L’ASSEMBLÉE DEMANDE À L’AFGHANISTAN DE RENFORCER SA LUTTE CONTRE LE TERRORISME, L’IMPUNITÉ, LA CORRUPTION ET LE TRAFIC DES DROGUES
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Assemblée générale
Soixante-deuxième session
44e séance plénière – matin & après-midi
L’ASSEMBLÉE DEMANDE À L’AFGHANISTAN DE RENFORCER SA LUTTE CONTRE LE TERRORISME, L’IMPUNITÉ, LA CORRUPTION ET LE TRAFIC DES DROGUES
À l’issue d’un débat sur l’appui du système des Nations Unies aux efforts des gouvernements visant à promouvoir et à consolider les démocraties nouvelles ou rétablies, l’Assemblée générale a débattu aujourd’hui de la situation dans l’une de ces démocraties, l’Afghanistan.
Dans son rapport1 sur la question, le Secrétaire général estime qu’en l’absence d’un effort plus résolu de la part du Gouvernement afghan, d’une cohésion accrue de l’action des donateurs et d’un ferme engagement des pays voisins, nombre des acquis de la période qui a suivi la Conférence de Bonn dans le domaine de la sécurité, du renforcement des institutions et du développement risquent de piétiner, voire de s’inverser. Ce matin même, Ban Ki-moon a déploré les récentes tentatives de groupes de Taliban de s’emparer de districts situés autour de Kandahar et dans la province de Farah.
À son tour, l’Assemblée a demandé au Gouvernement afghan de parer à la menace que font peser sur la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan et de la région les Taliban, Al-Qaida et d’autres groupes extrémistes, ainsi qu’à la violence liée à la criminalité, en particulier le commerce illicite de stupéfiants. Elle a constaté, en effet, avec préoccupation que la culture du pavot à opium s’est accrue pour la deuxième année consécutive.
Or, cette culture, la production et le trafic connexe de stupéfiants, ainsi que les liens de plus en plus étroits entre ce trafic et les activités terroristes, sont extrêmement préoccupantes, a-t-elle souligné dans une résolution de 14 pages2 adoptée par consensus après un débat auquel ont pris part une vingtaine de délégations dont celle de l’Afghanistan.
Dans la lutte contre les groupes extrémistes, l’Assemblée a dit escompter un renforcement de la coopération entre l’Afghanistan et l’ensemble de ses partenaires, pays voisins et de la région. Elle a remercié les membres de la Commission tripartite -l’Afghanistan, le Pakistan, les États-Unis et la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS)- qui continuent à s’occuper des activités transfrontières et à élargir leur coopération.
L’Assemblée a insisté de nouveau sur la nécessité d’une réforme judiciaire générale en Afghanistan, où les allégations de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international doivent faire systématiquement l’objet d’une enquête. Elle a également exhorté le Gouvernement afghan à continuer de réformer l’administration publique, afin d’instaurer l’état de droit, d’assurer la bonne gouvernance et de faire respecter l’obligation de rendre compte.
Dans ce contexte, l’Assemblée a souligné l’importance pour l’Afghanistan de respecter les différents jalons énoncés dans le « Pacte » que la communauté internationale a défini en 2006. À l’instar du représentant des États-Unis, le représentant afghan a mis l’accent sur les progrès enregistrés par son gouvernement. Il a cité les dernières avancées socioéconomiques et les succès de l’armée afghane contre les structures de contrôle et de commandement de réseaux terroristes Taliban, en soulignant que l’amélioration de la situation dépendra avant tout du niveau d’assistance technique et logistique de la communauté internationale.
La riposte militaire n’est pourtant pas la seule réponse aux problèmes de sécurité de l’Afghanistan, a-t-il reconnu. Soutenu par de nombreuses délégations, il a proposé d’appliquer une stratégie intégrée qui prenne simultanément en compte les dimensions militaire, politique et de développement de la situation afghane.
Dans le cadre de son débat sur les démocraties nouvelles ou rétablies, auquel ont participé une dizaine d’orateurs, l’Assemblée générale a été saisie d’un projet de résolution3 qui, présenté par le Qatar, rappelle les conclusions de la sixième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, organisée en 2006 à Doha, au cours de laquelle l’accent a été mis sur le renforcement des capacités et le progrès social.
Par ailleurs, l’Assemblée générale a suivi les recommandations faites vendredi après-midi par son Bureau4, en renvoyant à la Commission administrative et budgétaire (Cinquième Commission) l’examen du Rapport de la Commission de consolidation de la paix (CCP)5 et à la Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) celui du Rapport du Conseil des droits de l’homme6.
Sur ce dernier point, les délégations du Liechtenstein, de la Nouvelle-Zélande, de la Suisse et du Mexique ont estimé, contrairement à l’avis émis par le Bureau, que le rapport du Conseil des droits de l’hommeaurait dû être débattu en plénière avant d’être renvoyé devant la Troisième Commission, soulignant que la décision prise cette année ne saurait constituer un précédent. Le véritable enjeu est l’importance politique du Conseil des droits de l’homme, a dit le représentant du Liechtenstein, avant que son homologue de l’Égypte, membre du Bureau, n’appuie fermement la décision.
La prochaine séance de l’Assemblée générale se tiendra jeudi 8 novembre à partir de 10 heures. Elle sera consacrée à l’élection de 18 membres du Conseil économique et social (ECOSOC).
1 A/62/345
2 A/62/L.7
3 A/62/L.9
5 A/62/137
6 A/62/53
APPUI DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AUX EFFORTS DÉPLOYÉS PAR LES GOUVERNEMENTS POUR PROMOUVOIR ET CONSOLIDER LES DÉMOCRATIES NOUVELLES OU RÉTABLIES
Rapports du Secrétaire général
Le Secrétaire général débute son rapport (A/62/296) par la description des résultats de la sixième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, qui s’est tenue à Doha du 29 octobre au 1er novembre 2006. Il poursuit avec un compte rendu de la mise en œuvre des Déclarations d’Oulan-Bator et de Doha, adoptées respectivement à l’issue des cinquième et sixième Conférences internationales, ainsi que la description des activités entreprises par le système des Nations Unies en faveur de la démocratisation et de la bonne gouvernance depuis 2003. En dernier lieu, le Secrétaire général examine la manière dont l’ONU et ses partenaires internationaux coopèrent et agissent en coordination pour promouvoir la démocratie et il émet des recommandations quant à l’action complémentaire qu’il convient de mener.
Dans son rapport de 2005 sur les démocraties nouvelles ou rétablies (A/60/556), le Secrétaire général a fait observer que le prochain examen de la question par l’Assemblée générale, à sa soixante-deuxième session, serait une excellente occasion de procéder à un échange de vues détaillé dans le but de décider des mesures de fond ou d’ordre institutionnel à prendre, pour développer les programmes d’aide du système des Nations Unies dans ce domaine. Il a demandé à l’Assemblée générale de décider, compte tenu de toutes les incidences financières, de la façon de renforcer l’appui apporté par les organismes des Nations Unies à la présidence de la Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies ainsi que la coopération entre l’ONU et les autres mouvements et organisations intéressés afin de rendre ce travail, dont l’importance ne cesse de croître, plus efficace et plus pleinement complémentaire.
Dans ce rapport, le Secrétaire général fait des recommandations dont l’une suggère d’éviter des doubles emplois et de coopérer avec l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale. Le Secrétaire général recommande aussi de tenir à jour la base de données et le site Web sur la démocratie, d’échanger les données d’expérience collectées à l’échelon régional et favoriser la coopération entre les organisations régionales et les mouvements œuvrant pour la démocratie dans le monde
Pour l’examen de cette question, l’Assemblée était également saisie du rapport du Secrétaire général sur les réponses reçues des États (A/62/302).
