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AG/10668

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES DÉLÉGATIONS PLAIDENT POUR LA TENUE EN SEPTEMBRE 2008 D’UN SOMMET POUR ACCÉLÉRER LA MISE EN ŒUVRE DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT

6/12/2007
Assemblée généraleAG/10668
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-deuxième session

63e séance plénière – après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: LES DÉLÉGATIONS PLAIDENT POUR LA TENUE EN SEPTEMBRE 2008 D’UN SOMMET POUR ACCÉLÉRER LA MISE EN ŒUVRE DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT


Plus que jamais, les pays en développement dépendent de la coopération des pays développés, ont souligné la majorité des délégations qui ont pris la parole cet après-midi à l’Assemblée générale et qui ont plaidé en faveur de la tenue, en 2008, d’un sommet pour accélérer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Cette séance faisait suite à une manifestation spéciale organisée dans la matinée au Conseil économique et social (ECOSOC) en présence du Président de l’Assemblée générale et de la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, ainsi que des économistes Joseph E. Stiglitz et Jagdish Bhagwati.  Des représentants de la société civile et du système des Nations Unies étaient également présents à cette occasion.


Il est ressorti de cette manifestation qu’à l’heure de la mondialisation, aucune économie ne peut s’isoler des risques qui se posent au niveau international, a résumé le Président de l’Assemblée générale à l’ouverture de ce bref débat.  La volatilité récemment observée sur les marchés financiers en témoigne, a fait observer M. Srgjan Kerim.


Pour sa part, le représentant du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué qu’un ralentissement économique et même un risque de récession étaient prévisibles en raison de déséquilibres économiques mondiaux persistants, de la chute du prix des matières premières et de la faiblesse du dollar.


C’est la raison pour laquelle le Président de l’Assemblée générale a expliqué que, partant du constat que la communauté internationale est à mi-chemin de la date butoir de 2015, seule une « croissance économique robuste », axée sur un développement durable pour atténuer les effets adverses des changements climatiques, pourrait permettre de réaliser, conformément au calendrier établi, les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Dans ce contexte, la plupart des intervenants, notamment le représentant du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont exhorté à nouveau les pays développés à renforcer leur aide publique au développement (APD), qui a été réduite entre 2005 et 2006.  Deuxième donateur mondial de l’APD, le Royaume-Uni propose de convoquer, l’an prochain, un sommet en marge du débat général de l’Assemblée, pour relancer la mise en œuvre des OMD, a indiqué son représentant, appuyé en ce sens par le Brésil.


Le représentant de l’Inde a contesté, en revanche, la déclaration du Royaume-Uni selon laquelle les pays en développement seraient maintenant mieux représentés au sein des institutions financières internationales, en particulier le FMI.  Outre l’accroissement de l’APD, c’est à une véritable réforme de ces institutions qu’il faut procéder, a-t-il appelé.


Le représentant du Pakistan a pour sa part souhaité que la prochaine évaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, qui aura lieu à Doha au Qatar, soit l’occasion de faire avancer l’accord sur la mobilisation de ressources plus substantielles pour la promotion du développement des pays du Sud.


La situation en Afrique, un continent accablé par le fardeau de la dette et la pauvreté, a tout particulièrement retenu l’attention des délégations.  Le représentant de l’Inde a identifié le maintien des droits de propriété intellectuelle comme étant un obstacle à l’émancipation de ces pays, dans la mesure où il freine le transfert de technologies à bas prix dont ils ont besoin.


La stratégie commune, qui doit être adoptée au cours du deuxième Sommet Union européenne-Afrique prévu le 8 décembre à Lisbonne, établira un partenariat à long terme entre les deux continents, a souligné à ce propos le représentant du Portugal, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne.


La prochaine séance de l’Assemblée générale se tiendra lundi 10 décembre à partir de 10 heures et sera consacrée aux océans et au droit de la mer.


