AG/DSI/3344

LA RPDC, ISRAËL ET LE PAKISTAN EXPLIQUENT LEUR POLITIQUE DE NON-PROLIFÉRATION DEVANT LA PREMIÈRE COMMISSION

15/10/2007
Assemblée généraleAG/DSI/3344
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

6e séance – après-midi


LA RPDC, ISRAËL ET LE PAKISTAN EXPLIQUENT LEUR POLITIQUE DE NON-PROLIFÉRATION DEVANT LA PREMIÈRE COMMISSION


D’autres délégations soulignent leurs efforts pour détruire certains types d’armes


Les délégations de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), d’Israël et du Pakistan ont expliqué leur politique en matière de désarmement et de non-prolifération tandis que plusieurs autres délégations soulignaient leurs efforts pour détruire certains types d’armes devant la Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale (Première Commission), au cinquième jour du débat général.


Le représentant de la RPDC a déclaré que le monde restait sérieusement menacé par la politique de la dite « superpuissance » basée sur l’unilatéralisme et des frappes nucléaires préventives.  Il a estimé que la cause profonde de l’instabilité dans la péninsule coréenne et en Asie était la politique des États-Unis contre son pays.  Il a souligné les efforts sincères de la RPDC vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne; il a appelé les États-Unis à retirer son pays de leur liste des États soutenant le terrorisme et à lever les sanctions commerciales.


La représentante d’Israël a insisté de son côté sur ses efforts pour renforcer les mécanismes de contrôle des exportations de matériels sensibles et a appelé la communauté internationale à montrer davantage de détermination contre le risque de voir des armes de destruction massive tomber entre les mains d’États voyous et de groupes terroristes.  Elle s’est notamment inquiétée du programme nucléaire iranien clandestin et a estimé que l’Iran constituait une menace pour la sécurité régionale et internationale.


Le représentant du Pakistan a dit pour sa part que son pays était depuis longtemps en faveur de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale mais qu’il avait été obligé de répondre à l’essai nucléaire indien en 1998.  Il a souligné que de nombreuses mesures de confiance entre l’Inde et le Pakistan avaient été prises, en particulier depuis 2004,  Il a cependant estimé que le récent accord de coopération entre l’Inde et les États-Unis risquait de compromettre le régime de non-prolifération.


Plusieurs autres délégations ont souligné leurs efforts pour détruire certains types d’armes.


Le représentant de la Serbie a affirmé que le dernier stock de l’armée serbe avait été détruit en mai 2007 et que le dernier champ de mines serait déminé d’ici la fin 2008.  Il a appelé la communauté internationale à accroître son appui à son pays pour renforcer les programmes de déminage nationaux.


Le représentant du Monténégro a affirmé pour sa part que d’ici la fin de l’année, son pays aurait détruit les substances chimiques dangereuses qui permettaient de produire le combustible nécessaire à l’activation de ses arsenaux de roquettes.  Il a ajouté qu’en 2008, les efforts de son pays se concentreraient sur l’élimination des munitions de tout calibre.


Le représentant du Bélarus a souligné de son côté qu’il était confronté à la tâche difficile de détruire le septième arsenal au monde de mines antipersonnel et a appelé également à l’aide internationale.  Quant au Nicaragua, son représentant a souligné que son pays avait détruit 1 000 systèmes portatifs antiaériens et qu’il discutait avec le Gouvernement des États-Unis pour en détruire 600 autres en échange notamment de médicaments.  Le Nicaragua souhaite garder 400 systèmes portatifs antiaériens mais est prêt à négocier leur destruction en échange d’hélicoptères et de vedettes rapides, a-t-il ajouté.


Concernant le Traité sur les Forces conventionnelles en Europe, le représentant de la Géorgie s’est déclaré préoccupé par sa suspension par la Fédération de Russie.  Il a également stigmatisé l’appui de la Fédération de Russie au mouvement séparatiste d’Abkhazie.


