AG/DSI/3341

LES INSTRUMENTS DU RÉGIME DE NON-PROLIFÉRATION DOIVENT ÊTRE RENFORCÉS, CONVIENNENT LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION

9/10/2007
Assemblée généraleAG/DSI/3341
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

3e séance – matin


LES INSTRUMENTS DU RÉGIME DE NON-PROLIFÉRATION DOIVENT ÊTRE RENFORCÉS, CONVIENNENT LES DÉLÉGATIONS DE LA PREMIÈRE COMMISSION


Les États-Unis évoquent la possibilité d’un « nouvel environnement en matière de sécurité »


Au deuxième jour de leur débat général, les délégations de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ont de nouveau souligné l’importance de revitaliser le régime de non-prolifération des armes de destruction massive (ADM).  Pour nombre de délégations, l’universalisation du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et l’ouverture de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement, contribueraient à redonner un élan au désarmement international et à restaurer la confiance interétatique.


Plusieurs délégations ont rappelé que les Etats dotés d’armes nucléaires doivent faire des efforts dans la réduction de leurs arsenaux, dans la perspective d’un désarmement complet.  L’Afrique du Sud a ainsi considéré qu’une sécurité authentique ne peut pas être atteinte par les États non nucléaires sans que leur soient données des assurances de sécurité par les États qui possèdent la bombe.  La République de Corée a déploré que ces États sapent la crédibilité du TNP en n’appliquant pas pleinement l’article 6 de cet Instrument relatif à l’élimination de leurs arsenaux.


Les États-Unis sont intervenus pour faire entendre leur voix sur ces questions.  Mme Christina Rocca a précisé la position de son pays dans la gestion multilatérale des dossiers nucléaires de la République islamique d’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Les États-Unis, a-t-elle dit, sont pleinement engagés dans les actions entreprises collectivement pour trouver une issue diplomatique à ces crises.  S’agissant de la République islamique d’Iran, Mme Rocca a affirmé qu’en conséquence du refus de ce pays de se conformer à ses obligations internationales, les États-Unis croient que le Conseil de sécurité doit aller plus loin et adopter une troisième résolution imposant des sanctions supplémentaires.


Christina Rocca a ensuite attiré l’attention sur l’établissement de ce qu’elle a qualifié de « nouvel environnement en matière de sécurité », estimant à ce sujet que le TNP visait le désarmement nucléaire complet sans tenir compte de l’environnement.  Elle a ajouté que tant que les États ne seront pas parvenus à créer un environnement international stable justifiant le démantèlement complet de tous les arsenaux nucléaires, les États-Unis continueront d’assurer une protection à leurs alliés.


La lettre même du TNP a suscité de nombreux commentaires.  La délégation du Kazakhstan, notamment, a jugé que le Traité, qui ne prévoit que des sanctions applicables contre les États non dotés de l’arme nucléaire, était « dissymétrique ».  Selon la représentante de ce pays, ce déséquilibre est une incitation pour que ces États acquièrent des ADM.


Pour ce qui est de la lutte contre la prolifération des armes classiques, M. Streuli, de la Suisse, a souhaité que soit conclu un nouvel instrument de droit humanitaire adressant de manière « ambitieuse, globale et équilibrée » la problématique des bombes à sous-munitions.  Comme la majorité des délégations qui avaient pris la parole hier, le délégué a réaffirmé à son tour l’adhésion de son pays au projet de traité sur le commerce des armes classiques.


En fin de séance, la RPDC a exercé son droit de réponse. M. Ryong a rejeté les critiques du Japon et du Portugal, qui s’étaient exprimés hier, le second au nom de l’Union européenne.  Il a en particulier estimé que les références à l’essai nucléaire réalisé par son gouvernement un an jour pour jour était inutiles.


Le délégué du Japon, M. Tarui, a répondu que sa déclaration ne constituait en aucun cas une critique.  « Nous avons seulement décrit l’historique des Pourparlers à Six et rien de plus », a-t-il dit.


Outre ceux déjà cités, les pays suivants ont pris la parole: Canada, Islande, Australie, Ukraine, Myanmar, au nom de l’ANASE; Turquie, Honduras, Argentine, République-Unie de Tanzanie et Togo.


La Première Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 10 octobre, à 10 heures.