SUITE À DONNER AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE: RÉUNION SPÉCIFIQUE PORTANT SUR LE DÉVELOPPEMENT


M. SRGJAN KERIM, Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a déclaré que le développement était l’un des trois grands piliers des actions des Nations Unies.  Ce matin, un dialogue a réuni à l’ECOSOC des représentants des États Membres, du monde académique, de la société civile et du système des Nations Unies sur cette question, a-t-il indiqué.  À cette occasion, la Vice-Secrétaire générale a évoqué le travail qu’accomplit le Secrétaire général pour améliorer la cohérence et l’efficacité des activités des Nations Unies dans le domaine du développement.  Une évaluation des tendances qui sont à l’œuvre dans le monde économique et social a été donnée par d’éminents économistes, a indiqué M. Kerim.  Dans une économie mondialisée, aucune économie ne peut s’isoler des risques qui se posent au niveau international, a poursuivi le Président.  La série d’instabilités que l’on a observée dans les marchés financiers prouve à la fois l’interdépendance et l’importance croissance de ces marchés.


Une croissance économique robuste est donc indispensable pour permettre la réalisation des OMD.  Ces Objectifs ont le mérite d’avoir attiré l’attention sur la nécessité de la lutte contre la pauvreté et de la promotion du développement humain.  Dans de nombreuses régions, des progrès ont été faits en direction des OMD, mais en Afrique subsaharienne, la pauvreté extrême a augmenté par rapport aux niveaux qu’elle atteignait au cours de la décennie précédente.  Des signes positifs sont cependant perceptibles, certains pays démontrant qu’il est possible de progresser vers les OMD en mettant en place des politiques gouvernementales fortes, a relevé le Président de l’Assemblée.  Par ailleurs, M. Kerim a déclaré que la recherche de solutions aux problèmes posés par les changements climatiques était une question de justice, dans la mesure où ce sont les plus pauvres, et ceux qui sont les moins responsables de l’émission de gaz à effet de serre, qui en subissent les conséquences.  Le rapport annuel du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur le développement humain nous lance à cet égard un clair avertissement, a-t-il rappelé.  Nous sommes parvenus à mi-chemin de l’objectif crucial de réaliser les OMD d’ici à 2015 et nous devons hâter la mise en œuvre des programmes qui permettraient de les atteindre, a-t-il ajouté.


M. DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a constaté des signes encourageants de recul de la pauvreté dans le monde et noté que la mise en œuvre de certaines initiatives commence à se traduire par des résultats positifs en matière de développement.  Mais beaucoup d’États ne connaissent pas de signes positifs d’évolution, surtout en Afrique subsaharienne, a-t-il regretté.  La stratégie à adopter doit donc être améliorée pour permettre à tous de profiter des succès déjà réalisés.  Pour accélérer les progrès, le Président de l’ECOSOC a appelé les pays en développement à élaborer des stratégies nationales de développement, qui visent notamment la création d’emplois décents.  Ces efforts doivent être soutenus par un financement suffisant dans le cadre du partenariat mondial, et grâce à une responsabilisation mutuelle, a-t-il ajouté.  Le Président de l’ECOSOC a aussi considéré nécessaire de parvenir à des progrès dans le cadre des négociations commerciales du Cycle de Doha, en augmentant l’accès aux marchés pour les pays en développement.  Les changements climatiques ont atteint un point critique et ont des conséquences dévastatrices partout dans le monde, a-t-il aussi relevé, et le nombre de personnes qui sont infectées chaque année par le VIH atteint 4 millions.


