L’ASSEMBLÉE CONCLUT L’EXAMEN DES ACTIVITÉS DE L’ONU EN ENTENDANT LE CAMEROUN ET LE BÉNIN RÉCLAMER POUR L’AFRIQUE UN RÔLE PLUS ACTIF DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX
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Assemblée générale
Soixante-deuxième session
22e séance plénière - matin
L’ASSEMBLÉE CONCLUT L’EXAMEN DES ACTIVITÉS DE L’ONU EN ENTENDANT LE CAMEROUN ET LE BÉNIN RÉCLAMER POUR L’AFRIQUE UN RÔLE PLUS ACTIF DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX
L’Assemblée générale, qui a conclu ce matin l’examen du rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation*, entamé hier, a été interpelée par le Cameroun et le Bénin sur la nécessité de réserver à l’Afrique un rôle plus actif dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le représentant du Bénin a repris à son compte l’appel lancé, il y a quelques jours, par le Président de la Commission de l’Union africaine en faveur d’une « relecture créative » du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. « La situation est très simple », a-t-il déclaré: « l’Afrique souhaite prendre pleinement sa place dans le système de sécurité collective institué par la Charte ».
L’Afrique demande qu’on lui concède cette place dans le cadre d’un partenariat fondé sur une répartition équilibrée des rôles, a insisté Jean-Francis Zinsou, en se félicitant que cela ait prévalu dans le traitement de la question du Darfour.
Le Cameroun compte d’ailleurs, a annoncé son représentant, Martin Belinga-Eboutou, créer une institution de formation de policiers et de gendarmes, à vocation internationale, mise à la disposition des États africains désireux de contribuer aux forces de maintien de la paix de l’ONU ou de l’Union africaine.
Le représentant béninois s’est tout de même félicité que les pays développés s’impliquent davantage que par le passé au plan opérationnel, en citant en exemple l’Union européenne, qui, en déployant ses troupes au Tchad et en République centrafricaine, supplée aux faiblesses des capacités des pays en développement ayant porté jusque-là le gros de la responsabilité de la communauté internationale en Afrique.
Les deux pays africains ont appelé à la réforme du Conseil de sécurité, qui doit s’opérer dans les deux catégories de membres: « Nous revendiquons pour l’Afrique deux sièges permanents avec le droit de veto et deux sièges non permanents », a précisé le représentant béninois.
En fin de séance, le Président de l’Assemblée générale a rappelé aux États Membres la démission du Corps commun d’inspection, le 11 juillet dernier, de Juan Luis Larrabure du Pérou. L’Assemblée devra donc nommer, au cours de sa soixante-deuxième session, un remplaçant du même pays pour un mandat qui entrera en vigueur le 1er janvier 2008 et expirera le 31 décembre 2012.
Le Corps commun se compose de 11 inspecteurs au maximum, nommés par l’Assemblée générale en raison de leur expérience particulière des questions administratives et financières à l’échelon national ou international, y compris des questions de gestion, et eu égard au principe d’une répartition géographique équitable et d’un roulement raisonnable. Les inspecteurs exercent leurs fonctions à titre personnel et sont nommés pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.
* Voir communiqués de presse AG/10621 du 25 septembre et AG/10633 du 8 octobre 2007
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION
Déclarations
Saluant le premier rapport du Secrétaire général, Mme ADIYATWIDI A. ASMADY (Indonésie) a déclaré que seule une approche multilatérale permettra à la communauté internationale de faire face aux défis que sont les changements climatiques, les tensions géopolitiques, l’inégalité du progrès socioéconomique et la pauvreté endémique. Le développement constitue une condition préalable à la paix et à la sécurité, ce qui signifie, a-t-elle poursuivi, que l’agenda du développement doit être prioritaire et recevoir l’attention qu’il mérite. À ce titre, elle a regretté qu’à mi-chemin de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les résultats mondiaux soient moins que spectaculaires, en particulier en Afrique subsaharienne contrairement aux bons résultats enregistrés en Asie.
Déplorant la pauvreté dont les populations rurales en particulier sont victimes, elle a tenu à rappeler que leur sort est aggravé par les conséquences des changements climatiques. En tant que pays très exposé à ces risques, a-t-elle poursuivi, l’Indonésie attache une grande importance à cette question et espère que la Conférence de Bali permettra l’établissement d’un partenariat mondial prévoyant des actions concrètes afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Exhortant la communauté internationale à renforcer son soutien aux pays en développement, elle a plaidé pour l’augmentation de l’aide publique au développement et des investissements étrangers directs (IED). Elle a aussi estimé qu’il est grand temps que le Cycle de Doha réponde aux attentes des pays en développement. Elle a donc voulu que l’on s’attaque aux subsides, au manque d’accès aux marchés et que l’on reconnaisse la nécessité de mettre en place des « traitements spéciaux et différenciés ». Afin de parvenir à des résultats dans ces domaines, a-t-elle précisé, il est nécessaire, malgré certains progrès, de renforcer par le biais de réformes intégrales la capacité des Nations Unies à faire face aux défis du XXIe siècle. À ce titre, l’Assemblée générale doit exercer toute l’autorité qui lui est confiée par la Charte, et le Conseil de sécurité doit s’adapter aux réalités géopolitiques actuelles, a déclaré Mme Asmady.
