L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINE POUR LA PREMIÈRE FOIS LE RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX ET DÉFINIT LES AXES DE SON ACTION FUTURE
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Assemblée générale
Soixante-deuxième session
23e et 24e séances plénières
Matin & après-midi
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXAMINE POUR LA PREMIÈRE FOIS LE RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX ET DÉFINIT LES AXES DE SON ACTION FUTURE
« La paix est bien plus que l’absence de guerre ». Ce constat passé par les Pays-Bas et une quarantaine d’autres délégations résume bien le formidable défi que doit relever la Commission de consolidation de la paix (CCP), dont l’Assemblée générale a examiné aujourd’hui le tout premier rapport aux côtés de celui du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix.
Créée simultanément, le 20 décembre 2005, par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, la Commission de consolidation de la paix (CCP) est saisie des situations postconflit du Burundi et de la Sierra Leone. Outre les membres de son Comité d’organisation, elle comprend des représentants du pays concerné, des pays de la région, de ceux qui participent au relèvement économique et au maintien de la paix, des donateurs internationaux et des institutions financières régionales et internationales.
Le représentant du Burundi s’est félicité des réunions spécifiques sur son pays organisées par la Commission et qui ont débouché sur l’adoption d’un Cadre stratégique pour le Burundi, qu’il reste maintenant à appliquer d’urgence, a-t-il souligné, en appelant à la finalisation rapide d’un mécanisme de suivi. Le représentant de la Sierra Leone a rappelé l’implication de sa nouvelle administration dans la mise en œuvre de la stratégie intégrée pour son pays, qui comprend notamment les réformes destinées à autonomiser les jeunes et à créer des emplois, à renforcer le secteur judiciaire, développer le secteur privé, promouvoir la bonne gouvernance et renforcer les capacités institutionnelles.
Tout en se félicitant de ces premières réussites, plusieurs délégations ont fait observer qu’il était temps pour la Commission d’affiner sa démarche afin d’avoir le plus grand impact possible sur le terrain. La Norvège a assez bien ressaisi les exigences qui devront être celles de la CCP à l’avenir. Fidèle à son rôle de coordinatrice des efforts, elle devra tout d’abord privilégier une approche stratégique intégrée qui rassemble toutes les parties prenantes susceptible de faire une différence.
Les délégations ont ensuite évoqué l’« architecture harmonieuse de consolidation de la paix » dans laquelle doit s’insérer la Commission, aux côtés du Bureau d’appui et du Fonds de consolidation pour la paix. Faisant toutefois observer que le Fonds était un mécanisme financier indépendant de la Commission, certaines délégations ont estimé, à l’instar de la Guinée-Bissau et de l’Autriche, qu’il devrait venir en aide à d’autres pays que ceux qui sont inscrits à l’ordre du jour de la CCP.
De même, la Commission a été invitée, par de nombreuses délégations à l’exception des États-Unis, à envisager de se saisir de la situation d’autres pays émergeant d’un conflit. Le représentant américain a conseillé à la Commission « d’apprendre d’abord à marcher avant de vouloir courir ». La Norvège a prévenu de l’excès qui consisterait à avoir trop de pays simultanément à l’ordre du jour de la CCP.
Enfin, la majorité des délégations ont souligné l’importance de l’appropriation nationale. Le représentant de l’Égypte a défendu le pouvoir souverain des pays concernés à définir leurs priorités nationales sur lesquelles doit dûment se fonder la Commission. Il l’a mis en garde contre la tentation d’agir comme un conseil de tutelle, un médiateur entre les pays concernés et les donateurs, ou encore comme un « club de donateurs ».
La prochaine séance plénière de l’Assemblée générale se tiendra le lundi 15 octobre à partir de 10 heures.
RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/ 62/137)
Dans ce rapport, la Commission fait le point sur les activités de la Commission de consolidation de la paix depuis sa création en juin 2006, y recense un certain nombre de problèmes liés à la consolidation de la paix au Burundi et en Sierra Leone et présente ses conclusions et recommandations. La Commission rappelle que, lors du Sommet mondial de 2005, les dirigeants du monde entier ont convenu de la créer, reconnaissant ainsi de plus en plus que les efforts faits par la communauté internationale pour consolider la paix n’étaient pas cohérents et ne s’inscrivaient pas dans une approche stratégique globale.
Au cours de sa première année de fonctionnement, la Commission a donc porté son attention sur la situation au Burundi et en Sierra Leone, s’est engagée à mettre en œuvre un processus inclusif que les États concernés prendront en main et qui associera, dans la mesure du possible, tous les acteurs intéressés sur le terrain, y compris la société civile et la communauté internationale. Lors des réunions consacrées à la situation au Burundi et en Sierra Leone, la Commission a adopté des plans de travail et envoyé des missions sur le terrain dans les deux pays pour recueillir des informations. Elle a également relevé quatre domaines prioritaires critiques pour la consolidation de la paix dans chacun des deux pays.
Concernant le Burundi, les domaines prioritaires critiques concernent la promotion de la bonne gouvernance, le renforcement de l’état de droit, la réforme du secteur de la sécurité et le relèvement des collectivités locales. Un consensus s’est dégagé sur le fait que le Gouvernement burundais, en collaboration avec tous les acteurs du pays et de la communauté internationale, doit s’inspirer du cadre stratégique du Comité d’organisation de la Commission qui définit les priorités nationales pour assurer une paix durable.
S’agissant de la Sierra Leone, les domaines à réformer concernent l’emploi et la marginalisation des jeunes, le secteur de la justice et de la sécurité, la consolidation de la démocratie et la bonne gouvernance, et le renforcement des capacités. Un des principaux résultats du séjour de la Commission en Sierra Leone a été l’accord sur le calendrier et le processus d’élaboration d’une stratégie intégrée pour la consolidation de la paix. L’élaboration et la mise en œuvre de cette stratégie relèveront du Gouvernement sierra-léonais, aidé par l’ONU, en particulier, par l’intermédiaire du Bureau intégré des Nations Unies en Sierra Leone (BINUSIL), par les partenaires multilatéraux et bilatéraux et la société civile.
À l’heure actuelle, la principale difficulté pour la Commission sera d’affiner sa démarche afin d’avoir le plus grand impact possible sur le terrain de façon à ce que le système de consolidation de la paix devienne un véritable outil de collaboration international au service des pays qui sortent d’un conflit. La Commission devra à l’avenir chercher à cibler et hiérarchiser ses recommandations et les contributions de la communauté internationale au Burundi et en Sierra Leone doivent se poursuivre de manière suivie et prévisible, conformément aux priorités nationales. La Commission a également souligné la nécessité de mettre au point des mécanismes de suivi et de contrôle pour mesurer les succès obtenus et de coopérer davantage avec les organisations régionales et sous-régionales.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE FONDS POUR LA CONSOLIDATION DE LA PAIX (A/62/138)
Dans ce rapport, le Secrétaire général souligne que le Fonds pour la consolidation de la paix est un mécanisme novateur qui a été créé pour apporter un soutien crucial pendant les premières phases d’un processus de paix, quand on ne dispose pas encore de ressources suffisantes en provenance d’autres mécanismes de financement, tout de suite après la conclusion d’un accord de paix.
Ban Ki-moon donne un aperçu de l’administration et de la gestion de ce Fonds, notamment sa création, son organisation administrative et sa structure de contrôle, ainsi que des contributions qui y sont versées. Selon les données de juillet 2007, le Fonds a reçu de la part d’un large cercle de donateurs, dont de nombreux membres de la Commission de consolidation de la paix, des annonces de contributions et des contributions dépassant 90% de l’objectif de financement, fixé à 250 millions de dollars.
La mise en place de mécanismes de décaissement dans les deux premiers pays éligibles, le Burundi et la Sierra Leone, a pris plusieurs mois, engendrant une certaine frustration bien compréhensible chez les allocataires, reconnaît le Secrétaire général. Ces retards étaient dus en partie au fait que ces deux pays ont des cadres de développement et de relèvement bien établis qui nécessitaient un effort de coordination beaucoup plus important que celui dont on aurait besoin dans la phase immédiate d’après conflit, c’est-à-dire avec moins d’acteurs et des objectifs à plus court terme.
Par ailleurs, poursuit le rapport, le Fonds est un nouveau mécanisme pour lequel la création de structures de décaissement appropriées requiert un processus intensif. À cet égard, les précieux enseignements tirés de l’expérience permettront de réduire sensiblement le temps requis entre l’annonce du montant alloué et les premiers décaissements pour les pays qui bénéficieront à l’avenir d’un soutien du Fonds.
À la lumière de l’expérience acquise dans ces deux pays, on incline à penser que le Fonds n’a pas aussi clairement vocation à intervenir dans une situation qui a évolué, notamment plusieurs années après le contexte extrêmement fragile qui caractérise la phase immédiate d’après conflit, une phase où il y a lieu de veiller davantage à garantir la pleine compatibilité du Fonds avec les mécanismes de coordination existants.
À l’issue de cette analyse, la Commission pourrait exploiter au mieux les ressources requises pour remédier aux lacunes qui subsistent. Cette démarche devrait s’inscrire dans le cadre d’un exercice plus vaste et plus complexe consistant à répertorier et localiser l’ensemble des ressources affluant vers le pays, toutes sources confondues. Ce dernier aspect a une incidence directe sur les activités statutaires de la Commission et mérite un débat sérieux.
Même si quelques modifications doivent être apportées à son processus de décaissement, le Fonds a encore un énorme potentiel pour contribuer de manière déterminante aux efforts de consolidation de la paix, jouer un rôle de catalyseur au lendemain d’un conflit et soutenir l’intervention de la Commission auprès des pays soumis à son examen.
Déclaration d’ouverture
M. SRGJAN KERIM, Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a déclaré que la Commission de consolidation de la paix et le Fonds de consolidation de la paix étaient deux des réalisations les plus importantes du Sommet du Millénaire de 2005. Rappelant que les Nations Unies disposaient d’un avantage comparatif unique pour relever les défis qui se posent aux pays émergeant d’un conflit, il a souligné que la demande en matière de consolidation de la paix ne cessait de croître. Or, l’expérience a montré que la moitié des pays concernés retomberont dans la violence dans un délai de cinq ans. La Commission a donc un rôle critique à jouer pour coordonner la paix et la stabilité d’un côté et le développement économique de l’autre. En outre, la Commission doit coordonner les efforts internationaux, gérer les ressources des donateurs et sensibiliser l’opinion publique internationale aux questions de consolidation de la paix.
