En cours au Siège de l'ONU

AG/10644

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE OUVRE LE DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT POUR RAVIVER « L’ESPRIT DE MONTERREY »

23/10/2007
Assemblée généraleAG/10644
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-deuxième session                                  

31e et 32e séances plénières

Matin & après-midi


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE OUVRE LE DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT POUR RAVIVER « L’ESPRIT DE MONTERREY »


Plusieurs représentants estiment que le partenariat mondial pour le développement souffre d’un déficit de mise en œuvre des engagements pris par les États


Cinq ans après l’adoption du Consensus de Monterrey, texte qui a consacré les responsabilités individuelles et mutuelles du Nord et du Sud en matière de développement, de nombreux ministres des finances et du développement ainsi que de hauts responsables d’institutions financières internationales se sont réunis, au Siège des Nations Unies, pour examiner la mise en œuvre des engagements contenus dans ce texte.  Ce Dialogue de haut niveau, prévu pour deux jours, se propose de contribuer à la préparation de la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, qui doit avoir lieu à Doha, au Qatar, dans la deuxième moitié de 2008.


Il faut raviver « l’esprit de Monterrey », a lancé aux délégations le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, en affirmant que la prochaine Conférence de suivi de Doha sera l’occasion de consolider les gains effectués à ce jour et de procéder à d’autres avancées en matière de mobilisation de ressources pour le financement du développement.  Après avoir souligné que le Consensus de Monterrey avait forgé un nouveau partenariat pour le développement, il a estimé qu’aujourd’hui, plus que jamais, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de tous les objectifs de développement internationaux, dépendait de la substance, de la vitalité et de la crédibilité de ce partenariat. 


Le Consensus de Monterrey avait identifié les mesures à prendre dans six grands domaines: la mobilisation des ressources nationales, la mobilisation des flux d’investissements étrangers et de l’aide au développement, la stimulation du commerce, moteur de la croissance, la coopération financière et technique, le règlement du problème de la dette extérieure et la recherche de solutions aux questions liées à la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux mondiaux.  Toutefois, a noté le Secrétaire général de l’ONU, les résultats de la mise en œuvre des principes de Monterrey sont aujourd’hui mitigés. 


Le Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, M. Srgjan Kerim, a indiqué que les pays en développement devaient mettre en place des politiques capables d’encourager la croissance économique durable.  De nombreux pays ont d’ailleurs souligné les efforts qu’ils avaient accomplis pour améliorer leur gestion macroéconomique et mobiliser leurs ressources nationales en faveur du développement, une charge qui leur revient en premier lieu conformément aux engagements qu’ils ont pris dans le Consensus de Monterrey.  Ces progrès ont aussi été soulignés par le représentant du Fonds monétaire international (FMI) qui a noté que l’Afrique subsaharienne a connu ces dernières années sa plus forte croissance et son taux d’inflation le plus faible depuis 30 ans. 


S’agissant de la mobilisation des ressources internationales, le Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) a souligné qu’en 2006, les flux d’investissements étrangers directs (IED) à destination des pays en développement avaient battu un record, atteignant 379 milliards de dollars.  Mais, a-t-il ajouté, 70% de ces investissements ont essentiellement bénéficié à 12 pays destinataires.  La Ministre de l’économie du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souhaité que la Conférence de suivi de Doha soit l’occasion d’élaborer un plan d’action destiné à renforcer la capacité des économies vulnérables à attirer ces flux de capitaux.  


Une majorité de participants à ce Dialogue de haut niveau ont par ailleurs dénoncé le non-respect des engagements pris par les pays donateurs en matière d’aide publique au développement (APD), et notamment leur promesse de consacrer 0,7% de leur PNB à cette assistance.  En outre, le représentant de la Banque mondiale a à cet égard constaté que l’augmentation de l’APD observée ces 10 dernières années était davantage attribuable aux mesures d’allégement de la dette qu’à un véritable accroissement des ressources de l’aide.  Le représentant du Portugal, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a pour sa part, fait valoir que celle-ci avait déjà dépassé son objectif de dédier 0,39% de son PNB à l’APD et visait maintenant à en verser 0,56% d’ici à 2010. 


La question de la dette a également été au cœur des préoccupations de nombreuses délégations.  Nombre d’entre elles se sont ainsi félicitées des résultats obtenus par la mise en œuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et par ceux provenant de l’application de l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale, décidée par le G-8 à Gleneagles.  Mais elles ont regretté que ces processus soient trop lents ou n’incluent pas certains pays, notamment ceux à revenu intermédiaire. 


Les intervenants ont par ailleurs affirmé qu’il fallait rapidement parvenir à une conclusion positive du Cycle de négociations commerciales de Doha qui permette de mettre le commerce au service du développement.  Des progrès ont été réalisés dans les négociations, a fait valoir la Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Mais il revient aux membres de l’OMC de parvenir à un accord politique sur la libéralisation du commerce dans les secteurs agricole, des produits industriels, et des services notamment.


Un grand nombre de délégations ont enfin estimé qu’il était temps de réformer les institutions financières internationales afin d’y renforcer la participation des pays en développement à la prise des décisions.  Le représentant du Fonds monétaire international a, à ce titre, fait part des progrès réalisés pour y changer la distribution des quotas et des voix qui reviennent à ces États. 


Le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement se poursuivra demain, mercredi 24 octobre, à 10 heures. 


DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR L’APPLICATION DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT


Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre et le suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement (A/62/217)


Ce rapport du Secrétaire général porte sur la mise en œuvre des accords conclus à la Conférence internationale sur le financement du développement tenue en 2002, à Monterrey au Mexique.  Il aborde les six grands domaines d’action du Consensus de Monterrey: mobilisation des ressources financières nationales pour le développement; mobilisation des ressources financières internationales pour le développement; commerce international; coopération financière et technique internationale; dette extérieure et questions de cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux. 


S’agissant de la mobilisation des ressources financières nationales pour le développement, le Secrétaire général note que les pays en développement devraient accélérer leur croissance et diversifier leur secteur financier.  Ils devraient accorder une attention toute particulière à la création de marchés pour la dette à long terme libellée en monnaie nationale, et devraient porter une très grande attention notamment à la question des obligations libellées en monnaie nationale et renforcer le rôle des banques nationales de développement; faciliter le financement des investissements productifs, en particulier par l’intermédiaire des petites et moyennes entreprises; faciliter l’accès de toutes les couches de la population aux services financiers en favorisant le microcrédit et le microfinancement; mettre en place des services de contrôle adéquats, notamment, si besoin est, en adaptant les normes et les codes internationaux aux conditions et aux capacités nationales.


Sur la question de la mobilisation des ressources internationales pour le développement, le rapport indique que les investissements étrangers directs (IED) sont restés la principale composante des entrées de capitaux privés dans les pays en développement, se montant à quasiment 400 milliards de dollars en 2006.  Le Secrétaire général estime toutefois que pour attirer et absorber des flux de capitaux nationaux et internationaux, stables et à long terme, il est essentiel d’établir un climat propice aux affaires.  À cet égard, le Secrétaire général met en avant le rôle des organismes d’aide bilatéraux et multilatéraux qui peuvent apporter un appui technique pour, entres autres, améliorer la capacité des pays à mettre en œuvre des réformes législatives et réglementaires, à faciliter les investissements infrastructurels, ou à intégrer de nouvelles technologies.


Afin que le commerce serve de moteur au développement, le rapport appelle par ailleurs lespays en développement à inscrire leurs programmes de renforcement des capacités de production dans leurs politiques commerciales comme partie intégrante de leur stratégie de développement.  Le rapport note que, dans leur ensemble, les pays en développement ont obtenu des résultats remarquables, mais que beaucoup restent à la traîne, leurs exportations étant toujours très concentrées dans une gamme restreinte de produits à base de ressources naturelles et de produits manufacturés à faible valeur ajoutée et donc peu rentables.  Le Secrétaire général fait valoir qu’en dépit des revers et suspensions, le Cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha pour le développement continue à offrir une occasion unique d’appuyer le développement par la libéralisation du commerce.  Il estime que le résultat du Cycle de Doha devra présenter une dimension développement substantielle comportant de réelles possibilités commerciales, sous la forme, notamment, d’une très sensible amélioration et d’une augmentation de l’accès aux marchés des exportations de produits manufacturés, de produits de base et de services, et de leur admission sur les principaux marchés extérieurs des pays en développement, y compris l’octroi sans réserve, et à tous les PMA, de l’accès en franchise de droits et sans contingentements pour tous leurs produits à titre permanent.  Il souligne aussi que les pays en développement devraient bénéficier d’une certaine flexibilité pour réduire les coûts de l’ajustement à la libéralisation du commerce et se doter des capacités de production requises pour soutenir la concurrence à l’échelle internationale.


En ce qui concerne la coopération financière et technique internationale, le rapport observe que l’aide publique au développement (APD) continue d’occuper une place essentielle dans le financement des objectifs de développement adoptés au niveau international, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  En dépit de l’évolution positive constatée depuis 2002 et des engagements pris, notamment lors du Sommet du Groupe des huit (G-8)qui s’est tenu à Gleneagles en 2005, les montants actuels et les projections concernant les niveaux d’APD pour 2006-2010 demeurent bien en-deçà des objectifs visés.  Le Secrétaire général fait valoir qu’il faut accroître d’urgence le volume global des flux d’aide -hors allégement de la dette, assistance technique et aide d’urgence- si l’on veut atteindre les objectifs internationaux de développement, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, dont le coût de réalisation est estimé à 150 milliards de dollars.  S’agissant des sources novatrices de financement, le rapport affirme que cette question devrait continuer de figurer au programme des réunions à venir, notamment de la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, qui aura lieu à Doha.  Il se félicite également des projets déjà lancés dans ce domaine, comme la taxe de solidarité sur le transport aérien, qui servira à améliorer l’accès aux traitements contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.


Pour ce qui est de la dette extérieure, le rapport indique qu’il est urgent de procéder à un changement de paradigme en matière de restructuration de la dette, en utilisant au besoin des dons ou en envisageant une annulation à 100% de la dette.  Le Secrétaire général y affirme par ailleurs qu’il faut travailler à l’élaboration d’un mécanisme internationalement accepté de renégociation de la dette qui concerne tous les créanciers.  Enfin, le rapport souligne la nécessité de renforcer la cohérence et la cohésion des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux à l’appui du développement.  Il souligne que la communauté internationale doit donner un véritable élan à la réforme de la gouvernance du FMI et de la Banque mondiale au cours des deux prochaines années.  Au minimum, poursuit-il, le résultat final de la redistribution des droits de vote doit déboucher sur une augmentation sensible du pouvoir de vote de l’ensemble des pays en développement.  En outre, il estime que les décisions économiques au niveau mondial doivent être le plus souvent possible, confirmées par des institutions internationales à caractère universel, c’est-à-dire appartenant au système des Nations Unies, plutôt que par des groupes ad hoc à composition limitée.


Rapport du Secrétaire général sur la dimension régionale de la mise en œuvre et du suivi des textes issus de la Conférence internationale sur le financement du développement (A/62/190)


Établi par les cinq commissions régionales de l’ONU, ce rapport présente la dimension régionale du suivi des engagements pris à l’issue de la Conférence internationale sur le financement du développement.  Il analyse les progrès accomplis dans plusieurs domaines tels que la mobilisation des ressources intérieures et internationales, l’aide publique au développement, la coopération technique, l’investissement étranger direct et les apports privés de capitaux au développement.  Les auteurs du rapport analysent aussi la dimension régionale des problèmes que soulève l’amélioration de la cohérence des systèmes monétaire, financier et commercial internationaux à l’appui du développement.


Le rapport conclut sur l’importance de renforcer les consultations sur la coopération Sud-Sud et la coopération financière régionale et sous-régionale, en particulier les fonds de réserve régionaux et les banques de développement.  Le Secrétaire général y rappelle combien il importe de continuer à rechercher le concours des principaux acteurs, notamment au niveau régional, en poursuivant l’examen des questions que soulève le suivi de la mise en œuvre des engagements de la Conférence.  Les commissions régionales ont assumé un rôle directeur dans l’organisation des activités de suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement en coopération avec d’autres acteurs régionaux, souligne le rapport.  Les activités régionales ont sensibilisé l’opinion aux objectifs du Consensus de Monterrey et à la nécessité d’adopter des politiques et des règles susceptibles de promouvoir le financement du développement et de renforcer la coopération pour atteindre les objectifs de développement convenus sur le plan international, et en particulier les Objectifs du Millénaire pour le développement.


