DES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION RÉAFFIRMENT LA NÉCESSITÉ DE CRÉER SANS DÉLAI UNE ZONE EXEMPTE D’ARMES NUCLÉAIRES AU MOYEN-ORIENT
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Première Commission
5e séance – matin
DES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION RÉAFFIRMENT LA NÉCESSITÉ DE CRÉER SANS DÉLAI UNE ZONE EXEMPTE D’ARMES NUCLÉAIRES AU MOYEN-ORIENT
Des délégations reviennent sur les résultats décevants des discussions sur le suivi de la lutte contre le commerce illicite des petites armes
Il faut prendre des mesures sans délai en vue de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, ont demandé plusieurs délégations devant la Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale (Première Commission), au quatrième jour de leur débat général. Certaines ont rappelé que cette nécessité avait été reconnue par l’Assemblée générale depuis plusieurs décennies.
Les représentants des Émirats arabes unis, de l’Iraq, de la Mongolie, de la Jamahiriya arabe libyenne, du Yémen, du Ghana, de l’Arabie saoudite, de la République arabe syrienne et du Qatar ont soutenu cette idée. « Le Moyen-Orient reste un triste exemple, la seule région où il n’y a pas d’efforts sérieux pour éliminer les armes de destruction massive », a dit le représentant de la République arabe syrienne.
La représentante de la Mongolie a rappelé que le 12 octobre 1992, le premier Président de la Mongolie avait déclaré son pays zone exempte d’armes nucléaires. Depuis, la Mongolie plaide ardemment pour la création de ces zones dans toutes les régions du monde, a-t-elle dit.
Plusieurs délégations ont exhorté les puissances nucléaires à amener les Israéliens à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à placer leurs installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Ces délégations ont appelé à la fin d’une politique qu’elles ont qualifiée de deux poids deux mesures et au respect du droit inaliénable de tous au développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Le représentant des Émirats arabes unis a estimé que l’appui technique fourni à Israël devait cesser car il contribue, selon lui, à la nucléarisation continue des forces militaires d’Israël. Le représentant de l’Arabie saoudite a regretté de son côté qu’Israël continue d’évoluer en toute impunité. Le représentant de la République arabe syrienne a accusé certains pays dotés de l’arme nucléaire de fournir une protection et un traitement préférentiel à Israël.
La délégation iraquienne a indiqué que son pays avait l’intention d’adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Ces deux instruments sont soumis au Parlement iraquien, a-t-il dit.
La Jamahiriya arabe libyenne a rappelé qu’elle avait décidé volontairement en 2003 d’abandonner tous ses programmes qui pourraient conduire à la production d’armes de destruction massive.
Concernant le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, plusieurs délégations, le Venezuela, le Qatar, le Yémen, le Sénégal et l’Iraq ont regretté les résultats décevants des discussions tenues au niveau international en 2006 sur le suivi du Programme d’action des Nations Unies.
Le représentant du Sénégal a estimé que la circulation illicite des armes légères et de petit calibre continuait de demeurer une source de préoccupations sérieuses.
Le représentant de l’Iraq a estimé que cette impasse ne pouvait qu’affecter négativement la situation sécuritaire dans son pays. Les armes légères et de petit calibre ont un effet destructeur dans les opérations terroristes qui prennent pour cible la population et les infrastructures de l’Iraq, a-t-il dit.
La représentante du Venezuela a appuyé le Programme d’action de l’ONU et rejeté la méthode qui consiste à situer le problème du côté des pays qui se dotent de ces armes par la voie d’un commerce légitime. Le problème est à chercher du côté des producteurs d’armes légères, qui négligent le marquage de leurs productions, les livrant, ce faisant, au détournement et au marché illicite, a-t-elle dit.
Le représentant du Yémen a déclaré que son pays était pleinement engagé dans la lutte contre le commerce illicite des ALPC, soulignant les mesures nationales destinées à empêcher le port d’armes dans les principales villes yéménites. Il a salué les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux sur le courtage illicite.
Les délégations suivantes se sont exprimées aujourd’hui: Ghana, Philippines, El Salvador, Venezuela, République arabe syrienne, Arabie saoudite, Qatar, Mongolie, Sénégal, Suriname au nom du CARICOM, Jamahiriya arabe libyenne, Yémen, Iraq et Émirats arabes unis.
La prochaine séance de la Première Commission se déroulera lundi 15 octobre à 15 heures.
