LES PUISSANCES NUCLÉAIRES DOIVENT ALLER PLUS LOIN DANS LA RÉDUCTION DE LEURS ARSENAUX, ESTIMENT LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION
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Première Commission
11e séance – après-midi
LES PUISSANCES NUCLÉAIRES DOIVENT ALLER PLUS LOIN DANS LA RÉDUCTION DE LEURS ARSENAUX, ESTIMENT LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION
Au deuxième jour de leur débat thématique, les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ont de nouveau insisté sur la nécessité de relancer l’action multilatérale en matière de désarmement nucléaire, en particulier en adaptant les principaux instruments juridiques en vigueur à l’évolution des questions de sécurité internationale et à la montée des nouveaux défis.
Le représentant de la Chine a ainsi estimé que les États nucléaires devaient s’engager à détruire « complètement » leurs stocks d’armes nucléaires ainsi que leurs vecteurs, au premier rang desquels les deux puissances dotées des arsenaux les plus importants. Ceux-ci, a dit M. Haltao Wu, doivent montrer la voie et réduire leurs arsenaux de manière « significative et vérifiable ».
En écho, le représentant de la Fédération de Russie, évoquant les mesures bilatérales prises par son pays et les États-Unis, a expliqué que les deux puissances concernées avaient récemment entamé un dialogue pour trouver un accord de remplacement au Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (START), qui expirera en 2009.
« Nous sommes d’avis qu’il faudra conserver ce que le régime de START a institué d’efficace », a affirmé M. Eugeny P. Buzhinsky. Le délégué russe a également indiqué que le Président Poutine proposait une alternative en matière de sécurité collective afin d’éviter le retour des scénarios « action-neutralisation » hérités de la Guerre froide.
Il a suggéré que dans un tel cadre, il faudrait analyser la menace potentielle que font peser les missiles pour la période allant jusqu’à 2020 et considérer, à cette aune, l’établissement d’un système de contrôle continu de la situation stratégique.
M. Buzhinsky a par ailleurs considéré que le régime de non-prolifération devait être renforcé par le biais de la consolidation du régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Il a précisé que les efforts de désarmement nucléaire consentis par son pays s’accompagnaient de changements structurels importants. « La Fédération de Russie a entrepris la fermeture de ses réacteurs industriels fonctionnant à l’uranium et de ses installations de production de plutonium militaire », a-t-il dit.
Le représentant de l’Afrique du Sud a, à son tour, souligné le besoin de renforcer le système de garanties de l’AIEA, cela pour permettre à la communauté internationale de lutter efficacement contre les réseaux illicites de prolifération des technologies nucléaires.
Prônant de son côté une « approche progressive et équilibrée », le représentant de l’Australie a lui aussi prié les puissances nucléaires de prendre leurs responsabilités, celles-ci devant être à la tête du mouvement en inscrivant « dans la durée » leurs programmes de réduction d’arsenaux stratégiques.
« Les États non dotés de l’arme atomique doivent aussi jouer leur rôle », a ajouté M. Craig Mac Lachlan, en créant notamment un climat de confiance et de stabilité favorables à la réalisation du désarmement nucléaire.
Par ailleurs, conformément à leur programme de travail, les délégations ont présenté plusieurs projets de résolution* et de décision sur le thème du désarmement nucléaire.
Les pays suivants ont pris la parole: Afrique du Sud, Uruguay, au nom du Mercosur, Australie, Chine, Émirats arabes unis, Pays-Bas, Fédération de Russie, Norvège, Malaisie, Canada, Pakistan, Mongolie, Indonésie, Inde, Cuba, République arabe syrienne, Nouvelle-Zélande, Myanmar et République islamique d’Iran.
La Première Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 19 octobre, à 15 heures.
* Les projets de résolution et de décision présentés ce jour seront publiés ultérieurement sous les cotes suivantes: A/C.1/62/L.8; A/C.1/62/L.21; A/C.1/62/L.22; A/C.1/62/L.26; A/C.1/62/L.27; A/C.1/62/L. 28; A/C.1/62/L. 29 et A/C.1/62/L. 40.
