ASSEMBLÉE: À LA LUMIÈRE DES CONCLUSIONS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, LES ÉTATS MEMBRES REVIENNENT SUR LES LACUNES DANS LE DOMAINE DE LA PAIX ET DU DÉVELOPPEMENT
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Assemblée générale
Soixante-deuxième session
19e & 20e séances plénières
Matin et après-midi
ASSEMBLÉE: À LA LUMIÈRE DES CONCLUSIONS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, LES ÉTATS MEMBRES REVIENNENT SUR LES LACUNES DANS LE DOMAINE DE LA PAIX ET DU DÉVELOPPEMENT
Après l’avoir examiné une première fois dans le cadre de son débat général, l’Assemblée générale s’est à nouveau penchée aujourd’hui sur le rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation*, qui recense les défis auxquels celle-ci fait face en 2007 et les réformes à entreprendre pour passer, selon la formule de Ban Ki-moon, « des aspirations aux réalisations ».
En matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, le représentant du Pakistan a critiqué l’inégalité de traitement des différentes questions, notamment au Moyen-Orient ou en Asie. Il a estimé que ce déséquilibre reflète avant tout celui qui persiste entre les deux organes les plus importants du système des Nations Unies: l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.
Munir Akram a plaidé pour le renforcement de l’autorité de la première, en soulignant que le second devrait se cantonner à son rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales et ne pas empiéter sur les prérogatives conférées par la Charte aux autres organes des Nations Unies.
Dans ce cadre, le représentant de l’Australie a appelé les États Membres à assumer la « responsabilité de protéger » les populations civiles, qui irait de pair, selon lui, avec la souveraineté même des États. Le représentant russe a prôné une approche nuancée en ce domaine, qui tienne notamment compte du respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays. Il a également prévenu des risques de politiser la question de la protection des personnels des organisations humanitaires et des ONG déployés sur le terrain.
À la suite du Pakistan, plusieurs délégations sont montées à la tribune pour rappeler aux pays développés les engagements qu’ils se sont eux-mêmes fixés: consacrer 0,7% de leur produit national brut à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2015 en vue de hâter la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement; ou encore diminuer significativement leurs émissions de gaz à effet de serre, première mesure d’atténuation des changements climatiques, une menace dont le monde industrialisé est le premier responsable.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, le représentant du Portugal a pleinement reconnu la responsabilité des pays développés vis-à-vis des pays en développement, en particulier ceux d’Afrique. Mais il n’en reste pas moins indispensable que ceux-ci s’alignent sur les efforts consentis par les pays occidentaux pour diminuer leurs propres émissions. L’Union s’est pour sa part engagée indépendamment à réduire les siennes d’au moins 20% d’ici à 2020 et de 30% par rapport à celles de 1990, a rappelé M. Salgueiro.
De la même manière, l’accroissement de l’aide internationale n’est pas une « panacée », a-t-il poursuivi, soulignant que les pays en développement étaient tenus, parallèlement, de se hisser aux normes les plus élevées de gouvernance démocratique et de s’atteler à des stratégies de développement propices à la mise en place d’environnements attirants pour les investissements étrangers.
Les États Membres avaient au préalable conclu leur dialogue de haut niveau sur la compréhension entre les religions et les cultures. Clôturant les interventions, le Président de l’Assemblée générale a précisé que ce dialogue a largement contribué à la recherche d’une nouvelle culture des relations internationales.
Srgjan Kerim s’est également félicité que ce Dialogue ait permis d’identifier la promotion d’une meilleure compréhension des cultures comme un des moyens de trouver des solutions durables aux conflits qui perdurent au Moyen-Orient, au Darfour, en Iraq et au Kosovo.
L’Assemblée générale poursuivra l’examen du rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation à une date qui sera publiée dans le Journal. Elle se penchera également sur le rapport de la Commission de consolidation de la paix et sur celui du Secrétaire général sur le Fonds de consolidation de la paix.
* Voir communiqué de presse AG/10621 en date du 25 septembre 2007
DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LA COMPRÉHENSION ENTRE LES RELIGIONS ET LES CULTURES ET LA COOPÉRATION POUR LA PAIX
Suite des déclarations
En tant que représentante d’un pays qui est à la croisée des chemins entre différentes cultures, Mme RUCHI GHANASHYAM (Inde) s’est déclarée heureuse de participer au Dialogue de haut niveau. L’Inde, qui a une longue tradition de pluralité des croyances, abrite la deuxième plus grande religion du monde. La représentante a aussi rappelé que l’Assemblée générale a décidé de proclamer le 2 octobre, jour de la naissance de Mahatma Gandhi, Journée internationale de la non-violence. Mettant l’accent sur le rôle de l’éducation dans le développement, elle a également souligné son rôle dans la lutte contre l’extrémisme. Elle a conclu en estimant que le dialogue initié par l’Assemblée générale ne pourra contribuer, de manière significative, aux efforts internationaux visant à promouvoir la compréhension interreligieuse et interculturelle que s’il est de bonne foi et apolitique.
M. ANDREAS MAVROYIANNIS (Chypre) a annoncé que son pays est fier d’avoir accueilli, en 2006 et avec la coopération de la Malaisie, la deuxième réunion Europe-Asie du Forum sur le dialogue interconfessionnel, placé sous le signe « de la compréhension et de la coopération interconfessionnelles pour un monde pacifique ». Il s’est félicité du succès de ce Forum qui a permis d’identifier la manière dont les peuples de différentes religions peuvent avancer dans l’harmonie et la compréhension vers une coopération fructueuse et substantielle, par le biais d’un dialogue constructif et permanent. Il a en outre soutenu toute initiative qui contribue à la codification des valeurs collectives, pouvant être revendiquées par tous et sur lesquelles chacun peut s’appuyer. L’intervenant a ensuite indiqué que c’est seulement par le biais du dialogue que l’on pourra identifier les points communs qui existent entre nos attitudes et croyances. Il a conclu en indiquant que la richesse de la civilisation humaine est principalement due à la relation dialectique entre les religions et les cultures, et aux interactions entre elles à divers étapes de leur histoire. « Grâce à la promotion de ce dialogue, il sera possible de renforcer les libertés individuelles et collectives et le respect des droits de l’homme, et parvenir au développement économique et politique, a conclu le représentant.
M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a déploré la perception erronée de la religion, qui conduit à l’impossibilité de reconnaître son rôle déterminant dans la vie sociale et personnelle. La paix, la solidarité et la compassion sont en effet les principaux enseignements de l’islam et des autres religions révélées, a-t-il souligné. L’islam promeut et attache la plus grande importance au dialogue, à la tolérance et à la coexistence. Les tentatives d’attribuer la haine, le terrorisme, le dogmatisme et l’extrémisme à l’islam visent en fait à ternir ses valeurs divines, a accusé le représentant. La délégation a affirmé qu’en Iran, les adeptes des grandes religions ont vécu ensemble dans la paix et l’harmonie pendant des siècles et que les juifs, les chrétiens ou les zoroastriens y étaient libres de pratiquer leur religion. La Constitution iranienne garantit d’ailleurs aux représentants de ces religions la possibilité de siéger au Parlement. C’est la volonté du Gouvernement iranien de soutenir les efforts déployés pour promouvoir le dialogue entre les religions, les cultures et les civilisations, a poursuivi M. Khazaee. À cet égard, il a rappelé que le Président iranien a organisé le 26 septembre dernier un dialogue auquel ont pris part plus de 150 représentants des confessions chrétienne et juive dans une église new-yorkaise. Le représentant s’est cependant inquiété de l’approche unilatérale qui prévaut aujourd’hui dans les relations internationales et des manœuvres visant à se servir des organisations internationales pour poursuivre des objectifs monopolistiques. Pour l’Iran, l’échange de vues vise à définir une perspective commune et à abandonner l’approche hostile prônée par certaines puissances, a conclu le représentant.