Note du Secrétaire général sur le projet d’organisation des travaux du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement (A/62/271)


Cette note fait le point sur les modalités de l’organisation du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement.  Elle indique que ce Dialogue, qui comportera plusieurs séances plénières, séances informelles et tables rondes interactives multipartites, aura lieu les mardi 23 et mercredi 24 octobre 2007 au Siège de l’ONU, à New York.  Il aura pour thème général « Le Consensus de Monterrey: bilan de mise en œuvre et travaux à prévoir ».  Il prendra la forme de séances plénières et de séances informelles permettant un échange de vues sur la politique à adopter s’agissant du thème général, et de six tables rondes auxquelles participeront de manière interactive toutes les parties prenantes, portant sur certains des thèmes qui s’inspirent des six principaux domaines thématiques du Consensus de Monterrey.  Les six tables rondes porteront sur les sujets suivants: « Mobilisation des ressources financières nationales pour le développement », « Mobilisation des ressources internationales pour le développement –investissements étrangers directs et autres apports de capitaux privés », « Commerce international comme moteur du développement », « Augmentation de la coopération financière et technique internationale pour le développement », « Dette extérieure » et « Questions systémiques– amélioration de la cohérence et de la cohésion des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux au service du développement ».


Résumé du Président du Conseil économique et social, des travaux de la Réunion spéciale de haut niveau du Conseil avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (New York, 16 avril 2007) (A/65/76 – E/2007/55 et Corr.1)


Ce document rappelle que cette réunion avait pour thème: « Cohérence, coordination et collaboration dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey ».  Il indique en particulier que la réunion a été précédée de consultations approfondies au Conseil économique et social et entre le Président et les membres du Bureau du Conseil et les dirigeants des institutions de Bretton Woods, de l’OMC et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), par des réunions avec des membres des Conseils d’administration du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale et des membres du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED.  Les débats ont notamment porté sur l’efficacité de l’aide, de nombreux participants estimant que pour l’améliorer, il fallait dans de nombreux domaines consentir des efforts qui devaient être accompagnés par des efforts parallèles pour accroître le volume de l’aide.  Certains participants ont rappelé combien il importait de faire participer plus largement les pays en développement à l’amélioration de la structure de l’aide, en particulier en suivant de près le volume et la composition des apports d’aide et des politiques visant à améliorer l’efficacité de l’aide.  Des participants ont fait observer qu’une analyse méticuleuse des programmes d’ajustement structurel appliqués par les institutions de Bretton Woods était indispensable pour garantir que les politiques préconisées dans ces programmes n’avaient pas d’effet néfaste sur les populations qu’on essayait ainsi de sortir de la pauvreté.  Le lancement récent de nouveaux mécanismes de financement novateurs a été traité par un nombre important de participants.  Ils ont souligné que diverses sources nouvelles de financement complétaient l’aide publique, mais qu’elles ne sauraient la remplacer.  Le but était de mobiliser des ressources supplémentaires et de les affecter de façon prévisible et stable.  De nombreux participants ont fait observer que, depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui devaient être atteints en 2015, on était déjà à mi-parcours, et qu'il ne restait que sept années et demie avant l’échéance internationalement agréée.  Il était donc important de faire avancer plus rapidement l’agenda pour le développement.  La formule unique et le caractère exhaustif du Consensus de Monterrey faisaient de cet instrument un mécanisme efficace aux yeux d’un grand nombre de parties prenantes pour aider à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Déclarations


M. SRGJAN KERIM, Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a déclaré que la communauté internationale avait atteint un point crucial sur le chemin qui permettra de réaliser les objectifs de financement du développement.  Il a rappelé que le Consensus de Monterrey établissait à cet égard  les responsabilités individuelles et mutuelles des pays développés et des pays en développement.  Or, malgré des dépenses accrues de la part des uns comme des autres, la pauvreté augmente toujours dans les pays les plus pauvres, a déploré M. Kerim.  Il faut donc faire davantage pour encourager les investissements dans les pays à faibles revenus, a-t-il préconisé.  Malheureusement, bien que les échanges internationaux se soient accrus au cours des dernières années, de nouvelles formes de protectionnisme sont apparues, a-t-il regretté.  S’agissant de l’aide publique au développement (APD), il s’est félicité de l’engagement pris pour la renforcer.  Cependant, l’APD en direction de l’Afrique subsaharienne a stagné et a même diminué dans d’autres régions du monde, a-t-il regretté.  Le Président a ensuite salué l’Initiative multilatérale d’allègement de la dette, déplorant cependant que celle-ci continue de peser sur tant d’économies fragiles.  S’agissant des questions systémiques, il a rappelé qu’il fallait accroître la participation des pays en développement à la mondialisation, ce dont dépend la crédibilité d’un certain nombre d’organisations internationales.  Les pays en développement doivent de leur côté mettre en place des politiques en vue d’encourager la croissance économique durable et créer des conditions attirantes pour les entreprises et les investissements, et ce afin que les institutions financières puissent mettre en œuvre des modèles macroéconomiques adaptées, a recommandé le Président de l’Assemblée.  M. Kerim a estimé que le succès du cycle dévaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, prévu à Doha en 2008, dépendra avant tout du succès qu’obtiendra la communauté internationale des consultations qu’elle tiendra au cours de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale.  Pour y parvenir, nous devons surmonter l’antagonisme Nord-Sud, qui ne correspond plus à un monde de plus en plus complexe, a-t-il conclu.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue à Monterrey il y a cinq ans, avait été un point tournant dans la recherche du progrès économique et social.  À cette Conférence, les pays en développement comme les pays développés se sont retrouvés, sous l’égide des Nations Unies, pour forger un nouveau partenariat pour le développement et ont clairement exprimé leur détermination à mettre fin à la pauvreté, a souligné Ban Ki-moon.  Il a indiqué qu’aux termes du Consensus de Monterrey, les pays en développement avaient reconnu qu’ils étaient les premiers responsables à la fois de leur développement et de la mobilisation des ressources nationales; les pays développés, de leur côté, ont accepté de fournir leur assistance et de promouvoir un environnement international favorable au développement.  À mi-parcours des efforts déployés au niveau mondial pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il poursuivi, le bilan que nous en faisons est bien mitigé, a déploré M. Ban Ki-moon.  Le Secrétaire général a affirmé qu’aujourd’hui plus que jamais la réalisation des OMD et de tous les objectifs de développement agréés au niveau international, dépendait de la substance, de la vitalité et de la crédibilité du partenariat mondial.  Nous pouvons atteindre ces Objectifs mais seulement si nous en partageons la responsabilité et respectons nos engagements, a-t-il fait valoir.  Certaines régions, et notamment l’Afrique subsaharienne, ne sont pas sur la bonne voie et ceci devrait inquiéter chacun de nous.  Réaliser les OMD ne veut pas seulement dire améliorer la vie et la santé de millions de gens à travers le monde.  C’est aussi essentiel pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a prévenu le Secrétaire général. 


Le Secrétaire général a estimé que les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey étaient mitigés.  Il a ainsi constaté qu’après une augmentation des niveaux d’aide publique au développement depuis 2002, ceux-ci avaient connu une baisse l’année dernière.  L’augmentation régulière de l’APD, qui avait été promise par les pays industrialisés pour qu’ils respectent les 0,7% de leur PNB qu’ils s’étaient engagés à verser à l’APD, a fait défaut, a regretté Ban Ki-moon.  Il a appelé les donateurs à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement, tout en soulignant l’importance d’améliorer l’efficacité de l’aide.  M. Ban a affirmé que les besoins supplémentaires de financement pour lutter contre les changements climatiques devaient être pris en compte.  Il a plaidé en faveur de la prise de mesures supplémentaires pour alléger la dette et pour des actions immédiates afin d’accroître la participation des pays en développement dans le processus international de prise de décisions.  Au niveau national, le Secrétaire général a souligné que les stratégies de développement devaient donner la priorité aux politiques macroéconomiques qui soutiennent la croissance économique et l’emploi décent.  Sur le plan international, il a mis en avant la nécessité de coordonner les politiques macroéconomiques et de conclure sur une note positive les négociations commerciales du Cycle de Doha, placé sous le signe du développement.  Enfin, le Secrétaire général a déclaré que la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, qui doit se tenir à Doha l’année prochaine, constituait une occasion en or de consolider tous les gains et de faire d’autres avancées.  Il a appelé à raviver « l’esprit de Monterrey » et a exhorté la communauté internationale à tenir les engagements pris à Monterrey.


M. DALIUS ČEKUOLIS, Président du Conseil économique et social - ECOSOC, a fait observer que ce Dialogue de haut niveau sur le financement du développement est une occasion importante pour mobiliser les énergies des Nations Unies et de ses partenaires et avancer dans la réalisation de l’Agenda pour le développement.  Il a rappelé que, pour sa part, l’ECOSOC a procédé ces deux dernières années au renforcement de ses fonctions et de sa mission de promoteur du développement économique et social.  Ainsi, il s’est réjoui que la réunion du printemps entre l’ECOSOC, la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) ait permis de s’atteler à la résolution d’un certain nombre de questions spécifiques et de finaliser la préparation de la Conférence de suivi des engagements pris sur le financement du développement qui se tiendra à Doha en 2008. 


M. Čekuolis a également fait observer que l’Examen ministériel annuel, dont le Sommet mondial de 2005 avait demandé à l’ECOSOC la tenue annuelle, montre que le Conseil est l’instance centrale pour la coopération à l’échelle du système dans les domaines économique et social.  Des présentations nationales volontaires qui ont été effectuées par différents États Membres sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de leurs stratégies de développement.  Elles ont été particulièrement instructives, a-t-il ajouté.  À cet égard, il s’est dit d’avis que les futurs Examens ministériels annuels devraient aboutir à des recommandations concernant les démarches qui concrètement permettraient de  relever les défis posés par la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  En outre, le Président de l’ECOSOC s’est félicité que le lancement du Forum pour la coopération ait permis de rassembler un vaste ensemble de partenaires du développement autour d’un dialogue sur le renforcement de la coopération internationale.  Ce Forum a constitué un pas décisif pour la mise en œuvre du partenariat mondial pour le développement, a-t-il souligné.  Il a également évoqué et montré la volonté qu’ont les gouvernements de renforcer la cohérence et l’efficacité de la coopération internationale pour le développement.  M. Čekuolis s’est dit convaincu que ces deux nouvelles fonctions clefs constituent une plate-forme importante pour stimuler le dialogue sur le financement du développement.  Pour conclure, il a réaffirmé que l’ECOSOC fera tout son possible pour soutenir la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et assurer le succès de la Conférence de Doha de 2008.


M. DANNY M. LEIPZIGER, Vice-Président de la Division de la réduction de la pauvreté et de la gestion économique à la Banque mondiale, a recommandé qu’à mi-parcours de la date butoir agréée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, la communauté internationale poursuive ses efforts pour renforcer le partenariat auquel elle a souscrit lors de la Conférence sur le financement du développement, tenue à Monterrey il y a cinq ans.  Il a fait observer que la plupart des institutions financières multilatérales et des créanciers ont allégé la dette, conformément aux engagements pris à la suite du lancement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’Initiative pour l’allègement de la dette multilatérale.  Trente-deux pays bénéficient de cet allègement, a-t-il précisé, en notant que les réductions de dette s’élevaient à 90 milliards de dollars en 2006.  À cet égard, M. Leipziger a souligné que la viabilité de la dette n’est pas garantie par l’effacement des montants précédents de la dette.  Il faut non seulement adopter une certaine prudence dans les emprunts futurs, mais également diversifier les exportations, assurer la croissance et développer une capacité de résistance aux chocs économiques.  Un endettement élevé est plus un symptôme de la faiblesse des politiques, des institutions et de la gouvernance, que la résultante ou la cause d’une croissance lente, a-t-il fait observer.  Il a expliqué que la Banque mondiale s’attache, dans le cadre du « Debt sustainability framework », à évaluer le fardeau de la dette d’un pays, tout en prenant notamment en considération les politiques de ce pays et son exposition aux chocs.  En outre, la Banque mondiale met l’accent sur le renforcement de la capacité des débiteurs à gérer leur propre dette et à générer des fonds pour le développement.


M. Leipziger s’est d’autre part réjoui des efforts déployés par les pays en développement pour gérer les flux d’aide et assurer un environnement favorable à la croissance.  Aussi a-t-il attiré l’attention sur les améliorations qui ont été faites s’agissant de l’adoption de stratégies de réduction de la pauvreté, du renforcement des cadres institutionnels chargés de la gestion des finances publiques et de la gouvernance, et de la mise en œuvre de politiques macroéconomiques de qualité.  D’un autre côté, il a déploré que les donateurs n’aient pas respecté leurs engagements en matière d’amélioration de la qualité et de la quantité de l’aide.  Ainsi, il a regretté que l’essentiel de l’augmentation de l’aide publique au développement soit dû à l’allègement de la dette et que la prévisibilité de l’aide ait décliné depuis les années 90.  S’intéressant ensuite au Cycle de négociations commerciales de Doha, le représentant de la Banque mondiale a relevé l’importance de les mener à bon terme.  Il y a sur la table un paquet de propositions de négociations qui bénéficieraient à toutes les parties prenantes si elles font preuve de flexibilité, a-t-il souligné, en prévenant qu’il ne faudrait pas sous-estimer les coûts d’un échec du Cycle de Doha.