D é bat g é n é ral


M. MARIUS GRINIUS (Canada) a estimé que les travaux de la Première Commission revêtaient une importance particulière étant donné la conjoncture actuelle.  Il a relevé des progrès constructifs sur un certain nombre de dossiers importants comme l’Accord auquel est parvenu en juin le Groupe d’experts gouvernementaux de l’ONU sur « la vérification sous tous ses aspects ».


Il a noté également des progrès modestes mais néanmoins importants dans les discussions sur les armes classiques, sur la non-prolifération nucléaire et sur les armes biologiques.  Il a relevé aussi des progrès dans le domaine des armes légères et de petit calibre et des avancées notables vers la négociation éventuelle d’un traité sur le commerce des armes.  Le Canada plaide pour l’universalisation du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), de la Convention sur les armes chimiques, de la Convention sur les armes biologiques et à toxines, et de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, a dit M. Grinius.  Il a relevé que les progrès dans les domaines de la non-prolifération, du contrôle des armements et du désarmement sont entravés par les conflits et les tensions dans des régions telles que l’Asie du Sud et le Moyen-Orient.


Le Canada demeure fortement préoccupé par la nature et l’étendue du programme nucléaire iranien, ainsi que par le défaut de l’Iran à honorer ses obligations internationales, a déclaré le représentant du Canada.  Concernant la République populaire démocratique de Corée, il a indiqué que son pays accueillait favorablement l’Accord du 13 février et la fermeture en juillet de la centrale nucléaire de Yongbyon.  Il a toutefois estimé que de nombreux aspects devaient encore être négociés en ce qui concerne la neutralisation et le démantèlement de toutes les installations nucléaires existantes.  Le Canada continue d’exhorter tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), a dit M. Grinius.


Il a rappelé que le Canada et ses partenaires du G-8 avaient réaffirmé leur soutien en juin aux efforts en cours afin de lever l’impasse qui paralyse la Conférence du désarmement.  D’ici l’horizon 2008, il apparaît clairement que cette instance suscite encore des espoirs, a-t-il dit.  Il a ajouté que le Canada ferait tout pour qu’une décision soit prise par la Première Commission en ce qui concerne un traité d’interdiction de la production des matières fissiles.


M. HJÁLMAR W. HANNESSON (Islande) a regretté la lenteur ces dernières années des progrès en matière de désarmement et de non-prolifération.  Il a estimé qu’il fallait redoubler d’efforts pour faire entrer en vigueur et renforcer les accords existants et négocier de nouveaux accords.  L’Islande considère que l’entrée en vigueur du TICE est cruciale pour arrêter la dépendance à l’égard des armes de destruction massive, a-t-il dit.  Il a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier ce traité au plus tôt.  M. Hannesson a regretté par ailleurs que les résultats de la Conférence d’examen du TNP en 2005 aient été décevants.  De récents essais nucléaires, le dernier mené l’an dernier, et les initiatives de prolifération nucléaire, vont également dans le mauvais sens, a-t-il ajouté.


Toutefois, le représentant de l’Islande a souligné des avancées positives récentes, en particulier les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne et la décision, la semaine dernière par la Corée du Nord, de fermer son réacteur nucléaire de Yongbyon d’ici la fin de l’année.  Il a estimé d’autre part que l’arrangement négocié entre la République islamique d’Iran et l’AIEA était prometteur et qu’accompagné d’efforts diplomatiques, il pourrait aboutir au résultat escompté.


L’Islande considère qu’il faut relancer le dossier du désarmement et de la non-prolifération, a-t-il dit.  Son pays estime qu’un effort plus important et plus précis des États Membres est nécessaire.  M. Hannesson a salué la création du poste de Haut représentant pour les affaires de désarmement à l’ONU et a estimé que cela renforcerait la machinerie du désarmement et de la non-prolifération.


M. JÜRG STREULI (Suisse) a expliqué que, cette année, son pays avait présidé la Conférence du désarmement (CD) et que les débats tenus à Genève avaient été substantiels, rapprochant cet organe du consensus sur son programme de travail.  Le défi qui attend les présidents de la session 2008, a-t-il dit, sera de réussir à faire le dernier pas afin que la CD puisse retrouver le chemin des négociations, notamment sur un traité d’interdiction des matières fissiles.  Outre ce traité, la revitalisation de la CD permettrait également de commencer les discussions de fond sur la militarisation de l’espace ou les assurances de sécurités négatives, a ajouté le représentant.  M. Streuli a fait ensuite part de sa déception quant à la première session du Comité préparatoire de la Conférence d’examen de 2010 du TNP.  Selon lui, le débat de fond a mis en évidence l’accentuation du fossé entre États dotés de l’arme nucléaire voulant mettre l’accent sur la lutte contre la prolifération, et États non dotés de l’arme nucléaire voulant se focaliser sur le désarmement ou encore sur l’accès aux technologies nucléaires.  Pour sortir de cette impasse, le représentant a plaidé pour une approche étape par étape visant des objectifs réalisables.  Jürg Streuli a poursuivi sur la question nucléaire en notant une évolution encourageante s’agissant de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, illustrée par les négociations menées début septembre à Genève.


