AG/10618

LES DIRIGEANTS MONDIAUX LANCENT UN SIGNAL POLITIQUE CLAIR POUR LUTTER CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

24/09/2007
Assemblée généraleAG/10618
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Réunion de haut niveau convoquée par

le Secrétaire général, intitulée «L’avenir

entre nos mains: les changements climatiques,

un défi à relever pour nos dirigeants »

Matin et après-midi


LES DIRIGEANTS MONDIAUX LANCENT UN SIGNAL POLITIQUE CLAIR POUR LUTTER CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES


À deux mois de la Conférence de Bali, le Secrétaire général salue

l’ouverture d’une nouvelle ère dans la lutte contre le réchauffement de la planète


Plus de 70 chefs d’État et de gouvernement ont exprimé aujourd’hui, au Siège des Nations Unies à New York, leur volonté de s’attaquer aux conséquences des changements climatiques.  « J’ai entendu un appel clair », s’est félicité le  Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lors de la clôture de cette rencontre, la plus importante réunion de dirigeants mondiaux jamais organisée sur ce thème.


Estimant que cette Réunion de haut niveau marquait le début d’une nouvelle ère, le Secrétaire général s’est félicité du signal politique fort adressé aux négociateurs de la treizième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui doit se tenir à Bali, en Indonésie, en décembre prochain.  Il a souligné la nécessité de trouver un accord d’ici 2012, qui marque la fin de la première période d’engagement du Protocole de Kyoto.  « La Conférence de Bali doit ouvrir la voie à l’ère post-Kyoto », a renchéri M. Susilo Bambang Yudhoyono, Président de l’Indonésie, pour qui le succès de cette rencontre organisée dans son pays reposera sur la capacité de la communauté internationale à répondre à une double question: que faire entre maintenant et 2012, et qu’envisager pour l’après-2012?


M. Ban a souligné le consensus qui a émergé, parmi tous les orateurs, sur le caractère incontestable du lien qui existe entre les changements climatiques et l’activité humaine.  « L’heure du doute est révolue », a-t-il ainsi déclaré.  Pour faire face à ce qui a été présenté comme un défi majeur pour le XXIe siècle, le Secrétaire général a rappelé le rôle moteur des Nations Unies dans la recherche de solutions et a souhaité que toutes les autres initiatives prises sur ce sujet soient compatibles avec les termes de la Convention-cadre.  Par ailleurs, Srgjan Kerim, Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a souligné la dimension éthique et l’obligation morale que revêtait la lutte contre les changements climatiques.  « Il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il lancé aux dirigeants mondiaux.


Selon les estimations du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), principal organe des Nations Unies chargé de l’évaluation des fluctuations climatiques, la planète pourrait connaître un réchauffement de 1,8 à 4ºC d’ici la fin du siècle, et entre 75 et 250 millions d’habitants du continent africain pourraient être touchés par une pénurie d’eau potable avant 2020.


Le déroulement de la Réunion de haut niveau s’est articulée autour de quatre séances plénières thématiques, chacune dédiée à un aspect de la réponse à fournir aux effets négatifs des changements climatiques: adaptation et résilience; réduction des émissions et stabilisation du climat; le rôle de la technologie; et le financement. 


Au cours de ces discussions, la plupart des intervenants ont insisté sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière durable, d’améliorer les mesures d’adaptation face aux changements climatiques, de mettre en place de nouveaux mécanismes de financement, et de favoriser les transferts de technologies. 


Le débat a par ailleurs révélé les inquiétudes de nombreux pays en développement qui ont souhaité que la lutte contre les changements climatiques ne mette pas en péril les objectifs de développement économique et d’éradication de la pauvreté.  Le Président du Panama, Martin Torrijos, a notamment plaidé pour des ressources et des investissements supplémentaires afin d’assister ces pays.  Le Ministre de l’environnement du Kenya a pour sa part demandé que le Fonds d’adaptation prévu par la Convention-cadre soit suffisamment financé et rendu opérationnel rapidement.  Le Président de Madagascar, Marc Ravalomanana, a quant à lui proposé un partenariat écologique novateur entre les pays industrialisés et l’Afrique.  Quant aux Chefs d’État du Cameroun et du Gabon, ils ont rappelé les sacrifices économiques que font les pays d’Afrique centrale en préservant de toute exploitation, au bénéfice de toute l’humanité, les forêts du Bassin du Congo, deuxième réserve forestière mondiale après l’Amazonie. 


De nombreux orateurs, dont ceux du Nicaragua, de la Malaisie et de la Gambie, ont par ailleurs appelé les pays industrialisés à faire face à leur responsabilité historique en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre. « Les pays en développement portent une part disproportionnée du fardeau des changements climatiques », a estimé le Ministre des finances de l’Inde.  Dans ce contexte, plusieurs intervenants ont souhaité qu’un futur accord sur la lutte contre les changements climatiques s’appuie sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée, selon lequel chaque pays lutte selon ses capacités et son volume d’émissions. 


La Réunion de haut niveau a aussi mis en lumière la vulnérabilité particulière des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement.  Le Président des États fédérés de Micronésie, M. Emmanuel Mori, a ainsi expliqué que les habitants du littoral commençaient à se déplacer vers les zones montagneuses des îles de son pays.  Le représentant du Bangladesh a pour sa part indiqué que l’élévation du niveau de la mer pourrait provoquer le déplacement de 25 à 30 millions de personnes dans son pays et a souhaité que les droits des « réfugiés climatiques » soient reconnus. 


Le Président de la France, Nicolas Sarkozy, s’est lui aussi alarmé de la possible apparition de réfugiés climatiques.  « L’inaction, ce serait accepter un point de non-retour », a-t-il martelé en ajoutant le risque d’une perte de 5 à 20% du PIB mondial par an.  De plus, il a rappelé que son pays avait inscrit dans sa loi l’obligation de réduire le niveau actuel des émissions de gaz à effet de serre de 75% d’ici à 2050.  Condoleezza Rice, Secrétaire d’État américaine, pays critiqué par plusieurs orateurs pour n’avoir pas ratifié le Protocole de Kyoto, a assuré que son pays voulait promouvoir le développement des technologies propres, citant notamment les biocarburants et l’énergie nucléaire.  Le Japon, pour sa part, a proposé l’élimination des droits de douanes sur tous les produits qui contribuent à réduire l’effet de serre. 


Le Secrétaire général de l’ONU avait souhaité associer à cette Réunion de haut niveau des représentants de la société civile, du secteur privé et des collectivités locales.  C’est à ce titre qu’Arnold Schwarzenegger, Gouverneur de l’État de Californie, est venu vanter les mérites de son action pour définir des normes contraignantes pour les émissions de carbone et développer des technologies « vertes ». 



SÉANCE PLÉNIÈRE D’OUVERTURE, PRÉSIDÉE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé qu’il y a deux décennies, dans cette même salle de l’Assemblée générale, les changements climatiques étaient apparus pour la première fois à l’agenda mondial, grâce à un sujet proposé par l’île de Malte.  Le sujet est aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était alors: « La protection du climat mondial pour les générations présentes et futures de l’humanité », a ajouté M. Ban.  Beaucoup a été fait depuis, selon lui, mais le défi fondamental demeure inchangé et n’a fait que gagner en urgence.  Il s’est ainsi dit convaincu que les changements climatiques et ce que nous faisons à cet égard, définiront notre ère, au bout du compte, l’héritage mondial que nous laissons aux générations futures.  Aujourd’hui, le temps des doutes est révolu, a estimé le Secrétaire général, précisant que le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) avait, sans ambiguïté, fait état du réchauffement de notre système climatique, le liant directement aux activités humaines.


Il faut agir dans l’immédiat, a insisté le Secrétaire général, pour qui le défi sans précédent des changements climatiques exige une réponse sans précédent, de même qu’un sens des responsabilités sans précédent, un leadership prêt à établir de nouvelles directions.  En participant à cette Réunion de haut niveau, les responsables des États Membres ont montré qu’ils partageaient son inquiétude, a-t-il poursuivi.  Nous devons régler notre action sur la réalité, a déclaré M. Ban.  L’action nationale doit être, selon lui, au centre de notre action face aux changements climatiques, les pays industrialisés devant prendre la direction des opérations.  Il faut le concours de tous les pays, de tous les secteurs de la société, a-t-il ainsi souligné.  Il faudra, a-t-il dit, la participation de tous les secteurs pour que les émissions cessent d’augmenter dans les 10 à 15  années à venir.  La nature et l’ampleur du problème sont telles que l’action nationale ne suffit pas, a-t-il cependant assuré.  Il faut donc s’attaquer à ce problème à l’échelle mondiale de manière à garantir le plus haut niveau de coopération internationale indispensable.  Le Secrétaire général a jugé encourageant de constater que les Nations Unies constituent l’enceinte appropriée pour négocier une action mondiale.  Toutefois, il s’est dit déconcerté par la lenteur des progrès de ces négociations.  M. Ban, affirmant que cette réunion visait à relancer le processus, a rappelé que des négociations cruciales auraient prochainement lieu à Bali, en décembre prochain, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il est temps, a-t-il dit, d’obtenir un accord qui s’attaque aux changements climatiques sur tous les fronts.  Il faut faire tout ce que nous pouvons pour que cet accord aboutisse le plus vite possible, a-t-il poursuivi.  Le Secrétaire général a, enfin, invité les responsables de la planète à envoyer un signal clair et collectif aux peuples: faire savoir qu’ils sont prêts à assumer cette responsabilité et à régler ce défi courageusement. 


M. SRGJAN KERIM (ex-République yougoslave de Macédoine), Président de la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale, a rappelé qu’il y a 20 ans, l’Assemblée générale s’était déjà alarmée des conséquences des changements climatiques et il a estimé que depuis, les dirigeants mondiaux n’avaient pas fait suffisamment pour s’y attaquer.  Le constat scientifique est incontestable, a-t-il ajouté, en citant les récents événements en Afrique.  Il a souligné la dimension éthique et l’obligation morale que représente la lutte contre les changements climatiques, laquelle nécessite, a-t-il dit, une ferme volonté politique.  De l’avis du Président de l’Assemblée générale, les Nations unies sont l’instance appropriée pour s’attaquer aux changements climatiques et il a souhaité que les débats de l’Assemblée générale servent d’orientation pour les négociations de Bali. 


M. Kerim s’est félicité des initiatives passées depuis l’entrée en vigueur de la Convention-cadre sur les changements climatiques, mais a estimé qu’elles seraient insuffisantes en l’absence d’accord contraignant.  C’est pourquoi il a proposé l’élaboration d’une feuille de route pour l’ONU et ses États Membres qui devrait, a-t-il précisé, inclure l’expertise de la société civile, du secteur privé et de la recherche universitaire, afin d’établir un consensus mondial pour l’action.  Il a annoncé son intention d’organiser un débat thématique au début de l’année prochaine pour commencer à établir ce consensus.  Les changements climatiques sont indubitablement le défi le plus important auquel doit faire face l’humanité au XXIe siècle et il n’y a pas de temps à perdre, a-t-il conclu, en appelant les États Membres à ne pas laisser retomber la dynamique actuelle.


M. RAJENDRA PACHAURI, Président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), présentant le travail de celui-ci, a rappelé que les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre étaient le résultat des activités humaines.  Il a souligné, notamment, que la planète pourrait, d’ici à la fin du siècle, se réchauffer en moyenne de 1,8 degré Celsius, les scénarios les plus noirs faisant état d’une augmentation de 4 degrés Celsius.  La pénurie de l’eau sera une des conséquences les plus importantes des changements climatiques, a-t-il prévenu, précisant que ce phénomène s’aggravera dans certaines zones, plus vulnérables que d’autres, de la planète.  L’Afrique sera particulièrement concernée, avec 75 à 250 millions de personnes touchées par la pénurie d’eau d’ici à 2020, a-t-il souligné.  L’adaptation est inévitable, a-t-il ajouté, notant toutefois qu’elle ne suffirait pas à elle seule.  Nous devons prendre des mesures d’atténuation dès le court terme, a-t-il déclaré.  De même, le Président du GIEC a invité à un changement des modes de vie et de comportement.  L’inaction n’est plus une solution ni une possibilité, a-t-il souligné avant de conclure.


M. ARNOLD SCHWARZENEGGER, Gouverneur de l’État de Californie (États-Unis), invité par le Secrétaire général de l’ONU à intervenir en tant que représentant d’une collectivité locale, a commencé son intervention par un rappel du poids de la Californie, dont il a notamment rappelé qu’elle était la septième économie mondiale et avait sur son territoire trois des six principales universités du monde.  Il s’est défendu de vouloir se vanter, mais a expliqué que, compte tenu de la puissance de son État, les mesures qui y étaient prises pouvaient avoir des conséquences importantes au niveau mondial.  Il a souligné le rôle pionnier de la Californie dans la lutte contre les changements climatiques qui s’appuie, a-t-il précisé, sur l’exemple de l’Union européenne.  Par sa position unique, la Californie, a-t-il dit, est au premier plan de l’action à venir.  Rappelant que les normes d’émission à faible teneur en carbone adoptées l’année dernière par la Californie dépassaient les rêves les plus fous, il a cependant estimé que cette législation n’allait pas changer le climat de la planète mais avait pour objectif de montrer la voie.  Après l’informatique et la Silicon Valley, a-t-il déclaré, les technologies vertes vont permettre à la Californie de passer à la vitesse supérieure.


M. Schwarzenegger a estimé que l’heure n’était plus aux soupçons et aux accusations sur les responsabilités du passé et sur le Protocole de Kyoto, mais qu’il était temps de s’intéresser aux responsabilités à venir.  Notre seule responsabilité, a-t-il ajouté, c’est l’action.  Il a estimé que la Californie faisait avancer les États-Unis vers l’action et il a invité l’Assemblée générale à faire avancer ses États Membres vers l’action.  Il ne faut pas perdre espoir, a-t-il conclu en se déclarant convaincu qu’il était possible de renouveler la planète.


Mme ARTI MEHRA, maire de New Delhi, a souligné que sa municipalité avait pris des mesures pour promouvoir l’efficacité énergétique, une politique de transports durables et les énergies renouvelables.  Elle a ainsi expliqué que New Delhi possédait le parc le plus important au monde d’autobus propres.  Intervenant au nom des collectivités locales du monde entier, elle a assuré que le rôle de celles-ci était essentiel pour réduire les émissions actuelles et les émissions futures de gaz à effet de serre.  Les collectivités locales sont une source d’espoir importante pour la communauté mondiale, a-t-elle souligné.  L’action des collectivités locales peut être, selon elle, positive et autonomisante.  Des enseignements intéressants peuvent être tirés de l’expérience des collectivités locales, a-t-elle ajouté.  La maire de New Delhi a demandé instamment aux dirigeants des États Membres d’investir immédiatement dans les collectivités locales pour aboutir notamment à une meilleure gestion de l’environnement local.


Mme CATHERINE GAUTHIER, de l’association Environnement Jeunesse et de la Coalition de la jeunesse canadienne pour le climat, a commencé par délivrer un message au nom Carl Tomacruz, de Greenpeace Génération solaire-Philippines.  Il a déclaré que les Philippines, avaient été victimes l’année dernière de deux des plus meurtrières catastrophes liées aux changements climatiques, faisant 2 500 victimes et affectant 800 000 familles.  Estimant que l’avenir était dans les énergies renouvelables, il a invité les États Membres à ne pas céder aux pressions de groupes industriels, qui cherchent à promouvoir un charbon non polluant ou l’énergie nucléaire.  Notre droit au développement dépend d’un climat stable, a-t-il déclaré, en demandant aux pays industrialisés de prendre la tête du mouvement et en exhortant les États Membres à prendre des engagements fermes à Bali.


      Mme Gauthier, reprenant la parole en son nom propre, a estimé que le temps des excuses était révolu.  Citant les récents rapports scientifiques, elle a expliqué que la jeunesse ne tolérerait plus des élus qu’ils ne prennent pas conscience de l’ampleur du problème des changements climatiques.  Il ne peut pas y avoir de petite avancée à Bali, a-t-elle poursuivi, car cette conférence doit marquer un tournant.  Mme Gauthier a dénoncé ceux qui, dans certaines capitales, tentent de faire croire autre chose.  Il n’y a qu’une seule voie vers un climat sûr et elle passe par Bali, a-t-elle conclu, en déclarant aux délégations que son avenir était entre leurs mains.


SÉANCE PLÉNIÈRE THÉMATIQUE I


ADAPTATION: LE DÉFI DE L’ADAPTATION: DE LA VULNÉRABILITÉ À LA RÉSILIENCE


Déclarations


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies et Facilitatrice de cette séance plénière thématique, a affirmé que la présence, ici, des responsables des États Membres témoignait de l’intérêt pour cette alliance qui permettra de parer aux effets des changements climatiques.  Un grand travail d’adaptation est actuellement en cours, a-t-elle souligné, ajoutant cependant que celui-ci est loin de nous amener à la situation qui nous permettrait de faire face aux effets des changements climatiques.  Il s’agit ici, de l’avis de la Vice-Secrétaire générale, de prendre un nouvel élan, et de lancer une nouvelle stratégie d’adaptation.  Il faut accroître les capacités de riposte des pays en développement, accroître leur aide au financement, car il s’agit d’aider les pays à formuler des mesures d’adaptation, de favoriser les échanges d’informations entre pays développés et pays en développement, de favoriser les partenariats.  Les Nations Unies sont bien placées dans ce processus, a-t-elle rappelé.


M. ANDERS FOGH RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark et Coprésident de la plénière thématique I: Adaptation, a estimé que, partout, les changements climatiques nous imposent de garder à l’esprit les objectifs que nous nous sommes fixés.  Les mesures d’adaptation doivent être appliquées, sinon, a-t-il précisé, le niveau des mers va continuer d’augmenter.  Il s’agit, selon lui, de préparer nos réactions et de prendre des mesures pour atténuer les effets des changements climatiques.  Cette adaptation n’en est qu’à ses débuts, surtout dans les pays en développement, a-t-il regretté.  Cette Réunion de haut niveau offre, à cet égard, une occasion unique dans le processus visant à mettre en place un mécanisme international qui nous permettrait de parer aux effets des changements climatiques.


M. NESTOR KIRCHNER, Président de l’Argentine, a évoqué la dette morale que représente la lutte contre les changements climatiques.  Il a constaté que les efforts déployés jusqu’à présent avaient été timides.  Il a présenté l’adoption, en décembre 2004, par l’Argentine d’un plan de réduction des gaz à effet de serre, comme un premier pas pour écarter la menace qui pèse sur le développement durable de son pays et qui pourrait remettre en cause la sécurité alimentaire.  C’est une priorité nationale, a-t-il déclaré.


M. Kirchner a souligné que de nombreux obstacles, comme le poids du service de la dette, obligeaient bien souvent à reporter à plus tard la mise en œuvre des mesures décidées.  L’aide financière apportée par les pays en développement est insuffisante, a-t-il dit en demandant le versement d’argent frais et une aide technologique accrue.  Les changements climatiques sont un problème planétaire, qui doit être abordé de façon planétaire, a-t-il estimé, en expliquant que c’était la première fois que tous les pays étaient sur un même pied d’égalité face à un défi mondial.  Nous devons tenir nos engagements, a-t-il conclu, parce que l’humanité est menacée.