Les délégations suivantes se sont exprimées aujourd’hui: Pakistan, Israël, Serbie, Bélarus, Thaïlande, Burkina Faso, Monténégro, République populaire démocratique de Corée, Géorgie, Jamaïque, Gabon, Nicaragua, Maroc, Arménie, Érythrée, Mali et Albanie.


La prochaine séance de la Première Commission se déroulera mardi 16 octobre à 10 heures.  Les délégations devraient achever leur débat général.



Débat général


M. MASSOOD KHAN (Pakistan) a estimé que la sécurité devait être égale entre les États Membres et ne peut que résulter d’un effort collectif.  Il a ajouté que, malheureusement, la tendance générale était à l’érosion du régime multilatéral de non-prolifération et de maîtrise des armements.  Les États nucléaires, notamment, échouent à promouvoir l’entrée en vigueur de nouveaux traités à même de renforcer ce régime.  Pour le représentant, un nouveau consensus est nécessaire pour renouveler profondément les engagements existants sur la base de la modération et de la restauration des grands équilibres stratégiques.  Appelant de ses vœux une « nouvelle architecture en matière de désarmement », M. Khan a souligné la nécessité pour la communauté internationale de s’attaquer aux causes sous-jacentes à la poursuite de politiques d’armement, de mettre en place des garanties de sécurité négatives et de promouvoir, grâce à des mesures concrètes, l’acquisition des technologies nucléaires propres.  Le représentant pakistanais a ensuite jugé que le développement et l’implantation de systèmes de missiles antibalistiques et la militarisation de l’espace constituaient deux sources de menace à la stabilité.


M. Khan a poursuivi en rappelant que son pays était depuis longtemps en faveur de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Mais, suite à l’essai nucléaire réalisé par notre voisin indien en 1998, nous avons été obligés de répondre.  Depuis, a ajouté le représentant, de nombreuse mesures de confiance entre l’Inde et le Pakistan ont été prises, en particulier depuis 2004, année marquée par la relance du dialogue pour la paix et la sécurité entre nos pays.  Le représentant a cependant regretté que le récent accord de coopération entre l’Inde et les États-Unis risque de compromettre le régime de non prolifération en incluant une discrimination.  Sans tenir compte des préoccupations du Pakistan, cet accord  va autoriser l’Inde à augmenter sa production de matières fissiles et faire peser ce faisant de nouvelles menaces sur la stabilité stratégique dans la région.  M. Khan a ensuite insisté sur le fait que le Pakistan était également engagé dans divers programmes de développement de l’énergie nucléaire civile, et ce, pour répondre aux besoins croissants en électricité dus à l’expansion de son économie.  Toutes nos activités d’enrichissement s’effectuent sous contrôle de l’AIEA, et, en 2004, notre parlement a adopté une loi destinée à renforcer l’exportation des technologies sensibles et des agents biologiques.  Enfin, le représentant pakistanais a fait savoir que la doctrine en matière de sécurité en vigueur dans son pays reposait sur le principe de dissuasion minimale.


Mme MIRIAM ZIV (Israël) a déclaré que son pays attachait une grande importance aux mécanismes de contrôle des exportations dans le cadre de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive.  Elle a souligné qu’Israël s’était engagé dans un processus de réforme légal et institutionnel afin d’améliorer le contrôle des exportations de matériels sensibles et à double usage.


Mme Ziv s’est inquiétée de la prolifération du savoir-faire et des technologies.  Israël appelle la communauté internationale à montrer davantage de détermination contre le risque de voir des armes de destruction massive tomber entre les mains d’États voyous et de groupes terroristes, a-t-elle dit.  Selon elle, il ne faut pas que les efforts pour empêcher le développement de programmes clandestins d’armes de destruction massive (ADM) soient entravés par la volonté d’atteindre un consensus international.