Le Conseil économique et social a adopté une Déclaration ministérielle qui souligne les problèmes liés aux changements climatiques et le déclin de l’APD pour 2006, a rappelé M. Čekuolis.  Neuf sur 10 des pays qui ont les indicateurs de développement humain les plus faibles ont connu un conflit au cours des années 1990 et sont bien loin de réaliser les objectifs de développement agréés au niveau international, a-t-il regretté.  Le Président de l’ECOSOC a appelé à les ramener sur le chemin du progrès pour leur permettre de parvenir à la réalisation des OMD.  Il faut unir nos efforts pour l’édification de la paix et de la sécurité, a-t-il ajouté.  Dans certains pays et régions, les stratégies de développement nationales donnent des résultats, mais ceux-ci sont trop lents à venir, a estimé M. Cekuolis, qui a appelé à accélérer la mise en œuvre de ces programmes de développement.  Il a aussi souhaité que le partenariat mondial soit plus efficace et que l’environnement économique mondial soit plus orienté vers le développement.  Il a demandé le renforcement du contrôle de la mise en œuvre des engagements pris au niveau mondial et a souhaité que les problèmes relatifs aux changements climatiques et à la désertification soient abordés de toute urgence.


Le grand nombre de pays qui ont accepté d’être soumis l’année prochaine à un examen par l’ECOSOC démontre le rôle central de cet organe pour l’évaluation de la mise en œuvre des programmes et des objectifs de développement, a poursuivi le Président du Conseil.  Le Forum biennal de haut niveau sur la coopération pour le développement, qui sera convoqué l’année prochaine, jouit d’une grande légitimité grâce à la participation de toutes les parties prenantes aux discussions et aux délibérations, y compris la société civile.  Le défi qu’il devra relever consistera à fournir un cadre élargi d’expression des vues des pays en développement.  Le Président a misé sur ce forum en espérant qu’il contribuera au dialogue mondial sur les questions de coopération pour le développement.  Nous nous réunissons au moment de la présentation officielle de l’agenda de développement de l’ONU, a rappelé le Président de l’ECOSOC, qui a souligné le rôle renouvelé du Conseil pour faire avancer de façon énergique la réalisation des OMD d’ici à 2015.


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. FARUKH AMIL (Pakistan) a rappelé qu’un ralentissement économique et même un risque de récession étaient prévisibles en raison de déséquilibres économiques mondiaux persistants, de la chute du prix des matières premières et de la faiblesse du dollar.  Même si cette tendance ne semble pas aussi prononcée qu’elle le semblait initialement, elle est l’occasion pour la communauté internationale de réfléchir à une action concertée en vue de hâter la promotion de la prospérité économique des pays en développement.  Malgré les efforts que ceux-ci ont déployés, nombreux sont ceux qui sont encore accablés par le fardeau de la pauvreté, a regretté le représentant.  Le Groupe des 77 et de la Chine plaide depuis longtemps pour une réforme globale du système financier international et de l’architecture de sa gouvernance.  Les décisions qui concernent l’ensemble de l’humanité continuent encore trop souvent d’être prises par une petite minorité de gens au sein de forums réservés où seuls les pays les plus riches ont la parole.  La réforme à mener doit englober la création de liquidités, une révision des mécanismes des droits de tirage spéciaux, l’aide au développement, la question de la dette, les investissements étrangers directs et les portefeuilles d’investissements, a  proposé le représentant du Pakistan.


Dans le contexte actuel, le maintien et l’augmentation de l’aide publique au développement demeurent indispensables, a souligné le représentant.  Or, en dépit des engagements qui promettaient 50 milliards de dollars supplémentaires à l’APD, le déclin de cette aide que l’on a observé l’an dernier et la forte dépendance des pays à l’égard du rééchelonnement et de l’annulation de la dette sont de réelles sources de préoccupation.  La prochaine évaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, qui aura lieu à Doha au Qatar, doit être une opportunité pour faire avancer l’accord sur la mobilisation de ressources plus substantielles pour la promotion du développement des pays du Sud.


Des mesures sont d’autre part indispensables pour surmonter le fossé technologique et la fracture numérique entre le monde développé et le monde en développement.  Le Groupe des 77 et la Chine aurait souhaité que cette réunion soit exclusivement consacrée à une évaluation des progrès accomplis l’an dernier dans le domaine économique international, qu’elle fasse à cet égard des recommandations concrètes, et qu’elle ait lieu en début de session et dans le cadre de son débat général, a ajouté la délégation assurant la présidence du Groupe des 77 et de la Chine.