M. OSCAR BERGER PERDOMO, Président du Guatemala, a souligné que son intervention constituait une réflexion émanant de toute sa région.  Les changements climatiques ne représentent pas une question pour demain, car ils ont des effets immédiats.  Un effort concerté est nécessaire de la part de tous les pays présents, pour atteindre une sécurité climatique pour nos pays, a-t-il déclaré.  Ce qui est en jeu, a-t-il dit, c’est notre capacité de survie.  Les impacts des changements climatiques sont liés à notre propre vulnérabilité économique et sociale.  C’est pourquoi, il est nécessaire de prendre en compte nos propres besoins de développement.


Le Président du Guatemala a également mis l’accent sur la nécessité, par exemple, d’enseigner la notion du respect de l’environnement par le biais de cours sur l’environnement dispensés aux enfants.  Il est important d’enseigner le respect des ressources naturelles, a-t-il affirmé.  Compte tenu de la vulnérabilité particulière de l’Amérique centrale face aux phénomènes climatiques, les dirigeants de celle-ci ont choisi d’organiser en avril 2010, au Honduras, un sommet présidentiel de cette partie du continent sur les questions de l’environnement.  Ce sommet aura pour objectif, a-t-il précisé, d’adopter un plan d’adaptation visant à promouvoir un nouveau secteur économique de biens et services qui soit favorable à la protection de l’environnement. 


M. EMMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, a expliqué que les effets des changements climatiques commençaient à se faire sentir dans son pays, en citant l’élévation du niveau de la mer, les attaques contre la barrière de corail et les glissements de terrain.  Les petits États insulaires en développement sont limités dans leurs moyens pour lutter contre les changements climatiques, a-t-il plaidé. Face à l’élévation du niveau de la mer, a-t-il expliqué, les habitants du littoral commencent à se déplacer vers les zones montagneuses des îles de son pays.  La réinstallation de ces personnes a un coût économique, politique et social très élevé, a-t-il déclaré, en s’inquiétant de voir apparaître des réfugiés en raison des changements climatiques.  Il a estimé que la destruction d’atolls peuplés depuis des centaines de milliers d’années serait une grande perte pour l’humanité, en invitant les négociateurs de Bali à garder cela à l’esprit.  Nous sommes tous responsables de la survie de cette planète, a-t-il conclu, en estimant que les États Membres ne s’étaient pas encore acquittés correctement de cette responsabilité.


M. VÁCLAV KLAUS, Président de la République tchèque, a estimé que le fait de reconnaître la réalité et l’importance des changements climatiques est si énorme que nous serons obligés de réfléchir à deux fois avant de prendre des décisions.  Le Président a souligné que l’augmentation des températures mondiales avait été très limitée au cours des dernières années, dernières décennies et dernier siècle si on la compare au reste de l’histoire.  La menace hypothétique qui est brandie dépend exclusivement de prévisions issues, de l’avis du Président tchèque, de spéculations et ne repose pas sur l’expérience passée.  Ce sont des prévisions qui se fondent sur des données de très courte durée et n’ont pas prouvé leur efficacité sur les événements passés, a-t-il assuré. 


Le Président tchèque a estimé qu’il n’existe aucun consensus quant aux causes des changements climatiques récents.  Il conviendrait, a-t-il déclaré, de mesurer l’ampleur et la probabilité du risque et le coût nécessaire pour l’éviter.  Cette problématique est non seulement dotée d’une dimension temporelle, mais aussi spatiale et régionale qui, à ses yeux, est plus importante.  Les solutions globales et universelles sont plus coûteuses et injustes et, de ce fait, sont discriminatoires, a-t-il assuré.  C’est pourquoi, le fait de dicter des normes environnementales ambitieuses qui ne sont pas adaptées aux pays en développement devrait être exclu de toutes recommandations.  Il a recommandé, pour sa part, la mise en place de deux groupes intergouvernementaux d’experts, afin de publier deux rapports concurrentiels et ne plus considérer le problème d’une seule façon. 


M. TASSOS PAPADOPOULOS, Président de la République de Chypre, a estimé que l’adaptation ne signifiait pas se résigner aux effets négatifs des changements climatiques, mais en limiter les dégâts.  Il a indiqué que l’écosystème méditerranéen était l’un des plus touchés par les changements climatiques.  Il s’est par ailleurs dit conscient de la nécessité d’aider les plus vulnérables, et notamment les petits pays insulaires en développement.  Les changements climatiques ne doivent pas remettre en cause la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il dit.  Le Président Papadopoulos a appelé les États Membres à s’assurer qu’il n’y ait aucun vide juridique après le Protocole de Kyoto.


M. JOSÉ MANUEL ZELAYA ROSALES, Président du Honduras, a indiqué que 5 000 soldats des forces armées avaient été affectés à la protection des zones boisées de son pays, 70% des incendies de forêt étant d’origine criminelle.  L’écosystème du Honduras n’est plus en danger, a-t-il assuré, grâce aux mesures prises.  Il a ainsi rappelé que le Honduras était doté de la deuxième réserve de forêts tropicales après le Nicaragua, comprenant une diversité biologique importante, à l’instar de l’Amazonie.


Le Président du Honduras a réaffirmé en outre l’engagement de son pays, au côté du Costa Rica et de pays européens, en faveur d’une politique de carbone zéro.  Il a précisé que le Honduras avait signé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de même que les Protocoles de Rio et de Kyoto.  Le Honduras s’est aussi engagé à adopter un engagement régional qui permettra de mettre en œuvre une synergie face au défi des changements climatiques.  La protection de l’environnement ne va pas à l’encontre du développement, si tout le monde fait un effort, a-t-il conclu.


M. LEVY PATRICK MWANAWASA, Président de la Zambie, a expliqué que les effets des changements climatiques faisaient peser un fardeau supplémentaire sur l’économie de son pays, déjà très vulnérable, notamment à cause des effets du VIH/sida.  Quatre secteurs particulièrement vulnérables aux changements climatiques ont été identifiés dans son pays, a-t-il dit: l’agriculture, la santé, l’énergie et l’eau.  Il a souhaité davantage de transferts de technologies en faveur des pays africains.  Le Président zambien a constaté que les systèmes d’alerte, comme les prévisions météorologiques et l’anticipation de catastrophes, n’étaient pas adaptés, ce qui rendait difficile la planification dans le domaine agricole.  Les stratégies d’adaptation nécessitent des ressources financières considérables, qui dépassent les capacités de la Zambie, a-t-il déploré, en appelant la communauté internationale à porter assistance à son pays.  Il a cependant fait part de sa détermination à prendre les choses en main car, a-t-il dit, l’adaptation n’est pas une possibilité, c’est un impératif, qui nécessite, a-t-il souligné, une réponse rapide.


M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président du Ghana, a souligné que les conséquences des changements climatiques étaient impossibles à ignorer et nécessitaient une réponse immédiate de la communauté internationale.  Il a indiqué que son pays ressentait les effets des changements climatiques, à travers d’inondations et de sécheresses mettant en danger les vies humaines.  Ces phénomènes exacerbent des conditions d’existence déjà difficiles de certains pays, a-t-il estimé.  Il a ainsi fait état, depuis le mois de juillet, d’un déluge sans précédent qui frappe une partie de l’Afrique, phénomène lié de toute évidence, selon lui, aux changements climatiques. 


De l’avis du Président du Ghana, les pays africains ne peuvent imaginer relever le défi, que ce soit à titre individuel ou collectif.  Les Nations Unies doivent rassembler et mobiliser, tout en appelant aux pays industrialisés et aux pays en développement pour évaluer la menace et rechercher des solutions d’urgence pour sauver l’humanité, a-t-il estimé.  L’ONU devrait, de même, exhorter l’ensemble de ses États Membres pour adopter une bonne gouvernance afin, notamment, de mettre en œuvre des stratégies efficaces se fondant sur les connaissances scientifiques, et en utilisant un cadre législatif et réglementaire approprié.  Nous devons utiliser cette réunion pour envoyer un message politique clair à tous les États Membres de cette Organisation selon lequel leurs délibérations futures doivent être influencées par l’urgence de ce problème universel, a-t-il souligné avant de conclure.


M. JOSE EDUARDO DOS SANTOS, Président de l’Angola, a souligné le risque que les changements climatiques remettent en cause les efforts de développement.  Certains peuples sont plus menacés que d’autres, a-t-il estimé, en ajoutant qu’aucun pays n’était épargné par ce qu’il a qualifié de fléau mondial.  Il a invité les pays développés à s’engager financièrement et à tenir les engagements, ainsi qu’à faciliter les transferts de technologies.  Il a énuméré la législation promulguée par son pays pour mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto.  Il s’est dit convaincu que le débat de haut niveau permettrait de mettre en place des mesures concrètes pour lutter contre les changements climatiques.


M. SURAYUD CHULANONT, Premier Ministre de la Thaïlande, a mis l’accent sur l’importante nécessité de s’adapter.  À travers l’adaptation, a-t-il dit, chacun de nous répond aux changements climatiques dans son propre environnement naturel.  Le Premier Ministre a ainsi énuméré les différentes mesures prises par le Gouvernement thaïlandais pour tenter de faire face aux problèmes d’élévation du niveau de la mer, aux inondations et à la sécheresse.  De l’avis du Premier Ministre thaïlandais, les mesures d’adaptation doivent être prises de manière plus extensive dans chaque pays et des mécanismes plus efficaces doivent être mis en place.  Mais, a-t-il ajouté, l’adaptation seule ne suffit pas.  La Thaïlande a ainsi établi des cibles en matière à la fois d’adaptation et d’atténuation.  Il a cité l’exemple du Plan national stratégique sur les changements climatiques, lancé cette année, lequel couvre tous les aspects des politiques à l’égard des changements climatiques, notamment l’adaptation, l’atténuation des gaz à effets de serre, la recherche et le développement, et la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.


M. MARC RAVALOMANANA, Président de Madagascar, a déclaré que les effets des changements climatiques étaient tangibles dans son pays.  Au cours des 50 dernières années, les températures minimales ont augmenté de 1,2°C, il y a eu un jour sans pluie supplémentaire dans les hautes terres, où est cultivé le riz et le nombre de cyclone par an a presque doublé, a-t-il indiqué.  Si cette tendance se poursuit, a-t-il prévenu, les maladies comme le paludisme vont se propager, les zones désertiques vont s’étendre, les zones forestières vont diminuer, le trésor mondial que constitue la biodiversité de Madagascar sera menacé.  Face à cette triste réalité, il a proposé un partenariat écologique novateur entre les pays industrialisés et l’Afrique, afin de trouver des solutions novatrices, de définir des actions prioritaires, de mesurer les progrès réalisés.  Regrettant que certains pays industrialisés traînent les pieds en considérant que leur intérêt national est plus important que l’intérêt du monde, il a exhorté tous les pays à ratifier le Protocole de Kyoto.  Avec une volonté forte, nous pourrons tous mieux respirer, a-t-il conclu, et pousser un soupir de soulagement.


M. UMARU MUSA YAR’ADUA, Président du Nigéria, a estimé que les changements climatiques touchaient tous les pays à des degrés divers, le continent africain étant, à cet égard, vulnérable.  Le Nigéria l’est tout particulièrement, a-t-il précisé.  Les réalités de l’Afrique témoignent de la façon dont les changements climatiques peuvent mettre en cause le développement durable et combien le développement durable et les changements climatiques sont étroitement liés.  De l’avis du Président nigérian, les changements climatiques n’ont pas seulement un impact sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, mais ils ont aussi contribué sensiblement à accroître certains conflits sur le continent africain.  Il faut que la communauté internationale aide l’Afrique, a-t-il insisté. 


L’Afrique contribue le moins au réchauffement climatique alors que la région est la plus vulnérable et la plus durement touchée, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le soutien financier à l’Afrique et d’assurer le transfert de technologies abordables et appropriées.  Le Président du Nigéria a espéré que cette Réunion de haut niveau permette d’accroître les initiatives en matière de renforcement des capacités pour que les pays africains puissent être en mesure de s’adapter à ce nouveau défi. 


M. ROMANO PRODI, Premier Ministre de l’Italie, a invité les États Membres à établir un pacte avec la nature avant qu’il soit trop tard.  Il a souligné l’importance des réunions à venir de Washington et de Berlin, comme étapes avant la conférence de Bali.  Il a plaidé pour qu’on ne se concentre pas uniquement sur le coût des politiques environnementales, en expliquant que la demande de produits propres allait entraîner une réduction des coûts des nouvelles technologies.  Il a cité à cet égard l’exemple des téléphones portables et de l’Internet il y a seulement 15 ans.


L’adaptation est une question cruciale, a estimé M. Prodi, parce qu’il est désormais irréversible de parvenir à vivre aussi bien que possible avec un nouveau climat.  Il a notamment insisté à cet égard sur le rôle décisif des politiques d’aide au développement, dans la mesure où les changements climatiques limitent souvent les effets des programmes de réduction de la pauvreté.  M. Prodi a par ailleurs estimé que l’accès et la gestion de l’eau constituaient un défi particulièrement important dans le cadre de l’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques.  Il a proposé que l’eau soit internationalement reconnue comme un bien commun, de manière à ce que l’accès à l’eau soit déclaré droit humain inaliénable.


M. JAN PETER BALKENENDE, Premier Ministre des Pays-Bas, a affirmé que son pays était prêt à déployer tout effort visant à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, en s’engageant notamment à les réduire de 30% d’ici à 2020.  Il faut faire plus encore, a-t-il estimé, en soulignant la nécessité de s’adapter aux effets des changements climatiques.  Le Premier Ministre a ainsi rappelé que son pays était l’un des plus novateurs en matière de gestion de l’eau, et ce, depuis plus de 1 000 ans.


L’adaptation n’est pas un élément nouveau et constitue sans doute l’un des concepts les plus anciens de l’histoire des Pays-Bas.  Si nous la menons correctement, l’adaptation permettra d’améliorer les conditions de vie et de rendre l’environnement meilleur et plus sûr.  Le Premier Ministre a également souligné la nécessité d’identifier les effets régionaux des changements climatiques.  Seulement alors, a-t-il ajouté, les pays pourront être en mesure de développer et mettre en œuvre des stratégies de bonne adaptation afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement


M. HAN DUCK-SOO, Premier Ministre de la République de Corée, a indiqué que la température moyenne avait augmenté de 1,5°C ce dernier siècle dans la Péninsule coréenne, soit deux fois plus que la moyenne mondiale.  L’accord qui nous mènera au-delà de 2012 doit être négocié sous les auspices de l’ONU, a-t-il dit, en souhaitant que les pays industrialisés prennent la tête des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Il a estimé que l’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques ne nécessitait pas les mêmes efforts partout dans le monde. Le Premier Ministre a souhaité un meilleur partage des bonnes pratiques et s’est dit prêt à cet égard à partager l’expérience de la République de Corée avec d’autres pays en développement.  M. Han a par ailleurs plaidé pour la candidature de son pays pour l’Exposition mondiale de 2012 à Yeosu, en expliquant que le thème retenu, « Océans et côtes », permettrait de se concentrer particulièrement sur les changements climatiques.


M. NAVINCHANDRA RAMGOOLAM, Premier Ministre de Maurice, a souligné que son pays était particulièrement exposé aux effets des changements climatiques.  Ceux-ci entraînent notamment un blanchiment des coraux et une érosion des sols, tout en exerçant une influence énorme sur l’activité économique du pays.  Le Premier Ministre a indiqué que son pays envisageait d’utiliser des sources d’énergie renouvelable, comme le vent ou le soleil, afin de réduire sa dépendance face aux carburants fossiles.  Des mesures de protection sont également envisagées pour empêcher l’érosion, tandis que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est encouragée.  Le Premier Ministre a également affirmé que Maurice éprouvait d’énormes difficultés à affecter des ressources, déjà très rares, à la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, et alors même que le pays était en proie à bien d’autres handicaps en matière de développement social et économique.  Il a demandé que des évaluations de vulnérabilité soient faites de manière intégrées et a appelé la communauté internationale à aider les petits États insulaires en développement à renforcer la résilience et leurs capacités en matière de planification et de mise en œuvre de stratégie d’adaptation.  Le Premier Ministre a estimé qu’un fonds particulier en faveur des petits États insulaires en développement devrait être mis sur pied.


M. FAKHRUDDIN AHMED, Conseiller principal du Gouvernement chargé de gérer les affaires courantes du Bangladesh, a estimé que les changements climatiques modifiaient radicalement nos modes de vie.  Il a indiqué que, selon certaines projections, une augmentation d’un mètre du niveau de la mer aurait pour conséquence l’engloutissement de 30% du territoire du Bangladesh et le déplacement de 25 à 30 millions de personnes.  Il a souhaité que les réfugiés des changements climatiques obtiennent des droits leur permettant de faire face à leur nouvelle situation.  M. Ahmed a soutenu le principe d’une responsabilité commune mais différenciée face aux changements climatiques, ainsi que l’objectif d’une croissance économique neutre du point de vue des émissions de carbone.  Les pays les moins avancés ne peuvent pas se permettre, a-t-il regretté, l’accès aux nouvelles technologies et il a demandé que le régime qui succèdera au Protocole de Kyoto tienne compte de cette situation, en facilitant le transfert de technologies.  Si les mesures annoncées ne sont pas financées, elles ne seront que pure rhétorique, a-t-il prévenu.  Il a insisté pour que l’aide apportée pour l’adaptation aux changements climatiques vienne en complément de l’aide publique au développement, consacrée plus spécifiquement à la réduction de la pauvreté.


M. ALBERT PINTAT, Premier Ministre de la Principauté d’Andorre, a rappelé que la population de son pays vivait très près des systèmes naturels et que l’économie nationale en dépendait en grande partie.  Petit État enclavé, Andorre s’est doté d’une capacité de réaction rapide pour la mise en œuvre d’actions nécessaires afin de mieux s’adapter aux changements climatiques, a-t-il dit.  Le Gouvernement andorran, a-t-il ajouté, a la volonté de s’y investir au maximum.  Il a également indiqué, que sur la base d’une étude, l’ensemble de la population de l’Andorre jugeait essentiel de conserver et de protéger l’environnement à cause de ses impacts sur la qualité de vie et sur le tourisme.  Soulignant que son pays était engagé au niveau international, il a estimé important de continuer à penser globalement et à agir localement.


M. JOSE LUIS ZAPATERO, Premier Ministre d’Espagne, a fait part de l’engagement résolu de son pays à relever le défi des changements climatiques.  Le monde a besoin d’améliorer ses systèmes d’alerte précoce pour faire face aux catastrophes, a-t-il plaidé.  L’Espagne a doublé son aide publique au développement, a-t-il indiqué, pour la porter à 0,5% du PNB en 2008, avec l’objectif de parvenir à 0,7% d’ici à 2012.  Présentant son pays comme un moteur du dialogue Nord-Sud et du dialogue Sud-Sud, il s’est félicité de l’adoption d’un Programme ibéro-américain d’impact et d’adaptation aux changements climatiques. 


