LA RÉDUCTION DES BUDGETS MILITAIRES SERVIRAIT LA CAUSE DU DÉVELOPPEMENT, ESTIMENT LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION
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Première Commission
4e séance – matin
LA RÉDUCTION DES BUDGETS MILITAIRES SERVIRAIT LA CAUSE DU DÉVELOPPEMENT, ESTIMENT LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION
La Fédération de Russie plaide pour le maintien de l’équilibre stratégique international
La hausse exponentielle des dépenses consacrées à l’armement a pour conséquence de saper l’effort collectif de développement économique, en particulier la réalisation les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), telle a été la préoccupation exprimée par plusieurs délégations devant la Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale (Première Commission), au troisième jour de leur débat général.
Les représentants de Cuba et du Bangladesh, notamment, ont stigmatisé les montants record atteints au cours des dernières années en matière de dépenses militaires, M. Diaz parlant de plus de 1,12 trillion de dollars déjà engagés pour l’année en cours au plan mondial. « Seulement 10% de cette somme consacrée au développement permettraient de réaliser dans les temps les OMD », a estimé le représentant cubain, qui a également affirmé que les ressources allouées à l’armement permettraient d’alimenter pendant un an les centaines de millions de mal nourris à travers le monde.
La représentante bangladaise, Mme Ismat Jahan, qui elle aussi a déploré que la course aux armements s’effectue aux dépens de l’essor des pays en développement, a prié les puissances nucléaires de transférer davantage de fonds qu’ils consacrent à renforcer leur sécurité à la lutte contre la pauvreté. « Le respect des droits de l’homme présuppose le développement autant que la sécurité », a renchéri pour sa part M. Owade, du Kenya.
S’agissant de la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC), les pays touchés par ce fléau ont évoqué leurs initiatives nationales.
La représentante de la Colombie, Mme Barberi, considérant que l’accumulation excessive d’ALPC continue de déstabiliser des régions entières, a indiqué que dans des bastions du crime organisé comme Bogota et Cali, les campagnes de désarmement menées depuis les années 1990 avaient permis de faire baisser de manière significative le nombre de victimes des petites armes.
Concernant les mines, M. Sea, du Cambodge, a rappelé que ces « tueurs silencieux » détruisaient chaque année dans son pays et dans le monde la vie de milliers d’innocents. Liant les politiques cambodgiennes de déminage au développement, le représentant a indiqué que depuis le mois de juillet, 1,5 million de mines avaient été détruites. M. Sea, rejoint par de nombreuses délégations, a en outre appelé tous les États à adhérer à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines.
La Fédération de Russie, de son côté, a mis l’accent sur la nécessité de maintenir l’équilibre stratégique mis en place dans le cadre du Traité américano-russe sur la réduction et la limitation des armements stratégiques (START). Anatoly Antonov a précisé que START, expirant en 2009, il fallait conserver ce qui est efficace dans le régime que prévoit cet instrument.
C’est en ce sens que le représentant russe a mis en garde contre le déploiement de systèmes antimissiles balistiques américains en République tchèque et en Pologne -de même que dans l’espace extra-atmosphérique- cette entreprise pouvant aboutir, selon lui, à saper le processus de désarmement général et complet. « Le Traité sur les systèmes antimissiles balistiques doit être maintenu », a-t-il encore dit.
M. Antonov a appuyé son propos en invoquant « la solution alternative » du Président Poutine en matière de sécurité internationale, cette alternative reposant sur le renforcement du Traité sur l’élimination des missiles à courte et moyenne portées, indispensable à la poursuite efficace du désarmement nucléaire et au maintien de l’équilibre stratégique internationale.
Les pays suivants ont pris la parole: Fédération de Russie, Indonésie, Nouvelle-Zélande, Cambodge, Viet Nam. Myanmar, Cuba, Colombie, Angola, Tunisie, Bangladesh, Algérie, Kenya, Nigéria et Bahreïn.
La Première Commission reprendra ses travaux demain, jeudi 11 octobre, à partir de 10 heures.