Alors qu’elle est opérationnelle depuis un peu plus d’une année, la Commission ne pourra atteindre ses objectifs qu’à condition de bénéficier de l’entière coopération de tous les organes des Nations Unies, a prévenu le Président, que ce soit pour éviter les doublons ou résoudre les quelques questions de procédure en suspens. Il s’est dit confiant que l’Assemblée saisira cette occasion pour examiner et évaluer les travaux entrepris en Sierra Leone et au Burundi, les deux premiers pays à être soutenus par la Commission, afin de lui donner la vision stratégique qui lui permettra d’aller encore plus loin. La Commission devrait continuer à affiner ses propres stratégies dans les pays éligibles, à développer son rôle de « communicatrice » auprès de toutes les parties prenantes aux activités de consolidation de la paix et à devenir plus efficace dans la mobilisation des ressources, a poursuivi M. Kerim. La Commission aura enfin besoin d’identifier les moyens d’améliorer la cohérence et les synergies de ses nombreuses activités.
Le principal défi auquel fait face maintenant la Commission est de maximiser son impact sur le terrain, a estimé le Président, pour qui toute l’architecture des Nations Unies en matière de consolidation de la paix doit s’appuyer sur le principe de l’appropriation nationale. Il est également crucial que l’objectif du Fonds de consolidation de la paix, qui est de réunir la somme de 250 millions de dollars soit atteint, alors qu’il manque toujours 20 millions, a-t-il conclu.
Déclarations
M. YUKIO TAKASU (Japon), Président de la Commission de consolidation de la paix, saluant le sérieux avec lequel les travaux de la Commission ont été menés durant cette première année d’activités, s’est dit convaincu qu’elle a contribué de manière significative à la promotion de stratégies intégrées de construction de la paix au Burundi et en Sierra Leone. La Commission de consolidation de la paix a cherché à accumuler les meilleures pratiques et à tirer les enseignements des questions critiques liées à la consolidation de la paix, a-t-il continué, en attirant l’attention sur le Groupe de travail sur les enseignements tirés de l’expérience.
La Commission a dû faire face à des défis de taille au cours de la phase initiale d’établissement de ses structures organisationnelles, de définition de ses méthodes de travail et de recherche des moyens de réaliser son mandat, a-t-il poursuivi, des défis qui feront par ailleurs l’objet de discussions plus avant pendant la deuxième session. La partie « conclusions » du rapport reflète les questions clefs et les défis qui se posent à la Commission, notamment le financement de ses missions sur le terrain, a ajouté le Président de la Commission.
Alors qu’elle entre dans sa deuxième année, ses activités doivent être menées de manière cohérente, a déclaré M. Takasu, tout en suggérant l’ajout de nouveaux pays. La Commission doit aussi renforcer ses liens avec les acteurs et organes pertinents du système des Nations Unies. L’examen de questions thématiques liées à la consolidation de la paix est également important, a jugé le Président, qui a aussi souligné la nécessité de sensibiliser l’opinion publique au travail de la Commission.
En tant que représentant du Japon, a-t-il continué, mon pays a fourni un soutien actif à la Commission et coordonne ses activités avec elle. Récemment, a-t-il ajouté, il a envoyé des missions de haut niveau au Burundi et en Sierra Leone. Le Japon, a-t-il souligné, partage les vues sur les domaines prioritaires et a fourni, en conséquence, une assistance au développement dans des domaines tels que les infrastructures de base, notamment à la réhabilitation de centrales électriques en Sierra Leone et au développement des communautés au Burundi. Le Japon a aussi lancé un programme de formation professionnelle à la consolidation de la paix, a conclu le représentant. Il a rappelé que son pays accueillera à Tokyo la quatrième Conférence internationale sur le développement de l’Afrique (TICAD IV) et le Sommet du G-8 à Hokkaido.
M. JOAO SALGUEIRO (Portugal), parlant au nom de l’Union européenne, a réaffirmé son soutien à la création d’une nouvelle architecture dans le domaine du maintien de la paix. Il a activement soutenu le travail de la Commission de consolidation de la paix et du Fonds du même nom. Il a confirmé les conclusions du Secrétaire général, qui ont mis en lumière l’importance des partenariats internationaux et de l’appropriation nationale. Il a indiqué qu’un processus inclusif et participatif est la seule façon d’engager une paix durable. Il a également rappelé qu’il est crucial d’engager dans ce processus toutes les parties prenantes, et notamment la société civile, le secteur privé, les gouvernements, les organisations non gouvernementales, les donateurs actuels et potentiels.
Il a en outre indiqué qu’une coordination accrue entre les quartiers généraux des Nations Unies et les acteurs nationaux est essentielle pour identifier les priorités les plus urgentes, telles que la bonne gouvernance, l’autonomisation des jeunes, le création d’emplois, la promotion et la protection des droits de l’homme, l’égalité des sexes, mais aussi l’état de droit, la justice et le renforcement de la sécurité. L’intervenant a par ailleurs souligné que les efforts de consolidation de la paix doivent, pour être durables, être suivis par des indicateurs qualitatifs et quantitatifs qui permettent d’évaluer les progrès effectués au niveau stratégique, et ce, afin de faciliter l’action lorsque les menaces se font sentir. Afin de maximiser l’impact de la Commission, M. Salgueiro a plaidé en faveur d’une coordination approfondie entre Siège et terrain et d’une visibilité accrue sur le terrain, par des stratégies de communication.
S’agissant du Burundi, il a loué le travail intensif de toutes les parties prenantes à l’élaboration du cadre d’action stratégique pour la consolidation de la paix au Burundi, et a affirmé qu’il constituait un instrument critique pour le Gouvernement, le Fonds et les partenaires. Concernant la Sierra Leone, il a affirmé que la Commission a grandement contribué à accroitre l’attention internationale, les moyens financiers et l’aide allouée au maintien de la paix. La Commission doit s’assurer que les lacunes sont comblées de façon cohérente, a-t-il également avancé.
Le représentant a en outre reconnu l’importance d’un financement durable et prévisible des activités de consolidation de la paix. Le Fonds, a-t-il dit, joue un rôle critique dans la reconstruction des pays. Soulignant que l’Union européenne est le plus grand contributeur du Fonds, il a dit voir en ce mécanisme un catalyseur pour les efforts de consolidation de la paix. Mais le financement à long terme doit continuer de venir des donateurs multilatéraux et bilatéraux, a-t-il estimé. Il est essentiel que la distinction entre le Fonds et la Commission soit clarifiée. Il faut savoir quelles sont les séquences entre eux et comment lier les interventions à court terme et les stratégies à long terme.
Le représentant a conclu en estimant que la Commission peut envisager d’inscrire d’autres pays à son ordre du jour, en s’assurant qu’elle a les capacités et les ressources humaines nécessaires et surtout qu’elle a tiré des enseignements de son expérience au Burundi et en Sierra Leone. La Commission doit aussi poursuivre sa réflexion sur le moment de réduire ses activités et d’y mettre fin dans un pays donné.
Mme ANGELLA HAMILTON (Jamaïque), au nom du Mouvement des pays non alignés, a considéré le rapport de Commission de consolidation de la paix comme un signal fort qui montre que les dernières initiatives prises dans le cadre de la réforme des Nations Unies sont sur la bonne voie. Soulignant les aspects « développement » de toute stratégie de consolidation de la paix, la représentante a néanmoins convenu que la Commission ne peut ignorer les principes fondamentaux de l’état de droit, de la réforme du secteur de la sécurité et des droits de l’homme mais ces principes ne peuvent être promus au détriment des stratégies de réduction des risques de conflits qui sont au cœur du mandat de la Commission. Ces stratégies, a-t-elle rappelé, ont pour objectif ultime la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations concernées.
La Commission, a-t-elle poursuivi, doit continuer à identifier les moyens de faire parvenir le plus rapidement possible aux pays récipiendaires les sommes débloquées par le Fonds de consolidation de la paix. Revenant aux principes défendus par le Mouvement des non alignés, la représentante a souligné que la Commission n’est pas un organe de donateurs. Les décisions financières doivent donc se fonder sur les priorités nationales et les recommandations collectives de tous les membres de la Commission. Elle a aussi appelé à une rationalisation des réunions de la Commission. Il faut à tout prix combattre, a-t-elle dit, cette conception, parce qu’elle a plusieurs configurations, la Commission n’est pas un et un seul organe. Le Comité d’organisation doit être le point focal de toutes les activités de la Commission, y compris du travail des réunions spécifiques de pays.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que la Commission fait désormais face à de nombreux défis, qui se posent aux niveaux politique, conceptuel, organisationnel et opérationnel. Dès sa création, des efforts ont été déployés pour veiller à ce que la Commission soit étroitement placée sous l’égide du Conseil de sécurité. Cette situation et les frictions qui en ont découlées sont à imputer aux ambigüités des résolutions qui ont porté création de la Commission, selon le représentant, pour qui la relation de cet organe subsidiaire avec l’Assemblée est moins évidente, et quasi-inexistante dans le cas du Conseil économique et social. Un autre problème porte sur les efforts visant à limiter le rôle du Comité d’organisation. Bien que l’essentiel des travaux de la Commission doive se dérouler dans le cadre des réunions de configuration de pays, ce Comité devrait toutefois pouvoir jouer le rôle qui lui revient, notamment dans les questions de procédure. Le représentant a également dit craindre que la Commission ne se transforme en une sorte de forum des donateurs et des bénéficiaires, ce qui serait dommageable au principe d’appropriation nationale.
Sur le plan opérationnel, le principal objectif est de maximiser l’impact de la Commission sur le terrain. À cet égard, le représentant a rappelé que la complexité des crises multidimensionnelles dont elle est saisie nécessite qu’elle prenne en considération leurs causes sous-jacentes pour éviter que les pays concernés ne replongent dans un conflit. M. Akram a attiré l’attention sur l’importance qu’il y a à équilibrer les activités de consolidation de la paix immédiates et celles de développement. Il a aussi souligné la nécessité de mieux tenir compte des recommandations et des avis de la Commission, notamment en les reflétant dans les décisions prises par les trois organes principaux dont elle dépend.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a déclaré qu’il est nécessaire de s’assurer que la Commission continue à travailler avec tous les acteurs concernés et fournisse des recommandations et suggestions pour affiner les stratégies intégrées. Il faut pour cela que la Commission renforce ses liens avec les divers organes pertinents des Nations Unies ainsi qu’avec les institutions financières internationales, les pays donateurs, les organisations régionales et sous-régionales, et les pays inscrits à son ordre du jour, a-t-il ajouté, tout en soulignant l’importance du travail sur le terrain.