Débat général
M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a regretté le manque de progrès réels en matière de désarmement. Les quelques États récalcitrants sont plus coupables mais la majorité ne peut pas être complètement exonérée, a-t-il estimé. Il a jugé qu’il y avait eu des développements positifs l’an dernier mais que cela ne suffisait pas. Il est décevant que 16 ans après la fin de la guerre froide, les préoccupations concernant les armes de terreur n’aient pas diminué mais qu’au contraire se soient accentuées, a-t-il dit. M. Christian a estimé que les États dotés de l’arme nucléaire devaient afficher leur leadership en matière de désarmement. Il a appelé les États-Unis et la Fédération de Russie à renforcer leurs accords bilatéraux. Il a appelé également les États Membres à assurer la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Le représentant du Ghana a considéré que les États non dotés de l’arme nucléaire faisaient des efforts en créant des zones exemptes d’armes nucléaires, et a jugé qu’ils devaient obtenir le soutien des États dotés de l’arme nucléaire. Il a espéré qu’une telle zone exempte d’armes nucléaires puisse être mise en place au Moyen-Orient.
M. Christian a déclaré que son pays soutenait un traité sur le commerce des armes fort et efficace qui permettrait d’interdire le transfert d’armes vers des lieux où elles seraient utilisées pour alimenter la violence. Il a estimé que l’argent dépensé pour fabriquer des armes pourrait être utilisé pour améliorer la vie de millions de personnes vivant dans la pauvreté. Alors que près de la moitié de la population mondiale survit avec moins d’un dollar par jour, 1,2 trillion de dollars ont été dépensés en 2006 pour l’achat d’armes, a-t-il relevé.
Il a précisé par ailleurs que son pays s’associait à la déclaration de l’Indonésie au nom du Mouvement des non-alignés et à celle du Nigéria au nom du Groupe africain.
M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a expliqué que la prolifération et la diffusion incontrôlées de petites armes posaient une menace sérieuse à la paix et à la sécurité ainsi qu’au développement économique et à la croissance. Les pays en développement sont particulièrement vulnérables face à la présence excessive de ces arsenaux qui alimentent les conflits et faisant des millions de morts et de mutilés à travers le monde, a ajouté le représentant. M. Davide a plaidé pour la pleine mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) adopté en 2001. Pour le représentant philippin, la société civile et les organisations religieuses jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le trafic de ces armes à travers divers mécanismes d’établissement et de promotion d’une culture de la paix.
S’agissant des armes de destruction massive (ADM), le représentant a estimé que les armes nucléaires doivent être éliminées par le biais d’initiatives multilatérales et conformément à la Charte des Nations Unies. M. Davide a souligné l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires, qui, a-t-il dit, vont dans le sens de la paix et de la sécurité. Il a ainsi plaidé pour l’établissement de zones de ce type partout dans le monde et invité les États Membres à signer le protocole relatif au traité portant création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est.
M. EDUARDO ANTONIO SVENDBLAD UMAÑA (El Salvador) a estimé qu’il fallait un engagement commun en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive. Selon lui, les efforts déployés par la plupart des États ont permis de faire comprendre le danger qu’elles représentent. Mais il a jugé paradoxal que ce soient les États non dotés d’armes de destruction massive qui aient été les plus enthousiastes. Ce sont les États qui possèdent ces armes qui auraient dû adhérer le plus à la cause de la non-prolifération, a-t-il estimé. Le représentant a jugé que la meilleure manière de renforcer la sécurité internationale n’était pas par la dissuasion. Il faut plutôt privilégier les mesures de confiance, a-t-il estimé. Le risque que les armes de destruction massive soient utilisées par certains pays fait que le régime actuel ne soit pas une barrière suffisante à cette perspective, a-t-il dit.
El Salvador souhaite que l’on parvienne à l’universalité des divers instruments du désarmement, a dit l’intervenant. Tous les aspects du désarmement doivent intéresser les diverses nations ici représentées et la sécurité ne peut se fonder sur la priorité des intérêts individuels, a-t-il ajouté. Le multilatéralisme représente la meilleure voie pour trouver des solutions viables et communes, a-t-il estimé. Le représentant s’est déclaré préoccupé par la lenteur des négociations lors de la Conférence d’examen du Programme d’action pour lutter contre le trafic illicite des petites armes et armes légères. Il a déclaré espérer que les divergences étalées à cette occasion seront surmontées. Il a par ailleurs souligné qu’en Amérique centrale, l’élimination des mines antipersonnel était une tâche à laquelle tous les pays concernés avaient participé. Il faut réinsérer les victimes des mines antipersonnel dans la société, a-t-il déclaré.