M. JORGE DE LEMOS GODINHO (Portugal), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a constaté que les Nations Unies ont fait de grands progrès pour faire avancer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a cité les grandes réunions qui ont eu lieu sur ce thème, et a rappelé que chaque pays était responsable de son propre développement, réaffirmant l’engagement de l’Union européenne à l’égard des OMD et son appui aux pays en développement pour la mise en œuvre de leurs stratégies nationales de développement.  En 2002, nous avons adopté un échéancier pour que les États membres de l’Union européenne atteignent la barre qu’ils s’étaient fixée de verser 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement (APD) d’ici 2015, avec un objectif intermédiaire de 0,39% en 2006, que l’Union européenne a atteint.  En 2005, avant le Sommet mondial, l’Union européenne a reconfirmé ses engagements et établi un nouvel objectif intermédiaire de 0,56% d’ici 2010.  L’Union européenne a aussi établi de nouveaux objectifs en faveur de l’Afrique.  Cinquante-sept pour cent de l’APD mondiale est fournie par l’Union européenne, a-t-il souligné.


L’Afrique est au cœur de la politique de développement de l’Union européenne, a poursuivi le représentant.  Ce continent contient un grand potentiel, comme l’illustre sa croissance économique, qui dépasse 5%, mais il continue à souffrir du manque de ressources et de technologies.  Les effets des changements climatiques sont peu traités et l’Union européenne essaie d’aider les pays africains à relever ces défis.  La stratégie commune, qui doit être adoptée au cours du deuxième Sommet Union européenne-Afrique à Lisbonne dans quelques jours, fait la preuve de la relation à long terme entre les deux continents, a estimé M. de Lemos Godinho.  L’Union européenne se félicite de l’initiative du Secrétaire général de créer un groupe de réflexion sur les OMD en Afrique en vue d’accélérer la mise en œuvre des engagements en faveur des OMD.  L’UE appuie fermement l’achèvement rapide du Cycle de développement de Doha et la signature des accords de partenariat économiques.  Ces accords contribuent à promouvoir l’intégration progressive de l’économie des pays concernés dans le système des échanges mondiaux et, au final, permettent d’améliorer les conditions de vie, a estimé le représentant.  L’Union européenne essaye aussi de renforcer la sensibilisation sur la nécessité de la coopération, en mettant l’accent sur les changements climatiques.  La Conférence qui se tient à Bali est une occasion unique à saisir, car c’est le moment de faire avancer les négociations actuelles afin de prévoir un nouveau régime d’ici 2012.  L’année 2008 sera une année riche en réunions sur le développement, a enfin noté le représentant, en citant la CNUCED à Accra, au Ghana; la Conférence d’examen du Consensus de Monterrey, à Doha; et la Conférence sur les pays les moins avancés, qui permettront de renforcer les mesures adoptées par la communauté internationale.


M. TARIQ K. AL-FAYEZ (Arabie saoudite) s’est dit convaincu de la nécessité pour la communauté internationale de mieux coopérer avec les pays en développement.  Le Gouvernement de l’Arabie saoudite continue pour sa part à contribuer au développement des pays les moins développés (PMA) en les aidant en particulier à lutter contre la pauvreté extrême.  Il leur fournit également une aide matérielle pour leur permettre de développer leurs infrastructures, a dit le représentant.  Cette aide se fait dans le cadre d’accords bilatéraux et par l’intermédiaire d’institutions multilatérales et de fonds spécialisés, a-t-il précisé.  Le représentant a estimé que le développement durable représentait un élément important de la lutte contre la pauvreté, raison pour laquelle son gouvernement a fait tout récemment une annonce de contributions d’un montant de 300 millions de dollars à un fonds spécialisé du système de l’ONU.  S’efforçant de maintenir le dialogue entre les pays producteurs de pétrole et les autres, l’Arabie saoudite a cependant souligné qu’il y a une responsabilité commune de tous les États dans ce dialogue.  Le représentant s’est également félicité du rôle central déployé par les Nations Unies à l’appui des efforts de développement.  Il a enfin estimé que les efforts déployés pour réformer le système monétaire international devaient se faire de façon transparente.