S’agissant des relations de la Commission avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, le représentant a souhaité qu’elles soient clarifiées, en tenant compte de l’équilibre institutionnel entre chacun de ses organes. Il a aussi souhaité que le Règlement intérieur de la Commission soit régulièrement réexaminé à la lumière de l’expérience gagnée et de l’évolution des choses sur le terrain afin d’établir des règles institutionnelles claires dénuées de toute considération politique.
La Commission, a-t-il poursuivi, ne devrait pas exclusivement concentrer son travail sur les réunions spécifiques aux pays mais développer aussi le rôle institutionnel du Comité d’organisation pour promouvoir le débat sur les sujets spécifiques et assurer des progrès dans l’élaboration des diverses règles et procédures. Pour connaître le succès, la Commission doit scrupuleusement respecter le principe d’appropriation nationale en la matière, il revient aux pays concernés eux-mêmes de sonner la fin des activités de la Commission, sans pression financière ou politique, a insisté le représentant. Plaidant, à son tour, pour la création d’un mécanisme de suivi, il a mis en garde la Commission contre la tentation d’agir comme un conseil de tutelle, un médiateur entre les pays concernés et les donateurs, ou encore comme un club de donateurs, en marginalisant ainsi les pays non donateurs.
La Commission doit aussi réexaminer en profondeur le rôle des comités permanents qui examinent et adoptent les projets à incorporer dans le plan stratégique. Elle doit établir des critères unifiés auxquels doivent adhérer ces comités pour éviter que les donateurs n’imposent des conditions préalables à l’adoption des projets. Malgré les succès du Fonds, le représentant a appelé les pays à tenir leurs promesses de contribution. Il a aussi réclamé une meilleure compréhension des relations entre la Commission et le Fonds dont le nom, a-t-il dit, implique une meilleure coordination et cohérence entre ses activités et celles de la Commission, étant donné que plusieurs pays estiment désormais que le Fonds est devenu un forum connectant le Secrétaire général aux donateurs, en écartant la Commission. Cette dernière doit insister sur sa faculté à donner des directives sur la politique générale du Fonds. Le Secrétaire général devrait donc informer la Commission de la manière dont il détermine l’éligibilité d’un pays au Fonds, a encore dit le représentant, en disant attendre avec intérêt la création d’un mécanisme pour évaluer l’utilité des ressources débloquées et leur impact sur la stabilisation d’un pays.
M. ISMAT JAHAN (Bangladesh) a affirmé que la première année du mandat de la Commission de consolidation de la paix (CCP) a été satisfaisante, étant donné la complexité du travail qu’elle a dû effectuer. Il a toutefois soutenu qu’il restait beaucoup de domaines à améliorer. Ainsi, a-t-il poursuivi, les relations de la Commission avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, les autres agences intergouvernementales des Nations Unies, les organisations internationales, régionales et sous-régionales, mais aussi avec les parties prenantes nationales, les institutions financières, la société civile et le Département des opérations de maintien de la paix doivent être renforcées. Le représentant a également souhaité que le Comité d’organisation infuse plus de dynamisme dans l’architecture de consolidation de la paix, en jouant un rôle de chef de file plus porté vers l’action. Il a aussi appelé à la création d’un mécanisme de suivi pour évaluer l’efficacité des stratégies déployées et maximiser l’impact des engagements de la Commission sur le terrain.
Le représentant a en effet estimé que dans les cas du Burundi et de la Sierra Leone, la question de la relance économique dans les sociétés postconflit n’a pas été assez étudiée. L’attention doit aussi se porter sur la mise en place d’institutions politiques pluralistes mais aussi sur la promotion de militants de la paix, le rétablissement d’un environnement de confiance et de tolérance mutuelles et le lancement d’un processus de réconciliation. Les sociétés doivent pouvoir prendre en charge leur destin, a poursuivi le représentant, en appelant la Commission à fonder son travail sur l’appropriation nationale et à inclure dans les stratégies de consolidation de la paix des initiatives nationales comme l’introduction du microcrédit ou l’accès des femmes à une éducation non formelle. Après s’être prononcé pour l’inscription de nouveaux pays dans l’ordre du jour de la Commission, le représentant a jugé important que les membres de la Commission soient plus souvent informés des opérations du Fonds de consolidation de la paix. La relation entre la Commission et le Fonds doit être clarifiée auprès des parties prenantes sur le terrain pour dissiper toute confusion sur l’éligibilité au Fonds.
M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne) a déclaré que la première année de travail de la Commission avait été difficile. Son Règlement intérieur provisoire a été adopté à l’issue d’un processus laborieux de négociations intergouvernementales. Il a ensuite rappelé les conclusions du rapport de la Commission de consolidation de la paix visant à maximiser l’impact de la Commission et à améliorer l’interaction sur le terrain; veiller à ce que les processus de consolidation en cours au Burundi et en Sierra Leone restent sur la bonne voie; développer des mécanismes de surveillance pour les stratégies intégrées de développement; veiller enfin à ce que les défis qui se posent à la Commission soient relevés dans les meilleurs délais et de manière cohérente. À l’appui de ces conclusions, le représentant a souligné d’autres questions d’importance pour sa délégation. La Commission et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix doivent notamment renforcer leur coordination et élaborer des recommandations communes pour impliquer tous les acteurs pertinents au sein et à l’extérieur des Nations Unies. S’agissant des enseignements tirés, l’Allemagne a recommandé d’élargir l’ordre du jour en intensifiant le dialogue sur des questions telles que la réforme du secteur de la sécurité et la réconciliation nationale postconflit et tirer les leçons des expériences passées. Le Groupe de travail sur les enseignements tirés constitue une première étape encourageante à cet égard. Le représentant a aussi déclaré qu’il fallait renforcer les stratégies intégrées de consolidation de la paix pour relancer les processus en cours au Burundi et en Sierra Leone. Enfin, le plus important, a-t-il conclu, c’est que la Commission apporte une réelle valeur ajoutée et ne provoque pas de doublons.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a souligné que le mandat de la Commission est d’éliminer les menaces à la paix, en augmentant notamment l’efficacité de l’aide internationale. Pour remplir ce mandat, la Commission doit bénéficier de la pleine coopération de tous pour établir les priorités des pays à l’examen et quantifier les ressources des pays donateurs, ce qui lui permettra de devenir un outil important de la communauté internationale. Comme cela a été le cas au Burundi et en Sierra Leone, la Commission a mis en place les paramètres d’un mécanisme de suivi des activités et d’utilisation des ressources, en toute transparence et en se fondant sur une analyse politique ciblée et les priorités clairement affichées par les acteurs nationaux.
Le représentant a ensuite appelé au renforcement des liens institutionnels entre la Commission, les institutions des Nations Unies, le Conseil économique et social et les donateurs. Il a aussi souhaité l’amélioration de la coordination sur le terrain, en particulier en se gardant d’entraver le système existant et en cherchant au contraire à le renforcer par l’échange d’informations et le respect de la complémentarité. S’exprimant sur le Fonds, il a affirmé que celui-ci pourrait renforcer les travaux de la Commission, s’il est utilisé dans la période de sortie de conflit alors qu’aucun mécanisme n’a encore été mis en place. Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de créer le mécanisme de suivi pour évaluer le degré d’efficacité du Fonds. Il a conclu en rappelant que la Fédération de Russie a contribué au Fonds à hauteur de 2 millions de dollars.
M. THOMAS SCOTT (États-Unis) a estimé que la première année de travail de la Commission a plutôt été consacrée aux questions de procédure permettant de jeter les bases d’un travail productif. Il faut pourtant faire le triste constat, a dit le représentant, que la Commission n’a pas fait de contributions concrètes à l’amélioration des conditions de vie des Sierra-Léonais et des Burundais. Le représentant a dit attendre de la Commission qu’elle renforce son rôle dans la promotion du dialogue et de la coordination de la réponse aux défis liés à la stabilité dans ces deux pays. Il a espéré que la Commission fera plus pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la nécessité d’un engagement soutenu et à long terme dans ces pays. Il a aussi dit attendre un engagement pratique sur les questions thématiques difficiles dans lesquelles la Commission a un rôle à jouer, en mettant ensemble les parties prenantes, en introduisant de meilleurs pratiques et en élargissant la base des donateurs.
L’année prochaine, l’ordre du jour de la Commission devrait s’élargir à d’autres pays, dont la Guinée-Bissau qui a soumis une demande d’inscription. Les membres du Conseil de sécurité et ceux de la Commission devraient réfléchir sur la manière dont l’examen d’un pays candidat cadrerait le mieux avec la vision stratégique et le travail pluriannuel de la Commission. Le représentant a conseillé à la Commission « d’apprendre d’abord à marcher avant de vouloir courir ». Montrer des résultats concrets dans les pays dont elle est saisie devrait être la priorité, a dit le représentant. La Commission, a-t-il poursuivi, ne devrait pas se limiter à promouvoir une approche globale des stratégies de consolidation de la paix mais au contraire donner des conseils et des recommandations ciblés sur des secteurs spécifiques voire une région géographique. Les rapports de la Commission et du Fonds ne reflètent pas un consensus, a conclu le représentant en rappelant que la question du financement des missions de la Commission n’est pas réglée et qu’elle doit faire l’objet de discussions plus avant.
