AU-DELÀ DU PALUDISME, L’ASSEMBLÉE IDENTIFIE LE FARDEAU DE LA DETTE, L’ABSENCE D’ACCÈS AUX MARCHÉS ET LE DÉCLIN DE L’APD COMME OBSTACLES AU NEPAD
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AU-DELÀ DU PALUDISME, L’ASSEMBLÉE IDENTIFIE LE FARDEAU DE LA DETTE, L’ABSENCE D’ACCÈS AUX MARCHÉS ET LE DÉCLIN DE L’APD COMME OBSTACLES AU NEPAD
La lutte contre le paludisme et la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) lancé, il y a six ans, ont été au cœur des 35 interventions que l’Assemblée a entendues aujourd’hui. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a rappelé que 86% des plus de 500 millions de victimes annuelles du paludisme se trouvent en Afrique subsaharienne.
Les données disponibles montrent que le paludisme représente pour l’Afrique 12 milliards de dollars, par an, de pertes en produit intérieur brut et absorbe jusqu’à 34% du revenu des ménages et 40% des dépenses de santé publique. Le ralentissement de la croissance économique s’explique notamment par les coûts des soins, une plus faible productivité des victimes et la baisse des investissements étrangers, du commerce et du tourisme.
« Nous avons désormais les outils nécessaires pour éradiquer cette pandémie », a assuré Ban Ki-moon, avant que le Président de l’Assemblée générale, Srgjan Kerim, n’attire l’attention sur le caractère « concluant » des vaccins testés au Mozambique. Dans ce contexte, les délégations ont énuméré les mesures que leur pays a prises dans le cadre de l’Initiative « Roll back Malaria », lancée en 2001.
Mais si la représentante des États-Unis a rappelé les efforts de son pays dont l’octroi d’une somme de 1,2 milliard de dollars en faveur de 15 pays cibles, ses homologues de l’Inde et du Brésil ont souligné que la solution réside surtout dans l’accès des pays pauvres aux médicaments génériques.
La capacité de lutter contre les pandémies dépend d’abord et avant tout du niveau de développement socioéconomique des pays, ont argué de nombreuses délégations, en s’attardant sur la mise en œuvre du NEPAD lequel, a souligné le représentant de l’Afrique du Sud, a consacré le partenariat entre les pays africains mais aussi entre l’Afrique et ses partenaires au développement.
Or, aujourd’hui, le continent africain est le seul au monde qui ne réalisera probablement pas les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les délais impartis. L’Afrique a fait des progrès substantiels, ont reconnu les intervenants, en citant, par exemple, la mise en place d’institutions démocratiques et comptables de leurs actes sur lesquelles veille le Mécanisme d’examen par les pairs, et une croissance économique « extraordinaire » selon les mots du représentant du Canada.
Il faut donc croire, s’est exclamé le représentant du Sénégal, que l’inaction des partenaires au développement a prévalu sur une mise en œuvre effective des objectifs du NEPAD. Il a tout de même fustigé les États et instances africains pour n’avoir pas su dépasser le stade d’une « réflexion bureaucratique ». Aux côtés de ses homologues africains, il a aussi dénoncé le déclin de l’aide publique au développement (APD), le fardeau de la dette extérieure, l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations commerciales du Cycle de Doha, et la sélectivité des investissements étrangers directs (IED) qui stagnent à 31 milliards de dollars, soit 3% de la part mondiale.
S’agissant de l’APD, l’Union européenne, le Canada, le Japon et la République de Corée, entre autres, ont multiplié les exemples pour se soustraire à ces critiques. Le représentant du Portugal a souligné que l’Union européenne, qui est déjà le plus grand pourvoyeur de développement avec 50% de la totalité des montants accordés, a convenu d’accroître son APD à hauteur de 0,7% du PNB d’ici à 2015. En 2006, l’Union européenne a dépassé son objectif de 0,39% en portant l’APD à 0,42% de son PIB et en déboursant ainsi le montant record de 48 milliards d’euros. Le représentant du Portugal a affirmé que l’objectif de 0,56% du PNB sera atteint en 2010.
Au-delà de l’APD, le représentant du Bénin a, au nom du Groupe africain, demandé l’annulation pure et simple de la dette africaine, avant de revenir sur l’impasse du Cycle de Doha et d’estimer que les pays développés savent très bien que leurs politiques de subventions agricoles ne sont pas compatibles avec les positions qu’ils défendent dans les instances internationales. Ils n’ont pas le courage politique d’admettre la vérité et d’agir correctement, a soutenu le représentant béninois qui s’est félicité, avec de nombreuses délégations, de l’Initiative « Aide pour le commerce » de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Lancé en 2001, le NEPAD est « une vision et un cadre stratégique pour la renaissance de l’Afrique ». Ses priorités sont l’agriculture, le développement humain axé sur la santé, l’éducation, les sciences et technologies, le développement des compétences, l’amélioration des infrastructures, y compris les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’énergie, les transports, l’eau et l’assainissement. Les domaines prioritaires sont également la diversification des exportations, plus particulièrement au niveau des agro-industries, du secteur industriel, des mines, des minerais de qualité supérieure, et du tourisme, le renforcement du commerce intra-africain et international, et la protection de l’environnement.
Par ailleurs, l’Assemblée générale a décidé* d’accepter les demandes d’accréditation des organisations non gouvernementales suivantes au Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, qui se tiendra à New York les 23 et 24 octobre prochain, ainsi qu’aux auditions des ONG qui le précéderont, le 22 octobre: Coalition Nouvelles règles pour la finance mondiale; Tax Justice Network; Villages internationaux d’enfants; Terre de la jeunesse culturelle; Centre africain d’échange culturel; Bangladesh Support Group et Association de lutte pour la santé et le développement.
En début de séance, l’Assemblée générale a observé une minute de silence en hommage au Premier Ministre du Myanmar, décédé dimanche 14 octobre.
L’Assemblée générale conclura son débat demain vendredi 19 octobre à partir de 15 heures.
*A/62/L.3
NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA MISE EN ŒUVRE ET APPUI INTERNATIONAL; LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D’UNE PAIX ET D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE
Cinquième rapport complet sur les progrès de la mise en œuvre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et l’appui international (A/62/203)
Dans ce rapport, le Secrétaire général note que des progrès ont été accomplis dans neuf secteurs prioritaires, à savoir l’infrastructure; l’agriculture; la santé; l’éducation; l’environnement; la science; la prise en compte de l’égalité des sexes; la participation de la société civile et le Mécanisme d’évaluation par les pairs. Le Secrétaire général constate aussi le renforcement de la coopération entre le système des Nations Unies et la Commission africaine ainsi que celui du système des modules autour duquel s’articule l’appui fourni par le système des Nations Unies à la mise en œuvre du NEPAD.
Par contre, pour ce qui est de l’appui international, le Secrétaire général en déplore la lenteur. Si la tendance actuelle se poursuit, prévient-il, les pays du G-8 risquent de ne pas pouvoir respecter les engagements pris, au Sommet de Gleneagles de 2005, de doubler leur aide à l’Afrique d’ici à 2010. Le Secrétaire général signale un autre facteur aggravant qui est la diminution de l’aide publique au développement (APD). Sur le chapitre de l’allégement de la dette, il note certes des progrès mais regrette que jusqu’ici, quelques pays africains seulement aient pu bénéficier de la remise de leurs dettes alors que beaucoup d’entre eux ont atteint ou sont en voie d’atteindre le point d’achèvement de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).
À mi-parcours de l’horizon 2015, force est de constater que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), par la plupart des pays africains, sinon la totalité, paraît compromise. En adoptant le NEPAD, les pays africains ont mis les objectifs au cœur de leur programme de développement.
En raison des résultats mitigés, le Secrétaire Général recommande quelques actions. Il recommande d’abord à la communauté internationale de consentir une aide de très loin supérieure. Les pays du G-8 devraient entreprendre d’urgence une action collective pour accroître leur aide substantiellement, afin de respecter leurs engagements, insiste le Secrétaire général. Ils devraient aussi concevoir une série de mécanismes de financement novateurs pour compenser toute contraction des crédits budgétaires de base.
Compte tenu de la multiplicité des nouvelles sources d’aide et de la multiplication de ses voies d’acheminement, la communauté internationale, estime encore le Secrétaire général, devrait établir une nouvelle architecture de l’aide fondée sur une coordination plus étroite, une plus grande harmonisation, une dispersion moindre et une meilleure affectation de l’aide, dans l’esprit de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.
La communauté internationale devrait aussi faire en sorte que les accords commerciaux multilatéraux, notamment les arrangements finaux du Cycle de Doha, hiérarchisent les besoins de l’Afrique et incorporent des dispositions de développement adaptées aux besoins. L’initiative « Aide pour le commerce », préconise le Secrétaire général, doit être soigneusement formulée, bénéficier d’un financement adéquat, être gérée avec efficacité et mise en œuvre aussi rapidement que possible. Les ressources allouées à l’Initiative devraient être additionnelles, prévisibles, adéquates et pérennes. Les nouvelles ressources devraient servir à financer des activités d’assistance technique et des projets nouveaux, et pas les activités et projets réadaptés ou existants, souligne le Secrétaire général.
Le système des Nations Unies doit renforcer encore les groupes et le mécanisme de consultation régionale, afin d’améliorer la coordination et la programmation conjointe, ajoute le Secrétaire général, en conseillant aussi au système de mettre davantage l’accent sur le suivi et l’évaluation de l’incidence de ses activités à l’appui de l’Union africaine et du NEPAD.
Se tournant vers les gouvernements africains, le Secrétaire général les appelle à faire preuve de prudence dans leurs politiques d’emprunt et à renforcer leurs capacités en matière de suivi et de gestion de la dette. Ils devraient aussi se montrer vigilants pour ce qui est des conditions d’octroi de crédits, comme par exemple l’utilisation des recettes d’exportation futures en tant que garantie du remboursement de la dette. Compte tenu du volume record de remises de dettes et du nombre sans précédent de promesses d’accroître l’aide au développement, les gouvernements africains devraient renforcer leurs pratiques de gestion des finances publiques, dit encore le Secrétaire général.
Rapport intermédiaire du Secrétaire général sur l’application de ses recommandations figurant dans son rapport sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/62/204)
Dans ce rapport, le Secrétaire général souligne des progrès considérables réalisés en matière de paix et de sécurité et, dans une certaine mesure, de développement. Il présente aussi une description des progrès accomplis par le système des Nations Unies, en se concentrant en particulier sur la consolidation de la paix après les conflits et sur la nécessité de renforcer la capacité des organisations africaines. Il affirme que le système a, de plus en plus, adapté ses programmes et ses priorités au nouveau contexte africain, en apportant un appui aux gouvernements, aux organisations régionales et sous-régionales et à la société civile.
Le Secrétaire général souligne que ses propositions essentielles partent du principe que c’est à l’Afrique que revient la responsabilité première de l’instauration d’un continent exempt de conflits. Les interventions et plans des Nations Unies devraient donc être principalement axés sur l’apport d’un appui effectif aux efforts déployés par l’Afrique elle-même.
En fait, constate le Secrétaire général, malgré des succès remarquables dans l’application de certaines des recommandations formulées en 1998, les conditions fondamentales requises pour une paix et un développement durables n’ont pas encore été rassemblées. Parmi les obstacles, le Secrétaire général cite la pauvreté extrême généralisée, la faiblesse des institutions publiques, la mauvaise gestion des ressources naturelles, l’insuffisance de la protection des droits fondamentaux de la personne et les menaces de plus en plus graves liées aux changements climatiques.