Déclarations
Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a commencé par rappeler la tenue de la sixième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, accueillie par le Gouvernement du Qatar à Doha du 29 octobre au 1er novembre 2006, et au cours de laquelle l’accent a été mis sur le développement des capacités, la démocratie et le progrès social. Elle a ensuite souligné le rôle que l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale joue à l’appui du mouvement de la Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies. Présentant ensuite le projet de résolution dont est saisie aujourd’hui l’Assemblée générale, la représentante a rappelé que ce texte avait trois objectifs: présenter le travail accompli par la présidence et le Comité consultatif de la sixième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, en particulier les efforts déployés par la présidence pour que les recommandations de la Conférence soient systématiquement mises en œuvre, conformément à la Déclaration de Doha. Le projet fixe aussi au 15 septembre de chaque année, à compter de sa soixante-deuxième session, la Journée internationale de la démocratie. Enfin, il souligne l’étroite coopération qui doit prévaloir entre les Nations Unies et les gouvernements à cet égard, ainsi qu’entre parlementaires, société civile et gouvernements. La représentante a émis l’espoir que l’Assemblée adoptera ce projet de résolution par consensus.
M. JORGE DE LEMOS GODINHO (Portugal) a, au nom de l’Union européenne (UE), d’abord souligné le caractère universel et interdépendant de la démocratie et des droits de l’homme. L’Union européenne, a-t-il dit, est fermement engagée dans la mise en œuvre et la promotion des principes démocratiques dans le monde. Le représentant a donc salué les résultats de la Conférence de Doha ainsi que les décisions qu’elle a prises d’améliorer les mécanismes de suivi. Il a aussi salué le programme de travail pour 2007-2009. Rendant hommage au travail d’appui de l’ONU, il a estimé qu’il est fondamental de promouvoir des conditions favorables à l’enracinement de la démocratie, là où elle n’a jamais existé, et de soutenir les institutions démocratiques dans les pays en transition ou qui viennent d’instaurer un système démocratique.
Il est tout aussi indispensable, a poursuivi le représentant, que les hommes et les femmes participent sur un pied d’égalité à la vie et à la prise de décisions politiques car l’inclusion de tous est la condition préalable d’une vraie démocratie. L’Union européenne s’est engagée, a-t-il dit, à promouvoir la démocratisation par le biais de ses programmes de coopération. L’Union, a encore souligné le représentant, n’a cessé d’offrir son assistance et sa coopération aux processus électoraux à travers le monde. Les valeurs démocratiques et les droits de l’homme sont des éléments essentiels des accords de coopération qu’elle signe comme en témoigne l’Accord de Cotonou. L’Union considère, a conclu le représentant, que les Nations Unies sont le cadre international le plus approprié pour améliorer et promouvoir la démocratie et les droits de l’homme dans le monde. Il a jugé très important que la communauté internationale mette en œuvre des programmes d’assistance et d’éducation à la démocratie. Pour finir, le représentant a tenu à souligner que l’Union européenne ne cherche nullement à imposer un modèle particulier de démocratie. Elle reconnaît le caractère unique des contextes politique, social et culturel de chaque pays et considère, en conséquence, que la société civile a un rôle essentiel à jouer pour assurer le respect des principes démocratiques.
M. HAMID CHABAR (Maroc) a expliqué que la conception de son pays de la démocratie repose sur quatre axes principaux: la diversité, la paix et la sécurité, le développement et le respect des droits de l’homme. Mon pays, a-t-il poursuivi, aspire à une démocratie à visage humain dont l’établissement ne peut être assuré que dans un monde réconcilié, pacifié, prospère, tolérant et solidaire. Il a souligné que le monde a salué la transparence, la régularité et la crédibilité des élections législatives de septembre dernier, qui ont débouché sur la formation d’un gouvernement conforté par une majorité parlementaire et interpellé par une opposition constructive. Le projet démocratique marocain, a-t-il précisé, s’appuie sur la richesse de l’identité nationale du pays, elle-même fondée sur les valeurs de l’islam. Il s’inspire de la diversité et de la multitude des expériences internationales en matière de participation démocratique et de promotion des droits de l’homme.
Sous la vision réformatrice de son souverain, a-t-il déclaré, le Maroc a opté pour une approche globale et multidimensionnelle, reposant sur le triptyque: réforme, participation et proximité. Le représentant s’est félicité, à ce titre, que le vaste chantier de réformes entamées pour le nouveau millénaire couvre tant les droits de l’homme, le statut de la femme, l’environnement économique et financier, la justice, la qualification du champ religieux, l’administration publique, que les codes des libertés publiques, du travail, des investissements, de la presse et des partis politiques.
Il a finalement fait état de deux initiatives qui symbolisent en particulier l’esprit du projet démocratique marocain de réforme et de modernisation: l’Instance équité et réconciliation, processus de justice transitoire visant à rompre avec les pratiques abusives du passé, et l’Initiative nationale pour le développement humain dont l’objectif est de lutter contre la pauvreté par la promotion d’activités génératrices de revenus et d’emplois.
Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a estimé que la Conférence de Doha, tenue l’année dernière, a marqué un pas important dans le développement du processus global des démocraties nouvelles ou rétablies. Elle s’est félicitée de ce que la structure tripartite de la Conférence des démocraties nouvelles ou rétablies, introduite d’abord à la cinquième Conférence tenue en Mongolie, ait été pleinement utilisée puis développée à Doha. En Mongolie, a-t-elle affirmé, le processus de suivi inclut le développement d’indicateurs de la gouvernance démocratique pour mesurer la performance démocratique et le progrès de la démocratisation. Le processus inclut aussi une note d’information qui fournit une évaluation quantitative et enfin le développement d’un plan d’action national. La représentante a exprimé sa gratitude aux Nations Unies, avant d’espérer que le processus de suivi soit institutionnalisé pour lier la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) au le progrès démocratique. La représentante a conclu en appelant à une étude sur la coordination interinstitutions et la cohérence à l’échelle du système de l’ONU.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a appuyé le projet de résolution présenté par le Qatar et les recommandations du rapport du Secrétaire général concernant l’appui du système des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements, qui reflète le travail fourni par l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA). Pour sa part, le Mexique s’est engagé dans une large gamme d’activités pour promouvoir la démocratie aux niveaux national et international. Sa coopération avec l’IDEA a pris notamment la forme d’un programme appelé « projet Mexique », qui vise à renforcer le dialogue et l’apprentissage de la démocratie. Dans ce contexte, la visite effectuée par le Secrétaire général de l’IDEA au Mexique en octobre dernier n’a fait que confirmer l’étroite coopération entre ce pays et l’Institut, a ajouté le représentant, qui s’est félicité en conclusion de l’ouverture d’un Bureau d’observateur permanent auprès des Nations Unies à New York, une mesure de nature à renforcer les liens entre l’IDEA et les États Membres.
M. T. C. GELHOT (Inde) s’est félicité en tant qu’État partie à la Conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou rétablies (CIDNR) que la participation entre la première Conférence à Manille en 1988 et Doha en 2006 ait augmenté de 13 à 142 pays. L’héritage démocratique de l’Inde, a-t-il expliqué, est ancré dans son ethos culturel de tolérance, de respect des différents points de vue et de foi en la diversité. L’expérience indienne, a-t-il poursuivi, a démontré que la mise en œuvre de politiques proactives de développement et de réformes économiques, conjuguée à une politique démocratique libérale, mène à la stabilité générale, à la croissance et à la réduction significative de la pauvreté.
En sa qualité de plus grande démocratie au monde, l’Inde, a tenu à souligner M. Gelhot, a partagé sa riche expérience en matière de renforcement des capacités institutionnelles et des infrastructures de formation de même qu’elle soutient les efforts des Nations Unies visant à créer les capacités institutionnelles et humaines nécessaires au bon exercice de la démocratie. L’Inde a aussi appuyé la création du Fonds des Nations Unies pour la démocratie et a fait une première contribution de 10 millions de dollars. L’Inde vient d’ailleurs d’annoncer une contribution supplémentaire pour le même montant, a encore dit le représentant, en jugeant important de réfléchir à la proposition visant à ce que les Nations Unies contribuent à la création de mécanismes de coordination et de coopération entre les mouvements prodémocratiques à travers le monde.
M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (CUBA) a affirmé que les tentatives de plus en plus nombreuses d’établir, à l’échelle internationale, un modèle unique de démocratie et de gouvernance, fondé sur les critères injustes de la soi-disant démocratie libérale et au mépris total des particularités et des réalités de chaque pays, sont préoccupantes. Il est évident, a-t-il estimé, que les pays les plus puissants continuent de cette manière à promouvoir un nouvel instrument de domination des peuples et de confiscation de leur identité. Et évidemment, a poursuivi le représentant, la conception selon laquelle la démocratie est avant tout la loi du peuple, par le peuple et pour le peuple est superbement ignorée. En outre, a-t-il argué, la démocratie ne saurait se limiter à l’exercice des droits civils et politiques au détriment des droits économiques et sociaux.