M. Zapatero a souligné la nécessité d’étudier l’impact des changements climatiques sur la santé, et a soutenu les stratégies communes menées conjointement avec l’Organisation mondiale de la santé, afin que les secteurs de la santé et de l’environnement relèvent ensemble le défi actuel.  Il a indiqué que son pays avait à cet égard versé un apport de 8 millions d’euros à l’OMS.  Il a également annoncé le lancement d’un concours exceptionnel doté de 3 millions d’euros pour stimuler la recherche sur l’impact des changements climatiques dans le domaine de la santé.


M. LANSANA KOUYATE, Premier Ministre de la Guinée, a affirmé que dans son pays, les signes et les conséquences de la dégradation effrénée de l’environnement étaient partout palpables et fort inquiétants.  La Guinée, joyau de l’environnement africain, abrite le microcosme de la plus riche biodiversité, dont plus de 53% des espèces animales répertoriées dans le monde, a-t-il notamment expliqué.  Or, au cours des 50 dernières années, le joyau s’est progressivement fané sous l’effet de la dégradation des climats. 


Le Premier Ministre s’est dit convaincu que seul un partenariat mondial et multilatéral pouvait permettre de promouvoir et de développer des stratégies indispensables pour mettre la planète à l’abri des conséquences catastrophiques de son réchauffement.  Il a ainsi souhaité que les États Membres, notamment les pays industrialisées, respectent leurs obligations en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, surtout celles relatives à la réduction des gaz à effet de serre, à la mise en place des ressources financières et au transfert de technologies adéquates.  Dans ce contexte, a-t-il ajouté, la Convention de Rio peut constituer la base appropriée de négociation en vue d’un accord global prévisible pour l’après Kyoto 2012.


M. JACQUES AIGRAIN, Directeur général de la Swiss Reinsurance Company, a présenté sa société, spécialisée dans la protection financière des compagnies d’assurance, comme particulièrement exposée aux conséquences du réchauffement climatique.  Il a indiqué qu’en 2005, un montant record de 100 milliards de dollars avait été versé par l’industrie des assurances pour aider la communauté internationale à faire face aux conséquences financières des catastrophes liées au climat.


Le coût de l’adaptation aux changements climatiques va se chiffrer en dizaines de milliards de dollars par an d’ici à 2030, a-t-il indiqué, en appelant de ses vœux un nouveau partenariat entre le secteur public et le secteur privé pour y faire face.  Le secteur privé a le pouvoir de fixer un cadre, mais a des contraintes financières, alors que le secteur privé a les ressources (86% des investissements dans le monde) a-t-il dit.  M. Aigrain a cité une série de solutions pour éviter les risques et limiter les effets négatifs, qu’il s’agisse de solutions technologiques, comme la création de digues ou de nouvelles variétés de récoltes, ou encore de changements de comportements.  Citant le cas des ouragans en Floride, il a expliqué que la construction de maisons plus résistantes avait permis de réduire les dégâts de 42% lors du passage de l’ouragan Charley en 2004.  On ne peut pas obtenir une résilience totale face aux effets des changements climatiques, mais il est possible de gérer ses conséquences, si les secteurs public et privé s’engagent dans un véritable partenariat, a-t-il conclu.


M. JANEZ JANSA, Premier Ministre de la Slovénie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a estimé qu’il convenait à tout prix d’accélérer les efforts en vue d’aider les plus pauvres qui n’ont pour la plupart pris aucune part active à ce problème.  Il faut accélérer les efforts d’adaptation, a-t-il ajouté.  Le Premier Ministre a ainsi mis l’accent sur la nécessité de réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre, de mettre en place des programmes de coopération et des plans n’ayant aucune incidence sur le climat, de mobiliser le secteur privé et d’identifier les ressources.  De l’avis du Premier Ministre, les dispositions et les engagements en faveur de l’adaptation selon les termes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto devraient être renforcés et leur mise en œuvre mieux coordonnée afin de maximiser leur efficacité dans le cadre d’un accord pour l’après 2012.  En tant que représentant de son pays, le Premier Ministre slovène, s’est dit conscient de devoir trouver une approche plus originale.  Si nous nous contentons de la routine, la stabilité économique et sociale en pâtira, a-t-il dit.  Les pays développés, a-t-il estimé, doivent aider les pays en développement à mettre en place des politiques d’adaptation.  La meilleure adaptation est l’atténuation combinée avec le développement économique durable, a-t-il assuré.


Mme MICHELLE BACHELET, Présidente du Chili, s’est félicitée de constater qu’après des années de scepticisme, les preuves scientifiques conduisent aujourd’hui à une conclusion unique: l’homme a mis en péril l’avenir de l’humanité et de la vie sur terre.  Face au défi moral qui se pose, elle a souhaité une mobilisation internationale de la même ampleur que celle qui a conduit à la Charte de San Francisco en 1945.  Les pays développés ont une responsabilité fondamentale parce qu’ils sont la principale source d’émission de gaz à effet de serre, a-t-elle dit.  Les pays en développement, a-t-elle ajouté, doivent également se mobiliser, au nom du principe de responsabilité commune mais différenciée.  Elle a appelé les pays en développement à envisager le nouveau défi des changements climatiques comme une opportunité pour donner un nouvel élan à l’éducation et à la recherche, pour faire progresser nos économies avec des processus plus propres, avec une utilisation accrue des technologies renouvelables.  Nous devons transformer la lutte contre les changements climatiques en un processus en faveur du développement, a-t-elle conclu.


M. OWEN ARTHUR, Premier Ministre de la Barbade, a assuré qu’il n’existait aucune raison, scientifique ou politique, pour retarder une réponse immédiate à cette crise mondiale.  L’inertie serait presque un crime contre l’humanité, a-t-il ajouté.  Aujourd’hui nous avons des choix, a-t-il également déclaré, précisant que la génération de demain n’en aura plus.  Le Premier Ministre s’est dit conscient du fait que les plus vulnérables sont souvent les plus petits et les plus pauvres.  Il n’est plus question d’atermoyer, a-t-il dit, ajoutant que le moment était venu d’agir.  La communauté internationale doit se mobiliser pour réduire les émissions nocives, a-t-il souligné. 


De l’avis du Premier Ministre, les menaces que font peser les changements climatiques sapent les objectifs que les programmes d’action des petits États insulaires avaient prévu d’atteindre.  Une base économique réduite, des opportunités limitées de diversification, une exposition plus grande aux catastrophes naturelles, la fragilité des écosystèmes placent les petits États insulaires en développement dans une situation très vulnérable, a-t-il affirmé, ajoutant que les coûts de l’adaptation étaient lourds.  Quoi que nous fassions maintenant, a-t-il dit, nous devons agir ensemble.  La famille des nations doit continuer de s’entraîner, a-t-il conclu.


Pour M. FRANCISCO SANTOS CALDERON, Vice-Président de la Colombie, il n’est pas question de léguer aux générations futures une planète qui ne soit pas vivable.  Il a expliqué que la Colombie contribuait peu aux émissions de gaz à effet de serre mais qu’elle souffrait beaucoup du réchauffement climatique.  La Colombie estime que 50% de ses glaciers ont disparu au cours des 50 dernières années, ses écosystèmes désertiques ont des réserves en eau très réduites, a-t-il indiqué.  Le Vice-Président a estimé que les transferts de technologies, qui étaient déjà au cœur du Sommet de Rio, restaient aujourd’hui encore une priorité.  Il a par ailleurs souligné la nécessité d’une aide spécifique pour la préservation de la forêt colombienne, dont entre 360 000 et 600 000 hectares de forêts disparaissent chaque année, en raison du problème mondial du trafic illicite de la drogue. 


M. YOSHIRO MORI, Envoyé spécial du Premier Ministre du Japon, a évoqué la récente initiative de son pays, « Cool Earth 50 », dont l’une des propositions consiste à réduire de moitié les émissions globales d’ici à 2050, objectif qui pourrait être commun au monde entier.  Il est essentiel, a-t-il souligné, de développer l’innovation technologique par exemple en exploitant les énergies renouvelables et en utilisant l’énergie nucléaire.  Le Japon entend promouvoir autant que possible ces énergies à travers la coopération internationale, a-t-il indiqué, citant en exemple un projet international d’élimination des émissions de dioxyde de carbone auquel son pays va y contribuer.  En outre, le Japon a pris des mesures visant à modifier ses modes de consommation.  Le Japon a proposé un cadre de trois principes pour l’après 2012 sur le plan international.  D’abord, il faut que tous les émetteurs principaux de gaz polluants y participent.  Ensuite, le cadre doit être flexible et divers.  Enfin, il faut qu’il garantisse à la fois le développement économique et la protection de l’environnement. 


Une des approches efficaces de lutte contre la pollution est d’aborder le réchauffement climatique avec les pays en voie de développement, a estimé M. Mori, qui a indiqué que le Japon va assister les pays en développement qui font des efforts pour réduire les gaz à effet de serre et qui assurent leur développement économique conformément aux propositions japonaises.  Le Japon s’est engagé à créer un nouveau mécanisme financier de soutien sur la lutte contre les changements climatiques.  Le Japon propose également  que chaque pays réduise ou élimine les droits de douane sur les produits qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  M. Mori appelle par ailleurs tous les pays à acquérir de préférence des produits écologiques. 


M. MUKHDOOM SYED FAISAL SALEH HAYAT, Ministre de l’environnement du Pakistan, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que les changements climatiques représentaient un défi qui comprend des risques, notamment pour les pays en développement.  Il faut donc réagir de manière globale et d’urgence, a-t-il dit.  Les trois piliers du développement durable, que sont le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement, doivent être traités de façon intégrée, coordonnée et équilibrée, a-t-il affirmé.  Les pays développés ont pour obligation d’aider les pays en développement en leur fournissant une assistance financière et technologique substantielle.  Aucun plan ou stratégie d’adaptation ne sera efficace sans un appui technologique et financier plus grand et un accès plus large au développement, a-t-il estimé.  Le Ministre a également souligné le besoin pressant de renforcer la résilience des communautés et des nations face aux catastrophes naturelles, y compris celles liées aux changements climatiques, en mettant en place des systèmes d’alerte rapide permettant de réduire les impacts de ces événements. 


S’exprimant à titre national, le Ministre a assuré que son pays était engagé dans les efforts visant à atténuer l’impact des changements climatiques dans le monde.  Parmi les mesures à prendre, il a souligné, notamment, la nécessité d’établir un meilleur système de gestion de l’eau.  Il a enfin appelé les pays développés à respecter les engagements pris lors des conférences des Nations Unies.  De même, selon lui, la communauté internationale devrait étendre la première période d’engagement du Protocole de Kyoto au-delà de 2012.


M. FELIPE PÉREZ ROQUE, Ministre des relations extérieures de Cuba, a jugé impossible de parer à cette dramatique situation tant que persisteront les modèles actuels de production et de consommation effrénées.  Selon lui, les pays développés, responsables de 76% des émissions de gaz à effet de serre, doivent assumer la plupart de l’atténuation et montrer l’exemple.  Les pays développés doivent commencer par respecter les très modestes engagements du Protocole de Kyoto et atteindre des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions à partir de 2012, a-t-il souligné. 


Le Ministre a ajouté que la lutte contre les changements climatiques devait être compatible avec le développement durable des pays en développement.  Il a rejeté ainsi les pressions exercées sur les pays sous-développés afin qu’ils prennent des engagements contraignants par rapport à la réduction des émissions.  De l’avis du Ministre, le plus grand responsable est, sans aucun doute, le pays qui gaspille le plus, qui pollue le plus et qui a le plus d’argent et de technologies, et qui, en même temps, refuse de ratifier le Protocole de Kyoto.  Il a espéré que la prochaine Conférence de Bali établira un régime clair pour que les pays développés réduisent d’au moins 40% leurs émissions de gaz d’ici à 2020, par rapport à 1990.


Mme PATRICIA COCHRAN, Présidente du Conseil inuit circumpolaire, a déploré que la fonte des glaces de l’Arctique, dont dépend économiquement, culturellement et spirituellement le peuple qu’elle représente, n’ait attiré que si tardivement l’attention des chercheurs et des dirigeants de ce monde.  Elle a indiqué prendre la parole au nom de tous les peuples indigènes, qui, a-t-elle ajouté, sont les plus marginalisés et parmi les plus vulnérables, lorsqu’ils vivent dans des petits pays insulaires en développement.  On nous dit de nous adapter, a-t-elle déclaré, tout en regrettant que son organisation n’ait pas été invitée pour parler plutôt de la manière de renverser la tendance des changements climatiques.  Mme Cochran a estimé que le lien particulièrement fort que les peuples autochtones entretiennent avec la terre et la mer leur avait permis de réfléchir de manière plus approfondie à la gestion des ressources.  Elle a refusé, dans ce contexte, d’être reléguée au rôle de victime impuissante.  Les solutions d’adaptation ne seront pas trouvées uniquement dans les nouvelles technologies, comme certains le laissent entendre, a-t-elle poursuivi, mais également en plaçant au cœur de la réflexion les peuples autochtones et leur savoir traditionnel.


Mme LISA SHOMAN, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de Belize, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a mis l’accent sur la vulnérabilité des petits États insulaires en développement de la région aux effets des changements climatiques, citant, par exemple, les ravages causés par le récent cyclone Dean.  Une augmentation de 1ºC de la température des mers aura des effets sur les ressources halieutiques de thons, a-t-elle également expliqué.  Une augmentation de 2  C de plus de la température moyenne représenterait un défi considérable pour les pays de la région, a-t-elle ajouté.  La Ministre a ainsi exhorté les pays développés à s’engager dans un régime d’atténuation pour tenter de réduire l’augmentation à moins de 2ºC.


M. P. CHIDAMBARAM, Ministre des finances, Envoyé spécial du Premier Ministre de l’Inde, a indiqué que son pays avait l’un des plus faibles taux d’émission de gaz à effet de serre par habitant, soit une tonne par an, contre une moyenne de quatre.  Les pays en développement portent une part disproportionnée du fardeau des changements climatiques qui, a-t-il estimé, résultent pourtant des émissions des pays développés.  Il a jugé indispensable pour les pays en développement de s’adapter, sans pour autant que les ressources pour y parvenir soient soustraites de l’aide au développement.  L’Inde, a-t-il poursuivi, consacre 2% de son PNB à des mesures de développement qui entrent dans le cadre de l’adaptation, comme la prévention des cyclones, la protection des côtes, le contrôle des inondations, la lutte contre la sécheresse ou encore la sécurité alimentaire.  Le problème, a-t-il estimé, n’est pas l’accès aux ressources de l’atmosphère de la planète  mais plutôt l’usage excessif qui en est fait.  Il a présenté comme un point de départ la proposition du Premier Ministre de l’Inde de ne pas dépasser les émissions par habitant des pays développés.  L’adaptation peut devenir une réalité si l’on parvient à mettre en œuvre de nouvelles technologies, a-t-il conclu, en lançant à cet égard un appel particulièrement pressant aux pays développés.


M. JOSÉ ANTONIO GARCIA BELAUNDE, Ministre des relations extérieures du Pérou, a estimé que le principe de la responsabilité commune mais différenciée restait fondamental.  Le Ministre a affirmé que son pays menait à bien des activités lui permettant de renforcer ses capacités sur le plan financier et institutionnel visant à faire face aux effets des changements climatiques.  Le Pérou se propose d’encourager la création d’un programme intégré d’adaptation pouvant, a-t-il estimé, être financé par le fonds de la Banque mondiale, lequel a, en matière d’adaptation, une démarche intégrée.  Pour le Ministre, il convient également d’identifier les zones et les populations les plus vulnérables aux changements climatiques.  Il s’agit aussi, à ses yeux, de prendre des mesures au niveau mondial, les Nations Unies disposant de l’universalité permettant de mobiliser les efforts en ce sens, a-t-il conclu.


M. YANG JIECHI, Ministre des affaires étrangères et Envoyé spécial du Président de la Chine, a estimé qu’il faudrait envisager l’avenir à long terme.  Il a invité l’ensemble des pays à considérer l’adaptation aux changements climatiques comme un élément important dans la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a par ailleurs demandé le démarrage rapide du Fonds d’adaptation prévu par le Protocole de Kyoto et des ressources supplémentaires pour les pays en développement.  Il a aussi appelé à une réduction des barrières commerciales pour favoriser le transfert de technologies.  Son Gouvernement, a-t-il dit, a pris une série de mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, parmi lesquelles les opérations de reboisement et l’entretien des forêts ou la politique de planning familial qui, a-t-il estimé, a permis, depuis les années 70, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de la Chine de 1,2 milliard de tonnes en diminuant les naissances de 300 millions de personnes.  Il a par ailleurs évoqué le projet de création de 24 millions d’hectares et de réaménagement de cinq millions d’hectares de steppe.  La Chine, a indiqué M. Yang, continuera à aider l’Afrique et les petits États insulaires en développement à s’adapter aux changements climatiques.


M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a affirmé que les changements climatiques nécessitaient un cadre réglementaire plus juste conformément aux capacités des États, où les pays développés devraient aider les pays en développement.  Le carburant fossile est la force motrice du développement dans le monde, a-t-il également estimé, notant que cette forme d’énergie pouvait, avec des moyens technologiques avancés, ne pas nuire à l’environnement.  Le représentant a insisté également sur la nécessité de voir les pays avancés respecter la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, notamment concernant un financement efficace et le transfert des technologies.  Le défi nécessite une volonté politique et une responsabilité morale pour traiter un problème qui ne peut plus attendre, a-t-il dit.  Il a enfin mis l’accent sur la nécessité d’établir une plus grande cohésion et des partenariats afin d’aboutir à un mécanisme efficace.


Le Prince MOHAMED BOLKIAH, Ministre des affaires étrangères de Brunei Darussalam, a estimé que l’essentiel n’était pas les politiques mises en œuvre mais la sensibilisation des populations, qui se sentent démunies face aux changements climatiques.  Il a souhaité éveiller une plus grande confiance de la part de la jeunesse, pour permettre une meilleure adaptation.  Grands et petits pays sont concernés au même titre, a-t-il dit, en se félicitant de l’organisation, pour la première fois, d’une réunion de haut niveau sur ce thème.


Mme DORA BAKOYANNIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a rappelé que son pays, qui vient d’essuyer cet été de terribles incendies, était particulièrement sensible aux questions d’environnement.  Elle a saisi cette occasion pour exprimer la conviction de son Gouvernement que les dirigeants du monde réunis aujourd’hui devaient adresser un signal très ferme aux négociateurs de Bali quant à la nécessité urgente de parvenir à un accord global sur l’atténuation.  En imposant unilatéralement de nouvelles restrictions aux émissions de gaz à effet de serre, l’Union européenne a ouvert la voie aux pays en développement pour jouer un rôle courageux au cours de ces négociations, a-t-elle estimé.


L’atténuation n’est cependant pas suffisante; et l’adaptation n’est seulement pas une nécessité locale ou nationale.  Elle englobe également une responsabilité cruciale de la communauté internationale à l’égard des pays les moins développés et des petits États insulaires, qui sont ceux qui ont le moins contribué au phénomène des changements climatiques.  C’est pourquoi la Grèce, qui préside actuellement le Réseau sur la sécurité humaine, a décidé cette année de mettre l’accent sur l’impact des changements climatiques sur la sécurité humaine dans les régions vulnérables ou pour les populations les plus vulnérables.  Dans ce contexte, la Ministre s’est dite convaincue qu’il est important de repenser l’aide au développement, pour qu’elle prenne à l’avenir en compte cette question essentielle.