Débat général
M. ANATOLY ANTONOV (Fédération de Russie) a expliqué que le désarmement nucléaire était l’un des éléments clefs nécessaires au renforcement de la sécurité internationale et de l’équilibre stratégique internationale. Se félicitant de la réduction drastique des armes nucléaires au cours des dernières années, le représentant a indiqué que son pays et les États-Unis travaillaient au remplacement du Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs (START) qui expirera en 2009. Notre approche commune est d’essayer de conserver ce qui est efficace dans le régime que prévoit START, a ajouté M. Antonov. Ce dernier a ensuite mis en garde contre le déploiement de systèmes antimissiles balistiques américains en République tchèque et en Pologne, de même que dans l’espace extra-atmosphérique, ce qui, à ses yeux, contribuerait à saper le processus de désarmement général et complet. Le Traité sur les systèmes antimissiles balistiques doit être maintenu, a encore dit le représentant.
M. Antonov a abordé la solution alternative du Président Poutine en matière de sécurité internationale. Il a expliqué que cette alternative reposait en particulier sur le renforcement du Traité sur l’élimination des missiles à courte et moyenne portées, indispensable selon lui à la poursuite efficace du désarmement nucléaire et au maintien de la sécurité stratégique et de la stabilité. Nous appelons tous les pays disposant de capacités en la matière à réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour solidifier les termes du Traité, a poursuivi le représentant.
M. Antonov a également estimé que le Traité de non-prolifération devait devenir universel et que le Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) devait entrer sans délai en vigueur, un moratoire unilatéral étant insuffisant pour assurer la communauté internationale que des essais ne seront pas réalisés. Le représentant russe a, en outre, jugé vital le renforcement des modalités de vérification des activités de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’universalisation des protocoles additionnels et des accords de garanties.
M. Antonov a ensuite mis l’accent sur les risques de prolifération nucléaire que font courir les velléités croissantes d’utilisation à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire. Nous proposons de travailler collectivement dans le domaine du développement industriel afin de permettre une fourniture fiable du combustible nucléaire aux pays qui en font la demande. M. Antonov a suggéré l’établissement de centres internationaux de fourniture de services liés au combustible nucléaire, une usine d’uranium enrichi ayant été ouverte dans son pays afin d’alimenter ses clients en capacités énergétiques.
Évoquant le programme nucléaire de la République islamique d’Iran, le représentant a affirmé qu’il fallait continuer de rechercher une solution politique et diplomatique et promouvoir les éléments positifs de cette crise. Il a pris pour exemple les progrès accomplis dans le cadre des Pourparlers à Six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
Passant à la prévention de la course aux armements dans l’espace, M. Antonov a plaidé pour la restauration du comité ad hoc pertinent de la Conférence du désarmement chargé de réfléchir à un traité sur la prévention du placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique. Il a, en ce sens, estimé que des mesures de confiance et une plus grande transparence étaient nécessaires en vue de décourager ceux ayant l’intention de se lancer dans une course aux armements dans l’espace. À cet égard, il a suggéré de s’inspirer de l’exemple de l’Organisation du Traité de sécurité collective, et de renforcer le contrôle des informations échangées dans le domaine spatial. Le représentant a fait savoir que sa délégation allait présenter un projet de résolution sur les développements dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.
M. Antonov a par ailleurs appelé à l’universalisation des conventions sur les armes chimiques et biologiques, et à la mise en œuvre du Programme des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC).
Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie)a salué la création du Bureau des affaires de désarmement par le Secrétaire général dans le cadre de ses efforts pour relancer le mécanisme de désarmement. Elle a regretté que l’avenir de la diplomatie multilatérale reste incertain malgré les efforts de la majorité des États Membres. La Conférence du désarmement n’a pas été en mesure d’atteindre ses objectifs depuis près d’une décennie maintenant, a-t-elle relevé. Elle a souhaité des efforts accrus de la communauté internationale pour progresser.
L’Indonésie considère que les États qui ne font pas partie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) doivent être encouragés à y adhérer au lieu d’être récompensés par une coopération nucléaire, a dit l’intervenante. Elle a estimé que l’élimination complète des armes nucléaires était possible. Elle a toutefois regretté que certains États dotés de l’arme nucléaire ne respectent pas leurs obligations en matière de désarmement. Elle a déclaré que son pays envisageait de demander l’avis de la Cour internationale de Justice sur l’obligation de désarmement nucléaire des États. S’agissant de la Corée du Nord, Mme Asmady a salué les développements positifs dans le cadre des Pourparlers à Six, en particulier l’accord obtenu ce mois-ci. Elle a salué également le récent accord entre l’Iran et l’AIEA sur un programme de travail pour résoudre les questions en suspens. L’Indonésie considère que dans les deux cas, il s’agit de signes encourageants, a ajouté l’intervenante.