M. HJÁLMAR HANNESSON (Islande) a, à son tour, vu dans la Commission, un résultat important du processus de réforme des Nations Unies. Il a rappelé que son gouvernement a contribué à hauteur d’un million de dollars au Fonds de consolidation de la paix. Le temps est venu de mettre en œuvre les recommandations de la Commission dans les pays concernés, a estimé le représentant. Il a aussi proposé que les relations de travail entre la Commission de consolidation de la paix, le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social soient renforcées par le biais d’un dialogue régulier. Il faut envisager une coopération accrue entre la Commission et les organisations régionales et sous-régionales pour promouvoir la consolidation de la paix dans les pays à l’examen. Enfin, il s’est déclaré satisfait que la Commission ait reconnu le lien entre pauvreté, État faible et conflit. Ce n’est qu’en faisant des progrès substantiels dans ces domaines que la Commission sera capable d’assurer la durabilité des efforts nationaux de consolidation de la paix. Le défi de la Commission est désormais de maximiser son impact sur le terrain, a conclu le représentant.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) s’est dit satisfait des progrès effectués par la Commission pendant sa première année d’existence. Le Fonds de consolidation de la paix a aussi, selon le représentant, accompli de louables efforts dans la mobilisation des ressources auprès de la communauté des donateurs internationaux et dans l’examen des projets éligibles au financement dans les pays postconflit. Tout en reconnaissant ces progrès, le représentant a assuré qu’il reste encore beaucoup reste à faire. L’énorme défi sera de savoir comment la Commission va construire un partenariat engagé et une participation active parmi les principales parties prenantes et mobiliser les ressources. Il est nécessaire, a-t-il insisté, que la communauté internationale fournisse, en temps voulu, des ressources adéquates et son appui. Le représentant a approuvé l’évaluation selon laquelle le plus grand défi que doit relever la Commission est la maximisation de son impact sur le terrain et la transformation de l’architecture de consolidation de la paix en un instrument effectif de la coopération internationale.
Pour relever les défis, la Commission doit encore améliorer ses méthodes travail, mettre en place des mécanismes de suivi et renforcer les relations opérationnelles avec les organes intergouvernementaux et les organisations régionales et sous-régionales. Une interaction renforcée entre les différentes parties prenantes est d’une importance capitale, a insisté le représentant. Il s’est dit convaincu aussi que les stratégies intégrées de consolidation de la paix doivent fidèlement refléter les priorités en matière de reconstruction socioéconomique et de développement établies par les pays bénéficiaires ainsi que les avantages comparatifs et les engagements pratiques de la communauté internationale. L’appropriation nationale doit demeurer au premier plan de tout effort de consolidation de la paix, a ajouté le représentant.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a souligné que c’était les lacunes dans le cadre des processus de consolidation de paix dans certains pays qui avaient conduit les chefs d’État et de gouvernement à établir, lors du Sommet mondial de 2005, une Commission spécifique. Il a déclaré qu’il fallait renforcer la coopération entre la Commission et les acteurs nationaux, régionaux et internationaux sur la base de valeurs communes. Récemment créée, la Commission n’en a pas moins enregistré des résultats encourageants. Il sera difficile, a dit le représentant, d’évaluer le travail sur le terrain sans un mécanisme de suivi approprié. À l’appui des activités déjà en cours, a-t-il poursuivi, il serait important de mettre en place des programmes de relèvement économique. La Commission doit en outre renforcer son rôle de coordonnateur avec d’autres organes des Nations Unies, comme le Conseil économique et social. Le représentant s’est dit satisfait du rapport du Secrétaire général sur le Fonds de consolidation de la paix, qui donne aux États Membres des informations attendues sur l’emploi de ces ressources. Il a cependant déclaré qu’il était encore prématuré d’analyser les incidences du Fonds sur les deux premiers pays éligibles, la Sierra Leone et le Burundi. Il a tout de même jugé important que le Fonds puisse recevoir de manière prévisible les contributions promises pour lui permettre de planifier ses activités, a conclu le représentant.
M. LIU ZHENMIN (Chine) s’est déclaré satisfait des résultats atteints par la Commission de consolidation de la paix même si elle fait toujours face à des défis. Il a donc appelé la Commission à définir son rôle d’« organe de conseil ». La Commission doit définir elle-même ses relations avec les autres organes des Nations Unies. Elle devrait accroître, à l’intérieur du système, ses interactions avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social. Elle devrait aussi utiliser pleinement les ressources des fonds des Nations Unies et de ses programmes sur le terrain pour prévenir les doubles emplois et les gaspillages. Troisièmement, la Commission devrait atteindre un équilibre entre partenariat et appropriation nationale. Enfin, le représentant a suggéré que la Commission prenne en compte les besoins spéciaux des pays africains. Les deux tiers des questions les plus brûlantes inscrites à l’agenda du Conseil de sécurité, a-t-il dit, concernent l’Afrique et la plupart des opérations de maintien de la paix sont en Afrique. Concernant le Fonds de consolidation de la paix, il a annoncé que la Chine allait fournir sa contribution à temps, après avoir reconnu le rôle « catalyseur » joué par le Fonds l’année dernière. Il a émis le vœu qu’il soit plus transparent et plus conforme aux normes.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a rendu hommage à l’énergie et au temps considérables consacrés à l’établissement de la Commission. Elle a salué le travail des Gouvernements du Burundi et de la Sierra Leone et l’engagement des équipes des Nations Unies sur le terrain. Elle a rappelé, à ce titre, que l’appropriation nationale du processus de consolidation de la paix est vitale, de même que la coopération entre toutes les parties concernées.
Il nous faut tirer parti des résultats enregistrés à ce jour, a-t-elle poursuivi, afin de nous assurer que la Commission mène à bien son objectif qui est d’aider les pays à ne pas retomber dans les conflits. La Commission, selon la représentante, peut devenir une enceinte où la communauté internationale peut s’attacher à renverser les barrières politiques à la construction de la paix et à assurer la cohésion et l’harmonie de ses efforts dans un pays donné.
Les avancées des travaux au Burundi et en Sierra Leone dans les mois à venir constitueront des tests clefs de l’engagement de toutes les parties, a-t-elle continué, tout en soulignant que chaque pays nécessite des mécanismes différents qui doivent être déterminés selon ses besoins. Il faut se garder de tomber dans un processus mécanique, a-t-elle ajouté, en appuyant aussi le renforcement des relations entre la Commission, les gouvernements, le Conseil économique et social, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, et les institutions financières internationales.
Pour assurer son dynamisme, il est important que d’autres pays soient ajoutés à l’ordre du jour de la CCP, a déclaré la représentante, en ajoutant que d’entrée de jeu, la Commission doit identifier sa niche dans le pays concerné, faire le bilan des programmes déjà existants et identifier les lacunes essentielles. La Commission doit aussi se garder de faire porter aux pays hôtes un trop grand fardeau. Ces pays doivent clarifier leurs attentes pour établir un partenariat solide. En ce qui concerne la répartition des tâches entre la Commission et le Fonds, la représentante a estimé que dans les pays où existent déjà des mécanismes d’aide financière, le travail de la Commission doit précéder celui du Fonds, en donnant à ce dernier des directions stratégiques sur l’affectation des fonds. Les fonds seront plus utiles dans les pays où les mécanismes d’aide financière n’existent pas encore.
M. NIRUPAM SEN (Inde) a réaffirmé son soutien aux objectifs et au travail de la Commission de consolidation de la paix, et a ajouté que son pays a contribué aux ressources du Fonds. Il a en outre souligné quatre éléments d’importance capitale sur lesquels la Commission doit se pencher en vue de renforcer son futur travail. Dans un premier temps, il a mis en exergue la nécessité d’harmoniser les délibérations du Comité d’organisation et des réunions de configuration et rendre leur travail plus orienté vers les résultats. Il a également critiqué le rôle de « conseiller » de la Commission, en soulignant notamment qu’elle doit s’attacher à écouter et prendre en compte les vues et suggestions de nombreux acteurs de terrain, afin de favoriser un dialogue constructif, plus pratique, et orienté vers des résultats. Les pays concernés doivent dire clairement quels sont leurs besoins en matière d’assistance. Il a ajouté que la mobilisation des ressources est le facteur clef qui permet aux sociétés postconflit de mener des actions de consolidation de la paix, et a, à cet effet, a plaidé pour que cet aspect soit davantage pris en compte par le Fonds. Il en outre appelé au renforcement de la transparence dans les opérations effectuées par le Fonds et à des consultations avec les donateurs sur l’utilisation de ce Fonds et les déboursements.
M. Sen a également affirmé qu’une plus grande implication du système des Nations Unies, au Siège et sur le terrain, est nécessaire pour soutenir la Commission et son Bureau. Il a, à cet égard, recommandé que le Secrétariat, appuyé par les agences de terrain, fournissent plus d’informations au Fonds sur le développement des pays dans lesquels ledit fonds est impliqué. Enfin, il a avancé que les gouvernements des pays concernés sont les seuls protagonistes du changement, en soulignant que l’objectif prioritaire porte sur le renforcement de la capacité des États à gouverner efficacement.
M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a déclaré qu’après le cap de sa première année d’activités, la Commission devait désormais atteindre son rythme de croisière. Après des débuts difficiles, elle est parvenue à créer un processus qui rassemble tous les acteurs et jeté les bases d’une stratégie qui fédère leurs efforts, a-t-il indiqué. Le représentant a salué à cet égard le travail réalisé pour produire le cadre stratégique pour la consolidation de la paix au Burundi autour d’un nombre limité de priorités et d’engagements adaptés aux enjeux cruciaux de la consolidation de la paix dans ce pays. La Commission doit maintenant passer à sa phase opérationnelle et piloter la mise en œuvre de ce cadre stratégique. Ceci suppose, en relais des mécanismes établis localement, d’appuyer les actions et les projets nécessaires et de suivre les progrès, en veillant à ce que les échéances soient tenues, a-t-il noté. Nous espérons qu’un travail similaire pourra être rapidement accompli s’agissant de la Sierra Leone.
La question de l’ajout de nouveaux pays à l’ordre du jour de la Commission est désormais posée. Pour la France, cette question, dont est saisie le Conseil de sécurité, est indissociable de la capacité de la Commission de consolidation de la paix de prendre à bras le corps des situations inscrites à l’ordre du jour et à dégager des résultats tangibles. Cette exigence de résultat doit aussi guider les méthodes de travail de la Commission, a poursuivi la délégation. Pour être plus efficace, celle-ci doit pouvoir tirer pleinement parti des nouvelles technologies de l’information et de la communication, comme elle a déjà commencé à le faire avec la multiplication des vidéoconférences. Par ailleurs, avec le Bureau d’appui à la consolidation de la paix, le Fonds de la consolidation de la paix, destiné à agir comme un catalyseur, constitue un outil important pour assurer que l’action de la Commission se concentre sur les priorités immédiates, comble les lacunes et dégage des résultats concrets, a relevé le représentant. Il est essentiel que ce Fonds inscrive pleinement ses opérations dans le contexte des travaux des différentes configurations de la Commission, pour les pays à son ordre du jour, mais aussi pour les autres interventions. Parce qu’il s’agit d’un nouvel instrument, il doit pleinement répondre à l’exigence de cohérence et d’intégration des actions de l’ensemble de la communauté internationale, a conclu le représentant.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie) a rappelé qu’au cours des délibérations, les membres de la Commission ont insisté sur l’importance de la bonne gouvernance, de l’état de droit, de la réforme des secteurs de sécurité, de la lutte contre la corruption, et des droits de l’homme comme ingrédients nécessaires à la formation d’une société pluraliste et tolérante. Il a pourtant voulu que la Commission porte son attention sur les questions de développement car il ne peut y avoir de paix durable sans développement économique et amélioration des capacités étatiques. Il a rappelé que la plupart des pays qui ont fait l’expérience de la guerre en sont sortis appauvris et courent le risque de retomber dans la violence.