DÉSARMEMENT NUCLEAIRE: SUITE DU DÉBAT THÉMATIQUE
M. LESLIE GUMBI (Afrique du Sud) a souligné que son pays restait profondément préoccupé par le nombre élevé d’armes nucléaires déployées et stockées à travers le monde. Il a jugé que le développement de nouveaux types d’armes nucléaires était incompatible avec le régime de non-prolifération. M. Gumbi a rappelé que son pays avait ouvert une enquête en septembre 2004 sur la violation de la législation sud-africaine concernant le réseau illicite de prolifération de technologie nucléaire, que l’on a appelé réseau « AQ Khan ». Ce réseau opérait apparemment dans plus de 30 pays, a-t-il précisé.
Le représentant a ensuite indiqué que le 4 septembre 2007, un des accusés, M. Gerhard Wisser, de nationalité allemande, a été condamné à 18 ans de prison pour ses activités liées à la Libye et au Pakistan. Nous saluons le rôle de l’AIEA dans le traitement de cette affaire, ainsi que la coopération entre États qui, ensemble, ont permis l’arrestation et la traduction en justice de M. Wisser.
M. Gumbi a poursuivi en attirant l’attention sur la nécessité de renforcer le système de garanties de l’AIEA pour l’adapter à l’évolution de la donne en matière de sécurité. Le Protocole additionnel de l’Agence peut également contribuer à accroitre la confiance et aider à la fourniture d’informations transparentes sur la nature pacifique des programmes nucléaires conduits par les États Membres. Le représentant a de plus jugé que les pays qui ont accès aux technologies de pointe doivent au premier chef donner de telles assurances.
S’agissant du combustible nucléaire, le délégué sud-africain a affirmé que cette source d’énergie renouvelable devait être accessible à tous. Il a ajouté que l’approche non discriminatoire devait prévaloir à condition de convenir de mesures pour prévenir le détournement du combustible nucléaire à des fins militaires.
M. FEDERICO PERAZZA (Uruguay), au nom du Mercosur, a rappelé que les États associés au Mercosur avaient renoncé à l’option nucléaire et donné à ce titre de nombreux gages de leur crédibilité dans le domaine de la non-prolifération. Le représentant a ajouté qu’il était très préoccupé par la paralysie depuis plus de 10 ans de la Conférence du désarmement (CD) qui, de nouveau en 2007, n’a pas su parvenir à un programme de travail de fond. En conséquence, il n’est toujours pas possible d’entamer des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles et sur un organe subsidiaire de désarmement nucléaire. Le représentant a également regretté que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur, certains pays, dotés d’installations nucléaires ou qui ont réalisé des essais, n’ayant toujours pas ratifié cet instrument. Nous appelons tous les pays listés dans l’annexe 2 du TICE qui ne l’ont pas encore fait, à adopter les mesures nécessaires pour rallier les efforts de la communauté internationale en vue de parvenir à l’interdiction effective des tests nucléaires.
M. Perazza a ensuite réaffirmé l’attachement des pays du Mercosur au respect des engagements pris dans le cadre du régime du Traité de non-prolifération (TNP). Il a souhaité que lors de la prochaine Conférence d’examen des États parties du TNP, qui se tiendra en 2010, des informations claires soient transmises quant aux mesures prises en matière de désarmement nucléaire. Cela, a-t-il dit, permettrait une évaluation plus précise de l’état d’avancement des programmes de réduction des arsenaux considérés. Enfin, il a salué le
quarantième anniversaire du Traité de Tlatelolco sur l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes. Rappelant que ce Traité avait établi la première zone exempte d’armes nucléaires, M. Perazza a appelé de ses vœux la création d’autres zones de ce type dans le monde, ces dernières contribuant au renforcement de la sécurité régionale entre les États Parties.