M. MURILOPORTUGAL, Fonds monétaire international (FMI), a souligné que de nombreux pays en développement ont fait des performances macroéconomiques remarquables, ces dernières années.  L’Afrique subsaharienne en particulier, a connu sa plus forte croissance et son taux d’inflation le plus faible depuis 30 ans.  Dans ce continent, la croissance devrait atteindre 6% cette année alors qu’en Asie elle devrait atteindre près de 10%.  Ces pays, a-t-il poursuivi, ont très bien géré les dernières turbulences du marché qui ont largement été un phénomène des pays industriels.  Dans l’ensemble, les perspectives des pays en développement demeurent favorables en dépit des inquiétudes liées à la hausse des taux d’intérêt et aux retards dans la conclusion du Cycle de Doha. 


Le FMI se félicite donc que les pays en développement soient dans une meilleure forme qu’il y a 10 ans.  Ils ont récolté les bénéfices des réformes économiques et de l’amélioration des politiques macroéconomiques.  Leurs gouvernements ont renforcé la gestion des finances publiques et des taxes.  Ces pays ont désormais des régimes commerciaux plus ouverts et font des progrès dans l’amélioration du climat des investissements.  La nécessité de lutter contre la mauvaise gouvernance et la corruption reçoit de plus en plus d’attention.  En outre, nombre d’entre eux ont combattu l’inflation et ont été capables de créer des réserves de change susceptibles de mieux les préparer aux chocs financiers. 


La réduction de la pauvreté a donc des perspectives encourageantes, a poursuivi le représentant, en citant toutes les régions du monde à l’exception de l’Afrique.  Il a appelé la communauté des donateurs à respecter les engagements pris à Monterrey et réitérés, en 2005 à Gleneagles.  Le représentant a ainsi averti que l’augmentation de l’APD que l’on a pu observer ces 10 dernières années, est davantage attribuable aux opérations exceptionnelles d’allègement de la dette qu’au respect des engagements pris.  Soulignant la différence que peuvent faire les nouveaux pays donateurs, il a aussi mis l’accent sur le fait que désormais 3% de l’APD passe par les fonds mondiaux et que les dons des fondations privées oscillent maintenant entre 10 et 25 milliards de dollars par an. 


La multiplication des donateurs, a-t-il dit, met en lumière la nécessité d’une plus grande coordination pour assurer une aide harmonisée et conforme aux priorités des pays.  Il est tout aussi important que l’aide soit plus prévisible, a-t-il ajouté, avant de décrire les conclusions auxquelles est parvenu le Fonds après examen de ses activités de conseil en politique macroéconomique et fiscale.  Ces conclusions montrent d’abord que les programmes d’appui du FMI doivent désormais viser à renforcer la capacité d’absorption de l’aide des pays et à les aider à étaler leurs dépenses sur le temps pour qu’une pénurie soudaine de l’aide n’ait pas d’impact sur le développement.


Deuxièmement, le FMI travaillera avec les donateurs pour renforcer la capacité des pays à mettre au point des cadres à moyen terme dans les domaines fiscaux et de la dette.  Troisièmement, le Fonds continuera à apporter un appui technique aux pays pour les aider à renforcer la mobilisation des ressources nationales.  Quatrièmement, il continuera aussi à appuyer techniquement les pays à faible revenu pour assurer des progrès dans le renforcement de leurs institutions fiscales, y compris les systèmes de gestion des finances publiques. 


Le Fonds doit rester crédible aux yeux de tous ses membres, dont les pays en développement, a reconnu le représentant, avant d’annoncer des progrès dans la réforme des quotas et des voix qui doit impérativement conduire au renforcement du pouvoir décisionnaire des économies en développement. 


Mme VALENTINE RUGWABIZA, Directrice générale adjointe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a indiqué que la vision des OMD pouvait encore être réalisée mais que sa réalisation nécessitait une volonté politique accrue.  Mettant l’accent sur les échanges, elle a souligné l’importance du commerce en tant que moteur de la croissance et a estimé qu’une conclusion heureuse du Cycle de négociations commerciales de Doha pouvait contribuer grandement aux efforts mondiaux pour réduire la pauvreté et assurer le développement.  Pour l’OMC, a-t-elle affirmé, il s’agit de s’assurer que les nouvelles opportunités qui seront, on l’espère, générées par le Cycle de Doha, se traduisent en réalités pour les pays les moins avancés et autres pays en développement.  Mettant en avant les progrès accomplis dans les négociations commerciales cet été, elle a déclaré que les membres de l’OMC devaient parvenir à un accord politique sur la libéralisation du commerce dans le secteur agricole, dans celui des produits industriels et dans les services notamment.  Le défi à relever est désormais celui du leadership, des compromis, et de la reconnaissance par les pays de leur intérêt commun à voir ce Cycle réussir, a-t-elle ajouté.  Mme Rugwabiza a de plus argué que personne ne sortirait perdant de ces négociations, car la flexibilité de l’agenda de Doha offrait des gains à toutes les parties.  S’agissant de l’« aide pour le commerce », Mme Rugwabiza a fait valoir l’importance de ce programme prévu pour faciliter l’élargissement du volume et de la part des échanges mondiaux d’un pays et l’aider à s’intégrer dans l’économie mondiale.  Elle a expliqué que trois réunions sur cette question avaient été organisées à Lima, Manille et Dar es-Salaam.  Il en est ressorti, a-t-elle ajouté, que les ministres du commerce doivent travailler plus étroitement avec ceux chargés des finances et du développement afin d’attirer une aide supplémentaire pour le commerce.  Enfin, elle a indiqué que les pays en développement devaient déterminer leurs priorités nationales afin qu’elles contribuent à la croissance du commerce, tout en mettant en exergue le rôle vital du secteur privé. 


M.CHEICK SIDI DIARRA, Haut Représentant pour les PMA, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement, qui est aussi Représentant spécial de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) a déclaré, au nom de M. SUPACHAI PANITCHPAKDI, Secrétaire général de la CNUCED, qu’il tenait à souligner que le développement du secteur financier d’un pays exige la participation active de son gouvernement, notamment dans les pays pauvres.  M. Diarra a rappelé qu’en 2006 les investissements étrangers directs (IED) à destination des pays en développement avaient battu un record, atteignant 379 milliards de dollars.  Cependant, la part d’IED investie dans les PMA se situait seulement autour de 2,5%, tandis que 70% de ces investissements avait essentiellement bénéficié à 12 pays destinataires.  Il a également noté que dans les PMA, l’aide au développement dépasse les investissements étrangers directs.  La complémentarité de l’aide et des IED doit être maintenue, notamment dans le contexte de l’amélioration des infrastructures, a-t-il signalé, pour ensuite se féliciter de l’augmentation du flux d’investissements étrangers directs en provenance des pays du Sud classés pays émergents.  D’autre part, a–t-il relevé, on constante un rôle de plus en plus grand des fonds souverains qui se lancent dans des activités d’investissements directs dans les pays du Sud.


M. Diarra a ensuite constaté que l’émergence de certaines économies en développement sur la scène internationale et l’expansion du commerce Sud-Sud avait créé « une nouvelle géographie du commerce international ».  Il a cependant relevé que cette tendance masque de nombreuses disparités, notamment en ce qui concerne les PMA, pays enclavés, et petits États insulaires en développement, qui sont les pays qui connaissent une pauvreté endémique et une faible participation au commerce international.  Il a estimé qu’il fallait redresser les asymétries du commerce mondial en respectant l’intégration de l’Agenda pour le développement dans les négociations de Doha, en assurant la cohérence entre le système commercial multilatéral et la prolifération des accords régionaux et en appuyant le dynamisme des nouveaux pôles de croissance du Sud.


M. Diarra a constaté avec déception qu’en 2006 l’aide en provenance des pays membres du Comité d’aide au développement avait chuté pour la première fois depuis 1997, atteignant seulement 0,3% du revenu national brut, bien en-dessous des 0,7% requis.  Sans ce financement, de nombreux pays ne pourront pas réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il averti.  Il a également relevé que l’allégement réel de la dette était bien en-dessous des niveaux atteints il y a 10 ans, tandis que les stratégies d’accumulation de réserves adoptées par certains pays en développement, et ce au détriment des mécanismes de protection préconisés par les institutions financières internationales, démontraient les points faibles de l’architecture financière internationale.  M. Diarra a également relevé que certaines mesures préemptives adoptées par des pays en développement visent à atténuer leur dépendance vis-à-vis des mécanismes de renflouage internationaux, témoignant du manque de confiance qu’ils accordent à l’engagement des pays les plus développés à garantir la stabilité financière internationale.   Pour finir, M. Diarra a souligné la nécessité d’établir un système monétaire international qui soit réellement coopératif et de réformer les institutions financières internationales.


M. AD MELKERT, Secrétaire général adjoint et Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé que nous avons assisté, ces cinq dernières années, à des croissances économiques fulgurantes et à une baisse simultanée du nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour.  Ces tendances, si elles venaient à persister, signifieraient que la communauté internationale pourrait réaliser l’Objectif de réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici à 2015, a-t-il estimé.  Mais M. Melkert a souligné que ces phénomènes dissimulent souvent des réalités plus troublantes, en particulier dans les pays déchirés par les conflits.  Pour faire face à ce genre de situation, le partenariat mondial pour le développement doit viser la croissance économique inclusive et s’en tenir aux engagements déjà pris, a-t-il recommandé.  L’Administrateur associé du PNUD a énuméré six points essentiels, à ses yeux, pour le prochain cycle d’évaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, prévu à Doha: intégrer aux stratégies nationales de développement les engagements pris en vue de réaliser les OMD; prendre en compte les besoins de financement dans les modèles macroéconomiques; combiner l’allègement de la dette aux stratégies d’investissement pour le développement humain; mobiliser des ressources nationales là où profits et richesses fournissent la base d’une fiscalité équitable; améliorer la planification et la coordination de l’aide et enfin, mettre en place un système commercial mondial ouvert aux pays les plus pauvres.  M. Melkert a ensuite proposé trois éléments qui pourraient selon lui permettre à la communauté internationale de distinguer Doha de Monterrey.  Il a tout d’abord suggéré de concevoir « sur mesure » des plans opérationnels et de prendre des engagements précis plutôt que de se contenter d’objectifs généraux.  Il a ensuite proposé d’échelonner sur plusieurs années les ressources nationales pour le développement.  L’Administrateur associé du PNUD a enfin préconisé de veiller à ce que les objectifs de croissance économique et de développement humain restent étroitement liés dans les modèles macroéconomiques.


M. NIKOKLA SPIRIC (Bosnie-Herzégovine) s’est dit convaincu qu’en matière de développement, la garantie d’un niveau satisfaisant de financement exige une approche globale visant principalement à mobiliser toutes les ressources disponibles.  Dans ce contexte, a dit le représentant, il est évident que le commerce et les investissements représentent une composante essentielle d’une telle approche.  Le représentant a rappelé qu’il n’y a pas si longtemps, son pays nécessitait une assistance et qu’à bien des égards, il en a toujours besoin, après l’effondrement économique dont il a souffert dans les années 1990.


Le pays a déjà commencé à faire face aux défis de la lutte contre la pauvreté et des réformes structurelles nécessaires au développement d’une économie productive et intégrée aux marchés mondiaux.  Le représentant a aussi cité le défi de la stabilité macroéconomique nécessaire à la croissance et au développement et celui de la réduction du chômage.  Il s’agit aussi, a-t-il dit, d’attirer les IED et de mettre en place les conditions préalables à un développement économique équilibré et durable. Le représentant a souligné que le libre-échange est l’un des éléments clefs de la politique de développement.  La Bosnie-Herzégovine, a-t-il assuré, a l’un des régimes commerciaux les plus libéraux de la sous-région et s’efforce de mettre en place le plus d’accords bilatéraux.  Le représentant a conclu en confiant que son pays fait de son mieux pour mettre en œuvre, dans ce contexte, toutes les mesures de protection de l’environnement.


Mme HINA RABBANI KHAR, Ministre de l’économie du Pakistan, a déclaré au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que ce Dialogue de haut niveau prenait une signification particulière alors que la communauté internationale se préparait pour la Conférence internationale de suivi de la mise en œuvre des engagements pris sur le financement du développement qui doit se tenir à Doha dans la deuxième moitié de 2008.  Elle a rappelé que le Groupe des 77 et la Chine attachaient une grande importance au suivi du Consensus de Monterrey et a regretté que les engagements contenus dans ce Consensus souffrent d’un profond déficit de mise en œuvre.  Elle a fait remarquer que malgré des initiatives en faveur de l’allégement et de la gestion de la dette, le total de la dette externe des pays en développement avait augmenté.  Mme Rabbani Khar a aussi souligné que les niveaux d’aide publique au développement (APD) étaient encore loin des objectifs internationalement agréés, tout en mettant l’accent sur l’impasse dans laquelle sont les négociations commerciales du Cycle de Doha et sur les lacunes du système financier international.  La situation exige que nous redoublions nos efforts pour mettre un terme à ces insuffisances et renverser ces tendances par le biais d’un véritable partenariat mondial en faveur du développement, a-t-elle affirmé. 