Même si les pays et institutions africains sont prêts à résoudre leurs propres problèmes de paix, de sécurité et de développement, précise le Secrétaire général, cela ne doit pas empêcher la communauté internationale d’apporter l’appui nécessaire à ces efforts. Les institutions africaines travaillent dur pour développer leur capacité de prévoir, de prévenir les crises et d’y répondre, mais une attention et des investissements soutenus des Nations Unies et de la communauté internationale s’imposent.
Il est temps d’entreprendre, suggère le Secrétaire général, une étude systématique, exhaustive et commune des engagements consentis, des mesures prises, des progrès réalisés et des enseignements tirés. L’étude devrait déterminer si les recommandations de 1998 sont toujours pertinentes, examiner l’éventail de mandats et de résolutions concernant l’Afrique, et voir s’il serait utile de disposer de mécanismes plus systématiques pour coordonner l’action, suivre les progrès et partager les enseignements acquis.
Le Secrétaire général dit son intention de remanier les activités du système des Nations unies, en assurant une plus grande cohérence institutionnelle entre les principaux organes du Secrétariat s’occupant de questions concernant l’Afrique, et établir à l’échelle du système des dispositions organisationnelles plus solides pour assurer la mise en œuvre intégrale des activités en faveur de l’Afrique.
Rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), intitulé « 2001-2010: Décennie pour faire reculer le paludisme dans les pays en développement, particulièrement en Afrique » (A/62/321)
Le présent rapport décrit les activités menées et les progrès réalisés en vue d’atteindre les objectifs fixés pour 2010 en matière de lutte contre le paludisme. Il porte notamment sur la prise en charge et la prévention, ainsi que sur les perspectives d’éradication du paludisme, y compris les questions liées à la recherche-développement et à la mobilisation des ressources. Il aborde aussi les problèmes liés au paludisme chez les femmes enceintes et les difficultés particulières que pose le renforcement des dispositifs sanitaires dans le cadre de la lutte contre le paludisme.
Le paludisme menace au moins trois milliards d’habitants de 107 pays et territoires, indique le rapport. Chaque année, plus de 500 millions de personnes sont victimes de crises aiguës de paludisme qui provoquent plus d’un million de morts, dont au moins 86% en Afrique subsaharienne. Hors d’Afrique, tous les groupes d’âge sont considérés à risque. Ces risques sont concentrés chez les populations pauvres « marginalisées » telles que les réfugiés et les personnes déplacées. Par ailleurs, entre 10 000 et 30 000 voyageurs non vaccinés sont frappés chaque année lors de leur séjour dans les pays impaludés.
La maladie a de surcroît d’importants effets à long terme sur la croissance économique et le développement. Les données disponibles montrent que le paludisme maintient les pauvres dans la pauvreté, représente pour l’Afrique 12 milliards de dollars, par an, en produit intérieur brut perdu et absorbe jusqu’à 34% du revenu des ménages et 40% des dépenses de santé publique. Le ralentissement de la croissance économique s’explique notamment par les coûts des soins, une plus faible productivité des victimes et aidants et le découragement des investissements directs étrangers, du commerce et du tourisme.
Selon le rapport, les prises en charge dans la lutte antipaludique ne sont pas à la hauteur des besoins, en raison du manque de moyens financiers et de savoir-faire techniques ainsi que de la faiblesse du système de santé. Il est à cet égard nécessaire de financer les programmes nationaux de lutte antipaludique mais également l’assistance technique. Sans un renforcement des capacités locales, les fonds qui y sont consacrés n’atteindront pas les populations ciblées ni les buts fixés. De plus, dans un souci de meilleure planification, les financements doivent être prévisibles et le rôle de l’effort privé dans l’organisation des soins doit être mieux défini et articulé avec l’effort public.
L’OMS recommande notamment à l’Assemblée générale d’appeler les pays impaludés à exploiter leur fichier national avec l’aide de l’OMS pour faire face à la grave pénurie de données complètes et actualisées sur le paludisme; à mettre en application les politiques et stratégies préconisées en les adaptant à leur spécificité nationale et à définir des politiques nationales adéquates; à évaluer les moyens mis à la disposition des programmes, notamment les moyens humains pour s’assurer de la présence de personnel qualifié à tous les stades de la chaîne de soins.
L’OMS recommande aussi aux pays impaludés d’encourager les coopérations intersectorielles et de renforcer les réseaux internationaux, interinstitutionnels et multisectoriels de lutte antipaludique; d’interdire la mise sur le marché de monothérapies orales à base d’artémésinine et d’exhorter les bailleurs de fonds à détaxer et à dédouaner les moustiquaires et médicaments et autres produits antipaludiques. Ils doivent également renforcer, avec l’aide de l’OMS, les dispositifs de surveillance de la pharmacorésistance et entreprendre la mise en place de dispositifs de surveillance de résistance aux insecticides.
Il est par ailleurs recommandé à l’Assemblée d’appeler au transfert de technologies relatives à la fabrication de moustiquaires imprégnées d’insecticides de longue durée vers les pays en développement et à lutter contre le trafic de médicaments de contrefaçon dans ces pays. Il est également conseillé aux bailleurs de fonds de bien connaître les politiques de l’OMS pour que seuls les projets qui s’y conforment reçoivent leurs financements.
Déclarations
M. SRGJAN KERIM, Président de l’Assemblée générale, a affirmé que le lien entre les trois questions abordées aujourd’hui est évident. Le NEPAD, a-t-il avancé, s’attaque aux questions qui sont au cœur des conflits du continent, telles que les problèmes de gouvernance et le développement socioéconomique. Or la paix et le développement socioéconomique durables sont étroitement liés. Le développement est en effet la première ligne de défense dans le système de sécurité collectif.
Le Président s’est également réjoui des progrès réalisés par l’Afrique dans la mise en œuvre du NEPAD, tout en reconnaissant qu’il reste encore beaucoup à faire. Il s’est donc félicité des efforts du Secrétaire général visant à restructurer les efforts de l’ONU en appui à l’Afrique, y compris le soutien au renforcement des capacités de l’Union africaine. Le Président est ensuite passé au problème du paludisme pour se féliciter de l’annonce, faite hier, concernant le succès du test d’un vaccin mené au Mozambique. Il a encouragé l’Assemblée et l’ONU à continuer de travailler ensemble pour combattre cette maladie, en jugeant inacceptable qu’une maladie pourtant évitable puisse causer la mort de plus d’un million d’individus chaque année.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’il avait placé l’Afrique et ses besoins spécifiques en tête de son agenda, comme en témoignent sa participation au Sommet de l’Union africaine, ainsi que les visites officielles qu’il a effectuées, depuis son entrée en fonctions, en République démocratique du Congo (RDC), au Kenya et au Soudan. La paix au Darfour demeure ma priorité la plus urgente, a-t-il précisé, avant d’ajouter que la promotion du développement de l’Afrique et la réalisation des OMD revêtaient une importance particulière à ses yeux. Or, en dépit des progrès réalisés par plusieurs pays du continent, celui-ci n’est pas sur la bonne voie pour réaliser les OMD d’ici à 2015. Le statu quo est inacceptable, que ce soit pour l’Afrique elle-même ou le reste du monde, a martelé Ban Ki-moon. Voilà pourquoi, a-t-il expliqué, il a établi un Groupe de pilotage pour la réalisation des OMD en Afrique, chargé de mobiliser toutes les organisations de développement multilatérales et intergouvernementales afin de dynamiser l’action internationale.
Nous savons maintenant que paix, développement et droits de l’homme marchent main dans la main, a poursuivi le Secrétaire général, qui a indiqué que son rapport intérimaire sur les causes des conflits reconnaissait clairement cette réalité. Il est réjouissant de constater qu’au cours de la décennie écoulée, l’Afrique a réalisé des progrès importants pour mettre fin aux conflits armés, comme c’est le cas en Angola, au Libéria, en Sierra Leone et au Burundi. En RDC, des élections démocratiques couronnées de succès ont enfin eu lieu, tandis que se poursuivent les efforts de la MONUC en vue de rétablir la sécurité dans l’est du pays. Les Nations Unies doivent maintenant renforcer les capacités institutionnelles des pays et la gouvernance démocratique. Nous devons utiliser toutes les ressources nécessaires pour permettre à l’Afrique de s’épanouir et aider l’Afrique à relever le défi des changements climatiques, a fait observer Ban Ki-moon.
Rappelant que beaucoup de choses avaient changé depuis 1998, date à laquelle son prédécesseur avait établi le premier rapport sur les causes des conflits en Afrique, le Secrétaire général a déclaré que c’était la raison pour laquelle il avait proposé d’évaluer les recommandations contenues dans ce rapport initial et d’en faire de nouvelles en vue d’atteindre l’objectif d’une Afrique exempte de conflits. Par ailleurs, dans son rapport sur la mise en œuvre et l’appui international au NEPAD, il présente un tableau d’ensemble sur la manière dont les Nations Unies coopèrent avec l’Afrique à cette fin.
Le NEPAD est un bon exemple de la résolution des Africains à assumer la pleine responsabilité de leur avenir. Un nombre croissant de pays africains participent ainsi au Mécanisme d’évaluation par les pairs, a-t-il relevé. Rappelant enfin qu’il fallait de toute urgence s’attaquer aux pandémies de VIH/sida, de paludisme et de tuberculose qui accablent l’Afrique, Ban Ki-moon a déclaré que nous avions désormais les outils nécessaires pour éradiquer le paludisme. Il ne faut pas perdre de temps, a-t-il cependant ajouté, rappelant que chaque minute qui passe, deux enfants de plus meurent de cette maladie.
Les Nations Unies, a-t-il conclu, ont un rôle crucial à jouer pour aider l’Afrique à relever ses défis et réaliser son plein potentiel. Je ferai tout mon possible, a-t-il promis, pour renforcer la capacité du Secrétariat à mener les efforts et les programmes relatifs à l’Afrique.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a pris note avec satisfaction des progrès réalisés depuis le lancement du NEPAD. Il a toutefois regretté qu’aujourd’hui, l’Afrique soit le seul continent qui ne soit pas susceptible de réaliser les OMD dans les délais impartis. Il a donc appelé à des efforts concertés de la part des pays développés et de la communauté internationale.
Le représentant a dénoncé l’inadéquation des ressources comme le plus grand obstacle au développement des pays africains. Il s’est dit profondément préoccupé par le déclin de l’aide publique au développement malgré la promesse faite à Gleneagle en 2005 par le G-8. Il a aussi appelé à des initiatives plus urgentes, plus audacieuses et plus larges pour résoudre les problèmes de la dette extérieure de manière plus efficace, plus équitable et plus orientée vers le développement. Il a souligné, dans ce contexte, l’importance de la viabilité de la dette.
Le représentant a poursuivi en regrettant le manque de progrès dans le Cycle de Doha. Il a jugé essentiel que l’Initiative « Aide pour le commerce » soit correctement financée, efficacement gérée et rapidement mise en œuvre. S’agissant de l’investissement étranger direct (IED), il a souligné que malgré l’augmentation record de 2005 où l’IED est monté à 31 milliards de dollars, la part de l’Afrique reste faible. Il a voulu que cette tendance s’inverse, en appelant à des investissements massifs dans les infrastructures.