Une vraie démocratie, a poursuivi le représentant, ne doit pas institutionnaliser la défense des plus riches au détriment de ceux qui sont vraiment dans le besoin. Il a souligné, dans ce contexte, que les pays qui vantent les concepts des droits et de la liberté politiques ne font rien pour empêcher que des millions de personnes meurent de faim ou de maladies curables dans les pays du tiers-monde. Ils ne font rien pour éduquer 115 millions d’enfants et les 800 millions d’adultes analphabètes et encore moins pour aider les 1,1 milliard de personnes qui vivent dans la pauvreté absolue. La prétendue démocratie bourgeoise libérale, qui a montré ses limites dans les pays occidentaux, s’est révélée inefficace dans d’autres contextes.
Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, il est de plus en plus difficile de prouver l’hypothèse de la supériorité universelle de la démocratie bourgeoise libérale. On continue pourtant à l’imposer, a-t-il accusé, avant de se féliciter du travail lié aux démocraties nouvelles ou rétablies qui reconnaissent la liberté de chacun de choisir son propre chemin vers la démocratie. Ce mouvement, a-t-il souligné, a été le lieu de débats et de réunions pour consolider les systèmes démocratiques et garantir la pluralité des points de vue.
Le représentant s’est donc dit préoccupé par la recommandation du Secrétaire général sur l’approfondissement des relations entre l’ONU et la Communauté des démocraties. L’exclusion, la sélectivité et l’imposition d’approches démocratiques uniques vont à l’encontre de la Charte des Nations Unies mais aussi d’autres documents importants comme la Déclaration de la Conférence de Vienne. Si l’objet est réellement d’aider les peuples du monde à consolider leur système démocratique, il faudrait commencer, a dit le représentant, par démocratiser les relations internationales.
Cuba est fier de sa démocratie populaire et participative sans parti comme intermédiaire politique. Nous avons besoin, a conclu le représentant, d’un monde plus démocratique et tolérant. De quel droit un système unique devrait être imposé alors que nous proclamons le droit de tous les peuples à s’autodéterminer et à choisir librement leur statut politique? s’est demandé le représentant, avant de souligner que les faiblesses, les problèmes et les défis de la démocratie existent partout, au Nord comme au Sud.
M. RAM BAHADUR BISTA (Népal) a dit l’importance que son pays attache au rôle du système des Nations Unies dans l’appui aux démocraties nouvelles ou rétablies. Il a salué l’établissement du Fonds des Nations Unies pour la démocratie ainsi que les Déclarations d’Oulan-Bator et de Doha et les plans respectifs d’action. Le peuple du Népal, a-t-il rappelé, a toujours dû se battre pour la démocratie, comme en attestent les évènements d’avril 2006. Avec la signature d’un accord de paix en novembre 2006, a dit le représentant, les rebelles ont rejoint le Parlement de transition, créé par une Constitution de transition, qui consacre les normes, les valeurs et les principes démocratiques ainsi que les libertés civiles et fondamentales. Même si l’ajournement de l’élection de l’assemblée constituante a été une déception, les parties sont actuellement engagées dans un dialogue sérieux, pour résoudre toutes les divergences politiques en vue de fixer une autre date aussitôt que possible. Le représentant a apprécié le rôle de la Mission des Nations Unies au Népal (MINUNEP), et a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle continue à apporter une assistance financière et une aide au développement socioéconomique et à la reconstruction qui sont tout aussi importantes pour une démocratie népalaise durement conquise.
Mme ANDA FILIP, Observatrice permanente de l’Union interparlementaire, a salué les efforts du Qatar en matière de suivi systématique des recommandations de la sixième Conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou rétablies. Mme Filip s’est félicitée de la place de choix que le projet de résolution donne aux parlements en tant qu’instruments clefs de la démocratie. Rappelant le lien entre paix et démocratie, elle a déclaré que l’Union souhaite que des efforts plus consistants soient déployés pour la reconstruction des institutions postconflits. Elle a, à ce titre, salué le travail de la Commission de consolidation de la paix au Burundi, en Sierra Leone et au Libéria, et a souhaité l’expansion de ses activités dans d’autres régions touchées par des conflits.
Quant au lien entre démocratie, éradication de la pauvreté et justice sociale, elle a souligné que l’Union s’attache de plus en plus à mobiliser le soutien dans la communauté parlementaire pour la réalisation des OMD. Cependant nous devons reconnaître et examiner les défis auxquels la démocratie est confrontée aujourd’hui, parmi lesquels les aspects négatifs de la mondialisation, le terrorisme et la corruption, a-t-elle averti, en se disant consterné par le fait qu’il n’y a que 17% de femmes élues dans le monde. Elle s’est dite préoccupée par la désillusion du public à l’endroit de la démocratie, comme le témoigne le déclin de la participation aux élections, et a appelé les Nations Unies à consentir davantage d’efforts dans les années à venir pour analyser ce phénomène et inverser cette tendance.
L’Observatrice a conclu, en attirant l’attention sur le dixième anniversaire, cette année, de la Déclaration universelle de la démocratie adoptée par la quatre-vingt-dix-huitième Conférence interparlementaire. Elle a jugé gratifiant que l’on ait fait en sorte que la Journée internationale de la démocratie coïncide avec la date d’adoption de la Déclaration dont les préceptes et les principes doivent, a-t-elle voulu, être intégrés plus systématiquement dans les efforts déployés par les Nations Unies pour renforcer la démocratie dans le monde.
M. MASSIMO TOMMASOLI, Observateur permanent de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale international (IDEA), a rappelé que l’engagement de l’Institut aux côtés des démocraties nouvelles ou rétablies se situe à deux niveaux. Premièrement, a-t-il déclaré, nous fournissons des analyses et conseils en matière de politiques, basés sur notre savoir dans le domaine du renforcement des capacités et sur notre expérience dans l’assistance aux réformes démocratiques, lesquels a-t-il précisé, ont fait l’objet à Doha de deux papiers sur les élections et la gestion des conflits. Deuxièmement, nous avons assisté l’hôte de la Conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou rétablies dans le processus de suivi, notamment en Mongolie pour la Conférence d’Oulan-Bator.
Il a souhaité que par souci d’efficacité, le processus en cours aille au-delà des conférences et se concentre sur les efforts réels de construction de la démocratie sur le terrain, et s’est félicité à ce propos de l’exemple de la Mongolie. Il s’est également dit convaincu de la nécessité d’une meilleure utilisation de l’échange d’expériences y compris dans une perspective Sud-Sud, pour faire face aux défis et promouvoir le succès des réformes démocratiques. Il a finalement encouragé les Nations Unies à prendre leurs responsabilités pour atteindre les objectifs en la matière. Dans ce contexte, il a mis l’accent sur trois dimensions, dont la première est la capacité de tenir compte de la nature fondamentalement politique des processus lancés par les divers mécanismes et fonds de l’ONU. Il a cité la nécessité d’intégrer davantage les initiatives pour leur assurer efficacité et impact. Il a voulu une approche cohérente pour la consolidation des démocraties, laquelle doit se fonder sur l’examen des liens entre les trois piliers de l’action de l’ONU et la somme d’expérience dans grand nombre de pays, dont les moindres ne sont pas les pays du Sud.
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales
Dans ce rapport (A/62/345-S/2007/555), le Secrétaire général rend compte des activités menées par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) depuis son dernier rapport du 15 mars 2007. Selon lui, la priorité la plus urgente doit être la mise au point pour l’Afghanistan d’une stratégie et d’un plan de sécurité civils et militaires intégrés et efficaces. Si une réponse militaire coordonnée demeure indispensable pour vaincre les groupes d’insurgés et terroristes, le succès dépendra, à moyen terme, de la participation des communautés locales et de l’instauration d’un climat de sécurité durable propice au développement, affirme-t-il.