M. MOMPATI S. MERAFHE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana, a exhorté la communauté internationale à davantage de volonté politique pour mobiliser les ressources susceptibles de faciliter l’application effective de la Convention-cadre des Nations Unies. Dans ce cadre, le Botswana attend beaucoup de la Conférence des États parties à la Convention prévue à Bali, en Indonésie, en décembre 2007.  Le Botswana, a ajouté le représentant, espère que cette Conférence prendra des mesures concrètes dans ce sens.  Il a aussi plaidé pour plus de ressources, pour le transfert des technologies et l’assistance technique aux pays en développement afin de les aider à mieux faire face aux défis des changements climatiques.  Pour ce faire, il s’est prononcé pour la mise sur pied d’une « politique appropriée et une cohérence institutionnelle au niveau mondial ».  Il existerait, a-t-il fait savoir, plus de 600 accords multilatéraux dans le domaine de l’environnement, la plupart ayant leurs institutions et secrétariats propres.  A cet égard, a conclu le Ministre, nous devons faire plus pour favoriser la réforme de la “gouvernance mondiale de l’environnement”, définir et consolider le lien entre développement et environnement.


M. MOK MARETH, Ministre de l’environnement du Cambodge, a estimé que les pays les moins avancés devraient mettre en œuvre des programmes de prévision climatique.  Compte tenu des capacités limitées des pays les moins avancés, il a appelé à la mise en place de nouveaux mécanismes financiers simplifiés pour la mise en œuvre de politiques d’adaptation.  Le Ministre a souhaité la création d’un fonds d’adaptation et une amélioration du Fonds mondial pour l’environnement.  Constatant que l’atténuation des changements climatiques avait toujours attiré davantage l’attention que l’adaptation, il a regretté l’absence, dans les accords en vigueur, de mécanismes contraignants pour le financement de politiques d’adaptation et a souhaité que cette question soit abordée lors des prochaines négociations.


M. FRANCIS D. NHEMA, Ministre de l’environnement et du tourisme du Zimbabwe, a affirmé qu’il faudrait un changement d’attitude et un changement de philosophie de la part des dirigeants du monde.  Le Ministre a également estimé que les changements climatiques constituaient une grave menace à la sécurité alimentaire au XXIe siècle.  Il faut vraiment agir au titre de l’adaptation, a-t-il affirmé, plaidant en faveur d’un appui aux pays en développement sous forme de ressources financières additionnelles, de transferts de technologies et de renforcement des capacités.  L’adaptation ne peut plus être une activité annexe, a-t-il ajouté.  De l’avis du Ministre, la communauté internationale se doit de donner à l’adaptation l’attention qu’elle mérite, dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques.


M. MARK MWANDOSYA, Ministre d’État chargé de l’environnement de la République-Unie de Tanzanie, a fait part de l’élaboration par son pays d’un plan national d’action pour l’adaptation.  Ce programme, a-t-il ajouté, comprend notamment la prévention des catastrophes naturelles, l’amélioration de la sécurité alimentaire dans les zones de sécheresse, la rénovation de puits et la lutte contre le paludisme.  En conclusion, il a appelé la communauté internationale à faciliter la mise en œuvre des efforts nationaux comme ceux de la République-Unie de Tanzanie.


M. MANOUCHEHR MOTTAKI, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a affirmé que le système des Nations Unies, et en particulier la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, constituaient les mécanismes les plus appropriés pour des négociations intergouvernementales en vue d’examiner les voies et  moyens de relever ce défi.  Selon lui, les changements climatiques ne peuvent pas et ne devraient pas être considérés isolément et sans tenir compte des autres défis environnementaux et des piliers de développement du développement durable.  Il est nécessaire dans le cadre des négociations futures, a-t-il ajouté, d’attacher une grande importance aux principes internationalement acceptés, tels que le principe de responsabilité commune mais différenciée. 


Il a, à cet égard, souligné la responsabilité historique des pays industrialisés dans la production des gaz à effet de serre.  Le Ministre a souligné que l’atténuation et l’adaptation formaient les deux piliers indispensables de toute réponse stratégique efficace dans la lutte contre les changements climatiques.  De l’avis du Ministre iranien, un accroissement du financement de la part des pays donateurs en faveur des pays en développement est essentiel, de même que le renforcement et l’amélioration de l’accès de ces derniers à des technologies propres, avancées et appropriées, liées à l’atténuation et à l’adaptation.


SÉANCE PLÉNIÈRE THÉMATIQUE II


ATT É NUATION: « R É DUCTION DES É MISSIONS ET STABILISATION DU CLIMAT: PR É SERVER NOTRE AVENIR COMMUN »


Déclarations


La facilitatrice, Mme GRO HARLEM BRUNTLAND, Envoyée spéciale du Secrétaire général pour les changements climatiques, a estimé que seule une action concertée multilatérale permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés, principaux pollueurs de la planète.  Dans ce contexte, a-t-elle dit, notre avenir commun dépend d’un renforcement urgent et concret de la coopération internationale et de la mise en place tout aussi rapide de  stratégies d’investissement à long terme.  


La facilitatrice a également estimé que la mise en œuvre de la Convention-cadre sur les changements climatiques devait se faire en tenant compte au plus près des objectifs de réduction de la pauvreté.  La riposte au péril climatique doit être immédiate et de grande ampleur, a encore dit Mme Bruntland, et la discussion d’aujourd’hui constitue une occasion de choix pour avancer des propositions et des mesures à prendre pour relever le défi climatique.


M. STJEPAN MESIC, Président de la Croatie, a déclaré que les dirigeants politiques avaient la responsabilité d’assurer un futur viable pour les générations à venir.  Il a estimé que la préservation de la planète était une obligation aussi importante que d’empêcher l’éclatement des guerres.  Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a amassé les preuves scientifiques indiscutables sur les causes de l’évolution néfaste du climat, a ajouté le Président croate.  Celui-ci a rappelé que le principal défi était de continuer à fournir de l’énergie à tous les peuples du monde et, en même temps, de garantir la sauvegarde de l’environnement.  Selon M. Mesic, la survie à long terme de l’espèce humaine ne peut plus dépendre d’initiatives individuelles ou prises à l’échelle des pays.  À l’inverse, a-t-il plaidé, en suivant les recommandations des experts, il faut que le système énergique soit géré à l’échelle mondiale et sur la base de la recherche, par tous les moyens, de l’atténuation des effets du réchauffement climatique.  Pour le Président croate, le défi des changements climatiques implique un bouleversement en profondeur de l’organisation de la production industrielle, des styles de vie des sociétés et des habitudes de consommation de tout un chacun.  C’est en ce sens que M. Mesic a recommandé une utilisation accrue des énergies renouvelables et des technologies propres déjà disponibles dans certains pays.


Évoquant la situation dans son pays, il a indiqué que même si la Croatie était un pays qui pollue peu, la problématique environnementale faisait partie de toutes les politiques de développement économique et social.  La Croatie s’est fermement engagée à respecter les engagements pris en ce qui concerne la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, a encore dit le Président, et elle continuera d’investir plus dans les technologies du futur qui seules permettront de réaliser cet objectif. 


M. LECH KACZYNSKI, Président de la Pologne, a affirmé que les pays développés étaient les premiers responsables de l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.  C’est pourquoi, il a estimé que ceux-ci devaient, dans la poursuite de leur développement économique, tenir compte du développement durable des pays pauvres.  Il s’agit du « Pacte de solidarité verte », a-t-il dit, dont l’objectif doit être précisément de parvenir à stopper l’augmentation de la concentration de gaz à effet de serre.  Pour le Président polonais, un développement « vert » doit s’effectuer en premier lieu grâce au transfert des dernières technologies environnementales et, par conséquent, en bénéficiant d’un système de financement adapté à l’ampleur du défi.  À ses yeux, la Convention sur les changements climatiques comme le Protocole de Kyoto sont avant tout des « accords économiques », dont l’une des visées principales est d’appuyer le développement technique des pays en développement.


M. Kaczynski a ensuite déclaré que la Pologne avait, au cours des 17 dernières années, et sous l’égide de la Convention-cadre sur les changements climatiques, réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 32% par rapport à l’année de base alors qu’au cours de la même période son PIB avait enregistré une croissance de 60%. Notre exemple démontre que la croissance économique peut aller de pair avec le respect de l’environnement, a-t-il dit. « La recherche de l’atténuation des effets des changements climatiques pouvant renforcer la protection des ressources naturelles détruites par l’activité économique, telles les forêts, indispensables à l’absorption du carbone et à la préservation de la biodiversité. »  Le Président a affirmé que les efforts de la Pologne en matière de reforestation et de gestion des forêts avaient été couronnés de succès.


M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, Président de l’Indonésie, s’est dit persuadé que la communauté internationale saura mettre en œuvre les mesures nécessaires pour enrayer le réchauffement de la planète.  Il faut adopter des approches nouvelles, a-t-il préconisé.  Il s’est à cet égard réjoui de ce que les États parties au Protocole de Kyoto aient finalement reconnu la nécessité pour les pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40% d’ici 2020, par rapport au niveau atteint en 1990.  Il ne faut pas attendre la signature d’un consensus mondial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il insisté. 


M. Yudhoyono a également estimé que les pays en développement peuvent faire davantage et devraient mettre en œuvre des stratégies nationales novatrices en matière d’adaptation et d’atténuation.  Il faut assurer la mobilisation des investissements nécessaires à la mise en œuvre de ces mesures, a-t-il poursuivi.  En un mot, il faut se concentrer sur la technologie.  À cet égard, il a insisté sur l’importance d’assurer aux pays en développement l’accès à ces technologies.  Le Président a d’autre part indiqué que son pays a pris l’initiative d’organiser une réunion des dirigeants des pays qui comptent des forêts tropicales, rappelant le rôle fondamental joué par les forêts dans la réduction du réchauffement climatique.  Il s’agit d’un impératif moral, a-t-il souligné, car ces forêts ont un rôle stratégique à jouer en tant que capteurs de carbone.  Aussi, il a plaidé pour que ce genre d’initiative soit encouragé par la communauté internationale et que les efforts de reforestation des pays qui ont des forêts tropicales soient appuyés.  Pour conclure, il a attiré l’attention sur la situation des petits États insulaires en développement, rappelant que ces pays doivent pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale.


M. RAFAEL CORREA, Président de l’Équateur, a rappelé que les mesures d’adaptation aux changements climatiques représentaient un énorme poids en termes de budget pour les pays en développement.  Ce n’est pas de prêts supplémentaires dont nous avons besoin, a-t-il ajouté, cela ne ferait qu’aggraver nos dettes extérieures.  Ce qu’il faudrait, c’est une compensation pour les dommages causés par l’émission disproportionnée de gaz à effet de serre des pays industrialisés, a jugé M. Correa, et ce pour réparer l’inégalité de fait à l’origine des effets les plus néfastes des changements climatiques. 


Le Président équatorien a ensuite indiqué que son gouvernement s’était engagé à ne pas exploiter certaines zones écologiquement sensibles pour en préserver la biodiversité, et cela aux dépends de profits économiques considérables, conséquence « d’autant plus marquante pour un pays de la taille de l’Équateur où vivent 6 millions de pauvres ».   M. Correa a souhaité plus de coopération internationale et d’initiatives environnementales permettant, au niveau national,  le développement des capacités, de l’écotourisme et de programmes de santé et éducatifs. 


M. ŽELJKOKOMŠIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a fait observer que la question des changements climatiques dépasse les compétences individuelles des pays et appelle une réponse mondiale concertée.  Il ne faut pas l’envisager uniquement sous l’angle de notre propre intérêt, a-t-il insisté.  Il a rappelé que, selon les études récentes, les 11 dernières années ont été les plus chaudes et que le réchauffement affecte tous les continents avec de graves incidences, particulièrement pour les pays pauvres.  Pour y faire face, il faut un dialogue constant tout en évitant toute forme de polarisation, a-t-il martelé.  Il s’agit également de donner une voix aux pays les moins avancés et les plus vulnérables.


M. Željkokomšić a expliqué que la Bosnie-Herzégovine a ratifié la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, et qu’elle est devenue partie au Protocole de Kyoto en 2007.  Elle a également mis en place un mécanisme de développement propre.  S’agissant des gaz à effet de serre, le niveau d’émission de la Bosnie-Herzégovine a diminué par rapport à l’année de référence 1990.  Le pays mène des projets visant la rationalisation de la consommation énergétique.  Il souhaite en outre améliorer et renforcer le système météorologique en appliquant mieux les programmes climatiques définis par l’Organisation météorologique mondiale.  Enfin, la Bosnie-Herzégovine a récemment signé un accord visant la mise en place d’un cadre juridique pour la communauté énergétique de la région.


M. VALDAS ADAMKUS, Président de la Lituanie, a souligné le fait que le réchauffement climatique était générateur de pauvreté, d’immigration forcée et de pertes de milliards de dollars consacrés à la seule atténuation des négligences en matière d’environnement.   Le coût de l’inaction sera 20 fois supérieur à l’investissement requis aujourd’hui pour lutter efficacement contre ce phénomène climatique, a ajouté le Président lituanien, ajoutant que l’impératif d’environnement durable devait aller de pair avec le légitime développement économique de tous, aux fins notamment de réduction de la pauvreté partout dans le monde.    


M. Adamkus a poursuivi en disant que la réalité actuelle commandait d’engager un effort à l’échelle mondiale, le point de départ devant être l’affirmation par tous les pays, les organisations internationales et les dirigeants, d’une volonté commune de lancer une action concrète. Il a estimé que le processus onusien en matière de changements climatiques était l’instrument adapté à l’ampleur du défi.  Toutefois, le Président lituanien a appelé de ses vœux la mise en place d’une Organisation mondiale de l’environnement et le renforcement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  En vue de la Conférence de Bali de décembre prochain, M. Adamkus a appelé les États Membres à trouver un consensus autour d’un accord global devant être finalisé en 2009 afin d’assurer la mise sur pied d’un régime post-Kyoto après 2012.  Il s’est félicité de ce que, pour l’heure, l’Union européenne se soit engagée à réduire de 20% la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 par rapport aux taux en vigueur depuis 1990. 


Le Président de la Lituanie a en outre jugé que le comportement humain était une part importante du problème climatique, et qu’à travers, notamment, des programmes éducatifs adaptés, les habitudes les plus nocives pourraient changer.  Il a aussi souhaité que le monde des affaires s’investisse davantage dans la conception de technologies et de produits « verts ».  Enfin, il a insisté sur la nécessité d’accroître les efforts financiers dans le domaine de la reforestation et du développement des énergies renouvelables.  


M. BHARRAT  JAGDEO, Président du Guyana, a regretté que la manière dont se déroule la réunion du jour ne permette pas de réels échanges interactifs.  Si nous voulons aboutir à l’accord que nous recherchons tous, il faut pouvoir compter sur un dialogue constructif et une participation au niveau le plus élevé, a-t-il fait observer.  Il a à cet égard espéré que la réunion permettra de donner une impulsion à cette nécessité.  D’autre part, il a regretté que le Protocole de Kyoto ne soit pas équitable.  Il a ainsi expliqué que son pays a fait don d’un territoire d’un milliard d’hectares à la communauté internationale pour que des pratiques d’exploitation agricole durable soient étudiées.  L’étendue de ce territoire est égale à l’état de Delaware, a-t-il précisé.  Si les États-Unis avaient donné le Delaware, le monde s’en souviendrait, a-t-il fait observer, regrettant par là que le don de son pays n’ait pas été relevé par la communauté internationale.  Il n’y a pas d’équité ni de cohérence, a-t-il martelé. 


Le Président a également attiré l’attention sur le manque d’aide apportée à son pays, pauvre et fortement endetté.  Il n’y a aucune aide pour préserver la forêt, a-t-il indiqué à titre d’exemple.  Les stratégies nationales ne sont pas encouragées.  M. Jagdeo a ainsi plaidé pour qu’une assistance soit offerte aux pays pauvres et vulnérables dans la mise en œuvre de mesures de lutte contre le déboisement et pour le développement de technologies propres.


M. IVAN GASPAROVIC, Président de la Slovaquie a regretté que si la population mondiale s’intéresse aux changements climatiques, elle n’en a pas pour autant changé ses habitudes de vie.  Il a déclaré que depuis plus de trente ans, les responsables internationaux ont affiché des objectifs ambitieux  et pris des décisions pour sauver la planète, et que pourtant il y avait toujours davantage d’observateurs que d’acteurs réels dans ce domaine.  Pour Ivan Gasparovic, la raison en est que la protection de l’environnement entraîne des coûts toujours plus élevés.  La nécessité  de garantir le développement économique, a poursuivi le président, nous place dans une situation complexe: d’un côté nous avons besoin de garantir  des emplois et la stabilité économique, de l’autre, il faut que cela se fasse dans le respect du développement durable. 


La Slovaquie est un petit pays a poursuivi le Président, et à ce titre, elle participe moins que d’autres à la pollution de l’environnement, mais a-t-il dit, ne voulons pas pour autant observer la dégradation de la situation, sans contribuer à améliorer les choses.  Nous exhortons ainsi la communauté internationale à démarrer des discussions intensives lors de la prochaine conférence des États parties à la Convention sur les changements climatiques à Bali, des discussions qui aboutiraient à un accord global sur ces changements.  Le Président slovaque a considéré qu’il était particulièrement important de préserver une continuité entre le Protocole de Kyoto et l’accord à venir.


La Slovaquie, en tant que membre de l’Union Européenne, à déclaré le Président Gasparovic, souscrit à la réduction de 20% de ses émissions polluantes d’ici 2020.  Il a annoncé que son pays remplirait facilement ses engagements pris lors de signature de Kyoto pour la période 2008-2012.


Il est à noter, a considéré le Président slovaque, que les changements climatiques sont un problème dont l’origine comme la solution résident dans l’économie.  Adapter l’économie aux énergies faiblement émettrices de gaz polluants, basés sur des technologies pauvres en émission de carbones, développer les énergies renouvelables, privilégier les économies d’énergie, utiliser des technologies propres, modifier les priorités étatiques par l’utilisation de mesures fiscales sont autant de clés pour atteindre les objectifs à  long-terme tout en atténuant les émissions polluantes.  Selon Ivan Gasparovic, la Slovaquie envisage d’élargir son utilisation de l’énergie nucléaire considérée comme fiable, efficace sur le plan économique et acceptable d’un point de vue environnemental.  Le Président a déclaré que l’efficacité énergétique était la première étape du processus de réduction des émissions de gaz polluants.


M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a estimé qu’il fallait parler avec sincérité des problèmes que rencontre aujourd’hui l’humanité. Il est important d’identifier les ennemis, a-t-il dit, c'est-à-dire ceux qui sont les plus responsables de la destruction de la planète au nom du profit.  Certains pays nuisent plus que d’autres, ceux dont le capitalisme, cause majeure du « malheur climatique », constitue la réponse à tout.  Le Président bolivien a déploré le fait que le modèle capitaliste fasse « même de la terre » une marchandise, engendrant selon lui les guerres et la pauvreté. 


