos petits pays qui se sentent isolés.


En réponse à ces commentaires, M. ANTONIO MARIA COSTA, a convenu que les pays d’Afrique de l’Ouest vivaient un véritable problème en raison de la culture du cannabis au Maroc et dans certaines contrées d’Afrique subsaharienne, entre autres.  Il est vrai que pour ce qui est du crime transnational organisé, il était plus aisé pour les trafiquants d’établir des points de transit des drogues le long de la côte de l’Afrique de l’Ouest.  La conséquence en est la criminalité dans la région, la corruption des responsables de la police, de l’armée et du système judiciaire.  On parle ici de milliard de dollars qui transitent à travers des pays qui sont très pauvres, et les contacts locaux du crime organisé en profitent grandement.  Il n’y a même pas de prisons en Guinée-Bissau, s’est exclamé M. Costa.  Il y a donc énormément de choses à faire car ce phénomène comporte aussi une dimension sécuritaire.


Au représentant du Soudan, il a répondu que l’Institut africain de recherche jouait un rôle louable et s’est excusé de ne pas l’avoir mentionné dans sa déclaration.  Au représentant de la Barbade, il a commenté que ce petit pays se trouvait dans la ligne de feu des pays consommateurs et des pays exportateurs.  Notre bureau à la Barbade a été effectivement fermé faute de contributions volontaires pour maintenir ses activités et faute de projets.  Cette partie du monde a certes besoin d’aide afin de développer un plan d’action, obtenir des ressources et mettre en place des projets.


Le représentant du Gabon a souhaité en savoir plus sur les liens transversaux entre le crime, le trafic des drogues et le terrorisme international.  Ce lien mérite d’être élaboré davantage.  Le représentant du Bénin a souhaité savoir quelle était l’opinion de M. Costa par rapport à la campagne en cours incitant à l’abolition de la peine de mort et quel serait son impact sur son mandat consistant à lutter contre la criminalité organisée?


Répondant à cette série de commentaires, M. ANTONIO MARIA COSTA a indiqué que l’Afrique est victime du crime à grande échelle en raison du nombre important de jeunes, la moyenne d’âge étant de 30 ans, d’un  chômage massif, des guerres civiles et des différences de revenus.  Ainsi, en moyenne, les 10% des plus riches, où qu’ils se trouvent en Afrique, gagnent 32 fois plus que ceux qui sont au bas de l’échelle.  L’écart entre les plus riches et les plus pauvres est énorme.  L’Afrique dispose d’un système judiciaire très limité ce qui ouvre la porte à l’impunité, qui elle-même se nourrit de la corruption.  Donc si vous êtes jeunes, au chômage et avec des armes, vous êtes dans une situation de vulnérabilité et, par conséquent, de délit.  Ce ne sont pas plus de policiers ou de mesures coercitives qu’il faut mettre en place mais un développement durable à même de briser ce cercle vicieux, a indiqué M. Costa.  S’agissant de la peine de mort et du débat en cours aux Nations Unies sur sa suppression, il a indiqué que le fait de maintenir la peine capitale ne réduisait pas l’incidence de la criminalité.


Débat général


Mme SARA MARTINS (Portugal) a déclaré, au nom de l’Union européenne (UE) et des pays associés, que le crime organisé constituait un phénomène mondial qui entravait la démocratie, perturbait l’activité économique licite, drainait les actifs nationaux et empêchait le développement de sociétés stables.  Dans ce contexte, l’Union européenne est déterminée à offrir une assistance technique aux pays tiers, notamment aux pays en développement, dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale afin de contribuer à l’instauration de la primauté du droit.  La représentante a indiqué qu’un nombre significatif de pays membres de l’UE, ainsi que des candidats et des pays du processus de stabilisation et d’association, avaient d’ores et déjà ratifié la Convention de l’ONU contre la criminalité transnationale organisée et ses Protocoles facultatifs.  Signalant que la traite des personnes constituait un sujet de profonde préoccupation, la représentante a ajouté que ce phénomène représentait l’une des activités les plus lucratives pour les groupes criminels dans le monde entier.  Aucun pays n’échappe à ce fléau mondial, que ce soit en tant que pays d’origine, de destination ou comme point de transit.  Il est impératif de prévenir et de combattre ce phénomène en ayant recours à une approche multidisciplinaire, à des stratégies nationales et internationales et à des activités accrues de prévention.