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a souligné la nécessité pour la communauté internationale d’analyser de manière approfondie les migrations internationales, car les pays ne peuvent continuer à y faire face sans tenir compte des causes complexes et des effets de ce phénomène.  Il faudrait adopter une approche intégrée des migrations, afin d’encourager les contributions positives.  M. Heller a estimé qu’il est indispensable de dépasser la méthode d’une simple gestion des migrations et de reconnaitre que les marchés du travail ne peuvent être le seul point de référence de cette question.  Cette vision accorde une importance particulière à la coopération internationale pour protéger les migrants qui sont particulièrement vulnérables, a-t-il dit.  Le Mexique, a-t-il indiqué, appuie l’idée de créer une instance qui soit chargée de suivre ce phénomène, avec une ouverture politique et en se basant sur l’action.  Le représentant s’est félicité de la réunion qui s’est tenue à Bruxelles sur ce thème et a proposé d’établir un lien étroit entre ce forum et les Nations Unies afin de mieux coordonner les efforts.


La reconnaissance par certains pays de la nécessité des migrants pour leur économie ne s’accompagne pas toujours de la reconnaissance de leurs droits fondamentaux, a ensuite relevé M. Heller.  De l’avis de sa délégation, le lien croissant entre la migration, la sécurité et les frontières doit tenir compte du droit international et, en particulier des droits de l’homme.  Si la position du Mexique est partagée par de nombreux pays, d’autres ont exprimé leur réserve sous prétexte que cette discussion risquait d’être politisée.  Le représentant a encore insisté pour dire que toute politique qui ne respecterait pas les droits de l’homme serait incomplète.  Il a donc suggéré d’adopter des mesures concrètes afin d’encourager un partenariat entre le forum et les Nations Unies.


Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé que l’agenda des Nations Unies en matière de développement était encore très loin d’être réalisé.  Elle a énuméré les graves problèmes auxquels font face les pays en développement et noté que, pendant que les difficultés des pays du sud sur le plan économique augmentent, on y déplore aussi de plus en plus de conflits armés, de catastrophes naturelles, d’épidémies et une détérioration de l’environnement.  Elle a indiqué notamment que plus d’un milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, et que 2,6 milliards n’ont pas un accès satisfaisant aux services d’assainissement.  Mme Rodriguez Abascal a aussi rappelé que le montant de la dette extérieure des pays en développement continue de s’accroître de façon inquiétante, alors qu’ils abritent presque les quatre cinquièmes de la population mondiale.  Si l’on ne prend pas de mesures efficaces pour faire avancer la réalisation de l’agenda du développement mondial, les OMD resteront lettres mortes, a-t-elle prévenu.  Il nous faut donc laisser de côté les querelles politiques pour passer à l’action, a lancé la représentante de Cuba.  Le Secrétaire général avait rappelé au Sommet du Millénaire qu’il faudrait doubler l’aide au développement pour parvenir à réaliser les OMD.  Cependant, malgré les promesses faites, l’APD demeure extrêmement faible, se maintenant en dessous de la barre convenue de 0,7% du PNB des pays industrialisés.  La représentante a affirmé que seulement 10% du billion de dollars dépensés par les pays développés en actions de publicité permettraient d’atteindre les OMD dans les délais fixés.