M. CRAIG MACLACHLAN (Australie) a indiqué que son pays privilégiait une approche progressive et équilibrée en vue de réaliser l’objectif de désarmement nucléaire. Nous attendons des puissances nucléaires qu’elles fassent preuve de transparence et qu’elles prennent la tête du mouvement par le biais de leurs programmes de réduction durable des arsenaux nucléaires. Les États non dotés doivent aussi jouer leur rôle, a ajouté le représentant, en créant notamment un climat de confiance et de stabilité favorable à la réalisation du désarmement nucléaire. Il a poursuivi en déplorant que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, 10 ans après son adoption, ne soit toujours pas entré en vigueur. Nous demandons aux États listés dans l’annexe 2 du TICE de ratifier ce document sans délais et contribuer, ce faisant, au renforcement du régime multilatéral de non-prolifération. Le délégué australien a également appelé de ses vœux la reprise des travaux de fond de la Conférence du désarmement, au sein de laquelle doivent débuter des négociations sur un instrument d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins nucléaires.
M. HALTAO WU (Chine) a estimé qu’il était important de faire avancer le processus de désarmement nucléaire. Il a jugé que les États nucléaires devaient s’engager à détruire complètement leurs armes nucléaires. Selon lui, les deux États avec les plus gros arsenaux nucléaires devaient montrer la voie et réduire leurs arsenaux de manière significative et de manière vérifiable. Le représentant de la Chine a estimé que les États nucléaires devraient également s’engager à ne pas utiliser leurs armes nucléaires contre des États non dotés d’armes nucléaires. Il a dit que son pays était en faveur de la destruction des armes nucléaires et ne s’était jamais soustrait à ses obligations internationales. Il a déclaré que la Chine avait montré de la retenue en matière nucléaire. Nous ne participerons pas à une course aux armements nucléaires, a-t-il ajouté. Il a souligné que la Chine était en faveur de zones exemptes d’armes nucléaires.
L’intervenant a dit espérer que la Conférence du désarmement arriverait à établir un programme de travail pour aboutir à un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles. Il a estimé que le plus important était de s’attaquer aux causes profondes de la course aux armements. Selon lui, il faut créer un environnement de sécurité qui permettrait d’avoir un monde sans armes nucléaires. Il a jugé par ailleurs que tous les pays devaient avoir le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Mme HEND ABDULAZIZ N. ALOWAIS (Émirats arabes unis) a déclaré que la présence d’armes nucléaires avait pour effet d’attiser les tensions, de créer des déséquilibres stratégiques et, finalement, d’entraîner l’escalade dans l’insécurité. La représentante a ensuite relevé que certains États nucléaires continuaient de développer leurs arsenaux sur les plans quantitatifs et qualitatifs, en les dotant notamment de vecteurs toujours plus efficaces. Ce faisant, a-t-elle dit, ils détournent le système international de non-prolifération et violent le consensus sur la nécessité de réduire les arsenaux nucléaires aux fins de consolidation de la paix et de la sécurité. En particulier, la déléguée a regretté qu’un État non partie au TNP reçoive une aide technique de la part d’une puissance nucléaire dans le cadre du développement illégal de programmes militaires et d’expertise nucléaires. Selon elle, cette même puissance applique une doctrine stratégique offensive plutôt que défensive, alimentant ainsi l’idée que les armes nucléaires ont encore leur place dans les politiques de défense nationale des pays. La représentante a conclu en suggérant de mener de front désarmement et non-prolifération, cela en priant les puissances nucléaires de donner l’exemple en respectant l’article 6 du Traité disposant l’élimination complète, contrôlée et irréversible de tous leurs arsenaux.
M. JOHANNES LANDMAN (Pays-Bas) a salué la vision exprimée cette année par quatre anciens hauts responsables américains dans un article publié dans le Wall Street Journal appelant à un monde sans armes nucléaires. Selon le représentant des Pays-Bas, un nouvel élan est nécessaire vers le désarmement nucléaire. Il a appelé au renforcement du TNP et à l’entrée en vigueur du TICE. Il a estimé que les négociations sur un traité concernant l’arrêt de la production de matières fissiles à des fins militaires devaient commencer rapidement à la Conférence du désarmement, sans préconditions. Il a jugé que l’immobilisme sur cette question aurait les conséquences les plus graves sur le désarmement en général et entamerait la crédibilité des États Membres et la légitimité de la Conférence du désarmement. Selon lui, il faut commencer ces négociations sur le traité au début de l’an prochain. Les pays qui n’ont pas encore accepté un moratoire sur la production de matières fissiles pour les armes devraient être encouragés à le faire, a-t-il ajouté.