Pour ce qui concerne les autres armes de destruction massive, le représentant suisse a indiqué qu’alors que l’on célèbre cette année son dixième anniversaire, la Convention sur les armes chimiques, avec 182 États parties, est proche de l’universalité.  Il a ainsi appelé tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier cet instrument et le mettre scrupuleusement en œuvre au niveau national.  Passant ensuite à la lutte contre la prolifération des armes classiques, M. Streuli a souhaité que soit conclu un nouvel instrument de droit humanitaire adressant de manière « ambitieuse, globale et équilibrée » la problématique des bombes à sous-munitions.  Au plan des armes légères et de petit calibre (ALPC), il a affirmé que la Suisse restait pleinement engagée dans la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies.  En vue de la réunion biannuelle qui se tiendra l’année prochaine à New York, il a invité les États à envisager les mesures à prendre pour mettre en œuvre l’instrument de traçage et de marquage des ALPC adopté il y a plus de deux ans par l’Assemblée générale.  Enfin, Jürg Streuli a renouvelé l’assurance de l’adhésion totale de la Suisse concernant le projet de traité sur le commerce des armes classiques.


M. ROBERT HILL (Australie) a regretté que malgré quelques modestes progrès, les forums multilatéraux sur le contrôle des armements ne répondent pas encore aux attentes placées en eux.  Il s’est inquiété également du non-respect de certains traités par des États Membres.


L’Australie salue l’implication du Conseil de sécurité dans les questions de sécurité internationale les plus importantes, a déclaré M. Hill.  Il a jugé que ce leadership était vital pour résoudre notamment le non-respect par l’Iran de ses obligations à l’égard du TNP et de l’AIEA, et pour résoudre la question des programmes d’armes nucléaires de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Le représentant a salué les progrès sur la question nucléaire coréenne et a espéré que les discussions entre la RPDC et les autres pays participants aux Pourparlers à Six continueront à être positives.  M. Hill a salué également le Conseil de sécurité d’avoir permis, à travers des résolutions comme la résolution 1540, d’élever la barre dans la lutte contre la prolifération des armes les plus destructrices et pour empêcher qu’elles ne tombent entre les mains des terroristes.


Concernant la Convention d’interdiction des mines antipersonnel adoptée il y a une décennie, l’Australie attend d’entendre le 23 octobre le Groupe de travail chargé d’évaluer l’efficacité de cet instrument, a dit M. Hill.  L’Australie a l’intention de réintroduire une résolution concernant cette convention devant la Première commission, a-t-il ajouté.  L’Australie va aussi réintroduire sa résolution pour empêcher le transfert illicite, l’accès et l’utilisation non autorisés de systèmes portables de défense aérienne, a déclaré M. Hill.  Il a rappelé que la menace existe que ces systèmes soient utilisés par des terroristes.  Concernant les armes à sous-munitions, l’Australie souhaite également que des mesures soient prises, a-t-il souhaité.


M. KIM HYUNG CHONG (République de Corée) a déclaré que la prolifération des armes de destruction massive (ADM) et de leurs vecteurs représentait une menace croissante à la sécurité du monde.  Évoquant la possibilité crédible que des terroristes mettent la main sur de telles armes, le représentant a en outre déploré que le régime du TNP soit sapé par la non-conformité de certains de ses États parties et par le manque de volonté des puissances nucléaires de remplir leurs obligations au titre de l’article 6 du Traité relatif à l’élimination complète de leurs arsenaux nucléaires.  Pour M. Chong, il faut, pour sortir du blocage actuel, renforcer les composantes déjà existantes du régime de non-prolifération.  Le TNP doit devenir universel, a-t-il ainsi précisé, en souhaitant également que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur et que débutent rapidement des négociations sur un traité interdisant la production des matières fissiles.