Elle a estimé que la création de zones exemptes d’armes nucléaires était une mesure positive. Elle a souligné que les États parties au Traité de Bangkok, qui sont les dix États Membres de l’ANASE, avaient l’intention de présenter une résolution intitulée « traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est ». Elle a estimé que la communauté internationale ne devait pas être sceptique quant aux activités nucléaires pacifiques de certains États. L’Indonésie considère que c’est un droit inaliénable de tous les États de développer l’énergie nucléaire civile, et que l’AIEA est la seule autorité compétente pour faire respecter les obligations des États Membres.
Mme Asmady a souligné par ailleurs que l’Indonésie était adhérente à la Convention d’interdiction des mines et avait ratifié la Convention en février cette année0.
M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande)a prié instamment tous les États Membres de répondre à l’appel du Secrétaire général en commençant des négociations de fond au sein de la Conférence de désarmement dès 2008. Il a estimé qu’un monde débarrassé des arsenaux nucléaires demeurait une priorité de la communauté internationale. Il est clair, a-t-il dit, que le TNP nécessite un nouvel élan pour être pleinement mis en œuvre, le cycle d’examen du Traité commencé à Vienne en avril devant nous permettre de progresser dans la voie de mesures concrètes
qui seront adoptées lors de la Conférence d’examen de 2010. Le représentant a fait savoir que sa délégation allait présenter un projet de résolution à cette fin, demandant l’abaissement du statut opérationnel des systèmes d’armes nucléaires.
M. Mackay a ajouté que l’AIEA devait pouvoir s’appuyer sur tous les outils adaptés à la réalisation de son mandat. C’est pourquoi il a appelé à l’universalisation des protocoles additionnels de l’AIEA. Se félicitant du degré actuel de coopération entre la République islamique d’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique, le représentant a souhaité que ce dialogue aboutisse à des résultats tangibles, et ce, même si à ce stade, l’Iran continue de ne pas se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’AIEA. Il a salué les avancées accomplies dans la gestion du dossier nucléaire nord-coréen et appelé à l’entrée en vigueur du TICE, ouvert pour adoption il y a 11 ans.
Pour ce qui est des armes classiques, le représentant a estimé que les délibérations menées au niveau international sur les bombes à sous-munitions avaient été l’un des temps forts de l’année dans le domaine du désarmement. La Déclaration d’Oslo de février dernier a défini les indicateurs nécessaires à l’établissement d’une nouvelle convention d’ici la fin de 2008, qui, en particulier, devra lutter contre les ravages humanitaires causés par ces armes. Nous souhaitons que des progrès soient également accomplis dans le cadre de la Convention sur les armes inhumaines.
M. KOSAL SEA (Cambodge)a estimé qu’il était impératif pour tous les États de respecter pleinement les instruments juridiques actuels de non-prolifération. Le Cambodge considère que l’élimination complète des armes nucléaires est la seule façon de se protéger contre leur utilisation et leur prolifération, a-t-il ajouté.
Concernant les mines, il a rappelé que ces « tueurs silencieux » avaient détruit la vie de nombreuses personnes innocentes. Le Cambodge est encore l’un des pays au monde où il y a le plus de mines, a-t-il ajouté. Son pays considère que le déminage est l’une de ses priorités pour assurer son développement. Au mois de juillet dernier, plus d’1,5 million de mines ont été détruites, a-t-il souligné. En mars de cette année, le Cambodge a organisé avec le Canada une conférence intitulée « action contre les mines: les implications pour la paix et le développement ». M. Sea a appelé tous les États à adhérer à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines et à renoncer pour toujours à ce type d’armes. Il a souligné que le Cambodge partageait son expérience de déminage avec d’autres pays, et avait ainsi envoyé le deuxième groupe de 135 démineurs des forces armées cambodgiennes au Soudan dans le cadre de l’opération de maintien de la paix de l’ONU.
