LES SITUATIONS DANS LES RÉGIONS DES BALKANS ET DES GRANDS LACS AFRICAINS S’INVITENT AU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE
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Assemblée générale
Soixante-deuxième session
8e & 9e séances plénières
Matin et après-midi
LES SITUATIONS DANS LES RÉGIONS DES BALKANS ET DES GRANDS LACS AFRICAINS S’INVITENT AU DÉBAT GÉNÉRAL DE L’ASSEMBLÉE
Les situations de conflits, larvés ou déclarés, ont été longuement évoquées par les chefs d’État ou de Gouvernement présents à la troisième journée du débat général de l’Assemblée générale. Le hasard a voulu que sur la liste des orateurs figurent les Présidents de la Serbie, du Rwanda, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Burundi.
Le Président de la Serbie a rappelé que la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale se déroule au moment crucial où se poursuivent les négociations visant à déterminer le statut final du Kosovo. Boris Tadić a réaffirmé que l’indépendance de cette province, telle que prévue par le plan de l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, est « inacceptable », avant de rappeler que son gouvernement a offert des droits spéciaux aux Albanais du Kosovo pour un développement autonome de leur communauté au sein de la République serbe.
Cette proposition, a-t-il estimé, permettra de résoudre définitivement un conflit interethnique ancien et d’ouvrir des perspectives de réconciliation et de coexistence au sein d’une Serbie moderne, démocratique et européenne. Le Premier Ministre de l’Albanie n’a pas vu les choses de la même manière. Sali Berisha a, au contraire, jugé que Belgrade, soutenue dans sa démarche par la Fédération de Russie, est « irréaliste » et hantée par le spectre de la « Grande Serbie ».
Rejetant « les menaces de violences brandies par l’Albanie », le Président serbe a prévenu des « conséquences regrettables » que toute tentative de porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État souverain pourrait entraîner. Le Président faisait allusion à l’annonce faite par les institutions provisoires du Kosovo de déclarer unilatéralement l’indépendance, le 11 décembre prochain. L’échange entre les deux Présidents s’est terminé par des droits de réponse.
Les très vives tensions dans la Région des Grands Lacs ont été évoquées par deux pays de la région. « Nous devons, par tous les moyens, avec détermination et un sens élevé de l’urgence, résoudre les problèmes résiduels d’insécurité au Nord-Kivu », a déclaré le Président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila.
« Rien ne peut raisonnablement justifier que des populations congolaises continuent à faire l’objet de violences et exactions en tous genres, de la part des groupes armés nationaux et étrangers », a martelé le Président congolais alors que son homologue du Rwanda, Paul Kagamé, en a appelé « une fois encore » au Gouvernement de Kinshasa et à la communauté internationale pour éradiquer les « forces négatives », dont les activités retardent le moment de se concentrer sur les questions de croissance économique et de développement.
Tandis qu’au Burundi, pays engagé dans la consolidation d’une paix fragile, le monde craint la suite des évènements après l’abandon par les Forces de libération du Rwanda (FNL) des pourparlers sur les modalités d’application de l’Accord global de cessez-le-feu de 2006, le Vice-président burundais s’est voulu rassurant. Martin Nduwimana a en effet estimé qu’il ne s’agit que d’une difficulté de parcours « sans conséquences réelles sur le processus de paix ».
Les commentaires sur les situations de tension ne se sont pas arrêtés là. Le Président des Comores a exhorté les Nations Unies à se saisir de la question de Mayotte, Collectivité d’outre-mer de la France, dont son pays revendique la souveraineté. Ahmed Abdallah Sambi a appelé à la recherche d’un modus vivendi qui tienne compte de tous les aspects du dossier. Il a souhaité que l’ONU œuvre au rapprochement des deux parties, en vue d’aboutir à une résolution rapide de ce problème.
La situation au Myanmar, où les troupes gouvernementales ont tiré sur des manifestants, a été évoquée par le Premier Ministre de la Thaïlande. Surayud Chulanont a « demandé instamment » au Gouvernement du Myanmar de renoncer à la force et de reprendre les efforts de réconciliation nationale avec toutes les parties concernées pour ouvrir la voie à une transition démocratique pacifique. Le Premier Ministre thaïlandais a également demandé au Gouvernement du Myanmar de coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général.
Avec les interventions de la Micronésie, de Nauru, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Palaos, la question des changements climatiques, qui avait fait l’objet d’une Réunion de haut niveau, le 24 septembre dernier, est revenue sur la table de l’Assemblée générale. Le Président micronésien, Emanuel Mori a rappelé que bien avant que cette question ne soit à la mode, son pays dénonçait déjà ce qui est finalement perçu aujourd’hui comme une urgence mondiale. Pendant des années, a-t-il insisté, la Micronésie a essayé de convaincre la communauté internationale que l’existence même des petits États insulaires en développement était menacée par les changements climatiques, une menace qui, lors de la signature de la Convention-cadre, il y a 15 ans, était qualifiée d’hypothétique voire relevant plus de l’imaginaire que de la réalité.
Ont également pris la parole aujourd’hui les chefs d’État et de gouvernement des pays suivants: Croatie, Colombie, République-Unie de Tanzanie, République dominicaine, Timor-Leste, Guinée équatoriale, Guatemala, Cameroun, Pays-Bas, Guinée-Bissau, Slovénie, Bangladesh, Andorre, Viet Nam, Guinée, Libéria, Gambie, Palau, Royaume-Uni. Le Ministre des affaires étrangères du Koweït s’est aussi exprimé au débat ainsi que les représentants du Togo et du Royaume-Uni.
L’Assemblée générale reprendra son débat général demain, vendredi 28 septembre, à 9 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-DEUXIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Déclarations
M. PAUL KAGAME, Président de la République du Rwanda, a jugé vital que l’ONU continue d’entreprendre des réformes de fond pour rendre l’Organisation plus adaptable et efficace. L’ONU n’est pas « configurée de manière optimale », a-t-il dit, en citant le Secrétaire général Ban Ki-moon. Il a estimé que la réforme concernant la mise en place du principe « un programme, un cadre budgétaire et un bureau » au niveau de chaque pays était un bon début pour rendre l’Organisation plus « réactive ». Toutefois, nous attendons, a-t-il dit, la réforme du Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif et plus transparent. Cela permettrait à l’ONU d’avoir une plus grande légitimité et la capacité de maintenir la paix et la sécurité.
M. Kagame a ensuite évoqué un certain nombre de défis pressants auxquels la communauté internationale fait face. Il a rappelé que les forces à l’origine du génocide de 1994 au Rwanda poursuivaient leurs activités destructrices. Leurs leaders sont actifs en Europe, en Amérique et en Afrique. Viols, meurtres, terreur, pillage se poursuivent en toute impunité dans la région, a-t-il affirmé, malgré le déploiement « coûteux » des Casques bleus au Congo voisin. Ces bandes criminelles constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales, a souligné le Chef de l’État rwandais, qui a appelé « une fois encore » la communauté internationale, en collaboration avec le Gouvernement de Kinshasa, à aider à éradiquer ces « forces négatives », afin que l’on puisse enfin « se concentrer sur la croissance économique et le développement ». Évoquant ensuite le Darfour, il s’est félicité de la décision du Conseil de sécurité d’autoriser la mise sur pied de la Force hybride ONU-Union africaine et a prôné son déploiement rapide. Il a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts pour la paix en Somalie, estimant qu’il est crucial que des moyens adéquats soient affectés au déploiement des forces de maintien de la paix promises par les pays africains.
Le Président rwandais a ensuite abordé la question de l’économie mondiale, estimant qu’un commerce plus équitable était indispensable pour permettre un développement équilibré. Il s’est aussi félicité du fait que les changements climatiques et la dégradation de l’environnement avaient été mis au centre des débats de l’Assemblée générale. Une action collective s’impose, a-t-il dit, comme le prévoyaient les pères fondateurs de l’Organisation des Nations Unies. C’est en réalisant les idéaux contenus dans la Charte de l’ONU que nous protégerons les générations futures du fléau de la guerre, pour promouvoir le progrès social, ainsi que de meilleurs standards de vie dans une liberté plus grande.
M. STJEPAN MESIĆ, Président de la République de Croatie, a appelé l’attention sur le retard pris pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a d’autre part regretté que le problème du terrorisme international ne soit pas traité de manière efficace, souhaitant que l’on s’attaque en priorité au sous-développement et à la pauvreté qui, avec les crises régionales, sont les causes sous-jacentes de ce fléau. Nous avons pris du retard, a-t-il martelé, et le temps est compté pour agir dans ce domaine.
Le Président a pris position pour une réforme des Nations Unies et rappelé la candidature de la Croatie pour un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité. Les actions sont plus éloquentes que les mots, a-t-il expliqué, rappelant les domaines dans lesquels son pays a agi efficacement. Il a cité notamment la lutte des Croates pour l’indépendance nationale et pour une coopération pacifique avec l’ONU, la confrontation du peuple avec le passé et la vérité qu’il révèle, et l’établissement de bonnes relations avec les pays voisins. Il a aussi fait valoir la participation de la Croatie à 15 opérations de maintien de la paix qui la fait figurer au rang des plus grands fournisseurs de contingent. La candidature de la Croatie est celle d’un pays européen démocratique, qui a fait ses preuves et est engagé à l’égard des objectifs de l’ONU, a affirmé le Président.
Nous avons aussi pris du retard dans la réalisation de la réforme de l’ONU, qui est pourtant un objectif noble et inévitable, a averti le Président Mesić. Il a souligné la nécessité d’améliorer les relations internationales, sur les plans politique et économique et sur la base de l’égalité. S’il est vrai que les États les plus puissants ont une plus grande responsabilité, a-t-il ajouté, personne ne peut avoir moins de droits et personne ne peut usurper ces droits par la force. Il a cependant déploré que la force soit toujours un élément intervenant dans les relations internationales, en particulier sur le continent européen où il a constaté des signes inquiétants d’une éventuelle course à l’armement. Une telle évolution doit être arrêtée, a-t-il dit.
Le Président Mesić a également dénoncé le développement qui se fait de façon incontrôlée, guidé que par l’intérêt capitaliste, sans prendre en compte les composantes sociales. Quant à l’environnement, il a appelé à apporter une réponse rapide en agissant de façon coordonnée et responsable face aux changements climatiques. Le Président a conclu en rappelant que le temps est compté et est entre nos mains.
M. BORIS TADIĆ, Président de la République de Serbie, a déclaré que la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale se déroulait à un moment crucial pour la Serbie, alors que se poursuivent les négociations visant à déterminer le statut final du Kosovo. Réaffirmant que l’indépendance de cette province était inacceptable aux yeux de son pays, M. Tadić a rappelé que son gouvernement avait offert des droits spéciaux aux Albanais du Kosovo pour un développement autonome de leur communauté au sein de la République de Serbie. L’équipe de négociation serbe a proposé un modèle décentralisé reposant sur des solutions européennes qui protègeraient les intérêts des Albanais kosovars, comme ceux, menacés, des communautés serbes et non albanaises de la province, a poursuivi le Président. Selon lui, les propositions de son gouvernement permettraient de résoudre définitivement un conflit interethnique ancien et ouvriraient des perspectives de réconciliation et de coexistence au sein d’une Serbie moderne, démocratique et européenne.
Aujourd’hui, les négociations se déroulent sous les auspices du Groupe de contact, mais le Conseil de sécurité des Nations Unies sera seul à pouvoir se prononcer sur le sort de la province et prendre une décision légitime et respectueuse du droit international, a souligné M. Tadić. Favorable à une solution de compromis, il a rejeté les menaces de violences brandies par l’autre partie aux négociations en vue de porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État souverain, prévenant des conséquences regrettables qu’une politique dangereuse comme celle-ci pourrait avoir. Il a plus particulièrement cité l’annonce des Institutions provisoires du Kosovo de déclarer unilatéralement l’indépendance le 11 décembre prochain.