Le représentant coréen a ensuite mis l’accent sur les récents progrès réalisés dans la gestion du dossier nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Les Pourparlers à Six, qui avaient abouti en 2005 à la Déclaration commune, ont permis le mois dernier à Beijing d’adopter l’Accord dit de « seconde phase » de la mise en œuvre de la déclaration, cette phase stipulant le démantèlement de l’essentiel des installations nucléaires nord-coréennes de Yongbyon et l’abandon complet et irréversible de tous les programmes nucléaires de la RPDC d’ici la fin de l’année.  M. Chong a annoncé que l’adoption de cet Accord permettra de passer à la phase effective de démantèlement l’année prochaine.  Il a en outre indiqué que son pays continuera de coopérer étroitement avec toutes les parties prenantes afin que la mise en œuvre de l’Accord s’effectue de la manière la plus souple possible.


Mme GLAUDINE MTSHALI (Afrique du Sud) a regretté que plusieurs tentatives pour atteindre un consensus mondial sur les armes de destruction massive aient échoué.  Elle a relevé au contraire l’émergence d’une multitude d’initiatives unilatérales ou plurilatérales qui vont à l’encontre des valeurs du système multilatéral.  Malgré cela, l’Afrique du Sud espère que la Première Commission contribuera cette année à l’obtention d’un consensus, a-t-elle ajouté.


L’Afrique du Sud s’inquiète du nombre très important d’armes de destruction massive qui continuent d’être déployées et stockées à travers le monde, ainsi que des doctrines de sécurité envisageant leur utilisation, a poursuivi Mme Mtshali.  Elle a regretté que les États dotés de l’arme nucléaire n’aient pas respecté leurs engagements en matière de désarmement.  L’Afrique du Sud considère qu’une sécurité authentique ne peut pas être atteinte par les États non nucléaires sans que leur soient données des assurances de sécurité par les États détenteurs de la bombe.


Mme Mtshali a évoqué la proposition de coopération nucléaire civile avec l’Inde et a estimé qu’il fallait s’assurer que cela ne pèse pas sur le régime de désarmement et de non-prolifération.  L’Afrique du Sud considère que l’application pacifique de l’énergie nucléaire est importante pour les pays en développement étant donné le besoin urgent d’une croissance économique durable et accélérée, a dit Mme Mtshali.  Son pays considère que l’AIEA doit obtenir les moyens nécessaires pour renforcer sa coopération technique avec les pays en développement dans le cadre de cette augmentation de l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, a-t-elle ajouté.


Par ailleurs, l’Afrique du Sud considère qu’un traité sur les matières fissiles qui répond aux objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaire doit être négocié rapidement, a dit l’intervenante.  Concernant les armes chimiques, l’Afrique du Sud appelle les pays qui en possèdent à poursuivre activement leur destruction, a-t-elle ajouté.


Mme Mtshali a précisé par ailleurs que son pays s’associait aux déclarations du Mexique au nom de la Coalition pour un nouvel agenda et de Cuba au nom du Mouvement des non alignés.


M. WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar) au nom de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), a plaidé pour l’universalisation du TNP et du TICE. Le représentant a insisté sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre et de manière non discriminatoire le TNP, les puissances nucléaires, en particulier, devant respecter les engagements pris au titre l’Article VI du Traité relatif à l’élimination de tous les arsenaux nucléaires.  Pour ce qui concerne les risques de prolifération des missiles de longue portée, le représentant a indiqué que les pays de l’ANASE étaient en faveur d’une approche globale et qu’ils estimaient que l’entrée en vigueur du Traité de Moscou entre la Fédération de Russie et les États-Unis sur la réduction des armes stratégiques offensives est « une étape importante sur la voie de la réduction des armes nucléaires stratégiques ».


S’agissant des autres armes de destruction massive, le représentant a appelé tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier la Convention sur les armes chimiques, adoptée il y a 10 ans au Siège, à New York.  M. Lwin s’est par ailleurs dit convaincu que l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires marquait un progrès en vue d’atteindre l’objectif final de désarmement nucléaire complet.  L’ANASE, a-t-il dit, a établi l’une de ces zones en Asie du Sud-Est le 15 décembre 1995 afin de promouvoir la paix et la stabilité dans la région, le Traité afférent étant entré en vigueur le 27 mars 1997.  Il est à présent essentiel quel les États nucléaires signent le protocole annexé au Traité pour que celui-ci devienne pleinement opérationnel et effectif, a encore dit le représentant.  Toujours au plan régional, il a souligné que les pays de l’ANASE attachaient une importance particulière aux mesures de confiance, des mesures concrètes de sécurité étant prises dans ce sens au sein du forum régional de l’Association.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a regretté l’absence de réels progrès en matière de non-prolifération nucléaire en raison de l’absence de consensus international.  Elle a estimé que le TNP était dissymétrique car il envisageait des sanctions seulement applicables aux États non dotés de l’arme nucléaire.  Elle a jugé que les États dotés de l’arme nucléaire devraient donner l’exemple: réduire leurs arsenaux et y renoncer.