Mme AURA MAHUAMPI RODRÍGUEZ DE ORTIS (Venezuela) a fait remarquer que son pays ne produisait pas d’armes de destruction massive. Nous estimons que l’objectif commun doit être l’élimination des armes nucléaires, dont la seule présence fait peser une menace sur la stabilité. La représentante a ainsi prié les puissances nucléaires de cesser la modernisation de leurs arsenaux et de renoncer aux doctrines de dissuasion qui n’excluent pas la possibilité de recourir à l’arme atomique. La représentante a également souhaité que soit mis en place un instrument juridiquement contraignant prévoyant des garanties de sécurité négatives pour les États non dotés de l’arme nucléaire. La représentante a poursuivi en estimant que l’espace devait être considéré comme un patrimoine commun de l’humanité. Les pays en faveur du placement des systèmes militaires dans l’espace doivent abandonner leurs projets défensifs et offensifs et fournir une information la plus transparente possible sur l’exploitation des ressources spatiales à laquelle ils se livrent.
Pour ce qui est des petites armes, la déléguée a appuyé le Programme d’action de l’ONU et rejeté la méthode qui consiste à situer le problème du côté des pays qui se dotent de ces armes par la voie d’un commerce légitime. Le problème est à chercher du côté des producteurs d’armes légères qui négligent le marquage de leurs productions, les livrant, ce faisant, au détournement et au marché illicite. Estimant que les munitions faisaient partie du problème posé par les ALPC, la représentante a indiqué qu’il n’existait pas d’usage responsable possible de ces arsenaux « inhumains ». En ce qui concerne le projet de traité sur le commerce des armes classiques, elle a souhaité que les négociations tiennent compte du nécessaire respect de la légitime défense nationale.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a estimé qu’il existait un climat de pessimisme au sein de la communauté internationale en matière de désarmement et de non-prolifération du fait que certains États Membres voulaient imposer des politiques erronées. Il s’est déclaré inquiet de la prolifération sélective d’armes de destruction massive. Il semble que l’on cherche de manière délibérée à violer les engagements internationaux, a estimé M. Ja’afari. Il a dénoncé le fait que certains pays dotés de l’arme nucléaire fournissent une aide à Israël pour ses installations nucléaires, une protection et un traitement préférentiel.
Certains membres de la communauté internationale n’ont pas mis en œuvre les décisions prises précédemment sur la non-prolifération, a déclaré M. Ja’afari. Le Moyen-Orient reste un triste exemple, la seule région où il n’y a pas d’effort sérieux pour éliminer les armes de destruction massive, a-t-il ajouté. Il a relevé qu’Israël avait levé l’ambiguïté sur son programme nucléaire et reconnaissait désormais être doté d’armes nucléaires. Le représentant a accusé la communauté internationale de rester étrangement silencieuse sur cette situation. La Syrie considère que c’est inacceptable et estime que les peuples de la région ne croient plus au TNP, a dit M. Ja’afari. Il y a une politique de deux poids deux mesures et Israël continue de défier la communauté internationale en poursuivant ses programmes nucléaires militaires et en refusant d’adhérer au TNP, a-t-il estimé. Selon lui, Israël est la source du terrorisme nucléaire dans la région.
Nous aimerions lancer un appel à communauté internationale pour qu’elle appelle Israël à adhérer au TNP et à accepter que ses installations nucléaires soient placées sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré l’intervenant. Les Nations Unies et l’AIEA sont bien les instances pour procéder aux discussions sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a dit M. Ja’afari. Il a jugé nécessaire de mettre au point un texte juridique qui garantisse la sécurité des États non dotés de l’arme nucléaire. Il a par ailleurs estimé que l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques était un droit.