M. EUGENY P. BUZHINSKY (Fédération de Russie) a déclaré qu’il fallait poursuivre la réduction des arsenaux nucléaires, et ce, en privilégiant une approche graduelle conformément à la lettre de l’article 6 du TNP. Il a ajouté que, dans ce cadre, son pays et les États-Unis poursuivaient un dialogue en vue de trouver un accord de remplacement au START qui expirera en 2009. Nous sommes d’avis qu’il faudra conserver ce que le régime de START a d’efficace, a estimé le représentant. Selon lui, le nouvel arrangement devra avoir juridiquement force de droit.
L’intervenant a ensuite expliqué que le Traité sur l’élimination des missiles de moyenne et courte portée demeurait en vigueur et continuait à être important pour maintenir la stabilité stratégique. Dans le même temps, il est difficilement acceptable qu’alors que la Fédération de Russie et les États-Unis ont éliminé cette classe de missiles, d’autres États commencent activement à les développer, a dit l’intervenant. Il a exhorté tous les pays, en particulier ceux ayant des capacités missilières, à étudier ensemble la possibilité de transformer ce traité en un arrangement universel largement ouvert à l’adhésion.
M. Buzhinsky a également indiqué que le Président Poutine proposait une alternative en matière de sécurité collective afin d’éviter le retour des scénarios du type « action-neutralisation » de la guerre froide. Il convient, a-t-il dit, d’analyser la menace potentielle que font peser les missiles pour la période allant jusqu’à 2020, et considérer à cette aune l’établissement d’un système de contrôle de la situation stratégique. Le délégué russe a par ailleurs considéré que le régime de non-prolifération devait être renforcé par le biais de la consolidation du régime des mesures de vérification de l’AIEA. Enfin, il a tenu à rappeler que les efforts de désarmement nucléaire consentis par son pays s’accompagnaient de changements structurels importants. La Fédération de Russie a entrepris la fermeture de ses réacteurs industriels fonctionnant à l’uranium et de ses installations de production de plutonium militaire.
M. KNUT LANGELAND (Norvège) a expliqué que le désarmement et la non-prolifération étaient essentiels en vue de parvenir à l’objectif commun d’un monde débarrassé des armes nucléaires. Toutefois, nous devons éviter de tisser des liens artificiels entre ces deux domaines, l’adoption de mesures nécessaires de non-prolifération ne pouvant être retardée au prétexte que des retards sont enregistrés dans la sphère du désarmement. Le représentant a ajouté que pour répondre aux défis en matière de non-prolifération, il fallait régler par la seule voie diplomatique les crises liées aux programmes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée et de la République islamique d’Iran. Dans ce contexte, le régime de garanties de l’AIEA et le Protocole additionnel constituent la norme en matière de vérification, a-t-il dit.
Le représentant norvégien a également rappelé que la résolution 1540 du Conseil de sécurité soulignait la nécessité, pour chaque État, d’adopter et d’appliquer des mesures de non-prolifération adéquates au niveau national. M. Langeland a souhaité que les traités de réduction des armes stratégiques, START et SORT, qui expireront respectivement en 2009 et 2012, soient remplacés par de nouveaux accords conduisant à des réductions d’arsenaux plus importantes et irréversibles. Il est à ce titre encourageant que des consultations entre la Fédération de Russie et les États-Unis aient déjà commencé en ce sens, a encore dit le délégué norvégien. Enfin, M. Langeland a estimé que les arrangements bilatéraux étaient insuffisants et devaient être complétés d’instruments multilatéraux. C’est pourquoi, il a appelé de ses vœux l’entrée en vigueur du TICE et l’ouverture rapide de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles, cela pour empêcher une nouvelle course aux armements.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a estimé qu’à la lumière de l’impasse actuelle, la communauté internationale ne devait pas perdre de vue la nécessité de parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires. Il a estimé qu’il faut assurer le suivi de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires. Il a dit que son pays présenterait une résolution sur cette question (L.36). Il a estimé que l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice avait un poids moral important. Selon lui, il est essentiel que la communauté internationale fasse preuve de volonté politique pour sortir de l’impasse actuelle en matière de désarmement et de non-prolifération nucléaire.