Mme Aitimova a rappelé que la population du Kazakhstan avait connu les effets horribles des explosions nucléaires, 456 explosions ayant été menées dans le polygone d’essais de Semipalatinsk.  Elle a rappelé que c’est pour cette raison qu’au moment de son indépendance, le Kazakhstan a fermé ce site et a renoncé à son arsenal nucléaire qui était le quatrième potentiel de missiles nucléaires au monde.  Le Kazakhstan appelle les États dotés d’armes nucléaires à réduire davantage leurs arsenaux nucléaires, a-t-elle dit.


Elle a indiqué que cette année, la Fédération de Russie et le Kazakhstan avaient signé un accord créant un centre conjoint d’enrichissement de l’uranium, une première possible avancée vers une « banque » internationale de combustible nucléaire qui découragerait des pays de développer leurs propres programmes d’enrichissement de l’uranium.


Le Kazakhstan soutient la décision d’accélérer la finalisation des négociations pour conclure le traité sur les matières fissiles, a dit l’intervenante.  Le Kazakhstan considère par ailleurs qu’il est nécessaire de renforcer les compétences de l’AIEA, a-t-elle déclaré.  Son pays juge aussi nécessaire un renforcement de la Convention sur les armes biologiques à laquelle le Kazakhstan a adhéré en 2007, a-t-elle ajouté.


Le Kazakhstan salue l’intention de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de « démanteler » les installations de son complexe nucléaire de Yongbyon et de fournir une déclaration complète de tous ses programmes nucléaires d’ici la fin de l’année, a dit Mme Aitimova.  Elle a estimé que l’accord obtenu au cours du dernier cycle de Pourparlers à Six était une étape vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne.


Le Kazakhstan considère que la communauté internationale devrait promouvoir l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde, a déclaré l’intervenante.  Elle a rappelé que le Kazakhstan avait adhéré au Traité d’une zone exempte d’arme nucléaire en Asie centrale en septembre 2006.


Elle a ajouté que son pays avait l’intention de devenir membre du Régime de contrôle des technologies de missile.  Il prend des mesures pour renforcer et améliorer son système de contrôle des exportations.  L’intervenant a rappelé que le Kazakhstan avait des capacités scientifiques et technologiques en ce qui concerne des systèmes de missiles et spatiaux et que le site de Baïkonour était l’un des plus grands sites mondiaux de lancement.  Elle a regretté que la demande d’adhésion de son pays au Régime de contrôle n’ait pas encore été acceptée.


M. BAKI ILKIN (Turquie) a estimé que la communauté internationale devait veiller à ce que les moyens traditionnels de désarmement et de non-prolifération demeurent effectifs et pertinents face aux nouveaux défis mondiaux qui se posent dans les domaines de la sécurité internationale.  C’est en ce sens que le représentant a plaidé en faveur de l’universalisation des instruments existants, de leur pleine application et de leur renforcement.  M. Ilkin a ainsi affirmé que le TNP était la pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire et que ses trois piliers –le désarmement nucléaire, la non-prolifération et le droit aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaires– devaient être respectés.  Nous continuerons à œuvrer de manière constructive en vue d’une issue substantielle à la Conférence d’examen des États parties au Traité qui se tiendra en 2010.


Évoquant ensuite la Conférence du désarmement (CD), le représentant turc s’est dit encouragé par l’intensité des débats tenus cette année à Genève, la présidence de son pays n’ayant pas ménagé sa peine pour avancer sur la voie d’une reprise rapide des négociations devant conduire à la finalisation d’un traité d’interdiction des matières fissiles.  M. Ilkin a par ailleurs formé le souhait qu’une solution pacifique soit trouvée à la crise de confiance opposant la République islamique d’Iran et la communauté internationale.  Il a salué les récents progrès accomplis dans le cadre des Pourparlers à Six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, et indiqué que la Turquie continuerait d’assumer ses responsabilités dans la gestion diplomatique de ce dossier.  Il a ajouté que son pays continuerait également de soutenir la conclusion d’un traité sur le commerce des armes classiques, la lutte contre la prolifération des systèmes de défense aérienne portatifs (MANPADS).  M. Ilkin a conclu son intervention en appelant à l’universalisation de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.