M. ABDERRAHIM OULDHADRAMI (Mauritanie) a estimé que le monde est devenu un petit village interdépendant qui exige une coopération avisée. Il a appelé l’humanité à s’écarter de la violence et à promouvoir un esprit d’intégration. La promotion de la justice et de l’équité, a-t-il poursuivi, est la voie la plus courte pour réaliser la paix dans le monde. L’islam, qui est une foi de paix et d’harmonie, ne saurait être assimilé au terrorisme, a-t-il soutenu, avant d’insister sur le fait que l’islam n’a jamais appelé à l’extrémisme. Le représentant a en outre souhaité que le concept de dialogue interconfessionnel et interculturel soit intégré dans les programmes scolaires. Il a conclu en indiquant que son pays respecte toutes les religions et les fois et que les érudits mauritaniens travaillent et contribuent au dialogue dans le monde entier afin de promouvoir la paix et la coopération.
M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a estimé que les peuples du monde ont un besoin énorme de renforcer leur capacité d’écoute mutuelle. Ce besoin se situe à trois niveaux d’abord le besoin d’écoute entre sociétés culturellement, religieusement différentes mais d’égale dignité; ensuite celui des riches à l’endroit des aspirations des pauvres, à une plus juste répartition des ressources de la planète; et enfin, le besoin d’écoute de notre propre histoire pour que, instruits des horreurs du passé, nous puissions dire « plus jamais ça ». Le représentant a exhorté la communauté internationale à relever les défis moral et politique qui sont de résister à la culture de la peur et à toute globalisation de l’ennemi, et de lutter contre toute forme d’identification hâtive. Parlant de la mosaïque des peuples qui composent le Cameroun et de la mosaïque de religions qui y sont pratiquées, le représentant a souligné que son pays s’efforce quotidiennement et patiemment de construire une nation « E pluribus unum », après avoir sévèrement critiqué la théorie du choc des civilisations.
Mme ELENAMOLARONI, Conseil de l’Europe, a déclaré que l’une des missions clefs de son organisation consiste à promouvoir le dialogue interculturel, la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit. En Europe, la consolidation de la paix, la cohésion sociale, la démocratie et le respect de la diversité culturelle ont été des questions politiques importantes depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ces questions sont maintenant des priorités partagées par les 47 membres du Conseil de l’Europe. L’Europe, a-t-elle poursuivi, est guidée par la philosophie de l’inclusion et de la complémentarité, la protection des droits de chacun, la démocratie et la bonne gouvernance. La représentante a réitéré la détermination du continent à construire des sociétés cohésives en garantissant l’accès aux droits sociaux, la lutte contre l’exclusion et la protection des groupes sociaux vulnérables. Nous sommes résolus, a affirmé la représentante, à adapter nos sociétés à une diversité culturelle croissante, en particulier dans les dimensions liées au social, à l’éducation, à la santé et à la culture, parce que nous sommes conscients que le dialogue interculturel ne pourra pas réussir si nous ne nous attaquons pas aux origines de la discrimination et de la marginalisation.
Nous voulons garantir que notre diversité devienne une source d’enrichissement mutuel plutôt que de conflits, a ajouté la représentante, en se disant convaincue que le dialogue interculturel, la compréhension, le pluralisme et la tolérance sont des outils essentiels pour faire face à ce défi. Elle a annoncé que dans quelques semaines, le Conseil de l’Europe publiera un « papier blanc sur le dialogue interculturel ». Contrairement à l’opinion publique, a-t-elle expliqué, le Conseil de l’Europe ne considère pas les différentes identités religieuses comme une source de conflits dans les sociétés modernes. Il pense néanmoins que les communautés religieuses partagent la responsabilité de promouvoir la compréhension mutuelle. Bien que, comme toute autorité publique, il doive rester neutre, le Conseil encourage, tout de même, les communautés religieuses à s’engager dans un dialogue et à promouvoir les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit.
Mme ARDITI DI CASTELVETERE, Observatrice permanente de l’ordre militaire souverain de Malte, a déclaré que les interactions religieuses ne survivraient pas sans le respect qui revient de droit à chaque être humain. Le droit à la vie et la dignité de chaque personne sont des valeurs éthiques de base qui doivent être universellement respectées. Selon elle, un dialogue prudent et sincère entre différentes cultures, civilisations et peuples ne pourra être établi que dans un espace où les droits fondamentaux des hommes et des femmes sont respectés. Il est approprié à cet égard de rappeler les deux fondements de l’église catholique: la dignité supérieure de l’être humain et l’indispensable solidarité interpersonnelle fondée sur une fraternité universelle.
La délégation a ensuite attiré l’attention sur le fait que l’une des causes des problèmes interreligieux et interculturels était le fossé qui séparait les pauvres des riches. Dans ce domaine, les gouvernements et les groupes religieux doivent reconnaître que le développement, la paix et la sécurité, ainsi que les droits de l’homme étaient étroitement liés. Pour que les objectifs de ce dialogue soient atteints, des changements sociaux sont nécessaires, qui doivent impliquer les organisations publiques et privées, ainsi que les médias. Par ailleurs, pour aider les individus à s’acquitter de leurs obligations envers eux-mêmes et envers leurs groupes d’appartenance, ils doivent recevoir la meilleure éducation possible, a fait observer la représentante.
M. MICHAEL SCHULT, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), s’est félicité de la tenue du Dialogue de haut niveau, avant de rappeler que la FICR avait participé en juillet 2006 aux délibérations du Groupe de haut niveau de l’Alliance des civilisations. Il a rappelé que son organisation visait à assurer que les peuples de la planète se rejoignent et adoptent une attitude commune face à la paix dans un environnement non discriminatoire. La FICR, a-t-il poursuivi, avec son réseau mondial ne fait pas de distinction entre les peuples. Il a également affirmé que son organisation avait récemment accueilli un « groupe de réflexion de spécialistes » rassemblant les représentants des sociétés nationales de différentes parties du monde, le Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR), mais aussi des experts religieux de haut niveau. Le groupe, a-t-il déclaré, a cherché à analyser l’impact du changement des manifestations religieuses sur les contextes social et politique, ainsi que leurs implications pour les organisations humanitaires. Le groupe a également tenté d’identifier la manière dont la Fédération pourrait mieux respecter ses objectifs, comme réduire la souffrance humaine et assurer le respect de la diversité et de la non-discrimination.
L’intervenant a en outre jugé important que les organisations impliquées dans un dialogue interreligieux et interculturel soient elles-mêmes représentatives de la diversité. Le dialogue, a-t-il encore dit, doit s’accompagner d’actions. La Fédération a, par exemple, favorisé le dialogue entre responsables et leaders religieux pour sensibiliser les communautés face au risque du VIH/sida. Il a en outre jugé nécessaire de s’engager avec les gouvernements qui ont un rôle central à jouer. Il a souligné qu’en travaillant avec des partenaires communautaires engagés, tels que le Croissant-Rouge et la Croix-Rouge, les gouvernements peuvent mieux impliquer les communautés locales et lancer un processus visant à rassembler des acteurs clefs capables de renforcer le respect mutuel. Il a enfin plaidé pour une meilleure mise en œuvre des directives concernant l’action humanitaire, et a souligné que le code de conduite de la FICR a fixé des normes importantes dans ce domaine. Il a conclu en rappelant que la trentième conférence internationale du Croissant-Rouge et de la Croix-Rouge, qui se tiendra du 26 au 29 novembre 2007, aura pour objectif d’évaluer les partenariats humanitaires.
M. YAHYA MAHMASSANI, Ligue des États arabes, a estimé que la promotion du dialogue et de la justice exige un effort entre tous les êtres humains. Cela exige des passerelles. Tout le monde, a-t-il voulu, doit jouer un rôle sur la base des initiatives des Nations Unies et l’Alliance des civilisations pour éliminer la polarisation religieuse dans le monde. La promotion du dialogue, a-t-il précisé, exige la reconnaissance de la diversité culturelle. Il a aussi encouragé le partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales, en soulignant qu’à notre époque, le dialogue est un impératif pour faire face aux doctrines de l’intégrisme et à l’excès de pouvoir. Le dialogue doit avoir lieu sur la base du respect et de l’égalité et éviter l’exploitation politicienne.