M. DAVID DA SILVA (Canada) a rappelé que son pays estime que le Traité de non-prolifération demeure la pierre angulaire du régime international de non-prolifération, de désarmement et de contrôle des armements nucléaires. Le Traité reste un important instrument de la paix et si nous ne procédons pas aux réformes requises, il pourrait perdre de sa pertinence dans le monde de demain. M. Da Silva a ensuite reconnu les mesures prises par plusieurs États nucléaires depuis un an pour réduire leurs arsenaux. Il a toutefois exprimé sa préoccupation quant au fait que certains pays restent réfractaires à l’idée d’aller plus loin dans ces réductions, les doctrines choisies conférant toujours à l’arme atomique un rôle offensif. Nous encourageons tous les États dotés de l’arme nucléaire à accélérer la réduction et le démantèlement de leurs stocks de manière sure, irréversible et vérifiable. Pour le délégué canadien, les mesures de renforcement de la confiance te de la sécurité peuvent jouer un rôle constructif dans la poursuite de ces efforts. Enfin, M. Da Silva a affirmé que la négociation d’un traité sur l’interdiction de la production des matières fissiles dans la cadre d’une Conférence du désarmement revitalisée est une priorité absolue. C’est pourquoi, a-t-il dit, nous invitons de nouveau tous les États à appuyer le projet de décision présidentielle qui a été déposé conjointement par les six Présidents de cette année.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a estimé qu’un traité sur les matières fissiles devait être associé aux objectifs jumeaux de non-prolifération et de désarmement. Un traité sans vérification reviendrait à un moratoire unilatéral, a-t-il estimé. Il s’est inquiété qu’avec le temps, des stocks de matières fissiles ne soient utilisés à fabriquer des armes nucléaires. Un traité sur les matières fissiles qui gèle ou accentue les asymétries accélèrera et n’arrêtera pas la prolifération, a jugé M. Khan. Il a donc estimé important qu’un traité sur les matières fissiles fournisse un calendrier pour un transfert progressif des stocks existants vers un usage civil, et place ces stocks sous supervision afin qu’ils soient maintenus au niveau le plus bas possible. Pour que le traité soit réellement efficace, il devrait être accompagné par un programme obligatoire d’élimination des asymétries concernant la possession de stocks de matières fissiles par divers États, a-t-il ajouté.
Le représentant du Pakistan a estimé que la vérification était un objectif et a regretté qu’aujourd’hui la non-vérification semble être l’objectif de certains. M. Khan a ajouté que son pays avait le droit à l’énergie nucléaire civile pour faire face à ses besoins en énergie afin de développer son économie. Il a dit que son pays continuerait à développer la technologie d’énergie nucléaire sous supervision internationale.
M. Khan a dit que le Pakistan évaluait les conséquences de l’accord nucléaire entre les États-Unis et l’Inde sur la production de matières fissiles dans la région. Il a dit que cela avait influencé la décision de son pays sur un traité d’élimination des matières fissiles. Il a jugé qu’il fallait établir des barrières pour empêcher que la technologie nucléaire à des fins pacifiques puisse être utilisée dans des applications militaires.
M. NEMUUN GAL (Mongolie) a estimé que la perception collective devait évoluer pour que le désarmement nucléaire redevienne une priorité. Nous devons redoubler d’efforts afin de renforcer les régimes existants dans les domaines liés du désarmement, de la non-prolifération et de la vérification. Le représentant a réaffirmé la nécessité de respecter le droit de tous à une utilisation à des fins pacifiques de l’énergie atomique, sous contrôle strict du régime de sauvegardes de l’AIEA et des protocoles additionnels afférents. Le représentant a par ailleurs salué la création du Centre international pour l’uranium enrichi d’Angarsk en vue de répondre pacifiquement aux besoins d’autres pays en combustible nucléaire. M. Gal a ensuite souligné l’attachement de son pays à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires. La Mongolie a déclaré son territoire zone exempte d’armes nucléaires en 1992 et cette année marque le quinzième anniversaire de ce statut « unique », a-t-il rappelé. Enfin, le délégué a mis l’accent sur le fait qu’un tel statut avait contribué par des moyens diplomatiques à la sécurité internationale et à la promotion de la non-prolifération à l’échelle régionale.