Le Président Tadić a ensuite rappelé que cette année, la Serbie présidait le Comité des ministres du Conseil de l’Europe en s’efforçant de contribuer autant que possible au renforcement de la démocratie, de la protection des droits de l’homme et de l’état de droit. L’intérêt stratégique à terme de ce pays est d’intégrer l’Union européenne et de présenter sa candidature d’ici à fin 2008.
Nous poursuivons aussi le processus d’intégration des structures euroatlantiques dans le cadre du programme de partenariat pour la paix, a ajouté le Président, qui a estimé que cette voie était la seule à suivre pour parvenir à une stabilisation de la région.
Malheureusement, la question des crimes de guerre continue de peser sur les relations entre pays des Balkans, a déploré Boris Tadić, qui a réitéré l’engagement de son pays à rechercher et faire arrêter les criminels recherchés, en vue de les transférer à La Haye où siège le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Il a cependant fait état d’une amélioration de la coopération entre les nations balkaniques et d’un rétablissement progressif de la confiance mutuelle.
Évoquant ensuite le fléau du terrorisme, le Président serbe a déclaré que le seul moyen de l’éradiquer définitivement était de mettre en œuvre une approche globale et coordonnée. Il a cité comme exemple les récentes manœuvres conjointes auxquelles se sont livrées les forces armées de Serbie, de Roumanie et de Bulgarie. M. Tadić a également souligné que la complexité des relations entre les différentes cultures, civilisations et religions était une question qui méritait toute l’attention des Nations Unies. En tant que pays multiethnique, multiconfessionnel et multiculturel, la Serbie comprend totalement la nature sensible de ces questions et la nécessité de les prendre très au sérieux. Tous les États Membres de l’ONU portent donc la responsabilité de veiller à ce que la diversité de ce monde soit comprise et acceptée par tous comme une richesse plutôt que comme une source de divisions, a conclu le Président serbe.
M. ÁLVARO URIBE VÉLEZ, Président de la République de Colombie, a déclaré que son pays avait rejeté le démantèlement de l’État mais qu’il refusait parallèlement l’étatisme bridant l’initiative privée. « Nous sommes en quête d’un État plus efficace, a-t-il dit, au service de la communauté et qui ne soit pas confisqué par des factions politiques, les excès syndicaux ou les groupes d’intérêt. Nous nous engageons en faveur de l’édification d’une société guidée par l’esprit d’entreprise, en opposition aux monopoles d’État, en faveur d’une nation de productivité, de discipline et d’équité ». M. Uríbe Vélez s’est dit favorable à une initiative privée qui soit capable de faire montre de responsabilité sociale et qui rejette le capitalisme sauvage et la lutte des classes. La Colombie a augmenté selon lui de 40% l’affiliation des travailleurs à la sécurité sociale tandis que le salaire minimum croissait de 8%, une fois l’inflation prise en compte.
Évoquant la violence endémique dans son pays, le Président colombien a noté une amélioration de la situation, la lutte contre l’impunité portant ses fruits, en particulier en ce qui concerne les assassinats et enlèvements de syndicalistes. Dénonçant les « guérillas marxistes » pratiquant les enlèvements, ainsi que les milices d’extrême droite qui prennent pour cibles les représentants des travailleurs, M. Uríbe Vélez a exprimé son intention de lutter contre ces deux fléaux dans le cadre de sa politique de « sécurité démocratique », tout en garantissant le respect des libertés. Alvaro Uríbe a dit refuser de négocier avec ces factions tant qu’elles ne renoncent pas à la violence.
Nous sommes prêts à un accord humanitaire mais nous ne pouvons permettre que s’établissent des zones de non-droit qui sont en fait des camps de concentration régis par des terroristes, a-t-il ajouté. Il a rappelé qu’avaient été libérés 177 membres des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ainsi que Rodrigo Granda, dirigeant de cette organisation, à la suite d’une demande en ce sens du Président français, Nicolas Sarkozy. La réponse des terroristes a été d’assassiner 11 députés, a-t-il dénoncé. « Les possibilités ouvertes par la libération de nos otages, parmi lesquels une ressortissante franco-colombienne et trois citoyens des États-Unis ne constituent pas des options pour le positionnement politique du terrorisme. La Colombie ne permettra pas que le rétablissement de sa souveraineté légitime et démocratique soit frustré par l’octroi d’un espace national ou international au pouvoir criminel du terrorisme. Si les terroristes veulent faire de la politique qu’ils renoncent à leur activité sanguinaire et qu’ils se soumettent à la Constitution », a-t-il lancé. Le Président colombien a rappelé que son gouvernement avait accepté la médiation de la sénatrice de l’opposition Piedad Cordoba ainsi que l’aide du Président du Venezuela, Hugo Chavez, lequel doit rencontrer prochainement la direction des FARC. M. Uribe Vélez s’est félicité que des parlementaires américains participent à cette médiation. Il a dit encourager la tentative de M. Chavez et de Mme Cordoba « car nous sommes engagés en faveur de la libération des otages », a-t-il assuré.
M. Uríbe Vélez a constaté que l’assassinat de journalistes avait très fortement diminué. Avec le démantèlement des paramilitaires, ces « organisations criminelles privées luttant contre la guérilla », l’État colombien a retrouvé un monopole qu’il n’aurait jamais dû perdre, celui de la lutte contre la guérilla et les narcotrafiquants, a dit le Président.
Concernant la situation économique et sociale, il souligné une forte diminution du chômage et de la pauvreté avec le développement entre autres du microcrédit. Plus de 1,5 million de familles sont aidées dans le cadre de programmes de lutte contre l’extrême pauvreté. Évoquant ensuite l’environnement, il a indiqué qu’un coup de frein avait été mis à la destruction de la forêt et qu’à l’inverse, avait été lancé un programme de reboisement, dans le cadre en particulier de l’éradication des plantations de coca, destructrices de la forêt.
Pour mon pays, cette session ne ressemble pas aux précédentes. Elle est celle de sa reconnaissance comme État de droit et de son retour sur la scène internationale comme acteur et partenaire crédible, s’est réjoui M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo. Le chemin qui mène à la sortie de crise reste encore parsemé de beaucoup d’embûches, a-t-il averti. Du point de vue de la sécurité, il faut encore parachever le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), finaliser la formation d’une armée et d’une police nationale et républicaine, et rendre opérationnel un système judiciaire crédible. « Atteindre ce triple objectif, est donc pour nous, a-t-il ajouté, une priorité absolue », a affirmé le Président, en ajoutant « nous devons, par tous les moyens, avec détermination et un sens élevé de l’urgence, résoudre les problèmes résiduels d’insécurité au Nord-Kivu ».
« Rien ne peut raisonnablement justifier, a insisté le Président, que des populations congolaises continuent à faire quotidiennement l’objet de violences et exactions de tous genres, de la part des groupes armés nationaux et étrangers. » « La paix et la sécurité doivent, rapidement et à tout prix, être rétablies dans cette partie de notre territoire. Elles le seront », a promis le Président. Quant aux groupes armés étrangers, il a estimé que l’appui des Nations Unies était nécessaire pour leur désarmement volontaire, ou au besoin forcé, leur rapatriement ou leur réinstallation.
Nonobstant ces difficultés, la RDC, a indiqué le Président, a réussi, en moins de cinq ans, les paris d’organiser des élections démocratiques, de mettre en place des institutions légitimes et de relancer la croissance économique. Désormais, a-t-il dit, la priorité est à la reconstruction et au développement. La tâche est immense, a reconnu le Président, en soulignant que l’engagement constant et sans réserve de tous les partenaires de la RDC, dans leur diversité, demeure un complément indispensable à la volonté des Congolais.
S’exprimant sur l’ONU qui demeure malgré ses insuffisances, « la conscience universelle », il a dit que sa « crédibilité sera fonction de sa capacité à obtenir des États Membres que ses décisions soient appliquées par tous, sans exception, et que les engagements librement souscrits par eux soient effectivement honorés. Abordant la question du développement durable, le Président a souligné l’exigence d’une approche responsable, équitable et solidaire. Grâce à ses forêts primaires, la RDC fait de l’Afrique centrale le deuxième poumon du monde. Elle est prête à consentir les sacrifices que la responsabilité collective impose. Elle demande en retour d’être compensée équitablement, afin de ne pas hypothéquer son propre développement, a précisé le Président.
Il a salué, pour finir, le processus de réforme du système des Nations qui « a le mérite de rechercher une plus grande cohésion et une efficacité de son action ». Pour lui, l’élargissement du Conseil de sécurité devrait se traduire par la représentation de l’Afrique, à titre permanent, au sein de cet organe. Par ailleurs, l’autorité de l’Assemblée générale devrait être davantage affirmée pour « permettre à son Président de jouer un rôle primordial dans la recherche des solutions aux problèmes du monde ».
M. JOSE RAMOS-HORTA, Président de la République démocratique de Timor-Leste, a réitéré sa sincère gratitude aux pays qui ont apporté leur aide à son pays lors de la crise civile et politique d’avril/mai 2006, et plus particulièrement la Malaisie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande er le Portugal, cinq ans après l’indépendance du pays. Il a également rappelé que le Conseil de sécurité avait approuvé le déploiement d’une Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) avec un contingent de 1 740 policiers. Il a regretté la lenteur du déploiement de ce contingent au complet depuis seulement janvier 2007. Il a fait valoir la bonne tenue des élections présidentielles et législatives d’avril et juin 2007, qui, grâce au soutien de la MINUT et d’autres agences des Nations Unies, notamment le PNUD, se sont déroulées sans violence et irrégularités majeures. Il a précisé que les résultats présidentiels ont été bien accueillis par l’ensemble des candidats, ce qui ne fut pas le cas avec l’annonce du nouveau Gouvernement à la suite des élections législatives du 30 juin. Mais, grâce à l’intervention rapide des Forces internationales de stabilisation (FIS) et la police des Nations Unies (UNPOL), la situation a été rapidement contrôlée.
Le Président a souligné que l’ordre et les lois ont été depuis restaurés avant d’indiquer que la relative tranquillité du pays était toutefois précaire et reposait sur les mesures prises par l’UNPOL, la FIS et les forces de défense nationale. La situation perdurera jusqu'à la restructuration des forces de police nationale et le développement de l’armée, a-t-il averti, précisant que la tâche prendra entre deux et cinq ans. Il a, en attendant, invité tous les habitants de Timor-Leste à poursuivre le dialogue pour se réconcilier et guérir les blessures du passé.
Sur le front social, M. Ramos-Horta a rappelé que la crise de 2006 a causé pillages et destructions à Dili, la capitale du pays. Plus de 30 personnes sont mortes, plus de 100 ont été blessées et des dizaines de milliers d’individus ont été déplacés. Il a ajouté que des dizaines de milliers de Timorais vivent toujours dans des camps précaires. Il a, à cet effet, remercié la communauté Internationale, l’ONU et ses agences, les ONG et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de leur généreuse aide. Il a souligné que les inondations de l’année dernière, associées aux ravages de la « sauterelle peste », ont causé de sérieux dommages concernant la subsistance du secteur agricole; des pénuries de nourriture sont ainsi prévues dans les prochains mois. Toutefois, le Président a affirmé que le pays disposait de ressources pétrolières et gazières dont les revenus allaient, selon une étude de la Banque asiatique de développement, permettre à l’économie timoraise d’atteindre un taux de croissance de 22%. À cet effet, le Parlement a adopté une loi qui fixe les conditions d’utilisation et de gestion desdits revenus. Toutefois, malgré le versement de revenus annuels évalués à 100 millions de dollars sur un fonds pétrolier ayant accumulé 1,4 milliard de dollars, aucune amélioration visible n’a été constatée dans la vie des pauvres. M. Ramos-Horta a également indiqué que le Gouvernement a accepté sa réforme fiscale visant à faire de Timor-Leste une zone franche. Il a affirmé que l’éducation et l’emploi des jeunes bénéficieraient de plus de fonds publics et constituaient une des priorités de son gouvernement, tout comme l’atteinte en 2015 des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Concernant la présence de l’ONU sur son territoire, le Président a souhaité un engagement à long terme de la communauté internationale afin de stabiliser la situation du pays, renforcer les institutions nationales et consolider la paix et la démocratie.