La Ministre pakistanaise a ainsi souhaité une augmentation des flux d’APD afin de parvenir aux objectifs de consacrer 0,7% du PNB des pays industrialisés à cette assistance.  De plus, elle a estimé qu’il fallait explorer des sources novatrices de financement du développement et a mis en avant, à cet égard, le rôle du nouveau Forum de coopération pour le développement du Conseil économique et social, qui rassemble donateurs, pays bénéficiaires et société civile.  S’agissant des investissements étrangers directs (IED), elle a souhaité que la Conférence d’évaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, prévue à Doha, soit l’occasion d’élaborer un plan d’action afin de renforcer la capacité des économies vulnérables d’attirer ces flux de capitaux.  Elle a aussi insisté sur l’importance de la viabilité de la dette, estimant que ce concept devait être lié à la capacité d’un pays à parvenir à ses objectifs nationaux de développement.  Par ailleurs, Mme Rabbani Khar a plaidé en faveur d’une réforme de l’architecture financière internationale, y compris par le renforcement des droits de vote des pays en développement.  Elle a aussi demandé la prise de mesures urgentes pour pouvoir atténuer les conséquences de la volatilité des flux de capitaux de capitaux à court terme.  La Ministre a enfin appelé les pays développés à faire preuve de flexibilité et de volonté politique en ce qui concerne l’impasse actuelle des négociations commerciales du Cycle de Doha. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), M. CARLOS MANUEL COSTA PINA, Secrétaire d’État au Trésor et aux finances du Portugal, a déclaré que les progrès mitigés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement devraient inciter la communauté internationale à redoubler d’efforts pour parvenir à les atteindre.  Dans ce contexte, les besoins des États les plus fragiles méritent une attention particulière, notamment leur situation commune d’« orphelins des donateurs », a-t-il estimé.  L’Union européenne réitère pour sa part, a poursuivi le représentant, son engagement à mettre en œuvre le Consensus de Monterrey, qui est le fondement du partenariat mondial en faveur du développement.  Le représentant a rappelé que l’Union européenne s’était fixé comme objectif de consacrer d’ici à 2015, 0,7% de son produit national brut à l’APD, en fixant comme objectif intermédiaire à réaliser d’ici 2006, d’y consacrer 0,39% de son PNB.  Le Secrétaire d’État a annoncé que ce dernier objectif avait été dépassé, avant de réitérer l’objectif d’atteindre 0,56% du PNB d’ici 2010.  L’Union européenne, a affirmé le Secrétaire d’État, assume 57% de l’APD mondiale.


Il a ensuite fait part des efforts de l’Union pour renforcer l’efficacité de l’aide en citant le Code de conduite pour la coopération au développement adopté récemment pour accroître la complémentarité et la division du travail dans les politiques de développement.  Le Secrétaire d’État a aussi réitéré l’engagement ferme de l’Union européenne en faveur de l’Afrique, en indiquant que la Stratégie commune qui sera adoptée, au mois de décembre à Lisbonne, mettra en exergue la vision partagée des relations futures entre l’Union européenne et l’Afrique dans un monde « mondialisé ». 


L’APD est un complément important des ressources nationales et des autres sources de financement, a reconnu le Secrétaire d’État, en rappelant les termes de la Déclaration de Paris et en estimant que le Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide qui aura lieu l’année prochaine à Accra au Ghana, sera une contribution importante à la prochaine conférence de Doha.  Après avoir salué les différentes initiatives liées aux sources novatrices de financement, le représentant s’est attardé sur le rôle du secteur privé et du commerce dans la lutte contre la pauvreté.  Soulignant dans ce cadre l’importance des IED, il a argué que leur attraction dépend du niveau de transparence et de la présence d’un climat des affaires stable et prévisible dans les pays en développement.  Le Secrétaire d’État a aussi salué les partenariats public-privé et les autres mécanismes de promotion des IED. 


Rappelant ensuite que l’Union était fermement engagée dans le Cycle de Doha, le Secrétaire d’État a qualifié de déterminante l’Initiative « Aide pour le commerce » pour permettre l’intégration des pays en développement, en particulier des pays les moins avancés (PMA), dans le système commercial international.  L’Union est en train de travailler à sa stratégie « Aide pour le commerce » et compte élever à 2 milliards par an à partir de 2010, ses dépenses collectives dans le domaine de l’appui à l’intégration au commerce mondial.


Pionnière dans la mise en place du « Cadre commercial intégré et renforcé pour l’aide aux PMA », l’Union a été le premier marché développé à offrir un accès sans franchises ni quotas aux PMA dans le cadre de sa politique « Tout sauf les armes », a rappelé le Secrétaire d’État.  Concernant la dette, il a qualifié de succès l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), qui a permis d’alléger de 44 milliards de dollars la dette des 20 pays ayant atteint le point d’achèvement.  Il a appelé les donateurs à respecter leur engagement de financer l’Initiative multilatérale pour l’allègement de la dette.  En la matière, il a souligné qu’il y va de la responsabilité des créanciers et des débiteurs d’assurer la viabilité à long terme de la dette.  Le Secrétaire d’État a exprimé en conclusion le soutien continu de l’UE à la réforme des institutions financières internationales, au sein desquelles les pays en développement doivent pouvoir jouer le rôle qui leur revient.


Il a aussi indiqué, concernant la conférence de Doha, la préférence de l’Union européenne pour une conférence au niveau ministériel calquée sur l’organisation et la diversité des parties prenantes de Monterrey.  L’Union européenne appuie un document final qui prendrait la forme d’une déclaration ministérielle brève, politique et portant sur la réaffirmation du Consensus de Monterrey et la manière de promouvoir sa pleine mise en œuvre.


M. A. B. MIRZA Md. AZIZUL ISLAM, Conseiller au Ministère des finances du Bangladesh, a fait observer que les pays les moins avancés (PMA), au nom desquels il s’exprimait, étaient menacés de marginalisation et ne pouvaient s’intégrer à l’économie mondiale.  Le soutien qui leur est accordé au niveau mondial est loin d’être adéquat, a-t-il en outre regretté.  Il a souligné que si le commerce était un moteur du développement, les PMA ne pouvaient pas en bénéficier en raison des subventions néfastes qui sont versées par les pays riches à leurs producteurs, des restrictions non tarifaires, et des normes artificielles qui bloquent l’accès des produits du Sud aux marchés des pays riches.  Il a plaidé pour une conclusion rapide des négociations commerciales du Cycle de Doha et a souhaité que les besoins spécifiques des PMA soient au cœur du résultat final de ce Cycle.  Il a demandé que les pays développés et ceux en développement qui le peuvent, accordent un accès sans contingentement et en franchise de droit à tous les produits provenant des PMA.  Il a aussi suggéré que l’initiative « Aide pour le commerce » soit rendue opérationnelle le plus rapidement possible et avec des ressources suffisantes.  S’agissant de la dette, M. Azizul Islam a argué que les ressources libérées en faveur du développement par le biais de l’allégement de la dette étaient, en fait, insignifiantes.  Il a noté que l’allégement de la dette devait venir s’ajouter à l’APD.  De plus, il a appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer 0,2% de leur PNB à l’assistance aux PMA.  Par ailleurs, il a estimé que la recherche de nouvelles sources de financement du développement devait en premier lieu s’attacher à régler le problème de manque de ressources en faveur des PMA.  Sur la question de la réforme des institutions financières internationales, le représentant du Bangladesh a souhaité que la redistribution des votes au sein de leurs organes de prise de décisions aboutisse à une augmentation significative des droits de vote des PMA.  Enfin, il s’est dit en faveur d’un mécanisme intergouvernemental de suivi du processus du financement du développement, sous les auspices de l’Assemblée générale.


Mme HEIDEMARIE WIECZOREK-ZEUL, Ministre de la coopération économique et du développement, du Gouvernement de l’Allemagne, a fait observer que le Sommet du Millénaire a façonné une nouvelle manière de concevoir la coopération pour le développement.  Elle s’est ainsi réjouie de la volonté de la communauté internationale de donner un nouvel élan à la coopération et d’assurer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement pour 2015.  Par ce Sommet et par la Conférence de Monterrey, nous avons développé une nouvelle compréhension de la coopération pour le développement et une nouvelle conception du partenariat mondial incluant tous les pays du monde, a-t-elle précisé.  La Ministre s’est félicitée de l’augmentation significative du financement pour le développement, rappelant à cet égard que l’Union européenne s’est engagée à élever son aide publique au développement (APD) jusqu’à atteindre 0,56% de son PNB en 2010 et 0,7% en 2015.  Grâce aux initiatives d’allègement de la dette, 90 milliards de dollars ont pu être libérés pour la réduction de la pauvreté, la promotion de la santé et de l’éducation, a-t-elle indiqué.  Il ne faut pas oublier que grâce à cet allègement, 20 millions d’enfants supplémentaires peuvent aller à l’école, a-t-elle ajouté.  À cet égard, elle s’est dite fière de la décision prise par le Gouvernement allemand de lancer l’initiative D2H qui transforme la dette en mesures de promotion de la santé. 


Toutefois, Mme Wieczorek-Zeul a rappelé qu’en dépit de ces succès beaucoup de défis doivent être relevés, notamment s’agissant de l’éradication de l’extrême pauvreté et de la promotion de la scolarité.  Ces défis, a-t-elle précisé, ne peuvent être surmontés que par une action commune impliquant tous les gouvernements, la société civile, les pays industrialisés, les économies émergeantes, les pays en développement, le secteur privé, les individus et les organisations.  Plus précisément, la Ministre a plaidé en faveur d’un renforcement du système financier international et de la recherche de sources novatrices de financement du développement.  Il faut augmenter l’APD, a-t-elle ajouté.  Et personne ne peut prétendre que les fonds n’existent pas, a-t-elle fait valoir, avant de faire observer qu’en 2006, 184 dollars par homme, femme ou enfant du monde ont été dépensés en armes, alors qu’avec seulement 20 dollars par personne, les OMD pourraient être réalisés.


M. ERROL CORT, Ministre des finances et de l’économie d’Antigua-et-Barbuda, a regretté que cinq ans après la Conférence de Monterrey, quasiment aucun progrès n’ait été réalisé pour la majeure partie des pays et des peuples visés par le Consensus sur le financement du développement.  Compte tenu de la complexité accrue des structures financières internationales, il a appelé la communauté internationale à se concentrer sur les objectifs et les intentions réels du Consensus de Monterrey, et à se montrer à la hauteur des moyens à mobiliser, ce qui permettrait de faire des progrès dans la mise en œuvre au niveau national.


Les investissements étrangers directs (IED) constituent la source principale de financement du développement dans mon pays, a déclaré M. Cort, tout en insistant sur l’obligation de faire des efforts pour renforcer le lien direct entre ces investissements et l’augmentation du niveau de vie.  Les IED ne mènent pas forcément à la croissance et au développement, a-t-il rappelé, en estimant qu’il est donc impératif de les placer dans le contexte élargi du développement durable.  Ceci, a-t-il regretté, n’a pas été suffisamment le cas au cours de ces cinq dernières années.  Il a également déploré le fait que les investisseurs tendent à choisir des marchés à risques moins élevés que les petits États insulaires et les autres économies jugées « vulnérables ».  Il a, à ce titre, appelé le système international à aider ces pays à gérer leurs risques en réduisant notamment les risques d’investissement dans des projets d’infrastructure et en fournissant de l’assistance au renforcement des capacités afin de créer le cadre de régulation nécessaire.


M. Cort a regretté le déclin de l’aide publique au développement dans les Caraïbes, tout en soulignant que les petites économies vulnérables sont limitées en termes d’options de stratégies de croissance commerciale.  À ce propos, a-t-il ajouté, les efforts d’Antigua-et-Barbuda en vue de colmater l’écart de financement par la diversification dans le secteur des services se sont avérés extrêmement frustrants compte tenu des pratiques commerciales inéquitables pratiquées par les grandes puissances dans ce secteur.  Il s’est également dit perplexe face à la prolifération des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux, tout en accusant le système international de flouer les petits pays et de mettre des entraves à leur progression, ce qui fait que leurs objectifs de développement demeurent une illusion.


Le Ministre des finances et de l’économie d’Antigua-et-Barbuda s’est dit fort préoccupé par la dette, et en a demandé la réduction à un niveau acceptable pour son pays et a tenu à souligner qu’il est extrêmement difficile de faire des plans de développement à moyen et long termes quand la dette atteint des niveaux insoutenables.  Il a à ce propos appelé la communauté internationale à se concentrer sur le fardeau insoutenable de la dette dans les pays à revenu moyen faute de quoi ceux-ci risquent de tomber dans la catégorie des pays à revenu faible. 