Par ailleurs l’Union européenne reconnaît l’impact de la corruption en tant qu’obstacle au développement durable et à la bonne gouvernance.  La Convention des Nations Unies contre la corruption, signée par 140 pays à ce jour, est le premier instrument anticorruption juridiquement contraignant, a-t-elle fait remarquer.  Le défi à relever lors de la Deuxième Conférence des États parties, qui se tiendra en janvier prochain, sera de trouver les moyens d’en garantir une mise en œuvre réussie.  La lutte contre le terrorisme reste par ailleurs l’une des grandes priorités de l’Union européenne.  La représentante a enfin salué l’élaboration par les Nations Unies de la Stratégie antiterrorisme mondiale et a noté qu’il fallait veiller à apporter des ressources à l’Équipe spéciale constituée dans ce contexte.


M. ERIC MAZIYA (Swaziland), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a constaté que dans sa région, la pénurie de ressources humaines, financières et matérielles entravait grandement le travail de la justice en matière de lutte contre les drogues.  C’est pourquoi, a- t-il dit, nous sommes particulièrement satisfaits de pouvoir compter sur la communauté internationale pour faire face à ces problèmes.  Expliquant que la coopération technique était indispensable aux pays de la SADC, il a évoqué certaines initiatives régionales qui ont remporté un certain succès, notamment en matière de formation aux droits de l’homme des policiers et de destruction des champs de cannabis.  Ces résultats encourageants ne dispensent pas ces pays de s’inquiéter devant l’augmentation du commerce des drogues dures.


Toujours soucieuse d’aller plus loin dans la lutte contre le crime et les drogues, la SADC a dit attendre avec impatience en 2008 le bilan de la communauté internationale sur la mise en œuvre des objectifs décidés lors de la Session spéciale de Bangkok en 2005.  Le représentant a également évoqué le délicat problème des frontières longues et poreuses qui rendent pratiquement impossible le contrôle des points d’entrée et de sortie de la drogue.  Évoquant les difficultés financières traversées par l’Institut africain pour la prévention du crime, il a appelé la Communauté internationale à soutenir le travail de l’Institut.  Il a également demandé le soutien des États Membres pour la mise en œuvre nationale des normes de justice pénale internationale.


M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus), intervenant au nom des pays de la Communauté des États indépendants (CEI), a indiqué que ces derniers avaient procédé à  une évaluation positive du rapport du travail du Secrétariat et de l’ONUDC.  Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour doter ce bureau des financements adéquats lui permettant de continuer à mener à bien ses activités.  Il a aussi dit appuyer la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui a jeté les bases d’une action internationale concertée.  Le trafic transnational illicite des stupéfiants constitue la menace la plus importante pour la CEI, a-t- il aussi signalé.  Il faut priver les trafiquants de drogue de leur base financière qui alimente le trafic international des drogues.


S’agissant de la traite des êtres humains, il a indiqué que le débat organisé par l’ONU autour de ce problème avait été un excellent point de départ pour la mise en œuvre de politiques cohérentes.  Il a néanmoins estimé nécessaire d’imprimer un caractère plus systémique à ce débat et de l’axer à l’avenir sur des résultats.  Rappelant que le Bélarus avait proposé la constitution d’un groupe de coordination inter-institutions chargé du problème de l’esclavage et de la traite humaine, il s’est félicité de la réunion prochaine à Vienne d’un forum international sur cette question.  Il s’est toutefois dit déçu de voir que le groupe de coordination prévu au sein de l’ONU pour se pencher d’une manière plus suivie sur ce phénomène d’actualité n’avait toujours pas été constitué.  Il a exhorté les États Membres à soutenir la proposition de son pays visant à ce que l’Assemblée générale conduise un débat sur ce thème.