Le représentant a conclu en prônant la mobilisation des ressources pour les États africains, les Communautés économiques régionales et l’Union africaine. Il s’est félicité des nouvelles approches adoptées par le système des Nations Unies et relatives pour le financement et la mise en œuvre des projets prioritaires du NEPAD.
M. JEAN-MARIE EHOUZOU (Bénin), s’exprimant au nom du Groupe africain, a rappelé qu’à travers le NEPAD, les pays africains se sont engagés à créer les conditions propices à une croissance économique et un développement durables et à mobiliser les acteurs principaux du développement. Affirmant que l’Afrique avait fait des progrès en ce sens, il a fait valoir le redressement économique du continent, ainsi que l’amélioration des infrastructures énergétiques, des technologies de l’information et de la communication, des transports, de l’eau et de l’assainissement.
Récemment, le NEPAD a permis de mettre en œuvre des programmes capables de libérer les potentialités économiques des femmes, de combattre la pauvreté, de combler l’écart entre l’homme et la femme et de contribuer à la réalisation des OMD. L’autre fait important, a poursuivi le représentant, c’est le rythme auquel les pays africains, 26 à ce jour, sont en train d’accéder au Mécanisme d’évaluation par les pairs. En dépit de tous ces acquis, il demeure des défis majeurs à relever pour accélérer les progrès: VIH/sida, renforcement des capacités, nécessité d’une aide publique au développement accrue, besoins d’investissements étrangers directs et d’une percée dans les négociations de l’OMC.
La question des subventions accordées par les pays industrialisés à leurs secteurs agricoles est en effet une préoccupation majeure pour l’Afrique, a souligné le représentant. Malheureusement, les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avancent lentement et les pays développés sont réticents à prendre les mesures qui s’imposent. Ils savent que leurs politiques ne sont pas compatibles avec les positions qu’ils défendent dans les instances internationales et veulent en outre que ces subventions portent atteinte aux pays très pauvres, sans avoir le courage politique d’admettre la vérité et d’agir correctement, a affirmé lé délégation. Les pays africains savent bien entendu qu’il leur faut améliorer les échanges commerciaux intra-africains, et le NEPAD y accorde une haute priorité.
Se félicitant de l’appel lancé par le Secrétaire général aux partenaires de développement de l’Afrique et aux donateurs, le représentant a regretté que l’APD ait reculé en termes réels en 2005 et plafonné en 2006. Il a ensuite souligné que l’Afrique a besoin de voir sa dette purement et simplement annulée, à 100%, a-t-il insisté. Le représentant s’est ensuite félicité de l’évolution de la coopération Sud-Sud qui fournit les moyens essentiels permettant de maximiser les potentialités et de partager les compétences.
Il a poursuivi en soulignant que les pays africains jouaient un rôle central dans la définition de leur propre destin. Mettant l’accent sur le leadership de l’Union africaine dans le règlement des conflits africains, il a insisté sur son refus d’admettre les changements anticonstitutionnels de gouvernement. Ainsi, l’Union s’est-elle engagée à parvenir à faire de l’Afrique une région exempte de conflits d’ici à 2010. Il a salué les efforts déployés par les Nations Unies pour renforcer et accroître la capacité de cette dernière en matière de maintien de la paix. Le représentant a fait valoir le Programme de reconstruction et de développement après les conflits comme complément de l’action de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies.
Évoquant enfin la question du paludisme, il a déclaré qu’en dépit de progrès sensibles dans la baisse de la mortalité, les partenariats devaient être renforcés pour mettre un terme à ce fléau, qui pose de graves contraintes au progrès social et économique de l’Afrique.
M. LEMOS GODINHO (Portugal) a, au nom de l’Union européenne, affirmé que l’Afrique est au cœur des politiques de développement de l’Union et s’est ainsi réjoui des progrès effectués par le NEPAD concernant notamment le renforcement d’une gouvernance démocratique et plus sure, et le succès du Mécanisme d’examen par les pairs auquel 26 pays ont déjà adhéré. Le représentant a toutefois souligné que le défi majeur incombant aux pays africains reste la mise en œuvre effective des projets et programmes identifiés dans les programmes d’action nationaux.
Le représentant a ainsi rappelé que l’Union, qui est déjà le plus grand pourvoyeur de développement en assurant 50% de la totalité des montants accordés, a convenu d’accroître son APD à hauteur de 0,7% du PNB d’ici à 2015. Il a rappelé qu’en 2006, l’Union a dépassé son objectif de 0,39% en portant l’APD à 0,42% de son PIB et en déboursant ainsi le montant record de 48 milliards d’euros, ce qui représente plus de 100 euros par citoyen européen. En 2005, l’Afrique a été la principale bénéficiaire de l’aide européenne, a rappelé le représentant, en annonçant que les choses s’annoncent bonnes pour la deuxième cible de 0,56% d’ici à 2010. Ces engagements historiques représentent près de 80% de l’augmentation de l’aide promise par le G-8 à l’Afrique.
S’agissant de la question de la dette, le représentant a souligné que tous les créanciers et les débiteurs ont la responsabilité de rendre la dette viable. S’entendre sur les principes communs d’un emprunt responsable et améliorer la disponibilité des informations sur les termes de l’emprunt sont des tâches importantes, a insisté le représentant. Il a poursuivi en annonçant qu’en 2008, des accords de partenariat économique avec quatre régions ACP en Afrique entreront en vigueur. Ces accords visent à promouvoir l’intégration régionale et une approche globale pour s’attaquer aux obstacles au commerce et à l’arrivée des investisseurs.
Mettant l’accent sur la Stratégie européenne pour l’Afrique et le Fonds européen de développement doté de 22, 7 milliards de dollars, le représentant a souligné que les deux continents sont allés plus loin en adoptant une stratégie conjointe qui reflète les besoins et les aspirations des deux peuples qui s’acheminent d’ailleurs vers un deuxième Sommet Union européenne-Afrique qui aura lieu à Lisbonne à la fin de l’année.
Le représentant a ensuite détaillé les montants que l’Union européenne a versés pour renforcer les capacités de règlement des conflits en Afrique. L’Union a apporté son soutien financier aux opérations mises en œuvre par l’Union africaine, à hauteur de 300 millions d’euros au Soudan, de 23 millions en République centrafricaine et de 15 millions en Somalie. De nombreux programmes de renforcement des capacités ont également été lancés par l’UE pour promouvoir la paix et la sécurité et 175 millions d’euros ont été versés à la Facilité pour la paix en Afrique alors que 300 millions supplémentaires ont été mis de côté pour la période 2008-2010.
L’Afrique avance en direction de la prospérité économique, a reconnu le représentant, en se félicitant d’un taux de croissance moyen de 6% pour 2007. Il s’est aussi félicité du fait que l’état de droit soit devenu la pièce centrale de tous les processus de prises de décisions. Vingt-neuf pays africains sont désormais États parties au Statut de Rome, s’est encore félicité le représentant. En rappelant que santé et développement sont interconnectés, il a conclu en réitérant l’appui de l’UE à la lutte contre le paludisme. L’UE contribue au Fonds pour la malaria, et a notamment financé des campagnes massives pour favoriser la propagation et l’utilisation de moustiquaires avec insecticides.
S’exprimant au nom de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), M. KEVIN CHEOK (Singapour) a reconnu que le NEPAD est devenu le mécanisme clef à travers lequel tant les institutions financières multilatérales que les partenaires au développement cherchent à approcher l’Afrique. Cependant, malgré les progrès notés par le Secrétaire général, l’Afrique, s’est-il inquiété, continue de faire face à des défis de taille. Le leadership et la responsabilité sont les facteurs clefs du développement durable, a-t-il déclaré, en ajoutant que c’est la raison pour laquelle l’ASEAN considère le Mécanisme d’évaluation par les pairs comme un instrument novateur qui, a-t-il salué, compte désormais 26 pays.
Bien que la responsabilité première du changement revient à l’Afrique, la communauté internationale se doit de soutenir ses efforts, a-t-il observé, en rappelant que de nombreux membres de l’ANASE ont contribué au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, comme la Thaïlande qui y a versé un million de dollars depuis 2003. Il s’est, à ce titre, félicité de la décision prise par le G-8 au Sommet de Heiligendamm en 2007 de consacrer 30 milliards de dollars à la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose en Afrique. Cependant, a-t-il continué, ces derniers devront faire plus pour remplir leurs promesses de doubler leur aide à l’Afrique d’ici à 2010, compte tenu du déclin des flux d’aide au développement vers le continent.
Soulignant l’existence de liens historiques entre l’Afrique et l’Asie, le représentant de Singapour a rappelé qu’à l’occasion du cinquantième anniversaire du Sommet Afrique-Asie il y a deux ans, la décision avait été prise de renforcer la coopération dans les domaines politique, économique, social et culturel. L’action se poursuit grâce au Nouveau partenariat stratégique Afrique-Asie, a-t-il déclaré, en matière de renforcement de capacités, de lois et de politiques environnementales, de préservation des ressources génétiques et du savoir traditionnel, et de développement de petites et moyennes entreprises, ce qui, s’est-il félicité, représente un excellent exemple de coopération Sud-Sud.
Au niveau individuel, les membres de l’ANASE ont aussi renforcé leurs relations avec les pays du NEPAD, a-t-il observé, en arguant qu’il est dans l’intérêt des uns et des autres de voir dans un avenir proche la finalisation du Cycle de Doha. Il a dénoncé les barrières commerciales imposées sur les pays en développement comme un énorme handicap au développement économique.
M. NGUYEN TAT THANH (Viet Nam) a reconnu que malgré les progrès encourageants, les pays africains font face à d’énormes défis dans la réalisation des OMD. Le continent est à la traîne, a-t-il regretté, tout en rappelant qu’il est encore bien loin d’atteindre les 6% de croissance annuelle du PNB et qu’il est le dernier à bénéficier des investissements étrangers directs, alors qu’il souffre de l’accroissement du poids de la dette, de régimes commerciaux inéquitables et de l’insuffisance des ressources pour le développement. En réponse à ces défis, le Viet Nam, a poursuivi son représentant, exhorte la communauté internationale à renforcer son partenariat et à assister les pays africains dans leurs efforts pour atteindre les OMD, notamment par l’allègement et l’annulation de la dette et l’amélioration de l’accès au marché. C’est à ce titre, a-t-il poursuivi que le Viet Nam soutient les initiatives du Secrétaire général en la matière et se félicite du fait que l’Initiative multilatérale d’allègement de la dette et l’Initiative des pays pauvres très endettés aient été complémentées par les efforts bilatéraux du G-8 et des autres pays donateurs.
Le représentant s’est dit convaincu que l’Initiative « Aide pour le commerce » jouera un rôle vital dans l’apport de ressources supplémentaires. L’Initiative ne doit toutefois pas être considérée comme une réponse isolée aux défis commerciaux rencontrés par l’Afrique, elle doit être envisagée comme partie intégrante de l’effort de construction d’un partenariat global pour le développement dans lequel tant la coopération Sud-Sud que Nord-Sud ont leur importance capitale, a-t-il déclaré. Il s’est à cet égard félicité des initiatives et partenariats entrepris par le Groupe de la coopération Sud-Sud aux niveaux sous-régional, régional, interrégional et international visant à établir des mécanismes de partenariats pour l’expansion de la coopération Sud-Sud, y compris la coopération triangulaire en matière de commerce et d’investissement.