M. Morales Ayma a demandé aux États Membres de réfléchir à ce que serait l’état du monde si l’argent investi dans la course aux armements était consacré aux causes des phénomènes qui menacent le devenir de l’espèce humaine.  Le Président bolivien a appelé de ses vœux l’établissement d’une culture de la paix et de l’équité devant être menée dans un esprit solidaire et respectueux de la Terre, « mère nourricière du monde et des peuples ».  « Cessons de ne considérer que le luxe et la consommation comme objectifs ultimes de la vie, a-t-il lancé », ajoutant que c’était « la vie » qui devait être respectée et protégée avant tout.  M. Morales Ayma a encore estimé que l’argent d’un pays ne suffirait jamais à résoudre les problèmes posés par les changements climatiques.  C’est un changement de mentalité, un mouvement international pour l’environnement, au-delà même du cadre institutionnel, qui permettra l’instauration d’un développement durable « propre », a-t-il enfin affirmé.


M. JOSÉ SOCRATES, Premier Ministre du Portugal, au nom de l’Union européenne, a souligné que l’heure n’est plus au débat, mais que des preuves solides du réchauffement climatique ont été fournies.  Il y a la certitude que les augmentations de températures observées sont dues aux activités humaines, a-t-il poursuivi.  Et pour inverser la tendance, il faut une action internationale rapide et notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Aux personnes qui prétendent que de telles mesures affecteront l’économie mondiale, le Premier Ministre a répondu que sans de telles mesures, les conséquences pour l’économie mondiale seront bien plus graves. 


M. Socrates a insisté sur l’importance d’arriver à un accord d’ici à la fin 2009, pour la période d’après 2012.  Il a expliqué que l’Union européenne est d’avis que ces défis impliquent une coopération internationale nouvelle.  Il faut s’entendre sur des objectifs de réduction des émissions juridiquement contraignants pour les pays développés.  Il faut en outre s’intéresser aux effets de la déforestation et à ceux de l’aviation internationale, a-t-il ajouté.  Enfin, il a souligné que la réduction des émissions peut et doit être atteinte de façon économe, en renforçant les mécanismes de développement durable.  Il faut également que l’adaptation aux changements climatiques bénéficie d’une plus grande priorité dans les agendas politiques de tous les pays.  Pour conclure, il a estimé que les Nations Unies constituent une enceinte appropriée pour discuter d’une future action mondiale et espéré que la réunion de Bali permettra à la communauté internationale de lancer une feuille de route ambitieuse vers un accord sur les changements climatiques


M. JOSE MANUEL BARROSO, Président de la Commission européenne, a affirmé que l’objectif principal était de parvenir à un accord sur la réduction des gaz à effet de serre et de le respecter.  L’Union européenne, a-t-il ajouté, reste fermement engagée à réaliser les objectifs fixés dans le cadre du Protocole de Kyoto.  Toutefois, nous devons déjà nous projeter au-delà de 2012, a indiqué M. Barroso, expliquant que l’Union s’était engagée à réduire, d’ici à 2020, de 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au taux relevé en 1990.  Selon le Président de la Commission européenne, il sera même possible d’atteindre les 30% de réduction si un accord global est trouvé pour l’après-2012.  Ces étapes sont indispensables dans la perspective de réduction de 50% à l’horizon 2050, a encore dit M. Barroso. 


Ce dernier a expliqué que l’Union européenne préparait, en vue de la Conférence de Bali de décembre prochain, un éventail de mesures dans les domaines du rendement énergétique, des énergies renouvelables et pour permettre à terme l’instauration d’une économie faiblement carbonée.  Jose Manuel Barroso a souligné le fait que l’objectif commun devait être d’assurer la propriété économique et sociale de tous les peuples, en se montrant le plus économe possible en matière d’énergie.  Il a ajouté que l’Union européenne était déterminée à appuyer les pays en développement afin de combler le fossé technologique permettant à ces pays de participer à la création d’un nouveau marché énergétique mondial « vert ».  Le Président de la Commission européenne a plaidé pour une action commune de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques, cela devant passer à ses yeux par la définition d’un mandat clair confié lors de la Conférence de Bali aux négociateurs du régime post-Kyoto qui prendra effet en 2012.


M. ANDERS FOGH RASMUSSEN, Premier Ministre du Danemark, a attiré l’attention sur une question majeure de ce débat: celle de l’importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en garantissant la croissance économique.  Il s’est dit persuadé de la possibilité et de la nécessité de réduire les émissions tout en assurant la croissance économique.  Selon lui, il est possible d’avoir une croissance économique tout en stabilisant le rendement énergétique et en utilisant des ressources énergétiques renouvelables. 


Il a ainsi fait observer que l’expérience du Danemark montre qu’il est possible d’assurer croissance économique et réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Au cours des dernières années, la croissance économique du Danemark a été de plus de 14% alors que les émissions de gaz à effet de serre ont été réduites, a expliqué M. Rasmussen.  Cette réduction des émissions a été réalisée tout en maintenant la position du pays parmi les économies les plus concurrentielles, a-t-il insisté.  D’une manière générale, le Premier Ministre a souligné l’importance d’améliorer le rendement énergétique et ce, à tous les niveaux, de la production jusqu’au consommateur final.  Il faut en outre faire des efforts pour mettre au point d’autres sources énergétiques moins polluantes.  M. Rasmussen a à cet égard indiqué qu’un quart de la production électrique danoise provient de sources renouvelables et notamment d’éoliennes.  Il a ainsi espéré que l’expérience de son pays servira d’exemple et souhaité que les discussions qui se tiendront à Bali permettent à la communauté internationale de parvenir à un accord.


M. RECEP TAYYIP ERDOGAN, Premier Ministre de la Turquie, a affirmé que les changements climatiques constituaient le défi le plus grand auquel l’humanité doit faire face.  C’est également un fait que les émissions de gaz à effet de serre sont la principale raison à l’origine de ce phénomène, a ajouté le dirigeant turque.  Déplorant que ce sont les pays les moins pollueurs qui souffrent le plus du péril climatique, M. Erdogan a souhaité que « tous les pays du monde » puissent bénéficier de mécanismes internationaux, de fonds et de technologies permettant l’adaptation à l’évolution du climat. 


Évoquant la situation dans son pays, le Premier Ministre de la Turquie a fait savoir qu’en 2004 le taux d’émission de gaz à effet de serre équivalait au tiers du niveau moyen d’émission des pays de l’OCDE.  Si l’on considère que la Turquie est un pays avec de hauts objectifs de développement et dont l’économie se développe à un rythme soutenu, nos émissions risquent d’augmenter, a-t-il prévenu, ajoutant que son gouvernement prenait les mesures nécessaires pour empêcher cette progression.  La Turquie met l’accent sur le développement de son potentiel hydroélectrique, la promotion du rendement énergétique ou encore l’amélioration de la qualité des véhicules.  Enfin, M. Erdogan, rappelant que son pays n’est pas partie au Protocole de Kyoto, a déclaré que son gouvernement réfléchissait actuellement au plus haut niveau à l’accession de la Turquie à cet instrument.


M. ALAIN BELDA, Président d’Alcoa Inc., a souligné que le problème des changements climatiques appelle une action immédiate de la part de chaque secteur de la société.  Il a expliqué qu’aux États-Unis, son entreprise a été un membre fondateur du Partenariat pour l’action sur le climat.  Au Brésil, Alcoa s’est joint au pacte de défense du climat pour limiter et arrêter le réchauffement climatique causé par l’émission de gaz à effet de serre.  M. Belda s’est dit convaincu qu’un plan d’action global sur les changements climatiques peut être mis en œuvre tout en créant des opportunités économiques. 


Les gouvernements doivent aligner  leurs politiques en matière de changements climatiques et celles de l’énergie et il est impératif qu’une direction claire et mondiale soit donnée.  Et ce cadre doit être suffisamment flexible pour permettre une réduction des coûts immédiats et promouvoir l’investissement dans le développement de nouvelles technologies.  À cet égard, l’intervenant a fait observer que la croissance de la Chine et du monde en développement offre l’occasion de construire de nouvelles infrastructures de transport et d’énergie.  Pour sa part, Alcoa s’engage à ce que ses industries et ses produits soient parties intégrantes de la solution aux changements climatiques, a-t-il expliqué. 


Ainsi, il a indiqué qu’Alcoa a réduit ses émissions directes de gaz à effet de serre de 25% depuis 1990 et investi dans le développement de nouvelles technologies pour limiter les émissions.  Pour conclure, il s’est dit convaincu que la communauté internationale doit agir maintenant pour atténuer les effets des activités humaines sur le climat.  Et des résultats positifs ne seront possibles que dans le cadre d’efforts mondiaux concertés entre gouvernements, entreprises, organisations non gouvernementales et communautés, a-t-il précisé.


M. FREDERIK REINFELDT, Premier Ministre de la Suède, a affirmé qu’il était temps de passer à l’action, qu’une action politique décisive et globale était maintenant nécessaire pour limiter les dommages causés par les changements climatiques.  C’est en ce sens qu’il a souligné l’importance des négociations qui se tiendront à Bali en décembre prochain sur l’établissement d’un régime post-Kyoto en 2012.  Évoquant la situation dans son pays, le Premier Ministre suédois a expliqué que le succès de la politique climatique suédoise était, notamment, le résultat de la loi sur l’impôt sur le dioxyde de carbone votée en 1991.


Le Rapport Stern incite à prendre des choix économiques décisifs pour lutter efficacement contre le péril climatique, c’est pourquoi la Suède a mis en place une politique fiscale pour inciter sa population à protéger à la fois son environnement et son climat.  M. Reinfeldt a ajouté que l’électricité suédoise, basée sur l’énergie nucléaire et hydraulique, était produite sans dioxyde de carbone.  Il a encore dit que les transports constituaient le prochain grand défi de la société suédoise en matière d’environnement, l’éthanol et d’autres biocarburants étant déjà des produits détaxés.  Soulignant que beaucoup pouvait être fait avec les technologies existantes, le Premier Ministre suédois a estimé que le monde n’était qu’au début d’une action internationale pour assurer un monde durable.


M. RAID FAHMI, Ministre de la science et de la technologie de l’Iraq, a fait observer que les questions de l’environnement, de la santé, de l’énergie et du développement économique sont liées à celle des changements climatiques.  Un consensus international sur la nécessité de faire face aux changements climatiques n’a jamais été aussi urgent et réalisable.  Il s’agit d’une responsabilité commune et d’une chance qui nous est offerte, a-t-il insisté.  M. Fahmi a tenu à rappeler la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que l’importance de garantir des fonds pour aider les pays pauvres à préserver leur environnement.  Le monde en développement n’est pas tout à fait prêt à faire face aux phénomènes climatiques extrêmes, a-t-il fait valoir.  Aussi, il est impératif de renforcer la volonté politique afin d’éviter que se réalisent les pires scenarii prévus par les experts scientifiques.


L’intervenant a ainsi insisté sur l’importance de respecter les principes de Rio et surtout le principe de responsabilité commune et différenciée.  Il a fait remarquer que l’énergie et les changements climatiques sont deux éléments essentiels du développement durable et que la communauté internationale doit adopter les mesures nécessaires pour faire face aux défis qu’ils impliquent.  Les pays avancés doivent jouer un rôle pionnier en vertu du principe de responsabilité commune et différenciée, a-t-il ajouté.  Il faut également promouvoir le développement et le savoir technologique, ainsi que le partage des connaissances.  Pour conclure, il a expliqué que l’Iraq s’engage à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour assurer la complémentarité entre les trois développements que sont le développement économique, le développement social et le développement de l’environnement.  Le Gouvernement travaille actuellement sur l’adhésion de l’Iraq aux instruments internationaux en matière d’environnement et notamment à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a-t-il ajouté.


M. IVAILO KALFIN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a déclaré qu’il fallait tenir compte de ce que les pays en développement étaient ceux frappés le plus durement par les conséquences du réchauffement climatique.  Les gouvernements de ces pays et ceux des pays industrialisés, le monde des affaires, les ONG comme le citoyen lambda, tous ont un rôle à jouer dans l’objectif commun de lutte contre le péril climatique, a dit M. Kalfin, insistant sur le caractère urgent de la situation.  Ce dernier a ensuite appuyé l’objectif de réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne d’ici à 2020. 


Pour que cet objectif devienne réalité, il a insisté sur l’importance de l’utilisation des technologies adaptées au défi « vert » et d’une croissance économique menée dans le souci du respect de l’environnement.  Le dirigeant bulgare a ensuite évoqué les mesures prises dans son pays, notamment le second plan d’action sur les changements climatiques qui concerne les initiatives économiques prises en tenant compte des dispositions du Protocole de Kyoto.  Il a conclu en estimant que la conférence qui se tiendra à Bali en décembre prochain devra être assortie de nouvelles cibles et engagements de la part de la communauté internationale, « aucune initiative nationale ou régionale ne pouvant faire la différence sur la durée ». 


M. SAM KUTESA, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a attiré l’attention sur l’importance d’informer les populations sur la question des changements climatiques, arguant que des personnes ignorant les dangers auxquels elles sont exposées ne seront pas en mesure de réagir.  Il faut promouvoir l’information, a-t-il insisté, en faisant remarquer que plus de 90% de la population en Afrique ne connait pas les causes des changements climatiques et ne sait pas comment y faire face.  M. Kutesa a, d’autre part, fait observer que si la population africaine connaissait les moyens de lutter contre les changements climatiques, elle ne serait toutefois pas en mesure d’agir.  Les conséquences de la déforestation ont été mises en évidence, a-t-il poursuivi.  Mais que peut-on faire pour les personnes qui coupent des arbres pour obtenir du bois de chauffe alors qu’elles n’ont pas d’autres sources d’énergie?  Il faut mettre l’énergie à la disposition de ces populations, a-t-il insisté, avant de souligner que la communauté internationale doit réfléchir à ce qu’elle peut faire en la matière.  Dans le débat sur la possibilité de contrôler les émissions de gaz à effet de serre tout en assurant la croissance économique, il a attiré l’attention sur les conditions de l’Ouganda.  Il n’y a pas d’autres sources énergétiques que le bois, a-t-il insisté. 


Mme INGIBJORG SOLRUN GISLADOTTIR, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a estimé que l’ONU était le forum indiqué pour définir de manière multilatérale le mandat politique nécessaire à la lutte contre les effets du réchauffement climatique.  Utiliser les technologies de pointe et accroître les ressources dans ce domaine, voilà ce qui permettra à court terme de réduire efficacement les émissions si nocives pour la planète des gaz à effet de serre, a ajouté la Ministre.   Ajoutant que si le coût d’une telle action serait onéreux, Mme Gisladottir a indiqué que la facture ne ferait qu’augmenter en cas de nouveau retard.  Ce mal peut-être un bien, a-t-elle encore affirmé, car un nouveau monde développé, soucieux de l’environnement et plus « propre », pourrait naître des défis auxquels nous sommes actuellement confrontés.


La Ministre des affaires étrangères suédoise a en outre jugé que les priorités devaient être le transfert des technologies vertes vers les pays en développement, l’augmentation urgente de la séquestration du carbone ainsi que la protection de la biodiversité par le reboisement.  Le secteur privé doit être dans ce conteste un allié des gouvernements, a-t-elle dit, avant de former le souhait que les représentants d’État Membres à Bali parviennent à définir le cap à suivre dans le contexte de l’après-Kyoto. 


M. GEORGE YEO, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a attiré l’attention sur l’importance que les pays développés endossent le rôle de chef de file dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Les pays en développement doivent pour leur part ralentir leurs émissions selon le principe de la responsabilité commune et différenciée tout en prenant soin de ne pas freiner la croissance économique.  D’autre part, M. Yeo a mis en évidence le rôle fondamental joué par les forêts tropicales et insisté sur la nécessité de les protéger.  Il a à cet égard indiqué qu’en 1997 et 1998 les feux de forêts d’Asie du Sud ont libéré 700 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère et regretté que ces feux restent un problème en Indonésie.  Le Ministre a également plaidé pour que soient pris en considération les besoins de développement dans les mesures de réduction des émissions de carbone et fait observer qu’à moins que le système n’encourage les habitants à protéger les arbres plutôt que les abattre, le problème de la déforestation ne pourra être résolu. 


Il a en outre plaidé pour qu’une assistance soit offerte aux pays en développement.  Il faut également un système de surveillance et de contrôle pour vérifier que l’argent est dûment utilisé, a-t-il ajouté, déplorant que la corruption demeure un problème majeur.  Pour conclure, le Ministre a fait observer qu’outre la séquestration du carbone, la question de la biodiversité doit faire l’objet d’une attention particulière.  À cet égard, il a estimé que l’initiative « le Cœur de Bornéo » qui couvre 220000 km² de terres en Indonésie, en Malaise et au Brunei mérite un appui.


Mme ANGELA MERKEL, Chancelière fédérale de l’Allemagne, a rappelé que le processus de changement climatique est imputable à l’action des hommes et qu’il s’accélère.  Elle a appelé la communauté internationale à réagir au plus vite.  La protection du climat est une question de sagesse, a-t-elle insisté.  Mme Merkel a expliqué que le rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat montre clairement ce que la communauté internationale doit faire: réduire de moitié les émissions.  Elle a en outre tenu à souligner qu’il est possible d’assurer la croissance économique tout en réduisant les émissions.  Pour ce faire, nous avons besoin de technologies, a-t-elle précisé, indiquant à titre d’exemple qu’un courant électrique peut être obtenu par l’énergie solaire.  Elle a ainsi souligné l’importance d’investir dans des technologies écologiquement rationnelles. 


La Chancelière a ensuite expliqué que l’Union européenne a adopté une stratégie intégrée en matière de climat et d’énergie et qu’elle s’est engagée pour 2020 à réduire ses émissions de 20% par rapport à l’année 1990.  Mme Merkel a, à cet égard, réitéré la nécessité pour les pays de se fixer des objectifs compatibles avec le développement durable.  Cela ne demande pas beaucoup, a-t-elle souligné.  Il convient également de mettre en œuvre le principe de la responsabilité commune mais différenciée dans le cadre d’une vraie politique.  Pour conclure, la Chancelière a rappelé que la communauté internationale a besoin d’un accord pour la période d’après 2012.  C’est uniquement par le biais d’un accord conclu au sein des Nations Unies que l’on pourra atteindre ces objectifs et encourager tout le monde à agir.  Et ce cadre donnera l’impulsion au développement et au transfert de nouvelles technologies, a-t-elle ajouté.  Il ne suffit pas de développer de nouvelles technologies, a-t-elle précisé, il faut également qu’elles viennent répondre à une demande réelle partout dans le monde. 