M. IVAN ROMERO-MARTINEZ (Honduras) a estimé que la sécurité internationale dépendait des avancées en matière de désarmement et de non-prolifération.  Il a salué la création de zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde et a estimé que ce type d’initiative méritait un appui.


Le Honduras estime qu’un instrument juridique pour lutter contre le commerce des armes légères serait utile, a déclaré M. Romero-Martinez.  Son pays condamne toutes les formes de terrorisme, a-t-il aussi dit.  Il a estimé important d’empêcher l’accès des terroristes à des armes.


Concernant le déminage, l’intervenant a déclaré que son pays était pionnier en matière de déminage et œuvrait à l’élimination de ces armes encore dans son sol. De manière générale, le Honduras regrette que tant de milliards soient dépensés dans la course aux armements alors qu’il y a tant de pauvreté à travers le monde.


Mme CHRISTINA ROCCA (États-Unis) a tenu à répondre aux critiques en indiquant que son pays avait, au cours des dernières années, doublé les fonds qu’il consacre au démantèlement de ses têtes nucléaires, contribuant ainsi au renforcement des normes de non-prolifération des armes de destruction massive.  La représentante s’est ensuite livrée à une longue démonstration relative aux initiatives de désarmement américaines.  Notamment, elle a affirmé que d’ici à 2012, les stocks d’armes nucléaires des Etats-Unis auront été réduits à près d’un quart de ce qu’ils étaient à la fin de la guerre froide.  Sous l’égide du Traité START, les États-Unis ont éliminé plus de 1 000 missiles stratégiques et bombardiers et 450 dispositifs de lancement de missiles balistiques intercontinentaux en silo, a ajouté Mme Rocca.  Évoquant les initiatives bilatérales avec la Fédération de Russie, la représentante a ensuite indiqué que le dialogue dans le domaine stratégique entre les deux pays avait pour but de préparer l’après-START, le Traité expirant en 2009.  Elle a expliqué que les termes de ce traité datant de la Guerre froide, il fallait trouver de nouveaux concepts pour en revitaliser le fond et revitaliser la relation en matière de sécurité liant les États-Unis et la Fédération de Russie.  À ses yeux, la confiance à travers l’échange transparent d’information est indispensable pour prévenir tout risque d’accident de guerre nucléaire.


Mme Rocca a ensuite mis l’accent sur les solutions multilatérales à mobiliser dans la gestion des dossiers nucléaires de la République islamique d’Iran et de la république populaire démocratique de Corée (RPDC).  Les États-Unis, a-t-elle dit, sont pleinement engagés dans les actions entreprises collectivement pour trouver une issue de sortie diplomatique à ces crises.  Citant les récentes avancées obtenues dans le cadre des Pourparlers à Six auxquelles participent les États-Unis, la représentante s’est félicitée de ce que les autorités de la RPDC se soient engagées à faire des dispositions de la Déclaration commune de 2005, qui prévoient la dénucléarisation de la péninsule coréenne et le retour de la RPDC au TNP et au régime de sauvegarde de l’AIEA, une réalité.  En ce qui concerne la République islamique d’Iran, Mme Rocca a affirmé que l’adoption à l’unanimité des résolutions 1737 et 1747 du Conseil de sécurité de l’ONU démontrait l’unité de la communauté internationale sur ce dossier.  En conséquence du refus de l’Iran de se conformer à ses obligations internationales, nous croyons que le Conseil de sécurité doit aller plus loin et adopter une troisième résolution imposant des sanctions supplémentaires.  La représentante a poursuivi en soulignant le fait que le Traité de non-prolifération (TNP), pierre angulaire du régime de non-prolifération des armes nucléaires, était confronté à des défis terribles, le plus important étant le non respect des dispositions de non-prolifération les plus nettes.


Mme Rocca a poursuivi en attirant l’attention sur la résolution 1540 du Conseil de Sécurité qui, selon elle, fournit un excellent exemple sur la manière dont la communauté internationale peut mettre en place des outils efficaces pour combattre ensemble la prolifération.  Elle a fait état non seulement des bénéficies immédiats d’une pleine application de cette résolution, à savoir un renforcement de la sécurité internationale, mais a aussi souligné que dans ce processus, les États développaient leurs capacités dans des domaines prioritaires comme celui du contrôle des exportations ou de la réponse aux risques de santé publique.