Il a rappelé l’étendue de la coopération entre son pays et ses « frères et sœurs » d’Afrique aux niveaux bilatéral et interrégional dans le domaine de l’agriculture, l’industrie, la science et la technologie, la santé, l’éducation et la protection de l’environnement, notamment par la signature de nombreux accords et projets de coopération. Le volume du commerce du Viet Nam vers l’Afrique a augmenté de 15 millions à un milliard de dollars entre 1991 et 2006, a-t-il conclu, tout en relevant que le renforcement des relations avec l’Afrique constitue l’un des fers de lance de la politique étrangère vietnamienne.
M. MIKIO MORI (Japon) a appelé la communauté internationale à rester aux côtés de l’Afrique et à l’appuyer dans ses efforts visant à prendre en charge son développement. L’année prochaine au mois de mai, a-t-il dit, le Japon co-organisera la quatrième Conférence internationale pour le développement de l’Afrique avec les Nations Unies, le PNUD et la Banque mondiale et abritera le Sommet du G-8 à Tokyo. Le représentant a assuré que son pays profitera de l’élan de ces deux rencontres pour mobiliser l’appui international au développement des pays africains et aux efforts pour réaliser les OMD. Le Japon, a-t-il dit, coopère avec le NEPAD depuis sa création. Il appuie les priorités convenues avec le secrétariat du NEPAD dans les secteurs des infrastructures, de l’agriculture, du commerce et des investissements, du développement du secteur privé et maintenant de l’environnement. Le Japon s’apprête à doubler son aide publique au développement d’ici la fin de l’année, tout en mobilisant les connaissances et les ressources de la communauté internationale pour assister l’Afrique dans les domaines liés à la croissance économique, à la sécurité humaine et à la lutte contre les changements climatiques et pour la protection de l’environnement.
Pour contribuer à l’Initiative « Aide pour le commerce », le Japon continue de mettre en œuvre l’Initiative de développement lancée en 2005 pour aider les pays en développement à tirer parti du marché libre en renforcement leurs capacités d’exportation. Concernant l’allègement de la dette, le Japon a mis en œuvre l’Initiative de Cologne et a débloqué 3,4 milliards de dollars en faveur des 18 pays éligibles à l’Initiative PPTE.
Le représentant a conclu en se félicitant des progrès réalisés dans lutte contre le paludisme grâce à la stratégie « Partenariat pour réduire le paludisme ». Il a rappelé que son pays s’est engagé à fournir 10 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticides à l’Afrique. Le Japon a aussi contribué à hauteur de 660 millions de dollars au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.
M. JASEM AL NAJEM (Koweït) a déclaré que le NEPAD avait été établi pour consolider un lien auquel son pays a toujours cru, à savoir celui qui unit le succès du développement à la stabilité politique des États. Six ans après le lancement de cette initiative, les pays africains continuent cependant de faire face à un cercle vicieux, prisonniers qu’ils sont du fardeau de la dette d’un côté et de la nécessité de réunir les ressources financières pour atteindre ses objectifs de développement, de l’autre. Pour sa part, le fonds koweïtien pour le développement économique arabe a contribué à alléger la dette extérieure de pays africains dans le cadre de l’Initiative PPTE, en la rééchelonnant sur une période de 40 ans. La solution au problème de la dette dépend étroitement des moyens financiers mis à la disposition de ces pays dans le cadre de l’assistance au développement, a cependant estimé le représentant. À cet égard, le Koweït a indiqué qu’il poursuivait ses contributions à l’appui de programmes de développement économique, qui ont atteint à ce jour la somme de 12 milliards de dollars auprès d’une centaine de pays du monde entier, dont 40% en Afrique. Le Gouvernement koweitien n’a pas non plus ménagé ses efforts pour stabiliser les marchés pétroliers mondiaux en contribuant, au travers du fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à de nombreux projets dans des pays en développement, 119 à ce jour.
Mme SUSHMA SWARAJ (Inde) a regretté que le paludisme continue à frapper de nombreuses régions du monde et particulièrement l’Afrique. Cette maladie, a-t-elle poursuivi, touche des personnes de tout âge et s’avère extrêmement dangereuse et débilitante pour les enfants en bas âge et les femmes enceintes. La représentante de l’Inde a en outre précisé que la maladie fait des ravages et qu’elle constitue un facteur aggravant pour les pauvres, en rendant la main d’œuvre inapte au travail, en faisant baisser la productivité et les résultats, particulièrement dans les zones rurales, a-t-elle ajouté, où elle impose un double fardeau sur les pauvres compte tenu du fait que la période de transmission coïncide avec les saisons de plantation et de récolte.
La malaria pouvant être soignée et traitée, les souffrances humaines et les pertes économiques dues à la maladie ne sont pas nécessaires, a-t-elle déclaré, tout en insistant sur l’importance des moustiquaires et en rappelant qu’il est nécessaire de protéger l’accès aux génériques bon marché, ce que le régime actuel des droits de propriété intellectuelle (DPI) ne fait pas. Elle a appelé les Nations Unies à améliorer cette situation. Mais au-dessus de tout, a-t-elle continué, le développement économique est absolument primordial, car comme l’histoire l’a montré, c’est lui qui a éliminé la malaria dans le monde développé. À ce titre, elle s’est dite convaincue que le renforcement des capacités, de la science et de la technologie ainsi que la consolidation d’un Cycle de Doha véritablement axé sur le développement sont nécessaires.
La représentante a ensuite souligné que malgré les développements positifs de ces dernières années et la régression notable des conflits armés en Afrique, il est nécessaire de renforcer et soutenir les efforts africains dans le domaine de la paix et de s’attaquer aux sources des conflits armés. La mobilisation des ressources constitue le moyen clef de la communauté internationale pour assister au rétablissement de la paix dans des sociétés postconflit. Elle a rappelé qu’entre 60 à 80% des pays africains en conflit étaient soumis à un programme du FMI qui les a fait sombrer dans cette situation. Elle a donc appelé les Nations Unies à jouer un rôle central dans la réforme des institutions de Bretton Woods en y incluant davantage la voix des pays en développement. La représentante a aussi rappelé qu’à ce jour, son pays a déployé quelque 8 000 soldats, dont la première unité de police féminine, dans les opérations de l’ONU.
S’agissant du NEPAD, elle a regretté la diminution de l’APD, en jugeant que la réalisation, dans les délais agréés, des promesses faites aux Sommet de Gleneagles en 2005 et de Heiligendamm en 2007 est impérative. Quant au problème de la dette, elle a observé que tant que les pays donateurs n’auront pas adéquatement reconstitué l’Association internationale pour le développement et le Fonds africain du développement, l’Initiative multilatérale d’allègement de la dette ne réussira pas.
Elle a conclu en rappelant que la coopération économique de l’Inde avec l’Afrique prend plusieurs formes, dont notamment les contributions de son pays au NEPAD, les projets bilatéraux, la coopération avec l’Union africaine et autres programmes en matière d’infrastructure, de technologies de l’information et de la communication, de fourniture de traitements antirétroviraux pour lutter contre le VIH/sida, et d’éducation.
M. Luis Enrique CHAVEZ (Pérou) a regretté que seulement 3% des IED mondiaux soient destinés à l’Afrique et que l’APD qui lui est attribuée ne soit pas conforme aux promesses des pays développés. Il a déploré le retard qu’ont pris les pays africains dans la réalisation des OMD et a, à cet effet, exhorté la communauté internationale à augmenter son aide publique au développement, à alléger la dette des PMA et à favoriser l’accès des pays en développement aux marchés internationaux. Sur le plan de la sécurité en Afrique, il a affirmé que les défis pour la paix et la sécurité du continent exigent une vision stratégique, prenant en considération quatre éléments fondamentaux à savoir la prévention des conflits, la coopération avec les organisations internationales et régionales, les questions humanitaires et la gestion des situations postconflit. À cet effet, il a déclaré que le Pérou appuie les initiatives des Nations Unies dans ses activités de médiation. Il a salué le travail de la Commission de consolidation de la Paix et l’adoption de stratégies intégrées pour la Sierra Leone et le Burundi. Saluant aussi les travaux relatifs à la justice transitionnelle en Afrique, le représentant a conclu en affirmant que son pays appuie les efforts du Secrétaire général visant à protéger les civils dans les conflits, et tout particulièrement au Darfour, où le Pérou a été l’un des coauteurs de la résolution sur le déploiement d’une opération hybride.
M.JALEL SNOUSSI (Tunisie) a indiqué qu’il est bien établi que malgré la volonté des pays africains de se prendre en charge et l’engagement de plus en plus prononcé de leurs partenaires, la mise en œuvre du NEPAD et la réalisation des OMD restent conditionnées à une plus grande mobilisation de la communauté internationale et une meilleure harmonisation de ses instruments d’intervention. La priorité accordée aux besoins spécifiques africains est certes au centre de l’agenda d’un véritable partenariat de développement pour un continent, longtemps fragilisé par les affres des conflits armés, de l’instabilité, de la pauvreté et des pandémies. La Tunisie, a indiqué le représentant, a apprécié les conclusions du Comité du programme et de la coordination (CPC) concernant l’engagement renouvelé des Nations Unies à fournir un soutien plus coordonné et à mieux intégrer les stratégies favorables aux objectifs et aux priorités du NEPAD. Il a suggéré le renforcement matériel et humain du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique.
Concernant l’instabilité politique et les situations de conflit et postconflit, le représentant a estimé que la normalisation sur la voie de la reconstruction et du développement réclame un appui politique et économique international plus étoffé et mieux ciblé. Il a salué la mise en place de la Commission de consolidation de la paix qui constitue, selon lui, un « acquis dont l’Afrique peut tirer profit » dans la mesure où la majeure partie des conflits sont localisés sur le continent africain. Il a cité en exemple la force hybride UA-ONU comme modèle de partenariat.
Concernant les pandémies, il a estimé qu’un partenariat mondial suffisamment doté en moyens financiers, humains et techniques est non seulement un choix mais aussi un impératif. Il a déploré que l’effort international ait plus pris la forme d’une action d’urgence concentrée sur la fourniture des produits, que d’une opération financière et technique de renforcement des capacités et structures nationales de santé. Il a enfin demandé à l’Afrique de redoubler d’efforts dans le cadre d’un partenariat de développement pour lui permettre de se relancer, de s’adapter et d’accélérer son processus de développement politique et social et son intégration à l’économie mondiale. À ce rythme, l’un des principaux Objectifs du Millénaire pour le développement, à savoir l’élimination du paludisme à l’échéance 2015, risque de n’être qu’un vœu pieux.
Mme ILEANA NUÑEZ MORDOCHE (Cuba) a déclaré qu’en dépit des efforts déployés dans le cadre du NEPAD, des obstacles de taille se dressaient sur le chemin qui mène à la réalisation des OMD. Elle a déclaré que la plupart des pays développés avaient une vision erronée de l’Afrique, qui les a empêchés de comprendre le continent et de lui venir en aide. L’Afrique demeure en marge des relations économiques internationales, en raison notamment de la libéralisation du commerce mondial, qui lui a coûté plus de 270 milliards de dollars ces deux dernières décennies, a estimé la représentante. Cuba de son côté, n’a pas cessé de venir en aide aux pays africains depuis les premières années de la révolution castriste, a-t-elle affirmé. Ainsi, en dépit de l’embargo imposé par les États-Unis, le régime cubain a formé plus de 30 000 étudiants africains au cours des 40 dernières années. Plus de 2 000 jeunes en provenance de 44 pays africains étudient actuellement dans les universités cubaines, dont 700 la médecine. En outre, plus de 2 400 Cubains travaillent actuellement en Afrique, dont 2 000 personnels de santé au service de la lutte contre le paludisme, le VIH/sida et la tuberculose. La délégation a estimé en conclusion que ce dont l’Afrique a besoin, c’est de l’annulation totale de sa dette, d’un traitement différencié dans l’accès aux marchés internationaux, d’un commerce équitable, de transferts de technologies, de formations adéquates et d’une assistance dans l’éradication des pandémies.