Le Secrétaire général souligne que la transition en Afghanistan se trouve soumise à des pressions croissantes sous l’effet de l’insurrection, de la faiblesse de la gouvernance et de l’économie de la drogue. Selon lui, le Gouvernement afghan, avec l’appui de la communauté internationale, devra faire preuve de volonté politique, en prenant les mesures audacieuses nécessaires pour retrouver l’initiative dans chacun de ces domaines et regagner la confiance de la population par des moyens tangibles.
Le Secrétaire général estime qu’en l’absence d’un effort plus résolu de sa part, d’une cohésion accrue de l’action des donateurs –en particulier d’une meilleure coordination entre les éléments militaires et civils de la présence internationale en Afghanistan– et d’un ferme engagement des pays voisins, nombre des acquis de la période qui a suivi la Conférence de Bonn dans le domaine de la sécurité, du renforcement des institutions et du développement risquent de piétiner, voire de s’inverser.
Selon le Secrétaire général, un facteur déterminant du maintien des acquis en matière de sécurité à long terme est le renforcement des moyens, de l’autonomie et de l’intégrité des forces de sécurité nationales afghanes, en particulier de la police nationale. De même, un programme de gouvernance à l’échelle sous-nationale, efficace, intégré, cohérent et piloté par le Gouvernement devrait être mis au point en partenariat avec la communauté internationale. Le Gouvernement doit se préparer à prendre d’ores et déjà des décisions difficiles pour assurer la crédibilité des nouvelles institutions, écrit le Secrétaire général. Selon lui, il ne sera possible d’élargir le rayon d’action du pouvoir central et de stabiliser le pays que si le Ministère de l’intérieur s’attaque résolument à la corruption et améliore l’image de la police au sein de la population.
Le Secrétaire général estime également que, sur la base des réalisations de la Conférence sur l’état de droit, le Gouvernement afghan devrait mettre la dernière main à la stratégie concernant le secteur judiciaire et commencer à exécuter le nouveau programme national pour la justice, financé par le Fonds d’affectation spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan. Il devrait simultanément s’attaquer à l’impunité dont semblent jouir les fonctionnaires perçus comme abusant de leurs fonctions. La Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) devrait appuyer les efforts déployés par le Gouvernement en vue de faire appliquer la loi et mettre en œuvre le projet de démantèlement des groupes armés illégaux dans les zones moins touchées par l’insurrection.
Par ailleurs, affirmant que l’augmentation continue de la production d’opium fait peser une menace de plus en plus grave sur la reconstruction et la formation de la nation en Afghanistan, le Secrétaire général considère que le Gouvernement doit accorder la priorité à l’interdiction et traduire en justice les trafiquants de drogues. La communauté internationale, avec l’appui d’un Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) renforcé, devrait s’unir autour d’un plan véritablement piloté par l’Afghanistan et allant au-delà des efforts d’éradication qui, pris isolément, se sont révélés inefficaces.
Le Secrétaire général observe en outre que la mise au point définitive et le futur financement de la Stratégie de développement national doivent rester la principale priorité des donateurs. Une fois la Stratégie lancée, en principe en mars 2008, il sera indispensable, pour en assurer la crédibilité, de gérer les attentes de l’opinion de manière judicieuse, d’assurer un suivi aux niveaux des provinces et des districts et d’entreprendre une nouvelle initiative de concertation faisant fond sur les consultations initiales, écrit-il.
S’agissant des élections présidentielles, prévues pour 2009, le Secrétaire général estime que le Gouvernement afghan comme l’Assemblée nationale doivent se pencher d’urgence sur le prochain cycle électoral de sorte que la loi électorale soit adoptée avant la fin de 2007.
Déclarations
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) s’est félicité du rôle des Nations Unies dans ses efforts de coordination pour la reconstruction et la création des institutions dans le cadre du Pacte international. L’intervenant a toutefois mis en exergue les nombreux défis que doit relever l’Afghanistan, parmi lesquels la détérioration depuis 2006 de la situation sécuritaire en matière de sécurité et une augmentation de 17% cette année de la production de pavot. M. Matussek a toutefois salué les efforts entrepris par le Gouvernement afghan pour améliorer la gouvernance à tous les niveaux et lutter contre la corruption.
Le Pacte international, a dit le représentant, est la base de l’engagement allemand en Afghanistan. Il a indiqué que le 12 octobre dernier, le Parlement allemand a approuvé la prorogation pour une nouvelle période d’un an du mandat de son contingent militaire dans la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS). Cette année, l’Allemagne a également augmenté sa contribution annuelle à plus de 130 millions de dollars, en envisageant une contribution de 160 millions l’année prochaine.
L’Allemagne, a-t-il poursuivi, s’attache également à renforcer les forces de sécurité afghanes. Face à leur faiblesse, l’Allemagne a défendu le déploiement d’une mission de police européenne, EUPOL, qui a commencé son travail le 15 juin 2007 et qui devrait être complètement déployée au début de l’année prochaine. L’Allemagne entend aussi accroître sa contribution à la formation de l’armée afghane. Le représentant a rappelé que lors de sa présidence du G-8, l’Allemagne a lancé une initiative visant à renforcer le dialogue et la coopération entre l’Afghanistan et le Pakistan.
S’agissant du calendrier politique, le représentant a reconnu que les élections législatives et présidentielles constitueront des défis mais aussi une chance pour le pays. Dans ce contexte, l’Allemagne, a annoncé son représentant, choisira un seul domaine d’action qui sera l’assistance à la formation du personnel électoral.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a fait état des progrès significatifs que continue de faire l’Afghanistan dans plusieurs domaines, notamment la consolidation de ses institutions, la croissance économique, l’éducation, la santé, la construction des réseaux routiers et le développement rural. Dans le domaine de la sécurité, l’armée et la police afghane ont été renforcées; l’armée à elle seule, qui comptera 47 000 soldats d’ici à la fin de cette année devrait être forte de 72 000 d’ici à 2009. Ainsi, des premiers résultats ont été obtenus dans le démantèlement des groupes armés illégaux qui opèrent dans les pays. Des progrès ont également été constatés dans l’amélioration des conditions socioéconomiques. Quatre-vingt-cinq pour cent de la population a désormais accès à des services de santé de base, tandis que la construction de 400 hôpitaux et cliniques a permis de sauver les vies de 89 000 enfants et de réduire la mortalité infantile de 40 000 cette année.
Le représentant a ensuite évoqué le Programme de solidarité nationale, grâce auquel des projets de développement ont vu le jour dans 18 000 communautés rurales, profitant à 13 millions de personnes. Il s’est également félicité de la consolidation des institutions démocratiques de l’Afghanistan, qui a étendu sans précédent la jouissance des droits sociaux, politiques et économiques par les citoyens, donnant en particulier aux femmes une large représentation au sein de l’Assemblée nationale. En outre, il a estimé que l’environnement qui prévaut aujourd’hui en Afghanistan était l’un des plus libéraux pour les médias indépendants de la région. Enfin, la Commission indépendant afghane des droits de l’homme continue de prendre des mesures en vue de protéger et de promouvoir les droits de l’homme pour tous les citoyens du pays.
En dépit de ces avancées remarquables, l’Afghanistan n’a pas perdu de vue les défis considérables qu’il doit relever, a souligné la délégation. Le terrorisme continue d’être la menace la plus grave aux efforts déployés pour promouvoir la paix et la sécurité, a-t-il estimé, attirant l’attention sur la montée des violences attribuées aux Taliban et à Al-Qaïda dans le pays et plus largement dans la région. De récentes opérations militaires ont cependant permis d’affaiblir les structures de contrôle et de commandement de réseaux terroristes Taliban. Mais les progrès véritables de l’armée dépendent avant tout du niveau d’assistance technique et logistique déployé pour renforcer la capacité des institutions afghanes en charge de la sécurité. Les moyens militaires ne sont pourtant pas la seule réponse aux problèmes de sécurité de l’Afghanistan, a reconnu le représentant, qui a expliqué la nécessité d’appliquer une stratégie intégrée qui prenne simultanément en compte les aspects militaire, politique et de développement du problème. Il s’est dit convaincu en particulier de l’impact que des projets de développement auraient sur l’amélioration de la sécurité.