M. IDRESS MOHAMED ALI MOHAMMED SAEED (Soudan) a mis en exergue l’importance de la coopération et de l’assistance technique internationale pour mieux combattre le crime organisé et le fléau du trafic des stupéfiants à l’échelle mondiale.  Il a plaidé en faveur de ressources financières permettant de promouvoir les activités de l’Institut africain de recherche pour la prévention du crime car celui-ci dispose de moyens extrêmement limités.  Il a également plaidé en faveur d’une coordination accrue avec l’ONUDC et avec d’autres agences et bureaux des Nations Unies traitant de l’un ou l’autre de ces fléaux.


M. Saeed a indiqué qu’en dépit du fait que le Soudan ne soit pas considéré comme un pays profondément affligé par la problématique des drogues, il n’en demeure pas moins que sa situation géographique fait que son territoire sert de point de passage aux stupéfiants.  En conséquence, son Gouvernement veille à renforcer sa législation en la matière et organise de vastes campagnes de sensibilisation, en coordination avec les organisations féminines, associations d’étudiants et de jeunes, et autres organisations appartenant à la société civile.  Le Soudan ne ménage pas non plus ses efforts en vue d’une coopération au niveau régional.


A l’ère de la mondialisation et compte tenu de la mobilité accrue des personnes et des marchandises, il est absolument nécessaire de coordonner les efforts de lutte contre le crime organisé, notamment dans le domaine de l’assistance technique aux pays en développement de sorte qu’ils soient en mesure d’édifier leurs propres capacités pour mieux atteindre les objectifs fixés dans les plans et les programmes convenus au niveau international.


M. BILAL HAYEE (Pakistan) a relevé que les escroqueries financières, le blanchiment d’argent, la traite des êtres humains et le trafic de drogue sont source de préoccupations à la fois pour les gouvernements et pour la société civile.  Le crime organisé prend racine dans les pays politiquement instables et socio-économiquement faibles, tandis qu’une mauvaise administration de la justice facilite leurs opérations, a-t-il indiqué.  Le meilleur moyen de lutter contre ces fléaux est d’instaurer des systèmes de développement alternatifs et des programmes d’élimination de la pauvreté.  Le représentant a ainsi indiqué que le Pakistan avait réussi à éliminer la culture de plantes nocives en renforçant certaines mesures judiciaires et en proposant des initiatives de développement alternatif.


Relevant que la technologie de l’information fait de grandes avancées, M. Hayee a indiqué que son pays venait de créer un Centre nationale de lutte contre la cybercriminalité.  Nous avons également mis sur pied des unités spéciales de lutte contre la traite et les stupéfiants, un système d’identification de voyageurs et, en collaboration avec la Banque asiatique pour le développement, un programme de réforme du système judiciaire.  Le représentant a également attiré l’attention sur l’importance de combattre la criminalité urbaine, les détournements fiscaux, le vol d’identité, l’exploitation sexuelle, la traite des femmes et des enfants ainsi que le trafic de produits forestiers.


Mme KANIKA PHOMMACHANH (République démocratique populaire lao) a sincèrement regretté que le problème de la drogue dans le monde ne soit pas contenu, avant de plaider pour l’établissement de mesures concertées entre les pays producteurs et les pays consommateurs.  La représentante a expliqué que dans son pays, un programme visant à l’élimination de la culture du pavot avait été adopté en 2006 et que son lancement avait été couronné de succès.  En effet, les autorités ont constaté une réduction de 93% du nombre d’hectares consacrés à la culture du pavot.  Il faut désormais se pencher sur les cultures alternatives, indispensables à la survie des agriculteurs autrefois producteurs de pavot.


Pour la représentante, la réduction du nombre de toxicomanes est également un défi de taille.  Constatant qu’il restait encore beaucoup de Lao dépendants de la drogue, elle a signalé que le chemin était encore long, d’autant que la pandémie du VIH/SIDA contribue à aggraver la situation sanitaire des toxicomanes.  La représentante a évoqué la stratégie commune de lutte contre l’opium décidée par son pays et l’ONUDC.  Jusqu’en 2009, en effet, il est prévu de s’attaquer aux causes profondes de la dépendance à l’opium.  Le programme s’attachera à augmenter les moyens de subsistance des agriculteurs qui cultivaient l’opium, à développer des outils de prévention, à fournir une aide aux toxicomanes et à renforcer les moyens à disposition de la police.


Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a estimé que la criminalité était à la fois la cause et la conséquence de la pauvreté, de l’insécurité et du sous-développement.  La capacité des pays pauvres à instaurer des mesures de prévention de crime et d’administration de la justice est  dans ce cadre d’une importance capitale.  Notant que la criminalité transnationale faisait peser une menace considérable sur le développement, la paix et la sécurité, la représentante a recommandé aux États Membres d’établir des partenariats internationaux pour mieux y répondre.  Elle a ensuite indiqué que le Bangladesh avait rationalisé son système judicaire et réorganisé sa Commission de lutte contre la corruption.  Mme Jahan a également rappelé que son pays était partie à la Convention des Nations Unies contre la corruption et à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.


La traite des êtres humains est une de nos préoccupations les plus importantes, a-t-elle poursuivi, et nous saluons l’Initiative mondiale de lutte contre la traite des personnes de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.  Nous voulons également lutter contre le fléau de la drogue.  La représentante a précisé que la législation bengalaise en la matière s’alignait sur les différentes Conventions des Nations Unies sur les stupéfiants.  Finalement, la représentante a estimé que les Nations Unies devaient redoubler d’efforts pour prévenir la criminalité et les trafics de drogue et garantir l’administration de la justice.  Mais elles ne pourront y parvenir sans instaurer des systèmes de partenariat avec les États Membres et les agence appropriées, a-t-elle conclu.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a indiqué que son pays prenait la lutte contre le trafic de drogues très au sérieux.   Elle a salué l’approche « holistique » de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime qui intègre le rétablissement du tissu social, la construction de communautés, le renforcement des institutions et la protection de l’environnement au sein de son travail.  Leur approche a permis de réduire de manière significative la culture du coca en Colombie, a indiqué la représentante, qui a cité en particulier le « Forest Keeper Families » qui devrait permettre à 80 000 familles de jouir des retombées positives d’un développement viable à long terme.  Mme Blum a ensuite indiqué qu’un des principaux trafiquants de drogue colombien avait récemment été capturé tandis que les FARCS avaient essuyé une perte importante lors d’une opération militaire.  Le lien qui relie le terrorisme international au problème de la drogue se fait de plus en plus évident, a-t-elle signalé, car les trafiquants appuient financièrement nombre d’actes terroristes.


La représentante a également souligné qu’il importait de lutter à la fois contre le trafic et contre la consommation de drogues.  Nous ne devons pas nous contenter de maitriser le problème, nous devons vaincre les organisations criminelles qui le font perdurer, a-t-elle estimé.  La représentante a préconisé la création d’une politique stratégique établie sur la base des dynamiques économiques du marché de la drogue afin de stabiliser, voir même de réduire, l’étendue de ce dernier. 


M. PARK HEE-KWON (République de Corée) a estimé que les lois ne suivaient pas le rythme des tendances que suivent les trafiquants.  C’est pourquoi, a-t-il dit, il est impératif que l’ensemble de la communauté internationale redouble de vigilance pour aboutir à un monde sans drogue.  Aucun pays ne peut à lui seul éliminer la criminalité en comptant uniquement sur ses propres capacités, a encore estimé le représentant, d’autant que la menace que pose la criminalité est plus sérieuse que jamais.  Ceci en raison des effets négatifs de la globalisation et des progrès technologiques.  Il a appelé l’ensemble de la communauté internationale à relever ces défis avec plus de vigueur et a indiqué que son pays avait choisi de travailler en étroite collaboration avec l’ONUDC et avec la Commission pour la prévention du crime et de la justice pénale.