M. KATI O. KORGA (Togo) a déclaré que le NEPAD constitue la preuve des engagements pris par les chefs d’États africains envers leurs peuples pour les délivrer de la misère et de l’extrême pauvreté. Le NEPAD, a-t-il continué, c’est surtout l’appel à un partenariat nouveau avec la communauté internationale dont le soutien s’avère nécessaire, voire indispensable, pour hâter l’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale.
Ayant fait référence au début de son allocution aux deux programmes qui avaient précédé le NEPAD, M. Korga s’est posé la question de savoir si celui-ci ne risque pas de subir le même sort que ses aînés et si, consciemment ou inconsciemment, la communauté internationale ne va pas le faire sombrer dans la spirale des rendez-vous manqués pour l’Afrique. Le rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis ne suscite pas d’emblée l’optimisme, a-t-il regretté, tout en rappelant que les apports totaux d’aide publique au développement à l’Afrique subsaharienne ont affiché un recul en termes réels en 2005, n’ont pas progressé en 2006 et risquent de connaître une nouvelle contraction en 2007.
Reconnaissant certaines avancées dans les domaines de l’allégement de la dette et de l’accroissement du flux des investissements, il s’est dit déçu face au peu de progrès enregistrés jusque-là dans les négociations commerciales multilatérales, notamment au sujet de la question de l’élimination des subventions agricoles. Il s’est également dit préoccupé par les négociations des accords de partenariat économique entre l’Union européenne et l’Afrique. À mi-chemin de l’horizon 2015 prévu pour la concrétisation des OMD et face au peu de progrès enregistrés dans l’appui international au NEPAD, a-t-il déploré, comment ne pas s’inquiéter du fait qu’aucun pays africain n’arrivera à atteindre les objectifs fixés?
Face à cette triste réalité, il a lancé un appel pressant à tous les partenaires au développement de l’Afrique et aux pays du G-8 en particulier, afin qu’ils honorent dans un délai bref, les engagements qu’ils ont souscrits lors de divers fora internationaux. Des mesures urgentes doivent être prises pour augmenter le flux de l’aide, en améliorer la qualité conformément à la Déclaration de Paris. Il faut aussi annuler la totalité de la dette africaine et faire en sorte que le commerce bénéficie à l’Afrique, notamment par l’aboutissement rapide du Cycle de Doha, a-t-il soulevé.
Le représentant a également voulu que les négociations des accords de partenariat économique entre l’Union européenne et les configurations africaines privilégient le volet « développement » afin d’accélérer et d’approfondir les processus d’intégration des régions et la mise à niveau des économies africaines, plutôt que de revêtir la forme de simples arrangements commerciaux. Il a tout de même tenu à souligner qu’en sollicitant l’appui de la communauté internationale à la mise en œuvre du NEPAD, les dirigeants africains étaient conscients du fait que la responsabilité du développement du continent leur incombait au premier chef. C’est ainsi, a-t-il affirmé, que nos pays ne ménagent aucun effort pour faire avancer le NEPAD dans ses domaines prioritaires que sont l’infrastructure, l’agriculture, la santé, l’éducation, l’environnement, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, et la science. Nous nous félicitons tout particulièrement du fonctionnement du Mécanisme d’évaluation intra-africaine, pierre angulaire de la bonne gouvernance politique et économique de l’Afrique, a-t-il poursuivi, tout en déplorant l’insuffisance des moyens financiers et institutionnels.
M. MOSTAFA SAHEL (Maroc) a regretté que le rapport du Secrétaire général fasse état d’une tendance à la baisse de l’APD destinée à l’Afrique. En matière d’allégement de la dette extérieure, a-t-il avancé, malgré l’accomplissement de progrès, notamment au travers des l’initiative PPTE et de réduction de la dette multilatérale, il reste beaucoup à faire pour que l’ensemble des pays africains remplissant les conditions requises puissent bénéficier de ces initiatives.
Concernant les investissements directs étrangers, il a regretté que l’Afrique, malgré des progrès en matière de réforme des politiques macroéconomiques, de bonne gouvernance et de l’état de droit, soit la région la moins attractive, avec seulement 3% des flux d’investissement dans le monde, lesquels restent en général concentrés dans un nombre très limité de pays. Il a affirmé que le continent africain ne peut s’intégrer dans l’économie mondiale sans un apport massif d’IED et un renforcement des capacités de production.
Dans cette optique et pour contribuer à la réalisation des objectifs du NEPAD, l’intervenant a souligné que son pays s’est engagé à fournir un accès libre aux exportations des PMA d’Afrique. Le Maroc s’est également engagé avec les pays de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest dans la promotion des échanges commerciaux, et a adhéré en 2001 à la communauté des États subsahariens.
Le représentant a par ailleurs encouragé l’établissement de partenariats économiques impliquant la participation du secteur privé, avec les partenaires du continent africain, en vue de la réalisation des objectifs et priorités du NEPAD. Il a souligné que son pays offre d’ailleurs plus de 7 000 bourses aux étudiants de pays africains. Il a conclu en rappelant que l’action du Maroc en faveur de la coopération Sud-Sud privilégie le montage de projets concrets dans les domaines vitaux pour le développement humain et le développement durable et implique la population, à travers les ONG et les élus locaux dans la définition des besoins et des priorités.
Mme KELLY G. KNIGHT (États-Unis) a rappelé qu’au cours de ces six dernières années, le Gouvernement américain avait collaboré au NEPAD dans le cadre de divers programmes agricoles, infrastructurels et de développement commercial. Un des programmes majeurs que les États-Unis continuent de soutenir est le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique, mis en œuvre dans six pays qui se sont engagés à renforcer leurs capacités dans le secteur agricole. Pour la délégation, le NEPAD constitue un moyen de reconnaître que l’Afrique prend plus que jamais appui sur le dynamisme inhérent à la démocratie, à la bonne gouvernance et au libre marché. Sa représentante a réitéré le soutien de son gouvernement aux pays d’Afrique subsaharienne dans l’établissement de politiques et d’infrastructures indispensables au développement, à la croissance économique et à la création d’emplois. Ces derniers mois, la fondation Millenium Challenge Corporation a annoncé un don de 698 millions de dollars à la République-Unie de Tanzanie pour qu’elle améliore ses infrastructures, et de 164 millions de dollars au Lesotho pour des projets de barrage et d’assainissement d’eau. Les programmes de la Millenium Challenge Corporation, de USAID et de la loi sur la croissance et l’emploi en Afrique sont des signes forts de l’engagement des États-Unis en faveur de l’Afrique et du NEPAD.
La représentante a ensuite indiqué que chaque année, entre 300 et 500 millions de personnes contractaient le paludisme et que plus d’un million en mourrait. Par conséquent, le Président Bush a lancé en juin 2005 une initiative sur le paludisme, connue sous le nom de PMI. 1,2 milliard de dollars a été alloué au PMI, qui a l’ambition de réduire, d’ici à 2010, la mortalité provoquée par le paludisme de 50% dans 15 pays cibles. Le Gouvernement américain a également convoqué en décembre dernier un sommet mondial sur le paludisme. Selon elle, seuls des partenariats efficaces, comme ceux qui ont été établis dans le cadre du PMI, seront en mesure d’atteindre l’objectif que s’est fixé le Président américain. Se félicitant de la publication d’un nouveau rapport de l’UNICEF, qui affirme que des progrès tangibles seront accomplis dans les prochaines années dans la lutte contre le paludisme, la représentante a déclaré qu’avec de nouveaux outils performants tels que les moustiquaires imprégnées d’insecticides, la communauté internationale était en voie de réduire de manière spectaculaire les coûts humains et économiques du paludisme. Elle a encouragé les autres pays, ainsi que les groupes privés et publics, à redoubler d’efforts pour relever ce défi de taille.
M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a regretté le premier déclin de l’APD à destination du continent africain depuis 1997, avant d’exhorter les pays du G-8 à respecter leurs engagements et à doubler le montant de leur aide d’ici à 2010. Il a également déploré le faible montant d’IED alloués à l’Afrique, dont les seuls apports sont concentrés dans un nombre restreint de pays, compromettant par conséquent les efforts du continent dans le renforcement de ses capacités et dans l’établissement d’institutions nationales, lesquelles permettent d’accompagner l’augmentation des capacités et la diversification des systèmes de production, et de renforcer les qualifications de la main d’œuvre. L’intervenant a en outre plaidé pour que les Accords du Cycle de Doha ou de toute autre négociation commerciale incluent les besoins de développement de l’Afrique. Il s’est réjoui de l’initiative PPTE et de l’allègement de la dette multilatérale, en soulignant notamment que les pays africains ont besoin de ressources innovantes pour financer leur développement.
M. Abdelaziz a par ailleurs tenu à rappeler que l’Afrique reste le continent le plus durement touché par les effets des changements climatiques, alors qu’il en est l’un des plus faibles protagonistes. Ainsi, a-t-il avancé, la communauté internationale doit renforcer son assistance aux pays africains en contribuant notamment au renforcement de leurs capacités, en favorisant les transferts de technologie et en leur attribuant les ressources financières nécessaires pour faire face à ce fléau. Il a, à cet égard, indiqué que le Fonds national égyptien pour la coopération technique avec l’Afrique, qui a depuis 1981 fourni des aides et soutenu les pays africains dans les domaines se référant à la santé, l’agriculture, l’éducation et à l’humanitaire, constitue un des principaux piliers dans la réalisation des OMD.
Il a par ailleurs soutenu le plan ambitieux du Secrétaire général qui vise à mettre fin aux conflits régnant en Afrique d’ici à 2010. Concernant les négociations sur la mise en place d’un instrument juridiquement contraignant établissant de nouveaux critères sur l’exportation, l’importation et le transfert d’armes conventionnelles, il a jugé indispensable de poursuivre le mandat du Secrétariat général conformément à la résolution 61/89 de l’Assemblée générale, dans laquelle il lui incombe de mettre sur pied un groupe d’experts intergouvernementaux pour examiner à partir de 2008 la faisabilité dudit instrument, ainsi que son domaine de compétence et d’action.
Il a conclu en affirmant que la lutte contre le paludisme requiert un surplus d’efforts dans la modernisation et la réorganisation des infrastructures économiques, sociales et sanitaires dans les pays en développement. Il a à cet effet plaidé pour plus de transfert des connaissances techniques, mais aussi pour la formation de cadres qualifiés et pour une sensibilisation accrue de l’opinion, en vue de mieux traiter et prévenir la maladie. Il a enfin appelé à une participation multipartite intégrant toutes les forces de la société, et notamment la société civile, dans l’élimination du paludisme.