La représentante américaine a par ailleurs attiré l’attention sur l’Initiative globale pour commettre le terrorisme nucléaire qui, a-t-elle précisé, vise à renforcer les capacités des pays pour détecter d’éventuelles armes nucléaires susceptibles de tomber entre les mains de groupes non étatiques, ainsi que les dispositifs juridiques des pays partenaires.  Mme Rocca a par ailleurs appelé à la création d’un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins militaires dans le cadre de la Conférence du désarmement, soumis selon elle à des blocages du au manque de souplesse et de volonté politique des certains États membres.


Mme Rocca a ensuite relevé ce qu’elle a qualifié de « nouvel environnement en matière de sécurité.»  Le TNP, a-t-elle dit, envisage le désarmement nucléaire complet sans tenir compte de l’environnement sécuritaire international.  Pour la représentante américaine, les armes nucléaires sont pertinentes dans le monde actuel, et cette pertinence n’est pas incompatible avec les termes du Traité.  Elle a ajouté que tant que les États ne seront pas parvenus à créer un environnement international sûr permettant le démantèlement des arsenaux nucléaires, les États-Unis continueront d’assurer à leurs alliés une protection qui, d’ailleurs, a contribué à ralentir la prolifération. L’intervenante a expliqué ce qui permettait de définir un environnement sûr, citant notamment le respect de leurs obligations internationales par tous les États, efforts communs de toutes les nations pour garantir que leur territoire n’offre pas d’asile aux terroristes ou n’est pas utilisé pour les trafics d’armes de destruction massive ou de matériels nécessaire à leur production.  Mme Rocca a renchéri en disant que la souveraineté des États devait finalement prévaloir, la responsabilité leur revenant d’agir contre la prolifération des armes de destruction massive.


M. JORGE ARGUELLO (Argentine) a relevé l’impasse dans laquelle se trouvaient les organes de désarmement mais a estimé qu’il était possible de relancer leurs travaux.  L’Argentine appuie les efforts du Secrétaire général en la matière, a-t-il ajouté.


Concernant les armes de destruction massive, il a souligné que l’Argentine était reconnue pour son rôle actif dans l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  L’Argentine développe, consomme et exporte de l’énergie nucléaire en respectant strictement le TNP, a-t-il relevé.  Il a appelé les États dotés d’armes nucléaires à montrer leur volonté d’achever l’élimination de telles armes.


M. Arguello a souligné que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes étaient des pionniers dans l’application des mesures de confiance pour diminuer les risques de confrontation militaire.  Il a précisé que l’Argentine présentait une résolution ayant pour objectif de renforcer l’échange d’information sur les mesures de confiance dans le domaine des armes conventionnelles.  Il a appelé à lutter contre le commerce international des armes.


L’intervenant a par ailleurs affirmé que son pays s’associait aux déclarations de la République dominicaine au nom du Groupe de Rio et à celles que fera l’Uruguay au nom du Mercosur.


M. AUGUSTINE P. MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que son pays considérait les questions de désarmement comme essentielles pour la paix, la sécurité et le développement.  Nous comptons sur la Première Commission pour avancer sur ces questions ainsi que sur les autres organes onusiens formant l’édifice international du désarmement.  Le représentant a salué la qualité des discussions qui ont eu lieu lors de la session du Comité préparatoire à la Conférence d’examen des États parties au TNP de 2010.  Ces progrès sont encourageants, a-t-il estimé, même si la présence excessive d’arsenaux nucléaires et la tendance de certains pays à acquérir davantage d’armes sophistiquées font peser de lourdes menaces sur la sécurité internationale.  M. Mahiga a ajouté qu’en dépit de ce contexte tendu, son pays restait un ardent défenseur du droit à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, en particulier dans les pays en développement.  Il a également fait part de la volonté de la Tanzanie de relancer le processus international de lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC), qui pourrait être renforcé via le traité sur le commerce des armes classiques.


M. VASYL POKOTYLO (Ukraine) a estimé que le renforcement des normes et des instruments pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive restait une priorité.  Il a ajouté que la Stratégie de sécurité européenne fournissait une bonne base pour aboutir à des actions concrètes en la matière.