M. JIA GUIDE (République populaire de Chine) a estimé que pour remédier au problème qu’est le trafic des drogues, il fallait se concentrer sur les régions productrices importantes.  Une approche double devrait également être privilégiée, qui tienne compte de la production et de la consommation, a-t-il souhaité.  Il a également estimé qu’il fallait offrir des moyens alternatifs de développement aux pays fortement touchés par la production de drogue.  Le Gouvernement chinois, de son côté, a obtenu des résultats remarquables en lançant des campagnes de sensibilisation, de réhabilitation des toxicomanes, et d’interdiction de la culture des drogues.  La Chine a également fourni son assistance au Myanmar et au Lao pour aider ces deux pays à mettre en œuvre des cultures alternatives durables, a confirmé le représentant.  Par ailleurs, un accord de coopération avec l’Afghanistan dans la lutte contre le trafic illicite et l’abus de drogues a été conclu.


Constatant que la criminalité transnationale organisée se développait dans le monde entier, le représentant a également appelé à davantage de coopération entre les États.  Il a annoncé la création d’une agence nationale de lutte contre la corruption qu’il a qualifiée d’événement majeur.  Expliquant par ailleurs que son Gouvernement suivait de très près la lutte contre la traite des êtres humains, il a souhaité que le prochain Forum de Vienne permette aux États d’échanger leurs meilleures pratiques.


Mme SALIMA ABDELHAK (Algérie) a jugé que la coopération était indispensable pour une réponse efficace et globale à la criminalité transnationale qui n’hésite pas à profiter des nouvelles avancées technologiques pour déstabiliser le développement politique, social, économique et la sécurité des États.  Elle a attiré l’attention sur le lien existant entre les différentes formes et manifestations de la criminalité que sont le trafic de drogue, le blanchiment d’argent, la traite des personnes, la corruption ou le terrorisme, rendant plus complexe encore la lutte contre ce phénomène dévastateur.  Elle a appelé à agir ensemble face à la criminalité transnationale et à s’assurer de la ratification universelle d’instruments tels que la Convention contre la corruption ou la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.  Elle a salué les efforts de l’Office des Nations Unies sur la drogue et le crime (ONUDC).


La représentante a encouragé les États Membres à jouer le rôle qui leur incombe, en fournissant entre autres à l’ONUDC les informations sur les tendances de criminalité afin de faciliter ses analyses.  Elle leur a recommandé de contribuer à la réflexion quant à la lutte contre la criminalité par la participation aux différents fora intergouvernementaux sur les formes variées de la criminalité transnationale et à partager leurs expériences.  Avertie des liens grandissants entre la criminalité internationale et le terrorisme dont elle a subi les ravages barbares pendant plus d’une décennie, l’Algérie n’a pas hésité à ratifier la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale, ses trois Protocoles et la Convention contre la corruption.  Elle s’est aussi hâtée de transcrire leurs dispositions au plan interne, notamment par une réforme de la justice et une loi nationale relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, a ajouté la représentante.


Mme CHRISTY MAC CAMPBELL (États-Unis) a cité une étude très complète sur les drogues, réalisée en 2006 dans son pays qui démontre que la consommation de drogues se stabilise.  Mais cette bonne nouvelle ne doit pas nous inciter à la complaisance.  Estimant qu’il fallait toujours s’adapter aux nouvelles menaces, elle a précisé que la consommation d’amphétamines constituait un souci particulièrement important à la fois dans son pays et à travers le monde.  Il y aurait de 15 à 16 millions de consommateurs d’amphétamines à travers le monde ce qui génère d’importants profits.  Il faut aussi que les gouvernements soient conscients de la tendance qui veut que les médicaments illicites sont disponibles sur Internet.  L’Organisation interaméricaine de lutte contre la toxicomanie travaille efficacement sur ce dossier, comme l’a souligné récemment la Commission des Nations Unies sur les drogues.


La représentante a annoncé que son pays verserait 1,7 million de dollars à l’ONUDC cette année.  Cette somme, a-t-elle expliqué, permettra de développer l’assistance technique et juridique fournie par l’ONUDC aux pays demandeurs.  Une autre façon de lutter contre la drogue est de maintenir la pression sur les trafiquants, a également soutenu la représentante des États-Unis.  Elle a cité en exemple la Colombie où la destruction en 2006 de champs de coca avait permis des progrès notables.  Il faudra inventer de nouveaux moyens de lutter efficacement contre ce trafic car les trafiquants en s’alliant aux terroristes, se trouvent renforcés.  Elle a cité en exemple la situation de l’Afghanistan, où en dépit des efforts du Président Karzaï, la drogue reste produite en très grande quantité et freine la croissance économique en propageant la corruption et en renforçant l’insurrection.