Mme Ziv a estimé que les préoccupations concernant le programme nucléaire iranien clandestin n’avaient pas été levées au cours de l’année passée.  Au contraire, selon elle, le comportement de l’Iran constitue une menace pour la stabilité régionale et internationale.  L’Iran doit être considéré comme une menace au-delà des limites géographiques du Moyen-Orient, a déclaré Mme Ziv.  Selon elle, les activités de l’Iran dans le domaine des armes de destruction massive pèsent sur le régime de non-prolifération.  La représentante d’Israël a estimé que l’Iran ne cessait de violer les résolutions du Conseil de sécurité et que cela était révélateur de son intransigeance.


Mme Ziv a estimé qu’il fallait trouver des réponses aux besoins compréhensibles en matière d’énergie nucléaire tout en minimisant les risques associés à la dissémination des technologies nucléaires qui peuvent avoir un double usage.  Elle a appelé la communauté internationale à l’établissement de règles claires permettant aux États responsables de bénéficier de l’énergie nucléaire tout en minimisant les risques de prolifération.


Mme Ziv s’est également inquiétée du transfert d’armes à des terroristes.  Elle a estimé que le conflit de l’été 2006 au Moyen-Orient avait montré l’ampleur et la gravité de ce problème.  Des missiles et des roquettes à courte, moyenne et longue portées, ainsi que des drones et des systèmes portables de défense aérienne ont été utilisés par l’organisation terroriste Hezbollah, a-t-elle dit.  Ces armes ont été transférées au Hezbollah par l’Iran et la Syrie, malgré la résolution 1701 du Conseil de sécurité, a-t-elle ajouté.  Mme Ziv a aussi estimé que les transferts d’armes du désert du Sinaï vers la bande de Gaza avaient augmenté de manière alarmante au cours de l’année passée.  Elle a appelé à une action plus déterminée de l’Égypte contre ces transferts.


Mme Ziv a par ailleurs apporté son soutien au projet de résolution de l’Australie sur la régulation et le contrôle des transferts de systèmes portables antiaériens.


M. SLAVKO KRULJEVIĆ (République de Serbie) a expliqué que son pays remplissait ses obligations dans le cadre de l’application de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive (ADM).  Au plan du contrôle des armements, le représentant a indiqué que la coopération entre la Serbie et le Monténégro portait ses fruits, les Ministres des affaires étrangères des deux pays ayant signé un accord à Podgorica, le 11 juin dernier, sur les principes et la procédure de mise en œuvre de l’Accord sur la limitation des armements au niveau sous-régional.


En ce qui concerne la lutte contre les mines antipersonnel, M. Kruljević a déclaré que la Serbie était résolue à appliquer pleinement les dispositions prévues par la Convention d’Ottawa, le Plan d’action de Nairobi de 2004 étant la feuille de route à suivre à cette fin.  Le représentant a ensuite dit que le dernier stock de mines de l’armée serbe avait été détruit en mai 2007 et que le dernier champ de mines serait déminé d’ici la fin 2008.  Par ailleurs, il a fait savoir que son gouvernement avait pris des mesures nécessaires à la ratification dans les meilleurs délais du Protocole V de la Convention sur les armes inhumaines relatif aux restes non explosées de guerre.  Il a ainsi appelé la communauté des donateurs à accroître l’appui à la Serbie pour que puissent être renforcés les programmes de déminage nationaux ainsi que l’assistance aux victimes.  Il a mentionné l’ouverture à Belgrade d’une école orthopédique.


M. VALERY KOLESNIK (Bélarus) a réaffirmé l’engagement de son pays à maintenir et à renforcer le mécanisme de désarmement actuel.  Il a rappelé que le Bélarus avait renoncé volontairement à l’arme nucléaire.  Il a estimé que la promotion de la confiance mutuelle entre les États dotés de l’arme nucléaire et ceux qui n’en possédaient pas était d’une importance vitale.  Le droit au nucléaire civil est un droit inaliénable et il est inadmissible d’utiliser le mécanisme du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) pour empêcher des programmes nucléaires pacifiques, a-t-il dit.  Il a souligné que son pays avait une politique responsable de contrôle des exportations de technologies sensibles.