      M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a rappelé qu’en matière de développement, son pays était le deuxième plus grand donateur.  D’ici 2010 ou 2011, l’aide publique au développement du Royaume-Uni représentera 18 milliards par an, soit 0,56% du PNB, a-t-il précisé.  Nous sommes bien partis pour augmenter notre APD jusqu’à 0,7% du PNB d’ici 2013, a-t-il estimé, ce qui représentera une avance de deux ans par rapport à l’objectif fixé par l’Union européenne.  M. Sawers s’est aussi félicité de la tendance à la hausse de l’aide mondiale.  Aucun pays n’a pu à la fois réduire la pauvreté et accroître ses échanges commerciaux, a-t-il noté.  Outre la mise en place de règles commerciales équitables, il faut, a estimé M. Sawers, équiper les pays pour qu’ils puissent intégrer le marché mondial.  C’est pourquoi, le Royaume-Uni s’est engagé à verser 750 millions de dollars par an pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de commerce.  Sur la question des conséquences des changements climatiques qui atteignent les pays en développement de façon disproportionnée, le représentant a appelé à s’attaquer à ces problèmes et à aider ces pays à prendre des mesures d’adaptation.  Enfin, M. Sawers a rappelé l’importance des institutions multilatérales pour répondre aux défis du développement.  Il a souhaité voir davantage de cohésion au sein du système des Nations Unies, afin que les pays pauvres bénéficient des sommes d’argent énormes qui transitent par ce système.  Il a souligné l’intérêt de sa délégation à l’égard d’un programme pilote « Une seule ONU » qui a déjà donné des résultats.  Il faut travailler ensemble dans ce sens, notamment avec le secteur privé et la société civile, a-t-il encore demandé, l’ONU devant être au cœur de ces efforts.  Le représentant a enfin évoqué le sommet de septembre prochain qui examinera la façon dont le partenariat mondial peut accélérer la réalisation des OMD et qui permettra de ramener ces OMD au centre de l’attention du monde.


M. NIRUPAM SEN (Inde) est revenu sur les propos de la délégation du Royaume-Uni, qui a noté les progrès accomplis pour assurer une meilleure représentation des pays en développement au sein des institutions financières internationales, en particulier le FMI.  L’Inde, a-t-il dit, considère ces progrès comme négligeables, comme d’ailleurs les prétendus progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Nous devons voir au-delà de ces Objectifs, en mettant en place les conditions nécessaires pour assurer une prospérité économique durable, a encouragé le représentant de l’Inde.  Dans ce contexte, le maintien des droits de propriété intellectuelle constitue un problème persistant car il fait obstacle au transfert de technologies à bas prix vers les pays en développement.  Même l’établissement d’un Groupe d’experts sur la question du régime de ces droits semble poser problème, a-t-il soutenu.  Par ailleurs, la composition de l’aide publique au développement révèle que sa partie la plus importante est consacrée à l’assistance en cas de catastrophes naturelles, laissant de côté le développement.  Évoquant ensuite la question de la dette extérieure des pays en développement, il a expliqué qu’elle était passée de 2,1% en 1981 à 5,4% en 2006.  Le Conseil économique et social (ECOSOC) pourrait quant à lui jouer un rôle dans la coopération en matière de commerce international, a préconisé le représentant de l’Inde.  Sa délégation souhaite que lors de la prochaine session de l’Assemblée générale, les États Membres engagent un véritable débat sur ces questions.


M. HASSAN MANSOUR RASHED AL-KHATER (Qatar) a considéré que les activités des Nations Unies dans le domaine du développement doivent occuper une place importante conformément aux principes de la Charte de l’ONU.  À cet égard, a-t-il souligné, il est indispensable d’assurer la coopération entre les pays en développement et les pays développés.  Il existe encore dans le monde des menaces, comme la pauvreté, la maladie, notamment le VIH/sida, auxquelles il faut faire face de façon concertée.  Le représentant a donc appelé à constituer des partenariats pour réduire la pauvreté.  Il a ensuite noté que, selon les termes du rapport examiné, la situation économique dans le monde est favorable, la stabilité financière s’améliorant et le PNB allant croissant dans de nombreuses régions du monde.  Nous sommes à mi-chemin de la réalisation des OMD de 2015, mais les pays de l’Afrique subsaharienne ne sont pas encore sur cette voie, a cependant constaté le représentant.  Beaucoup de pays, a-t-il fait remarquer, n’ont pu lutter contre la pauvreté.  Les statistiques des Nations Unies démontrent que les régimes fragiles de certains pays en développement exigent d’établir des partenariats solides et d’augmenter l’APD, a-t-il insisté.