Elle a exprimé ses préoccupations face à l’absence de consensus en matière de désarmement et de non-prolifération, et a appelé la communauté internationale à progresser sans plus tarder sur ces deux thèmes, tout en soulignant l’importance de la réforme du Secrétariat dans le domaine du désarmement. L’Indonésie est convaincue que tant que les armes nucléaires ne seront pas totalement éliminées, les États n’en possédant pas doivent recevoir des garanties que celles-ci ne seront pas utilisées contre eux, a-t-elle poursuivi, tout en déplorant que de telles mesures n’aient pas reçu suffisamment d’attention.
Quant à la lutte contre le terrorisme, elle a appelé la communauté internationale à redoubler ses efforts en la matière. Elle a salué les initiatives du Bureau du Secrétaire général dans le domaine de la résolution des conflits et a exprimé l’espoir de voir les actions prises se concrétiser en solutions, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique. Elle a ensuite rappelé l’engagement de long terme de son pays en matière de maintien de la paix, et a annoncé qu’il allait fournir une unité de police à la force hybride au Darfour, tout en soulignant la nécessité de renforcement de la capacité du Département des opérations de maintien de la paix tant sur le terrain qu’au Siège.
Elle a salué l’introduction d’un nouveau mécanisme de promotion et de protection des droits fondamentaux par le Conseil des droits de l’homme. Cependant, a-t-elle finalement observé, nous devrions être vigilants en ce qui concerne la « responsabilité de protéger », concept qui selon elle risque de servir de prétexte à l’ingérence dans les affaires internes des États souverains.
M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a salué le Secrétaire général pour avoir mis en évidence les effets bénéfiques attendus d’une meilleure intégration des pays africains dans le commerce international par la suppression des subventions agricoles qui les empêchent de réaliser les avantages comparatifs sur le marché international. Encore faudra-t-il qu’ils soient à l’abri des conflits fratricides que l’on peut prévenir par une meilleure gouvernance de nos sociétés, une répartition plus équitable du revenu national et un plus grand respect des identités et des minorités, a prévenu le représentant.
À cela s’ajoute, a-t-il poursuivi, la nécessité d’intégrer la donne incontournable des changements climatiques, qui peuvent hypothéquer les avancées réalisées vers les OMD. À cet égard, le Gouvernement béninois envisage la construction de quais le long du littoral pour le protéger de l’érosion côtière en progression constante et qui engloutit des agglomérations jour après jour. Il va sans dire que ces travaux nécessitent des investissements qui dépassent largement la capacité de mobilisation de ressources au niveau national, a précisé la délégation.
Par ailleurs, au registre de la paix et de la sécurité, le Bénin a fait écho à l’appel lancé, il y a quelques jours, par le Président de la Commission de l’Union africaine en faveur d’une relecture créative du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Pour sa délégation, la situation est très simple: l’Afrique souhaite prendre sa place dans le système de sécurité collective institué par la Charte. Elle demande qu’on lui concède un partenariat fondé sur un rééquilibrage des rôles. Il s’est dit heureux de constater que ces critères ont fini par prévaloir dans le traitement de la question du Darfour. Le représentant a fait également observer que l’ONU devait réévaluer sa politique dans le domaine de la réponse aux crises complexes. La nécessité d’un déploiement rapide rend indispensable la disponibilité de forces en attente bien entraînées et équipées pour entreprendre des opérations de stabilisation.
À cet égard, il est appréciable que les pays développés s’impliquent davantage que par le passé au plan opérationnel, comme dans le déploiement de l’opération de l’Union européenne au Tchad et en République centrafricaine, qui permet de suppléer aux faiblesses des capacités des armées des pays en développement qui ont porté jusque-là le gros de la responsabilité de la communauté internationale en Afrique. Le représentant béninois s’est dit confiant en le Secrétaire général qui devra aussi guider les États Membres dans la mise en œuvre des réformes, notamment celle qui concerne l’élargissement du Conseil de sécurité. Il doit selon lui s’opérer dans les deux catégories de Membres. Nous revendiquons pour l’Afrique deux sièges permanents avec le droit de veto et deux sièges non permanents pour permettre à l’architecture de paix et de sécurité sur le continent de s’articuler harmonieusement dans le système de sécurité collective institué par la Charte.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) regrettant que la plupart des pays en développement ne soient pas en mesure d’atteindre les OMD à l’horizon 2015, a lancé un appel pressant à la communauté internationale et notamment aux pays donateurs, afin qu’ils tiennent les engagements pris à divers fora internationaux en matière d’aide au développement. Il a également rappelé que les changements climatiques avaient des effets plus dévastateurs dans les pays en développement car ces derniers sont moins bien outillés pour y faire face. Il a souhaité que la réunion prévue à Bali en décembre 2007, soit le déclencheur d’un processus devant conduire à un accord sur le climat après 2012.