Concernant les armes de petit calibre, M. Kolesnik a estimé qu’il était important de mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du Programme d’action des Nations Unies pour éradiquer le commerce illicite de ces armes.  Il a également souligné que son pays était confronté à la tâche difficile de détruire le septième arsenal au monde de mines antipersonnel.  Le coût de cette destruction est élevé, a-t-il dit, et il a appelé à une aide internationale pour accomplir cette tâche.


Concernant le Traité sur les Forces conventionnelles en Europe, le Bélarus regrette l’incapacité des États parties à progresser pour faire entrer en vigueur le traité adapté, a déclaré M. Kolesnik.  Il a appelé à une application temporaire de l’Accord sur l’adaptation du FCE avant sa ratification par tous les États parties.


M. CHIRACHAI PUNKRASIN (Thaïlande) a affirmé que les armes de destruction massive étaient la principale menace qui continue de peser sur la sécurité humaine.  Le représentant a ensuite plaidé pour une revitalisation de la Conférence du désarmement, au sein de laquelle, a-t-il suggéré, doivent être menées des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles, des délibérations sur les garanties négatives de sécurité ou encore l’armement de l’espace.  En vue de la prochaine Conférence d’examen du Traité de non-prolifération de 2010, le représentant a aussi souhaité que le pragmatisme prévale afin d’éviter que, « de nouveau », d’éventuelles avancées soient empêchées pour des raisons de procédure.  Les arsenaux nucléaires et les missiles ne sont pas les seuls types d’ADM, a encore dit le délégué thaïlandais, les armes biologiques et chimiques possédant un potentiel destructeur équivalent.  C’est en tant qu’État partie aux instruments pertinents que M. Punkrasin a souhaité que, 10 ans après son entrée en vigueur, la Convention sur les armes chimiques devienne rapidement universelle et renforce ce faisant le régime de non-prolifération des ADM.


Le représentant a attiré l’attention sur la nécessité de respecter le droit des pays à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire à l’heure où l’évolution climatique impose de renoncer au combustible fossile.  Il a affirmé que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) était l’instrument indiqué pour promouvoir l’accès des pays en développement à l’énergie civile nucléaire en tant qu’énergie alternative soucieuse de l’environnement.  Enfin, le représentant a mis l’accent sur l’importance de renforcer l’appui aux États manquant de capacités, et de la coopération interrégionale en vue de faciliter l’application du Programme d’action de l’ONU sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC).


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a souligné que son pays était fortement préoccupé par le développement des armes nucléaires et les risques que celles-ci soient un jour aux mains des terroristes.  Le Burkina Faso se félicite par ailleurs de l’adoption l’an dernier par l’Assemblée générale de la résolution intitulée « Vers un Traité sur le commerce des armes », a dit M. Kafando.  Il a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts afin de parvenir sans délai à un instrument juridiquement contraignant qui limiterait le commerce des armes conventionnelles aux seuls acteurs étatiques.  Il a rappelé que les armes dites légères et de petit calibre étaient une des causes profondes des conflits intra et interétatiques dans les régions les plus pauvres du monde, en Afrique surtout, et plus singulièrement en Afrique de l’Ouest.  Concernant les mines antipersonnel, M. Kafando a appelé à une mise en œuvre rapide et efficace de la Convention d’Ottawa.


M. Kafando a lancé un appel pressant à tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité de Pélindaba sur une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique afin de permettre son entrée en vigueur le plus tôt possible.  Il a également invité la communauté internationale à se préoccuper davantage, notamment au plan financier, de la situation du Centre régional de Lomé (Togo) pour la promotion du désarmement.


M. Kafando a rappelé que son pays avait mis en place une structure chargée de la lutte contre le trafic des armes de petit calibre et la prolifération des drogues.  Il a dit également que son pays entendait militer avec ferveur pour la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest, en adhérant à tous les instruments négociés dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et en aidant comme facilitateur au dialogue entre belligérants dans certains pays voisins.