M. BALEDZI GAOLATHE, Ministre des finances et de la planification du développement du Botswana, a fait valoir que son pays s’était attaché, conformément au Consensus de Monterrey, à assurer une gestion macroéconomique saine et à utiliser des plans de développement nationaux pour guider l’allocation des ressources.  Il a insisté sur l’importance pour les donateurs de parvenir à l’objectif de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD afin d’aider à la réalisation des OMD.  Nous ne préconisons pas seulement une augmentation de l’APD mais aussi une assistance efficace qui assurera un développement durable, a-t-il ajouté.  Il a souligné l’attachement de son pays à mettre en œuvre la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et a affirmé que la Conférence de suivi de Monterrey, l’année prochaine, devait prendre en compte les nouvelles initiatives pour mieux cibler l’APD. 


Reconnaissant que le Botswana était en premier responsable de son propre développement, M. Gaolathe a fait remarquer que le Botswana avait adopté une vision à long terme de « Prospérité pour tous » d’ici à 2016 afin de faire face aux défis nationaux.  Il a indiqué que son pays avait accompli des progrès considérables dans ses efforts de développement, avec l’aide de la coopération internationale.  Ainsi, il a noté que le Botswana avait été reclassé dans la tranche supérieure des pays à revenu moyen alors qu’il y a 40 ans, à son indépendance, il faisait partie des 25 pays les plus pauvres au monde.  Mais, a-t-il poursuivi, nous restons confrontés à de nombreux défis, notamment la diversification économique, la création d’emplois, la lutte contre le VIH/sida, le développement rural, le développement du secteur privé, et devons faire face à des conditions climatiques défavorables.  Il a affirmé qu’avec l’aide de la coopération internationale, son pays pouvait faire face à ces questions et consolider ses gains.  Il a argué que la classification de pays à revenu intermédiaire ne devait pas automatiquement et immédiatement exclure les États de ce groupe des financements à termes favorables, mais qu’il fallait au contraire assurer à ces pays une transition plus douce.  Le représentant a demandé que la Conférence de suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey prenne en compte les défis spécifiques que doivent relever les pays à revenu moyen et parvienne à énoncer des mesures concrètes pour les aider. 


M. DAVOOD DANESH JAFARI (République islamique d’Iran), a regretté la baisse des contributions d’APD entre 2005 et 2006, ainsi que sa diminution prévue en 2007 avec la poursuite des initiatives d’allégement de la dette.  Regrettant les faibles progrès accomplis dans les négociations commerciales multilatérales, il a par ailleurs, appelé à un renforcement de la coopération régionale et bilatérale, notamment parmi les pays en développement.  Il s’est à cet effet félicité de l’augmentation du volume des échanges commerciaux réalisés entre ces derniers, lequel a triplé entre 1995 et 2005 en atteignant 1 700 milliards de dollars.  Il a toutefois appelé à une continuation et à la conclusion des négociations commerciales internationales, en rappelant que les coopérations triangulaire et Nord-Sud restent cruciales pour améliorer l’économie mondiale et promouvoir le développement.


Par ailleurs, M. Danesh Jafari a déclaré soutenir des réformes structurelles appropriées dans le travail des institutions de Bretton Woods, parmi lesquelles le renforcement de la participation et du pouvoir de vote des pays en développement dans le processus de décisions, en vue de créer un environnement global favorable à une croissance économique et à un développement durables.  Il a conclu en affirmant que l’Iran est un membre actif du Fonds de développement de l’OPEC, lequel a, depuis sa création en 1976, attribué plus de 9 milliards de dollars aux activités de développement durable dans les pays en développement à faible revenu.  Il a également affirmé que lors de la trente-deuxième réunion du Bureau des Gouverneurs de la Banque islamique de développement qui s’est tenue le 29 mai 2007 à Dakar, la délégation iranienne s’est engagée à verser 100 millions de dollars au fonds récemment créé pour la réduction de la pauvreté dans les pays en développement.


M. BERT KOENDERS (Pays-Bas) a regretté, parmi les autres tendances, que de nombreux donateurs émergents n’aient pas encore offert de ressources additionnelles et que certains pays en développement n’aient pas investi comme il le faut dans le développement humain.  Il a estimé que, dans les pays où la réalisation des OMD prend du retard, des mesures doivent être prises dans des domaines tels que la progressivité des droits de douane, la reddition des comptes ou encore la transparence.  Les Pays-Bas, a poursuivi le représentant, ont atteint depuis des décennies une APD de 0,8% de leur PNB.  En outre, quelque 700 millions d’euros supplémentaires vont être débloqués pour financer l’adaptation des pays les moins avancés (PMA) aux changements climatiques.  Le représentant a appelé les autres donateurs à faire de même, avant de souligner la nécessité de renforcer la qualité et l’efficacité de l’aide dont l’architecture est toujours plus complexe. 


Il a attiré l’attention sur les défis liés à l’appropriation nationale, à la baisse des coûts de transaction, à la prévisibilité de l’aide et à la diminution de la bureaucratie, des règles, des procédures et des rapports sans fin.  Il a appelé les institutions des Nations Unies à inverser la tendance de « toujours plus de paperasseries ».  Ce qui compte vraiment, a-t-il insisté, ce sont les résultats sur le terrain.  Le suivi et l’évaluation des engagements mutuels sont essentiels, au niveau des pays.  Le représentant a voulu que l’année prochaine à Accra, la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide s’achemine vers le principe de la double reddition des comptes.  Mais l’aide ne suffira pas, a encore argué le représentant, en appelant à une augmentation des ressources de base des institutions qui « fonctionnent bien » dans le cadre d’« Une ONU par pays ».  Dans ce contexte, le représentant a dit attendre avec intérêt de contribuer à l’élaboration des principes relatifs aux donateurs multilatéraux.  Il a aussi commenté les questions du commerce, en jugeant important de permettre aux pays en développement de protéger pour quelque temps, leurs marchés contre une concurrence parfois injuste qui affecte les secteurs vulnérables, le développement rural et la sécurité alimentaire.  À Doha, a-t-il conclu, il faudra montrer au monde que nous prenons nos engagements très au sérieux et discuter des questions émergentes comme les sources novatrices de financement, l’élargissement de la base des donateurs, l’harmonisation des procédures de l’aide ou encore la coopération Sud-Sud. 


M. KWADWO BAAH-WIREDU (Ghana) a rappelé que le Consensus de Monterrey se base sur le postulat que la coopération internationale au développement doit être vue comme un partenariat entre les pays développés et les pays en développement.  Ces derniers doivent prendre la responsabilité de leur développement et notamment renforcer la gouvernance, combattre la corruption et mettre en place des politiques favorables à la croissance et à l’emploi.  Les pays développés, pour leur part, doivent offrir leur soutien, notamment en augmentant l’APD, en développant un système commercial favorable au développement, en allégeant la dette et en accroissant les flux de financement privé.


Le représentant ghanéen a ensuite rappelé que le Gouvernement du Ghana a accueilli à Accra, en mai 2007, la deuxième rencontre sur le financement du développement portant sur le thème « Infrastructure pour la croissance – le défi énergétique ».  Il a expliqué que les participants aux discussions ont identifié 15 actions concrètes à mettre en œuvre pour faire face au double défi de l’accès des pays pauvres à l’énergie et de l’amélioration des infrastructures énergétiques existantes.  Aussi, les gouvernements ont-ils été encouragés à renforcer les cadres de planification et à accélérer les initiatives régionales actuelles, comme les projets de construction de pipelines.  Les partenaires internationaux ont été appelés à respecter leurs engagements en matière d’assistance au développement et à accroître l’aide dans le domaine énergétique. 


En ce qui concerne le secteur privé, les participants ont souhaité que, par le biais des institutions financières, ils développent de nouveaux instruments de financement, a dit M. Baah-Wiredu.  Il est fondamental que ces actions soient entreprises par toutes les parties prenantes pour promouvoir le développement du continent africain, a-t-il insisté.  Il a, en outre, fait observer que les pays africains peuvent également financer leur propre développement grâce à un commerce international équitable.  Il a ainsi appelé les pays concernés à concéder les ajustements nécessaires à la conclusion des négociations commerciales du Cycle de Doha.  Il a également souhaité que les partenaires au développement revoient la politique d’exemption de taxes incorporée dans leurs programmes d’aide, la suppression des taxes se révélant particulièrement insoutenable pour certains pays.


M. SAMUEL C. MUMBENGEGWI, Ministre des finances du Zimbabwe, a indiqué que son pays réalisait de nombreux efforts pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement et pour investir dans les domaines essentiels de l’agriculture, du développement de l’infrastructure, de la santé et de l’éducation.  Il a toutefois noté que la pauvreté demeurait un défi pour le Zimbabwe et que les sécheresses récurrentes, les sanctions et la pandémie de VIH/sida ralentissaient son développement économique.  Il a affirmé qu’il était maintenant largement reconnu que sans un effort supplémentaire en matière de financement du développement, les pays en développement ne pourraient parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Cinq ans après Monterrey, les remèdes prescrits par la communauté internationale n’ont pas pleinement été mis en place, a-t-il ajouté.  Il a estimé que les pays développés devaient immédiatement tenir leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD.  À long terme, des sources novatrices de financement seront nécessaires, a-t-il ajouté. 


Sur la question de la dette, M. Mumbengegwi a argué que les efforts dans ce domaine, dont l’Initiative d’allégement de la dette multilatérale, étaient trop lents et n’incluaient pas tous les pays.  La vraie solution est celle d’une annulation totale de la dette, a-t-il insisté.  Le représentant a en outre regretté que les appels répétés à la réforme des institutions financières internationales n’aient pas été entendus.  Il est ironique que l’assistance de ces institutions soit si souvent liée à la bonne gouvernance au niveau des pays alors même que ce concept est rejeté au niveau mondial, a-t-il accusé.  Il a déploré le recours aux mesures économiques unilatérales, affirmant qu’elles menaçaient la coopération internationale et augmentaient la pauvreté.  Le représentant a conclu en déclarant qu’il fallait s’attaquer aux obstacles rencontrés depuis la tenue de la Conférence de Monterrey de manière à les surmonter et à faire de la Conférence de suivi de Doha un véritable succès. 


M. IGOR LUKŠIĆ, Ministre des Finances du Monténégro, a déclaré que les avancées dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement sont très positives dans son pays d’autant plus qu’elles évoluent parallèlement au processus d’intégration à l’Union européenne.  Il a rappelé que le Monténégro a signé l’Accord de stabilisation et d’association en octobre 2007, ouvrant un nouveau chapitre non seulement politique mais aussi économique, commercial et fiscal.  Ces dernières années, le Monténégro a atteint la stabilité macroéconomique et les perspectives de croissance demeurent élevées, a-t-il poursuivi, en ajoutant que la croissance réelle du produit national brut devrait atteindre une moyenne de 7% pour les trois dernières années.  Le pays a aussi enregistré un faible taux d’inflation qui stagne entre 2% et 3%, et un surplus budgétaire d’une moyenne de 4% pour les deux dernières années.  Le niveau de la dette publique est moyen avec un taux de 35%.


Le représentant s’est également félicité du flux des IED dans la région car, a-t-il insisté, le défi des pays en développement est d’attirer ces investissements de manière à ce qu’ils contribuent au développement à long terme.  Créer un environnement favorable aux investissements nationaux et étrangers est de la plus grande importance, a insisté le représentant.  Le Monténégro reconnaît qu’il lui revient de développer des capacités administratives adéquates, de mettre au point et en œuvre des stratégies de développement et d’établir des priorités et un calendrier de mise en œuvre.  Saluant l’appui technique des institutions financières internationales en la matière, le représentant s’est félicité de la décision de la Banque mondiale de baisser les taux d’intérêt.  Il a néanmoins souhaité que les ressources que débloquent ces institutions soient d’abord affectées au transfert du savoir-faire et aux projets d’infrastructures.


M. ALHAJI TIJJANI YAHAYA KAURA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, s’est dit préoccupé par les déséquilibres de l’architecture financière internationale.  De nombreux pays africains souffrent de la dégradation des termes de l’échange et de la très grande volatilité des prix des produits de base.  Il est grand temps, a-t-il poursuivi, que la communauté internationale aide les pays en développement à prendre les mesures appropriées pour diversifier leur économie et mobiliser les ressources tant nationales qu’internationales nécessaires à leur croissance économique et à leur développement durables. 


Les bonnes performances macroéconomiques de mon pays ont attiré l’attention des partenaires au développement, a dit le représentant, en notant que certains analystes ont même prévu que si cette tendance continue, le Nigéria pourrait rejoindre les 20 premières économies du monde d’ici à 2020.  Ces statistiques sont plutôt encourageantes, a observé le Ministre, en ajoutant qu’entre 2002 et 2006, le PNB de son pays s’est stabilisé à 6% alors que l’inflation baissait à un taux à un chiffre et que les réserves externes augmentaient progressivement au niveau actuel de 47 milliards de dollars américains.  De leur côté, les IED ont constamment augmenté de 1 milliard en 1999 à 4,5 milliards de dollars américains en 2006.