M. SRGJAN KERIM, Président de l’Assemblée générale, a affirmé vouloir avancer collectivement pour bâtir une nouvelle culture des relations internationales basée sur les droits de l’homme, la sécurité, la coopération mutuelle et le respect des lois internationales. Ce dialogue sur la compréhension interreligieuse et interculturelle et la coopération pour la paix, a-t-il soutenu, est un moyen important pour parvenir à cet objectif. Il a en outre indiqué qu’un important pas a déjà été effectué dans cette direction avec l’adoption de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. La mondialisation nous a tous rapprochés et nous a rendus plus conscients de la diversité culturelle et religieuse tout comme elle nous a exposés à la différence de l’autre, a-t-il également déclaré. Il a dénoncé par ailleurs l’exploitation des religions par certains à des fins politiques. Le Président a rappelé que la diversité forme une partie intégrante de la civilisation humaine et que les programmes qui ont tenté d’établir l’uniformité autour d’une idéologie particulière, religieuse ou autres, ont échoué. Il a en outre souligné qu’un certain nombre de participants ont appelé la communauté internationale à trouver des solutions durables aux conflits qui perdurent au Moyen-Orient, au Darfour, en Iraq et au Kosovo, en notant qu’une paix durable peut être obtenue par la promotion d’une meilleure compréhension des cultures. Les intervenants, a dit avoir constaté le Président, ont également plaidé pour la mise en application totale et dans les temps des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et pour le renforcement des institutions des droits de l’homme.
M. Kerim a par ailleurs indiqué que les extrémistes et les terroristes qui poursuivent leurs intérêts politiques en utilisant la religion ont été dénoncés par tous les intervenants, lesquels ont jugé qu’ils propagent, outre la violence, l’ignorance et l’incompréhension. Le Président a affirmé que tous ont soutenu que le rôle des medias est essentiel pour promouvoir la compréhension interconfessionnelle et interculturelle. Certains ont cependant jugé qu’il doit y avoir un équilibre entre liberté d’expression et respect des sensibilités culturelles et religieuses. Il a par ailleurs retenu que les intervenants ont mis en lumière le rôle clef des programmes pour jeunes, des medias et de l’éducation, mais également des partenariats innovants avec le système des Nations Unies pour promouvoir la compréhension culturelle. À cet égard, des recommandations sur l’augmentation des programmes d’échanges internationaux entre jeunes et sur l’adoption dans les programmes scolaires d’une formation permettant de renforcer la compréhension des cultures, ont été mises en avant par les participants. Le Président a conclu en incitant la communauté internationale à poursuivre le dialogue, et en soulignant qu’à l’aube du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la promotion respectueuse et inclusive du dialogue, notamment pour les communautés minoritaires, constituait un message important.
M. ALEMU (Éthiopie) a déclaré que la promotion d’une culture de paix devait devenir la priorité de l’ONU et des pays du monde entier, avec la participation de tous les acteurs concernés. C’est donc la responsabilité de chacun d’entre nous de rendre le monde meilleur en promouvant une culture de paix à tous les niveaux. Le représentant a ensuite rappelé que l’Éthiopie est un pays multiethnique où deux des plus grandes religions du monde, le christianisme et l’islam, s’acceptent mutuellement et coexistent en paix. Son pays a d’ailleurs offert une terre d’asile aux musulmans à l’époque où l’Éthiopie était considérée comme chrétienne, a-t-il rappelé. Le développement socioéconomique rapide de mon pays est le résultat de ce régime constitutionnel, qui encourage la coexistence de tous les groupes religieux et ethniques dans le pays, a-t-il dit. C’est dans cet esprit que le Gouvernement éthiopien a décidé de célébrer le millénaire éthiopien, conformément à la déclaration adoptée par l’Union africaine, qui a reconnu que cette Année serait comprise entre septembre 2007 et septembre 2008. Dans ce cadre, le peuple et les autorités éthiopiennes sont fermement déterminés à ne ménager aucun effort pour atteindre les OMD. Les conflits, la violence et la guerre restent les défis principaux pour l’avènement d’un monde pacifique et prospère et c’est la raison pour laquelle il faut plus que jamais œuvrer à l’avènement d’une culture de paix, a conclu la délégation.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION
Déclarations
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a critiqué l’inégalité de traitement des questions, en particulier dans les domaines de la paix et de la sécurité. Cela est, selon lui, évident au Moyen-Orient où les points de vue de la majorité des États Membres de l’ONU ne sont pris en compte ni dans les décisions du Conseil de sécurité ni dans les rapports du Secrétariat. Il en est également ainsi pour la région volatile d’Asie du Sud et de la question centrale du Jammu-et-Cachemire, qui a envenimé les relations dans la région au cours des 60 dernières années. L’inégalité de traitement est également visible dans l’approche partiale des Nations Unies sur les questions de désarmement, de non-prolifération nucléaire et des droits de l’homme.
Pour assurer une plus grande équité, il est essentiel de rééquilibrer les pouvoirs du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, a estimé le représentant. Le Conseil de sécurité devrait se cantonner à son rôle de maintien de la paix et de la sécurité internationales et ne pas empiéter sur les fonctions des autres organes. Ses méthodes de travail devraient être transparentes et ouvertes et sa composition représentative des États membres de l’Assemblée générale à laquelle il rend compte. Dans le même temps, l’Assemblée générale devrait affirmer son autorité, y compris en s’occupant des questions de paix et de sécurité que le Conseil ne veut ou ne peut traiter.
Le représentant a aussi voulu que l’ONU renforce son rôle dans la prévention et le règlement des différends, en recherchant des solutions par le biais de mécanismes de conciliation, de médiation, d’arbitrage ou de bons offices. Ce serait là une obligation des Nations Unies et certainement pas une faveur à l’une ou l’autre partie, a insisté le représentant. Dans ce contexte, il a appuyé l’idée du Secrétaire général de renforcer le Département des affaires politiques. La prévention des conflits pourrait aussi être assurée en renforçant la Commission de consolidation de la paix, a suggéré le représentant, en regrettant que son potentiel demeure limité par l’attachement de certains membres du Conseil à leurs « prérogatives » et par le fait que certains membres voient dans la Commission un autre mécanisme des relations entre donateurs et récipiendaires.
S’agissant des opérations de maintien de la paix, le représentant a appelé l’ONU à s’abstenir de déployer des Casques bleus là où il ne pourrait avoir aucune paix à maintenir. L’ONU ne doit pas non plus devenir l’instrument des interventions étrangères dans les affaires intérieures des États. Comme de nombreux conflits et différends résultent de la pauvreté, l’accent devrait davantage être mis sur le rôle du développement socioéconomique comme approche peu onéreuse de la prévention des conflits et des tensions, a proposé le représentant. Abordant les questions de désarmement, il a rappelé la proposition de son pays de convoquer une conférence internationale pour dégager un nouveau consensus. En matière de développement, il a rappelé que son pays a fait, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, plusieurs propositions pour faire avancer les choses.
Le représentant a souligné que le pilier des droits de l’homme ne sera ferme que lorsque les deux autres piliers, la sécurité et le développement, seront tout aussi fermes. Il a d’ailleurs espéré que le Conseil des droits de l’homme parviendra à adopter une approche plus objective et plus judicieuse, avant de rappeler au Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme qu’il est une entité du Secrétariat et pas une entité indépendante. Le représentant a conclu en se félicitant de la réforme du Secrétariat de l’ONU. Il a tout de même prévenu qu’on ne peut attendre de lui qu’il assume des tâches supplémentaires si l’on continue à insister sur une « croissance zéro » de son budget.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte) a tenu à saluer l’accent mis par le Secrétaire général sur la mise en œuvre des engagements internationaux, en particulier les Objectifs du Millénaire pour le développement. Se félicitant que le Secrétaire général ait donné la priorité à l’Afrique, il a voulu que la vision de celui-ci se transforme en propositions concrètes sur tous les aspects du développement, en particulier le développement social qui n’a pas reçu l’attention requise dans le rapport à l’examen. Le développement social, a poursuivi le représentant, exige des donateurs qu’ils respectent les engagements pris à Monterrey, à Glen Eagles et à Heiligendam. Il exige aussi des donateurs qu’ils fournissent des informations détaillées sur le volume de l’aide qu’ils comptent consentir afin de permettre aux récipiendaires de faire des prévisions budgétaires. Le représentant s’est dit impatient de voir les propositions du Secrétaire général en la matière.