Le Cambodge s’inquiète par ailleurs des armes légères et estime que le Programme d’action de l’ONU en la matière devrait être le principal outil pour répondre à ce problème, a déclaré l’intervenant. Il a souligné que son pays avait développé des programmes qui ont permis de saisir et détruire plus de 200 000 petites armes et armes légères. Il a remercié le Japon et l’Union européenne pour l’aide apportée à ces programmes.
M. Sea a par ailleurs précisé que son pays s’associait à la déclaration faite par l’Indonésie au nom du Mouvement des non-alignés et à celle faite par le Myanmar au nom de l’ANASE.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a estimé que le désarmement jouait un rôle crucial dans la consolidation de la paix mondiale et de la sécurité. La situation actuelle, marquée par la persistance des conflits armés, par la menace terroriste et les risques d’armement dans l’espace, commande aux États Membres de l’ONU de redoubler d’efforts et de réaffirmer la volonté politique de parvenir au noble objectif de désarmement complet, notamment à l’élimination de la totalité des armes de destruction massive (ADM). Pour le représentant, il faut renforcer les composantes du régime existant de non-prolifération, l’avis consultatif de la CIJ du 8 juillet 1996 relatif à la licéité de la menace ou de l’emploi des armes nucléaires prévoyant la tenue de négociations sur le désarmement nucléaire complet sous contrôle international.
M. Trung a noté que le TNP devait être pleinement appliqué, les puissances nucléaires plus que les autres devant donner l’exemple en mettant en œuvre les mesures contenues dans le document final de la Conférence d’examen de 2000. Le représentant a ajouté que l’aide à une utilisation à des fins pacifiques de l’énergie nucléaire aux États non dotés de l’arme atomique était une obligation importante du Traité. Il a par ailleurs rappelé que son pays avait signé le Protocole additionnel aux accords de garanties de l’AIEA le 10 août 2007, devenant ainsi le cent-quatorzième État à les avoir conclus. M. Trung a salué l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, estimant que ces zones contribuent fortement au renforcement de la sécurité régionale et internationale. C’est en ce sens qu’il a espéré que tous les pays concernés appliquent la résolution adoptée lors de la Conférence d’examen du TNP de 1995 relative à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
M. WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar) a estimé que les processus de désarmement nucléaire et de non-prolifération nucléaire étaient liés et se renforçaient mutuellement. Le Myanmar considère que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule garantie absolue contre la menace d’utilisation des armes nucléaires, a-t-il ajouté. Il a rappelé que son pays avait déposé un projet de résolution devant la Première Commission au cours de la décennie passée, appelant les États dotés de l’arme nucléaire à réduire progressivement la menace nucléaire dans la perspective d’une élimination totale de ces armes. À cette session, le Myanmar déposera de nouveau un projet de résolution sur le désarmement nucléaire, a-t-il dit. Le Myanmar appelle tous les États à adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a déclaré l’intervenant. Il a estimé que la création de zones exemptes d’armes nucléaires était une étape positive et a souligné qu’à l’occasion du dixième anniversaire de la Zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est, l’ANASE allait déposer une résolution pour commémorer ce traité.
Le Myanmar considère également comme très importante la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique, a dit M. Lwin. Son pays est co-auteur de la résolution déposée chaque année avec l’Égypte et le Sri Lanka sur ce sujet, a-t-il ajouté. Il estime qu’il faut conclure le plus tôt possible un instrument international juridiquement contraignant pour empêcher l’armement de l’espace extra-atmosphérique.
M. Lwin a aussi souligné la nécessité de faire face à la menace des petites armes et armes légères et a jugé important le programme de l’ONU concernant le commerce de ces armes.