Le Président a en outre insisté sur son engagement dans la protection des droits de l’homme et dans la primauté du droit, et a rappelé que Timor-Leste figurait parmi les rares pays à avoir ratifié les sept principaux Traités sur les droits de l’homme avant d’exprimer ses remerciements au Haut Commissariat pour les droits de l’homme pour son aide dans leur mise en application. Il a signifié que les évènements de 2006 ont mené à d’importantes violations dont le droit à la vie, et que le secteur judiciaire, même s’il reste fragile, fait face à ses responsabilités avec succès grâce à l’aide de nombreux pays par le biais du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). M. Ramos-Horta a également exprimé son souhait de bénéficier d’un siège au Conseil des Droits de l’Homme entre 2008 et 2011.
Il a soutenu l’initiative de 2005, en collaboration avec le Gouvernement indonésien, qui visait à mettre en place une commission de la vérité et de l’amitié pour réparer les erreurs du passé et découvrir la vérité sur l’origine des violences de 1999. Il a enfin souligné qu’un rapport et des recommandations seraient produits début 2008.
M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que, si le réchauffement climatique est indéniablement attribué aux activités humaines, l’Afrique regroupe les pays qui y contribuent le moins. Une réponse internationale doit être trouvée pour combattre ce phénomène et la Tanzanie est déterminée à participer activement à la Conférence de Bali, a affirmé le Président, qui a fait valoir le Programme d’adaptation national de son pays. Dans ce cadre, a-t-il précisé, 24% du territoire sont réservés aux parcs nationaux, 38% aux réserves forestières. Il a aussi indiqué que son pays est favorable aux nouvelles initiatives prises dans le cadre de la réforme de l’ONU, il appuie la réforme du Conseil de sécurité, cet organe devant être plus représentatif. Il est temps de passer des paroles aux actes, a-t-il dit.
Le Président a indiqué que son pays fait partie des huit pays qui participent à un projet pilote de réforme de l’ONU intitulé « une ONU ». Cette initiative vise l’exécution d’opérations de développement plus rapide dans le cadre de l’assistance au développement, qui devrait permettre de renforcer la capacité du pays à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Nous sommes encore loin de la réalisation des OMD, a-t-il averti, alors que nous sommes pratiquement à mi-chemin dans la perspective de l’horizon de 2015. À cet égard, le Président a demandé au Secrétaire général de l’ONU de réitérer l’appel lancé pour que tous les pays tiennent leurs engagements pris dans la Déclaration du Millénaire, en particulier celui de mobiliser leurs ressources pour arriver aux réductions prévues des taux de mortalité infantile et maternelle. Il a ensuite félicité Ban Ki-moon pour avoir créé le Groupe de pilotage pour la réalisation des OMD en Afrique.
Le Président Kikwete s’est en outre félicité de l’amélioration de la situation au Burundi, avec la signature de l’Accord de paix, et a indiqué être prêt à participer à ces efforts en faveur de la paix. La Tanzanie jouera aussi le rôle qui lui sera demandé dans les efforts de paix en République démocratique du Congo (RDC), a-t-il ajouté. Les commissions conjointes (RDC-Rwanda-Burundi-Ouganda) ont encouragé le retour des réfugiés à titre volontaire, a-t-il précisé. Le retour des réfugiés dans leur pays d’origine après le retour à la paix constitue un droit qui ne peut être refusé, selon l’avis du Président.
En ce qui concerne le Darfour, il a apprécié les termes de la résolution 1769 du Conseil de sécurité, qui a créé une force hybride de l’Union africaine et de l’ONU, ainsi que le dialogue politique renouvelé qui est porteur de promesses malgré la persistance de la crise humanitaire. Le Président a aussi salué le dialogue qui s’est instauré avec la Somalie, citant la résolution 1772 du Conseil de sécurité concernant ce pays. En tant que membre du groupe de contact pour la Somalie, la Tanzanie est disposée à former le personnel militaire du pays, a-t-il précisé. Abordant la question du Moyen-Orient, le Président s’est dit favorable au principe de deux États vivants côte à côte dans la paix. En conclusion, il a réaffirmé son attachement à la paix, au multilatéralisme et sa foi dans les Nations Unies.
M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a rappelé qu’au cours des quatre années qui ont suivi le Sommet du Millénaire de l’an 2000, la République dominicaine a été frappée d’une crise d’une telle ampleur que la monnaie nationale perdit 100% de sa valeur; les travailleurs furent obligés de redoubler d’efforts afin de subvenir aux besoins les plus élémentaires, le trafic de drogue et une criminalité croissante devinrent quotidiens.
Évoquant les efforts déployés par le Gouvernement pour créer des emplois, réduire le taux d’inflation, relancer l’économie et sortir plus de 1,5 million de personnes de la misère, le Président a expliqué que son pays s’était à nouveau trouvé menacé par les orages de la scène internationale. Ces dernières semaines, par exemple, ont vu une flambée des prix du pétrole, ou encore du lait ou des céréales, imputable notamment à l’élimination des subventions d’exportation en Europe. Les industries des zones franches ont perdu également de leur compétitivité face aux pays asiatiques menant à des pertes d’emplois, la stagnation de la productivité et le manque de nouveaux investissements.
Ces défis de la mondialisation affectent sensiblement des pays comme la République dominicaine. Ce que nous expérimentons, c’est le caractère d’interdépendance des phénomènes internationaux, a expliqué M. Fernández Reyna, qui a cité comme autre exemple les changements climatiques. Leur impact s’est traduit par le retour dans le pays des inondations, des sècheresses et des ouragans, qui détruisent les écosystèmes et la biodiversité, mettent à mal les infrastructures et provoquent l’érosion.
Face une telle situation, le Président s’est demandé où était la solidarité internationale et la coopération entre les peuples. Or le système des Nations Unies a été créé pour encourager la solidarité et la coopération. Pour lui permettre d’accomplir sa mission originelle, ce grand forum qu’est l’ONU doit se réformer, a-t-il estimé. Les structures en vigueur ne correspondent plus en effet aux exigences du monde d’aujourd’hui, mais plutôt à celles de celui qui avait été dessiné par la guerre froide, quand tous les évènements étaient liés à la rivalité entre deux superpuissances.
Le Président de la République dominicaine a dit ne pas comprendre pour quelle raison le Président de la Banque mondiale doit toujours être un Américain du Nord, et celui du Fonds monétaire international, un Européen, ni pourquoi les grandes décisions mondiales doivent être prises par seulement cinq pays. M. Fernández Reyna a indiqué que son pays aspirait à devenir membre non permanent du Conseil de sécurité, pour se faire aussi la voix des plus faibles et des plus démunis.
M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la République de Guinée équatoriale, a dénoncé l’attitude des pays industrialisés depuis plus de 20 ans face aux effets néfastes de leurs activités et a constaté que le Protocole de Kyoto n’avait toujours pas été ratifié par tous les États Membres de l’ONU. Si les conséquences des changements climatiques doivent être traitées par tous puisqu’elles nous touchent tous, « nous ne devons pas ignorer que la première responsabilité en revient à ceux qui ont développé des techniques détruisant l’ozone pour leurs propres intérêts », a-t-il rappelé.
En raison de la présence de pétrole sur son territoire, la Guinée équatoriale est considérée comme un pays à revenus moyens, ce qui la prive de crédits internationaux alors que l’or noir n’y est exploité que depuis 10 ans et que le pays n’a jamais disposé d’une quelconque infrastructure de développement, a-t-il souligné. Notre incertitude est encore plus grande, a-t-il ajouté, lorsque l’on constate qu’aucune politique de coopération bilatérale et multilatérale n’a démontré sa capacité à répondre aux nécessités de base du financement du développement des pays pauvres. Par manque de volonté politique, tout se résume, selon lui, à l’imposition de conditions politiques et d’exigences impossibles à satisfaire pour les pays en développement. Il a qualifié de « quantité insignifiante » le montant de 0,7% du PIB que les pays riches sont censés réserver à l’Aide publique au développement.
La Guinée équatoriale estime donc que seules des ressources propres peuvent permettre de progresser. Elle compte sur ses réserves pétrolières pour y parvenir et invite les agences des Nations Unies, les institutions économiques internationales et les gouvernements amis à venir assister à sa deuxième Conférence économique nationale, qui se tiendra en novembre, afin de planifier le développement du pays de façon durable.
M. Obiang Nguema a ensuite évoqué le terrorisme « qui n’a jamais autant menacé et effrayé l’humanité ». S’il faut lutter contre ce phénomène, ce combat ne doit pas occulter « un autre phénomène similaire, l’utilisation de mercenaires », pratique consistant à recourir à des moyens armés pour déstabiliser des États, a-t-il indiqué. M. Obiang Nguema a rappelé la tentative de coup d’État organisée en 2004 dans son pays par des groupes mercenaires à partir de l’Afrique du Sud et dont l’objectif était, selon lui, de mettre la main sur le pétrole. Or, a-t-il constaté, les instigateurs de cette tentative étaient des responsables d’États Membres de l’ONU. Pire, depuis que ces faits ont été mis en lumière, il n’y pas eu de condamnation, ce qui signifie, selon lui, que le renversement du Gouvernement équato-guinéen aurait apparemment été bien vu dans certaines capitales.
M. OSCAR BERGER PERDOMO, Président de la République du Guatemala, a rappelé que son pays a entamé, il y a deux semaines, un processus électoral qui s’achèvera en janvier 2008 et qui est considéré par les observateurs internationaux comme très satisfaisant. Pour sa dernière intervention devant l’Assemblée générale, le Président Berger Perdomo a voulu faire le bilan de son mandat qu’il considère comme un succès malgré des difficultés qui subsistent. Après quatre décennies de conflits internes, ce succès doit être non seulement attribué au Guatemala mais aussi à l’ONU qui a participé étroitement à nos accords de paix, a-t-il affirmé.
Parmi les réalisations de son gouvernement, il a cité le renforcement des institutions démocratiques, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, et la consolidation d’une nation multiethnique et multilingue. Un des succès a consisté à améliorer la gestion des affaires publiques, a-t-il expliqué. Le Président a aussi évoqué les nouveaux mécanismes de contrôle démocratiques qui ont été mis en place, ainsi que la gestion axée sur les résultats. Il a aussi mentionné une relance économique qui a été constatée ces quatre dernières années, conséquence d’une stabilité financière accrue. Le taux de croissance est en effet passé de 3,5% en 2004-2005 à 5,6% en 2007, tandis que le taux de pauvreté a diminué de cinq points entre 2000 et 2006.
Notre politique publique est axée sur les zones rurales, a poursuivi le Président guatémaltèque, le dynamisme économique étant tiré des exportations et de l’augmentation des infrastructures. Nous avons aussi stimulé le développement social en consacrant plus de dépenses dans les secteurs de l’éducation et du logement. Le taux de scolarisation dans le primaire est passé de 72,6% en 1997 à 95,5% en 2006 et l’accès aux services de santé s’est largement amélioré. En ce qui concerne le sort des autochtones, il a fait l’objet d’une politique de lutte contre le racisme et la discrimination. Le Gouvernement a aussi mis l’accent sur les droits de l’homme, le Guatemala reconnaissant maintenant le droit à l’indemnisation pour toutes les victimes de violation des droits de l’homme.
Le Président du Guatemala a aussi fait état de mesures prises pour améliorer la sécurité des citoyens, notamment face aux nouveaux défis nationaux et régionaux dans le domaine de la criminalité organisée. Il a en outre mentionné la contribution de son pays aux missions de maintien de la paix. L’ONU, avec la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA), avait joué un rôle important dans le passé au Guatemala, a-t-il rappelé. Après le départ de cette Mission, en 2004, un Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme a été créé. Le Président a aussi évoqué l’union douanière qui va bientôt être conclue en Amérique centrale, ainsi que les négociations actuelles pour un accord d’association avec l’Union européenne. Enfin, le Président Berger Perdomo s’est dit fier d’avoir participé à la négociation de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, insistant de nouveau sur les caractères multiethnique et multilingue de son pays.