M. GOJKO CELEBIC (Monténégro) a déclaré que les autorités de son pays, nouveau venu aux Nations Unies, s’efforçaient chaque jour d’adapter les législations nationales au cadre international dans le domaine de la défense et de la sécurité.  Nous œuvrons à l’intégration européenne et euro-atlantique en vue d’apporter notre contribution à la stabilité régionale dans les Balkans occidentaux, a ajouté le représentant.   Celui-ci a expliqué que la restriction des armes légères et de petit calibre était une priorité dans la réforme de la défense du Monténégro, l’ONU, l’Organisation pour la sécurité(OSCE) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) étant les partenaires privilégiés de l’État.  D’ici la fin de l’année, nous aurons détruit les substances chimiques dangereuses qui nous permettaient de produire le combustible nécessaire à l’activation de nos arsenaux de roquettes, a poursuivi le représentant.


En 2008, a-t-il poursuivi, notre effort se concentrera sur l’élimination des munitions de tout calibre ainsi que des dispositifs de guerre non explosés restants.  Le représentant a ensuite attiré l’attention sur l’efficacité des mesures prises conjointement avec la Serbie dans le cadre de l’Accord sous-régional sur le contrôle des armes.  Les inspections menées sont destinées à maîtriser durablement les armements dans les Balkans occidentaux.  Enfin, le représentant monténégrin a appuyé le projet de traité sur le commerce des armes classiques, en faisant savoir que son pays avait présenté un document au Secrétaire général concernant ses vues sur la faisabilité d’un tel instrument juridiquement contraignant.


M. PAK GIL YON (République populaire démocratique de Corée) a estimé que le monde restait sérieusement menacé par la politique de la dite « superpuissance » basée sur l’unilatéralisme, et des frappes nucléaires préventives. Selon lui, le développement de nouveaux types d’armes nucléaires et la création d’un système de défense antimissile montrent que la « superpuissance » a franchi une ligne rouge.  L’humanité ne réalisera jamais son désir d’un monde pacifique et prospère s’il faut accepter la logique selon laquelle seuls les grands pays ont le droit de posséder des armes nucléaires, d’attaquer ou de menacer de petits pays, a ajouté M. Yon.  Selon lui, il ne peut pas y avoir de non-prolifération sans désarmement nucléaire.  Tant que les armes nucléaires et les menaces nucléaires existeront, leur prolifération sera inévitable, a-t-il ajouté.  Il a estimé que si les États nucléaires étaient réellement en faveur de la paix et de la non-prolifération, ils fourniraient un calendrier pour leur désarmement nucléaire.


M. Yon a jugé que la situation en Asie restait tendue, notamment dans la péninsule coréenne, le système de défense antimissile des États-Unis est déjà déployé ouvertement en Asie tandis qu’une nouvelle alliance militaire est mise en place.  Ces développements visent la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et les pays voisins, a dit l’intervenant.  Il a estimé que la cause profonde de l’instabilité dans la péninsule coréenne et en Asie était la politique américaine contre la RPDC depuis plus d’un demi-siècle.  Face à cette hostilité, la RPDC a comme seule issue de renforcer ses capacités militaires, a-t-il déclaré.  Le représentant de la RPDC a estimé que son pays avait fait des efforts sincères vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne.


Il a jugé que la décision de la RPDC d’arrêter les opérations de son installation nucléaire de Yongbyon était une décision politique courageuse.  Il a estimé toutefois que l’application complète de la déclaration conjointe du 19 septembre nécessitait que les cinq autres parties remplissent leurs obligations.  Cela dépend en particulier des mesures pratiques que prendront les États-Unis et le Japon pour arrêter leurs politiques hostiles à l’égard de la RPDC, a-t-il dit.  Il a appelé les États-Unis à retirer la RPDC de leur liste des États soutenant le terrorisme et à lever les sanctions commerciales.