Cette croissance n’est pas uniquement due au secteur pétrolier mais aussi, et à une moindre mesure, aux secteurs de l’agriculture, de la manufacture, des télécommunications, de la banque, du commerce en gros et de détail.  Soucieux de diversifier son économie, le Gouvernement du Nigéria a l’intention d’investir massivement dans des centrales pétrochimiques et des centres industriels sur toute l’étendue du territoire.  Le représentant s’est également félicité du fait que son pays a réussi à réduire sa dette extérieure d’environ 35,9 milliards en 2005 à 3,348 milliards de dollars, en début d’année.  Le Gouvernement a décidé de consacrer toutes les sommes qui ont découlé de l’accord avec le Club de Paris au financement de programmes et de projets favorables aux populations pauvres.


Malgré ces succès, le pays doit encore s’attaquer aux défaillances des infrastructures électriques, d’adduction d’eau ou encore routières.  Le Gouvernement s’est donc lancé dans des réformes sectorielles et la création de cadres juridiques et administratifs favorables aux IED.  Le Nigéria aura besoin de six à neuf milliards de dollars par an pour redresser ses infrastructures.  Réaffirmant l’engagement de son pays en faveur de la lutte contre la corruption, il a, par ailleurs, expliqué que son gouvernement a mis au point une politique d’aide publique au développement qui évite que la majeure partie de l’assistance soit utilisée pour payer les experts des pays donateurs.


Le Gouvernement a aussi attiré l’attention sur les programmes innovants de réduction de la pauvreté que son pays a mis en place.  Il compte d’ailleurs mettre en œuvre une initiative présidentielle en matière de microcrédit qui mobilisera tant le secteur privé que les acteurs gouvernementaux.  Soulignant, à son tour, l’importance des envois de fonds par les travailleurs migrants, le Ministre a exhorté les pays d’origine à créer des mécanismes institutionnels pour simplifier et faciliter les transferts de fonds, de savoir-faire et des technologies.


Mme MAIMOUNA SANGARE BAH, Ministre de la Santé publique de la Guinée, a indiqué que son pays, classé parmi les pays les moins avancés du monde et confronté aux sévères réformes économiques, reste largement tributaire de l’aide extérieure pour le financement de son développement.  Il a donc tout intérêt, a-t-elle dit, à faire des financements innovants et de l’efficacité de l’aide, des axes prioritaires pour une mobilisation plus accrue et une utilisation rationnelle des ressources d’aide au développement.  Dans cette perspective, le Gouvernement guinéen envisage de mener deux actions après son adhésion au projet UNITAID.  La Guinée compte organiser un Forum national sur les mécanismes de financement innovants et de coopération non gouvernementale à Conakry au premier trimestre de 2008 à l’intention des acteurs nationaux et étrangers pour un échange d’expérience et de coordination des activités.  La Guinée envisage aussi d’abriter, dans sa capitale, la cinquième réunion plénière du Groupe pilote sur les contributions de Solidarité en faveur du développement.  À l’issue de cette réunion, la Guinée présentera, au nom du Groupe pilote et de l’Afrique, au Sommet de Doha, prévue en 2008, la plate-forme commune sur les financements innovants en tant que nouveau mode de financement de l’APD.


La représentante s’est réjouie du Consensus intervenu à Séoul en septembre 2007, qui donne à l’Afrique le privilège d’organiser deux sessions successives du Groupe pilote dont l’une à Dakar en mars 2008 et l’autre à Conakry en octobre de la même année.  Elle a assuré que son pays collaborera avec tous les acteurs concernés pour préparer la participation du Groupe pilote et de l’Afrique au Sommet de Doha.  Elle a exhorté les États membres à rejoindre le Groupe pilote et à participer à ses activités.  Consciente du lien entre bonne gouvernance et efficacité de l’aide, la Guinée, a poursuivi sa représentante, réclame l’harmonisation des procédures du processus.  Le financement du développement et l’efficacité de l’aide signifient, a conclu la représentante, l’annulation de la dette des pays les plus pauvres, la mobilisation des subventions et de prêts concessionnels, la promotion de l’intégration économique régionale, la création de partenariats public-privé, la lutte contre la corruption et l’instauration d’un dialogue entre la Guinée et ses partenaires au développement.


Mme PATRICIA ORANTES, Secrétaire à la planification et à la Programmation du Gouvernement du Guatemala, a fait observer que le Consensus de Monterrey a permis d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le rôle crucial joué par la coopération internationale en tant que complément aux efforts nationaux.  Grâce au Consensus, les tendances se sont inversées en matière d’aide publique au développement, d’allègement de la dette et d’accès aux marchés, a dit Mme Orantes.  De surcroît, le Consensus de Monterrey a induit une meilleure coordination du travail de l’Organisation des Nations Unies avec celui des institutions de Bretton Woods, a-t-elle souligné.


La Ministre a expliqué que son pays a, depuis la signature des accords de paix, entrepris de renforcer les capacités directrices du pouvoir exécutif, afin d’aligner la coopération internationale avec les politiques publiques et parvenir à une meilleure relation de confiance mutuelle.  Elle s’est à cet égard réjouie de la création de mécanismes, comme le Cabinet de coopération internationale et le Groupe de dialogue entre le Gouvernement guatémaltèque et la coopération internationale, qui permettent de s’affranchir des méthodes du passé, marquées par une coopération déréglée et conditionnée de manière unilatérale.  Elle a en outre indiqué que le renforcement des capacités nationales, parallèlement au développement de politiques d’État et à l’établissement d’institutions démocratiques, ont permis de consolider les indicateurs macroéconomiques du Guatemala et d’atteindre la majorité des objectifs en matière de croissance économique et d’augmentation des exportations.  Aujourd’hui, notre défi est de traduire ces avancées en une meilleure redistribution et en une réduction soutenue de la pauvreté, a-t-elle précisé.  À cet égard, le commerce international a un rôle crucial à jouer, a-t-elle ajouté, avant de souhaiter l’aboutissement des négociations internationales en la matière.  Mme Orantes a espéré que des mécanismes novateurs de coopération internationale seront également identifiés pour aider les pays en développement, et plus particulièrement les pays à revenu intermédiaire.


M. RUDOLPH INSANALLY, Ministre des affaires étrangères de Guyana, s’est inquiété des conclusions du Rapport du Secrétaire général qui fait état, malgré l’augmentation des revenus par tête d’habitant dans de nombreuses parties du monde, de la forte concentration des revenus et des richesses, laquelle peut témoigner de l’accroissement des inégalités et d’une plus forte marginalisation des pauvres.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale au respect de ses engagements concernant la hausse de l’APD.  Les flux d’APD, a-t-il avancé, doivent être dirigés en priorité vers les secteurs clefs pour optimiser leur impact sur le développement.  À cet effet, le Ministre a mis en exergue l’importance des investissements dans le secteur agricole, lesquels sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire et promouvoir le développement rural, en cette nouvelle ère dédiée à la production de biocombustible. 


Le Ministre s’est ainsi inquiété que le Rapport sur le développement mondial 2008, montre que seulement 4% de l’APD est consacrée à l’agriculture alors que 75% de la population des pays en développement vit dans les zones rurales.  Ce rapport énonce également que la croissance du PIB imputable à l’agriculture est quatre fois plus efficace pour permettre la hausse des revenus des plus pauvres qu’une croissance du PIB engendrée dans d’autres secteurs. 


Le Ministre a également déclaré que son pays a accueilli la réunion des Ministres des finances du Commonwealth, laquelle a fait état de la nécessité de mobiliser les ressources financières au profit des petits États et autres économies vulnérables en développement pour leur permettre de lutter contre les changements climatiques.  Il a par ailleurs appelé à la recherche d’autres sources novatrices de financement et de mécanismes financiers en complément aux flux d’APD existants.  Il a également plaidé en faveur d’une cohérence accrue dans la mise en œuvre des politiques économiques, commerciales et environnementales, en rappelant à cet effet que les petits pays comme le Guyana ont vu leurs régimes commerciaux de tarifs préférentiels démantelés sans bénéficier d’accords transitoires.  Le Ministre a conclu en plaidant pour la mise en place de mécanismes de suivi pour évaluer la mise en œuvre des réformes encouragées par le Consensus de Monterrey. 


Mme MAGUY DURCÉ, Ministre du commerce et de l’industrie de Haïti, a réitéré son attachement au processus en cours visant à la concrétisation des OMD.  Elle a toutefois affirmé que la population haïtienne subit de façon cruelle l’ambiance de compétitivité économique qui prévaut actuellement dans le monde et que les grands déséquilibres mondiaux la mettent notamment hors de portée des fenêtres d’opportunités offertes par la mondialisation.  À cet effet, elle a appelé les institutions de Bretton Woods et tous les partenaires au développement en général à accorder toute l’attention au Rapport du Secrétaire général qui fait état de résultats plutôt mitigés quant aux engagements pris au titre du Consensus de Monterrey, et notamment la baisse de l’APD à 5,1% en 2006 alors que l’objectif est de 0,7% du PIB des pays du Comité d’aide au développement et 0,2% pour les PMA .


Elle a également souligné que, malgré sa situation inconfortable de seul PMA de la région des Amériques et des Caraïbes, Haïti a réussi l’exploit de la stabilisation macroéconomique, en dépit de la faiblesse de l’épargne nationale.  En outre, a-t-elle avancé, le Gouvernement s’est engagé farouchement dans la lutte contre la corruption et les trafics illicites de drogue.  Pour ce nouvel exercice fiscal 2007-2008, le secteur commerce et industrie a choisi d’intensifier la promotion des micro-unités de production et de services, agrémentée par l’accès au crédit financier, comme axe prioritaire, tant pour la consommation intérieure que pour l’offre exportable, et ce, en vue de permettre l’expansion de la petite production et de contribuer par ces moyens à l’élargissement de l’assiette fiscale.  Elle a conclu en espérant que les négociations multilatérales du Cycle de Doha aboutiront à un régime véritable d’accès aux marchés extérieurs sans taxe ainsi qu’à l’annulation de certaines barrières et pratiques néfastes aux activités d’échanges commerciaux.


M. ZHIVARGO S. LAING, Ministre des finances des Bahamas, a déclaré que sur les six objectifs du Consensus de Monterrey, son pays s’identifie davantage à la mobilisation des ressources nationales et internationales, notamment les IED, et au renforcement de la coopération internationale et technique.  Les Bahamas, qui n’ont pas de ressources naturelles, ont su utiliser les ressources nationales pour investir dans l’éducation et la santé et disposer ainsi d’une main d’œuvre qui a permis de créer un secteur de services compétitifs.  De même, en renforçant l’état de droit, le pays a été capable d’attirer des milliards de dollars d’IED qui ont assuré la croissance et le développement pendant plus d’un demi-siècle. 


Dans ce contexte, le Ministre a souligné qu’une coopération internationale et technique renforcée pour mobiliser les ressources nationales et internationales est le besoin le plus aigu des pays en développement.  En revanche dans ses efforts pour prendre part à la mondialisation, le pays continue de faire face aux immenses défis posés par sa petite taille et les vulnérabilités qui y sont associées. Les tentatives d’aller de l’avant sont aussi compromises par la gouvernance internationale et ses déséquilibres systémiques, a dit le Ministre en voulant que ces questions soient davantage prises en compte dans le processus de mise en œuvre du Consensus de Monterrey.  Il a donc reconnu les efforts en cours pour introduire plus d’équilibre et d’égalité dans les processus qui régissent de nombreuses institutions internationales.  Il s’est félicité de la résolution 2006 adoptée par le Conseil des Gouverneurs du FMI sur la réforme des quotas et des voix.  Il a aussi salué la Banque mondiale pour avoir lancé le processus de réforme de sa gouvernance. 


Mme CRISTINA DUARTE, Ministre des finances et de la fonction publique du Cap-Vert, a fait observer que dans un contexte qui a vu l’amélioration de l’économie mondiale, l’augmentation de la croissance dans plusieurs pays en développement, ainsi que le déclin de l’inflation, le manque de soutien international reste le plus grand obstacle au développement durable.  En dépit de tendances à la hausse depuis l’adoption du Consensus de Monterrey, l’aide publique au développement a diminué, a-t-elle regretté, avant de s’alarmer également de la disparité de sa distribution, certaines régions et pays étant plus délaissés que d’autres.