M. PAUL BIYA, Président de la République du Cameroun, a déclaré que le premier des défis de l’humanité en ce début de XXIe siècle était lié à la paix et à la sécurité internationales. À cet égard, la prolifération nucléaire est une menace de taille, a-t-il dit, comme les tentatives d’organisations terroristes de se procurer des armes de destruction massive. Rappelant que le terrorisme constituait un danger auquel seule une action globale, concertée et résolue pourra faire face, M. Biya a expliqué que c’était fort de cette conviction que le Cameroun avait apporté son appui, l’an dernier, à l’adoption par l’Assemblée générale d’une stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme.
En Afrique, de nombreux foyers de tension persistent, a-t-il regretté. Ainsi, la crise ivoirienne paraît être à un tournant décisif de son évolution. Avec l’appui de toutes les parties et de la communauté internationale, les Ivoiriens, Paul Biya en est sûr, sauront persévérer dans le choix de la paix et de la réconciliation nationales. Dans ce contexte, il a estimé primordial qu’ils œuvrent ensemble et de bonne foi à une application complète et rapide de l’Accord de Ouagadougou.
Par ailleurs, le Président Biya s’est dit préoccupé par les actes de violence en Somalie. Félicitant la Mission de l’Union africaine pour son appui aux Institutions fédérales de transition, il s’est dit persuadé que le déploiement rapide de la force onusienne envisagée aurait un effet positif sur la stabilité du pays et la sécurité des populations. Également préoccupé par le bilan humain au Darfour, M. Biya a jugé primordial de consentir tous les efforts pour mettre fin au cycle tragique de la violence dans cette région soudanaise. Les effets de la crise sont déjà durement ressentis dans les pays voisins et menacent de s’y étendre, a-t-il ajouté. C’est pourquoi il s’est réjoui de la perspective annoncée du déploiement de l’opération hybride ONU-Union africaine, convaincu qu’elle permettra de stabiliser la situation dans cette zone et de préserver des vies innocentes. Parallèlement, il est important de relancer le processus politique et de mettre en œuvre un véritable programme de développement régional, notamment en assurant l’accès aux ressources en eau, a précisé le Président.
Le Cameroun suit par ailleurs avec attention l’évolution de la situation au Tchad et en République centrafricaine. Ces pays sont en effet confrontés à une instabilité entretenue par différents groupes rebelles, provoquant une véritable tragédie humanitaire et une insécurité transfrontalière dont pâtissent d’autres pays de la région, dont le sien, a souligné M. Biya. C’est la raison pour laquelle il a appuyé résolument le déploiement prochain d’une présence multidimensionnelle des Nations Unies et de l’Union européenne aux frontières du Tchad, de la République centrafricaine et du Soudan, et s’est déclaré prêt à collaborer à sa mise en œuvre.
S’agissant de la République démocratique du Congo (RDC), le Président camerounais s’est félicité des progrès accomplis dans l’établissement d’institutions démocratiques dans ce pays. Il s’est cependant dit inquiet de la situation dans la partie orientale, indiquant que la recherche d’une solution à la crise des deux Kivus devrait privilégier la mise en œuvre de moyens politiques et diplomatiques à la mesure du problème.
Tous ces problèmes de paix et de sécurité ne doivent pas occulter cependant la nécessité de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, alors que nous sommes à mi-parcours du calendrier fixé, a prévenu Paul Biya. La diminution de l’aide publique au développement en 2006 met en lumière la nécessité pour les bailleurs de fonds d’accroître le montant de leurs contributions, afin
que les Objectifs prévus pour 2010 et 2015 puissent être atteints. Il a également émis l’espoir que les négociations du Cycle de Doha pourront aboutir à temps, de sorte que les intérêts des pays du Sud soient sauvegardés et que la globalisation des échanges conserve toute sa signification.
Évoquant enfin les drames liés aux migrations des jeunes Africains en partance pour l’Europe, le Président du Cameroun a estimé qu’il fallait réfléchir à des solutions humaines qui prennent en compte les causes profondes du phénomène, comme par exemple le différentiel de développement entre Nord et Sud. Il est clair que ni les contrôles, ni les refoulements, ne sauraient être des réponses adéquates et durables, a-t-il estimé en conclusion.
M. JAN PETER BALKENENDE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales du Royaume des Pays-Bas, a estimé que la force ou la faiblesse des Nations Unies dépendait de trois valeurs fondamentales, à savoir le respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de la planète Terre. S’agissant des droits de l’homme, il a indiqué que la Déclaration universelle des droits de l’homme qui totalisera 60 ans l’année prochaine, doit constituer notre source d’inspiration commune. Déplorant la situation au Myanmar caractérisée par les meurtres de moines et de civils lors de manifestations pacifiques, le Premier Ministre a fermement condamné l’usage de la force.
L’Union européenne et les États-Unis appellent le Conseil de sécurité, a-t-il dit, à discuter très rapidement de cette situation et à envisager d’autres étapes y compris des sanctions. Si aucun consensus ne se dégage au Conseil de sécurité, le Premier Ministre s’est dit convaincu que l’Union européenne, les États-Unis et d’autres pays « bien intentionnés » s’entendront sur d’autres mesures. Les valeurs des droits de l’homme nous lient, a-t-il poursuivi, en plaidant pour que l’on ne laisse pas les différences culturelles et religieuses créer des obstacles à un dialogue ouvert. Les Pays-Bas s’allieront à tous ceux qui veulent promouvoir la tolérance et le dialogue entre les civilisations mais ils ne laisseront pas ce dialogue remettre en question la pertinence universelle des valeurs communes.
Nous savons, a-t-il encore dit, que l’unité dans la diversité est un facteur de progrès. Le Premier Ministre a néanmoins précisé que cela signifie que la loi s’applique à tous et qu’il faut être tolérant et plus enclin à s’autocritiquer. Souligner les différences conduit à la polarisation et ne résout rien. Après avoir insisté ainsi sur l’importance qu’il y a à protéger les droits de l’homme partout, le Premier Ministre a estimé qu’on ne peut assurer une paix durable que si on conjugue défense avec développement et diplomatie. Dans ce contexte, la Commission de consolidation de la paix a un rôle vital à jouer, notamment en comblant le fossé entre la résolution des conflits et le développement.
Concernant les changements climatiques, le Premier Ministre a exprimé la volonté de son pays de jouer un rôle de chef de file non seulement pour une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre mais aussi pour l’élaboration de nouvelles stratégies susceptibles de lutter contre les effets des changements climatiques. Bali, a affirmé le Premier Ministre, constitue une chance unique pour les Nations Unies de prendre la situation en main et de créer un cadre global unifié. Les dirigeants européens veulent voir à Bali le lancement des négociations sur l’après-Kyoto.
Le Premier Ministre a ensuite appelé à des efforts pour rendre l’ONU plus pertinente. Il faut renforcer l’état de droit et mettre un terme à l’impunité, a-t-il dit, en jugeant que l’on ne recourt pas suffisamment aux instruments existants. Il a voulu que les compétences de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale soient plus largement reconnues.
Plusieurs douzaines d’agences de l’ONU travaillent dans le monde, a-t-il conclu. Nous avons planté une forêt de drapeaux de l’ONU dans de nombreux pays. Il nous faut, a estimé le Premier Ministre, une approche plus unifiée pour mieux aider les pays les plus pauvres. Les réformes ne sont jamais faciles mais elles sont toujours indispensables. Dans un monde en mutation rapide, il nous faut des institutions multilatérales qui répondent à la nouvelle donne.
CHEIKH MOHAMMAD AL-SABAH AL-SALEM AL-SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a fait un sombre constat de la situation du monde deux ans après le Sommet mondial et six ans après celui du Millénaire, évoquant le terrorisme, la pauvreté, la propagation des maladies infectieuses, la détérioration de l’environnement et les violations des droits de l’homme. Il a constaté que la renaissance des préjugés raciaux, de la sédition religieuse et de l’incitation à la haine et à la xénophobie exigeaient une réponse ferme et sérieuse de la part de l’ONU. Le moment est venu, a-t-il dit, de changer notre manière de faire face à ces défis et périls en passant de la phase du « que faut-il faire » à celle de la mise en œuvre des décisions.
Trouvant extrêmement regrettable que la pauvreté, la faim et les maladies continuent de prévaloir dans les pays en développement, il a appelé l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les institutions de Bretton Woods à lever les restrictions imposées aux exportations des pays en développement en favorisant un régime commercial plus juste et plus équitable.
De son côté, a-t-il assuré, le Koweït a réalisé des progrès dans la mise en œuvre des engagements pris lors du Sommet de 2005 et il atteint certains des Objectifs du Millénaire pour le développement dans les domaines de l’éducation, de la santé et de la promotion de la femme. Il a aussi lancé un programme généreux d’aide aux pays en développement qui s’est concrétisé récemment par l’allocation de 300 millions de dollars à la Banque islamique de développement.
Le Vice-Premier Ministre s’est dit préoccupé par l’évolution de la situation en Iraq. Malgré des améliorations en matière de sécurité dans certaines régions de ce pays, il est indispensable de redoubler d’efforts à tous les niveaux, particulièrement sur le plan politique. Selon lui, la réconciliation nationale est la seule voie permettant d’édifier un Iraq indépendant, sûr, libre et démocratique, vivant en paix avec lui-même et ses voisins, et respectant ses engagements internationaux. Il s’est félicité de l’adoption de la Résolution 1770 qui redéfinit le mandat de la Mission d’assistance de l’ONU en Iraq.
Au sujet des trois îles des Émirats arabes unis occupées par l’Iran, le Koweït confirme sa position qui diffère de celle du Conseil de coopération du Golfe et espère que les parties prenantes trouveront une solution en vertu du droit international.
Au sujet du conflit israélo-palestinien, Cheikh Al-Sabah a mis en cause la politique de l’État hébreu dans les territoires occupés. Une action volontariste de la communauté internationale s’impose, selon lui, pour protéger le peuple palestinien et mettre en œuvre les résolutions légitimes de la communauté internationale. Il a dit soutenir la tenue d’une conférence internationale avec toutes les parties concernées. Concernant le Liban, l’orateur a appelé à la reprise du dialogue pour la réconciliation nationale. S’agissant du dossier nucléaire iranien, il a appelé à une résolution pacifique du différend afin d’épargner à la région du Golfe une crise qui perturberait sa sécurité et sa stabilité. Il a enfin appelé l’État d’Israël à adhérer au Traité de non-prolifération des armes nucléaires.
M. JOÃO BERNARDO VIEIRA, Président de la République de Guinée-Bissau, a souligné que le terrorisme et le trafic de stupéfiants sont les plaies qui nous menacent tous et qui peuvent même affecter gravement la stabilité d’un pays. Il a admis que la Guinée-Bissau était confrontée au trafic de stupéfiants à l’instar d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Un État déficient et la porosité des frontières, maritimes en particulier, ont favorisé l’activité des trafiquants. Cela a eu des retombées négatives sur l’image du pays et a affecté ses relations avec la communauté internationale, a regretté le Président. En dépit d’une bonne volonté politique et de la fermeté de l’action gouvernementale, nous n’avons pas été capables de mettre un terme à ce fléau, a-t-il indiqué. Son éradication ne sera possible que par le moyen de la coopération internationale. Un plan d’urgence pour combattre le trafic de drogues a bien été décidé mais le pays manque de ressources humaines, matérielles et financières nécessaires. M. Vieira s’est donc dit satisfait de la tenue prochaine à Lisbonne d’une conférence internationale sur le trafic de stupéfiants en Afrique de l’Ouest. Une conférence régionale doit aussi se tenir à Dakar, au Sénégal, dont l’objectif est de parvenir à une meilleure coordination entre les pays de la sous-région.