M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba) a mis l’accent sur la nécessité de réduire les budgets militaires, ceux-ci, loin de décroître, augmentent chaque année à un rythme inquiétant. Le représentant a ainsi rappelé que ces dépenses avaient d’ores et déjà atteint le chiffre record de 1 204 milliards de dollars. Pour le représentant, cette hausse est principalement due à l’accroissement du budget militaire des États-Unis, ce pays à lui tout seul dépensant en armes ce que le reste du monde consacre à la sécurité et produisant 63% des arsenaux mondiaux. Ces faits, a encore dit le représentant cubain, prennent place dans un contexte marqué par l’hégémonie, l’unilatéralisme et l’interventionnisme ainsi que par la tentative d’imposer partout la doctrine préventive. Le représentant a expliqué que seulement 10% des budgets militaires mondiaux consacrés au développement permettraient de réaliser dans les temps les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Avec les ressources allouées à l’armement, les 852 millions de personnes souffrant de la faim pourraient être nourries pendant une année, a lancé le représentant, qui a indiqué que cette année encore le Mouvement des non-alignés soumettrait à la Première Commission un projet de résolution sur la relation entre désarmement et développement. Il a conclu en souhaitant que la Commission se saisisse de la question des armes et munitions dites classiques contenant des doses, même faibles, d’uranium.
Mme CLAUDIA BLUM DE BARBERI (Colombie) a salué l’impulsion donnée par le Secrétaire général sur les questions de désarmement et a jugé nécessaire de relancer la Première Commission. Concernant le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, la Colombie considère qu’il s’agit d’un grave problème, a-t-elle dit. L’accumulation excessive et leur utilisation élargie constitue un élément déstabilisateur dans de nombreuses régions du monde, a-t-elle estimé.
Elle a relevé que plusieurs initiatives de désarmement s’étaient révélées bénéfiques et a cité les cas des villes de Bogota et Cali, où des campagnes de soutien au désarmement ont permis depuis les années 1990 une baisse substantielle du pourcentage des crimes liés aux petites armes, et du nombre de victimes des petites armes. Mme Blum de Barberi a souligné que cette année la Colombie avait coordonné à Genève le groupe de travail créé dans le cadre du « Processus de Genève sur les petites armes » pour aider à développer des mécanismes efficaces et à identifier les besoins des États. La Colombie a l’intention d’introduire avec le Japon et l’Afrique du Sud le projet de résolution intitulé « Le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects », a-t-elle dit.
La Colombie juge nécessaire d’avoir un instrument juridiquement contraignant sur les armes classiques, a également déclaré Mme Blum de Barberi. Sur la question des armes nucléaires, elle a indiqué que son pays se joignait à la commémoration du 40e anniversaire du Traité de Tlatelolco. La Colombie considère que toute initiative pour créer des zones exemptes d’armes nucléaires est une étape vers le désarmement nucléaire et la non-prolifération.
Elle a précisé que son pays s’associait aux déclarations de l’Indonésie au nom du Mouvement des non-alignés et de la République dominicaine au nom du Groupe de Rio. Il s’associe aussi aux déclarations qui seront faites au cours des débats thématiques par l’Uruguay au nom du Mercosur, a-t-elle ajouté.
M. VIRGILIO MARQUES FARIA (Angola) est intervenu pour, notamment, indiquer que l’adoption en 2004 de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la lutte contre la non-prolifération des armes de destruction massive devait être suivie, ainsi que pour sa pleine mise en œuvre, par un appui accru aux pays en développement. Évoquant la situation dans son propre pays, le représentant a souligné la création récente d’une commission nationale de désarmement ainsi que l’adoption de mesures légales par le Parlement.
S’agissant de la lutte contre le commerce illicite des ALPC, M. Faria a appelé à la relance de l’effort international pour mettre fin à ce fléau sapant le développement. Il a attiré l’attention sur les activités de déminage menées avec succès dans son pays grâce à l’aide de la communauté internationale et des organisations non gouvernementales spécialisées dans l’éducation et la prévention des risques.
M. HABIB MANSOUR (Tunisie) a estimé que les difficultés qui entravent le processus multilatéral de désarmement ne doivent pas empêcher de croire aux solutions multilatérales en matière de désarmement.
Concernant les armes nucléaires, M. Mansour a déclaré espérer que les États dotés d’armes nucléaires honoreraient leur promesse de procéder à l’élimination totale de leurs arsenaux. Il a estimé que d’ici là les États non dotés de l’arme nucléaire étaient en droit de demander à bénéficier de garanties efficaces contre l’utilisation ou la menace d’utilisation de ces armes. La Tunisie souhaite également l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a ajouté M. Mansour.