M. MUNASSER SALEM NASSER LASLOOM (Arabie saoudite) a regretté que les traités et normes internationales n’aient pas eu l’effet escompté au moment de leur adoption. Les politiques de deux poids deux mesures, notamment, continuent d’exonérer de leurs responsabilités certains États. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de parvenir à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Nous savons tous ici que le seul obstacle à la création d’une telle zone qui pourrait s’étendre jusqu’au Golfe persique, est le refus d’Israël de devenir partie au TNP et de placer ses installations militaires sous le régime de garanties de l’AIEA. Le représentant a souligné qu’en dépit des incessantes pressions internationales pour que voit le jour une zone exempte d’armes nucléaires dans la région, Israël continuait d’évoluer en toute impunité. Voilà la preuve des politiques de deux poids deux mesures que j’évoquais et qui sapent le désarmement international et entretiennent des tensions inutiles, a-t-il insisté. Le représentant a souhaité que les travaux de la Première Commission soient menés avec objectivité, sérieux et de manière constructive afin d’avancer sur les dossiers cruciaux dont elle est saisie.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a estimé que les mécanismes de désarmement avaient un rôle important à jouer mais a regretté que les résultats n’aient pas été à la hauteur des espoirs soulevés lors de leur mise en place. Selon lui, cet échec est dû au manque de volonté politique des États Membres. Les armes nucléaires sont détenues par un petit nombre d’États et ces derniers ne sont toujours pas prêts à abandonner leurs arsenaux, a-t-il relevé. Il a regretté que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur. Selon lui, on peut s’attendre à une reprise des essais à tout moment, a-t-il déclaré. Le Qatar juge important l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, a déclaré l’intervenant, faisant part de son inquiétude face aux obstacles dressés par les États nucléaires à la réalisation de ce droit. Le danger des armes nucléaires est aussi grave aujourd’hui qu’il l’était au moment de la guerre froide, a mis en garde l’intervenant. Il a dit remarquer une augmentation des conflits mondiaux portant sur le nucléaire. Il a annoncé que son pays avait l’intention de soumettre un projet de résolution pour trouver une solution pacifique aux questions nucléaires.
Le Qatar a réitéré son soutien à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a déclaré M. Abdulaziz Al-Nasser. Il a appelé Israël à prendre des mesures pratiques pour accroître la confiance, à adhérer au TNP et à accepter de mettre ses installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA.
Le représentant a souligné les autres défis dans le domaine du désarmement, en particulier le problème de la prolifération des armes légères et de petit calibre. Il a regretté les résultats décevants des discussions tenues au niveau international en 2006 sur ce sujet. Il s’est par ailleurs inquiété de l’augmentation des dépenses militaires au niveau mondial qui ont un effet négatif sur la disponibilité des fonds pour le développement.
Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a estimé que la résolution 1540 du Conseil de sécurité était un moyen de choix pour combattre la prolifération des armes de destruction massive. Cette directive est la seule à même d’empêcher que des groupes non étatiques ne mettent la main sur ces arsenaux, a-t-elle ajouté, estimant en outre qu’elle demande le renforcement des mécanismes nationaux de contrôle avec l’appui prévu pour ce faire. Poursuivant, Mme Ochir a indiqué que son pays accordait une importance particulière à l’entrée en vigueur et à l’universalité du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ainsi qu’au respect de l’espace comme patrimoine commun de l’humanité. Elle a fait savoir à cet égard que la Mongolie appuyait toutes les initiatives destinées à prévenir une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, y compris l’idée d’un traité juridiquement contraignant. S’agissant du dossier nucléaire iranien, la représentante a affirmé que seule une solution politique permettrait une sortie de crise par la voie diplomatique, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’AIEA.
Mme Ochir a également dit que son pays attachait une grande importance à la sécurité en Asie du Nord-Est. Elle a salué dans ce sens les progrès récents dans les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, en rappelant que son pays avait accueilli une réunion bilatérale entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée les 4 et 5 septembre derniers. Enfin, Mme Ochir n’a pas manqué de rappeler que le 12 octobre 1992, le premier Président de la Mongolie avait déclaré son pays zone exempte d’armes nucléaires. Depuis, la Mongolie plaide ardemment pour la création de ces zones dans toutes les régions du monde, a-t-elle dit.
M. COLY SECK (Sénégal) a estimé qu’il fallait un sérieux effort diplomatique multilatéral pour remédier au blocage dans les instances de désarmement. L’unilatéralisme et la poursuite d’intérêts purement nationaux ne peuvent qu’engendrer la méfiance, la suspicion, l’incompréhension, la défiance et la confrontation, a-t-il ajouté.