La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme doit aussi s’inscrire dans le cadre d’une coopération régionale active. La délégation a en particulier fait référence à celle que son gouvernement entretient avec les autorités du Pakistan voisin par la tenue conjointe des Commissions Jirgas. Elle a d’ailleurs exprimé sa préoccupation devant la situation actuelle dans ce pays, dont la stabilité, la sécurité et l’équilibre sont cruciaux pour l’Afghanistan. La coopération régionale doit également englober les questions de sous-développement, de criminalité organisée et de catastrophes naturelles, a ajouté le représentant.
Les stupéfiants continuent de constituer une grave menace à la stabilité et au bien-être de nos sociétés, a-t-il regretté. En dehors des zones contrôlées par les Taliban et Al-Qaïda, près de 26 000 hectares de terres cultivables ont été « nettoyées » de la culture du pavot à opium, portant ainsi à 13 le nombre de provinces où le pavot n’est plus cultivé. Ce succès vient s’ajouter au fait que la culture du pavot à opium a sensiblement diminué dans 12 autres provinces. Pour le consolider durablement, il faut prendre en compte l’organisation « en réseaux » du trafic de stupéfiants, qui associe agriculteurs, producteurs, trafiquants et consommateurs. Compte tenu de l’aspect international et multidimensionnel de ce trafic, l’active participation des pays consommateurs et des pays de transit, sur la base de la responsabilité partagée, est indispensable, a estimé le représentant, ajoutant que le plus important était d’offrir une culture de substitution aux agriculteurs afghans.
Se félicitant enfin du cadre de travail offert par le Pacte international pour l’Afghanistan, la délégation a réitéré la nécessité d’un soutien durable et adéquat de la communauté internationale, qu’elle a qualifié de « question existentielle » pour son pays, et du maintien de la présence de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).
M. JORGE LOBO DE MESQUITA (Portugal) a, au nom de l’Union européenne, salué le rôle central que jouent les Nations Unies dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan. Après avoir mis l’accent sur le soutien apporté par l’Union européenne à la reconstruction de l’Afghanistan et à la FIAS, le représentant a pleinement appuyé le rôle de la MANUA dans la recherche et la mise en œuvre des solutions politiques et régionales aux défis auxquels fait face l’Afghanistan. Il a donc salué la résolution 1746 du Conseil de sécurité, avant d’exprimer, toutefois, sa préoccupation face à l’intensification de l’insurrection et à la détérioration générale des conditions de sécurité. Il a rappelé que le 15 juin dernier, l’Union a lancé une mission de police qui renforcera les efforts actuels dans le domaine de la réforme de la police. La mission sera composée de 200 officiers de police et d’autres experts de l’Union et d’autres États.
Les efforts en matière de sécurité doivent être renforcés par ceux visant la lutte contre la corruption, a poursuivi le représentant, avant de souligner l’importance cruciale de la réforme du système judiciaire. L’Union a lancé un programme dans ce domaine visant à professionnaliser les services judiciaires et le bureau du Procureur. Le représentant a poursuivi, en se montrant préoccupé face à l’augmentation de la production de pavot et à la situation en matière des droits de l’homme. Il a tout de même noté les progrès effectués depuis 2001 comme l’amélioration de l’accès aux services de soin. Mais, a-t-il dit, des défis demeurent, comme le renforcement de la participation des femmes aux processus de paix et de reconstruction ainsi que dans le système éducatif. Il s’est aussi inquiété de la violence faite aux femmes et aux enfants ainsi que de la persistance des pratiques discriminatoires traditionnels. Le représentant a conclu, en soulignant qu’en plus de son rôle de leader dans les efforts de reconstruction, l’UE est la principale source d’assistance humanitaire. Il a noté pour finir, l’amélioration de la coopération entre l’Afghanistan et le Pakistan et la nécessité pour le Gouvernement et le Parlement afghans d’adopter la loi électorale d’ici à la fin de l’année, en prévision des futures élections.
S’exprimant au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), M. NURKEK JEENBAEV (Kirghizstan) a expliqué que l’adoption du Pacte international et la poursuite de sa mise en œuvre avaient démontré l’engagement de la communauté internationale à améliorer la situation en Afghanistan. Outre le soutien de la communauté internationale, la condition sine qua non à cette amélioration reste la participation de toutes les composantes de la société à l’effort de redressement, a estimé le représentant. Néanmoins, les opérations de groupes armés contrôlés par les Taliban et Al-Qaïda continuent de faire rage dans certaines régions du pays, a-t-il regretté. Selon le Kirghizstan, il est erroné de croire que la réconciliation avec des Taliban repentis puisse porter ses fruits, l’expérience ayant montré que cette option ne faisait, au contraire, que renforcer le sentiment extrémiste. Le représentant a ensuite regretté que la culture du pavot à opium en Afghanistan ait dépassé les indicateurs de 2006, alors que ce trafic finance précisément les activités terroristes des Taliban et d’Al-Qaïda. Il est donc indispensable que les États membres de l’OTSC et de l’OTAN renforcent la surveillance des frontières. Grâce à des initiatives pertinentes des États parties au Traité, des dizaines de milliers de tonnes ont pu être saisies jusqu’à présent, s’est félicitée la délégation. Pour consolider ces premiers succès, il faut aussi que l’aide internationale apportée à l’Afghanistan inclue ses partenaires régionaux dans la lutte contre le narcotrafic.
S’exprimant au nom des États membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), M. SIRODJIDIN ASLOV (Tadjikistan) a rappelé que les États de l’OCS maintiennent des relations amicales et de partenariat avec l’Afghanistan. Les voies d’accès à l’Asie du Sud passant par le territoire de ce pays, il a tenu à souligner que la situation qui y prévaut fait l’objet d’une des préoccupations principales de l’OCS compte tenu du fait qu’elle affecte la stabilité et la sécurité dans la région. Le trafic de stupéfiants, l’expansion de l’extrémisme religieux et du terrorisme font également partie des menaces régionales les plus graves, a-t-il observé tout en déplorant l’augmentation des activités subversives des Taliban et d’Al-Qaida, et la présence dans les organes de l’autorité publique de personnes figurant sur les listes de sanctions du Comité 1267 du Conseil de sécurité.
Convaincu de la nécessité d’étendre les efforts de la lutte antidrogue aux territoires avoisinants de l’Afghanistan, M. Aslov a expliqué que l’OCS soutient l’idée du Tadjikistan et de la Fédération de Russie de créer des ceintures de sécurité antitrafic autour de l’Afghanistan notamment, comme l’a préconisé M. Vladimir Poutine, par l’établissement de « zones de sécurité financières ». Nous pensons, a-t-il ajouté, que ces mesures saperont considérablement les bases financières des activités terroristes. M. Aslov a rappelé que l’OCS participe à la mise en œuvre de projets de rétablissement de systèmes énergétiques, des transports et des infrastructures en Afghanistan, et s’est félicité du lancement par le Kazakhstan du Programme spécial d’investissements et d’assistance humanitaire pour l’Afghanistan.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré que son pays voit dans la reconstruction de l’Afghanistan un enjeu majeur. Le Pakistan, a-t-il rappelé, a en effet souffert des conséquences des décennies de conflit en Afghanistan, lesquelles ont perturbé la région frontalière, ressuscité la menace terroriste et affecté la croissance économique. Le Pakistan et l’Afghanistan ont des intérêts stratégiques, des liens géographiques et culturels communs, a-t-il affirmé, avant d’évoquer la paix comme l’instrument fondamental pour permettre une coopération élargie à une gamme d’activités plus vaste et à la libre circulation de tous les biens économiques entre les deux pays. M. AKRAM a par ailleurs soutenu que son pays participe activement à la reconstruction et au développement de l’Afghanistan, tout comme dans la coopération sécuritaire, et qu’il s’agit ainsi de son plus gros programme de coopération.
L’intervenant a également salué les succès des campagnes antiterroristes mis en place par son pays, avant de se féliciter de l’arrêt de nombreux mouvements transfrontaliers illégaux, notamment avec la création de 1 000 postes d’observateurs aux frontières. Ce renforcement des capacités, a-t-il précisé, est indispensable pour garantir la sécurité aux frontières et renforcer la sécurité régionale. Le représentant a cependant déclaré que de nombreux défis demeurent. Il a ainsi rappelé que le Pakistan a accueilli 2 millions de refugiés afghans et s’est à cet égard félicité de la fermeture, en collaboration avec le HCR et pour contribuer à la stabilisation de la région, de quatre camps de réfugiés dont la sécurité n’était plus assurée.