La Tunisie se réjouit de l’impulsion donnée à la Conférence du désarmement à Genève ces deux dernières années en vue de sortir la Conférence de l’impasse, a déclaré l’intervenant. Il a rappelé que son pays allait présider la Conférence en 2008. Il a souligné que la Tunisie considérait la création de zones exemptes d’armes nucléaires comme un moyen important pour promouvoir la non-prolifération et le désarmement. La Tunisie appelle la communauté internationale, et notamment les puissances influentes, à prendre des mesures urgentes pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient, a-t-il dit. Il a regretté que certains pays refusent de se joindre au TNP et de placer leurs installations nucléaires sous le régime de garanties intégrales de l’AIEA.
La Tunisie a par ailleurs rappelé qu’elle contribuait depuis les années 1960 aux opérations de maintien de la paix dans le monde et était en particulier présente en Afrique à travers sa participation à plusieurs opérations de maintien de la paix sur ce continent.
Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh) a jugé que le Traité de non-prolifération et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires constituent la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération. Nous devons faire en sorte que ces instruments deviennent universels pour en renforcer la portée, a ajouté la représentante, qui a déploré le manque actuel de volonté politique d’un petit nombre de pays. La représentante a poursuivi en indiquant que son pays ne ménagerait pas sa peine en vue de la Conférence d’examen du TNP qui se tiendra en 2010 à Vienne. Elle a ainsi souhaité que soit renforcé l’article 4 du Traité, relatif au droit inaliénable de tous les États à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.
Sur le plan des armes classiques, la représentante a fait part de son inquiétude face au nombre très important de victimes civiles des mines antipersonnel dans les pays en guerre comme dans les sociétés post-conflit. Nous appelons tous les États qui ne l’ont pas encore fait à devenir parties à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, a encore dit Mme Jahan, ajoutant que son pays avait à ce jour détruit tous ses stocks de mines conformément à ses engagements pris au titre des instruments internationaux pertinents. La représentante a par ailleurs réaffirmé l’adhésion du Bangladesh au projet de création d’un traité sur le commerce des armes classiques, en vue notamment d’assurer un transfert responsable et transparent de ces arsenaux.
La représentante a, en conclusion, stigmatisé le montant excessif des budgets militaires mondiaux. En 2006, a-t-elle rappelé, le monde a consacré 1,12 trillion de dollars à des fins militaires, conséquence d’une course effrénée aux armements ayant pour principal effet d’entraver tout effort de développement. Nous prions instamment tous les pays, en particulier les puissances nucléaires, d’allouer plus de ressources à la lutte contre la pauvreté afin d’accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) s’est inquiété de l’impasse dans laquelle se trouvait l’entreprise multilatérale de désarmement et il a jugé nécessaire de la réhabiliter dans un contexte marqué par l’émergence de nouvelles menaces. Il a jugé aussi nécessaire d’adopter rapidement un programme de travail équilibré au niveau de la Conférence du désarmement, notamment sur le Traité portant sur l’interdiction des matières fissiles destinées à la fabrication des armes nucléaires et sur la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. L’Algérie estime que la création de zones exemptes d’armes nucléaires est de nature à renforcer la paix, a déclaré l’intervenant. Il a souligné que son pays avait activement contribué à l’élaboration et à l’adoption du Traité de Pelindaba pour une zone exempte d’arme nucléaire en Afrique, qu’elle a ratifiée en 1998.
Il a ajouté que son pays était préoccupé par l’absence de progrès dans la mise en place d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. L’Algérie exhorte la communauté internationale à adresser un signal fort pour demander à Israël de se conformer à la légalité internationale et de lever le principal, voire l’unique, obstacle à la création d’une telle zone, a-t-il déclaré.
Le représentant de l’Algérie a par ailleurs rappelé que son pays avait accueilli dernièrement la cérémonie de lancement de l’Observatoire des mines antipersonnel et avait abrité au cours de cette année deux ateliers portant sur la Convention pour l’interdiction des armes chimiques. L’Algérie compte déposer un projet de résolution portant sur « le renforcement de la sécurité et de la coopération dans la région de la Méditerranée », a-t-il ajouté.