Par ailleurs, a poursuivi le Président, le Gouvernement de Guinée-Bissau a décidé de lancer un programme d’assainissement financier en tant qu’instrument d’ajustement avec les institutions financières internationales. L’approbation du programme postconflit par le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) représentera un pas important vers la reconstruction et la stabilisation du pays, a estimé le Président. Il a poursuivi en notant que la relation entre la communauté des pays lusophones et les Nations Unies se développait de manière régulière et satisfaisante. La Guinée-Bissau a bénéficié du soutien de ses pays frères, a dit M. Vieira, qui a aussi rendu hommage à la République populaire de Chine dont la contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que le partenariat en matière plus particulièrement de coopération pour le développement, sont exemplaires. La République populaire de Chine est le seul véritable représentant légitime du peuple chinois, a souligné le Président de la Guinée-Bissau.
M. EMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, a rappelé que bien avant que les changements climatiques ne soient à la mode, son pays dénonçait déjà ce qui est perçu aujourd’hui comme une urgence mondiale. Pendant des années, la Micronésie a fait valoir que les petits États insulaires en développement sont parmi les plus vulnérables et que les changements climatiques menacent leur existence même.
Il y a 15 ans, lors de la signature de la Convention-cadre des Nations Unies, les changements climatiques étaient qualifiés d’hypothèse dont la menace était plus imaginaire que réelle, a encore accusé le Président, en soulignant que le fait qu’un sentiment d’urgence entoure désormais la question est « véritablement encourageant ». Il y a pourtant encore du chemin à faire, a-t-il tempéré, pour réaliser les objectifs de la Convention-cadre et du Protocole de Kyoto. Il a appelé à une action collective et responsable, fondée sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée.
Le Président a jugé impératif de poursuivre l’agenda de la lutte contre les changements climatiques, avec un sentiment d’urgence et dans le cadre des Nations Unies. Il a appelé les pays développés à apporter un appui financier « supplémentaire et adéquat » aux pays les plus vulnérables, et s’est prononcé, à ce titre, en faveur d’un arrangement institutionnel relatif à un fonds d’adaptation qui répondrait aux besoins des petits États insulaires en développement.
Saluant l’assistance apportée par l’Italie, l’Inde et d’autres pays, le Président a jugé urgent que les petits États insulaires aient un meilleur accès aux sources d’énergie renouvelables pour se libérer de la dépendance aux combustibles fossiles. Il a salué l’issue de la dernière conférence des États parties au Protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone et a espéré que les signataires des autres multilatérales déploieront les mêmes efforts. S’agissant de la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique, le Président a sollicité le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
Le Président a poursuivi en soulignant ce que représente pour les petits États insulaires l’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC) et en se félicitant du projet « Connectivité du Pacifique » lancé par les institutions de l’ONU.
Il a également salué les progrès dans la mise en place de l’« Initiative présence de l’ONU dans le Pacifique », qui répond aux préoccupations de son pays quant à une présence insuffisante des Nations Unies en Micronésie. Il s’est félicité du programme quinquennal d’assistance financière du PNUD et du FNUAP.
Le Président a conclu en se plaignant des difficultés d’accès au Fonds d’affectation, mis au point pour aider les petits États insulaires en développement à préparer les dossiers à présenter à la Commission du plateau continental. Il s’est aussi attardé sur les conditions de pêche dans le Pacifique.
M. LUDWIG SCOTTY, Président de la République de Nauru, a rappelé qu’il y a trois ans, son pays était sur le point de s’effondrer en raison de la mauvaise gestion et de la corruption des gouvernements précédents. C’est pourquoi le Gouvernement actuel a dû adopter une stratégie nationale de développement durable et établir des normes de transparence, a expliqué le Président. Signalant que le relèvement de son pays était encore lent, il s’est félicité de l’intention du Secrétaire général de convoquer les dirigeants du monde pour une réunion sur les Objectifs du Millénaire pour le développement au cours de cette session.
Le Président s’est félicité de la décision prise en juin 2006 d’installer des bureaux de la coalition PNUD, UNICEF, FNUAP dans les îles du Pacifique, y compris à Nauru. Il a cependant regretté que peu de progrès aient été réalisés depuis cette date dans la mise en œuvre de cette décision, et craint que le partenariat prévu par l’ONU avec les pays hôtes entraîne un fardeau trop lourd pour ceux-ci. Ludwig Scotty a ensuite assuré que la région du Pacifique faisait tout son possible pour respecter les engagements pris dans le cadre de la Stratégie de Maurice et les autres accords internationaux relatifs aux petits États insulaires en développement (PEID). Il a toutefois noté qu’il fallait agir encore davantage pour atteindre les OMD.
Les pays de la région du Pacifique souffrent de l’isolement, de la petitesse de leurs territoires et de leurs populations, a poursuivi Ludwig Scotty. Il a expliqué que les frais de transport sont en conséquence très élevés, ce qui a pour conséquence de majorer de 15 à 20% le coût des importations à Nauru. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les sources alternatives d’énergie sont une priorité pour le pays. Les pays développés doivent déployer davantage d’efforts, a-t-il poursuivi, pour s’attaquer à la pauvreté dans le monde et atteindre l’objectif d’une Aide publique au développement (APD) représentant 0,7% de leur produit national brut (PIB). Nauru a actuellement une dette importante qu’il ne lui sera malheureusement pas possible de rembourser intégralement, a précisé le Président, qui a indiqué avoir l’intention de demander l’annulation de la dette de Nauru auprès des pays et institutions concernés.
Le Président a ensuite pris position en faveur de l’admission de Taiwan en qualité de membre des Nations Unies. Il a regretté que le Bureau du Secrétaire général ait rejeté la requête de Taiwan faite en juillet dernier. Enfin, Ludwig Scotty a mis l’accent sur les graves conséquences des changements climatiques à l’égard des PEID. Il a sollicité à ce titre un soutien financier plus important pour faire face à cette vulnérabilité, et un accès plus facile au Fonds d’adaptation.
M. AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI, Président de l’Union des Comores, a rappelé que, dès son accession à la magistrature suprême en mai 2006, il s’était attelé, avec son gouvernement, à concrétiser les engagements pris auprès de son peuple, liés au respect des droits humains, à l’état de droit, à la bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption, la lutte contre l’habitat insalubre et la promotion de la femme.
Alors que le continent africain et d’autres régions du monde étaient secoués, il n’y a pas si longtemps, par des coups d’État incessants, il semble que cette période soit aujourd’hui révolue avec l’avènement de la démocratie et du multipartisme, a fait ensuite observer le Président. Cependant, un autre mode d’action politique violente continue d’affecter les pays en voie de développement, les rébellions armées, qui constituent une source de déstabilisation et un obstacle aux efforts de développement.
Les Comores n’échappent pas à ce phénomène, a regretté son Président. En effet, l’ancien chef de l’exécutif de l’île d’Anjouan refuse l’organisation d’élections libres et démocratiques à la fin de son mandat. Il conduit une rébellion armée qui s’est attaquée à la présidence de l’Union, à la représentation du Gouvernement dans l’île et au détachement de l’Armée nationale de développement, a-t-il déclaré. Cette rébellion, a expliqué M. Sambi, compromet les espoirs de développement du pays en provoquant l’ajournement du traitement de la dette des Comores vis-à-vis des institutions internationales et ralentit la reprise des investissements en provenance de l’étranger. C’est pourquoi il a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour aider à asseoir aux Comores une stabilité durable, en réglant le problème de la rébellion d’Anjouan.
Le Président a ensuite évoqué la question de la revendication des Comores de leur souveraineté sur l’île de Mayotte, défendue par les Gouvernements successifs de Moroni. Aujourd’hui, le sien souhaite aborder dans la sérénité cette question avec la France. Car il faut trouver une réponse rapide au problème des drames humains causés par les naufrages répétés d’embarcations de fortune, transportant chaque semaine des dizaines de personnes se rendant à Mayotte auprès de leur famille, a dit M. Sambi. Il faut régler ensemble les traitements inhumains infligés aux Comoriens résidant à Mayotte et faciliter la libre circulation des biens et des personnes entre toutes les îles de l’archipel, a-t-il ajouté. Souhaitant que soit trouvé un modus vivendi qui tienne compte de tous les aspects de ce dossier, le Président a cité en conclusion le Président français, Nicolas Sarkozy, qui appelait deux jours auparavant, devant cette même Assemblée, au respect de la diversité des cultures et des identités nationales, des religions et des croyances, sans lequel il ne saurait y avoir de paix dans le monde. Il a également exhorté les Nations Unies à se saisir de ce dossier en œuvrant au rapprochement des deux parties, en vue d’aboutir à une résolution rapide de ce problème.
M. JANEZ JANŠA, Premier Ministre de la République de Slovénie, a insisté sur le rôle indispensable que les Nations Unies jouent en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Cette année, plus de 10% des membres des forces armées slovènes ont participé à des opérations de maintien de la paix mandatées par le Conseil de sécurité, notamment dans le Sud-Est de l’Europe, ainsi qu’en Afghanistan, au Liban et en Iraq. Au cours des 15 dernières décennies, la communauté internationale a consacré d’importantes ressources humaines et financières à la région des Balkans, a-t-il ensuite rappelé, soulignant que les dividendes de la paix ne devaient pas être gaspillées en vain au terme du processus de stabilisation. Des solutions durables doivent être privilégiées et s’inscrire dans le cadre du projet européen, a ajouté le Premier Ministre.
M. Janša a ensuite estimé que la communauté internationale devrait achever, sous l’égide des Nations Unies, la création de mécanismes multilatéraux en vue de répondre aux défis du XXIe siècle. Finaliser le texte du projet de convention générale sur le terrorisme devrait être une priorité. Un autre défi consiste à mettre en œuvre le concept de « responsabilité de protéger ». Mais, même les efforts les plus déterminés en vue de rétablir la sécurité mondiale s’avéreront infructueux si les inégalités persistent, a-t-il précisé. Dans ce contexte, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement revêt une importance particulière, a souligné le Premier Ministre. Dans le cadre de son attachement au concept de sécurité humaine, la Slovénie accorde une attention spéciale aux enfants, premières victimes de la violence, de la pauvreté et de la maladie.
M. Janša s’est félicité de l’excellente coopération de son gouvernement avec la société civile et les organisations non gouvernementales, notamment dans les domaines de la protection des enfants dans les conflits armés et dans les activités de déminage.
Enfin, favorable au dialogue interculturel, la Slovénie accorde une attention particulière à celui qu’elle noue avec les pays du bassin méditerranéen, a-t-il encore dit. Il a appelé de ses vœux l’ouverture prochaine d’une université euroméditerranéenne, une contribution de son pays à la prise de conscience de plus en plus grande du besoin de coexistence pacifique de toutes les cultures.
M. FAKHRUDDIN AHMED, Chef du Gouvernement intérimaire de la République populaire du Bangladesh, a réitéré l’engagement inébranlable de son pays dans la lutte contre la corruption, la protection des droits de l’homme et la démocratie. Il a rappelé que le nouveau Gouvernement « Caretaker » a pris ses fonctions cette année, en pleine impasse politique. L’instauration de la démocratie, a-t-il affirmé, s’est jusqu’alors heurtée à une forte corruption généralisée dont l’enlisement a provoqué de la frustration et la recrudescence des violences politiques. L’état d’urgence fut d’ailleurs déclaré le 11 janvier 2007 dans le but de réfréner un chaos ambiant et de bâtir de nouvelles bases. M. Ahmed a en outre rappelé que, comme stipulé dans la Constitution, l’administration du Gouvernement « Caretaker » était apolitique et servait d’intermédiaire entre les gouvernements successifs, et avait vocation à assurer la tenue d’élections libres et justes. Il a souligné que l’instauration de la démocratie dans son pays, qui n’a connu que trois élections ces 20 dernières années, a été compromise par la corruption et la violence qu’elle a engendrée.