M. KAIRE MUNIOGANDA MBUENDE (Namibie) a regretté qu’une partie importante des ressources qui pourraient être utilisées pour aider au développement de l’Afrique soit trop souvent dépensée dans les efforts pour mettre fin aux conflits. Dans ce contexte, le NEPAD représente un cadre pour mobiliser les efforts en faveur du développement africain. La délégation estime, à l’instar du Secrétaire général, que pour que ce partenariat passe à une phase opérationnelle, le concours de chaque pays africain est nécessaire. Estimant que le soutien de la communauté internationale au développement africain était mitigé, le représentant a déclaré que l’Afrique n’avait pas besoin d’initiatives supplémentaires -elle compte déjà 50 mandats des Nations Unies-.
Ce dont l’Afrique a besoin, c’est qu’on l’aide à mettre en œuvre les programmes existants, a-t-il dit. Par ailleurs, la Namibie s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’impasse actuelle dans laquelle se trouve le cycle de négociations de Doha, qui pourrait pourtant faciliter le rôle du commerce comme moteur de la croissance économique et du développement africains. En outre, le représentant s’est félicité de l’assistance qu’elle a reçue jusqu’à présent de la part du système des Nations Unies, ainsi que du renforcement continu de la coopération entre l’ONU, l’Union africaine et les communautés régionales économiques. Seule une coopération de ce type sera en mesure de réaliser les OMD en Afrique. Le représentant a identifié en conclusion le Forum de la coopération pour le développement, du Conseil économique et social (ECOSOC), et souhaité que le Bureau du Conseiller spécial pour l'Afrique soit renforcé.
M. NIKOLAY CHULKOV (Fédération de Russie) a appelé au renforcement du rôle de coordination des Nations Unies dans la résolution des conflits dont elle a la charge en Afrique, en collaboration avec les entités régionales et sous-régionales africaines. Il a déclaré soutenir un rôle et une participation plus active du continent africain dans la promotion de la paix et de la sécurité du continent.
Il a par ailleurs affirmé que son pays a activement participé à l’élaboration du programme du G-8 sur l’aide internationale allouée à l’Afrique, notamment à travers le renforcement des capacités relatives au maintien de la paix. Les officiers africains de maintien de la paix sont ainsi formés en Russie depuis 2002, et il est prévu de former jusqu’à 2010 inclus, au centre de formation des forces de maintien de la paix, jusqu’à 80 personnels par an, a-t-il annoncé. Il a également souligné que 320 officiers de maintien de la paix russes sont impliqués dans presque toutes les opérations en Afrique, et a indiqué que son pays a promis de contribuer annuellement au Fonds de consolidation de la paix, à hauteur de 2 millions de dollars à partir de 2008.
Concernant l’allègement de la dette aux pays en développement, l’intervenant a affirmé que son pays a annulé 11,3 milliards de dollars de dettes et que les contributions totales de la Fédération de Russie au Fonds pour les PPTE sont estimées à 25 millions de dollars à partir de 2003. En décembre 2006, a-t-il déclaré, le Gouvernement de la Fédération de Russie a approuvé l’initiative formulée par le Ministère des finances consistant à annuler la dette des pays africains ayant atteint le point d’achèvement de l’Initiative PPTE avant le 31 décembre 2006. Cinq cent quarante sept millions de dollars de dettes vont ainsi être annulés en faveur du Bénin, de la Zambie, de Madagascar, du Mozambique, de la République-Unie de Tanzanie et de l’Éthiopie, tandis que l’allègement des 250 millions de dettes restantes sera intégré dans un futur accord d’échange dette-développement que la Fédération de Russie développe avec le reste du monde.
Le représentant a par ailleurs rappelé que son pays participe à l’Initiative du G-8 développée par le FMI et l’Association pour le développement international (ADI) sur la réduction de la dette multilatérale des pays les plus pauvres. M. Chulkov a en outre déclaré que son pays commerce plus activement avec les marchés africains, en favorisant les transferts de nouvelles technologies et en augmentant les investissements. Il a conclu en réaffirmant le soutien de son pays à la lutte contre le paludisme, la tuberculose et la malaria. À cet effet, les contributions actuelles de la Fédération de Russie atteignent 35 millions de dollars.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) aurait souhaité, a-t-il dit, que le rapport du Secrétaire général insiste plutôt sur la manière de redresser la situation en Afrique. Même si le NEPAD est avant tout un partenariat entre pays africains, il cherche aussi à accélérer le développement durable du continent par le biais de partenariats avec le Nord. La lutte contre le sous-développement en Afrique requiert des efforts collectifs non seulement de la part des Africains mais aussi l’engagement déterminé des pays partenaires du Nord, a insisté le représentant. Malgré les défis immenses auxquels elle fait face, l’Afrique a fait des progrès substantiels dans beaucoup de secteurs. Le continent connaît un fort développement économique et plusieurs crises sont actuellement résolues grâce aux efforts de médiation des Africains eux-mêmes. Les organisations africaines sont devenues des acteurs importants dans la prévention et la résolution des conflits.
Le représentant s’est dit quelque peu déçu par le ton de certaines conclusions et recommandations du rapport. Le rapport tire la conclusion fade que le manque de progrès dans le Cycle de Doha demeure un problème important. Cette façon de conclure, a dénoncé le représentant, tient à peine compte du fait que le Cycle de Doha n’a jamais répondu ni à la lettre ni à l’esprit de ces objectifs ambitieux et les conséquences pour l’Afrique ont été désastreuses. L’amélioration de la cohérence de la politique de développement est d’une importance cruciale pour soutenir le NEPAD, a souligné le représentant. Une aide accrue et l’allègement de la dette doivent faire partie intégrante d’une approche plus cohérente de soutien au développement de l’Afrique.
La mise en place d’un processus visant une évaluation intégrée de la cohérence des politiques qui affecte le développement permettrait d’éviter les politiques contradictoires. Les Nations Unies, a poursuivi le représentant, ont un important rôle à jouer dans la promotion de la renaissance africaine. Il a salué la collaboration entre la Commission de l’Union africaine et les Nations Unies. Le système de l’ONU doit rationnaliser ses stratégies en appui au NEPAD de manière intégrée et coordonner les activités au niveau des pays avec celles qui sont menées aux niveaux sous-régional et régional, a encore voulu le représentant. Le représentant a aussi soutenu l’appel du Secrétaire général pour le suivi et l’évaluation de l’impact des activités des Nations Unies en appui à l’Union africaine et au NEPAD. Le représentant a conclu sur la lutte contre le paludisme et les résultats encourageants qui peuvent découler de l’utilisation des DDT.
M. JOHN MACNEE (Canada) a reconnu le caractère précaire des performances réalisées par l’Afrique. C’est pourquoi, a-t-il dit, nous devons poursuivre notre action de façon à les renforcer et à les pérenniser. Se félicitant des taux de croissance impressionnants que les pays africains ont enregistrés ces dernières années, le représentant en a appelé à la coopération globale et concertée du secteur privé et des donateurs à l’extérieur de l’Afrique, et la prise en main résolue, par les pays africains, de leur propre développement. Le représentant a rappelé que son pays aide les Africains à réaliser les OMD, y compris à surmonter les obstacles à la paix et à la sécurité. Il a souligné l’engagement que son pays a pris lors du Sommet du G-8 de 2007 de doubler son aide internationale au profit de l’Afrique. Ladite aide devrait passer de 1,05 milliard en 2003-2004, à 2,1 »milliards de dollars en 2008-2009, et nous sommes en passe de concrétiser cet engagement car entre 2005 et 2006, l’aide canadienne à l’Afrique a atteint 1,7 milliard de dollars.
Dans le cadre de cet engagement, a poursuivi le représentant, le Canada demeure fermement attaché aux initiatives régionales et multilatérales visant à faire progresser la prévention et le contrôle du paludisme. Le Canada a versé 530 millions de dollars au titre du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Dernièrement, le Canada a annoncé un nouveau financement additionnel de 20 millions de dollars sur trois ans, versé par l’entremise de la Croix-Rouge nationale, notamment pour la distribution de moustiquaires. Le Canada est fier de collaborer avec ses partenaires africains dans la poursuite du NEPAD et la mise en œuvre du Mécanisme d’évaluation par les pairs est appelé à jouer un rôle crucial dans la réalisation des objectifs.
Concernant la prévention et la résolution des conflits en Afrique, le représentant s’est dit de plus en plus préoccupé par les changements récents au Soudan, dans la région des Grands Lacs et au Zimbabwe, qui illustrent la « précarité des progrès ». Il s’est dit profondément préoccupé par la situation humanitaire et des droits de l’homme au Soudan. Depuis 1994, le Canada versé 440 millions de dollars en aide aux opérations humanitaires, de consolidation de la paix et de soutien à la paix. Il s’est inquiété aussi des récents développements en République démocratique du Congo et a encouragé les efforts de médiation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Il a espéré voir le Zimbabwe créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections libres et honnêtes en 2008.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a rappelé qu’en adoptant le NEPAD, les pays africains avaient placé les OMD au centre de leurs priorités en matière de développement et que le Mécanisme d’examen par les pairs était un signe de leur engagement en faveur de la bonne gouvernance. Ce qu’il faut maintenant, c’est consolider le soutien international pour aider les pays africains à réaliser les OMD, a-t-il souligné. Ce soutien peut prendre la forme d’un renforcement de l’APD, d’un allègement de la dette, de transferts de technologie ou encore de renforcement des capacités institutionnelles. Or, les estimations récentes de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) montrent que l’Afrique subsaharienne va connaître beaucoup de pertes en raison de l’absence d’un système commercial équitable.
Le représentant a donc demandé aux grandes économies de conclure les négociations de Doha en tenant compte des besoins particuliers des pays africains. Par ailleurs, le fardeau de la dette pour les pays d’Afrique subsaharienne continue à constituer un obstacle majeur à leur développement, s’est inquiété le représentant, qui a regretté que les niveaux d’APD du Comité d’aide au développement aient sensiblement diminué en 2006. Les partenaires de développement et la communauté internationale devraient prendre des mesures pour aider les pays africains à s’intégrer dans le commerce mondial à travers l’investissement direct étranger, a-t-il dit, avant de rappeler que son pays, convaincu du lien étroit entre paix et développement, avait largement contribué aux opérations de maintien de la paix qui se sont succédées sur le sol africain. Près de 10 000 Casques bleus sont actuellement déployés au sein de 12 opérations de maintien de la paix, a-t-il fait valoir.
M. AHMED MEKKI AHMED (Soudan) s’est félicité des progrès réalisés par les pays africains dans la mise en œuvre du NEPAD grâce au soutien de leurs partenaires internationaux et des acteurs nationaux concernés, y compris la société civile et le secteur privé. Malgré ces avancées, nous sommes d’avis qu’il est urgent d’augmenter les investissements dans l’infrastructure et le renforcement des capacités. Il a tenu à rappeler qu’immédiatement après avoir rejoint le Mécanisme d’examen par les pairs, le Soudan a mis en place les organes qui permettront d’accélérer la mise en œuvre du Mécanisme en matière d’autonomisation des femmes, de promotion de la démocratie et de l’état de droit à tous les niveaux de la société. Il a également observé qu’il est essentiel qu’un plan d’action complet soit mis en place pour que les pays africains puissent tirer parti du NEPAD et s’intégrer dans l’économie mondiale et dans le système commercial international. À ce titre, a-t-il déclaré, la communauté internationale doit remplir ses engagements de soutien au NEPAD et aux efforts nationaux d’éradication de la pauvreté et de promotion du développement durable.