Après avoir abordé les questions liées aux changements climatiques, le représentant est passé à la réforme de l’ONU. Pour qu’elle réussisse, a-t-il estimé, il est essentiel que le Secrétariat demeure impartial, transparent et comptable de ses actes, en évitant de parler de questions controversées, telles que « la responsabilité de protéger », comme si elles faisaient l’objet d’un accord et qu’elles n’étaient plus en discussion. D’ailleurs, le but de ces discussions doit être de renforcer le rôle de l’ONU dans la mise en œuvre de la Déclaration universelle des droits de l’homme et des Conventions de Genève. Il s’agit là, a insisté le représentant, des piliers fondamentaux sur lesquels repose la responsabilité de la communauté internationale de protéger, en particulier dans un territoire occupé.
Concernant le maintien et la consolidation de la paix, le représentant a appuyé les efforts en cours pour renforcer la capacité du Secrétariat dans le domaine de la médiation. Il s’est en revanche opposé aux propositions relatives à l’intervention dans la réforme du secteur et des systèmes de sécurité parce qu’ils relèvent de la souveraineté des États. Le représentant a ensuite appuyé le rôle central du Conseil des droits de l’homme avant d’appeler le Secrétaire général et son Représentant spécial à s’abstenir de critiquer ses décisions. S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a affirmé que son pays est prêt à examiner favorablement toute proposition qui répondrait aux ambitions du continent africain telles que décrites dans le Consensus de Ezulwini. Il a conclu en saluant les initiatives du Secrétaire général en matière de désarmement. L’Égypte attend des propositions concrètes sur la manière de renforcer le rôle de l’ONU en la matière, maintenant qu’elle a appuyé la proposition de transformer le poste de Secrétaire général adjoint en Représentant spécial.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) s’est dite préoccupée par la distance qui reste à parcourir par un grand nombre de pays pour parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Tout en reconnaissant le travail de l’ONU sur le continent africain, elle a rappelé la responsabilité de l’Organisation vis-à-vis des pays à revenu intermédiaire. Elle a insisté sur le respect des engagements pris en matière d’Aide publique au développement et d’égalité d’accès aux marchés internationaux. Rejetant ensuite le terrorisme sous toutes ses formes, la représentante a décrit les résultats encourageants de la « Politique de sécurité démocratique » mise en œuvre par son pays, en particulier dans les domaines de la sécurité et du développement. Appelant les Nations Unies à soutenir ses efforts pour éradiquer la pauvreté, soutenir la croissance économique et le développement durable, elle a estimé que pour ce faire l’ONU doit introduire plus de cohérence dans ses activités opérationnelles. La coordination avec les gouvernements et les autorités nationales est essentielle en la matière, a-t-elle insisté, pour rendre plus efficace l’action de l’ONU. En ce qui concerne les changements climatiques, elle a rappelé les actions de son pays contre le réchauffement climatique, telles que la protection des forêts tropicales et l’éradication des cultures illicites. Elle a dit attendre en la matière l’appui de la communauté internationale.
M. JOÃO SALGUEIRO (Portugal), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a réaffirmé son engagement vigoureux à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement et à soutenir les pays en développement dans la mise en œuvre de leurs stratégies nationales au travers d’actions, comme l’allègement de la dette ou un renforcement de l’aide. L’Union a d’ailleurs pris des mesures concrètes en tant que donateur. Après avoir dépassé l’objectif de 2006, qui fixait l’aide au développement à 0,39% du produit national brut(PNB), elle s’est donné des objectifs plus ambitieux encore pour 2010 et 2015, en particulier pour l’Afrique. Ses États membres envisagent ainsi de consacrer à l’APD 0,7% du PNB d’ici à 2015. L’accroissement de l’aide internationale n’est cependant pas la panacée, il faut également veiller à ce qu’elle soit vraiment efficace, a souligné le représentant, qui s’est déclaré satisfait que la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide ait été reconnue comme un mécanisme de référence. Les pays en développement doivent aussi veiller à adopter les normes les plus élevées en matière de gouvernance et des stratégies de développement ambitieuses en vue de mettre en place des environnements propices à l’investissement, a préconisé le représentant.
Une autre priorité pour l’Europe est la lutte contre les changements climatiques, a-t-il ajouté, en disant que l’Union européenne reconnaît le rôle de chef de file qui revient aux Nations Unies en ce domaine. Le représentant portugais a affirmé que c’était aux pays responsables de la plus grande quantité des émissions de gaz à effet de serre de consentir les efforts les plus conséquents. Mais il n’en reste pas moins indispensable que les pays en développement commencent par s’aligner sur ces efforts. L’Union a pour sa part pris l’engagement de réduire ses émissions d’au moins 20% d’ici à 2020 et de 30% par rapport à celles de 1990, a rappelé le représentant, qui a souligné qu’il s’agissait là de la contribution européenne à un accord global pour la période allant au-delà de 2012.
Évoquant ensuite les questions de paix et de sécurité, il a expliqué que l’Union souhaitait voir davantage de progrès dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité, du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion, de la consolidation de la paix, de la gouvernance démocratique, de la protection des civils et du retour des réfugiés et des personnes déplacées, et enfin de l’assistance humanitaire et du développement. Elle réitère l’interconnexion entre développement et sécurité. Dans ce contexte, l’Union souligne de nouveau l’importance de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales. Elle salue l’initiative du Secrétaire général sur l’établissement des partenariats stratégiques en vue de consolider la paix et la sécurité, ainsi que la déclaration conjointe sur la coopération entre Nations Unies et l’Union européenne sur la gestion des crises en date du 12 juin 2007. Elle continuera aussi de soutenir l’action de la Commission de consolidation de la paix, a ajouté le représentant.
L’Union européenne envisage les Nations Unies comme la seule organisation capable de mobiliser la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré le représentant, qui a estimé que la Stratégie adoptée l’an dernier constituait un premier pas encourageant en ce sens. Il a ensuite plaidé pour la revitalisation de l’agenda du désarmement international, encourageant la Conférence du désarmement à reprendre son rôle de négociateur début 2008. L’Union européenne partage les vues du Secrétaire général qui souhaite une solution négociée à la question des programmes nucléaires de l’Iran et de la République démocratique populaire de Corée (RPDC). À cette fin, elle confirme son engagement en faveur de la proposition d’ensemble faite à l’Iran en juin 2006, qui réaffirme le droit de ce pays à développer l’énergie nucléaire conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du Traité de non-prolifération des armes nucléaires(TNP).
Évoquant ensuite la question des droits de l’homme, le représentant de l’Union a affirmé que toutes les conditions étaient désormais réunies pour permettre au nouveau Conseil des droits de l’homme de s’acquitter de son mandat, souhaitant toutefois la mise en place d’un système plus fort de procédures spéciales. Réaffirmant son attachement à l’état de droit, l’Union a déclaré qu’il fallait soutenir les efforts du Groupe de coordination et de conseil sur l’état de droit.
Sur le front des questions humanitaires, l’Union prône le développement d’une capacité de coordination et d’un financement mieux planifié. Se disant particulièrement alarmé des situations au Soudan, en Iraq, en RDC, en Somalie et au Sri Lanka, le représentant a indiqué que l’Union était plus que jamais engagée à dénoncer les violences à l’encontre des femmes, à promouvoir l’assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées et à garantir la protection des travailleurs humanitaires. En ce qui concerne la situation au Darfour, l’Union européenne salue les progrès dans la mise en œuvre du communiqué conjoint sur la facilitation des activités humanitaires, signé en mars 2007. Enfin, s’agissant de la réforme des Nations Unies, le représentant a attiré l’attention sur les domaines prioritaires de l’administration de la justice, des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des achats, sans oublier celui des ressources humaines.