M. JENS STOLTENBERG, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que la réduction des émissions de gaz à effet de serre doit faire l’objet de mesures à même d’inverser véritablement la tendance.  La position norvégienne est que nous devons contenir à tout prix une augmentation de deux degrés Celsius des températures, un objectif que nous partageons avec l’Union européenne, a ajouté le dirigeant norvégien.  Il a estimé que la Conférence de Bali devrait être l’occasion de lancer une plateforme de négociations devant mener à la mise en place d’un accord mondial le plus complet possible.  M. Stoltenberg a ensuite plaidé pour une action commune conduite sous l’égide de la Convention cadre sur les changements climatiques de l’ONU, « garante de la légitimité de nos actions ».  Il a en outre affirmé qu’il était indispensable que le nouvel accord global inclut tous les principaux émetteurs de gaz à effet de serre, y compris les États-Unis, l’ensemble des pays industrialisés mais aussi les nations émergentes.  


Les pays en développement doivent recevoir l’appui technique que les pays développés se sont engagés à leur fournir, a encore dit le Premier Ministre norvégien, qui a demandé que l’on tienne compte des demandes de compensation adressées par les gouvernements de ces pays aux puissances polluantes à l’origine de nombre de leurs problèmes environnementaux.  Il a poursuivi en souhaitant que le régime post-Kyoto soit équitable, crédible et adapté aux spécificités nationales, en particulier en ce qui concerne les systèmes de financement.  Le prix du carbone doit être en phase avec un projet efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le monde des affaires comme les individus devant être en mesure de passer des énergies à haute teneur en CO2 aux énergies alternatives.  Pour M. Stoltenberg, le concept de mécanisme de développement propre doit être intégré à tous les secteurs de la vie économique de chaque pays, les technologies « vertes » devant être selon lui la base de cette nouvelle donne écologique.  


M. MICHAEL T. SOMARE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a expliqué que son pays souffre des conséquences des changements climatiques.  Les atolls disparaissent et les coraux blanchissent, a-t-il fait valoir, et il est temps d’agir.  Il a ainsi plaidé pour que la communauté internationale définisse des objectifs communs et pour que chacun s’engage à réduire ses émissions, à lutter contre le déboisement et à mobiliser des ressources.  En outre, insistant sur l’importance de définir une vision équitable et commune, il a préconisé que les voix des petits États insulaires en développement soient entendues.  Le rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat a montré que les cibles de catégorie 1 sont réalisables, a-t-il poursuivi.  Le même rapport souligne qu’une augmentation de 2 à 2,4 degrés Celsius de la température entraînerait la disparition de plus de 30% des espèces et diminuerait la productivité des céréales à faible altitude.  Et ces coûts toucheront les plus vulnérables, ce qui est inacceptable, a-t-il insisté.  Le Premier Ministre a ainsi insisté sur la nécessité de réduire davantage les émissions.  La survie de nos communautés et de nos sites en dépend, a-t-il martelé. 


D’autre part, il a fait observer que la responsabilité première du réchauffement climatique incombe aux pays industrialisés.  Il a à cet égard fustigé les pays industrialisés qui promeuvent la réduction des émissions dans les pays en développement, tout en tentant d’échapper à leurs propres obligations en la matière.  M. Somare a plaidé pour que soit appliqué le principe du « pollueur-payeur ».  Pour conclure, il a estimé que le renforcement du marché d’émissions de carbone permettrait de financer des mesures d’adaptation pour les pays en développement.


M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a passé en revue les différentes manifestations organisées en 2007 pour traiter du problème que représentent les changements climatiques.  Il a ensuite fait remarquer que l’Afrique « est quelque peu oubliée dans le dialogue sur le climat mondial alors que c’est le continent qui en souffre le plus ».  Le Ministre a rappelé que l’Afrique émet le moins de gaz à effet de serre et que ce continent est le premier réservoir d’eau douce de la planète.  Cependant, il a vu la fonte de tous ses grands glaciers et souffre en permanence de sécheresses chroniques.  Des solutions pour changer radicalement la donne au niveau africain existent, mais à condition qu’il y ait une réelle volonté et une véritable synergie mondiale, a estimé le représentant.


M. Medelci a ensuite dressé une liste des différentes mesures et initiatives prises par son pays, notamment la création de l’Agence nationale des changements climatiques, l’adoption d’un cadre juridique favorable au développement des énergies renouvelables et la création de projets pilotes d’électrification au solaire et à l’éolien.  Le Ministre a ensuite abordé le « droit de polluer », estimant que celui-ci doit être équitablement réparti entre les habitants de la planète.  Il a préconisé la mise en place des mécanismes financiers du projet d’adaptation, le transfert de technologies et l’assouplissement des mécanismes de développement propres aux pays africains.  Ces mesures permettront de concrétiser les efforts en matière de lutte contre les changements climatiques, a-t-il signalé.  Il a ensuite estimé qu’il importait d’intégrer le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) au sein des groupes Ad hoc chargés de préparer l’après Kyoto.


Mme SHANA PRADHAN, Ministre des affaires étrangères du Népal, a estimé qu’un débat sur les changements climatiques devrait constituer une occasion d’avancer sur la voie du développement durable.  Le Népal est très préoccupé par la fonte des glaciers himalayens, qui entraine déjà des inondations et des glissements de terrain particulièrement destructeurs, a indiqué Mme Pradhan.  Pointant ensuite le fait que les pays les moins pollueurs sont précisément ceux qui subissent le plus gravement le péril climatique, elle a plaidé pour un accroissement significatif et adapté des ressources financières afin de renforcer les capacités techniques des pays en développement.


La Ministre a par ailleurs souligné la nécessité d’affermir le « mécanisme de développement propre » mondial et d’adapter le marché du carbone aux défis des changements climatiques.  Sur ce dernier point, elle a estimé que les programmes nationaux de développement devaient comprendre un volet « vert » relatif en particulier à l’atténuation et à la mise en œuvre de stratégies d’adaptation.  Mme Pradhan a cité à cet égard le programme des communautés forestières de son pays, qu’elle a qualifié de réussite dans le domaine de la promotion de la gestion durable et « propre » des ressources forestières. 


M. ALEXANDER DOWNER, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a rappelé que le Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) avait adopté il y a deux semaines à Sydney une déclaration « historique » sur les changements climatiques, la sécurité énergétique et le développement propre.  Les dirigeants de l’APEC, a-t-il noté, sont tombés d’accord pour œuvrer activement et de manière constructive en faveur d’une entente globale pour après 2012 lors de la prochaine conférence de Bali.  Une telle entente, pour être équitable et efficace, devrait reposer sur un certain nombre de principes, dont celui de respecter les capacités et le contexte propres de chaque pays, a souligné M. Downer.  Il a aussi rappelé qu’il était important pour l’APEC que le processus soit souple, compte tenu de la diversité des approches et des actions.  L’APEC a aussi fixé des objectifs chiffrés en matière de réduction de la consommation énergétique (25% d’ici 2030) et de reboisement (20 millions d’hectares à planter d’ici 2020).


Par ailleurs, les négociations doivent permettre une meilleure mobilisation et reconnaître les actions de réduction de tous, particulièrement des grandes économies.  De telles actions se doivent d’être ambitieuses.  Il convient de s’assurer aussi que celles effectuées par les pays en développement sont mesurables et mesurées, a ajouté le Représentant de l’Australie.  Celui-ci a rappelé que la déforestation jouait un rôle important dans les émissions de gaz à effet de serre et que son pays avait décidé de consacrer une enveloppe de 200 millions de dollars pour aider les pays en développement, non seulement à ne pas déboiser mais aussi à reboiser.  Par ailleurs, l’Australie a l’intention de fixer un nouvel objectif sur le plan national, « le Clean Energy Target » en ce qui concerne le pourcentage minimal de production d’énergie propre.


M. GEORGES ANDRE WELLS, Ministre des affaires étrangères de la République de Vanuatu, a reconnu l’importance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre  pour le développement durable de son pays.  Il a aussi reconnu la responsabilité première des grands pollueurs et a rappelé que la voie la plus efficace pour faire face aux changements climatiques réside dans la mise en œuvre urgente et continue d’actions pratiques, ambitieuses et ancrées dans la Convention-cadre des Nations Unies et son Protocole de Kyoto.  À long terme,  les activités permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre doivent viser à ce que les températures n’augmentent pas de plus de deux degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. M. Wells a poursuivi en soutenant que la réduction rapide et profonde des émissions de gaz à effet de serre par les plus gros émetteurs doit être assurée dans les 10 à 15 prochaines années.  Il a aussi appelé les principaux émetteurs des pays en développement à prendre les mesures nécessaires, avec le soutien des pays industrialisés.  Le Ministre a aussi estimé que l’amélioration de l’accès aux sources d’énergies renouvelables et aux technologies propres est une stratégie-clé pour la participation des pays en développement aux efforts visant le développement durable. 


Le Ministre a souligné que les victimes les plus affectées par les changements climatiques sont les petits et hautement vulnérables États insulaires en développement. Vanuatu est déjà confronté aux effets négatifs du changement climatique, a-t-il affirmé en rappelant que les températures augmentent graduellement dans le sud de son pays et que la fréquence des pluies diminue alors que les cyclones tropicaux se multiplient.  Quelque 124 cyclones ont affecté Vanuatu depuis 1939, a indiqué le Ministre, en soulignant que les changements climatiques devraient avoir un impact sur tous les secteurs liés au développement durable.  Il s’est donc réjoui de l’annonce faite par l’Union Européenne de réduire les émissions de 20% jusqu’à 2020 et a invité l’ensemble de la communauté internationale à mettre pleinement en œuvre les mesures définies dans le Protocole de Kyoto. Défendre « l’économie des émissions » ne saurait être une juste cause quand des millions de vie se voient menacées, a conclu le Ministre.


M. GÁBOR FODOR, Ministre de l’environnement et de l’eau de la Hongrie, a expliqué que son pays, particulièrement vulnérable aux fluctuations climatiques, a une longue expérience, notamment en matière d’inondations.  Sur cette base, des scientifiques ont procédé à l’évaluation de la situation et élaboré diverses options d’adaptation aux changements climatiques, a-t-il poursuivi.  Il a ainsi tenu à apporter sa contribution au dialogue en proposant quelques suggestions.  Tout d’abord, il a fait observer que la communauté internationale a maintenant assez de données sur les changements climatiques pour aller de l’avant.  Les pays développés devraient s’engager à réduire leurs émissions de manière substantielle, tandis que les pays dont l’économie se développe rapidement devraient trouver des moyens appropriés pour enrayer la croissance de leurs émissions.


Le Ministre a également insisté sur la nécessité d’assurer une meilleure cohérence des actions à tous les niveaux.  En outre, il convient selon lui d’encourager une plus grande prise de conscience publique.  Les représentants des pays ont une responsabilité particulière à cet égard, a précisé M. Fodor, avant de plaider pour que les dirigeants fassent preuve de conscience écologique en mettant en œuvre des mesures pour inverser les effets négatifs sur l’environnement.


Mme MARINA SILVA, Ministre de l’environnement du Brésil, a affirmé que le débat d’aujourd’hui devait lancer un message clair sur la nécessité de poursuivre et de renforcer l’action multilatérale en matière d’environnement.  Elle a fait part de sa préoccupation quant à la lenteur des réactions face aux perspectives alarmantes des experts de la part des pays qui sont historiquement à l’origine du péril climatique.  Mme Silva a ajouté que les pays les plus vulnérables étaient prêts à intensifier leurs efforts mais seulement sur la base du principe des responsabilités partagées mais différenciées.  La Ministre brésilienne a ajouté que les pays en développement ne devaient pas non plus éluder leurs responsabilités.  Toutefois, le monde en développement est engagé dans des actions à grande échelle et très couteuses de lutte contre la pauvreté.  Les pays en développement doivent être sensibilisés davantage aux problématiques environnementales, a poursuivi Mme Silva, avant d’expliquer que le Brésil était pionnier dans le domaine de la promotion des énergies propres en Amérique. 


Mais notre défi le plus important demeure la maîtrise de la déforestation, a-t-elle insisté, ajoutant que, pour cela, il fallait notamment résister aux pressions économiques des grands groupes industriels vivant de l’exploitation.  Elle a fait état de l’expansion des zones protégées et contrôlées en Amazonie. Cette politique se poursuit, a-t-elle dit, mais nécessite des investissements constants.  Elle a souligné une baisse du rythme de déboisement.  La Ministre brésilienne a estimé que les négociations relatives au régime post-2012 devraient entrainer une « véritable révolution  politique et éthique » axée sur les aspirations et besoins des populations du monde entier.  Nous sommes, en quelque sorte, forcés de travailler ensemble, a-t-elle encore dit, et il nous faut définir, en toute transparence, des cibles plus ambitieuses que celles arrêtées dans le cadre du Protocole de Kyoto.  À Bali, a conclu Mme Silva, nous devrons consacrer le fait que le temps de la parole est passé, et qu’il nous faut passer de toute urgence à l’action en renonçant, notamment, à des technologies désuètes et nocives et nous tourner vers de nouvelles voies de production énergétique.  


M. MARTHINUS VAN SCHALKWYK, Ministre de l’environnement et du tourisme de l’Afrique du Sud, a noté d’emblée que la science dressait un constat « clair »: les changements climatiques sont un fait et reporter toute action à plus tard aurait des effets néfastes, pour les plus pauvres en premier lieu.  Selon lui, le coût de l’inaction est bien plus élevé que celui de l’action et plus vite on agira, moins le processus sera coûteux.  La prochaine conférence de Bali à cet égard doit permettre de se mettre d’accord sur une « feuille de route » concernant les négociations à mener d’ici 2009, année qui doit voir la rédaction d’un nouvel accord de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Pour l’orateur, l’accord politique à conclure d’ici 2009 dépend de la capacité de chacun à mettre dans la balance les intérêts et les préoccupations de toutes les parties.  Le point de départ doit être l’équité, a-t-il souligné.  Il s’est dit convaincu que le futur accord devrait reposer sur un équilibre entre développement durable et impératifs climatiques, ainsi qu’entre responsabilité historique concernant l’origine du problème et la prise de responsabilités pour l’avenir. 


Pour le Représentant sud-africain, les cinq mots clefs du processus sont les suivants: adaptation, réduction, réponse face aux effets imprévus de la lutte contre le réchauffement, développement technologique, sa diffusion et sa commercialisation, et enfin financement et investissement.  Si l’équité n’est pas respectée ou si un de ces points est laissé de côté, il sera très difficile de parvenir à un accord d’ici 2009, selon lui.  Concernant la réduction des émissions, il a énuméré les trois « fils » devant être tissés ensemble pour parvenir à un cadre multilatéral: des objectifs de réduction quantifiés et plus ambitieux pour les pays développés; le retour des États-Unis et de l’Australie dans le processus prévoyant des réductions d’émissions contraignantes; et enfin la reconnaissance et les incitations en faveur d’une action de réduction accrue de la part de pays en développement.  Pour l’Afrique du Sud, le renforcement des mesures de réduction se trouve principalement entre les mains du Nord, ce qui suppose la pleine participation des États-Unis au processus.


M. RIMAN, de l’Organisation « Les amis de la Terre », a noté que de nombreux orateurs ont souligné la nécessité de contenir le réchauffement de la planète, ce qui exige des efforts à long terme pour réduire les émissions des gaz à effet de serre.  Il a souligné la nécessité d’un accord sur le partage des responsabilités entre le Nord et le Sud.  Il a insisté sur l’importance de la responsabilité historique et de la capacité d’agir, faisant remarquer que le fardeau des pays en développement sera inversement proportionnel aux coupures des émissions opérées par les pays industrialisés.  L’intervenant a aussi insisté sur la nécessité d’une cohérence des politiques et des actions aux niveau international et national, ainsi que dans le cadre des institutions et programmes internationaux. 


M. JOHN GORMELY, Ministre de l’environnement, de l’héritage et du Gouvernement local de l’Irlande, a endossé la déclaration faite, au nom de l’Union européenne par le Premier Ministre du Portugal, relative à la décision de réduire d’ici à 2020, de 20% les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux taux de 1990.  L’Union européenne s’est par ailleurs engagée à élever ce taux à 30% dans la perspective de l’après-Kyoto, ce qui fournit une direction claire aux discussions qui auront lieu à Bali, plus tard cette année.  Le Gouvernement irlandais a de plus pris l’engagement de réduire de 3% par an les émissions de gaz à effet de serre, et ce, jusqu’en 2012.  Il s’est également engagé, a ajouté le Ministre, à réaliser l’objectif européen de limiter l’élévation de la température mondiale à pas plus de 2 degrés au-dessus des niveaux préindustriels.  Les émissions de gaz à effet de serre étant un problème mondial qui exige une réponse mondiale, le Ministre a appelé la communauté internationale à mieux répondre aux besoins des pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés (PMA).  Il a conclu en appelant à l’action car, a-t-il dit « notre crédibilité de leaders politiques sera mesurée à l’aune des décisions que nous prenons maintenant pour nous attaquer aux changements climatiques ». 


M. REINALDO GARGANO, Ministre des affaires étrangères d’Uruguay, a souligné que l’évolution climatique est un défi fondamental qui affecte l’ensemble de la communauté internationale.  Dix ans se sont écoulés depuis que l’Uruguay a signé le Protocole de Kyoto, a-t-il poursuivi, et il est plus que jamais urgent que les pays tiennent leurs engagements, souscrits tant dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques que dans celui du Protocole de Kyoto.  Il a à cet égard tenu à souligner que son pays a été parmi les premiers pays en développement à tenir ses engagements et à respecter les obligations prises dans le cadre de ces deux instruments.  L’Uruguay a notamment mis en place des mécanismes efficaces de coordination avec le concours de la société civile, a-t-il précisé.


D’autre part, l’intervenant a expliqué que son pays subit les effets des changements climatiques et souligné que les conséquences sociales et économiques sont sérieuses.  S’agissant des craintes de certains de voir l’économie pâtir des mesures écologiques, il s’est demandé ce que l’économie a à voir avec le réchauffement de la planète.  Certains s’efforcent de ne pas renoncer à leur hégémonie et ce, au détriment de l’environnement.  Or, il s’agit d’une erreur, a fait valoir M. Gargano, arguant que cette hégémonie sera de toute manière dépassée par ce qui est train de se produire aujourd’hui.  Il a en outre souhaité que les efforts des pays en développement bénéficient d’un soutien de la part de la communauté internationale.  Pour conclure, il a félicité le Secrétaire général d’avoir convoqué cette réunion sur ce thème important et espéré que la communauté internationale saura s’accorder sur des mesures pour la période d’après Kyoto.


M. JUAN RAFAEL ELVIRA QUESADA, Ministre de l’environnement du Mexique, a déclaré que deux menaces principales pesaient sur le développement durable des peuples, à savoir les effets des changements  climatiques et les limites à ce développement qu’entrainera le nouveau régime écologique.  Le Ministre a cependant estimé qu’il était possible d’atténuer les effets du péril climatique et de s’engager par des mesures concrètes sur la voie d’un développement durable « propre ».  M. Quesada a ajouté que le Gouvernement de son pays avait intensifié ses stratégies d’atténuation et que les autres pays devaient eux aussi, de leur côté, renforcer leur action sur la base du principe de responsabilité partagée mais différenciée. 


Le Ministre mexicain a ensuite plaidé pour des plans d’action nationaux « réalisables et vérifiables » dans la limite des ressources dont disposent les pays, en particulier les pays en développement.  Tous les pays industrialisés, a-t-il dit, doivent assumer leur rôle de locomotive dans les domaines technologique et financier, afin de faire du prochain accord global un succès.  M. Quesada a par ailleurs jugé qu’en tant que pays émergeant, le Mexique devait accroître sa participation dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément à la défense de ses intérêts, a-t-il précisé. 