Il a ensuite attiré l’attention sur les contraintes auxquelles son pays doit faire face afin de bénéficier de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés, et a appelé au soutien international et régional pour surmonter ces obstacles. L’expérience du Soudan, a-t-il déclaré, illustre la nécessité d’adresser la dimension économique et de développement des conflits, et par conséquent, le rôle vital de l’amélioration des conditions socioéconomiques du peuple pour assurer une paix durable. À ce propos, il a tenu à relever que les arrangements en matière de partage des richesses ont constitué des éléments essentiels des trois accords de paix signés récemment.
Les sanctions unilatérales imposées à mon pays dans les années 1990, a-t-il poursuivi, constituent des obstacles sérieux aux efforts du Gouvernement d’unité nationale de prendre en considération les causes profondes des conflits, de distribuer au peuple les dividendes de la paix, d’éradiquer la pauvreté, de promouvoir le développement durable et les objectifs de développement internationaux tels que les OMD. Il a également ajouté que ceux-ci empêchent son pays d’attirer les investissements étrangers directs et l’aide au développement. Il a exhorté les acteurs internationaux et régionaux à soutenir les efforts de son gouvernement afin d’adoucir sa transition du relèvement au développement, tout en rappelant le rôle vital des organisations régionales en matière de paix durable.
En ce qui concerne le paludisme, le représentant du Soudan a déclaré qu’il affecte environ 7,5 millions de personnes et qu’il est responsable de 35 000 morts par an. Il a attiré l’attention sur les preuves scientifiques qui ont montré que l’élévation de la température due aux changements climatiques accélère le développement du parasite, prolonge la vie des moustiques et donc le potentiel de transmission. Il a finalement rappelé que son pays a mis en place une unité nationale spéciale de lutte contre le paludisme dont le but est de faire reculer la mortalité due à la maladie de 40% d’ici à fin 2007, et a appelé la communauté internationale à soutenir son pays dans ses efforts.
M. FRANCIS BUTAGIRA (Ouganda) a mis en exergue les difficultés relatives au traitement du paludisme, qui subsistent dans son pays. Il a notamment appelé à la formation du personnel médical pour un diagnostic plus efficace, à la baisse du prix des traitements, mais également à la mise en place de lois et de régulations punitives envers les usurpateurs qui vendent des médicaments sans licence ou formation. Le représentant a aussi appelé au renforcement des partenariats public-privé pour rendre les traitements plus abordables financièrement.
Il a en outre plaidé pour que l’accent soit porté sur la prévention, notamment par l’assèchement des eaux stagnantes dans lesquelles pullulent les moustiques. L’intervenant a déclaré que le DTT a été particulièrement efficace dans la lutte contre le paludisme dans son pays, avant de souligner que l’Ouganda s’attache à augmenter le nombre de moustiquaires qu’il fournit. Il a toutefois affirmé avoir besoin de l’aide de la communauté internationale et du secteur privé pour compléter les efforts du Gouvernement dans la lutte contre le paludisme. Il a en outre déclaré que le manque d’infrastructures de transport retardait ces efforts et a appelé à une résolution rapide du problème pour faciliter le transport des victimes du paludisme vers les hôpitaux. Il a conclu en réitérant le caractère indispensable de la formation du personnel sanitaire pour sensibiliser les communautés rurales sur l’hygiène à adopter et les conseiller sur les dosages adéquats des traitements.
M. Lazarous KAMPAMBWE (Zambie) a indiqué qu’aujourd’hui le NEPAD est reconnu par les Nations unies et les autres partenaires de coopération comme un outil utile pour développer les infrastructures, le commerce et les investissements, le secteur privé et les ressources humaines. Les Africains ont développé des institutions démocratiques et comptables de leurs actes et sur lesquelles veille le Mécanisme d’examen par les pairs auquel 26 États ont déjà adhéré. Il a donc souhaité que la communauté internationale continue à renforcer ses efforts et à augmenter ses ressources pour aider l’Afrique à se développer et à réaliser les OMD. Il a regretté, à l’instar du Pakistan et du Bénin, le déclin général de l’APD.
La Zambie, qui est gravement affectée par le paludisme, a dit le représentant, appuie tous les efforts de la communauté internationale pour combattre la pandémie de VIH/sida, la tuberculose et d’autres maladies infectieuses. Le représentant a rappelé que son pays applique la stratégie « Roll back malaria » depuis 2001. Il est aussi partie prenante à la Déclaration d’Abuja visant à réduire de moitié le paludisme d’ici à 2010. La Zambie, a-t-il prévenu, continue à faire face à des obstacles tels que la mauvaise connaissance des interactions entre les interventions et les résultats; la faiblesse du système de santé; le caractère non adéquat des infrastructures de communications et les ressources limitées. Le représentant a donc demandé un appui technique pour améliorer les systèmes de gestion des programmes, des fonds pour améliorer les diagnostics, se procurer des moustiquaires imprégnés, et un appui financier et technique pour mener la recherche sur des produits moins nocifs pour l’environnement.
M. PAUL BADJI (Sénégal) a rappelé que cela faisait cinq ans que l’Assemblée générale avait fait sienne la recommandation du Secrétaire général selon laquelle le NEPAD serait le cadre de référence des efforts de la communauté internationale pour le développement de l’Afrique. Cinq années plus tard, l’enthousiasme pour le NEPAD, partenariat entre Africains d’une part et entre l’Afrique et le reste du monde d’autre part, est retombé, a-t-il noté, et l’inaction a prévalu sur une mise en œuvre effective des objectifs du partenariat.
Selon M. Badji, il existe plusieurs raisons à ces résultats. Il a d’abord cité le fait que les États et instances africains n’ont pas su dépasser le stade d’une réflexion bureaucratique. Il a ensuite cité l’insuffisance de la mobilisation de l’appui international, ce à quoi s’ajoutent, a-t-il précisé, l’absence d’issue aux négociations commerciales de Doha et la faiblesse des investissements directs étrangers. En dernier lieu, le représentant a cité le manque d’intégration des priorités du NEPAD dans les interventions des organes des Nations Unies. À cet égard, le représentant du Sénégal a annoncé la tenue, en novembre 2007 à Dakar, d’un minisommet pour réfléchir à l’avenir du NEPAD. Il s’est en outre inquiété de l’envol des prix du pétrole qu’il a jugé « injustifiable », et de ses effets sur l’inflation, les équilibres budgétaires ou le financement des projets de développement dans les pays africains.
La communauté internationale doit continuer à prendre en compte les besoins spécifiques de l’Afrique, a déclaré M. Badji, en se félicitant de l’organisation, l’année prochaine lors de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale, d’une réunion de haut niveau sur le développement du continent. Il s’est félicité des efforts réalisés par les pays africains pour vaincre les « démons de la division », en particulier de l’évolution positive de la situation en Côte d’Ivoire et en Sierra Leone, mais a souligné qu’il était indispensable de tout mettre en œuvre pour stopper la pandémie de paludisme sur le continent. Il a conclu en réitérant son espoir que la communauté internationale appuie davantage le développement de l’Afrique dans le cadre du NEPAD.
M. MUBURI-MUITA (Kenya) a déclaré que son pays s’était engagé à appliquer les recommandations du Mécanisme d’examen par les pairs. Comme l’a rappelé le Secrétaire général, bon nombre de pays africains ont connu une croissance économique réelle ces dernières années, en partie grâce à l’aide de la communauté internationale. L’un des problèmes qui se pose cependant, c’est que ce soutien a été fourni de manière sélective, a-t-il estimé. Par exemple, dans le cadre de l’Initiative des pays très endettés (PPTE), certains ont bénéficié d’une aide qui n’a pas profité à de nombreux autres. Le représentant a ensuite affirmé que, si l’on ne tenait pas compte de l’effet pétrolier, la part de l’Afrique dans le commerce mondial était scandaleusement faible. En ce qui concerne la Décennie 2001-2010 pour l’élimination du paludisme, il a regretté, qu’outre les problèmes de santé publique qu’elle pose à des centaines de millions d’Africains, la pandémie constitue aussi un obstacle au développement économique de leurs pays. Une meilleure répartition des moustiquaires traitées aux insecticides est indispensable pour mettre fin à ce fléau, a préconisé la délégation. Évoquant ensuite le rapport du Secrétaire général sur les sources des conflits, elle a indiqué que ceux-ci avaient diminué de 40% dans le monde, et en particulier en Afrique. La délégation a cependant souligné que l’heure de la reconstruction était venue et qu’il fallait renforcer le rôle de l’Union africaine.
M. STEVE D. MATENJE (Malawi), rappelant que sur une population d’environ 12 millions, 75% vivent en zone rurale, a souligné que le niveau de mortalité infantile est estimé de 104 à 180 pour mille naissances et que le paludisme est l’une des causes principales de la mortalité, en particulier parmi les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. À ce titre, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a développé, en partenariat avec l’OMS, l’UNICEF, la Banque mondiale, le DFID, l’USAID et d’autres acteurs, un Plan stratégique de lutte contre le paludisme pour la période allant de 2005 à 2010, s’inspirant du programme « Roll Back Malaria ».
Le représentant s’est félicité des succès du Malawi dans la gestion du paludisme, dont la distribution d’environ 5 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticides, grâce à laquelle la proportion de femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans a augmenté de 8% en 2000 à 20% en 2006. D’ici à la fin de l’année, le Malawi envisage la distribution supplémentaire de 3 millions de moustiquaires avec le soutien du Fonds mondial et de l’Initiative paludisme du Président Bush, a-t-il relevé, tout en regrettant le manque de personnel de santé dans son pays.
Au regard des progrès réalisés par son pays en matière de production agricole, il a déclaré que le Malawi continuera avec son programme de subventions jusqu’à ce qu’il atteigne un niveau acceptable de sécurité alimentaire. Il a également évoqué les projets d’infrastructure, Mozambique-Malawi Transmission Interconnection et Shire-Zambezi Waterway, lesquels répondent aux objectifs du NEPAD. Il a, à ce titre, appelé la communauté internationale à soutenir les initiatives de son pays et a salué les pays développés pour leur assistance dans la mise en œuvre de l’initiative e-schools du NEPAD.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a affirmé que les pays africains ont déployé d’immenses efforts pour la mise en œuvre du NEPAD. Cependant, a-t-il ajouté, la plupart de ces pays accusent un retard dans l’atteinte des OMD. Il a ainsi appelé les pays développés à augmenter leurs contributions d’APD, conformément à leurs promesses, et les a également invités à réduire leurs subventions agricoles, en vue de contribuer au renforcement des capacités et permettre au continent africain d’attirer plus d’IED et de mobiliser davantage de fonds.
L’intervenant a par ailleurs plaidé pour le renforcement de la coopération Sud-Sud. L’Afrique devrait y jouer un rôle plus grand, a-t-il soutenu, avant d’indiquer que, depuis des décennies la Chine et l’Afrique ont obtenu des résultats de coopération remarquables. Il a ainsi rappelé qu’après la tenue à Beijing du Forum pour la coopération Afrique-Chine en 2006, le Président chinois a annoncé huit mesures visant à renforcer la coopération entre la Chine et l’Afrique, parmi lesquelles le renforcement de l’assistance à l’Afrique, l’octroi de prêts et crédits à des conditions préférentielles, l’annulation de la dette de certains pays africains, l’élimination des quotas sur certains produits commercés et la mise en valeur des ressources humaines. L’intervenant a déclaré que son pays va continuer de renforcer sa coopération amicale et cordiale avec le continent africain sur la base des principes de consultation et d’avantages mutuels.