M. ROBERT HAGEN (États-Unis) a affirmé que son pays s’est engagé à aligner ses stratégies nationales d’assistance sur le calendrier des Nations Unies. Il s’est montré optimiste sur la réalisation des OMD, et s’est, à cet égard, félicité de la baisse du nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour, et de l’augmentation des taux d’accès à l’eau potable et à l’éducation. Le représentant a, en outre, rappelé que la mortalité infantile et la faim dans le monde diminuent. Concernant la lutte contre le VIH/sida, il a souligné que plus de 25% de l’aide attribuée provient des États-Unis, avant de rappeler qu’un plan d’urgence a été lancé par son pays. La réalisation des OMD est possible même s’il reste des progrès à faire, s’est-il dit convaincu, en citant Colin Powell, l’ancien Secrétaire d’État américain qui a dit: « l’optimisme perpétuel est un multiplicateur de force ». Le représentant a aussi appuyé l’appel à l’action de Gordon Brown, Premier Ministre du Royaume-Uni. Il a toutefois critiqué la redéfinition des Objectifs, laquelle s’opère, selon lui, sans consultation avec les États membres. Les indicateurs ne sont pas les nôtres, a-t-il indiqué, en plaidant pour la mise en place d’un examen périodique qui servirait de base aux décisions ultérieures.
M. HJÁLMAR HANNESSON (Islande) s’est réjoui de l’initiative de faire des changements climatiques le thème du débat général de l’Assemblée générale et de l’organisation par le Secrétaire général du Débat de haut niveau qui, selon lui, a joué un grand rôle dans la consolidation du consensus global sur la nécessité d’agir. Le Protocole de Kyoto fournit, selon le représentant, les bases pour la poursuite d’une action efficace visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour lui, la rencontre de Bali devrait décider du démarrage du processus conduisant à un accord global pour l’après 2012. Le réchauffement climatique est en train de dévaster des millions de vies et la manière dont cette question sera traitée sera un test de notre engagement aux valeurs des Nations Unies, a prévenu le représentant. L’adaptation aux changements climatiques devrait donc être abordée comme une partie intégrante de nos efforts visant à réaliser les OMD.
À ce sujet, le représentant a réitéré l’engagement de son ministre des affaires étrangères, avant d’annoncer que l’Islande, qui vient de doubler son aide publique au développement au cours des quatre dernières années, entend figurer parmi les plus grands donateurs. L’Islande, a encore dit le représentant, appuie le suivi du rapport du Groupe de haut niveau sur la cohérence au niveau du système qui devrait rendre les Nations Unies plus efficaces dans leur action sur le terrain. Le représentant a aussi souhaité la création au sein du Secrétariat d’un nouveau groupe sur la parité entre les sexes et d’un nouveau poste de Secrétaire général adjoint pour renforcer la performance de l’ONU en la matière.
L’Islande, a poursuivi le représentant, appuie fermement le renforcement du rôle des Nations Unies dans la prévention des conflits. Mon pays continuera aussi à contribuer au Fonds de consolidation de la paix, a-t-il ajouté, avant de saluer la Stratégie antiterroriste mondiale, d’appeler à des progrès dans le domaine du désarmement et de se féliciter, une nouvelle fois, de la création du Conseil des droits de l’homme.
M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que son gouvernement avait l’intention de continuer de mettre en œuvre la Stratégie de prévention des conflits. Il s’est déclaré en accord avec les conclusions du Secrétaire général, qui souhaite utiliser au mieux les ressources du système multilatéral en vue de prévenir les conflits. Le Gouvernement russe a d’ailleurs l’intention de promouvoir le concept de « responsabilité de protéger », rappelant que le Sommet de 2005 avait demandé de poursuivre l’examen de cette question importante sur la base des dispositions de la Charte des Nations Unies et des principes du droit international. Le représentant russe a prôné une approche équilibrée en ce domaine, qui tienne compte des intérêts de la communauté internationale et du droit humanitaire. Ces efforts doivent se faire dans le respect de la souveraineté des États et du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures du pays, a-t-il prévenu.
Par ailleurs, dans le rapport du Secrétaire général, l’accent a été mis à juste titre sur les efforts de mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et des mécanismes visant à l’appuyer. Le représentant a cependant regretté que les travaux, pourtant pertinents, du Conseil de sécurité se trouvent en dehors du cadre de ce rapport. Saluant ensuite les travaux du Conseil des droits de l’homme, il a regretté que l’on ne parle pas suffisamment du rôle de l’Assemblée générale en matière des droits de l’homme. La délégation a fait également observer que les recommandations du Groupe sur la cohérence à l’échelle du système n’avaient pas encore fait l’objet d’un examen intergouvernemental. La Fédération de Russie a en outre indiqué qu’il fallait accorder toute l’importance requise à la protection du personnel humanitaire déployé sur le terrain, en veillant cependant à ne pas politiser cette question. Il faut enfin continuer d’accroître le rôle d’un Secrétariat réformé, notamment en responsabilisant les fonctionnaires à tous les niveaux, a-t-il conclu.
M. SERGEI RACHKOV (Bélarus) a déclaré partager les conclusions du Secrétaire général relatives à la nécessité de concentrer les ressources et les efforts de la communauté internationale afin de réaliser les OMD, en particulier en Afrique subsaharienne. Il a également appelé la communauté internationale à soutenir les pays en développement et en transition pour régler leurs problèmes énergétiques, en mettant notamment en place des mesures pratiques pour le transfert et la distribution des technologies fondées sur les sources d’énergie alternatives et renouvelables, essentielles, selon M. Rachkov, à la réalisation des OMD. Avec l’impasse dans le domaine du désarmement, nous sommes entrés dans une phase dangereuse, a-t-il affirmé, tout en déplorant que le Traité de non-prolifération des armes nucléairessoit devenu une source de conflits entre pays développés et en développement, et entre les États nucléaires et non nucléaires.
En ce qui concerne les droits de l’homme, le représentant a appelé le Secrétaire général à se concentrer dans son prochain rapport sur la question de la traite des êtres humains, en soulignant la nécessité d’un partenariat mondial pour lutter contre ce fléau. Il a finalement appelé à la mise en œuvre de mesures visant à un rééquilibrage des responsabilités entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, afin que l’Assemblée puisse prendre des décisions sur des questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré que les États Membres et les peuples du monde entier demandaient plus que jamais à l’ONU de s’acquitter de son mandat. Face aux évolutions constantes de notre époque, la communauté internationale a pleinement reconnu la nécessité de rechercher des solutions multilatérales, comme en ont témoigné les déclarations faites lors du débat général de l’Assemblée. Il a ensuite affirmé que les Objectifs du Millénaire pour le développement étaient de ceux qui devaient être poursuivis universellement. Pour les atteindre, des défis extraordinaires restent à relever, en particulier en Afrique, a-t-il cependant prévenu. Évoquant le phénomène des changements climatiques, il a rappelé qu’il s’agissait autant d’une question environnementale que de développement.
Des solutions ne pourront être trouvées qu’au travers d’une action conjointe de toutes les parties prenantes. Dans ce contexte, il est dans l’intérêt de la communauté internationale de veiller à assurer les transferts de technologies vers les pays qui en ont le plus besoin pour leur permettre de prendre des mesures d’atténuation et d’adaptation appropriées. S’agissant des efforts de paix et de sécurité, le représentant s’est félicité des efforts de réforme déjà entrepris dans le secteur de la sécurité. Mais les actions des Casques bleus dépendront à l’avenir du soutien et de la planification que leur fournira le Département d’appui aux missions, a fait observer le représentant.