      M. PIRAGIBE TARRAGO (Brésil) a indiqué que la Constitution de son pays confère une dimension humaine et éthique à la croissance économique.  La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement façonnera le monde pour de nombreuses générations à venir et pour cette raison, le Président Lula da Silva a accordé son appui à la proposition du Premier Ministre britannique visant à tenir une conférence d’examen des OMD.  Le représentant a toutefois précisé que le développement est la responsabilité de chaque pays, les politiques publiques de son pays étant au cœur des efforts de lutte contre les inégalités.  Au Brésil, entre 2001 et 2005, les améliorations enregistrées dans la redistribution des richesses résultent de la mise en place de programmes sociaux en faveur des familles.  Le Brésil a réalisé, il y a dix ans déjà, le Premier Objectif du Millénaire qui est d’éliminer la pauvreté extrême.  Depuis le lancement des OMD, 40 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté.


Toutefois, la responsabilité nationale du développement ne doit pas occulter le rôle central que joue l’aide publique au développement.  Le commerce et la coopération internationale sont essentiels en appui aux efforts nationaux, a ajouté le représentant.  Des progrès dans le système commercial agricole sont également essentiels pour la réduction de la pauvreté.  Le représentant a cependant fait remarquer qu’un consensus ne sera atteint que si certains partenaires du monde développé se départent de leur immobilisme.  Il a également estimé que l’axe de coopération Sud-Sud, y compris à travers des modalités de coopération triangulaire, était de plus en plus important.  Évoquant aussi l’environnement économique mondial et son influence sur la croissance, il a aussi insisté sur l’importance de la stabilité macroéconomique du monde développé, notamment à la lumière des turbulences que connaît le monde de la finance.


M.LIU ZHENMIN (Chine) a regretté que malgré la croissance économique et les progrès scientifiques et technologiques, le fossé entre les plus riches et les plus pauvres ne cessait de s’accroître.  De nombreux pays en développement, au lieu d’avoir pris le chemin de la mondialisation, se retrouvent marginalisés et prisonniers de la pauvreté, a regretté le représentant.  Cette année marque le cinquième anniversaire de la Conférence internationale sur le financement du développement et l’examen à mi-parcours des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Toutefois, l’élan de la mise en œuvre des OMD et du Consensus de Monterrey ne nous pousse pas à l’optimisme.  En 2006, l’aide publique au développement, au lieu d’être augmentée, a été réduite.  Si cette tendance n’est pas renversée immédiatement, l’unité et la confiance entre les pays du Nord et les pays du Sud s’éroderont et la réalisation des OMD sera retardée, a-t-il prévenu.


Dans un premier temps, a indiqué le représentant, la notion de développement se doit d’être mise à jour en permanence.  Les réformes et innovations sont nécessaires pour que les pays soient à même de mieux s’adapter aux nouveaux défis.  Il a ajouté que la question du développement doit être résolue de manière globale par toutes les parties prenantes.  Les changements climatiques, a fait remarquer le représentant, constituent un véritable défi pour tous les pays en développement et affecteront leur capacité à réaliser les OMD.  Ce qui est important pour la communauté internationale c’est de parvenir à un consensus sur cette question et d’en faire un moteur de développement.  La coopération Sud-Sud, a estimé le représentant, devrait jouer un rôle complémentaire important.  Il a insisté sur la nécessité d’améliorer davantage le régime économique international pour garantir que les bénéfices de la mondialisation soient redistribués équitablement.  Pour cela, il est impératif d’accroître la participation des pays en développement dans le système commercial international.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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