M. Seck a déclaré que son pays s’inquiétait au plus haut point de la possibilité que des armes nucléaires tombent entre les mains de terroristes. Il a jugé que pour réduire cette menace, des actions soutenues sont nécessaires aux niveaux unilatéral, bilatéral et multilatéral. Il a estimé que le TNP devait être renforcé, que le TICE devait entrer en vigueur et que des négociations devaient être entamées sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires. En attendant, il a jugé que les États dotés de l’arme nucléaire devaient donner des garanties de sécurité effectives aux États non détenteurs de l’arme atomique.
Le représentant du Sénégal a ajouté que la circulation illicite des armes légères et de petit calibre continuait de demeurer une source de sérieuses préoccupations surtout après l’impasse à laquelle a abouti la Conférence de revue de 2006 du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite de ces armes. Il a souhaité que les États Membres harmonisent le plus tôt possible leurs vues. Concernant les mines antipersonnel, il a estimé que la mise en œuvre effective de la Convention d’Ottawa devait demeurer une priorité. Il a appelé tous les États qui ne l’ont pas fait à adhérer à la Convention sans tarder.
M. HENRY MACDONALD (Suriname), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que seul un engagement collectif en faveur du multilatéralisme permettra de créer l’environnement propice à la sécurité et au développement. C’est en ce sens que le représentant a jugé qu’il fallait renforcer, ensemble, le régime de désarmement et de non-prolifération, afin notamment de restaurer la confiance mutuelle entre États. Le représentant a ensuite appelé les puissances nucléaires à respecter leurs obligations internationales, en donnant notamment aux États non dotés de l’arme nucléaire les garanties de sécurité négatives auxquelles ils ont droit. Rappelant les termes du Traité de Tlatelolco, le représentant a souligné que cet instrument avait permis la création de la première zone exempte d’armes nucléaires au monde, il y a 40 ans. Toutefois, a-t-il poursuivi, le risque d’un accident nucléaire est toujours d’actualité dans la mer des Caraïbes, les chefs de gouvernements de la région appelant constamment la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour faire cesser les transports dans leurs eaux territoriales de déchets nucléaires et autres matières hautement toxiques.
Le représentant a en outre estimé que la prolifération d’armes classiques continuait de saper la paix et la sécurité internationales, alimentant les conflits et le crime organisé, en particulier le narcotrafic. Les pays de la CARICOM, qui sont en faveur du projet de traité sur le commerce des armes conventionnelles, continueront de jouer un rôle actif dans la lutte contre ce phénomène aux niveaux régional et international, a conclu M. Macdonald.
M. ABDURRAHMAN A. H. ELGANNAS (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que la présence d’armes nucléaires était une menace constante. La Libye continue d’appliquer ses engagements concernant les traités sur les armes de destruction massive, a-t-il affirmé, en rappelant la décision de son pays, annoncée en 2003, d’abandonner volontairement tous ses programmes qui pourraient conduire à la production de telles armes. Cette initiative renvoie la responsabilité aux puissances nucléaires qui doivent fournir les garanties nécessaires à la sécurité nationale libyenne, a déclaré l’intervenant. Il a aussi estimé que les puissances nucléaires devaient amener les Israéliens à adhérer à tous les traités concernant les armes de destruction massive et les conduire à placer leurs installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA. Il a appelé à mettre fin à la politique de deux poids deux mesures. Il a souhaité la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
Le représentant a par ailleurs salué le travail du Centre régional sur le désarmement en Afrique et a jugé nécessaire de soutenir ce centre qui en a besoin. Il a affirmé que son pays avait pris des mesures pour empêcher l’acquisition illicite, l’exportation, la fabrication et le transfert de petites armes et d’armes légères. Concernant les mines antipersonnel, il a rappelé que la Libye souffrait de la présence d’un nombre important de ces mines remontant au siècle dernier et a estimé que les pays qui les avaient placées devaient fournir les moyens pour le déminage.
M. ISMAIL MOHAMED Y. ALMAABRI (Yémen) s’est dit convaincu de la nécessité de parvenir à l’élimination totale des armes de destruction massive. C’est à cette fin que nous avons signé et ratifié tous les traités multilatéraux pertinents, a-t-il ajouté. Le Yémen est pleinement engagé dans la lutte contre le commerce illicite des ALPC, a poursuivi le représentant, qui a fait état de mesures nationales destinées à empêcher le port d’armes dans les principales villes yéménites. Saluant les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux sur le courtage illicite, le représentant a ensuite invité les États Membres à consentir à d’autres efforts pour mettre fin à ce phénomène destructeur sapant la paix, la sécurité et le tissu social des pays en développement. Le courtage illégal facilite de surcroit l’accès des parties non étatiques aux armes classiques, alimentant les réseaux terroristes et le crime organisé transnational. Tous les pays producteurs d’armes ont une obligation morale par rapport aux États inondés d’armes légères et de leurs munitions, a encore estimé le représentant; ces États étant laissés sans vergogne à leur sort dans des conditions d’existence déplorables.