La représentante des États-Unis a, par ailleurs, fait part de sa préoccupation devant l’extension de la culture du coca dans la région andine, avant de remarquer que la diminution de la consommation de cocaïne aux États Unis ne suivait pas la même tendance en Europe.


M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a indiqué que l’ONUDC appuie son pays, en particulier le Ministère de la lutte contre les stupéfiants dans l’élaboration de directives stratégiques et la mobilisation de ressources aux fins de remédier aux problèmes de la production et du trafic des stupéfiants.  L’Office onusien aide le pays dans ses efforts pour combattre la corruption.  Depuis l’adoption de cette stratégie, a déclaré M. Tanin, de nombreuses mesures ont été prises au niveau national pour combattre et finalement mettre fin au problème des stupéfiants illicites dans le pays.  Celui-ci se heurte néanmoins à de sérieux défis pour ce qui a trait à la réduction de la production du pavot et d’autres stupéfiants, comme indiqué dans l’enquête sur l’opium en Afghanistan, parue en août 2007, la culture du pavot a augmenté de 17% et la production potentielle d’opium de 34%.  Cet accroissement est imputable à des facteurs bien connus comme l’activité terroriste, la pauvreté extrême, les contraintes économiques, associés aux pressions exercées par les trafiquants et par les groupes criminels locaux, de même qu’à la capacité limitée des institutions chargées de faire respecter la loi.  Le lien inextricable entre l’insécurité et les stupéfiants, qui constitue la principale cause d’un tel accroissement, rend nécessaire une approche systémique susceptible de remédier aux problèmes des stupéfiants en Afghanistan et dans la région, a indiqué M. Tanin.


Au chapitre des succès, il a déclaré que 14 provinces sont sans pavot depuis l’an dernier.  Il s’agit essentiellement de provinces ayant connu une amélioration de la sécurité et de la gouvernance.  La culture du pavot a au contraire augmenté dans les provinces du sud où la situation s’est détériorée en matière de sécurité avec la recrudescence des attentats des Talibans et d’Al-Qaida.  Le représentant a requis l’appui constant des organisations internationales pour briser le lien entre la production, le trafic des drogues illicites et le financement des activités terroristes.  Il a invité les pays et les agences spécialisées qui aident le Gouvernement afghan à continuer à lui fournir les moyens de la mise en œuvre de sa stratégie de lutte contre les trafiquants et les fonctionnaires corrompus dans tout l’Afghanistan.  Pays enclavé et donc pays de transit pour une grande quantité de drogues à destination du marché européen, l’Afghanistan considère comme incontournable le  resserrement de la coopération avec les pays voisins et avec d’autres pays de transit et des pays consommateurs sur la base d’une responsabilité partagée, surtout dans le partage de l’information.


M. MASAMBA SITA, Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI), a indiqué que l’Institut cherche à élargir son assise en Afrique, précisant que les pays non membres sont contactés actuellement.  Le représentant a plaidé pour que les organisations mondiales en charge du développement prennent davantage en compte le lien entre crime et développement.  C’est en fonction de cette idée que le représentant de l’UNAFRI a exhorté la communauté internationale à soutenir financièrement l’UNAFRI.  Ce mécanisme régional, s’il est doté des ressources nécessaires, pourra mieux contribuer à la réduction de la pauvreté, dont une part résulte directement du crime, a indiqué son représentant.


L’UNAFRI met à disposition des pays qui le souhaitent, l’assistance d’experts en matière criminelle, cela permettant un travail plus efficace de lutte contre le crime, a poursuivi le représentant.  Il a cité des initiatives mises en œuvre par des partenariats, notamment avec le Conseil économique et social des Nations Unies et l’Union africaine et comme étant des gages de la contribution de l’UNAFRI à la lutte internationale contre le crime.  Le représentant de l’Institut a demandé à l’Assemblée de considérer positivement la requête contenue dans la résolution 61/182.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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