L’Ukraine considère que le Traité sur la-non prolifération des armes nucléaires était plus vital que jamais, a dit M. Pokotylo.  Selon lui, les États signataires du Traité ont un droit inaliénable à développer, produire et utiliser l’énergie nucléaire dans un but pacifique.  L’Ukraine reconnaît le rôle particulier de l’AIEA et soutient le renforcement de son efficacité, a-t-il ajouté.  M. Pokotylo a également estimé qu’il était temps de reprendre les efforts pour établir un mécanisme similaire dans le cadre de la Convention sur les armes biologiques.  L’Ukraine, qui préside actuellement le deuxième Comité préparatoire sur le TNP, a l’intention d’organiser des consultations informelles avec tous les États signataires du TNP, a-t-il dit.


Il a ajouté que l’Ukraine considérait comme très important l’universalisation TICE.  Elle juge également qu’avant l’entrée en vigueur du traité, le moratoire sur les essais doit être strictement respecté.  L’Ukraine appelle à la création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires en Asie du Sud, au Moyen-Orient et dans d’autres parties du monde, a dit M. Pokotylo.


L’Ukraine est par ailleurs préoccupée par l’intention d’un État de suspendre l’application du Traité sur les armes conventionnelles en Europe, a-t-il dit.  L’Ukraine reconnaît que le Traité de 1990 ne correspond pas aux circonstances actuelles de sécurité en Europe.  Elle est prête à contribuer aux efforts destinés à régler ce problème, a-t-il ajouté.  Concernant la prolifération des  armes légères, l’Ukraine attache de l’importance à la destruction des stocks excessifs.


M. ROLAND KPOTSRA (Togo) a estimé que la Conférence des Nations Unies sur le désarmement était parvenue cette année à intensifier ses travaux, et a espéré que les États pourraient parvenir à la conclusion notamment d’un traité interdisant les matières fissiles.  Il a espéré également que les travaux préliminaires en vue de la négociation d’un traité sur le commerce des armes légères puissent aboutir à l’ouverture de négociations directes.  M. Kpotsra a estimé que les problèmes liés aux conflits régionaux en Afrique ou au Moyen-Orient accentuent le phénomène de la prolifération des armes légères.


Le représentant du Togo a salué les avancées notables opérées le 3 octobre dernier à Beijing, à l’issue des Pourparlers à Six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a appelé les parties concernées à poursuivre les efforts engagés afin que le dénouement de la question du nucléaire nord-coréen intervienne rapidement.  Concernant le programme nucléaire de la République islamique d’Iran, le Togo estime que toutes parties concernées doivent rechercher les voies et moyens les plus appropriés pour parvenir à un accord qui emporte l’adhésion de tous, y compris celle de l’Iran.  S’agissant du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, le Togo appelle les grandes puissances qui ne l’ont pas encore fait à devenir parties à cet instrument, a déclaré M. Kpotsra.


Quant aux armes légères et de petit calibre, le Togo considère que les initiatives régionales, telles que celle qui a abouti à l’adoption par la CEDEAO d’un traité sur les armes légères, méritent d’être encouragées et soutenues.  Le Togo appelle aussi à revitaliser le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, a-t-il ajouté.


Droits de réponse


La République populaire démocratique de Corée (RPDC) est intervenue en fin de séance pour rejeter les critiques émises selon elle hier par le Japon et le Portugal, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne.  Le ton proche de l’allégation de leurs discours pourrait inverser la situation positive actuelle que tous les États Membres saluent en ce qui concerne les pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a dit M. Ryong.  Ce dernier a estimé que les références à l’essai réalisé par son pays il y a tout juste un an étaient inutiles, sachant que cet essai fut pratiqué à des fins de légitime défense contre les menaces « d’étouffement » de la RPDC par les États-Unis.  La dissuasion, a ajouté le représentant, peut contribuer dans certains cas à la paix et à la sécurité.  Se tournant vers la délégation japonaise, M. Ryong a demandé à ce « participant aux Pourparlers à Six » de ne pas « jeter d’huile sur le feu, de ne pas ériger d’obstacles » si son but est véritablement de parvenir à la stabilisation de la région.


Le délégué du Japon a répondu en disant que sa déclaration d’hier ne constituait en aucun cas une critique mais un encouragement quant à la posture positive adoptée par la RPDC.  Nous avons demandé instamment à ce pays de respecter la résolution 1718 du Conseil de sécurité et de prendre des mesures concrètes en vertu de l’Accord de seconde phase visant la mise en œuvre de la Déclaration commune.  Nous avons seulement fait l’historique des Pourparlers à Six et rien de plus, a-t-il conclu.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.