La Commission doit également établir des stratégies qui prennent en considération et respectent les préoccupations des gouvernements et les besoins des populations sur le terrain, sans idée préconçue, a-t-il continué, en soulignant que les voix de la société civile et des autres parties concernées sont essentielles à l’établissement d’un partenariat et d’une synergie entre le Gouvernement et la société civile.
Les stratégies intégrées de consolidation de la paix proposées par la Commission ne peuvent aider à asseoir les bases de relèvement durable que si elles sont complètes et reçoivent le soutien des institutions de Bretton Woods, entre autres, a-t-il ajouté, en soulignant la nécessité de développer des mécanismes de contrôle afin de mesurer les progrès réels. S’exprimant sur le défi de la mise en œuvre concrète de ces stratégies, il a voulu que les décisions prises à New York aient un effet palpable sur le terrain, ce qui nécessite que la Commission redouble d’efforts pour réunir tous les acteurs pertinents. Il a également appelé la Commission à envisager l’engagement de partenaires non traditionnels, notamment le secteur privé. Il a aussi souligné la nécessité de développer des stratégies de communication afin de mobiliser les ressources et l’attention internationales au-delà de la période de conflit. L’Indonésie, a-t-il poursuivi, considère que grâce à leurs capacités respectives, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social ont un rôle important à jouer dans le fonctionnement de la Commission sur le terrain.
M. CHO HYUN (République de Corée) s’est réjoui du rôle proactif de la Commission dans la promotion de la paix et de la sécurité internationales. Il s’est réjoui de la coopération du Burundi et de la Sierra Leone avec la Commission et de l’élaboration de plans globaux pour consolider la paix. Cependant, a-t-il poursuivi, il reste des détails de procédures qui doivent se mettre en place, pour permettre à la Commission de se pencher sur son travail de fond. L’intervenant a en outre ajouté que les opérations de consolidation de la paix requièrent une approche globale, synergique et cordonnée et s’est ainsi félicité de la coopération entre la Commission et l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, et avec d’autres acteurs tels que les institutions financières internationales.
Il a par ailleurs affirmé que son pays avait contribué à hauteur de 3 millions de dollars au Fonds de consolidation de la paix. Il a cependant indiqué que le décalage entre l’annonce de versement des fonds et leurs déboursements effectifs est préoccupant. Il a également reconnu le rôle prépondérant et la participation active des autorités nationales dans l’élaboration d’une paix durable, en soulignant notamment que la paix et la sécurité sont plus facilement maintenues par un gouvernement national efficace. Il a toutefois rappelé que la communauté internationale a une responsabilité envers les sociétés postconflit dans leurs efforts pour consolider la paix.
M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a fait part de quatre exigences concernant la Commission de consolidation de la paix. La première consiste à se montrer pertinent sur le terrain, en privilégiant une approche stratégique intégrée qui rassemble tous les acteurs susceptibles de faire une différence à savoir les États Membres, les donateurs institutionnels et les acteurs non étatiques tels que la société civile, les médias, le secteur privé et autres. Le représentant a espéré que la Commission s’adressera aux programmes extérieurs aux Nations Unies de manière à renforcer le principe d’appropriation du programme par les pays. La seconde exigence de consolidation de la paix est celle d’une architecture harmonieuse de consolidation de la paix, qui repose sur une coordination réussie entre la Commission et le Bureau d’appui pour éviter les doubles emplois. Le représentant a salué le rôle réel joué par le Fonds de consolidation de la paix dans la mobilisation des ressources à long terme. Le troisième impératif, a-t-il poursuivi, porte sur la nécessité pour la Commission de continuer à soutenir les efforts en cours au Burundi et en Sierra Leone, tout en envisageant de se pencher sur la situation dans d’autres pays. La Norvège a cependant prévenu qu’il n’était pas possible d’avoir trop de pays en même temps à l’ordre du jour de la Commission. Par ailleurs, dans le cadre de l’appropriation nationale, le représentant s’est félicité des efforts déjà déployés au Burundi pour permettre à son Gouvernement de prendre en main le processus de consolidation de la paix. Il s’est enfin dit particulièrement attentif à l’amélioration et à l’assouplissement des méthodes de travail de la Commission.
M. JEAN-MARC HOSCHEIT (Luxembourg) a affirmé que la Commission s’est placée dans un rapport de dialogue et d’ouverture par rapport à l’ensemble des acteurs internationaux, gouvernementaux et représentatifs de la société civile, dont seules la coalition et la synergie des apports peuvent permettre à la Commission de jouer pleinement son rôle et de remplir le mandat complexe qui lui a été confié. Il s’est également félicité de constater que la Commission et le Bureau d’appui aient su trouver leur place dans le cadre du système des Nations Unies. Il a salué dans ce contexte l’apport essentiel des représentants de la société civile, et en particulier des organisations non gouvernementales dont les contributions constituent un complément critique au niveau de la définition, de la mise en œuvre et du suivi des stratégies de consolidation de la paix. L’intervenant a également souligné le rôle crucial que jouent et doivent jouer les organisations financières internationales et les organisations régionales.
Il a en outre indiqué qu’à travers la définition de stratégies intégrées de consolidation de la paix avec le Burundi et la Sierra Leone, les défis et enjeux complexes qui se posent aux acteurs de la paix sur le terrain sont désormais plus compréhensibles. Il a également affirmé que la Commission, dans ses formations-pays, a pu avancer dans le dialogue avec les autorités gouvernementales des pays concernés et les autres intervenants sur la voie de l’adoption des stratégies intégrées. M. Hoscheit a par ailleurs indiqué qu’il faut mettre en place des mécanismes de suivi et de contrôle légers et performants, fondés sur un nombre limité d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs, devant permettre d’évaluer les progrès accomplis ou d’identifier, le cas échéant et à un stade précoce, d’éventuelles évolutions négatives risquant de mettre en péril ces progrès. Il a affirmé que l’utilisation combinée des moyens dont dispose la Commission, le Fonds, et la communauté internationale devrait permettre d’identifier d’éventuelles lacunes pour y porter remède. Il a conclu en annonçant une contribution d’un million d’euros au Fonds.
M. LUIS ENRIQUE CHÁVEZ (Pérou) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix venait combler un vide dans le système des Nations Unies. La réelle importance de cet organe découle de son objectif qui est de mettre en œuvre dans les pays concernés des stratégies intégrées associant toutes les parties prenantes. L’absence d’une culture de paix, la marginalisation des plus vulnérables et la tendance à n’agir que sur des critères à court terme deviennent des problèmes structurels dans les pays émergeant d’un conflit. Après avoir fait des progrès dans les domaines méthodologiques et approuvé des directives provisoires sur la participation de la société civile, la Commission doit maintenant veiller à l’appropriation nationale des programmes par les Gouvernements du Burundi et de la Sierra Leone. Leur coopération est indispensable à cette fin. Le représentant péruvien s’est ensuite félicité de l’adoption d’un Cadre stratégique pour le Burundi. Même si la définition du Cadre stratégique n’est pas encore au point pour la Sierra Leone, a-t-il précisé, il ne faut pas relâcher les efforts et continuer au contraire d’impliquer toutes les parties prenantes. Il n’y a pas de paix durable sans développement économique ni réconciliation nationale, a-t-il conclu.
Mme KIRSTY GRAHAM (Nouvelle-Zélande) a affirmé que son pays soutient pleinement le rôle de la Commission de consolidation de la paix dans son objectif de coordonner et d’intégrer les activités postconflit. Elle s’est réjouie de l’élaboration d’une nouvelle architecture, constituée de la CCP et du Fonds ainsi que du succès des opérations menées au Burundi et en Sierra Leone. Elle a toutefois fait remarquer que le succès à long terme de cette nouvelle structure sera évalué à l’aune de sa capacité à atteindre des résultats durables dans ses opérations actuelles. L’intervenante a en outre indiqué que le renforcement des capacités dans des pays en situation postconflictuelle n’est pas une activité que l’ONU peut réaliser seule. L’engagement des autorités locales associé à l’implication de la société civile, sur le terrain et au Siège, dans les activités de la Commission est fondamental, a-t-elle rajoutée. Elle a plaidé en faveur d’une coopération plus cohérente et d’un échange d’informations accrus entre les partenaires sur le terrain pour soutenir le partenariat des Nations Unies dans le domaine de la consolidation de la paix. Par ailleurs, elle a déclaré que l’un des défis clefs de la Commission dans l’année à venir consistera à clarifier ses objectifs et à fournir une bonne compréhension de la situation sur le terrain avant de s’impliquer dans de nouveaux pays. Elle a conclu en soutenant les efforts réalisés par les Nations Unies dans son assistance aux jeunes et aux États, et a, à cet effet, rappelé que son pays s’est engagé depuis longtemps à renforcer les capacités du Timor-Leste.
M. MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que malgré les progrès enregistrés par la Commission sous l’égide des Pays-Bas et de la Norvège, il reste encore beaucoup à faire. La Commission doit notamment consolider son identité en tant qu’organe important de la famille des Nations Unies, avec sa propre niche et son mandat. Elle devra aussi prouver sa valeur ajoutée d’instrument capable de mobiliser les ressources et de pousser les partenaires concernés à l’action. La Commission doit tout faire pour ne pas être vue comme un autre mécanisme d’aide dans une architecture déjà surchargée en la matière. À ce titre, il a souligné la nécessité de renforcer la coordination entre les organes des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. Le succès de la Commission se mesurera à sa capacité à apporter des bénéfices concrets aux pays à son ordre du jour, a déclaré M. Viotto, tout en insistant sur la nécessité de ne pas imposer aux récipiendaires de fardeau supplémentaire lors de la mise en place des mécanismes de suivi.