M. ALEKSANDR I. BEDRITSKY, Chef de l’Agence fédéral pour l’hydrométéorologie et le contrôle environnemental de la Fédération de Russie, a estimé qu’étant donné l’actuelle tendance en matière d’émissions de gaz carbonique dans les pays développés, les engagements quantitatifs pris par certains de ces pays dans le cadre du Protocole de Kyoto ne protégeraient pas l’environnement de façon significative.  Le Protocole de Kyoto est imparfait et nous ne pouvons que conclure que, sous sa forme actuelle, sa prolongation au cours des prochaines périodes de coopération sera inefficace, a-t-il soutenu.  L’intervenant a estimé que sous leur forme actuelle, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocol de Kyoto ne permettent pas une plus grande intégration des efforts des pays en matière de stabilisation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 


M. Bedritsky a préconisé la collecte d’estimations réalistes qui refléteraient l’engagement des États au-delà de 2012.  Il a également suggéré la création d’autres mesures d’engagement qui permettraient aux pays développés d’appuyer les pays en développement grâce à des transferts technologiques.  Une procédure transparente et non bureaucratique qui prenne en compte les intentions et les efforts de pays à différents stades de développement doit être mise en place, a-t-il estimé.  Le représentant a ensuite signalé que l’impact économique des changements climatiques sur les pays développés et en développement ainsi que les prévisions portant sur l’aggravation des conséquences néfastes de l’évolution du climat obligent à mettre l’accent sur l’adaptation.  Il a préconisé un train de mesures pour renforcer les systèmes d’alerte précoce aux catastrophes naturelles.


M. MORITZ LEUENBERGER, Conseiller fédéral de la Suisse, a fait observer que parce que tous les pays sont touchés, tous doivent s’engager, les grand pays comme les États-Unis ou l’Australie comme les plus petits comme la Suisse, tout comme les pays en développement.  Il a également plaidé pour que l’Organisation des Nations Unies donne l’exemple en cessant par exemple de faire fonctionner autant l’air conditionné.  Il est certainement dans l’intérêt de chaque pays de réduire ses émissions, a-t-il poursuivi.  En économisant les fossiles et en développant les énergies propres, chacun se rend moins dépendant de sources d’énergie limitées et moins vulnérable aux crises internationales.  Dans cet élan, il développe de nouvelles industries, de nouvelles technologies, il renouvelle son parc immobilier et automobile, a souligné M. Leuenberger, arguant par là que réduire ses émissions c’est finalement créer de l’emploi.


Le Conseiller fédéral a en outre rappelé que le rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat montre que les efforts des pays industrialisés seuls ne suffiront pas.  Il a expliqué que, de l’avis de sa délégation, le futur régime climatique mondial devrait définir un objectif commun, assurer des réductions substantielles des émissions, être équitable et soutenir le développement durable de tous les pays et comporter des incitations pour les investissements dans les nouvelles technologies et les énergies renouvelables.  Pour conclure, il a proposé d’envisager, en sus des incitations et du marché des certificats, une taxe mondiale sur les émissions de CO2, taxe qui appliquerait le principe du pollueur-payeur.  Cette taxe permettrait de diminuer la dépendance aux énergies fossiles, de promouvoir les technologies propres et de générer des fonds pour se protéger contre les effets du réchauffement, a-t-il précisé.


M. HENRI DJOMBO, Ministre de l’économie forestière de la République du Congo, a fait observer que le constat des scientifiques sur l’évolution des changements climatiques et leurs conséquences sur la vie humaine et les écosystèmes naturels situe l’ampleur du désastre qui menace l’humanité.  Pour stabiliser le climat, il a préconisé que les États s’en tiennent au principe de responsabilités communes mais différenciées et au Protocole de Kyoto.  Il a souligné que les pays en développement subissent les effets du réchauffement de la planète et attendent de la communauté internationale une réelle solidarité envers eux.  Ils attendent également que les partenaires au développement et les bailleurs de fonds encouragent et soutiennent techniquement et financièrement les initiatives qu’ils développent.


À titre d’exemple, le Ministre a estimé qu’une attention particulière mérite d’être accordée au processus relatif à la gestion durable des écosystèmes forestiers du Bassin du Congo, résultat d’une volonté politique commune des pays d’Afrique centrale d’œuvrer de manière concertée pour leur conservation.  Le souci qui a conduit à cette initiative a permis également de lancer récemment l’idée d’une coopération entre les trois bassins forestiers et hydrologiques tropicaux du monde en vue d’un échange permanent d’informations et d’expériences, a-t-il ajouté.  La conservation et la gestion durable de ces trois poumons écologiques de la planète constituent une contribution majeure au rétablissement de l’équilibre global en tant que puits de séquestration du carbone et en considération du rôle qu’ils jouent naturellement dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  À cet égard, il a regretté que leur rôle dans la régulation du climat n’ait pas été pris en compte par le Protocole de Kyoto pour le financement des actions en faveur des forêts naturelles et estimé qu’il mérite d’être considéré dans l’accord qui suivra après 2012.  D’une manière générale, M. Djombo a souhaité que le nouvel accord soit plus cohérent, équitable et déterminant.


M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a déclaré que malgré les taux élevés de croissance qu’ont connus ces dernières années les pays à économie en transition, dont fait partie le Bélarus, ils ont toujours besoin d’un accès plus libre aux technologies de pointe basées sur les sources d’énergie renouvelable.  Nous pressons les Nations Unies de fournir une assistance appropriée et à long terme afin de faciliter cet accès aux États Membres, a-t-il ajouté.  M. Dapkiunas a ensuite suggéré qu’un mécanisme de financement international additionnel, qui fonctionnerait sous l’égide des Nations Unies, soit étudié parmi les moyens pouvant aider les pays en développement et en transition à réduire les émissions de gaz à effet de serre.  La coopération régionale est un élément essentiel dans la lutte contre les changements climatiques, a-t-il souligné, tout en citant comme exemple l’initiative de l’Europe centrale.  Il a, en conclusion, demandé à chaque pays d’accélérer la réforme de leur législation interne, laquelle est nécessaire à la mise en œuvre de l’amendement à l’Annexe B du Protocole de Kyoto.  


M. ABDULAZIZ KAMILOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a déclaré que son pays préparait actuellement son second rapport national sur les changements climatiques, qui inclura notamment un inventaire des émissions des gaz à effet de serre et l’identification de mesures nécessaires pour atténuer les conséquences de ces émissions sur le développement de l’Ouzbékistan.  Le représentant a indiqué que les taux élevés d’émissions de gaz à effet de serre dans son pays étaient le résultat d’une croissance économique en nette progression depuis le début des années 1990.  Pour palier cette augmentation, a-t-il expliqué, un programme d’économie d’énergie a été élaboré, couvrant la période 2005-2010 et prévoyant un renforcement de l’efficacité énergétique. 


Depuis 2006, a encore dit M. Kamilov, l’Ouzbékistan applique le mécanisme de développement, des projets dans le domaine du recyclage des déchets industriels et des biocarburants ayant été approuvés au niveau parlementaire.  Au nombre des initiatives, le représentant a aussi évoqué un projet liant son pays et le Japon en vue de la réduction des émissions industrielles de monoxyde de nitrogène.  En conclusion, l’intervenant a insisté sur la nécessité d’accompagner les pays en développement au plan technologique et financier afin de faire de ces derniers des partenaires actifs de la révolution verte. 


M. MOHAMMED BENAISSA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a fait observer que les changements climatiques ne constituent pas uniquement une question environnementale.  C’est un ensemble de risques favorisant la pauvreté, touchant la santé et affectant la stabilité des populations.  M. Benaissa a également souligné que les risques sont planétaires et ne connaissent pas de frontières entre les pays, ni de différences entre le Nord et le Sud.  Le Maroc, a-t-il poursuivi, estime que la problématique des changements climatiques doit être traitée dans le cadre d’une approche fondée sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Il a à cet égard attiré l’attention sur le caractère dévastateur des changements climatiques subis, en particulier, par les pays en développement et portant préjudice à leur développement économique et social.  C’est le cas notamment de l’Afrique, continent le plus vulnérable, qui est affecté de plein fouet par la désertification, les problèmes d’accès à l’eau, la perte de la biodiversité, la sécheresse et les inondations, a-t-il ajouté.


Le Ministre a ainsi souligné l’importance d’œuvrer pour une action multilatérale concertée, étant entendu que les partenaires développés doivent partager leurs expériences réussies et contribuer au renforcement des capacités des pays en développement.  M. Benaissa a ainsi fait observer que les négociations qui débuteront à Bali à la fin de l’année constituent une occasion unique devant permettre de traiter les différents aspects liés aux changements climatiques.  Il a ainsi formulé l’espoir de voir ces négociations aboutir à la conclusion d’un nouveau traité sur le climat, régissant, dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les questions de l’adaptation, de l’atténuation, des technologies propres, de la déforestation, de la mobilisation des ressources, du renforcement des capacités et du transfert de technologies aux pays du Sud.


M. ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a expliqué que son pays est depuis longtemps préoccupé par les changements climatiques.  Ainsi, les Émirats arabes unis ont adopté une stratégie nationale qui considère la préservation et la conservation de l’environnement comme pilier principal du développement durable.  Cette stratégie assure également l’intégration de l’environnement dans tous les aspects des activités de développement, a-t-il précisé.  M. Al Nahyan a fait valoir le lancement d’une initiative appelée Programme Massdar visant à créer un nouveau secteur économique se concentrant sur l’énergie renouvelable.  Parmi les composantes de cette initiative figurent une unité pour la science et la technologie, destinée à promouvoir et encourager la technologie en faveur des pays en développement, ainsi qu’une unité de gestion du carbone, visant à développer des projets pour la réduction du carbone. 


Le Ministre s’est également enorgueilli de la mise en place par son pays de mesures efficaces en matière de lutte contre la pollution et la désertification.  Ainsi, des politiques interdisant les émissions dans toutes les activités liées à l’industrie du pétrole ont été mises en œuvre et une campagne de lutte contre la désertification a été couronnée de succès.  Pour conclure, M. Al Nahyan a insisté sur l’importance de promouvoir et renforcer les partenariats en matière de changements climatiques.  Cela implique que les pays développés jouent un rôle plus efficace et s’engagent à mettre en œuvre les recommandations des divers instruments internationaux en matière d’environnement et de développement durable, a-t-il précisé.


Mgr. PIETRO PAROLIN (Saint-Siège), a déclaré que les résultats scientifiques prouvant la responsabilité humaine dans le réchauffement du climat ne devaient pas être exagérés ou minimisés à des fins politiques.  Le phénomène considéré doit être analysé pour donner une base à l’action collective et à la prise de conscience des risques écologiques, a-t-il renchéri.  Une réponse appropriée de la part de la communauté internationale devrait identifier les moyens d’adaptation économiques accessibles à la majorité et favorables à un environnement sain.  Mgr. Parolin a en outre estimé que les programmes d’atténuation et d’adaptation avaient d’abord pour obstacles des contraintes de nature plutôt sociale que technologique.  Il a ensuite plaidé pour l’éducation adaptée des jeunes et l’abandon par le plus grand nombre de comportements « égoïstes de consommation et d’exploitation anarchique des ressources naturelles ».  Les États, a-t-il conclu, ont une responsabilité qui est celle de protéger le monde du péril climatique et de ses effets néfastes sur la prospérité des peuples. 


SÉANCE PLÉNIÈRE THÉMATIQUE III


TECHNOLOGIE: « UN MONDE NOUVEAU, RESPECTUEUX DU CLIMAT: RÔLE DE LA TECHNOLOGIE ET SA DIFFUSION »


Déclarations


Le Coprésident de la séance plénière sur les technologies, M. JANEZ JANŠA, Premier Ministre de la Slovénie, a partagé l’avis du Secrétaire général selon lequel notre tâche n’est pas de négocier mais de réaffirmer notre engagement collectif en matière de changements climatiques.  Aux yeux de nos citoyens, nous avons la responsabilité de trouver des solutions, a-t-il déclaré.  Nous devons placer cette question, a-t-il ajouté, dans le contexte du développement durable et développer nos investissements dans la recherche et le développement pour les technologies propres.  De l’avis de M. Janša, nous ne relèverons pas les défis des changements climatiques tant que nous ne trouverons pas des technologies novatrices et tant que nous ne les commercialiserons pas rapidement.  La coopération à tous les niveaux est essentielle, a-t-il estimé.


M. RICARDO LAGOS ESCOBAR, Envoyé spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques, ancien Président du Chili et Facilitateur de cette séance thématique, a réaffirmé que les technologies ont un rôle essentiel dans la lutte contre les changements climatiques, notamment pour trouver les façons d’augmenter la résistance face aux effets des changements climatiques.  M. Lagos Escobar s’est interrogé sur les moyens de mener une action massive pour mettre en œuvre les technologies.  Les chiffres démontrent que la recherche est très importante, mais aussi que les technologies qui utilisent le moins de carbone sont les plus chères.  Il faut agir à une échelle sans précédent dans le transfert des technologies des pays développés vers les pays en développement, a-t-il souligné, mettant l’accent sur la nécessité d’explorer les moyens de faciliter ce transfert de technologies et sur le rôle du secteur privé à ce sujet.  Le Facilitateur a demandé aux participants d’établir la liste des mécanismes pour un tel transfert et de réfléchir sur le rôle du commerce dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.  Par quels moyens pourra-t-on établir des accords bilatéraux ou multilatéraux pour le développement des technologies viables, a-t-il aussi demandé.  Le Facilitateur a enfin voulu savoir comment insérer la question des changements climatiques dans celle des investissements dans les infrastructures.


M. ELIAS ANTONIO SACA GONZÁLEZ, Président d’El Salvador, a émis l’espoir que le processus multilatéral mené sous l’égide des Nations Unies pourra mener à des solutions communes en matière de changements climatiques.  Pour renforcer le régime de Kyoto, il a lancé un appel à tous les pays pour qu’ils contribuent à la négociation et l’application d’un nouvel accord mondial.  Nous partageons les points de vue des experts sur la manière de changer la façon de produire et de consommer, afin de réduire la dépendance au carbone, a-t-il indiqué.  Le Président a exhorté les pays ayant des obligations en vertu des instruments juridiquement contraignants à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, conformément aux dernières conclusions du GIEC.  À El Salvador, nous avons fait des efforts pour contribuer à cette réduction, a-t-il ajouté, avec une politique énergétique à long terme qui permet de diversifier les énergies renouvelables.  La question de l’énergie est ainsi devenue une priorité et une Commission nationale de l’énergie a récemment été constituée.  Le Président Saca Gonzalez a aussi expliqué que El Salvador est l’un des pays au monde qui a la plus grande part d’énergie géothermique dans sa production d’énergie, soit à hauteur de 25%.  Les barrages construits dans le pays devraient aussi permettre d’augmenter l’énergie produite de cette façon de 78%.  Le Président salvadorien a aussi évoqué d’autres petits projets en matière d’énergie renouvelable, comme la biomasse.  Nous produisons actuellement 9 millions de tonnes de dioxyde de carbone qui devraient être réduits de 17% au cours des prochaines années, a précisé le Président, ce qui contribue ainsi aux efforts mondiaux.


M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a déclaré que l’Accord global sur le climat post-2012 devrait promouvoir l’innovation technologique.  La technologie est au cœur de l’action internationale face aux changements climatiques, a-t-il dit.  Il est indispensable, a-t-il ajouté, de créer une économie mondiale sobre en carbone et que l’amélioration du rendement énergétique avait un rôle important à jouer dans l’évolution vers un mode de vie plus écologique.  L’Union européenne, a-t-il encore dit, juge nécessaire de développer des programmes de recherche et de développement, d’établir des approches réglementaires strictes et des règles concernant le rendement énergétique des produits et des processus et d’appliquer de nombreuses autres mesures appropriées. 


L’Union européenne, a ajouté le Président de l’Estonie, est déterminée à élargir ses partenariats stratégiques et ses activités bilatérales avec des pays tiers, en particulier dans le domaine du rendement énergétique, des énergies renouvelables, des nouvelles technologies comme le piégeage et le stockage de carbone.  Concernant son pays, M. Ilves a souligné que l’Estonie connaissait une croissance économique annuelle de plus de 10% alors que sa consommation d’énergie primaire a baissé de 2,5% par an.  Il a estimé qu’il est donc possible de découpler le développement économique et la pollution de l’environnement.


Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a rappelé que l’Union européenne s’est fixée des objectifs ambitieux dans le domaine d’action relatif au climat pour l’après 2012, en mettant l’accent sur une coopération accrue en matière de technologie.  Les pays industrialisés, a-t-elle souligné, doivent continuer à promouvoir l’accès aux technologies respectueuses de l’environnement pour tous les pays, tout en poursuivant les efforts en matière de lutte contre la pauvreté.  Pour encourager l’utilisation de ces technologies, il faut travailler sur les questions des normes, des taxes et des marchés du carbone, a-t-elle ajouté.  De l’avis de la Présidente finlandaise, le rôle des universités et des centres de recherche et de développement est particulièrement important et il faut renforcer les partenariats entre le secteur public et le secteur privé. 


Bien que de nombreux aspects du développement durable exigent une coopération internationale, a-t-elle poursuivi, c’est surtout aux niveaux local et national qu’il faut œuvrer.  Mme Halonen a indiqué que la Finlande a investi dans les technologies relatives au climat et à l’énergie, notamment dans les domaines de la production de chaleur et d’énergie, la bioénergie et la technologie d’énergie éolienne.  Un tiers des exportations finlandaises correspond à des technologies respectueuses de l’environnement, a-t-elle précisé.  Mme Halonen a aussi indiqué que la Finlande et la Tanzanie ont facilité le Processus de mondialisation et de démocratie d’Helsinki au cours des cinq dernières années, considérant que les expériences et réseaux découlant de ce Processus peuvent être utilisés à l’avenir pour encourager le dialogue sur le développement durable.


M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, a estimé que les changements climatiques constituaient l’un des problèmes majeurs auquel devait faire face l’humanité et que l’homme, selon les experts, en était le principal responsable.  L’Afrique, qui ne contribue que très faiblement aux émissions des gaz à effet de serre, est l’une des zones les plus vulnérables, a-t-il relevé.  Cela constitue un obstacle dans les efforts des populations pour lutter contre la pauvreté.  M. Biya a déclaré que le Cameroun était ainsi confronté aux modifications inquiétantes des écosystèmes côtiers.  Il s’est aussi inquiété du risque d’assèchement total du lac Tchad et de l’insuffisance des pluies qui met en péril l’autosuffisance alimentaire de son pays. 