Il a poursuivi en plaidant en faveur de la mise en œuvre d’une stratégie gagnante en Afghanistan, qui soit plus globale, intégrée et vigoureuse, et qui favorise à la fois le dialogue pour la réconciliation et traite des problèmes de sécurité. Il a en effet souligné que la sécurité reste le garant principal de cette reconstruction, en notant que 78 provinces sont à très haut risque sécuritaire, et que ces vastes espaces sont ou gouvernés ou contrôlés par des insurgés qui doivent impérativement être éliminés. Il a en outre souhaité que les stratégies militaires mises en œuvre soient efficaces et, tout en protégeant la population civile, permettent de démanteler les narcotrafics à l’origine des insurrections et des mouvements terroristes. L’offre de dialogue du Président Karzai aux Taliban, n’a pas reçu de réponse a-t-il regretté, avant d’indiquer que le Pakistan, qui intensifie ses efforts pour promouvoir la paix en Afghanistan, a mandaté 15 membres à Kaboul pour accélérer le processus de paix et de réconciliation.
Le représentant a également regretté que le taux de reconstruction économique et social demeure inégal et lent, surtout dans le Sud, et que les violences dans les régions insécurisées marginalisent les populations. Concernant la culture intensive du pavot, il a déploré son évolution troublante, avant de souligner que l’économie afghane repose sur les profits de la drogue, lesquels financent les activités terroristes. Il faut, pour arrêter ce cercle vicieux, lutter contre la corruption et renforcer les capacités des institutions nationales, a-t-il préconisé. Il a conclu en déclarant qu’il n’existe pas de raccourcis possibles, et qu’il faut conjuguer les ressources et les approches dans une stratégie gagnante. À cet effet, a-t-il promis, le Pakistan va continuer à jouer son rôle de chef de file.
M.ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a salué les progrès enregistrés en Afghanistan lesquels, a-t-il dit, ont été rendus possibles grâce au travail acharné du peuple et des dirigeants afghans et aux contributions des amis que compte l’Afghanistan dans la communauté internationale. Cependant, a-t-il ajouté, l’Afghanistan a toujours un long chemin à faire pour passer de la transition à un État prospère et démocratique. Les États-Unis, a-t-il réaffirmé, maintiennent leur engagement. Le défi le plus important, a prévenu le représentant, est la menace posée par les Taliban et Al-Qaeda sur le peuple afghan. De plus, la situation interne de l’Afghanistan est compromise par l’existence de sanctuaires à l’extérieur du pays et l’appui aux Taliban et à Al-Qaeda. Enfin, a relevé le représentant, les progrès demeurent insuffisants dans l’édification de l’État. Quand les autorités sont faibles, inefficaces ou abusives, la bonne volonté et l’appui du peuple s’affaiblissent, a prévenu le représentant. Il s’est aussi inquiété de l’augmentation de la production de pavot qui risque de créer un narco-État.
Le représentant a tout de même appelé la communauté internationale à garder confiance dans son partenariat avec l’Afghanistan. Quant aux États-Unis, a-t-il conclu, les événements du 11 septembre ont prouvé que la sécurité américaine est inextricablement liée à celle de l’Afghanistan. Les États-Unis continueront donc à aider le peuple afghan et ses leaders aussi longtemps qu’il faudra. Ils appellent la communauté internationale à maintenir son engagement dans le Pacte international ou la FIAS.
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Déclarations
M. JASEM IBRAHIM AL-NAJEM (Koweït) a condamné l’escalade de la violence, des attentats-suicide et du terrorisme, particulièrement dans les provinces du Sud et du Sud-Est, en raison de l’accroissement des actes de violence et de terrorisme perpétrés par les Taliban, Al-Qaida et les autres groupes extrémistes. Il a aussi condamné le commerce des stupéfiants. Le représentant a appelé les États Membres et les ONG à continuer à offrir toute l’assistance nécessaire à l’Afghanistan, en étroite coopération avec le Gouvernement et en parfaite harmonie avec les stratégies nationales de développement. Il a rappelé que son pays a contribué à la reconstruction des infrastructures afghanes. Le Fonds koweitien de développement économique a accordé un prêt de 30 millions de dollars, conformément aux engagements que le Koweït a pris à Tokyo lors de la conférence des donateurs. La Fédération du Croissant-Rouge a aussi fourni une assistance durant les cinq dernières années laquelle a dépassé le chiffre de 6,5 millions de dollars. D’autres organisations caritatives et associations koweitiennes poursuivent également leur assistance, a souligné le représentant.
M. TAKAHIRO SHINYO (Japon) a rappelé que son pays accueillera l’année prochaine le Conseil commun de coordination et de suivi, qui selon lui constitue le cadre le plus efficace pour coordonner l’assistance internationale et les programmes de reconstruction en Afghanistan, et d’établir les priorités. Il s’est félicité du rôle clef des Nations Unies, du travail de la MANUA et des efforts inlassables du Représentant spécial du Secrétaire général en Afghanistan. Il s’est dit extrêmement préoccupé par la situation sécuritaire et notamment par la fréquence des actes terroristes. Il a souligné à ce propos qu’il est essentiel que la communauté internationale lutte de manière unie contre le terrorisme.
Insistant sur l’importance qu’il y a à améliorer la situation en matière de sécurité en Afghanistan et à lutter contre le terrorisme, par le renforcement de l’armée et de la police, le représentant a indiqué que le Parlement japonais est en train d’envisager la prorogation de la loi autorisant le réapprovisionnement de la composante « interdiction maritime » de la Coalition, laquelle est fondée sur la loi relative aux mesures spéciales antiterroristes. Appelant ensuite au démantèlement rapide des groupes armés illégaux, le représentant a estimé que beaucoup reste à faire pour donner corps aux résultats de la Conférence tenue à Tokyo en juin dernier, en particulier ceux relatifs à l’amélioration de la coordination entre ce démantèlement et la réforme de la police et des autres secteurs de sécurité. La drogue et la corruption entravant également la reconstruction de l’Afghanistan, le représentant s’est dit en faveur d’une approche holistique pour régler ces problèmes, avec à sa base le renforcement des capacités. Il a rappelé que l’assistance apportée par son pays s’élève déjà à 1,24 milliard de dollars, avant d’annoncer que son pays explore les voies et moyens d’élargir cette assistance pour répondre au mieux aux besoins du peuple afghan.
M. HJALMAR W. HANNESSON (Islande) a rappelé que la situation sécuritaire en Afghanistan continuait d’être préoccupante dans la mesure où elle compromet les efforts de reconstruction et de consolidation de la paix. Dans ce contexte, la présence de l’OTAN et de la FIAS est cruciale, a-t-il souligné. Le rôle de plus en plus efficace de l’armée afghane est également un élément déterminant dans la lutte contre les insurgés. L’Islande pour sa part condamne vigoureusement les attaques perpétrées contre les civils et les personnels internationaux déployés sur le terrain. L’insurrection menée par les Taliban et Al-Qaïda a de graves conséquences sur les droits de l’homme et la situation humanitaire, en particulier sur les femmes et les enfants, a noté la délégation. Également préoccupée par la constante augmentation de la production du pavot à opium, qui a atteint de véritables records cette année, elle a déclaré qu’il fallait lutter contre le trafic de stupéfiants par tous les moyens. Le Gouvernement afghan doit aussi prendre des mesures très fermes contre la corruption et pour le renforcement de la gouvernance. Dans le cadre des efforts déployés à l’appui de la consolidation de la paix, l’Islande a intensifié son assistance à l’Afghanistan, notamment en supervisant l’opérationnalisation de l’Aéroport international de Kaboul. Le Gouvernement cherche maintenant d’autres moyens de s’impliquer dans la reconstruction et le soutien aux infrastructures du pays.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle Zélande) a reconnu que le Gouvernement de l’Afghanistan fait face à de sérieux défis et qu’il a besoin de l’assistance de la communauté internationale. Cependant, a-t-elle averti, il n’y a pas de solution militaire aux problèmes afghans. Les éléments militaires et politiques doivent être complétés par des initiatives visant l’édification des institutions de l’État et de l’économie. La production de pavot, a-t-elle poursuivi, est en train de miner l’avenir de l’Afghanistan et il revient à la communauté internationale d’aider au développement d’alternatives. Le peuple afghan n’appuiera la présence internationale que s’il convaincu qu’elle travaille à l’amélioration de ses conditions de vie, de sa sécurité et de sa prospérité, a prévenu la représentante. À travers la MANUA, les Nations Unies, a-t-elle encore dit, ont un rôle central à jouer dans la coordination de l’assistance internationale mais aussi dans la reconstruction des institutions civiles.