M. PHILIP RICHARD O. OWADE (Kenya) a réaffirmé la fidélité de son pays aux trois piliers consacrés par le TNP, à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et le droit à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Poursuivant, il a expliqué que la relation entre désarmement et développement ne saurait être minimisée ou négligée. Il a regretté à cet égard que des ressources aussi importantes continuent d’être allouées aux budgets militaires des pays, et ce aux dépens du développement socioéconomique. Le représentant a insisté sur le fait que le développement ne pouvait aller sans sécurité et inversement. Le respect des droits humains présuppose le développement et la sécurité. Le représentant a ensuite salué le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux sur le courtage illicite des ALPC et rappelé que le Kenya, signataire de la Déclaration de Nairobi, jouait un rôle actif dans la lutte contre la prolifération des ALPC en Afrique de l’est et dans les pays de la corne de l’Afrique et de la région des Grands Lacs. Il a ainsi mentionné la qualité des travaux menés conjointement avec les États Membres concernés dans le cadre du Centre régional sur les ALPC.
M. LAWRENCE OBISAKIN (Nigéria), au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé toutes les délégations à montrer leur volonté politique de faire des progrès en matière de désarmement et de non-prolifération. Il a exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à s’engager à arrêter l’amélioration qualitative, le développement, la production et le stockage d’ogives nucléaires. En attendant l’élimination totale de ces armes, un instrument international juridique contraignant devrait être établi selon lequel, les États dotés de l’arme nucléaire s’engageraient à ne pas utiliser ou à menacer d’utiliser leurs armes nucléaires contre des États non nucléaires, a déclaré M. Obisakin.
Le Groupe africain réitère son soutien à l’élimination totale de tous les essais nucléaires, a—t-il dit. Il juge nécessaire d’arriver à l’universalisation du TICE, a ajouté M. Obisakin. En attendant, le Groupe africain juge important que le moratoire sur les essais soit maintenu, a-t-il dit. Le Groupe salue l’augmentation récente du nombre de signatures et de ratifications du traité. Le Groupe africain salue également les progrès des travaux de la Conférence du désarmement et espère qu’un accord sera obtenu pour démarrer le travail de fond, a dit M. Obisakin.
Il a précisé que le Groupe africain réitérait son soutien au concept de zones exemptes d’armes nucléaires. Il a appelé à la ratification du Traité de Pelindaba, sur la création d’une telle zone en Afrique, par le nombre requis d’États, afin que le Traité puisse entrer en vigueur sans délai. M. Obisakin a également appelé les États à prendre les mesures appropriées pour empêcher le déversement de déchets nucléaires, chimiques et radioactifs qui irait à l’encontre de la souveraineté des États.
Le Groupe africain souhaite par ailleurs une application complète du Programme des Nations Unies d’action pour lutter contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre dans le but de promouvoir la sécurité et le développement de nombreux pays en développement, en particulier ceux d’Afrique, a-t-il dit.
Il a ajouté que le Groupe africain saluait les conclusions du mécanisme consultatif appelant à une réorganisation du centre régional en Afrique sur le désarmement afin que celui-ci puisse fonctionner de manière efficace.
M. TAWFEEQ ALMANSOOR (Bahreïn) a estimé que les stratégies de prévention d’acquisition d’armes de destruction massive par des groupes terroristes avaient eu pour effet de créer des tensions et de peser finalement sur la sécurité du monde. Évoquant le TNP, il a estimé que l’application de cet instrument devait s’effectuer sans le soumettre à quelques exemptions ou exceptions que ce soit. Il a ajouté que les États non dotés de l’arme atomique devaient recevoir comme prévu les garanties de sécurité négatives juridiquement contraignantes auxquelles ils ont droit. En ce qui concerne l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, le représentant a prié la communauté internationale et les Nations Unies d’exercer les pressions nécessaires à l’adhésion par Israël au TNP, ce pays étant le seul de la région à n’être pas encore partie au Traité. Il a par ailleurs souhaité que le dossier du nucléaire iranien trouve une issue diplomatique afin d’épargner à la région du Golfe davantage de tensions. Selon lui, apporter la preuve du bien-fondé du programme nucléaire de la République islamique d’Iran serait un gage de confiance sur lequel les pays pourraient s’appuyer pour tirer profit en toute transparence de l’énergie nucléaire.
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