Il a par ailleurs affirmé que les institutions publiques, constituant les fondations de la démocratie, ont également été érodées par les pratiques corruptives. Il a expliqué que le Gouvernement s’est attaché à la révision de la Commission électorale, chargée d’organiser fin 2008 les prochaines élections parlementaires, en lui garantissant notamment son indépendance et en élargissant son mandat. Dans cet esprit, M. Ahmed a indiqué que son gouvernement a réorganisé la Commission anti-corruption qui a été investie de vastes pouvoirs et a adhéré à la Convention des Nations Unies contre la corruption. Il a par ailleurs rappelé que son gouvernement avait pris des mesures pour séparer les pouvoirs exécutif et judiciaire.
L’intervenant a réaffirmé son profond engagement à la protection des droits de l’homme et a souligné que cette composante, essentielle à l’instauration d’une société démocratique, était conditionnée au renforcement des règles de droit et à la lutte contre la corruption. En ce sens, le Gouvernement a pris la décision d’établir une commission des droits de l’homme pour s’assurer de leur respect dans les lois et institutions publiques.
Il a ensuite affirmé son soutien à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et a indiqué que le Bangladesh avait accédé à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, rendant ainsi le pays membre de toutes les conventions de l’ONU ayant trait au terrorisme. Sur le front national, il a affirmé que le Bangladesh rejetait toute forme de fondamentalisme religieux, et s’est insurgé contre ceux qui justifient le terrorisme en invoquant leur foi dans l’Islam.
M. Ahmed a souligné la forte participation des troupes bangladaises aux opérations de maintien de la paix et a affirmé vouloir continuer à jouer un rôle de leadership dans les efforts multilatéraux liés à ce domaine.
Il a par ailleurs soutenu que la réforme des Nations Unies devait permettre de favoriser l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement -en tenant compte des spécificités politiques, administratives et sociales des pays concernés- sans toutefois compromettre l’identité, l’intégrité ou l’indépendance des agences onusiennes.
L’intervenant a rappelé que le Bangladesh était particulièrement vulnérable aux changements climatiques, en ajoutant que 30% des terres seraient submergées si le niveau de l’eau de la baie du Bengale augmentait d’un mètre. Les inondations de 2007 ont affecté beaucoup d’individus et les effets néfastes liés à la déforestation et à l’augmentation de la salinité des eaux sont évidents, a-t-il ajouté, avant d’appeler à une coopération internationale accrue dans la lutte contre le réchauffement climatique.
M. Hamed a également appelé à un accès élargi des produits bangladais sur les marchés des pays développés, en insistant sur la grande dépendance commerciale des pays les moins avancés, dont son pays fait partie. Il a ainsi plaidé en faveur de la mise en place de régimes commerciaux non discriminatoires, sans barrières tarifaires et non tarifaires, pour favoriser la diffusion et le partage du progrès.
Enfin, il a conclu en déclarant vouloir encourager les migrations et intensifier ses efforts dans la défense des droits des travailleurs migrants. Rappelant que dans son pays, 140 millions d’individus vivent dans un espace de la taille de l’État de New York, il a aussi estimé que les migrations de travailleurs permettent de sortir de la pauvreté.
M. ALBERT PINTAT, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a relevé que les derniers chiffres connus sur les Objectifs du Millénaire pour le développement reflètent une tendance positive, notant en particulier les grands progrès au niveau de la réduction de la mortalité infantile et de l’éradication de maladies. Malgré tout, il existe de grandes inquiétudes, a-t-il constaté. Il s’est notamment référé aux 9,7 millions d’enfants décédés en un an, aux 39 millions de personnes infectées par le virus du sida, dans un monde où trop de gens encore n’ont pas accès à l’eau potable. Les progrès enregistrés ne peuvent dissimuler les profondes carences qui subsistent encore, a remarqué Albert Pintat.
Depuis plus de six décennies, les Nations Unies ont cherché à être la force morale et juridique pour que le dialogue, la coopération et la solidarité remplacent l’oppression, les armes, la faim, le manque de culture, la misère et l’injustice, a poursuivi le Chef du Gouvernement andorran. Il a noté, cependant, que les guerres, la pauvreté et l’intolérance ne se sont nullement arrêtées, mais qu’au contraire d’autres fléaux s’y sont ajoutés, comme la radicalisation de l’intégrisme, la dégradation de l’environnement ou encore les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes. Ce sont en particulier les personnes et les États les plus vulnérables qui sont menacés par les changements climatiques, a-t-il ajouté, et ce sont souvent les mêmes qui subissent les guerres, les maladies et le sous-développement. Parallèlement, a rappelé Albert Pintat, la traite et les abus des enfants et des femmes continuent en dépit des instruments juridiques dont nous nous sommes dotés dans les pays qui, comme l’Andorre, respectent les droits de l’homme.
Face à toutes ces dures réalités, l’intervenant n’a pas été surpris du discrédit dont souffrent les institutions internationales. Ensemble, nous pouvons réagir, a-t-il affirmé. Il s’est félicité de l’énergie et du dynamisme dont a fait preuve le nouveau Secrétaire général depuis la prise de ses fonctions, et des efforts de l’Assemblée générale avec ceux du groupe de travail pour la réforme du Conseil de sécurité. Il a aussi rappelé que les pays pauvres sont capables de mettre en place des programmes de santé publique efficients lorsqu’ils reçoivent l’aide appropriée.
Le Chef du Gouvernement a rappelé que l’Andorre a entretenu durant plus de sept siècles des relations de bon voisinage avec la France et l’Espagne. Le pays est tout à fait impliqué dans les objectifs des Nations Unies et il pourrait devenir un espace neutre et impartial dans le cadre d’une résolution de conflits, a-t-il proposé.
M. SURAYUD CHULANONT, Premier Ministre du Royaume de Thaïlande, a indiqué que malgré les difficultés récentes liées à la paralysie politique dans le système démocratique thaïlandais, celui-ci allait, selon le calendrier agréé, tenir les élections d’ici à la fin de l’année. Déplorant les prix élevés du pétrole, il a toutefois affirmé que les bases économiques de son pays étaient solides. Signalant que la croissance économique avait permis de sortir des millions de citoyens thaïs de la pauvreté, il a regretté que 10% de la population n’en aient pas bénéficié. Il a réaffirmé l’engagement prioritaire de son pays en faveur d’une croissance équitable basée sur les principes de modération et de prudence économique préconisés par le Roi.
Le Premier Ministre a appelé les gouvernements à promouvoir la croissance économique dans le respect de l’environnement, précisant que la Thaïlande avait l’ambition de se défaire de sa dépendance des combustibles fossiles et de réduire les émissions de gaz à effet de serre en privilégiant les économies d’énergie, le recours aux biocarburants et énergies renouvelables. Il a notamment annoncé que son pays envisageait l’option nucléaire, tout en tenant compte des questions de sécurité qui y sont liées.
Le Premier Ministre a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la sécurité humaine. Signalant que son pays partage plus de 2 400 kilomètres avec le Myanmar et accueille plus d’un million de personnes de ce pays, il s’est dit très préoccupé par la situation qui prévaut au Myanmar à l’heure actuelle. Au nom des croyances bouddhistes en la non-violence et la tolérance, il a dénoncé les violences commises contre les moines bouddhistes et autres manifestants. Il a rappelé que l’Association des nations de l’Asie du Sud Est (ANASE) avait exigé du Gouvernement du Myanmar qu’il cesse immédiatement ses actes de violence contre les manifestants. Nous demandons instamment au Gouvernement du Myanmar de cesser l’usage de la force contre les manifestants, de faire preuve de retenue, de rechercher une solution politique, de reprendre les efforts de réconciliation nationale avec toutes les parties concernées et de travailler à une transition démocratique pacifique. Nous demandons également la libération de tous les détenus politiques, y compris Daw Aung San Suu Kyi, a lancé le Ministre. Celui-ci a également demandé au Gouvernement du Myanmar de coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Ibrahim Gambari.
Le Premier Ministre a également appelé à plus de coopération entre l’ANASE et les Nations Unies, deux organisations qui, à ses yeux, partagent les mêmes valeurs et les mêmes objectifs. Une telle coopération permettra de restaurer la croyance dans le multilatéralisme. S’agissant plus particulièrement de la réforme des Nations Unies, il a rappelé que son pays, aux côtés du Chili, de la Suède et de l’Afrique du sud, avait formulé quatre propositions, « The Four Nations Initiatives », afin d’améliorer la gouvernance et la gestion du Secrétariat de l’ONU.
SIR MICHAEL SOMARE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a rappelé que son pays comptait plus de 800 tribus et langues, ce qui ne l’empêche pas d’avancer sur la voie de la démocratie dont les principes ont lié le pays dans l’unité et la diversité, en 32 ans d’indépendance. Pour le Chef du Gouvernement papouan-néo-guinéen, l’ONU est la meilleure institution qui soit pour régler les grands problèmes du monde. Il s’est dit d’accord avec la déclaration du Président de l’Assemblée générale selon laquelle « les défis mondiaux exigeaient des solutions multilatérales ».
Au sujet des changements climatiques, il a souligné que son pays était particulièrement inquiet à ce sujet. « Pour dire les choses clairement, nous sommes très préoccupés de voir certains pays industrialisés tenter d’échapper à leurs responsabilités pour leurs propres émissions de gaz carbonique en mettant l’accent sur les pays en développement », a-t-il dit. C’est seulement une fois que les pays industrialisés assumeront la responsabilité de leurs actes que le chemin vers les solutions s’éclaircira. Le Premier Ministre a cependant affirmé que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en tant que pays en développement, était prête à contribuer, sur une base équitable, à un avenir durable.
Le Premier Ministre a ensuite évoqué les règles faussées du commerce international et la nécessité, pour son pays, d’axer son développement sur l’agriculture. Après avoir ensuite évoqué les batailles engagées contre des fléaux tels que le paludisme et le sida, le Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a affirmé que les travaux de la Commission de l’ONU sur la décolonisation étaient inachevés. Il a rappelé que 16 territoires, dont certains dans le Pacifique n’ont pas encore exercé leur droit à l’autodétermination. Il a cité le cas de Tokélaou qui doit se prononcer prochainement par référendum quant à ses liens avec la Nouvelle-Zélande, en se félicitant de cette étape. Il a exprimé l’espoir que d’autres puissances administrantes suivront l’exemple néo-zélandais.
M. SALI BERISHA, Premier Ministre de la République d’Albanie, a rappelé qu’il n’y a pas si longtemps les Balkans avaient été le théâtre de tragédies humaines, de conflits violents et de nettoyages ethniques, alimentés par le nationalisme extrême et le racisme d’un pays absorbé par sa quête hégémonique sur ses voisins. Alors que la région est sortie de cette période, la détermination du statut final du Kosovo, dans le respect de l’aspiration de son peuple à l’indépendance, est une condition fondamentale pour une paix et une stabilité durables dans la région, a-t-il prévenu. L’Albanie soutient donc pleinement le plan de Matti Ahtisaari, et les efforts de la Troïka. Irréaliste et hanté par le spectre de la « Grande Serbie », Belgrade, encouragé par la position russe au Conseil de sécurité, a rejeté le projet Ahtisaari, qui garantit pourtant les normes européennes les plus élevées pour les minorités serbes au Kosovo, a regretté M. Berisha, qui a affirmé que ces minorités étaient en réalité bien plus émancipées que les Albanais vivant dans le sud de la Serbie. Ce refus a été appuyé par la Fédération de Russie au Conseil de sécurité, a-t-il rappelé.
Le Premier Ministre a assuré que les affirmations selon lesquelles l’indépendance du Kosovo créerait un précédent international, ou poserait les conditions de l’émergence d’une « Grande Albanie » dans les Balkans, étaient infondées. Pendant plus de cinq siècles, de la fin du XIVe siècle jusqu’au début du XXe, l’Albanie a fait partie intégrante de l’Empire ottoman, majoritairement peuplé d’Albanais. C’est seulement au début du siècle précédent que le Kosovo, « à la suite d’une des plus grandes injustices de l’histoire », a été séparé du territoire albanais pour être donné à la Serbie. Au cours des décennies qui ont suivi, ses habitants ont eu à endurer l’application de la doctrine raciste et violente de Cubrilovic, puis le génocide serbe contre les Albanais en 1999, a poursuivi M. Berisha.