En l’occurrence, le Conseil commun de coordination et de suivi est un mécanisme de coordination important, a estimé la représentante. Elle a aussi estimé que les pays voisins ont un rôle important à jouer parce que le développement de l’Afghanistan ne manquera pas d’être affecté par la manière dont ils contribuent au processus de reconstruction et coopèrent à l’amélioration de la sécurité. La représentante a déclaré que depuis 2001, son pays contribue largement aux efforts internationaux, y compris à ceux de la MANUA et de la FIAS.
M. SALEEM SHERVANI (Inde) a invité la communauté internationale à se demander si elle a réellement fait ce qu’il fallait pour éviter les chevauchements et améliorer la coordination de ses actions en Afghanistan et si elle juge vraiment que les objectifs qu’elle s’est fixés sont bien réalisables et fondés sur la réalité sur le terrain. Il faut, a-t-il préconisé, renouveler les engagements économiques et politiques pour le moyen et le long termes et maintenir la détermination à faire face aux défis à court terme. Parmi ces défis, aucun n’a autant valeur de test pour la volonté collective que la lutte contre les Taliban, Al-Qaida et les autres groupes terroristes et extrémistes, a dit le représentant, avant de militer pour la mise en œuvre d’une stratégie durable pour la stabilisation à court, moyen et long termes.
À long terme, a-t-il dit, les efforts ne pourront porter leurs fruits que si l’on investit dans le capital humain. Une approche prolongée est requise pour réhabiliter les infrastructures économiques et sociales, tout en générant des emplois. Il faut aussi songer au transfert progressif des compétences et de l’autorité aux Afghans pour leur permettre de s’approprier complètement la reconstruction de leur pays. Le représentant a poursuivi en déclarant que le programme d’aide de son pays est évalué à 750 millions de dollars et que sur cette somme, 300 millions de dollars ont déjà été versés. En ce qui concerne le renforcement des capacités, l’Inde, a dit son représentant, a formé sur son sol plus de 2 700 Afghans. L’Inde met aussi en œuvre un programme de renforcement des capacités en administration publique. Le pays, a encore dit le représentant, inclut une composante « renforcement des capacités » dans tous ses projets en Afghanistan. L’Inde concentre également ses efforts sur les petits projets de développement, a ajouté le représentant, en se félicitant de l’entrée de l’Afghanistan dans l’Association d’Asie du Sud pour la coopération régionale en 2007.
M. JOHN MCNEE (Canada) a déclaré que conformément à la résolution soumise pour adoption, il est essentiel que l’Afghanistan et la communauté internationale consentent davantage d’efforts, notamment pour mettre sur pied des forces de police afghanes professionnelles et pour renforcer le système de la justice dont l’avenir du pays est tributaire. Il a rappelé que son pays soutient le secteur de la police, par la formation, la fourniture d’équipement et une aide à la rémunération des effectifs policiers. Il a appelé les partenaires internationaux à fournir l’aide nécessaire au renforcement du système de justice afghan. Il convient également de renforcer la confiance entre l’Afghanistan et le Pakistan, y compris avec d’autres partenaires régionaux, a-t-il poursuivi. Il a finalement exhorté les Nations Unies à exercer un leadership fort, de façon à ce que l’Afghanistan progresse sur la voie de la sécurité et de l’autonomie.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a indiqué que la situation sécuritaire en Afghanistan était préoccupante, pointant les activités terroristes perpétrées par Al-Qaida, les Taliban et autres groupes criminels, ainsi que l’économie illégale des stupéfiants, sources d’instabilité pour le pays. En tant que voisin, l’Iran a un intérêt direct dans un Afghanistan prospère, stable et sûr, libre de toute forme de terrorisme et d’extrémisme, a-t-il souligné. Nous estimons que pour rétablir la sécurité dans le pays, une pleine appropriation, par les Afghans eux-mêmes, de la sécurité nationale devrait être assurée. Un tel objectif pourra être atteint par le renforcement de l’autonomie et de l’intégrité des forces de sécurité nationales afghanes, a suggéré M. Khazaee.
Malheureusement, avec 93% de la production mondiale d’opiacés, le redressement économique de l’Afghanistan est remis en cause, de même que la stabilité de la région dans son ensemble. Dans la mesure où le terrorisme et l’insurrection sont alimentés par la production et le trafic de drogues, il a estimé que seule une stratégie multidimensionnelle et des efforts plus conséquents de la part de la communauté internationale et de l’Afghanistan lui-même seraient à même de mettre fin à ces menaces. Il a de ce point de vue affirmé que les forces étrangères déployées sur le terrain n’ont pas rempli le mandat dont elles étaient investies de manière satisfaisante. Le représentant a par ailleurs indiqué qu’avec un demi-milliard de dollars versés jusqu’à présent, l’Iran avait largement participé à la reconstruction afghane, notamment des infrastructures. Évoquant enfin l’accueil offert par l’Iran à près de 3 millions de réfugiés afghans, le représentant a émis l’espoir que l’amélioration des conditions de sécurité dans le pays permettrait de faciliter leur retour.
M. ALBERTO ROMULO (Philippines) a apporté son appui à la communauté internationale dans les efforts qu’elle déploie pour sécuriser l’Afghanistan, en précisant que les Philippines ont coparrainé le projet de résolution sur la question. Il s’est en outre dit reconnaissant envers le PNUD et le Département des affaires politiques des Nations Unies pour leur appui à la Conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou rétablies (CIDNR) et a espéré que cette collaboration avec le système des Nations Unies s’intensifiera. Il a poursuivi en affirmant que son pays a coparrainé le projet de résolution sur la question. M. Romulo a ensuite réitéré les recommandations que son pays a formulées à Doha. Il a souligné en premier lieu que les migrations et le développement constituent des éléments et problématiques majeurs. Le potentiel des migrants dans la promotion du développement, a-t-il avancé, doit être reconnu et exploité, dans le respect de leurs droits. Il a invité tous les États Membres à se rendre à Manille pour la tenue, l’année prochaine, du second Forum sur les migrations et le développement.
Il a par ailleurs signalé que les démocraties nouvelles ou rétablies sont rongées par le fléau de la dette, et a, à cet égard, proposé un programme novateur de financement du développement. Ce dernier, appelé « dette pour fonds », vise à accélérer la mise en œuvre des OMD. Le programme permettrait, en effet, que 50% des sommes réservées au remboursement de la dette soient converties en fonds propres pour financer des projets. Ne prévoyant ni allègement ni annulation de la dette, ce programme bénéficierait aussi bien aux créditeurs qu’aux débiteurs, a-t-il affirmé. Le programme peut renforcer la détermination des pays pauvres très endettés à lutter contre la pauvreté et à créer les bases fondamentales de la démocratie et du développement durable.