M. SHALVA TSISKARASHVILI (Géorgie) s’est dit préoccupé par la suspension par la Fédération de Russie du Traité sur les Forces conventionnelles en Europe, un instrument selon lui important de non-prolifération des armes classiques et de maintien de la sécurité européenne dans le contexte d’élargissement de l’Union européenne.  Le représentant a ensuite évoqué la présence de l’armée russe en Abkhazie. La stabilité et la sécurité de nombreux pays de la région sont sérieusement menacées, a affirmé le représentant, notamment par la prolifération d’ALPC, des territoires sans lois étant contrôlés par des régimes armés ouvertement séparatistes.  Cette mainmise des séparatistes empêche le Gouvernement de la Géorgie de mener à bien les engagements pris au titre du Programme d’action de l’ONU sur les ALPC ou encore celles relevant de l’initiative globale pour combattre le terrorisme nucléaire. Le représentant a stigmatisé l’appui au mouvement séparatiste d’Abkhazie par la Fédération de Russie, constituant selon lui une menace grave à la paix et à la sécurité internationales. Cet appui foule au pied les principes élémentaires démocratiques et constituent une atteinte flagrante à la loi internationale.


Mme ANGELLA HAMILTON BROWN (Jamaïque) a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à agir de manière décisive pour éliminer la menace nucléaire.  Elle s’est dite préoccupée par les événements des douze derniers mois qui continuent, selon elle, de saper le TNP.  La Jamaïque est convaincue de la nécessité d’une élimination totale des armes nucléaires mais elle soutient dans le même temps le droit de tous les États à utiliser pacifiquement la technologie nucléaire.  Elle a salué les efforts en cours pour résoudre pacifiquement les inquiétudes internationales sur les activités nucléaires au Moyen-Orient et dans la péninsule coréenne.  Elle a appelé à la création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires.


Concernant la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, Mme Hamilton Brown a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour trouver de nouveaux moyens destinés à éviter les échecs passés.  Elle a précisé par ailleurs que la Jamaïque s’associait à la déclaration faite par l’Indonésie au nom du Mouvement des non alignés et par le Suriname au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).


M. ALFRED MOUNGARA MOUSSOTSI (Gabon) a stigmatisé le maintien par les puissances nucléaires de leurs doctrines de défense stratégique qui justifient le recours et la menace de recours aux armes atomiques.  S’il a ensuite salué les avancées dans la gestion du dossier nucléaire nord-coréen, le représentant gabonais a regretté que le processus de désarmement, ces dernières années, n’ait été que « pures déclarations d’intention ».  Plaidant pour une action « concrète, concernée et déterminée », M. Moussotsi a estimé que les États dotés de l’arme nucléaire devaient plus que jamais veiller au respect de toutes les dispositions des trois piliers du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), à savoir le désarmement, la non-prolifération et l’utilisation pacifique de l’énergie atomique.  Il a également exhorté les dix États figurant sur l’Annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) de ratifier cet instrument et permettre ce faisant son entrée en vigueur.  Le TICE forme avec le TNP le socle du régime multilatéral de désarmement et de non-prolifération, a rappelé le représentant, qui a ajouté que son pays demeurait convaincu que la création de zones exemptes d’armes nucléaires, y compris en Afrique, constituait partout une avancée en vue du renforcement du régime de désarmement et de non-prolifération à l’échelle planétaire.


En ce qui concerne la lutte contre les ALPC, le représentant gabonais a estimé qu’il était nécessaire de poursuivre la mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU et de l’Instrument international de traçage adopté en 2005. Il a en outre espéré que les États Membres auront l’occasion d’examiner avec attention les récentes recommandations du Groupe d’experts gouvernemental sur le courtage illicite des ALPC.  M. Moussotsi a conclu en déplorant que l’augmentation des dépenses militaires se fasse au détriment des plus démunis, les « États nantis » devant selon lui allouer plus de ressources au développement qu’aux armements qui ne concourent qu’à accroitre l’insécurité dans le monde.