Concernant la prévention des conflits et le maintien de la paix, M. Belinga a souligné que l’Afrique compte apporter de plus en plus sa contribution au maintien de la paix, avant d’indiquer que son pays souhaitait créer une institution de formation de policiers et gendarmes, à vocation internationale, mise à la disposition des États africains désireux de contribuer aux forces de maintien de l’ONU ou de l’Union africaine.
Il a en outre affirmé que le renforcement de l’autorité de l’Assemblée générale de l’ONU devrait être l’un des volets essentiels de la réforme des Nations Unies, tout comme le changement de structure et de fonctionnement du Conseil de sécurité afin qu’il tienne compte de la nouvelle configuration du monde. Dans cet esprit, l’Afrique a suggéré une augmentation du nombre de membres dans les deux catégories, et l’attribution de deux sièges permanents avec droit de veto.
Sur le volet des droits de l’homme, l’intervenant a souhaité que les défauts observés dans l’ancienne Commission des droits de l’homme, à savoir la politisation et la sélectivité qui ont discrédité l’enceinte, soient évités. Il a conclu en affirmant que l’Afrique reste très attachée à la nécessité de créer au sein des Nations Unies un bureau sous-régional qui regrouperait et coordonnerait toutes les activités opérationnelles de l’ONU.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est alarmé du fait qu’aujourd’hui encore, 10 millions d’enfants meurent chaque année de causes détectables avant l’âge de cinq ans. Trop de mères meurent également pendant leurs grossesses à la suite de complications détectables et pouvant être traitées, a-t-il poursuivi, avant de rappeler que 2,9 millions de personnes sont mortes du VIH/sida l’année dernière, et que la moitié du monde en développement fait face à une pénurie de systèmes sanitaires. À cet effet, il a regretté que les soins primaires soient négligés ou remplacés par des méthodes plus sélectives ou qui sèment la discorde selon les cultures. Pour empêcher la situation de s’aggraver, il a exhorté les Nations Unies, avec la coopération de tous les États Membres, à renouveler leurs engagements dans la préservation de la vie à tous les niveaux et dans tous les coins du monde.
L’intervenant a toutefois salué les progrès accomplis dans la réalisation des OMD et a reconnu les efforts des pays qui ont contribué à ces résultats. Une plus grande attention doit maintenant se porter sur les États qui prennent du retard, a-t-il avancé. Il a ajouté que la promotion de la paix, de la sécurité et du respect des règles de droit doit permettre de consolider les efforts de réformes en vue d’encourager l’investissement public et privé, et de créer un environnement économique et social favorable. Il a enfin exhorté les Nations Unies à continuer de promouvoir leurs partenariats avec la société civile dans le domaine humanitaire.
M. SAID OMAR HAJAZI, Observateur permanent de la Palestine, a déclaré que les Nations Unies constituent le meilleur instrument de travail collectif pour répondre aux défis auxquels notre monde doit faire face. La Palestine, a-t-il continué, soutient la réforme de l’Organisation et salue le rôle du Secrétaire général dans le dialogue interculturel et interreligieux. Le peuple palestinien se tourne à nouveau vers les Nations Unies pour leur demander de l’aider à trouver une solution durable à son problème et de faire face à leurs responsabilités en la matière. Il est nécessaire de faire respecter les résolutions du Conseil de sécurité, qui avec les décisions du Quatuor, permettront de résoudre la question palestinienne, a-t-il dit, en saluant l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour son rôle fondamental en matière d’assistance au peuple palestinien.
La question palestinienne qui représente un véritable défi aux principes avancés par l’Organisation nécessite un résultat qui ne menace pas la sécurité et la paix internationales et qui contribue à la stabilisation du Moyen-Orient. L’Observateur a rappelé qu’il y a des réfugiés depuis 60 ans dans cette région du monde du fait de la poursuite de l’occupation israélienne. Saluant le rapport du Secrétaire général, il a regretté que toutes les questions soulevées allant des affaires humanitaires aux OMD en passant par la gestion des conflits soient dans un état d’immobilisme.
Il a ensuite insisté sur un certain nombre de points, dont le fait que la question palestinienne soit à l’ordre du jour des Nations Unies depuis 60 ans sans qu’une solution y soit apportée. Il y va de la crédibilité de l’Organisation, a-t-il dit, en ajoutant que le niveau d’engagement actuel était peu satisfaisant. Il a également exprimé son soutien au renforcement de l’Organisation et du droit international, en appelant notamment au respect de la Convention de Genève sur la protection des civils en cas de conflit armé. S’agissant du respect du droit humanitaire et des droits de l’homme, la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité est indispensable, a-t-il affirmé tout en se félicitant de l’établissement du Conseil des droits de l’homme.
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