Par ailleurs, il a appelé à la mise en œuvre rapide de la Stratégie antiterroriste mondiale afin de développer une réelle capacité d’action dans ce domaine. Préoccupé par la situation au Moyen-Orient, il a souhaité que les responsables israéliens et palestiniens se tendent la main dans l’espoir de parvenir à une solution pacifique négociée du conflit. S’agissant de la question de la prolifération, le représentant chinois a reconnu le droit légitime de tout État à poursuivre des activités nucléaires à des fins civiles, à condition qu’elles soient conformes aux exigences de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Au sujet de la réforme de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, il a émis l’espoir qu’une fois renforcés, ces deux organes amélioreront leur coordination et seront plus représentatifs du monde en développement. En ce qui concerne enfin les travaux du Conseil des droits de l’homme, il a rappelé que ce n’est qu’en travaillant dans un esprit d’impartialité, de neutralité et de non-sélectivité que ses membres pourront mener à bien son mandat.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a partagé l’opinion du Secrétaire général selon laquelle il est grand temps de réduire l’écart entre aspiration et réalisation, tout en rappelant l’engagement de son pays au service des OMD et sa volonté de faire partie des 50 économies mondiales les plus compétitives dans les 10 prochaines années. Elle a appelé la communauté internationale à plus de coopération afin de combattre le VIH/sida et ses effets dévastateurs sur la sécurité et le développement économique. En matière de changements climatiques, elle a rappelé que son pays prend des mesures concrètes pour faire face aux problèmes environnementaux aux niveaux national et régional. Les opérations de maintien de la paix sous les auspices des Nations Unies, a-t-elle poursuivi, restent le moyen le plus efficace pour prévenir et régler les crises ainsi que pour assurer la stabilité globale et régionale. La représentante a rappelé les initiatives de son pays en matière de diplomatie préventive en Asie et a salué la création d’un centre des Nations Unies au Turkménistan.
Elle a également réaffirmé le soutien de son pays aux mesures renforcées dans les domaines de la sécurité et de la coopération internationale en vue de lutter contre le terrorisme, tout en soulignant l’importance que son pays attache à la coopération régionale et sous-régionale. Tout comme le Secrétaire général, le Kazakhstan espère que la Conférence sur le désarmement permettra de régler au niveau multilatéral les anciens désaccords, a-t-elle espérant, en exprimant son soutien à l’initiative de la Fédération de Russie et de la Chine visant à élaborer un instrument juridique pour la prévention de la course aux armements dans l’espace.
En ce qui concerne les affaires humanitaires, elle a souligné l’importance d’une coopération et d’une coordination accrues entre les organes des Nations Unies, les autres organisations internationales et les gouvernements afin de répondre aux catastrophes naturelles et de prévenir leurs conséquences. Elle a salué à cet effet la mise en place dans son pays d’un Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies. Elle a affirmé le soutien de son pays à l’élargissement du Conseil de sécurité et à sa réforme afin de le rendre plus représentatif et transparent, tout en rappelant l’engagement du Kazakhstan au service de la culture de paix et du dialogue interreligieux.
M. KIM HYUN CHONG (République de Corée) a estimé que la mondialisation a créé un réseau complexe d’interconnexions entre les peuples qui présentent à la fois des risques et des opportunités. L’ONU, a-t-il dit, peut faire plus et doit faire mieux. Elle doit devenir plus efficace, en s’adaptant aux circonstances changeantes de notre temps. La République de Corée a toujours été l’avocat de la réforme du système des Nations Unies, qui doit être vue comme un processus continu, a dit le représentant, en appuyant fermement les initiatives du Secrétaire général pour promouvoir l’efficacité et la reddition des comptes au sein du Secrétariat. Sa manière de diriger par l’exemple est particulièrement appréciée, a dit le représentant. S’agissant de la paix et de la sécurité, il a partagé le point de vue du Secrétaire général sur l’importance de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix. De ce point de vue, il a estimé que la création de la Commission de consolidation de la paix est une mesure essentielle du processus de réforme de l’ONU et un exemple à suivre pour une meilleure intégration du travail des Nations Unies. Le terrorisme, a-t-il poursuivi, est un autre exemple de défis qui requiert une réponse coordonnée. La prolifération d’armes de destruction massive et particulièrement les armes nucléaires est aussi un défi qui ne peut rester sans réponse.
Le représentant s’est félicité des résultats des Pourparlers à Six, avant de saluer les progrès significatifs dans les relations intercoréennes. Le sommet historique tenu, la semaine dernière à Pyongyang, entre les deux Présidents s’est achevé par la déclaration du 4 octobre. Ce document jette les bases d’une plus grande coopération intercoréenne, de la paix et de la sécurité dans la péninsule coréenne et dans le nord-est de l’Asie. Les deux Présidents ont aussi convenu de discussions futures pour atténuer les tensions et établir la confiance mutuelle, a encore dit le représentant. La question du développement demeure un point très important de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, a-t-il poursuivi, avant d’exprimer l’engagement de son pays à tripler son aide publique au développement d’ici 2015. La République de Corée s’est aussi jointe à l’initiative sur la taxe sur les billets d’avion, a-t-il annoncé. Il a également abordé la question des changements climatiques et a espéré que la volonté politique dont ont fait preuve les dirigeants lors du Dialogue de haut niveau conduira à l’adoption d’une feuille de route pour l’après 2012. Il a conclu sur la question de la réforme du Conseil de sécurité, en estimant que compte tenu de son impact considérable sur l’ONU, cette réforme doit être agréée par une majorité des deux tiers.
M. LUIS ENRIQUE CHAVEZ BASAGOITA (Pérou) a réaffirmé la conviction de son gouvernement en un multilatéralisme renouvelé. Nous appuyons sans réserve la continuité des objectifs des Nations Unies et l’adaptation de ses mécanismes et de ses moyens d’action dans un esprit de réforme. Le représentant a estimé qu’il existait trois domaines de réforme prioritaires: la cohérence du système, la réforme du Secrétariat et celle du Conseil de sécurité. Il a ensuite regretté que l’objectif d’une aide publique au développement de 0,7% du PIB n’ait été malheureusement atteint que par un tout petit nombre de pays développés, alors que la réalisation des OMD en dépend. Or le développement et la stabilité de tous sont menacés par les changements climatiques, a prévenu la délégation péruvienne. Les Nations Unies doivent donc renforcer les capacités nationales, régionales et internationales en vue de faire face aux menaces posées par ce phénomène.
Par ailleurs, la réalité internationale nous met face à de nombreux défis en matière de respect des droits de l’homme, auxquels doit s’efforcer de répondre le tout nouveau Conseil des droits de l’homme. La multiplication du nombre de missions de maintien de la paix multidimensionnelles a quant à elle exigé une adaptation de la part du Département concerné, auquel a été adjoint un Département d’appui logistique. Convaincu de l’utilité de la Commission de consolidation de la paix, le représentant a déclaré qu’il fallait qu’elle s’emploie à renforcer la coordination des efforts nationaux et internationaux pour assurer le relèvement des pays au lendemain d’un conflit. Il faut également hâter la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et progresser vers la Convention générale sur le terrorisme international. Le Pérou a en conclusion appelé les Nations Unies à avancer vers un format plus inclusif et plus représentatif du monde dans lequel nous vivons.
M. RODRIGO MALMIERCA DÍAZ (Cuba) s’est réjoui de la décision du Secrétaire général de faire des OMD une des priorités de son mandat. Il a toutefois regretté que ces objectifs soient loin d’être atteints, en dépit des décisions adoptées lors des principales conférences tenues il y a une décennie. Ainsi, a-t-il rappelé, la pauvreté n’a pas diminué et les inégalités se creusent, à la fois parmi les pays et en leur sein. Si cette tendance se poursuit, a-t-il avancé, l’objectif de réduire de moitié la faim dans le monde d’ici à 2015, ne se réalisera qu’en 2150, et quand bien même, il restera toujours 400 millions d’individus affamés sur la planète. Il a par ailleurs déclaré que l’annulation de la dette permettra de consacrer 400 milliards de dollars au développement, auxquels s’ajouteraient 300 milliards si les subventions agricoles des pays développés étaient supprimées. Si l’aide au développement passait de 0,3 à 0,7% du PIB, a-t-il poursuivi, cela représenterait 141 milliards de plus et avec 10% des milliers de milliards consacrés aujourd’hui aux dépenses militaires, les OMD seraient atteints. Le représentant a en effet rappelé que d’après les estimations une somme annuelle de 150 milliards de dollars suffirait.