En troisième point, le représentant a indiqué qu’un esprit de réconciliation est nécessaire pour amener et consolider la paix dans les démocraties nouvelles ou rétablies, et ce par le biais du respect interreligieux et interculturel, de la tolérance et de la compréhension mutuelle. Il a conclu, en invitant l’ONU à mettre en place un fonds d’affectation spécial pour les démocraties nouvelles ou rétablies, en plus du Fonds pour la démocratie, afin de concrétiser les décisions prises à Doha. Il a aussi recommandé que le Secrétariat de la CIDNR soit installé au Siège de l’ONU, à New York, comme expression concrète de l’appui à ses travaux.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a déclaré que la paix et la sécurité en Asie centrale sont tributaires de la stabilisation de la situation en Afghanistan. Elle a en outre apporté son appui aux Nations Unies dans son rôle central de coordination des efforts pour lutter contre l’insurrection, promouvoir la bonne gouvernance et améliorer la vie des Afghans. L’intervenante a toutefois déploré l’augmentation de la production d’opium en 2007, et a, à cet effet, dit attacher beaucoup d’importance aux activités antidrogue menées par les Nations Unies. Elle a ainsi appelé au renforcement de la coopération internationale et au développement de stratégies nationales pour éliminer ce trafic. Mme Aitimova a poursuivi, en annonçant que son pays, pour qui la lutte contre le trafic de drogue constitue une priorité, a respecté toutes les conditions nécessaires à la création d’un centre régional de coordination et d’information pour combattre le trafic de drogue.
L’intervenante a en outre affirmé que la coopération régionale est un vecteur de développement pour l’Afghanistan. Elle a ainsi incité le Gouvernement afghan à s’engager dans des initiatives bilatérales et multilatérales, portant notamment sur la gestion des flux migratoires et la lutte contre les narcotrafiquants, ainsi qu’à consolider ses capacités de gestion des relations bilatérales. Elle a, en outre, avancé qu’une participation active de l’Afghanistan au Programme spécial pour les économies d’Asie centrale, qui a été mis en place par le président kazakh en 1997 et auquel l’Afghanistan a adhéré en 2005, contribuera grandement à intégrer davantage le pays au sein de l’économie régionale. Elle a conclu, en déclarant que son pays attache une grande importance au renforcement des relations bilatérales avec l’Afghanistan, avant de souligner qu’à cet effet son pays a élaboré le plan d’aide à l’Afghanistan 2007-2008, lequel aide le pays à reconstruire ses infrastructures de communication, à développer ses gisements pétroliers et gaziers, et à former du personnel dans les domaines économique, industriel, financier et éducatif.
M. KAMILAN MAKSON (Malaisie) a félicité le Gouvernement afghan pour les progrès louables dans le développement des capacités institutionnelles des différentes branches gouvernementales. Il a félicité l’Assemblée nationale pour avoir finalisé le projet de loi électorale et adopté une loi relative à la réforme de la Commission électorale indépendante, en prévision des prochaines élections législatives et présidentielles. Il a également salué les progrès dans l’amélioration du système de fourniture des services sociaux. Malgré ces progrès, le représentant s’est montré préoccupé par la situation en matière de sécurité qui est marquée par l’insurrection et la baisse de crédibilité du Gouvernement quant à sa faculté à assurer l’aboutissement du processus de réforme. Le représentant s’est aussi dit préoccupé par l’augmentation de la production de pavot. Il a appuyé l’avis selon lequel le règlement de la situation en Afghanistan exige une approche civile et militaire intégrée et concertée. Dans ce contexte, il a appelé le Gouvernement afghan à renforcer la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme ainsi que sa crédibilité. Il faut, a-t-il insisté, lancer un processus inclusif de réconciliation nationale pour éviter la marginalisation de certains groupes. Il a, à cet égard, souligné l’importance d’un appui durable de la part de la communauté internationale, en saluant le travail de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan(MANUA).
M. DO-HOON LEE (République de Corée) s’est dit extrêmement préoccupé par l’instabilité constante dans certaines régions de l’Afghanistan. Des cas récents de disparitions et de meurtres de citoyens afghans et étrangers, y compris l’enlèvement par les Taliban de 23 citoyens de la République de Corée, dont deux ont été tués, témoignent de la gravité de la situation, a-t-il poursuivi. Il a également exprimé sa préoccupation face à la menace croissante que fait peser le trafic de drogues sur la sécurité nationale, le développement social et la gouvernance en Afghanistan. La République de Corée, a-t-il indiqué, attend de l’Afghanistan qu’il mette sérieusement en œuvre la Stratégie nationale de contrôle des stupéfiants présentée à la Conférence de Londres.
Le représentant s’est dit convaincu de la nécessité de renforcer le cadre institutionnel de la transition démocratique, ce qui permettrait de mettre en place la stratégie intégrée et cohérente absolument nécessaire pour lutter contre la corruption. Il a finalement souligné que depuis la Conférence de Londres, son pays a annoncé le renouvellement de l’assistance financière à l’Afghanistan. Il a à ce titre rappelé qu’elle s’est élevée à environ 60 millions de dollars entre 2001 et 2005, et que son gouvernement a réservé environ 20 millions de dollars pour les trois années à venir afin de financer des projets relatifs au développement agricole et rural, aux ressources humaines, et à l’administration publique. De plus, a-t-il noté, des unités médicales et de reconstruction ont contribué à la reconstruction de l’Afghanistan depuis leur déploiement en février 2002.
M. BAKI ÍLKIN (Turquie) a voulu que les nombreux éléments décourageants dans la situation en Afghanistan n’empêchent pas la communauté internationale de continuer à aider le peuple et le Gouvernement afghans. Au contraire, a-t-il estimé, ils nous obligent à redoubler d’efforts et à devenir plus efficaces et plus concentrés sur les résultats. De son côté, a affirmé le représentant, la Turquie fait tout ce qu’elle peut pour contribuer à la sécurité et à la stabilité de l’Afghanistan. Elle participe toujours à la FIAS en assurant le Commandement régional à Kaboul depuis avril 2007 et avec les derniers renforts, elle compte désormais 1 200 hommes sur le terrain. Relevant cependant les défis socioéconomiques, le représentant a préconisé un recours plus fréquent aux sociétés afghanes et le recrutement d’un nombre plus élevé de personnel local dans la mise en œuvre des projets. La participation des Afghans et le principe d’appropriation sont les principes fondamentaux de tous les projets de développement et de reconstruction lancés par la Turquie, a affirmé le représentant.
Les projets que lance la Turquie, a-t-il poursuivi, sont principalement concentrés dans des domaines qui peuvent avoir un impact immédiat et visible sur la vie des Afghans, comme la santé, l’éducation, l’agriculture et les activités de construction. L’un des exemples les plus tangibles de l’engagement de la Turquie est l’équipe de reconstruction provinciale qu’elle a établie, il y a un an, dans la province de Wardak. Mais, a tempéré le représentant, quels que soient les efforts faits, la coopération régionale demeure la clef de la stabilité à long terme. La Turquie travaille étroitement avec les pays de la région, en particulier avec le Pakistan et l’Afghanistan. Elle a d’ailleurs créé un mécanisme trilatéral pour rétablir la confiance et diversifier les domaines de coopération entre les deux pays. Le Processus d’Ankara, qui a été lancé au Sommet trilatéral tenu en Turquie, est un important moyen de renforcer la coopération régionale, a insisté le représentant. Il a conclu, en soulignant le rôle central des Nations Unies dans la coordination des efforts de la communauté internationale. Il a jugé essentielle l’aide qu’elles offrent aux efforts du Gouvernement afghan pour réaliser une paix durable et la stabilité. Il a, dans ce contexte, mis un accent particulier sur le Pacte international et le travail de la MNUA.
M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a déclaré que son pays, voisin de l’Afghanistan, est préoccupé par la situation actuelle et entreprend tous les efforts nécessaires à la reconstruction du pays pour améliorer la vie des populations. Il a en outre précisé que la stabilisation des liens économiques du pays avec ses voisins constitue un facteur fondamental pour amener et consolider une paix durable en Afghanistan. Il a, à cet effet, proposé la création d’un marché commun dans la région, en soulignant notamment que son pays est prêt à coopérer économiquement avec l’Afghanistan dans de vastes secteurs, tels que les communications. M. Vohidov a également regretté que l’Asie centrale, bien que dotée en ressources naturelles et contribuant à la croissance de bien des pays, demeure au centre de l’attention avec les tensions qui persistent en Afghanistan. Il s’est ainsi dit préoccupé par l’acuité des activités militaires et terroristes des Taliban et par la multiplication des narcotrafiquants qui entravent le développement du pays. Le représentant s’est aussi inquiété des réserves d’armes qui se sont accumulées depuis de nombreuses années. Il a conclu, en affirmant que la stabilité et la paix ne peuvent pas provenir d’une militarisation intensive et de la force, mais bien d’un dialogue constructif.
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