L’idée selon laquelle l’indépendance du Kosovo conduirait à la naissance d’une Grande Albanie est aux antipodes de la vérité, a insisté le Premier Ministre, qui a expliqué que les Albanais du Kosovo avaient clairement exprimé leur désir de rejoindre Bruxelles, et non Tirana. Il a d’ailleurs assuré que son pays demeurait déterminé à pleinement respecter les frontières internationales de ses voisins, y compris celles du Kosovo. L’Albanie continuera de collaborer étroitement avec tous les pays de la région sur une base bilatérale, y compris avec la Serbie, dans le cadre du processus d’intégration des structures européennes et euro-atlantiques. Il a ajouté que les préoccupations soulevées par l’idée de deux États albanais dans les Balkans étaient d’origine raciste. Pour
M. Berisha, deux États démocratiques peuplés majoritairement d’Albanais seront deux pays amicaux de plus pour leurs voisins. Il a exhorté en conclusion les dirigeants politiques à ne pas entreprendre d’actions unilatérales. Ils devraient au contraire continuer de coopérer avec le Groupe de contact et la communauté internationale en faveur du plan Ahtisaari. Il a également remercié ces dirigeants pour avoir présenté un traité de réconciliation, d’amitié et de coopération avec la Serbie, un instrument inspiré par les valeurs européennes. Il a émis l’espoir que la Serbie saisirait cette main tendue, convaincu que la paix et la coexistence entre Albanais et Serbes dans les Balkans étaient dans leur plus grand intérêt et dans celui de la région tout entière.
M. NGUYEN TAN DZUNG, Premier ministre de la République socialiste du Viet Nam, a constaté qu’en entrant dans le nouveau millénaire tous les peuples partageaient l’espérance d’un monde plus pacifique, d’une relation internationale amicale et d’une vie meilleure. Mais cet espoir n’est pas devenu réalité, a-t-il noté. Bien que la vie de l’homme s’améliore grâce au progrès scientifique et technique, « il est pourtant écœurant de voir l’écart en terme de niveau de vie se creuser de plus en plus entre les pays ainsi qu’entre les différentes couches sociales au sein d’une nation», a souligné le chef du Gouvernement vietnamien.
Celui-ci a dit noter avec satisfaction le développement rapide des institutions de coopération régionale et mondiale. Il existe toutefois « des signes d’affrontements, de tension, d’impositions unilatérales, d’atteintes à l’indépendance et à la souveraineté nationales et d’inégalités de traitement dans les relations internationales », a-t-il ajouté. « Il nous appartient de redoubler d’efforts afin de préserver la paix et la stabilité dans le monde ».
Le Viet Nam, a dit le Président, « poursuit avec persévérance sa politique d’amitié et de partenariat confiant avec les pays du monde et œuvre pour la paix, l’indépendance, la coopération et le développement. » Il a rappelé que son pays serait membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2008-2009. « Conscient de l’importance des opérations de maintien de la paix menées par l’ONU, le Viet Nam a apporté des contributions financières et a participé à certaines activités menées par l’ONU dans le rétablissement de la paix dans certains pays. » Le Vietnam est par ailleurs favorable à une réforme du Conseil de sécurité « qui lui permettrait d’être plus représentatif et plus démocratique dans ses modes de fonctionnement ».
M. LANSANA KOUYATÉ, Premier Ministre de la République de Guinée, a déclaré être très préoccupé par les graves manquements au respect de l’environnement, et a appelé les nations à s’unir de manière déterminée pour endiguer une telle dégradation. Cependant, cette volonté ne doit pas consister à imposer aux pays pauvres des restrictions sur l’utilisation de leurs ressources. L’Afrique, a-t-il déclaré, ne veut plus être confinée au simple rôle de pourvoyeur de matières premières. Il veut les transformer pour créer de l’emploi et de la valeur ajoutée dans le respect de l’écosystème. Le transfert de technologies aujourd’hui doit porter sur celles qui assurent une meilleure productivité tout en respectant l’écosystème.
Le Premier Ministre a appelé la communauté internationale à plus de solidarité et d’actions communes pour combattre les fléaux de la planète que sont le terrorisme, le VIH/SIDA et le trafic de drogue. Il a déploré que malgré les prévisions et contre toute attente, la pauvreté s’est accrue depuis des années, le nombre de pauvres pour l’année 2003 ayant augmenté de plus de 100 millions. Beaucoup d’engagements ont été pris sur un grand nombre de sujets qui par la suite n’ont pas été respectés. Tous les rapports d’experts convergent pour dire que les Objectifs du Millénaire pour le développement ne seront atteints qu’à la condition impérative de changer les stratégies et règles qui façonnent notre monde aujourd’hui. Il a précisé que les solutions pour lutter contre la pauvreté ne sont pas hors de portée, et qu’il conviendrait de décréter son illégalité de principe, comme cela avait été le cas de l’esclavage et de l’Apartheid. « Je lance un appel aux dirigeants du monde pour faire entrer le vingt et unième siècle dans l’histoire comme celui qui aura intégré l’humanité en tant que sujet juridique, politique dans les stratégies solidaires de développement de la planète », a dit le Premier Ministre.
Passant à la situation propre à son pays, M. Kouyaté a rappelé que malgré la crise sociopolitique sans précédent qu’a connue la République de Guinée en début d’année, son État a pu rétablir son autorité sous les auspices de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), des divers éléments de la société guinéenne et des Amis de la Guinée. Il a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à répondre aux attentes de son peuple, notamment par le biais d’un plan d’urgence au cœur duquel figurent la restauration de l’autorité de l’État, à promouvoir une justice efficace et indépendante, la création d’emplois pour les jeunes, le développement d’infrastructures, la fourniture de services sociaux, la bonne gouvernance et l’organisation d’élections législatives libres et transparentes. Il a salué les nations et institutions pour leur soutien financier dans la mise en œuvre de ce plan d’urgence.
M. MARTIN NDUWIMANA, Vice-Président de la République du Burundi, a affirmé que son Gouvernement mettait tout en œuvre, tant au niveau national que régional, pour créer un environnement propice à la consolidation de la paix et de la sécurité, ainsi qu’au renforcement de l’état de droit, et au développement. À cet égard, il s’est félicité de la signature de l’Accord global de cessez-le-feu intervenu le 7 septembre 2006 entre les autorités burundaises et le mouvement rebelle FNL, qui a débouché sur l’ouverture de pourparler sur l’application dudit Accord. Bien que le FNL, depuis quelques semaines, ait suspendu unilatéralement ces pourparlers sans raison convaincantes, le Vice-Président ne s’est pas dit découragé, estimant qu’il ne s’agissait que d’une difficulté de parcours sans conséquences réelles sur le processus de paix. En outre, des efforts sont actuellement déployés pour permettre la reprise de ces pourparlers; un sommet régional sur la question devant se tenir prochainement pour encourager le FNL à revenir à la table des négociations, la seule voie acceptable pour arriver à une paix durable.
Pour mieux réussir la délicate tâche de la réconciliation nationale, les Burundais n’ont pas d’autre choix que de relire l’histoire de leur pays, qui comporte à bien des égards des zones d’ombre. Le Gouvernement a, à cet égard, engagé des négociations avec les Nations Unies en vue de mettre en place une Commission vérité et réconciliation. Il est parfaitement conscient que le respect des droits de la personne est le socle de toute démocratie, a ajouté M. Nduwimana. Le Gouvernement, a-t-il poursuivi, a mis sur pied un cadre de croissance stratégique et de lutte contre la pauvreté ainsi qu’un cadre stratégique pour la consolidation de la paix en étroite collaboration avec la Commission de l’ONU.
Convaincu en outre que la paix et la sécurité nationales ne peuvent s’affirmer que dans une perspective régionale, le Burundi participe activement aux travaux de la Commission tripartite Plus, qui regroupe, outre ce pays, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l’Ouganda. Il s’agit d’un forum adéquat pour discuter sans faux-fuyants de questions de sécurité, a expliqué le Vice-Président, notamment de la présence de nombreux groupes armés qui y circulent et hypothèquent dangereusement les acquis démocratiques et le développement des pays membres. Bien plus, le 15 décembre 2006, les chefs d’Etat et de gouvernement de 11 pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, dont le Burundi, ont signé le Pacte sur la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs, avec comme objectif ultime de faire de cette zone un espace de paix, de croissance économique et de développement durable et partagé.
Par ailleurs, en remettant sur les rails la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) aux côtés du Rwanda et de la RDC et en adhérant à la communauté est-africaine réunissant la République-Unie de Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya et le Rwanda, le Burundi est animé de ce même esprit de construction d’un monde paisible, prospère et uni, a souligné M. Nduwimana.
M. JOSEPH NYUMAH BOAKAI, Vice-Président de la République du Libéria, a d’abord rappelé que cela faisait deux ans que le Libéria avait organisé ses premières élections après une ruineuse guerre civile d’environ 14 ans. Il a rendu hommage à l’appui sans faille apporté à son pays par les Nations unies, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, les membres de la communauté internationale notamment les États-Unis, la Chine et le Japon. Il leur a lancé un appel pour qu’ils apportent au Libéria leur soutien à son Programme national de reconstruction. Dans ce même cadre, « Mon Gouvernement a bien accueilli et apprécié à sa juste valeur, a-t-il dit, la décision des Nations unies de lever les sanctions qui pesaient sur le bois et le diamant du Liberia. Nous promettons notre pleine coopération puisque l’Organisation est en partenariat avec notre pays dans sa réforme qui, sans doute, va renforcer ses procédures de bonne gouvernance. Pour lui, « les sanctions ont accéléré l’adoption des lois et l’institutionnalisation de mécanismes appropriés qui interdisent au Libéria de recréer les conditions permettant leur imposition ».
En règle générale, le Vice-Président a dit que son pays est pleinement impliqué dans des initiatives sous-régionales et régionales. C’est le cas de l’Union du fleuve Mano, de l’ECOMOG et de l’Union africaine. Mon Gouvernement, a-t-il dit, salue la résolution 1769 (2007) et le consensus sur le déploiement d’une opération hybride ONU-Union africaine au Darfour après des mois de négociations difficiles. Le Vice-Président a interpelé la communauté internationale sur les pays post-conflit qui ont besoin d’une « attention soutenue » pour lutter contre le fléau du VIH/SIDA.
Il a conclu en attirant l’attention sur le fardeau que continue de représenter la dette énorme que son pays doit aux créditeurs bilatéraux et multilatéraux. Le paiement du service de cette dette demeure la priorité du Gouvernement, a-t-il affirmé, en ajoutant toutefois que la capacité du pays à assurer les paiements est compromise par les limites financières provoquées par plus de 14 ans de guerre civile. Le Vice-Président a assuré les créditeurs de l’engagement de son gouvernement à travailler avec eux pour développer le cadre nécessaire à l’actualisation des initiatives d’allègement de la dette en faveur du Libéria.
Mme AJA ISATOU NJIESAIDY, Vice-Présidente de la République de Gambie, a assuré que son pays s’est engagé à réduire la pauvreté et à atteindre tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a précisé qu’un deuxième Document stratégique pour la réduction de la pauvreté (DSRP) a été adopté, malgré les maigres ressources de la Gambie et le non-respect de leurs engagements par plusieurs partenaires. Il en a donc appelé à la communauté internationale afin qu’elle se mobilise à nouveau en vertu des dispositions du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide. La Vice-Présidente a salué le Groupe de personnalités créé par l’ancien Premier Ministre Tony Blair qui a pour mission de surveiller le respect des promesses annoncées lors des sommets du G8. En Afrique, où il faut devenir de moins en moins dépendant de l’aide extérieure, il faut s’attaquer au problème de la mobilisation des ressources sous l’angle de l’accès aux marchés.