M. FEBRIAN ALPHYANTO RUDDYARD (Indonésie) a déclaré que le Traité de non-prolifération continuait d’être la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération. Si les États non dotés de l’arme nucléaire ont accepté de renoncer à cette option au titre du TNP, les puissances nucléaires, elles, en violation de leurs engagements internationaux, conservent des arsenaux nucléaires et poursuivent le développement technique dans ce domaine. Le représentant a estimé qu’il était injuste de demander aux États non dotés de respecter leurs engagements quand les États dotés de l’arme atomique échouent à appliquer les leurs. Le désarmement nucléaire est possible, a encore dit le délégué, estimant que cet objectif devait être atteint par la mise en œuvre de mesures pratiques et prudentes. Il a par ailleurs regretté la coopération
nucléaire entre États parties au TNP et États qui ne le sont pas. Cela sape l’universalisation des efforts et affaiblit le régime du Traité, a-t-il dit. Nous sommes d’avis qu’une coopération de ce type ne devrait s’effectuer qu’entre États parties au TNP dans le seul but d’appuyer techniquement les pays ayant renoncé à l’option nucléaire.
M. PRASAD (Inde) s’est félicité de la réduction des arsenaux nucléaires par les États-Unis et la Fédération de Russie. Il a estimé que les autres États nucléaires devaient également contribuer au désarmement nucléaire. Selon le représentant de l’Inde, les discussions des 10 derniers jours reflètent la volonté de presque de tous les États Membres d’aboutir à l’élimination des armes nucléaires. L’Inde ne cherche pas la course aux armements nucléaires avec d’autres pays, a-t-il dit. La doctrine nucléaire de l’Inde se fonde sur la retenue, la prévisibilité et sur le caractère défensif, a-t-il ajouté. Il s’est félicité que des États aient pris des mesures pour supprimer un réseau illicite de prolifération nucléaire, faisant référence aux efforts de l’Afrique du Sud.
Le représentant de l’Inde a dit par ailleurs qu’il fallait un traité sur les matières fissiles. Il a jugé toutefois que ce traité devait être non-discriminatoire et concerner tous les pays. Un tel traité doit inclure un mécanisme de vérification afin que les États respectent leurs obligations, a-t-il estimé.
Mme GARCIA JORDAN (Cuba) a déclaré que son pays soutenait l’élimination totale des armes nucléaires. Elle s’est inquiétée du développement de nouveaux types de ces armes. Selon elle, l’absence de progrès sur le désarmement et la non-prolifération est inacceptable. La représentante de Cuba a relevé que les armes nucléaires étaient très coûteuses et qu’elles constituaient un gaspillage de ressources. Elle a déclaré par ailleurs que le droit à l’utilisation à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire devait être pleinement respecté.
M. BASSAM DARWISH (République arabe syrienne) a salué la section d’interprétation pour les efforts faits pour corriger l’erreur faite le 16 octobre lorsqu’il a usé de son droit de réponse. Il a rappelé que l’erreur d’interprétation avait conduit à des conséquences politiques et avait été utilisée pour diffamer son pays. Il a déclaré comprendre la pression dans laquelle les interprètes travaillent. Il a dit qu’une erreur pouvait susciter des problèmes politiques qui pouvaient être utilisés par des opportunistes à des fins politiques. Nous exigeons la plus grande prudence lorsqu’on traite de déclarations aussi sensibles que celle-là, a-t-il déclaré. Il a ajouté que sa délégation acceptait les excuses concernant cette erreur et a souhaité que cela ne se reproduise pas.
PRÉSENTATION DE PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION.