La Ministre a expliqué que le Cap-Vert est convaincu que la bonne gouvernance, de bonnes politiques macroéconomiques et une bonne gestion fiscale, ainsi qu’une plus grande transparence et responsabilité du secteur public sont essentiels pour se sortir de la pauvreté et pour atteindre le développement durable.  Alors qu’il est proche de sortir de la liste des PMA, le Cap-Vert a plus que jamais besoin de l’assistance de la communauté internationale, a poursuivi Mme Duarte.  Elle a ainsi appelé la communauté des donateurs à respecter leurs engagements et à augmenter leur aide financière et technique.  En outre, les initiatives en matière d’allègement de la dette, comme l’Initiative PPTE, permettant de mobiliser des fonds pour le développement, devraient être étendues aux pays à revenu intermédiaire, a-t-elle estimé.  La Ministre a ensuite rendu compte des efforts déployés par le Gouvernement cap-verdien pour améliorer la bonne gouvernance et accroître la transparence.  Des réformes dans les secteurs privé et public ont permis d’atteindre une croissance de 10,8% en 2006 et une croissance moyenne de 7% entre 2004 et 2007.  Le taux d’alphabétisation a atteint 78,7%, et l’accès aux services sanitaires est de 73,5%, a-t-elle ajouté.  Toutefois, a-t-elle insisté, il est important que la communauté des donateurs reste engagée dans la lutte que mène le Cap-Vert pour le développement et la réduction de la pauvreté.  En aucun cas, la gradation du Cap-Vert dans la liste des PMA ne doit être comprise comme le fait qu’il n’a plus besoin de l’aide de ses partenaires, qu’elle soit multilatérale ou bilatérale, a-t-elle insisté, avant de relever qu’un tel retrait de l’aide aurait des conséquences désastreuses sur les progrès accomplis jusqu’ici.  Elle s’est en outre dite d’avis que les pays développés devraient aider les pays en développement à accéder aux marchés internationaux.


M. EDGARDO J. ANGARA (Philippines) a fait part des bons résultats économiques obtenus par son pays, alors que l’APD qu’il reçoit est en baisse depuis sept ans.  Ainsi, il a entre autres indiqué que le PNB philippin avait augmenté de 6,9% pour le premier trimestre de 2007, que l’inflation était à son niveau le plus bas depuis 20 ans, et que le déficit budgétaire était passé de 4,8 milliards de dollars en 2002 à 1,5 milliards en 2007.  Il a souligné que cette situation était en grande partie le résultat des efforts du pays pour accroître les revenus internes par le biais de réformes fiscales et financières.  M. Angara a affirmé que les Philippines devaient maintenant transformer ces gains en investissements, notamment dans les services sociaux.  Il a souligné que l’éducation est la priorité du Gouvernement philippin afin de parvenir à l’universalisation de l’éducation primaire.  De plus, il a noté que les Philippines continuaient à s’employer à distribuer plus équitablement la richesse et les revenus, à accroître les capacités d’échanges commerciaux du pays à travers la diversification économique et l’amélioration des exportations, ou encore, à mobiliser l’assistance pour le développement du secteur privé national et de la société civile par des partenariats privé-public.  Par ailleurs, M. Angara a exhorté les Nations Unies, les institutions financières internationales et les pays développés à respecter les principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide afin d’imposer des conditions à l’assistance.  Il a aussi souhaité que le concept de la viabilité de la dette ne soit pas basé sur la capacité à payer mais sur la capacité des pays à honorer ces paiements sans pour autant mettre en péril la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Enfin, il a souligné l’importance d’encourager la coopération Sud-Sud et a exhorté les agences multilatérales, en coopération avec les donateurs, à accroître leur APD envers les pays ayant ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption.


M. JOSÉ CAMARGO, Vice-Ministre de l’investissement public et du financement extérieur de la Bolivie, a expliqué que son pays a connu une transformation profonde, suite à l’arrivée à la Présidence d’Evo Morales.  L’accent a été mis sur le développement et la démocratisation de l’économie, a-t-il précisé.  Le Plan national de développement dont s’est doté le Gouvernement se base sur la conception du bien-être propre aux cultures autochtones, a-t-il ajouté, avant de souligner que l’objectif est d’humaniser le développement et de faire comprendre que la prise en compte de la diversité culturelle permet une meilleure responsabilité sociale.  Ainsi le développement devient un processus collectif et une action de la société, qui doit être perçue comme sujet actif et non comme une simple réceptrice de directives.  La Bolivie, a-t-il ajouté, souhaite construire un État digne, productif, démocratique, solidaire et souverain, ce qui est une condition indispensable à l’édification d’un nouveau modèle économique communautaire au sein duquel État et marché se complètent.


Chaque pays est, en premier, responsable de son propre développement, a poursuivi le Vice-Ministre, avant d’expliquer que son gouvernement a à ce titre défini son plan national de développement.  Il a expliqué que le commerce extérieur et les relations avec la communauté internationale sont des piliers essentiels de ce plan de développement.  Aussi, a-t-il fait observer que les pays développés et industrialisés sont des marchés potentiels pour les produits boliviens.  M. »Camargo a à cet égard plaidé en faveur d’une plus grande ouverture et de l’élimination des restrictions de l’accès aux marchés du Nord.  Il a en outre fait observer qu’en dépit de la bonne situation dans laquelle elle se trouve, la Bolivie a toujours besoin de la coopération internationale pour soutenir son développement.  À cet égard, il a souligné que le Consensus de Monterrey a contribué de manière significative à la résolution des questions liées au problème de financement du développement.  Il faut maintenant poursuivre nos efforts pour perfectionner les mécanismes de suivi du Consensus de Monterrey, a-t-il insisté.  Il importe en outre d’approfondir la réforme du système financier international dans le sens d’une plus grande sensibilité sociale, notamment en permettant une plus grande participation de tous les pays aux processus de prise de décision des institutions financières internationales, a-t-il ajouté.


M. TALAAT ABDEL MALEK, Vice-Ministre de la coopération internationale de l’Égypte, a déclaré que les pays développés avaient des obligations dans le domaine du développement.  Premièrement, ils doivent créer un environnement international capable de venir en appui aux efforts déployés au niveau national par les pays en développement.  Deuxièmement, ils doivent étendre la portée de l’investissement direct étranger dans un plus grand nombre de pays en développement et y intensifier l’assistance technique.  La coopération internationale doit également être renforcée dans la circulation des flux de capitaux, a ajouté M. Abdel Malek.  Troisièmement, a-t-il poursuivi, les pays industrialisés doivent prendre des mesures sérieuses pour réaliser les objectifs de développement convenus dans le cadre du Cycle de négociations commerciales de Doha, dit « Cycle de développement ».  Il a également appelé au renforcement de l’assistance technique dans le secteur tertiaire des pays en développement, à la lumière de la croissance de la participation de ce secteur au commerce international.  Pour sa part, l’Égypte a réalisé des progrès dans la réforme de sa fiscalité et de ses règlements douaniers, mais aussi de sa législation sur les investissements, contribuant ainsi à la mise en place, en coopération avec la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales, d’un environnement favorable aux investissements étrangers.  Cela a permis de placer l’Égypte en tête des pays en développement dans le champ des réformes économiques institutionnelles conformément aux projets de la Banque mondiale, mais aussi en tête de ceux où l’investissement direct étranger a été le plus important cette année, a dit le représentant.  Dix milliards de dollars ont été investis en Égypte rien qu’au cours des dix premiers mois de 2007, s’est-il félicité.


M. SERGEY STORCHAK, Vice-Ministre des Finances de la Fédération de Russie, a déclaré que si les pays en développement continuent de maintenir un taux de croissance économique stable dans les années à venir, le monde pourrait changer.  Dans ce contexte, il a estimé que la Conférence d’évaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, prévue à Doha en 2008, devrait réitérer les engagements pris au niveau national en ce qui concerne la croissance économique, mais aussi formuler des propositions pour que la communauté internationale renforce les efforts individuels des pays.  Il faudrait ainsi relancer les grands projets de réforme des infrastructures, qui ont été ralentis ces dernières années, a notamment préconisé le Vice-Ministre, et renforcer la contribution aux fonds de lutte contre les maladies infectieuses, identifiées comme des obstacles au développement économique.  Un des points à l’ordre du jour de Doha pourrait aussi être le rôle que jouent les nouveaux donateurs, qui doivent conjuguer leurs efforts à ceux des donateurs traditionnels.  Ces nouveaux donateurs ouvrent certes de nouvelles possibilités de financement, mais leurs actions posent également de nouveau défis, en particulier dans le domaine de la coordination et de la répartition de l’aide internationale.  Pour sa part, la Fédération de Russie a largement contribué aux programmes d’aide en direction des pays les plus pauvres, auxquels elle a fourni une assistance humanitaire, a dit M. Storchak.  En outre, a-t-il dit, la Fédération de Russie a confirmé que cette assistance s’accroîtrait graduellement, sans parler des mesures additionnelles qu’elle prendrait pour alléger la dette des pays les plus pauvres.


Mme ANNE STENHAMMER, Secrétaire d’État au développement international de la Norvège, a affirmé que la bonne gouvernance était la condition la plus importante pour une croissance économique forte et un développement durable.  Elle a souligné trois exigences fondamentales à cet égard.  Tout d’abord, il faut un État vigoureux, transparent et débarrassé de toute corruption, capable d’imposer une fiscalité indispensable au financement d’un secteur public fort.  Ensuite, une politique active et ambitieuse de distribution équitable des richesses et des opportunités, et ce, afin de lutter contre la pauvreté.  Mme Stenhammer a notamment attiré l’attention sur la nécessité de créer des emplois et de protéger les droits des travailleurs.  Enfin, il faut une politique proactive afin de promouvoir les droits et les opportunités des femmes et de réaliser l’égalité des sexes.  Si la représentante de la Norvège a identifié le rôle crucial de la bonne gouvernance au niveau national, elle n’en a pas moins souligné l’importance des contributions de la communauté internationale, qui doivent venir à l’appui de ces efforts.  Ainsi, a dit Mme Stenhammer, pendant plusieurs années, la Norvège a dépassé l’objectif de consacrer 0,7% de son produit national brut à l’aide publique au développement (APD) et prévoit d’atteindre le taux de 0,98% l’an prochain.  Notre objectif est d’accroître cette aide pour atteindre 1% par an d’ici à 2010 et de diriger l’aide vers les PMA, a ajouté la Secrétaire d’État.  Elle a également expliqué que les Objectifs 4 et 5 des OMD, à savoir réduire de moitié la mortalité infantile et améliorer la santé maternelle, étaient ceux auxquels son gouvernement accordait la priorité, avec la lutte contre les pandémies.  C’est pour cette raison qu’il a promis un milliard de dollars pour financer la vaccination des enfants des pays en développement entre 2000 et 2015, a conclu la représentante.


M. PETERSEN (Danemark) a déclaré que son pays figure parmi les cinq pays qui ont dépassé l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD et a invité les autres pays européens, qui ont également adopté un calendrier ambitieux pour répondre aux besoins de l’Afrique, à respecter d’ici à 2015 leurs engagements.  Il a également plaidé pour l’allègement de la dette et l’harmonisation de l’aide, conformément à la Déclaration de Paris.  L’intervenant a, par ailleurs, souligné que les pays ont la pleine responsabilité de leur propre développement, en estimant notamment que la bonne gouvernance, associée à la mise en place de stratégies de développement saines, restent au cœur des efforts d’élimination de la pauvreté et de promotion de la croissance économique.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance de l’autonomisation économique des femmes et a annoncé l’intention de son pays de mettre en place un réseau de haut niveau et une série d’activités en 2008, sous le signe « Women mean business ».  Afin de permettre aux pays en développement de lutter et de s’adapter aux effets des changements climatiques, il a rappelé que son pays accueillera, en décembre 2009, une conférence sur la lutte contre ce phénomène.


Mme SHRITI VADERA (Royaume-Uni) a rappelé qu’à Monterrey tous les pays, qu’ils soient riches ou pauvres, sont parvenus à un consensus sur la meilleure manière d’atteindre le développement durable et de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Les pays donateurs ont promis d’augmenter leur aide, et les pays en développement ont promis d’améliorer la gouvernance, la mobilisation des ressources intérieures et les conditions d’accueil pour les investissements et la croissance économique, a-t-elle précisé.  À cet égard, Mme Shriti Vadera s’est dite fière que son pays respecte ses engagements.  Depuis 1997, a-t-elle indiqué, le Royaume-Uni a triplé son niveau d’aide publique au développement dont le taux est actuellement plus haut qu’à n’importe quel moment de son histoire.  En 2006, le pays est devenu le deuxième plus grand donateur au monde.  Son pays souhaite rendre hommage aux résultats obtenus par ses pays partenaires dans l’amélioration des secteurs de la santé et de l’éducation et dans l’augmentation de la croissance, ce qui a été rendu possible par l’utilisation de leurs ressources et des siennes, a-t-elle ajouté.  Elle a en outre fait savoir que le Gouvernement du Royaume-Uni a annoncé qu’il allait augmenter l’APD jusqu’à 0,56% du PNB du pays à l’horizon 2010-2011, ce qui équivaudrait à 18 milliards de dollars par année.  Nous allons donc honorer les engagements auxquels nous avons souscrits à l’ONU, au sein de l’Union européenne et à Gleneagles, y compris en ce qui concerne le doublement de notre aide à l’Afrique, a-t-elle souligné.