La Commission devrait également avoir assez de souplesse pour pouvoir réagir aux changements dans les pays concernés, ce qui lui permettrait d’opérer comme « système d’alerte précoce ». À ce titre, le Brésil se réjouit de l’établissement d’un guichet d’urgence qui permet à la Commission d’avoir la souplesse nécessaire pour répondre aux situations urgentes. Nous nous félicitions de débloquer des fonds pour le Libéria, a déclaré le représentant du Brésil, tout en exprimant l’espoir que des ressources seront bientôt disponibles pour des pays qui ne sont pas encore à l’ordre du jour de la Commission, comme Haïti et la Guinée-Bissau. Dans le même ordre d’idée, il a affirmé le soutien de son pays à l’examen par la Commission de nouveaux pays, tout en appelant le Bureau à adapter sa structure conformément à l’accroissement des demandes.
Soulignant l’importance de la coordination en matière de développement de stratégies de reconstruction, le Brésil, a-t-il déclaré, encourage l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC à joindre leurs efforts pour fournir à la Commission l’autorité suffisante. Une approche réussie de la consolidation de la paix implique de se concentrer sur le renforcement des institutions nationales, la promotion de la réconciliation, la réforme de la justice et des secteurs de sécurité et les droits de l’homme, lesquels efforts devraient être accompagnés d’actions visant à promouvoir un développement économique durable, a-t-elle poursuivi, en soulignant que la pauvreté est une menace à la paix et la prospérité dans le monde.
M. MARTIN PALOUŠ (République tchèque) rappelant que son pays a contribué au Fonds, s’est félicité de ce que les premiers projets financés par le Fonds sont en train d’être mis en œuvre. Il a cependant souligné qu’il aurait souhaité une réaction plus rapide du Fonds à la situation sur le terrain et une coopération plus efficace entre la Commission et le Fonds, fondée sur un échange d’informations plus régulier. La consolidation de la paix est un processus très large, a-t-il poursuivi, en appelant l’ensemble du système des Nations Unies à prendre part à cet effort. Il a d’ailleurs estimé que l’une des tâches les plus urgentes que la Commission devra accomplir sera de faire la promotion de la coopération au sein du système.
M. Palouš a déclaré que son pays considère comme très importante la réforme du secteur de la sécurité. Il n’est pas possible, a-t-il dit, d’assurer la relance socioéconomique sans réforme du secteur de la sécurité et sans la création de conditions stables pour le développement d’une société démocratique et de l’état de droit. Le représentant a d’ailleurs indiqué que son pays vient de faire une contribution volontaire de 100 000 dollars pour l’organisation d’un séminaire régional pour l’Afrique, organisé en décembre 2007 par le Département des affaires de désarmement sur la mise en œuvre de l’instrument international de traçage des armes légères et de petit calibre. Le représentant a conclu en recommandant que d’autres pays comme la Guinée-Bissau, le Timor Leste et Haïti soient inscrits à l’ordre du jour de la Commission. En décidant quels pays retenir dans l’ordre du jour, il faut tenir compte de leurs besoins réels, de leur situation actuelle et du rôle que la Commission peut jouer dans les efforts de consolidation de la paix. Une telle décision ne devrait pas être limitée par des questions de capacités organisationnelles de la Commission mais se fonder sur les besoins réels des pays, a estimé le représentant.
M. ALDO MANTOVANI (Italie) a déclaré qu’en saluant les efforts déployés par le Salvador à la présidence du Groupe de travail sur les enseignements tirés, il tenait à souligner le potentiel de ce Groupe dans sa coordination des travaux de la Commission. Mais après une année, nous sommes prêts à aller de l’avant et à relever de nouveaux défis de manière créative, a-t-il estimé. La Commission devrait à l’avenir se hisser à la hauteur des ambitions qui ont inspiré sa création et définir un ordre du jour diversifié en appréhendant les processus de paix comme des ensembles homogènes. Il n’est pas possible d’établir des missions de maintien de la paix sans envisager, dès leur stade préliminaire, des stratégies de consolidation de la paix. Ce que je veux dire, a précisé le représentant, c’est que la Commission pourrait réfléchir aux moyens d’améliorer son approche de l’ensemble du processus, pour mieux garantir la continuité des efforts déployés à tous les niveaux. De la sorte, la Commission pourra devenir une sorte d’« Observateur permanent » des pays qui s’apprêtent à sortir d’une situation de conflit et coopérer avec le Département des opérations de maintien de la paix, le Département des affaires politiques, le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le système des Nations Unies dans son ensemble, pour pouvoir agir dans les meilleurs délais. Cette action devrait pouvoir se faire dans le cadre de stratégies intégrées et planifiées impliquant toutes les parties prenantes. Évoquant enfin la question des ressources, le représentant italien a déclaré que la Commission devait être plus qu’une simple conférence de donateurs. Elle devrait surtout veiller à utiliser au mieux ses ressources et planifier son financement.
Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) s’est réjouie du succès de la Commission et de l’établissement des règles et procédures mais aussi des recommandations destinées à accroitre la participation de la société civile dans ses activités, et de l’élaboration d’une variété de méthodes facilitant la conduite de son travail. Elle s’est en outre félicitée de la mobilisation de toutes les parties prenantes au Burundi et en Sierra Leone autour des priorités qui ont été établies par la Commission, afin de consolider la paix dans ces deux pays. Ce succès majeur, a-t-elle rappelé, a été rendu possible car l’appropriation nationale et l’implication conjointe de tous les partenaires concernés sont des facteurs clefs dans la consolidation de la paix et pour un développement durable.
Elle a toutefois indiqué que beaucoup reste à faire, en citant notamment la nécessité pour la Commission de mettre en œuvre des mécanismes de suivi mesurant l’impact des stratégies intégrées de consolidation de la paix. À cet égard, elle a indiqué qu’il est essentiel d’harmoniser les efforts dans le domaine de la consolidation de la paix. Elle a également plaidé en faveur d’une coordination renforcée entre la Commission et les agences de l’ONU, les institutions de Bretton Woods et les organisations régionales et sous-régionales.
Concernant le Fonds de consolidation de la paix, l’intervenante s’est réjouie de bénéficier d’un siège au Conseil consultatif et s’est félicitée du succès de sa première réunion, tenue en septembre dernier. Elle a également accueilli avec joie les premiers déboursements que le Fonds a effectués au Burundi et en Sierra Leone et a affirmé que la Croatie va certainement continuer d’y contribuer. Elle a en outre espéré que le mécanisme de déboursements va s’améliorer afin de permettre au Fonds de jouer son rôle de catalyseur pour les financements d’urgence. Elle a conclu en appelant la Commission à orienter son travail vers les résultats.
M. JOHN MCNEE (Canada) a déclaré que son pays est un fervent partisan de la Commission de la consolidation de la paix et estime que cette instance est appelée à jouer un rôle essentiel, en amenant la communauté internationale à poursuivre une action structurée et cohérente, face aux besoins de consolidation de la paix après un conflit, et cela, au profit d’une paix durable. Saluant la décision d’octroyer au Burundi et à la Sierra Leone l’aide accordée au titre du Fonds pour la consolidation de la paix, il a exprimé l’espoir que le travail de la Commission à l’appui des stratégies nationales permettra de renforcer les compétences, d’élaborer des outils analytiques et de cerner les enjeux thématiques cruciaux afin de mener une action concertée. Il a à ce titre souligné la nécessité d’élaborer des mécanismes de suivi efficace.
Soutenant l’élargissement de l’ordre du jour de la Commission à d’autres pays et enjeux thématiques tels que la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice, le désarmement, la démobilisation et la réintégration, et l’égalité des sexes, il a réaffirmé le soutien de son pays à un mandat souple et axé sur l’action de manière à ce que la Commission puisse se concentrer sur la recherche de résultats réalistes et atteignables. Le représentant s’est ensuite félicité que le rapport évoque la nécessité de renforcer la pertinence des stratégies de consolidation de la paix, pour aider à rallier l’adhésion dans les pays soumis à l’examen de la Commission. Il a encouragé la poursuite du dialogue avec toutes les parties concernées, les pays donateurs et le système des Nations Unies.
M. TETE ANTONIO (Angola) a considéré la Commission de consolidation de la paix comme « la pierre angulaire de la nouvelle architecture de consolidation de la paix des Nations Unies et un résultat important de la réforme de l’Organisation ». Il a estimé que les trois piliers de l’architecture de la consolidation de la paix des Nations Unies que sont la Commission de consolidation de la paix, le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le Fonds pour la consolidation de la paix ont tous connu une phase évolutive. Le premier rapport de la Commission de consolidation de la paix témoigne clairement des progrès réalisés et des défis qui restent à surmonter, a-t-il ajouté. Le représentant a présenté quelques éléments qui, selon lui, peuvent se révéler cruciaux pour l’avenir de la Commission. Il s’agit, entre autres, de l’appropriation nationale comme principe important.
La Commission, a–t-il poursuivi, devra continuer à opérer dans un cadre flexible, transparent et inclusif qui favorise le développement de partenariats avec des acteurs nationaux, régionaux et internationaux. Il est aussi nécessaire que la Commission se penche sur la façon dont elle pourra répondre à d’autres demandes des pays sortant des conflits. Pour perfectionner les relations entre les composantes de l’architecture de consolidation de la paix, une redéfinition de la relation entre le Fonds et la Commission devrait être entreprise, a encore dit le représentant, avant d’estimer que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix devrait bénéficier de ressources financières nécessaires à son fonctionnement. La flexibilité dans le déboursement des fonds pendant les situations d’urgence comme en Côte d’Ivoire et en République centrafricaine devrait être encouragée. La contribution des États Membres au Fonds s’avère donc cruciale.