L’intervenant a également affirmé que le système économique international actuel est insoutenable, avant de souligner que 60% des écosystèmes mondiaux sont en train d’être dégradés ou utilisés d’une manière non durable. Il a critiqué les pertes consuméristes dans les pays développés, qui compromettent la survie de la race humaine et qui sont responsables de 76% des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, M. Malmierca a exprimé son soutien au processus de réformes des Nations Unies. Il a ainsi plaidé en faveur du renforcement du rôle de leader de l’Assemblée générale, laquelle, selon lui, constitue le seul organe des Nations Unies où il n’y a pas de place pour l’hégémonie, où chacun a une voix et où le droit de veto n’existe pas. Il a également soutenu la réforme du Conseil de sécurité qui ne représente pas la réalité d’aujourd’hui. Le représentant a enfin plaidé pour plus de cohérence au sein du système de l’ONU et a notamment jugé essentiel que les vues et priorités de développement des pays en développement prévalent. Il a conclu en souhaitant que le nouveau Conseil des droits de l’homme incarne dans ses pratiques les principes d’universalité mais aussi d’indivisibilité et d’interdépendance des droits.
M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a appelé le Secrétaire général à faire une priorité de la réalisation des OMD, en particulier en Afrique, tout en exprimant l’espoir que les promesses faites à ce sujet ne se limiteront pas à des mots d’ordre à la mode. Il vaut mieux ne pas faire de promesses, si l’on n’est pas capable de les tenir, a-t-il déclaré, avant de faire mention des efforts de son pays en matière, en indiquant, par exemple, que son pays offre désormais l’éducation primaire pour tous et espère en faire autant au niveau secondaire. La pauvreté a été réduite à 38% et la couverture en eau potable atteint les 70% dans les zones urbaines, a-t-il précisé, en ajoutant que malgré la nécessité d’une assistance renforcée, son pays a joué un rôle de première importance dans la lutte contre le VIH/sida. En ce qui concerne les besoins spéciaux de l’Afrique, nous devrions nous concentrer sur l’élimination de la pauvreté, a-t-il poursuivi, tout en rappelant les difficultés liées à l’accès à l’eau et au bois de chauffe que rencontrent les femmes africaines. Les gens, a-t-il fait observer, parcourent de longue distance à pied pour se rendre dans des centres médicaux, alors que l’électrification dans le monde rural reste un rêve. À ce titre, a déclaré M. Butagira, il est grand temps de passer de la rhétorique et des lamentations à l’action.
S’agissant du Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique, il a regretté son mandat limité à la gestion des relations avec le NEPAD. Les besoins spéciaux de l’Afrique requièrent une approche institutionnelle adéquate afin de mettre fin au statu quo, a-t-il insisté, en demandant au Secrétaire général de réfléchir à la question, en concertation avec toutes les parties intéressées.
Quant aux opérations de maintien de la paix en Afrique, a-t-il poursuivi, j’ai eu l’occasion de dire au Conseil de sécurité de dépasser son approche traditionnelle consistant à ne pas déployer de soldats de la paix où il n’y a pas de paix à maintenir. Le représentant a finalement déclaré que son pays considère les changements climatiques comme un problème environnemental aussi bien que de développement, observant que son pays pense introduire les questions climatiques dans ses stratégies de réduction de la pauvreté.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a déclaré qu’en matière de changements climatiques, les Nations Unies sont très bien placées pour trouver un accord international acceptable pour toutes les parties, tout en rappelant les propositions de son pays de développer des technologies innovantes et de construire une société à faible teneur en carbone. Le développement de l’Afrique constitue l’une des priorités du Japon, a-t-il poursuivi, en ajoutant qu’il est nécessaire de prévenir et de résoudre les conflits en Afrique, de même que de soutenir et d’encourager sa croissance économique, pour lui permettre de devenir une terre d’espoir et d’opportunités. La sécurité humaine, a-t-il ajouté, doit être garantie par la réalisation des OMD et la consolidation de la paix et de la gouvernance démocratique. Après avoir salué la coopération Sud-Sud entre l’Asie et l’Afrique, le représentant s’est attardé sur la crise au Darfour pour dire qu’elle nécessite l’attention spéciale de la communauté internationale. Il a recommandé un fort engagement personnel de la part du Secrétaire général et s’est félicité de la création de l’opération hybride.
Le Japon, a-t-il poursuivi, attache une importance primordiale à la sécurité humaine, qui constitue l’un des piliers de sa politique étrangère, qu’il voudrait voir figurer dans les divers domaines d’activités de l’Organisation. Il a jugé regrettable que les autorités du Myanmar aient utilisé la force contre des manifestants pacifiques occasionnant ainsi des dégâts y compris la mort d’un citoyen japonais, a-t-il déclaré. Le Japon, a-t-il poursuivi, espère que le Myanmar s’engagera dans la voie du dialogue national sans conditions préalables afin de parvenir à la résolution pacifique de la situation, à la réconciliation nationale et à la démocratisation. À ce titre, le représentant a salué les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général et des autres organisations telles que l’ANASE.
La prolifération des armes de destruction massive nécessite également l’attention indivisible de l’humanité, de même que le désarmement nucléaire, a-t-il continué. Il a rappelé qu’en tant que seul pays ayant souffert des conséquences des armes nucléaires, le Japon va prochainement soumettre un projet de résolution sur l’élimination totale des armes nucléaires. Il a également déclaré que le Japon soutient la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et a appelé les États à faire preuve de plus de souplesse afin de renforcer son cadre juridique. Pour que le Conseil de sécurité soit plus représentatif et efficace, a-t-il observé, il faut procéder à sa réforme en élargissant le nombre des membres permanents et non permanents. Aucune réforme ne sera possible sans celle du Conseil, a insisté le représentant.
M. NIRUPAM SEN (Inde) s’est d’emblée demandé ce que l’ONU doit faire pour contribuer à la mise en œuvre des OMD lors qu’une vache européenne reçoit une subvention de deux dollars par jour et que le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour n’a pas substantiellement diminué. Il a donc regretté que le rapport du Secrétaire général ne dise pas d’une manière claire comment les pays développés ont respecté leurs engagements, en particulier en ce qui concerne les changements climatiques. D’où viendra l’argent pour l’adaptation aux changements climatiques, s’est-il aussi demandé? en regrettant que les donateurs mettent davantage l’accent sur l’annulation de la dette plutôt que sur l’augmentation de l’Aide publique au développement. Au titre des mesures qu’il a préconisées, le représentant a souhaité un examen périodique des institutions de Bretton Woods, tout en appelant l’ONU à jouer un rôle clef dans la mise en place d’un système financier plus crédible. Le représentant a aussi réclamé des progrès dans les négociations du Cycle de Doha.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) s’est félicité des progrès effectués dans plusieurs domaines et spécialement dans celui de la lutte contre la pauvreté. Il a toutefois ajouté que de nombreux pays n’étaient pas sur la voie d’atteindre un seul OMD. Il a rappelé que les progrès dans la réalisation de ces OMD ne constituaient une priorité nationale que lorsque les efforts sont menés et gérés au niveau local, mettant ainsi en exergue le facteur clef que constitue la souveraineté nationale dans le succès des activités de développement. Il s’est dans ce contexte félicité de la priorité donnée par les Nations Unies au renforcement des capacités nationales. Il a indiqué que le Viet Nam soutenait les conclusions du Secrétaire Général concernant le renforcement des opérations de maintien de la paix, mais aussi la mise en application de la Stratégie antiterroriste mondiale. Il a par ailleurs loué et réaffirmé son soutien aux mesures prises dernièrement par le Secrétaire général pour améliorer la gestion de l’Organisation dans le domaine des opérations de maintien de la paix et du désarmement.
En outre, M. Minh s’est réjoui de l’adoption cette année des réformes du Conseil des droits de l’homme et de sa « dépolitisation ». Il a déclaré à cet effet que son pays continuera de se joindre aux efforts des États Membres pour promouvoir et protéger les droits de l’homme en vertu des principes d’objectivité, de non-sélectivité et de respect de la souveraineté nationale. Il a également tenu à rappeler que, d’après les conclusions du Secrétaire général, 85% des catastrophes naturelles enregistrées dans le monde sont liées aux changements climatiques. Le représentant s’est réjoui de l’engagement de l’ONU et de ses partenaires humanitaires à appuyer les gouvernements exposés à ces défis. Il a, pour finir, soutenu le processus de réformes des Nations Unies et a jugé que ce renforcement de l’Organisation, symbolisé notamment par une Assemblée générale dotée de plus d’autorité et d’un Conseil économique et social plus efficace, était crucial. Il a conclu en appuyant la décision du Secrétaire général d’envoyer un Envoyé spécial au Myanmar pour favoriser la réconciliation nationale par le dialogue.