En conclusion, le représentant a appelé de ses vœux la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et au respect du droit inaliénable de tous à l’accès et au développement des technologies nucléaires à des fins pacifiques.
M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a souligné que l’adoption en juin par le Conseil de sécurité d’une résolution mettant fin aux travaux sur la recherche d’armes de destruction massive en Iraq montrait que son pays était exempt d’armes de destruction massive. Ceci est une preuve que le Gouvernement iraquien respecte tous les traités en la matière, a-t-il ajouté. L’intervenant a indiqué que son pays avait l’intention d’adhérer au TICE et à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Ces deux traités sont soumis au Parlement iraquien, a-t-il ajouté. Après les leçons amères tirées suite aux politiques aventureuses de l’ancien régime, le nouvel Iraq a montré son attachement aux traités internationaux qui ont trait aux armes de destruction massive, a-t-il insisté. Notre Constitution stipule que le Gouvernement doit honorer les obligations internationales qui ont trait à la non-prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques et interdit tout ce qui favorise leur développement, leur production et leur utilisation.
Nous ne pouvons que rappeler la destruction causée par ce genre d’armes contre des citoyens, des villes, et les catastrophes environnementales causées par ces armes, a-t-il dit. L’Iraq a été victime de cette destruction suite à la politique étrangère menée par l’ancien régime, a-t-il expliqué. La menace que font peser aujourd’hui sur le monde les armes nucléaires et autres armes de destruction massive est encore plus grave, a estimé le représentant de l’Iraq. La course aux armements se poursuit à un rythme encore plus rapide et sans la surveillance mondiale stricte qui serait nécessaire, a-t-il ajouté. Selon lui, cela s’est manifesté lors de la découverte de projets secrets d’armement par certains États, en violation des traités en vigueur. Il faut poursuivre les efforts internationaux pour servir les intérêts de l’humanité et ce pour parvenir à l’élimination complète des armes de destruction massive, a-t-il déclaré.
Le représentant de l’Iraq a jugé malheureux l’échec de l’examen du Programme des Nations Unies pour faire face au commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Cela ne peut qu’affecter négativement la situation sécuritaire dans mon pays, a-t-il dit. Les ALPC dans les mains des terroristes ont un effet destructeur sur la population iraquienne et sur les infrastructures du pays. Le représentant a appelé à l’adhésion de tous les pays au TNP. Il faut exhorter Israël à adhérer au Traité et à placer ses infrastructures nucléaires sous le système de vérification international. L’Iraq croit en la possibilité d’arriver à un Moyen-Orient exempt d’armes de destruction massive, a déclaré l’intervenant.
M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a fait siennes les déceptions exprimées par les diverses délégations quant aux échecs successifs de la communauté internationale dans le domaine du désarmement. Ces déconvenues affaiblissent les arrangements internationaux mis en place depuis 60 ans et générèrent des confrontations et l’apparition de points chauds à travers le monde. Dans ce contexte, le représentant a lancé un appel à la souplesse en vue d’atteindre le consensus sur les divers points à l’ordre du jour de l’agenda du désarmement et de la sécurité internationale.
Le représentant s’est ensuite élevé contre la poursuite du développement d’arsenaux nucléaires par certains États, estimant que de telles pratiques ne peuvent que conduire à l’escalade et aux tensions régionales entre pays. Le délégué a attiré l’attention sur la situation au Moyen-Orient. Des efforts internationaux accrus sont nécessaires pour contraindre Israël à démanteler ses installations nucléaires sous contrôle des inspecteurs de l’AIEA. De même, a-t-il ajouté, l’appui technique fourni à Israël doit cesser car il contribue à la nucléarisation continue des forces militaires de ce pays. Israël doit se conformer aux résolutions et décisions prises lors de la sixième Conférence d’examen du TNP de 2000 demandant, entre autres, l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a exhorté M. Al-Jarman. Enfin, le représentant des Émirats arabes unis a réaffirmé le droit inaliénable des pays en développement de mettre au point, produire et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, cela dans les limites prévues par l’AIEA.
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