M. MARIO CASTELLÓN DUARTE (Nicaragua) a reproché aux pays dotés de l’arme nucléaire de s’être réservé le droit de posséder ces armes sans compensation pour les autres pays.  Ils se sont faits juges et parties et maintiennent des positions discriminatoires à l’égard de certains pays en leur interdisant l’utilisation pacifique du nucléaire, a-t-il ajouté.  Le Nicaragua lance un appel aux pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TNP, a-t-il déclaré.


Le Nicaragua considère qu’il y a un lien étroit entre le désarmement et le développement, a dit M. Castellon Duarte.  Selon lui, il est urgent de mettre en œuvre des mesures concrètes pour recentrer vers le développement, les ressources actuellement consacrées aux dépenses militaires; cela pourrait permettre d’atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté, a-t-il déclaré.


M. Castellon Duarte a souligné que son Gouvernement avait détruit plus de 1 000 missiles portatifs de défense antiaérienne (MANPADS).  Selon lui, les conversations du Nicaragua avec le Gouvernement des États-Unis sur la destruction de 600 MANPADS en échange notamment de médicaments étaient la preuve de la bonne volonté de son pays.  L’intervenant a déclaré que son pays souhaitait garder 400 MANPADS dans le cadre de son système de défense.  Mais il a précisé que le Nicaragua était disposé à négocier la destruction de ces MANPADS en échange d’hélicoptères et de vedettes rapides.


M. Castellon Duarte a par ailleurs souligné les efforts du Nicaragua dans la lutte contre le commerce illicite des ALPC dont les principales victimes sont les civils innocents.  Il s’agit de réduire les chiffres de délinquance et de violence, a-t-il dit.


M. HAMID CHABAR (Maroc) a estimé que les armes légères et de petit calibre (ALPC) étaient de véritables armes de destruction massive ne disant pas leur nom.  Il a ainsi déploré l’absence de réglementation et de contrôle de l’usage comme du transfert de ce type d’armes, contribuant à leur prolifération dans les foyers de tension, notamment en Afrique.  Le représentant a souhaité que la prochaine conférence d’examen du Programme d’action des Nations Unies contre le commerce des ALPC ne soit pas un nouveau rendez-vous manqué.  Plaidant pour une action urgente de la communauté internationale, M. Chabar a noté, en se référant à une étude d’un ONG, que les conflits survenus en Afrique en 1990 et 2005 avaient coûté quelque 300 milliards de dollars au continent, soit le montant de l’aide internationale accordée à l’Afrique au cours de la même période.


Le représentant marocain a ensuite souligné la nécessité de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, alors que les dépenses engagées ces dernières années par certaines puissances régionales sont sans commune mesure avec le droit de chaque État de poursuivre les moyens de sécurité.  Évoquant la zone euroméditerranéenne, M. Chabar a estimé qu’un Maghreb uni contribuerait à la sécurité régionale et internationale.  C’est en ce sens qu’il a indiqué que le Maroc apportait tout son soutien au projet de résolution présenté par l’Algérie devant la Première Commission, concernant le renforcement de la sécurité dans la zone euro-méditerranéenne.  M. Chabar a par ailleurs rappelé qu’à travers le mandat de son pays au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, le Maroc œuvrait au renforcement des instruments internationaux de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  Il a ainsi appelé à l’entrée en vigueur, dans les meilleurs délais, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et à la mise en œuvre effective du TNP.


M. ARMEN MARTIROSYAN (Arménie) s’est déclaré inquiet des développements concernant le programme nucléaire iranien et de ses répercussions régionales potentielles.  Il a ajouté que son pays suivait de près les discussions menées au Conseil de sécurité et espérait que les négociations sous les auspices de l’AIEA couplées à des efforts diplomatiques conduiraient à une solution mutuellement acceptable.  M. Martirosyan a également salué les récents progrès des pourparlers à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne et la décision de démanteler le réacteur nucléaire d’ici la fin de l’année.