M. ROBERT HILL (Australie) a déclaré que la diplomatie multilatérale jouait un rôle de plus en plus important à l’heure de la mondialisation. L’ONU doit devenir plus efficace et prendre en main les responsabilités qui sont les siennes, a-t-il estimé, ajoutant que les États Membres devraient consentir un effort colossal pour financer les besoins dans le domaine des opérations de maintien de la paix alors que leur coût ne s’élève pourtant qu’à 0,5% des dépenses militaires annuelles dans le monde. Les États Membres doivent s’acquitter de leurs contributions mais ils n’auront d’autre choix que d’établir des priorités, car malheureusement, compte tenu des ressources disponibles, tous les domaines d’intervention ne pourront pas bénéficier de l’aide souhaitable. Le représentant a ainsi félicité le Secrétaire général d’avoir mis l’accent sur les questions les plus urgentes, tout en exprimant sa volonté de passer « des aspirations aux réalisations ». Il a plaidé pour le respect des principes de bonne gouvernance, qui constitue selon lui un préalable indispensable à toute autre action, comme l’a également rappelé M. Ban, pour qui la gouvernance démocratique conditionne durablement une stabilité durable. L’Australie a en conclusion rappelé l’acceptation du principe selon lequel la souveraineté d’un État va de pair avec la responsabilité et notamment celle de protéger ses populations civiles.
M. AUGUSTINE MAHIGA, (République-Unie de Tanzanie), a regretté que l’Afrique subsaharienne enregistre des retards dans la réalisation des OMD, en soulignant toutefois que certains pays ont été capables d’accomplir quelques uns de ces objectifs avec la bonne combinaison de ressources, de leadership et de stratégies. Il s’est réjoui de l’initiative du Secrétaire général de lancer le Groupe de pilotage pour la réalisation des OMD en Afrique en vue de mobiliser plus de ressources. Il s’est aussi félicité de l’organisation, l’année prochaine, d’une session spéciale de l’Assemblée générale pour catalyser les engagements mondiaux en vue de la réalisation dans les temps desdits OMD. Il a par ailleurs indiqué que la réalisation des promesses des pays développés consistant à attribuer 0,7% de leur PIB sera trop lointaine pour avoir un impact. En outre, M. Mahiga a mis en lumière le besoin d’améliorer les capacités de certains pays africains luttant pour appliquer ces Objectifs afin de leur permettre de développer leurs stratégies nationales respectives. À cet égard, il a exhorté les Nations Unies à augmenter les ressources allouées au développement. Il a également rappelé qu’il ne fallait pas exclure les autres aspects essentiels tels que l’investissement dans les infrastructures physiques et autres investissements productifs pour soutenir et permettre à l’investissement public de réaliser ces OMD.
L’intervenant a également plaidé en faveur d’un nouvel accord mondial post-Kyoto et a rappelé que certains pays souffrent des effets des changements climatiques, lesquels, a-t-il indiqué, ont généré de fréquentes sécheresses et créé des pénuries alimentaires. Il a insisté sur le besoin de renforcer les capacités nationales pour faire face à ces catastrophes naturelles. M. Mahiga a en outre milité pour des programmes d’aide coordonnée des Nations Unies. Il s’est réjoui du renforcement du Bureau et du profil du Conseiller spécial pour l’Afrique, dans une forme qui lui permettra d’évaluer plus efficacement les besoins spéciaux requis pour l’Afrique. Enfin, il a loué et soutenu les mesures prises par le Secrétaire général et le Conseil de sécurité dans le domaine de la prévention des conflits et du maintien de la paix en Afrique avec les nouvelles initiatives au Tchad, en République centrafricaine, ainsi que celle qui a trait à la revitalisation du processus de paix au Darfour. Il a conclu en encourageant le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, telles que la force hybride ONU-Union africaine.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a estimé que le rapport du Secrétaire général fait naître plus d’inquiétudes que d’optimisme. Il a dénoncé le manque de progrès dans la réalisation des OMD, la persistance de la famine, la coexistence d’une situation alarmante avec une économie en constante croissance et les doutes quant à la réalisation des OMD. S’attardant longuement sur les questions des changements climatiques, il a souligné que le succès de la future Conférence Bali exige que l’on reconnaisse que les pays les plus pauvres, qui n’ont pas la capacité de s’adapter, doivent assumer une responsabilité moindre dans l’atténuation de l’impact de ce phénomène. Il a souhaité que les initiatives régionales et nationales ne viennent pas concurrencer les négociations menées dans le cadre de la Convention de l’ONU. Un accord post-2012 doit partir de l’architecture du Protocole de Kyoto, a-t-il voulu. Il a plaidé pour une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, l’élargissement des mécanismes facilitant les contributions des pays en développement et des dispositions spéciales pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. Nous savons, a-t-il dit, que les changements climatiques ont non seulement un impact sur l’environnement mais aussi sur l’économie mondiale. Le représentant a donc insisté sur le principe de responsabilités différenciées pour que les pays en développement puissent maintenir leurs capacités à se développer durablement.
Il a ensuite loué les efforts des Nations Unies visant à accroître l’effectivité et l’efficacité des opérations de maintien de la paix. Le Département de maintien de la paix doit être renforcé et doté de ressources humaines adaptées, en tenant compte du principe de la répartition géographique. Les Nations Unies devraient assurer une formation requise au personnel de maintien de la paix pour répondre aux besoins spécifiques et à la nature changeante des opérations. Le futur déploiement d’une opération hybride au Soudan ouvre, selon lui, une nouvelle dimension de la coopération entre les organisations régionales et les Nations Unies. Le représentant a aussi appelé à la revitalisation de l’agenda international du désarmement et souligné la nécessité de renforcer la capacité de réponse des Nations Unies aux crises humanitaires. Il a enfin encouragé les efforts du Secrétaire général pour renforcer un système de responsabilité, de transparence et d’efficacité de l’Organisation.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a soutenu la mise en œuvre du processus de réforme et de réorganisation des Nations Unies. Il a, à cet effet, plaidé pour que l’Afrique ait deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité. Sur le plan du développement, il a critiqué le manque d’implication des nations développées qui continuent de refuser de respecter leurs engagements, notamment en matière d’Aide publique au développement. Il a par ailleurs souligné qu’il était difficile pour la majorité des pays en développement, et notamment en Afrique, d’atteindre les OMD, le Consensus de Monterrey n’ayant jamais été appliqué. Le représentant a en outre salué l’initiative du Secrétaire général de faire de la lutte contre les changements climatiques l’une des priorités de son mandat. Il a affirmé que les efforts des Nations Unies doivent en premier lieu se focaliser sur la mise en œuvre des programmes, déclarations et accords relatifs à la lutte contre le réchauffement climatique, la pauvreté et le sous-développement. Le représentant a insisté, dans ce contexte, sur les engagements en matière de développement durable, d’aide publique au développement, d’allègement de la dette et de l’ouverture des marchés. Il s’est enfin réjoui de l’adoption, le 2 juin 2006, de la déclaration politique à la réunion de haut niveau sur le sida dont le but est de fournir un accès universel aux programmes de prévention du VIH/sida, aux traitements, soins et soutiens d’ici 2010. L’Afrique du Sud, a-t-il rappelé, a adopté un plan stratégique pour la période 2007-2010. Le représentant a conclu en se félicitant des efforts de l’ONU au Darfour et dans les autres zones de conflit en Afrique.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a déclaré qu’il fallait faire en sorte que l’ONU devienne plus efficace pour lui permettre de faire face aux défis qui l’attendent aujourd’hui. Comment pouvons-nous prétendre faire la paix dans le monde si nous ne réglons pas les graves problèmes alimentaires qui se posent dans différentes régions? Comment pouvons-nous demander au Secrétariat de s’acquitter de son mandat si nous ne cessons de microgérer celui-ci par l’entremise de la Cinquième Commission? s’est–il demandé. Nous devons donc élargir le Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et donner au Secrétaire général les moyens de s’acquitter de son mandat, a ajouté le représentant en conclusion.
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