M. GERHARD PFANZELTER (Autriche) a limité son exposé à deux remarques. Il a tout d’abord déclaré qu’il attachait une importance particulière à l’intégration systématique d’une perspective de parité dans les travaux de la Commission, convaincu qu’une dimension sexospécifique est de nature à garantir la réussite durable des processus de consolidation de la paix. Il s’est d’ailleurs félicité de l’intégration des préoccupations des femmes et des filles dans le Cadre stratégique sur le Burundi. Toutes les parties prenantes doivent faire un effort pour ne pas se concentrer uniquement sur les besoins des « jeunes hommes en colère » au détriment des droits des femmes, a-t-il prévenu. Par ailleurs, le représentant s’est félicité de la création du Fonds de consolidation pour la paix, auquel l’Autriche est l’un des seuls pays à avoir contribué par deux fois, en 2006 et en 2007. Satisfait de constater que le Burundi et la Sierra Leone s’étaient vus accorder 35 millions de dollars chacun, la délégation a toutefois fait observer que d’autres pays que ceux inscrits à l’ordre du jour de la Commission devaient pouvoir bénéficier d’une aide de ce mécanisme, dans la mesure où il s’agit d’un mécanisme parfaitement indépendant de la Commission.
Mme FRANCES LISSON (Australie) a affirmé que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle critique dans les pays en situation postconflictuelle, en soutenant et coordonnant notamment le travail de consolidation de la paix des Nations Unies et de la communauté internationale pour accompagner les efforts des pays concernés. Elle s’est également félicitée de l’adoption de règles et procédures provisoires, mais aussi des recommandations relatives à la participation de la société civile aux travaux de la Commission, ainsi que des dispositions mises en place pour favoriser l’engagement et la participation du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et d’autres donateurs institutionnels. Elle a réitéré le plein soutien de l’Australie à la création d’un Groupe de travail sur les enseignements tirés de l’expérience. La représentante a en outre appuyé les conclusions du Secrétaire Général, qui mettent en exergue la nécessité de renforcer la coordination des stratégies adoptées avec les autres acteurs. La relation entre la Commission et les autres organes intergouvernementaux des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, est cruciale, a-t-elle avancée, avant de souligner que de bonnes relations de travail entre toutes les agences impliquées, conjuguées à une collaboration effectuée dans les temps, sont essentielles au succès de la Commission. L’intervenante a par ailleurs appelé la Commission à varier ses interventions en fonction des spécificités des pays dans lesquels elle s’implique, mais aussi en fonction des plans et stratégies déjà en place. Elle a estimé utile qu’une analyse soit menée sur la façon dont la Commission contribue aux efforts de consolidation de la paix au Burundi et en Sierra Leone. Enfin, elle a conclu en affirmant que la Commission doit apprendre et s’améliorer le plus rapidement possible pour assurer la qualité de ses résultats.
M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a déclaré que son pays accueille avec une grande satisfaction le rapport du Secrétaire général. Il a estimé que la Commission a passé avec succès sa première année de fonctionnement. Le représentant a ajouté que les principes de renforcement des capacités et de prise en considération des priorités nationales constituent les piliers fondamentaux de l’action sur le terrain et qu’ils devraient résider au cœur de l’action de la Commission, laquelle devrait se concentrer sur les politiques de développement auxquelles les autorités nationales ont accordé la priorité pour la reconstruction postconflit.
La coordination de la Commission avec les institutions financières internationales et les autres acteurs pertinents est essentielle, a-t-il poursuivi, tout en réaffirmant l’appui de son pays à la création de liens directs entre les pays concernés et ces organes. Cependant, nous n’avons toujours pas atteint l’objectif des 250 millions de dollars prévu lors de l’établissement du Fonds, a regretté le représentant, en appelant les pays développés à faire preuve de générosité et à dépasser cette limite. Le représentant s’est également prononcé en faveur d’une bonne répartition des ressources du Fonds qui doivent cibler les sociétés qui émergent d’un conflit. Le financement doit être accordé dans un cadre stratégique bien défini afin d’éviter les frustrations liées à la lenteur des négociations entre les pays donateurs et les récipiendaires.
M. CARTEN STAUR (Danemark) a estimé qu’une année après la création de la Commission, il faut être réaliste et essayer d’évaluer le travail de la Commission. Il faut examiner les lacunes et les défis de la Commission de consolidation de la paix, a-t-il dit, en ajoutant qu’après une année au cours de laquelle l’attention s’est plutôt portée sur les questions internes et les méthodes de travail, il est temps de se tourner sur les résultats concrets sur le terrain. Le représentant a estimé que la Commission pourrait tirer profit des discussions sur la manière de hiérarchiser les nombreuses questions liées à la consolidation de la paix. Les relations avec le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social devraient être améliorées et la visibilité de la Commission étant cruciale, une utilisation accrue d’Internet et l’élaboration de stratégies de communications dans les pays concernés et dans le monde pourraient être très utiles, a-t-il dit, en estimant aussi que l’on devrait travailler plus ardemment pour s’assurer que la Commission contribue à la mobilisation et à la gestion des ressources. Il a suggéré à la Commission d’engager les fonds et programmes de l’ONU ainsi que les institutions comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement dans les discussions et dans la mobilisation des fonds. Il s’est félicité, dans ce contexte, des arrangements pris pour faciliter la participation de l’Union européenne.
M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a déclaré que la singularité de cette Commission, c’est que sa composition était représentative des États Membres des Nations Unies. Un an après l’adoption de la résolution qui a porté création de la Commission, elle a mis en exergue le travail accompli par son premier Président, le Représentant permanent de l’Angola. Bien sûr, il reste beaucoup à faire pour améliorer les travaux de cette Commission, comme le souligne le rapport du Secrétaire général, notamment en renforçant la coordination avec le Bureau d’appui à la consolidation de la paix. Il faut aussi donner à la Commission les moyens de ses ambitions, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des Nations Unies. Rappelant ensuite que le principe d’appropriation nationale était avant tout un principe, il a affirmé que celui-ci devait être mis en œuvre dans un esprit de partenariat. Le représentant a souligné la nécessité de ne pas trop précipiter les choses et de laisser à la Commission le temps de produire les résultats que l’on attend d’elle, comme d’ailleurs du Fonds de consolidation de la paix. Il a en conclusion exhorté les États Membres à faire un geste ne serait-ce que symbolique pour contribuer à ce Fonds, dont doivent bénéficier d’autres pays qui ne sont pas à l’ordre du jour de la Commission, tels que le Libéria.
M. JOE ROBERT PEMAGBI (Sierra Leone) a affirmé que son pays a grandement bénéficié de l’instauration de la Commission de consolidation de la paix. Il a tenu à rappeler l’implication de la nouvelle administration sierra-léonaise dans la mise en œuvre des stratégies intégrées de consolidation de la paix, et qui intègrent notamment les réformes destinées à autonomiser les jeunes et à créer des emplois, à renforcer le secteur judiciaire, développer le secteur privé, promouvoir la bonne gouvernance et renforcer les capacités de l’État. Il a en outre réitéré que l’appropriation nationale est le principe de référence du cadre de travail de cette coopération. Il a également souligné que la Commission est mandatée pour soutenir les investissements sur le moyen et le long termes et qu’elle n’a pas uniquement vocation à financer des activités de reconstruction. Il a en outre affirmé que le mécanisme de consolidation de la paix adopté en 2005 par les chefs d’État et de gouvernements en 2005 repose non pas sur un mais sur trois piliers, la Commission de consolidation de la paix, le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le Fonds de consolidation de la paix. Il a indiqué que ces trois entités doivent travailler ensemble et coordonner leurs activités efficacement avec les autres acteurs au niveau des pays. M.Pemagbi a souligné que le lien entre le Fonds et la Commission doit être clairement défini, en particulier pour supprimer l’impression selon laquelle les déboursements relèvent de la responsabilité de la Commission.
L’intervenant a précisé que le Fonds a et a eu un impact positif sur les efforts de consolidation de la paix dans son pays, et l’a, à cet effet, qualifié de catalyseur. Les pistolets se sont tus depuis un an, a–t-il soutenu, avant de rappeler que la Sierra Leone a signé un accord de paix en 1999 et quelle a depuis bénéficié d’un climat relativement pacifique. Il a également affirmé que son pays, avec l’achèvement des processus de désarmement et de démobilisation, en est aujourd’hui à un degré avancé du processus de consolidation de la paix. M. Pemagbi a en outre plaidé pour la tenue d’une discussion sur les politiques futures que comptaient mener la Commission en Sierra Leone, afin de connaître la fin de son mandat et de son engagement dans le pays. Il a conclu en affirmant que le succès de la Commission sera évalué à l’aune de l’impact de ses activités et de celles du Fonds sur le niveau de vie des Sierra-Léonais, en particulier les jeunes. Il a enfin plaidé en faveur d’une réduction des délais administratifs dans les activités de la Commission, pour soutenir les efforts nationaux de prévention des conflits
Mme CARMEN MARIA GALLARDO HERNANDEZ (El Salvador) a rappelé les efforts de concertation déployés par les États membres de la Commission pour définir les fonctions de son Secrétariat et celles du Fonds de consolidation de la paix, lesquelles ont nécessité une planification stratégique pour les actions à mener sur le terrain. Faisant part de son optimisme quant aux réalisations obtenues, elle s’est félicitée de la réélection du Salvador dans son rôle de coordinateur du Groupe de travail sur les leçons apprises. Elle a souligné que la Commission vient combler un vide dans les Nations Unies et a relevé à ce titre la valeur ajoutée de la Commission dans le domaine de l’aide aux pays décidant de lâcher les armes pour se lancer dans la voie du dialogue et de la construction d’un projet national. La coopération économique, technique et financière, nécessaire au bon fonctionnement de la Commission, a-t-elle déclaré, se voit complétée par la présence de pays comme le Salvador qui ont réussi à dépasser les violences internes et qui souhaitent faire bénéficier les autres pays de leur expérience en la matière.
La représentante a relevé l’importance de renforcer les relations de la Commission avec tous les acteurs concernés sur le terrain, y compris les centres de recherche et d’étude, de même que les organes des Nations Unies et l’ECOSOC, afin d’apporter une valeur ajoutée. S’exprimant sur le Groupe de travail sur les leçons apprises, elle a fait observer que bien que chaque processus ait ses propres caractéristiques, l’application des leçons apprises est essentielle car elle contribuera à la création d’une mémoire historique de la consolidation de la paix. Elle a déclaré que les travaux de la Commission doivent être caractérisés par l’ouverture et la souplesse. Elle a finalement souligné que la Commission ne doit pas être une instance de coopération financière ni un médiateur entre pays donateurs et récipiendaires, tout en arguant que malgré la nécessité d’entendre les priorités des gouvernements nationaux, il faut aussi prendre en considération les expériences du passé.