Concernant la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, il a souligné que son pays avait exprimé son souhait d’adhérer à ce traité.  Mais, l’adhésion de l’Arménie dépend de la volonté des autres pays de la région à faire de même, a-t-il ajouté.  Concernant le Traité sur les Forces conventionnelles en Europe, l’intervenant s’est déclaré inquiet qu’un des trois pays du Sud Caucase ignore ouvertement les provisions du traité et viole les plafonds des armes conventionnelles établis pour les pays de la région.  Il a estimé que cette violation flagrante des règles internationales posait une menace directe sur la stabilité fragile de la région.  Il a estimé qu’une course aux armements dans le Sud Caucase était devenue une réalité.  Il a appelé la communauté internationale à réagir pour l’arrêter.


Mme ELSA HAILE (Erythrée) a indiqué que 40 ans après l’entrée en vigueur du TNP, les arsenaux nucléaires étaient toujours ceux faisant peser la plus grande menace à la survie de l’espèce humaine.  D’autres ADM, chimiques, biologiques ou à toxines, exercent tout autant une menace particulière à l’heure où des technologies faciles d’accès permettent le transfert et la prolifération de ces arsenaux « terrifiants ». La représentante a estimé que le multilatéralisme était le seul moyen de lutter efficacement contre les ADM, les agences de l’ONU, à commencer par l’AIEA, devant être renforcées par le biais notamment de l’universalisation des instruments pertinents.


Mme Haile a ensuite souligné l’importance d’appliquer le Programme d’action des Nations Unies sur le commerce illicite des ALPC et de solidifier dans ce cadre la coopération régionale, sous régionale et bilatérale.  Enfin, la représentante a indiqué que son pays était prêt à mettre en œuvre la décision finale et contraignante de la Commission du tracé de la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie.  L’Erythrée a démontré son attachement à la sécurité et à la stabilité régionales en participant activement aux négociations de paix en vue d’un retour au calme au Soudan et en Somalie.


M. DRISSA MALLE (Mali) a déclaré que son pays était préoccupé face à la course effrénée aux armements et à l’augmentation croissante des dépenses militaires.  Il a souligné qu’à l’intérieur de ses frontières, le Mali assurait la promotion de la culture de la paix à travers les grandes rencontres artistiques, le renforcement de la cohésion sociale inter et intra communautaire, le renforcement des mécanismes traditionnels de prévention, de gestion et de règlement des conflits et la sensibilisation de la jeunesse aux valeurs traditionnelles de tolérance et d’entraide.


M. Malle a, par ailleurs, salué l’adoption de la Stratégie globale de lutte contre le terrorisme et a souhaité l’adoption rapide de la Convention générale de lutte contre le terrorisme.  Il a estimé que l’adoption récente par le Mali d’une loi sur le terrorisme dénotait la ferme détermination des autorités maliennes à lutter efficacement contre le terrorisme.


S’agissant de la lutte contre la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre, il a précisé qu’au cours de cette session, son pays introduirait, au nom des États membres de la CEDEAO, et éventuellement de l’Union africaine, le projet de résolution intitulé « Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre ».  Il a invité les États membres à se porter coauteur et à l’adopter par consensus.


M. ANDRIS STASTOLI (Albanie) a déclaré que la lutte antiterroriste était une priorité de son pays.  Cette menace mondiale appelle une réponse à cette échelle, l’adoption par consensus de la Stratégie antiterroriste mondiale constituant un important signe d’encouragement dans ce sens.  L’Albanie a signé et ratifié les 12 conventions de l’ONU et les protocoles afférents contre le terrorisme, la lutte antiterroriste étant partie intégrante de la non-prolifération et du désarmement.  Le représentant a ensuite souhaité que soit adoptée pleinement la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive, ajoutant que l’Albanie appuyait l’application des conventions sur les armes chimiques et biologiques.


A ce titre, l’Albanie, a-t-il dit, attache une importance particulière à la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques, des efforts nationaux ayant été entrepris pour mener jusqu’à son terme nos programmes de destruction d’arsenaux de ce type.  Nous sommes le premier pays à avoir éliminé la totalité de ses stocks d’armes chimiques, ce défi constituant un encouragement sur la voie de la transition démocratique et du pluralisme, a dit M. Dilja.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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