M. Vadera a d’autre part fait observer que les taux exceptionnellement élevés d’allègement de la dette que l’on a vu en 2005 ont entraîné une baisse de l’APD pour 2006 et 2007.  Nous ne devrions pas laisser cette diminution technique être utilisée par les sceptiques pour ignorer les 30% d’augmentation que l’aide a connue depuis Monterrey en 2002, a-t-elle souligné.  Elle a toutefois reconnu que la communauté des donateurs doit honorer sa promesse et redoubler d’efforts.  Elle a également fait observer que les donateurs doivent, eux aussi, faire face à des pressions budgétaires et répondre à des priorités nationales.  Toutefois, si la volonté politique existe, il y a des solutions.  Les sources novatrices de financement, comme la Facilité internationale de financement pour la vaccination et la Facilité internationale d’achat de médicaments, en sont une, a-t-elle souligné.  Rappelant que les pays doivent urgemment œuvrer ensemble pour honorer les impératifs du développement, elle a souligné que son pays souscrit aux propositions du Groupe de pilotage pour la réalisation des OMD en Afrique, notamment s’agissant de l’importance de développer des instruments efficaces dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire; ainsi qu’en ce qui concerne la nécessité d’assurer une aide prévisible à long terme et d’améliorer la coordination des donateurs.  Une des leçons apprises est que l’aide ne peut avoir un impact que si elle est prise en main par les pays partenaires, a-t-elle ajouté.  Mais si l’aide est nécessaire dans la plupart des pays en développement, elle n’est pas suffisante pour atteindre les objectifs de développement.  Aussi, la représentante du Royaume-Uni a-t-elle appelé les pays partenaires à aspirer à la croissance et à l’autosuffisance économique.  Sans croissance, le développement durable reste une idée purement théorique, a insisté Mme Vadera.  Elle a à cet égard attiré l’attention sur la responsabilité qui revient aux pays développés de rendre possibles les promesses du Cycle de négociations commerciales de Doha.  Outre créer des règles commerciales équitables, nous devons équiper les pays afin qu’ils puissent intégrer efficacement les marchés internationaux, a-t-elle précisé, avant de relever à cet égard l’importance cruciale de l’aide au commerce pour que celui-ci contribue effectivement au financement du développement.


M. RAHMAT WALUYANTO, Vice-Ministre des finances de l’Indonésie, a déclaré que le Gouvernement indonésien avait toujours accordé la plus haute importance aux efforts destinés à réduire l’extrême pauvreté et qu’il fallait les inscrire dans le cadre d’un partenariat mondial.  Il faut cependant en faire davantage pour que les pays les plus pauvres puissent assurer leur propre développement économique, a-t-il estimé.  Le commerce comme moteur de la croissance économique doit à cet égard continuer de jouer le rôle qui est le sien pour réduire cette pauvreté, a poursuivi M. Waluyanto.  Pour permettre aux pays de pleinement participer au commerce international, des efforts doivent être consentis pour continuer de développer les capacités nationales et permettre ainsi aux pays d’attirer les flux de capitaux étrangers.  À cette fin, des cadres institutionnels et des politiques macroéconomiques stables doivent être mis en place, a ajouté le Vice-Ministre.  Une des sources potentielles pour générer les ressources du développement est le marché des obligations nationales, a-t-il souligné.  Mais la prudence est de mise, car les pays doivent rester vigilants dans leurs politiques fiscales lorsqu’il s’agit d’avoir recours à de telles obligations.  Pour créer ces types de marchés, les pays doivent coopérer avec les secteurs bancaires internationaux, et un cadre juridique clair doit être adopté pour résoudre tout différend et faciliter le commerce international.


M. LASZLO VARKONYI, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Hongrie, a déclaré que son gouvernement avait fait des efforts pour accroître le volume de son aide au monde en développement à hauteur de 0,13% de son produit national brut, faisant ainsi un pas significatif en direction de l’objectif individuel de 0,17% d’ici à 2010.  Soulignant toutefois que l’augmentation de l’aide serait insuffisante pour réaliser les OMD, le représentant a indiqué qu’il était nécessaire de mieux utiliser cette aide et de renforcer la coordination entre donateurs.  Il a ensuite affirmé que les clefs d’un développement réussi appartenaient aux pays en développement eux-mêmes.  À cet égard, Il a appuyé la coopération Nord-Sud parallèlement à la coopération Sud-Sud, qui permet de réduire, voire de supprimer les barrières tarifaires.  Il s’est dit convaincu que la libéralisation du commerce peut jouer un rôle vital dans la réduction de la pauvreté et dans la croissance économique des pays les moins avancés ou des pays à économie fragile.  Dans ce contexte, l’assistance dans le renforcement des capacités de production et dans l’infrastructure commerciale est fortement encouragée, a ajouté M. Varkonyi.  À cet égard, l’Initiative « Aide pour le commerce » peut faciliter le processus d’adaptation entraîné par la libéralisation, en mettant des ressources à disposition des pays en développement.  Pour sa part, la Hongrie a l’intention d’allouer en 2008 une partie significative de son budget au développement, a promis le représentant, en indiquant que cette assistance prendra deux formes à savoir un don à des fonds multilatéraux et des programmes bilatéraux.  Il a précisé que les pays bénéficiaires seront en priorité africains.


M. TJIKERO TWEYA, Vice-Ministre des finances de la Namibie, s’est félicité des succès de son pays en matière de stabilisation macroéconomique caractérisée notamment par un taux d’inflation relativement bas de 6,7% qui a conduit à une croissance économique de 4,6% en 2006 toujours très éloignée des 7% requis pour la réalisation des OMD et du plan national de développement « Vision 2030 ».  Il a tout de même souligné que pour la deuxième année consécutive, son pays a enregistré un surplus budgétaire et que l’assiette fiscale a continué de s’améliorer, au cours de ces dernières années. 


Ces politiques, conjuguées aux investissements dans les infrastructures et dans les services sociaux, ont contribué, de manière significative, à réduire la pauvreté.  Il a affirmé à ce titre que l’extrême pauvreté a baissé de 9% en 1993-1994 à 3,9% en 2003-2004, ce qui constitue une réduction de 55%.  Le Gouvernement, a-t-il poursuivi, s’est fixé comme but d’éradiquer l’extrême pauvreté d’ici à 2012, c’est-à-dire bien avant le délai prévu pour la réalisation des OMD.


Les investissements étrangers directs (IED) ont été lents à arriver, a-t-il déploré, en notant aussi que la croissance n’a pas créé un nombre proportionnel d’emplois.  Toutefois, le pays a vu augmenter le commerce de certains produits, notamment les minéraux et les produits agricoles.  La balance commerciale continue néanmoins à être déficitaire, a regretté le Vice-Ministre, tout en précisant que l’impasse du Cycle de Doha et les lenteurs dans la mise en œuvre de l’initiative « Aide pour le commerce » ont sapé les espoirs de son pays.  Les subventions agricoles pratiquées par les pays développés compromettent également la compétitivité des produits du Sud.


Il a regretté, par ailleurs, l’affaiblissement de la coopération internationale financière et technique qui est passé de 110 dollars par tête d’habitant dans les années 1990 à 60 en 2005.  De plus, a poursuivi le Vice-Ministre, le nombre des partenaires bilatéraux a baissé de 22 dans les années 1990 à 17 en 2006, et il se peut que trois autres quittent le pays en 2008.  Ceci risque, a-t-il ajouté, d’avoir des effets négatifs sur les efforts de lutte contre la pauvreté et de réalisation des OMD.


Les capacités limitées dans le secteur des services sont aussi un obstacle à la croissance et au développement du pays, a encore indiqué le Vice-Ministre qui s’est aussi préoccupé de la montée du chômage causée par la différence entre l’offre et la demande sur le marché du travail.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, le Gouvernement a lancé, entre autres, un programme visant à améliorer l’éducation et la formation.  La communauté internationale peut soutenir nos efforts de renforcement des capacités par une assistance financière et technique, a rappelé le Vice-Ministre, en préférant néanmoins un appui budgétaire.  À ce propos, il a salué la décision des institutions de Bretton Woods de mettre en place des mécanismes pour répondre aux besoins spécifiques des pays à revenu intermédiaire.


Quant à la dette publique de la Namibie, il a rappelé qu’elle demeure relativement basse et que pour l’exercice fiscal 2007-2008 elle descendra plus bas que l’objectif national de 25% du produit national brut.  Toutefois, a-t-il tenu à souligner, à moins que la communauté internationale ne mette en place un programme en faveur des pays à revenu intermédiaire, les succès risquent d’être compromis.  Il s’est finalement dit convaincu que l’allègement de la dette ne devrait pas être inclus dans le concept de l’aide publique au développement, arguant que celle-ci ne constitue pas des ressources additionnelles dans les économies des pays en développement.


M. CYRIL CHAMI, Député et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son pays a mis en œuvre de nombreuses politiques pour respecter ses obligations internationales, parmi lesquelles figurent la « Vision 2025 » pour la République-Unie de Tanzanie et la « Vision 2020 » pour Zanzibar, adoptées avant le Consensus de Monterrey, et visant à promouvoir la paix, la stabilité et l’unité nationales, la bonne gouvernance, l’éducation, mais aussi la compétitivité de l’économie pour une croissance durable dont les profits seront redistribués.  Ces deux visions ont pour but d’élever la Tanzanie au rang de pays à revenu intermédiaire, en maintenant un taux de croissance minimum de 8% par an, a dit M. Chami.  En outre, l’intervenant a ajouté que la stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté a été mise en place pour permettre la réalisation des OMD d’ici à 2015.  Parmi les succès rencontrés, M. Chami a souligné que son pays jouit d’un taux d’enrôlement scolaire de 96% dans le secteur de l’éducation primaire, et que la parité des genres s’est améliorée dans le secteur de l’éducation et au niveau de la représentation politique.  Il a toutefois reconnu qu’il subsiste encore de nombreux défis, notamment dans les secteurs sanitaire, énergétique, infrastructurel et éducatif -où la qualité des enseignements est faible-, avant de déclarer, qu’à cet effet, des montants substantiels d’aide ont été alloués aux secteurs susmentionnés.   


Il a par ailleurs souligné les bonnes performances macroéconomiques de son pays ces cinq dernières années, en citant notamment une croissance moyenne annuelle culminant à 6% et soutenue par des réformes structurelles, l’implication du secteur privé, des régulations institutionnalisées, ainsi que des politiques macroéconomiques encadrées.  Malgré ces progrès, a-t-il dit, le poids insoutenable de la dette continue de nuire aux efforts de développement de la Tanzanie, et ce, malgré les allégements de la dette multilatérale et ceux consentis par le biais de l’initiative PPTE.  Il a ainsi appelé la communauté internationale à annuler l’intégralité de la dette multilatérale pour permettre la mobilisation de ressources supplémentaires allouées à la réduction de la pauvreté et au développement.  Il a ensuite rappelé que la Tanzanie diversifie, grâce à une croissance de 6%, ses exportations et son économie, et a conclu en plaidant pour la conclusion des négociations commerciales de Doha et pour un élargissement de l’accès des produits des pays en développement aux marchés des pays industrialisés.


M. PARK IN-KOOK, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a estimé que cette Conférence arrive à un moment où les conditions économiques et politiques internationales n’ont jamais été aussi favorables pour la réalisation des objectifs du développement.  Il a notamment espéré qu’elle permettra de débattre des moyens de réduire le nombre de pays en développement qui n’ont pas un accès à l’aide internationale.  Il a salué les efforts de la communauté internationale dans l’élimination de la pauvreté et des maladies et s’est, à cet égard, félicité de l’augmentation de l’APD qui est passée de 53 milliards de dollars en 2000 à plus de 100 milliards en 2006.  Toutefois, a-t-il reconnu, l’extrême pauvreté n’a pas été éradiquée. 


Le Ministre s’est donc réjoui de l’arrivée de nouveaux donateurs, comme son pays, et a expliqué qu’afin de construire un partenariat efficace entre les donateurs traditionnels et les nouveaux, une Conférence s’est tenue à Séoul le mois dernier.  Des consultations productives ont été tenues sur la coopération et l’efficacité de l’aide, a-t-il précisé.  M. Park a également attiré l’attention sur l’expérience des nouveaux pays donateurs qui étaient eux-mêmes bénéficiaires de l’aide.  Comme ils sont passés eux-mêmes par un processus de développement, ils peuvent fournir des conseils pratiques et partager les leçons qu’ils ont apprises, a-t-il insisté.  Il a également indiqué que son pays planifie d’augmenter son APD à hauteur d’un milliard de dollars d’ici à 2009 et jusqu’à 3,2 milliards en 2015.


Le succès de la République de Corée montre que les pays en développement devraient élaborer avec prudence des plans et des politiques qui doivent être conformes à leur niveau de développement respectif.  Ces stratégies doivent aussi s’appuyer sur les meilleures pratiques, a-t-il poursuivi.  S’agissant de la mobilisation des ressources internationales, les pays destinataires devraient établir des mécanismes financiers appropriés pour faciliter les flux de capitaux, en les alignant sur les objectifs de développement à long terme.  Évoquant ensuite le commerce international comme moteur de développement, il a expliqué que c’était là la clef du succès de la République de Corée qui s’efforce aujourd’hui d’assister les pays en développement dans le renforcement de leurs capacités commerciales.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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