M. SOLER TORRIVOS (Panama) s’est félicité en tant que membre de la Commission d’avoir pu être le témoin des progrès de ce nouvel organe en ajoutant qu’au cours de cette première année, la Commission a prouvé son efficacité. Elle a joué un rôle important en tant qu’observateur intergouvernemental sur les questions de bonne gouvernance notamment en Sierra Leone lors des dernières élections, a-t-il précisé. Il a ensuite souligné la contribution de la Commission au modèle opérationnel des stratégies intégrées de consolidation de la paix établies dans le cadre des Nations Unies. Malgré ses succès, a-t-il poursuivi, elle doit être en mesure de faire face aux défis concrets, de peaufiner ses méthodes de travail, de savoir s’il faut ou non retirer un pays de son ordre du jour, et de mettre au point des mécanismes de suivi pour évaluer les progrès des stratégies de consolidation de la paix dans les pays concernés.
Relevant la nécessité d’une coopération avec les organisations régionales, sous-régionales et autres organes pertinents, il a argué que la Commission pourrait jouer un rôle de conseiller du Conseil de sécurité. Il s’est ensuite exprimé sur l’inscription d’autres pays à l’ordre du jour de la Commission, en demandant celle de la Guinée-Bissau. Il a d’ailleurs appelé les membres de la Commission à clarifier les critères d’éligibilité des nouveaux pays. Il a conclu en pressant la Commission de redoubler d’efforts pour garantir des résultats concrets sur le terrain, en se félicitant de la volonté politique affichée mais en demandant la définition claire des critères et méthodes de travail.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a déclaré que la Commission avait mené les travaux de sa première année d’existence de manière souple, afin de pouvoir travailler au mieux avec tous ses partenaires. Bien qu’il soit encore nécessaire d’améliorer ses méthodes de travail et d’identifier de nouveaux domaines d’intervention, la priorité est désormais pour la Commission d’aller au-delà des questions de procédure pour atteindre les objectifs qui sont les siens. Dans l’année à venir, la Commission devra travailler de manière plus pratique, car elle sera jugée sur la différence qu’elle sera capable de faire auprès des peuples de Freetown et de Bujumbura. Le représentant s’est ensuite déclaré convaincu que la consolidation de la paix devait se fonder sur les critères de l’appropriation nationale et de partenariat international. Le rôle des donateurs dans les activités de la Commission doit également être renforcé pour consolider la stabilité et le développement sur le terrain. En ce qui concerne l’appropriation nationale, le représentant a estimé que les pays soutenus par la Commission devraient être libres de fixer eux-mêmes leurs priorités. Quant au Fonds, il doit être un catalyseur pour mobiliser l’aide publique au développement et les ressources financières en général, a rappelé le représentant. En conclusion, il a exprimé son accord avec la proposition de renforcer l’interaction de la Commission avec les autres organes pertinents du système des Nations Unies, tels que l’ECOSOC, ainsi qu’avec les organisations régionales et sous-régionales.
M. LESLIE CHRISTIAN (Ghana) a affirmé que la Commission et le Fonds, qui sont des organes indépendants, constituent les deux piliers de l’architecture de la consolidation de la paix au sein du système de l’ONU. Il a toutefois rappelé que la Commission a pour objectif ultime de mobiliser et de coordonner les efforts des acteurs concernés hors et au sein du système des Nations Unies. Il a également souligné que le Fonds doit jouer un rôle de plaidoyer et de catalyseur en incitant la communauté internationale à intervenir dans les pays à moyen et à long termes, et ce, jusqu’à ce que les autorités nationales aient développé les capacités adéquates pour promouvoir la paix. Il a par ailleurs soutenu qu’il reste beaucoup de défis à relever concernant l’amélioration du fonctionnement du Fonds, en soulignant notamment qu’un consensus clair sur son mandat, ainsi que sur ses méthodes opérationnelles et sa relation avec la Commission et les autres organes et agences de l’ONU doit être dégagé. L’intervenant a en outre plaidé pour l’amélioration des méthodes de travail de la Commission, en prenant compte des leçons tirées lors de sa première année de mandat. Il a conclu en estimant que le Fonds et la Commission doivent, en collaboration avec les acteurs concernés, renforcer leurs efforts pour mobiliser le soutien des organisations régionales. Le représentant a appelé à un partenariat approfondi entre ces deux organismes et l’Union africaine.
M. JEROEN THEODORUS STEEGHS (Pays-Bas) a estimé que la Commission doit travailler à la réalisation de son potentiel comme catalyseur de la coordination des activités dans un pays donné. La Commission ne devrait pas ajouter à la bureaucratie à laquelle font déjà face les pays en difficulté. Elle doit plutôt ajouter de la valeur en se mettant au centre opérationnel et analytique des efforts collectifs de consolidation de la paix. Pour ce faire, a dit le représentant, il faut un appui renforcé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix. La Commission ne peut pas travailler sans l’appui d’autres acteurs internationaux impliqués. Le représentant a approuvé les priorités de la Commission pour les 12 prochains mois. Elle devrait accorder plus d’attention aux gains rapides pour gagner la paix.
Le représentant a dit la fierté de son pays d’avoir joué un rôle dans la création de la Commission. Il a indiqué que son Ambassadeur et Président de la réunion de configuration sur la Sierra Leone effectue en ce moment sa seconde mission dans ce pays. Après des élections pacifiques, ordonnées et véritablement compétitives, l’Ambassadeur cherche à élargir le partenariat entre la Sierra Leone et la communauté internationale, en particulier la Commission de consolidation de la paix. La responsabilité mutuelle doit être au centre du partenariat, a-t-il dit, en prônant, à son tour, la création d’un cadre d’évaluation et de suivi à intégrer dans la stratégie de la Sierra Leone.
M. JOSEPH NTAKIRUTIMANA (Burundi) a salué les efforts déployés par la Commission dans son pays. Il s’est félicité du succès de la table ronde que la Commission a organisée les 24 et 25 mai 2007 pour sensibiliser la communauté internationale sur l’urgence du relèvement communautaire au Burundi. Il a dit compter sur la Commission pour que les partenaires et les bailleurs de fonds honorent leurs engagements. Le représentant a poursuivi en rappelant les réunions spécifiques que la Commission a tenues sur son pays, entre autres, sur la bonne gouvernance politique et administrative. Un travail semblable a été fait, a-t-il encore rappelé, pour identifier les priorités essentielles et plus tard, pour adopter le Cadre stratégique de consolidation de la paix. Le représentant a appuyé la création d’un mécanisme de suivi, en soulignant qu’il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne notamment la mise en application du Cadre stratégique.
Mgr CELESTINO MIGLIORE (Observateur permanent du Saint-Siège) a affirmé qu’il est nécessaire de prendre en considération les besoins spécifiques des pays pour les aider à construire les fondations d’une paix durable. Le Saint-Siège se réjouit de la création de la Commission de consolidation de la paix, laquelle répond au besoin de mettre en œuvre des efforts de consolidation de la paix plus coordonnés et plus cohérents dans les pays en situation postconflictuelle, a-t-il souligné. Il a toutefois fait remarquer que son succès s’évaluera sur le terrain et sera basé sur la capacité de la Commission à initier un changement auprès des communautés et des pays avec lesquels elle travaille. Pour permettre à la CCP de répondre à ses défis, a-t-il rappelé, la communauté internationale doit également lui permettre de remplir son mandat, en contribuant notamment au financement de ses activités. Il s’est enfin félicité des efforts réalisés par le Groupe de travail sur la base des enseignements tirés. Il a conclu en prônant une participation active de la société civile aux activités de consolidation de la paix de la CCP, et s’est, à cet effet, réjoui des recommandations fournies par cette dernière à destination de la société civile.
M. ALESSANDRO MOTTER, Union parlementaire, a déclaré que la réunion de configuration sur le Burundi a identifié un nombre de priorités critiques pour consolider la paix et éviter les risques de rechute. Il s’est réjoui de voir que l’action pour améliorer la gouvernance et la démocratie était au centre des priorités. Il a en outre affirmé que le rapport de la CCP a recommandé, entre autres, de promouvoir et renforcer les capacités du Parlement pour lui permettre d’appliquer les lois, de réviser la législation nationale et d’y incorporer les normes relatives aux droits de l’homme. L’intervenant a affirmé que l’Union parlementaire a soutenu les efforts de la Commission au Burundi et en Sierra Leone. Il a indiqué qu’au Burundi son organisation a travaillé avec le Parlement pour élaborer et renforcer ses capacités dans la formulation des lois et dans ses capacités de contrôle. Nous avons aussi, a-t-il dit, commencé à mettre en œuvre des activités destinées à améliorer les capacités des femmes parlementaires, ainsi que des initiatives permettant à ces dernières de travailler ensemble, quels que soient les partis auxquels elles appartiennent, et ce, afin de promouvoir les droits des femmes. Il a en outre indiqué que l’Union parlementaire a renforcé le leadership dudit Parlement en promouvant le dialogue en son sein pour s’assurer que la prise de décisions soit aussi inclusive que possible. M. Motter a ensuite souligné que des initiatives semblables ont été et seront mises en place en Sierra Leone.
M. ABDUL WAHAB, Organisation de la conférence islamique (OCI), a déclaré partager la vision contenue dans le rapport, selon laquelle, la maximisation de son impact sur le terrain constitue le défi principal auquel la Commission doit faire face. Malgré le fait que les contributions au Fonds soient versées de manière graduelle, a-t-il continué, il est nécessaire de faire des efforts pour permettre aux initiatives du Fonds de produire l’effet escompté. Il a également rappelé l’engagement de l’OCI en faveur des initiatives majeures pour la Sierra Leone et a réaffirmé la pérennité de son soutien dans le futur.
Conformément au communiqué final de la Réunion de coordination annuelle des ministres des affaires étrangères de l’OCI, adopté à New York en octobre 2007, les ministres ont pris note de la contribution importante de la Commission pour répondre aux besoins spéciaux des pays émergents de conflit. La Réunion a également tenu à saluer la participation active et constructive des États qui sont aussi bien membres de l’OCI que de la Commission, a-t-il observé, tout comme elle a accueilli avec plaisir l’invitation faite aux membres de l’OCI de participer aux réunions de la Commission. Le représentant a conclu en demandant aux États membres de l’OCI d’envisager des contributions financières au Secrétariat de l’Organisation de manière à ce qu’elles soient ensuite transférées comme contributions au Fonds.
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