Le représentant de la Nouvelle-Zélande a souligné que son pays, avec le Chili, le Nigéria, la Suède et la Suisse, avaient élaboré une nouvelle résolution cette année, L.29, sur l’abaissement de l’état de préparation des systèmes d’armes nucléaires. Il a appelé à un large soutien à ce texte. Selon lui, un des plus grands risques de catastrophes nucléaires peut venir des milliers d’armes nucléaires qui restent à un niveau d’alerte élevé des décennies après la fin de la guerre froide. De telles armes pourraient être lancées en quelques minutes en réponse à la perception d’une attaque qui pourrait être le résultat d’une erreur technique, d’un accident ou d’un acte terroriste, a-t-il estimé. Abaisser le niveau d’alerte permettrait de réduire les risques de conflit nucléaire en donnant plus de temps à la communication afin d’éviter les malentendus. Il a estimé que cet abaissement du niveau d’alerte ne remplacerait pas les réductions du nombre d’armes nucléaires mais qu’il s’agirait d’un important progrès.
Le représentant de la Nouvelle-Zélande a déclaré que son pays soutiendrait le projet de résolution du Brésil sur les armes nucléaires. Il a ajouté que son pays présenterait également deux autres projets, l’un avec le Brésil, le L.27, appelant à un hémisphère Sud exempt d’armes nucléaires. Il a rappelé que ce texte avait été adopté à une écrasante majorité au cours des années passées et a dit espérer que cela serait le cas encore cette année. Il a ajouté qu’il avait écouté les réserves des États qui s’inquiétaient de l’éventuelle remise en cause de la liberté de navigation dans l’hémisphère Sud. Il a répété que la résolution reconnaissait les droits et les obligations inscrits dans la Convention de l’ONU sur le droit de la mer. La Nouvelle-Zélande présentera également le projet de résolution L.28 avec l’Australie et le Maroc sur le TICE et qui appelle les États inscrits à l’annexe 2 qui ont signé le traité à le ratifier.
Le représentant du Myanmar a présenté le projet de résolution L.40 intitulé « Désarmement nucléaire ». Ce texte, présenté pour la première fois en 1995 jouit d’un large appui, a-t-il dit. La version de cette année conserve les principaux éléments des moutures antérieures. Le représentant a expliqué que création d’un monde exempt d’armes nucléaires demeurait la priorité la haute de la communauté internationale dans le domaine du désarmement général et complet. Le texte, qui reflète l’adhésion au rôle fondamental du multilatéralisme, réitère, entre autres, l’appel à la Conférence du désarmement de créer un Comité spécial chargé des questions de désarmement nucléaire en 2008. Il prie les États nucléaires d’éliminer leurs stocks de leurs ogives et vecteurs.
Le représentant de la République islamique d’Iran a présenté le projet de décision L.22 sur les missiles. Il a précisé que, depuis 1998, un texte de résolution sur cette question était adopté en bénéficiant d’un large appui. Cette année, compte tenu de la complexité croissante de cette question, nous avons choisi de présenter un projet de décision, demandant instamment que la question des missiles sous tous ses aspects soit incluse à l’ordre du jour inclusion question dans ordre du jour de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale.
Le représentant a également présenté le projet de résolution L.8 relatif au cycle d’examen de la mise en œuvre du TNP. Ce texte réaffirme la nécessité impérieuse de donner suite aux obligations et engagements pris dans le cadre des conférence d’examen du TNP de 1995 et 2000 relatifs à l’élimination des arsenaux nucléaires et au risque de prolifération nucléaire au Moyen Orient.
Le représentant de l’Inde a présenté deux projets de résolution. Le premier, qui sera publié sous la cote L.21, porte sur la réduction du danger nucléaire. Cette résolution offre des mesures modestes et souligne la conviction que la possession d’armes nucléaires entraîne des risques d’accident et que ces armes peuvent tomber entre les mains d’acteurs non-étatiques. Le second projet de résolution présenté par l’Inde sera publié sous la cote L.26 et réitère l’appui de l’Assemblée générale à la conclusion d’une convention relative aux armes nucléaires.
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