Le fléau de la pauvreté peut affecter le confort et la sécurité des plus riches et aggraver les problèmes économiques, sociaux et politiques, a souligné la Vice-Présidente. Il en a déduit la nécessité d’arriver à une plus grande solidarité internationale pour lutter contre la pauvreté. À cet égard, il a remercié les partenaires du développement et les amis de la Gambie qui soutiennent le peuple gambien, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.
Se penchant sur la question de la paix et de la sécurité dans le monde, Aja Isatou Njiesaidy a fait remarquer qu’on a vu se consolider la paix et le processus démocratique en Afrique de l’Ouest. Il a cité les élections présidentielles libres qui ont eu lieu en Sierra Leone et le retour à la paix en Côte d’Ivoire. En ce qui concerne la situation en Somalie, il a jugé urgent que la communauté internationale s’y atèle afin de redonner les pouvoirs législatifs au Gouvernement fédéral de transition. La Vice-Présidente a aussi déploré le nombre de victimes au Darfour et salué le remplacement de la mission actuelle de l’Union africaine (UA) au Soudan par l’opération hybride des Nations Unies et de l’Union africaine. La Gambie a été au premier rang dans les efforts de paix menés par l’UA au Darfour et s’est engagée à fournir des troupes à cette mission, a rappelé la Vice-Présidente.
La paix et la sécurité dans la région des Grands lacs demeurent très préoccupantes, a poursuivi la Vice-Présidente gambienne. Il a constaté la fragilité de la paix en République démocratique du Congo et a appelé la communauté internationale à réunir toutes les parties à la table des négociations pour résoudre la situation humanitaire. Sur la question de l’Iraq, Aja Isatou Njiesaidy s’est alarmé des souffrances de la population civile et du nombre de décès parmi celle-ci. La Gambie soutient en outre, a-t-il ajouté, la nouvelle initiative menée par les États-Unis dans le conflit israélo-palestinien et attend avec intérêt la convocation d’une conférence qui résoudrait une fois pour toutes cet imbroglio. La Vice-Présidente a aussi dénoncé l’embargo qui pèse sur Cuba et s’est inquiété de la militarisation de Taiwan. Enfin, sur la question de la réforme du Conseil de sécurité, il s’est aligné sur le Consensus Ezulwini qui représente la position commune africaine.
M. ELIAS CAMSEK CHIN, Vice-Président de la République des Palaos, a félicité le Secrétaire général pour son action en vue d’arrêter le génocide au Darfour et a annoncé son intention d’y envoyer des Casques bleus. Ce ne sera pas la première contribution des Palaos aux opérations de maintien de la paix bien que les Nations Unies n’ont aucune présence sur son territoire. Il a rappelé que le PNUD, le FNUAP et l’UNICEF avaient annoncé en juin dernier l’ouverture de huit bureaux dans les îles du Pacifique qui n’ont pourtant toujours pas vu le jour.
Dans le domaine du terrorisme, Palaos a travaillé à l’amélioration de sa capacité notamment avec la Direction exécutive du Comité anti-terrorisme, a indiqué Elias Camsek Chin. Le Vice-Président a néanmoins émis le souhait de recevoir plus d’aide de la part des Nations Unies en la matière. Venant aux questions de l’environnement, le Vice-Président a d’abord souligné que le Pacifique représente la plus grande biodiversité dans le monde, avant de dénoncer les pratiques de pêches destructrices qui ont donné lieu à l’adoption de mesures provisoires par l’Organisation de gestion des pêcheries régionales dans le Sud Pacifique. Palau est aussi parti en croisade contre la pêche au chalut de fond, notamment grâce à l’initiative « Micronesia Challenge ».
Elias Camsek Chin a noté que tous ces efforts resteront vains si des progrès au plan international ne sont pas rapidement réalisés dans le domaine du changement climatique. « Avec la hausse de la température, le corail se décolore, le niveau de la mer monte et les océans deviennent plus acides, ce qui menace de détruire la biodiversité marine et nos moyens d’existence », a-t-il expliqué.
Compte tenu de la vulnérabilité des petits États insulaires en développement face au changement climatique, le Vice-Président des Palaos a souligné la nécessité d’arriver à un accord sur une série d’objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour la période post-Kyoto. Ces objectifs doivent être ambitieux, a-t-il insisté, et refléter le caractère urgent de la question.
Le Vice-Président a enfin appelé à la concrétisation de la réforme du Conseil de sécurité et a soutenu la candidature du Japon ainsi que celle de l’Inde pour des sièges de membre permanents. Il s’est aussi montré favorable à l’entrée de Taiwan aux Nations Unies en qualité de Membre, estimant que les démocraties légitimes doivent être reconnues et soutenues.
M. ZARIFOU AYEVA, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine de la République du Togo, s’est déclaré préoccupé par la menace que représentent la persistance des conflits en Afrique et au Moyen-Orient, les changements climatiques, et l’extrême pauvreté. Il a à ce titre appelé la communauté internationale à faire preuve de davantage de solidarité pour combattre ces maux.
Rappelant les soubresauts qu’a connus le Togo dans son processus de démocratisation, il a affirmé que son pays s’emploie à répondre au mieux aux attentes de son peuple et à mettre en œuvre une politique intégrative de reconstruction nationale. Le Ministre a affirmé que les prochaines élections des députés, le 14 octobre, à l’Assemblée nationale constituent un événement marquant et un tournant décisif dans l’histoire du Togo. Elles se feront, a-t-il ajouté, dans l’esprit du multipartisme, de la démocratie et de la transparence, tout en précisant qu’il s’agira de la première fois que le peuple togolais votera avec des cartes d’électeurs sécurisées.
Il a tenu à remercier la communauté internationale, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA), et l’Union européenne (UE), pour l’appui constant apporté au Togo, et le PNUD en particulier pour le rôle fondamental qu’il a joué dans le soutien à la démocratisation du Togo et à la préparation des élections à venir.
Conformément aux termes de l’Accord politique global, M. Ayeva a déclaré que son gouvernement était déterminé à proscrire la violence politique et à combattre l’impunité notamment à travers la mise sur pied de la Commission chargée de faire la lumière sur les actes de violence à caractère politique commis par le passé et d’étudier les modalités d’indemnisation des victimes, et de la Commission chargée de proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la réconciliation nationale. Il a salué à cet effet le soutien apporté par le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
Le Ministre a ensuite déploré les effets sur la population togolaise de l’interruption, depuis 1993, du soutien des partenaires traditionnels de son pays, en rappelant que plus de 60% des Togolais vivent encore en dessous du seuil de pauvreté. Il a donc appelé la communauté internationale à appuyer son pays à se relever et à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Considérant le maintien de la paix et de la sécurité internationales comme préalable au développement, il a exhorté l’ONU à s’impliquer davantage sur le continent africain, particulièrement au Tchad, au Burundi et en Centrafrique. Il a appelé la communauté internationale à soutenir l’Union africaine pour le déploiement d’une force de maintien de la paix en Somalie. Il a salué l’action des Nations Unies au Libéria, en Sierra Léone, en Guinée-Bissau et en République démocratique du Congo, et s’est réjoui des récentes avancées en Côte d’Ivoire et au Soudan. Concernant ce dernier, il a appelé les factions rebelles n’ayant pas pris part aux discussions d’Arusha à se joindre aux négociations visant à parvenir à un accord de paix global.
Dénonçant les inégalités en tous genres qui règnent dans nos sociétés et qui pénalisent en particulier les pays en développement, il a appelé les pays développés à accroître l’aide au développement, à promouvoir les investissements directs dans les pays pauvres et à se pencher sérieusement sur la question de la dette.
Rappelant que le Togo venait de connaître de graves et meurtrières inondations, il a finalement exhorté la communauté internationale à engager une action concrète et concertée pour lutter contre la dégradation de l’environnement.
M. DAVID MILIBAND, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et aux affaires du Commonwealth, a estimé que l’ONU avait le devoir de conduire le monde pour faire face à la fois aux menaces et aux opportunités qui dominent notre époque. Il a souligné que nous avions besoin d’une action urgente en faveur d’une solution allant dans le sens de deux États permettant de répondre au besoin de sécurité des Israéliens et des droits des Palestiniens. En Iraq, les récentes avancées en matière de sécurité ne peuvent être durables qu’en assurant un soutien continu au développement des forces de sécurité, par la réconciliation nationale et le soutien politique de l’ensemble de la région.
Concernant l’Iran, le Représentant britannique a souligné que si ce pays voulait avoir un rôle de premier plan et être respecté il devait cesser de soutenir les groupes terroristes en Iraq et en Afghanistan, et arrêter de défier trois résolutions du Conseil de sécurité concernant son programme nucléaire. Au Zimbabwe, une action de l’ONU est nécessaire pour inverser le cycle de la dévastation sociale et économique affligeant ce pays. M. Miliband a appelé les autorités birmanes à œuvrer en faveur de la réconciliation nationale. Il a appelé à envoyer aux religieux un message soutenant leur demande d’une Birmanie démocratique.
Le Représentant britannique a dit vouloir consacrer son discours à ce qu’il a appelé la plus grande menace à la stabilité et à la prospérité dans le monde: la menace de l’inégalité planétaire. Les inégalités ne sont pas seulement choquantes sur le plan moral, elles sont aussi dangereuses. Elles alimentent l’extrémisme, a-t-il souligné. Les États et les institutions internationales se doivent donc d’œuvrer à la réduction des inégalités pour la promotion de notre humanité commune. La réduction de la pauvreté passe par des marchés ouverts, selon lui. Elle passe aussi par des régimes démocratiques et transparents avec des services universels de santé et d’éducation. A cet égard, l’action au niveau national ne suffit pas, elle doit s’accompagner d’une coopération bilatérale et multilatérale sous les auspices de l’ONU.
Après avoir cité les conflits afghan et du Darfour, le Représentant britannique a souligné qu’il fallait favoriser les mécanismes de prévention des conflits. Sur le plan économique, il a estimé que les Objectifs de développement du Millénaire risquaient de ne pas être atteints, raison pour laquelle le Chef de son gouvernement a lancé un appel à l’action en juillet dernier depuis le siège de l’ONU. M. Miliband a constaté que les producteurs occidentaux continuaient de bénéficier de subventions, particulièrement dans le domaine agricole. Le Royaume- Uni estime que le Cycle de Doha se doit d’être mené à son terme dès cette année, un objectif réaliste selon lui.
Enfin, le Représentant britannique a évoqué les changements climatiques qui sont, selon lui, la plus grande menace à long terme à laquelle la planète fait face. Pour lui, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiquesest le seul organe à pouvoir conclure un accord mondial sur le changement climatique. Celui-ci doit reposer sur la définition de responsabilités communes mais différenciées.
Enfin, il a admis que les institutions internationales se devaient de refléter le monde tel qu’il est et non pas tel qu’il était. La mondialisation n’est pas seulement un phénomène auquel il faut s’adapter mais quelque chose que l’on peut et doit modeler.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant de la Serbie a déclaré qu’en plaidant pour l’indépendance du Kosovo, le Premier Ministre albanais lançait un appel à la violation de l’intégrité territoriale d’un État souverain. Il ne l’a fait que parce que la province du Kosovo est actuellement habitée par une majorité albanaise. « Imagine-t-on un autre pays se prévaloir de droits sur son voisin au prétexte qu’il est peuplé par la même ethnie », s’est interrogé le représentant serbe.
Répondant à ces remarques, le représentant de l’Albanie a dit qu’il croyait à des relations de bon voisinage avec tous ses voisins, y compris la Serbie. Son pays n’a pas d’autre agenda que celui qui est contenu dans le plan de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, qui est la seule bonne solution pour la paix et la sécurité au Kosovo, mais aussi pour la région tout entière. Il s’agit aussi d’une condition préalable à l’intégration de la région dans les structures euroatlantiques ainsi qu’à la coopération entre les nations dans le respect des minorités ethniques et religieuses.
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