Sur le volet de la paix internationale, il a plaidé en faveur d’une diplomatie préventive, plus efficace et moins coûteuse que les mesures correctives et coercitives. M. Zhenmin a en outre rappelé que les conflits sont liés à la pauvreté et au sous-développement, et a, à cet effet, plaidé en faveur d’une coordination et coopération élargies entre l’ONU et l’UA dans la prévention des conflits.
M. CHO HYUN (République de Corée) a estimé que l’accélération de la croissance et du développement de l’Afrique est une combinaison d’engagements africains et d’appui international. Le représentant a salué les gros efforts des pays africains pour implanter leur partenariat. Il a salué les progrès accomplis dans les secteurs des infrastructures, de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, des technologies de l’information et communication et d’autres domaines importants, comme l’a dit le Secrétaire général dans son rapport. Son pays, a dit le représentant, salue et supporte les efforts du Groupe de pilotage, créé par le Secrétaire général, pour la réalisation des OMD en Afrique.
Le représentant a aussi salué le Mécanisme d’examen par les pairs, qui compte déjà 26 pays. Tout en encourageant les progrès sur l’allègement de la dette, il a reconnu la nécessité de respecter les engagements relatifs à l’APD. La République de Corée compte d’ailleurs augmenter son aide d’ici à 2008. Il a rappelé que son pays tient à l’échange d’expériences avec l’Afrique, notamment par le truchement du Forum Corée-Afrique, inauguré en novembre dernier.
Le représentant a aussi fermement appuyé la reprise du Cycle de Doha ainsi que l’Initiative « Aide pour le commerce ». La République de Corée a d’ailleurs offert aux produits des pays les moins avancés (PMA) un accès sans taxe et sans quota à son marché. Elle compte aussi accroître sa contribution au Cadre intégré pour les PMA et renforcer ses programmes de formation aux règles de l’OMC. Elle veut aussi travailler avec ses partenaires africains pour combler le fossé numérique. Dans ce cadre, le représentant a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. Il a conclu en assurant que son pays continuera à appuyer les activités de consolidation de la paix dans le cadre des Nations Unies, et à travers d’autres formes de coopération internationale. Il a aussi salué les initiatives de l’ONU visant à lutter contre le paludisme et le VIH/sida.
M. DANIEL CARMON (Israël) a réitéré son soutien aux initiatives de développement de l’Union africaine, aux principes de responsabilité, de solidarité et de partenariat consacrés par le NEPAD, ainsi qu’au Mécanisme d’examen par les pairs, auquel adhèrent désormais 26 pays africains. Israël a toujours fait de ses relations avec l’Afrique une de ses priorités, en lançant des partenariats de développement avec des pays d’Afrique subsaharienne nouvellement indépendants. Le Gouvernement israélien a notamment offert sa coopération dans le cadre du NEPAD par le biais du Centre Mashav, qui dépend de son ministère des affaires étrangères. Ainsi, l’an dernier, 568 stagiaires africains en provenance de 33 pays africains ont suivi 112 cours différents en Israël dans les domaines de l’agriculture, du développement communautaire, de l’éducation, de la médecine et de la santé publique, et des sciences et des technologies. En outre, 688 autres stagiaires africains ont suivi des cours dispensés dans leurs propres pays. Dans neuf d’entre eux, une vingtaine d’experts israéliens ont été dépêchés, a également fait valoir le représentant. Évoquant ensuite la pandémie de paludisme, il a indiqué que son gouvernement avait pris des mesures contre ce fléau, notamment en mobilisant des ressources humaines pour résoudre cette crise de santé publique. La délégation a fait tout particulièrement valoir l’établissement d’un type de centre de santé communautaire appelé Tipat Halav. En Israël, a-t-il rappelé, ces centres ont aidé à réduire la mortalité infantile et maternelle. Un des tous premiers de ces centres vient d’être ouvert au Ghana, a indiqué M. Carmon. Enfin, dans la cadre des transferts de technologie au service du développement durable, la délégation a émis l’espoir que la Deuxième Commission adopterait au cours de cette session une résolution sur les technologies agricoles.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que tous les efforts doivent être faits pour honorer les engagements pris au titre d’arrangements bilatéraux et multilatéraux relatifs au NEPAD. Notre succès, a-t-elle poursuivi, ne se mesurera pas au nombre de nos déclarations mais au soutien réel que nous apportons à la détermination montrée par les gouvernements et les sociétés africains pour éliminer les obstacles à la paix et au développement. Elle s’est dite convaincue de la nécessité non pas uniquement d’un partenariat pour l’Afrique mais avec l’Afrique, tout en rappelant que ce concept demeure à la base de la coopération brésilienne avec les pays africains dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de la science, de la technologie et de l’énergie.
La représentante a souligné que son pays coordonne un réseau de coopération technique internationale dont le but est de faciliter le transfert de technologie pour la production de médicaments antirétroviraux en Afrique. Au cours de ces cinq dernières années, environ trois mille étudiants de 18 pays africains ont été admis gratuitement dans des universités brésiliennes, a-t-elle observé, tout en exprimant l’espoir de contribuer ainsi au développement socioéconomique de l’Afrique. En ce qui concerne la coopération en matière d’agriculture, elle s’est dite optimiste que les leçons apprises au Brésil dans les dernières décennies peuvent servir à rétablir, étendre et renforcer le secteur économique d’importance vitale sur le continent africain.
Elle a également noté que son pays a proposé une coopération en matière de production de sources d’énergie propres et renouvelables, notamment l’éthanol et le biodiesel. Le sol et les conditions climatiques dans de nombreuses parties de l’Afrique sont adaptés à la production de tels carburants, a-t-elle précisé, tout en ajoutant que le potentiel socioéconomique d’une telle coopération est immense et extrêmement positif. Elle a soulevé cependant que des efforts sérieux et constants sont nécessaires afin de rendre le système multilatéral plus à l’écoute des intérêts et besoins de l’Afrique, et a rappelé l’engagement de son pays dans le cadre de son partenariat avec le continent. Un soutien durable et une écoute multilatérale accrue, a-t-elle conclu, demeurent au cœur du message que le Président Lula a délivré à l’Afrique lors de sa visite officielle sur le continent, qui a pris fin ce jour.
M. ABDULATIF (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que pour résoudre les principaux défis auxquels était confrontée l’Afrique, il était indispensable de pleinement mettre en œuvre le NEPAD et de réaliser les OMD. À cette fin, il serait tout particulièrement bienvenu d’accroître l’APD et de supprimer les barrières tarifaires qui freinent le développement économique de l’Afrique. La Libye a ensuite réitéré l’importance d’intégrer le NEPAD dans les structures existantes de l’Union africaine pour éviter les doubles emplois et donner à celle-ci les moyens de renforcer le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent.
M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (GHANA) a affirmé qu’en dépit de la baisse des taux de pauvreté dans certains pays africains, les progrès s’avèrent lents et inégaux et sont bien éloignés des promesses. Plusieurs nations luttent pour atteindre les objectifs de réduction de la pauvreté et de lutte contre la faim, et il reste encore des poches d’extrême pauvreté dans les pays ayant connu des améliorations substantielles. Il a souligné que les maux critiques dont souffrent les pays africains ne peuvent toutefois pas se résoudre par des efforts nationaux ou régionaux isolés, et que les problématiques relatives à la dette extérieure, aux changements climatiques, aux politiques commerciales mondiales, aux transferts de technologie et au financement du développement ne peuvent se régler qu’au niveau mondial.
Il a par ailleurs déclaré que le service de la dette est resté inchangé, passant de 4,2% en 2005 à 4,1% en 2006, à cause de la hausse des taux d’intérêt, et a, à cet effet, regretté que ce poids budgétaire contracte les dépenses allouées à l’investissement public et retarde en conséquence la croissance et l’emploi. Concernant l’APD, il s’est également inquiété du retard des promesses du G-8 visant à doubler les montants attribués d’ici à 2010.
M. Kojo s’est en outre félicité de l’augmentation des ressources allouées au Fonds mondial pour le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que des promesses de contributions futures. Il a toutefois exhorté les responsables africains à poursuivre une politique prudentielle pour mobiliser plus de ressources, attirer plus d’IED, et améliorer la gestion des ressources additionnelles générées par l’allègement de la dette.
Concernant la consolidation de la paix en Afrique, il a conclu en se réjouissant des progrès accomplis sur de nombreux fronts. Il a affirmé que l’atténuation des violences a été rendue possible grâce aux efforts de l’Union africaine dans la mise en place d’une architecture de paix et de sécurité efficaces, ainsi que grâce à l’élaboration de mécanismes de gestion des conflits inhérents aux organisations régionales telles que la CEDEAO ou la SADC.
M. JEAN-BAPTISTE NATAMA (Burkina Faso) a fait part des différentes initiatives prises par les dirigeants africains dans le domaine de la bonne gouvernance, et qui constituent, selon lui, des jalons importants d’un engagement réel pour un nouveau départ de l’Afrique. Qualifiant le Mécanisme d’examen par les pairs d’outil de développement indispensable, il a annoncé que le processus d’auto-évaluation avait démarré il y a trois semaines dans son pays avec la perspective de mener le processus d’évaluation par les pairs à son terme au cours du premier semestre de l’année 2008.
Tout en reconnaissant le retard pris par l’Afrique dans la réalisation des OMD et la responsabilité des Africains dans la situation qui caractérise leur continent, M. Natama a fait observer que celle de la communauté internationale ne saurait pas non plus être occultée. Il a à cet égard exprimé son accord avec les rapports du Secrétariat, notamment s’agissant des problèmes de mise en œuvre du NEPAD, telles les questions de la faiblesse des capacités institutionnelles et de l’insuffisance des ressources. Estimant que le principe de la responsabilité collective de tous les pays du continent devrait prévaloir dans la résolution de ces problèmes, il a annoncé que son pays accueillerait du 24 au 26 septembre, le septième Forum africain sur la gouvernance, autour du thème « Bâtir un État capable en Afrique ».
Il a également jugé souhaitable que la mobilisation de la communauté internationale évolue au rythme des efforts dont feront preuve les responsables africains, avant de souligner que l’Afrique attendait l’appui de la communauté internationale dans le domaine crucial de l’accès aux marchés des pays du Nord. Il est souhaitable que des accords commerciaux multilatéraux, notamment les arrangements finaux du Cycle de Doha, hiérarchisent les besoins de l’Afrique et intègrent des dispositions en matière de développement adaptées à ces besoins, a-t-il déclaré.
Le succès du NEPAD passe par une approche participative dans sa mise en œuvre, a-t-il poursuivi. Le débat devrait être poursuivi au niveau de chaque État africain pour bien faire comprendre cette initiative aux populations à tous les niveaux, a-t-il fait valoir. Il a, à cet égard, souligné que la volonté politique en la matière restera un vœu pieux si les communautés à la base ne s’impliquent pas à fond dans la mise en œuvre de ce programme, l’environnement social ayant autant d’importance que la bonne gouvernance et la stabilité dans la prise de décisions des investisseurs. C’est pourquoi le Burkina Faso s’est engagé dans une vaste campagne de sensibilisation sur le NEPAD à travers l’organisation de tribunes d’échange avec la société civile, a-t-il fait savoir, avant de conclure.
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