Le Cameroun, a rappelé son Président, a lancé dans les années 1960 l’opération Sahel vert pour lutter contre la progression du désert et a pris des mesures appropriées pour que cette opération reprenne avant la fin de cette année, a-t-il dit.  Un observatoire des changements climatiques verra également bientôt le jour au Cameroun, a-t-il ajouté.  M. Biya a déclaré que son pays était favorable à la coopération internationale notamment dans le domaine du transfert de technologies.  Il a renouvelé la proposition qu’il avait faite lors de la soixantième session de l’Assemblée générale pour une action en faveur des pays du bassin du Congo.  Il a également invité la communauté internationale à renforcer les capacités d’intervention du Fonds spécial pour les changements climatiques.  L’aide publique au développement, a-t-il estimé, ne peut, à l’heure actuelle, constituer une solution durable aux problèmes de financement des transferts de technologies.  À cet égard, le Cameroun est d’avis qu’un partenariat entre les gouvernements et le secteur privé est la voie d’avenir et devrait figurer parmi les priorités du processus post-2012.


M. JOAO BERNARDO VIEIRA, Président de la Guinée-Bissau, a considéré qu’il existe plusieurs niveaux de responsabilité dans la dégradation des écosystèmes et estimé essentiel de promouvoir une concertation et une coopération au niveau mondial afin de permettre l’application de nouvelles technologies moins polluantes.  Il est naturel de continuer à rechercher les moyens de développer les industries, de dynamiser les économies et de créer les richesses, en garantissant une croissance et un développement durable, mais ces objectifs ne doivent pas être obtenus à n’importe quel prix, a-t-il estimé. 


De l’avis du Président de la Guinée-Bissau, il est impératif de concilier le bien-être avec la protection de l’environnement.  Il est en particulier urgent de se pencher sur le déversement des déchets toxiques et d’encourager la vulgarisation de techniques simples qui peuvent empêcher la dégradation de l’environnement.  M. Vieira a aussi souhaité que soit stimulée la coopération Sud-Sud.  Le Président a attiré l’attention sur le cas des petits États insulaires en développement qui risquent de disparaître avec le réchauffement de la planète.  À cet égard, il a mis l’accent sur la coopération internationale dans tous les domaines liés aux changements climatiques, qui doit être une priorité du système des Nations Unies et des États Membres.  Cette coopération doit permettre de partager des informations, de faciliter le transfert des technologies les plus adaptées et d’enseigner aux jeunes d’autres manières d’agir et de vivre, qui respectent les équilibres écologiques et de l’environnement, a expliqué le Président.  Avant de conclure, il a appelé à encourager un mouvement mondial qui inclut tous les acteurs de la communauté internationale.


M. STEPHEN HARPER, Premier Ministre du Canada, a estimé qu’un nouveau cadre sur les changements climatiques, qui permettait aux émetteurs mondiaux de prendre des mesures concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, devrait également stimuler le développement et le déploiement de technologies propres et faibles en carbone.  Il a indiqué que le Canada travaille sur le piégeage et le stockage du carbone, permettant ainsi de réduire les émissions de gaz carbonique du pays.  De l’avis du Premier Ministre, cette technique permet de créer un « cercle énergétique vertueux »: les hydrocarbures sont retirés des formations rocheuses, leur énergie exploitée et les émissions y sont remplacées.  Le Gouvernement du Canada et la province d’Alberta comptent proposer des options pratiques pour assurer l’application à grande échelle de cette technologie dans le pays.


Le Premier Ministre a également indiqué que son pays investit dans des sources d’énergie renouvelable comme l’éolienne, la biomasse, l’hydroélectricité à faible impact, la géothermie, le photovoltaïque solaire et les marées océaniques.  Mais nous ne réussirons pas sans l’intervention du marché, a-t-il averti, estimant que le capital privé et la créativité entrepreneuriale sont le moteur du développement technologique.  Il a expliqué que le Canada a créé un fonds pour appuyer le développement de technologies propres qui s’inscrit dans un nouveau cadre de réglementation imposant pour la première fois aux grandes industries canadiennes des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz carbonique.  Le Canada, a indiqué son Premier Ministre, préconise une approche internationale équilibrée de réduction des émissions qui mobiliserait l’ensemble des grands émetteurs de gaz carbonique, tout en respectant les caractéristiques uniques de leurs économies respectives.  Le défi que nous devons relever est mondial et la solution l’est également, a-t-il rappelé avant de conclure.


M. CARLOS LOPEZ, Ministre de l’environnement du Paraguay, a déclaré que les changements climatiques exigeaient des mesures efficaces.  Il a relevé que le Paraguay souffrait de ces problèmes, citant les incendies de forêts et autres catastrophes qui ont coûté des centaines de millions de dollars à son pays.  Le Gouvernement du Paraguay s’efforce d’atténuer ces effets, a-t-il dit.  De l’avis du Ministre, il est indispensable de s’intéresser à la question des changements climatiques qui limitent grandement le développement économique.  On ne peut pas traiter ces questions à la légère, a-t-il ajouté.  Le Ministre a jugé indispensable de s’occuper du transfert des technologies par les pays qui disposent de ces technologies vers ceux qui en ont besoin.  Il faut aborder ces questions de façon sobre et lucide, a-t-il dit.  M. Lopez a aussi jugé que les pays industrialisés devaient s’engager de façon plus ferme dans la réduction de leurs propres émissions de gaz à effet de serre.


M. LULZIM BASHA, Ministre des affaires étrangères de l’Albanie, a rappelé que les pays pauvres sont les premières victimes des changements climatiques.  L’Albanie contribue faiblement aux émissions de gaz à effet de serre car 95% de son électricité provient de sources hydrauliques, a-t-il expliqué, précisant que les industries de production d’énergie à forte intensité ne fonctionnement plus dans le pays.  Les changements climatiques affectent actuellement l’Albanie en termes d’augmentation de la température, de diminution des précipitations et d’augmentation du niveau de la mer, a indiqué le Ministre.  Si les améliorations ne sont pas mises en œuvre dans ce domaine, nous ne pourront pas éradiquer la pauvreté et atteindre les OMD, a-t-il averti.  Le Ministre a ainsi souligné l’importance pour son pays de recevoir les moyens d’adopter des technologies respectueuses de l’environnement ainsi que des flux d’investissements dans ce domaine. 


Les technologies novatrices démarrent dans les foyers, par le recyclage par exemple, mais cela n’est pas suffisant.  C’est pourquoi, il est important que des capitaux soient investis pour adopter ces technologies.  Il a ainsi évoqué le Mécanisme de développement propre qui doit être développé en Albanie pour assurer des plus grands flux de capitaux et le développement de nouvelles infrastructures.  Le Ministre a aussi rappelé l’accord signé avec le Fonds bio-carbone de la Banque mondiale en vue d’un projet de reforestation.  Le Ministre a en outre mis l’accent sur les efforts de son Gouvernement pour attirer les investissements, notamment dans le secteur de la production d’énergie et rappelé la situation géographique avantageuse de son pays sur la côte méditerranéenne et en Europe.


M. NURLAN ISKAKOV, Ministre de l’environnement du Kazakhstan, a estimé que la clef des problèmes climatiques se trouvait dans le développement durable.  Il a souligné que son pays avait pris une série de mesures dans ce sens.  Le Kazakhstan a notamment adopté un Concept de transition vers le développement durable pour la période 2007-2024, a-t-il déclaré.  En coopération avec la Chine et le Kirghizistan, son pays a ainsi déjà fait des efforts en vue de la création d’une zone transfrontalière de développement durable, dans le bassin de la rivière Ili, a-t-il dit.  Le Kazakhstan a aussi adopté en 2007 un code écologique qui harmonise la législation nationale sur l’environnement avec les meilleures pratiques internationales, a-t-il dit.  Son pays a aussi développé une stratégie pour une utilisation efficace et rationnelle des sources d’énergie renouvelables, a-t-il souligné, rappelant que le Kazakhstan disposait de formidables ressources éolienne, solaire et géothermique.  M. Iskakov a déclaré que son pays souhaitait accroître de manière significative la consommation de sources d’énergie renouvelable d’ici à 2024 afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Le Kazakhstan a aussi l’intention d’organiser une réunion ministérielle de la région Asie-Pacifique en 2010 et une réunion pour la région Europe-Asie centrale en 2011 sur le développement durable.  M. Iskakov a aussi souligné que son pays avait obtenu de grands succès dans la réhabilitation de la Mer d’Aral.


M. ALI IBRAHIM AL-NAIMI, Ministre du pétrole et des ressources naturelles de l’Arabie saoudite, a rappelé le principe clef de la responsabilité commune mais différenciée entre les pays développés et les pays en développement, pour une bonne répartition des fardeaux.  Il a exprimé sa préoccupation quant à la nature sélective des mesures prises par certains pays industrialisés, qui sont en train d’augmenter les taxes déjà élevées sur les produits pétroliers, tout en continuant à subventionner les industries locales de production d’électricité par le charbon et le nucléaire.  Ces méthodes polluent davantage que le pétrole, a-t-il fait remarquer.  Le Ministre a considéré que cela entraîne en outre une distorsion du marché et un impact négatif sur le développement de son pays. 


En Arabie saoudite, nous en sommes encore au début de la diversification économique et de la réduction de la dépendance à l’exportation du pétrole, a poursuivi M. Al-Naimi.  Nous avons donc besoin de la coopération internationale pour atteindre ces objectifs par le transfert de technologies et l’augmentation des investissements étrangers, a-t-il ajouté.  Le Ministre a ensuite considéré que la diminution de la consommation des combustibles fossiles n’est pas une alternative viable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il existe en effet des technologies de capture et de stockage du carbone, a-t-il noté, qui permettent à la communauté internationale de continuer à utiliser les énergies fossiles mais de façon plus respectueuse de l’environnement.  C’est pourquoi l’Arabie saoudite encourage ce genre de méthodes et poursuit la recherche en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans des centres de recherche et de développement, ainsi que dans les universités.  Le monde peut poursuivre son utilisation de pétrole sans nuire au climat mondial, a-t-il assuré.


M. PATRICK VAHOE, Ministre de la communication, de l’aviation et de la météorologie des Îles Salomon, a souligné que les changements climatiques n’étaient pas un phénomène nouveau mais qu’ils évoluaient à un rythme plus accéléré à cause des activités humaines.  En raison de la fragilité de leurs écosystèmes, les petits États insulaires et les pays les moins avancés sont les moins bien équipés pour faire face à ces changements climatiques, a-t-il dit.  Les changements climatiques et leurs conséquences sur la montée du niveau de la mer, a-t-il ajouté, causent des dommages irréparables aux écosystèmes, à la production alimentaire et aux communautés des petits États insulaires. 


La communauté internationale, a estimé le Ministre, a la responsabilité de faire face à ces questions des changements climatiques.  Il a ajouté que les pays qui contribuaient le plus aux émissions des gaz à effet de serre avaient une obligation morale d’agir activement pour limiter l’augmentation de ces émissions.  Il a appelé les pays les plus industrialisés, au Nord comme au Sud, à prendre des mesures pour répondre aux changements climatiques et à la montée du niveau de la mer, notamment en ratifiant le Protocole de Kyoto.  Ne pas le faire maintenant serait une erreur morale, a-t-il dit, alors que la vie de millions de personnes, notamment dans les petits États insulaires, est en jeu.  Il a appelé à un transfert de technologies des pays développés vers les pays en développement et à des ressources financières, techniques et humaines pour permettre ce transfert de technologies.


M. TREVOR MALLARD, Ministre du développement économique de la Nouvelle-Zélande, a estimé que la technologie ne peut résoudre à elle seule les problèmes posés par les changements climatiques.  Il a considéré par exemple que l’amélioration du style de vie, notamment par un urbanisme approprié, doit faire partie des solutions envisagées.  De l’avis du Ministre, il faudrait se concentrer sur le développement de deux ou trois technologies principales pour la réduction des émissions, afin que cela soit rentable.  La capture et le stockage du carbone, les énergies marémotrices et l’énergie éolienne figurent parmi les technologies qui existent déjà et que l’on peut utiliser, comme le fait d’ailleurs la Nouvelle-Zélande.  Le pays est en outre le leader en matière de recherche sur la réduction des émissions des productions agricoles, émissions qui représentent 49% de nos émissions, a fait remarquer M. Mallard. 


Le Ministre a aussi reconnu qu’en général, les investissements des gouvernements ne sont pas suffisants pour mener à bien les changements requis en matière de technologie.  Dans les pays en développement, nous devons utiliser les marchés de manière adéquate et engager le secteur privé pour résoudre certaines questions comme celle de la propriété intellectuelle.  En outre, la Nouvelle-Zélande est convaincue que des instruments économiques tels que le Programme national d’échange sur les émissions de gaz à effet de serre, constituent des moyens d’inciter d’autres pays à adopter de nouvelles technologies.  Le Ministre a enfin souligné l’importance de l’objectif de réduire de 25% l’intensité énergétique d’ici à 2030 et de la création du réseau Asie-Pacifique pour la technologie de l’énergie (APNet).


M. LAM AKOL AJAWIN, Ministre des affaires étrangères du Soudan, s’est félicité de l’initiative du Secrétaire général concernant les changements climatiques.  Il s’est associé à la déclaration du Pakistan, faite au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et du Bénin au nom des pays les moins avancés.  Le Soudan, le plus grand pays d’Afrique, souffre d’écosystèmes vulnérables et fragiles dont dépendent une grande majorité de la population, a-t-il souligné.  Son pays souffre régulièrement de sécheresses et d’inondations et cela affecte la vie des bergers et des exploitants agricoles.  Les changements climatiques figurent parmi les causes premières de la crise au Darfour, selon un récent rapport d’experts de l’ONU, a-t-il relevé.  Le Ministre soudanais des affaires étrangères a souligné que le Soudan avait pris un certain nombre de mesures dans le secteur de l’énergie pour permettre un développement durable.  Son pays est en train de mettre en place des mesures pour une meilleure utilisation des ressources pétrolières, notamment à travers de nouvelles législations.  Depuis 2002, le Soudan a totalement abandonné l’utilisation du carburant au plomb et a encouragé l’utilisation de gaz liquéfié, a-t-il souligné.  M. Akol Ajawin a estimé que la technologie joue un rôle charnière pour lutter contre les changements climatiques et que l’accès à des technologies abordables devait être facilité par les pays industrialisés pour les pays les moins avancés.  Il a jugé nécessaire d’examiner des approches novatrices en matière de transfert de technologies et a demandé instamment aux États de respecter leurs engagements en la matière en vertu de la convention 4 de Kyoto.


M. ATTILA KORODI, Ministre de l’environnement et du développement durable de la Roumanie, a rappelé que le réchauffement climatique est une réalité causée par l’activité humaine et que son atténuation est possible d’un point de vue technique si nous agissons maintenant.  Le Ministre a rappelé la proposition de l’Union européenne selon laquelle l’augmentation de la température à la surface de la terre ne devrait pas excéder 2 degrés centigrades par rapport aux niveaux préindustriels, afin de ne pas causer de dommage irréparable.  Selon M. Korodi, un accord pour l’après 2012 devrait voir les pays développés s’engager à réduire leurs émission à effet de serre de 30% d’ici 2020, par rapport au niveau de 1990, en visant une réduction de 60-80% d’ici 2050.  L’Union européenne s’est pour sa part engagée à augmenter son efficacité énergétique de 20% et à atteindre l’objectif d’énergie renouvelable de 20% d’ici 2020, a-t-il rappelé.  En outre, l’Union européenne souhaite s’engager à réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à ses émissions de 1990, à condition que les autres pays développés s’engagent à des réductions comparables.  M. Korodi a considéré qu’un marché élargi du carbone créera une demande accrue de nouvelles technologies.  Par ailleurs, le niveau de stabilisation des émissions souhaitée par le GIEC est possible, selon le Ministre, si on agit de façon bilatérale avec les pays tiers, comme l’Union européenne s’est engagée à le faire.  Une approche basée uniquement sur la technique ne pourra pas réduire suffisamment les émissions et il faut compléter ces mesures par des actions politiques nationales et internationales dans les domaines financier et social, a conclu le Ministre.


M. ANGELO REYES, Ministre de l’environnement des Philippines, a souligné que son pays, un archipel montagneux, était très vulnérable aux changements climatiques.  Les Philippines, selon le PNUD, sont en première ligne en ce qui concerne la fréquence des cyclones tropicaux, a-t-il dit.  Dans les zones côtières, a-t-il ajouté, les inondations pourraient s’accroître en raison de la montée du niveau de la mer et de l’augmentation de la fréquence des cyclones.  M. Reyes a jugé qu’il était indispensable de distribuer l’information concernant le caractère urgent des changements climatiques.  L’activité humaine est une des causes essentielles des changements climatiques mais ce sont les technologies qui permettront d’y faire face, a-t-il ajouté.  Les Philippines, a-t-il indiqué, utilisent déjà les énergies renouvelables, notamment l’énergie géothermique, et étudient l’usage de carburants alternatifs et développent des cartes des risques et des programmes de reforestation.  Il a souligné qu’il ne s’agissait que d’un début mais que son pays cherchait aussi à profiter du potentiel énorme de l’énergie solaire.  Au niveau international, il a estimé que ce n’était pas le moment de penser en États concurrents et qu’il fallait partager les technologies permettant de lutter contre les changements climatiques.  Nous sommes tous responsables d’utiliser et partager ces techniques, a-t-il dit.


M. VICTOR MANUEL BARBOSA BORGES, Ministre des affaires étrangères du Cap-Vert, a mis l’accent sur la vulnérabilité des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés.  Ni l’adaptation, ni l’atténuation des gaz à effet de serre, ni les technologies, a prévenu le Ministre, ne peuvent avoir un véritable impact si ces mesures ne sont pas accompagnées de l’augmentation des investissements en matière énergétique.  Il a appelé notamment à lutter contre la désertification, à prévenir les catastrophes naturelles par des systèmes d’alertes avancées, car beaucoup de pays vulnérables ne possèdent pas les technologies adéquates.  Nous sommes prêts à collaborer en ce sens avec tous nos partenaires, a assuré le Ministre.  M. Barbosa Borges a aussi mis l’accent sur la nécessité de favoriser l’accès des pays en développement à des technologies propres à des coûts raisonnables. 


Dans la recherche d’une réponse globale aux changements climatiques, le Ministre s’est demandé s’il était raisonnable de continuer à subventionner les cultures agricoles du Nord lorsque cela se traduit par un appauvrissement des paysans du Sud.  Un pays comme le Cap-Vert, qui se débat avec des vulnérabilités très contraignantes, dans un contexte de défi climatique majeur, doit pourvoir compter sur la collaboration de ses partenaires pour lutter contre l’avancée du désert et l’appauvrissement des sols.  Il faut donc favoriser des projets qui ont un impact direct sur les populations, a conclu le Ministre. 


M. DIDACE PEMBE BOKIAGA, Ministre de l’environnement de la République démocratique du Congo (RDC), a souligné que son pays avait achevé un Programme national d’adaptation (PANA) aux changements climatiques.  La préparation de ce programme a permis de définir les préoccupations les plus urgentes, y compris les stratégies d’atténuation.  Le PANA vise notamment au renforcement des capacités de production alimentaire, a-t-il dit.  C’est pourquoi, la RDC sollicite d’urgence le financement des projets définis dans son Plan national d’adaptation aux changements climatiques par le biais du Fonds pour l’adaptation, a-t-il déclaré.  M. Pembe Bokiaga a souhaité que le rôle joué par les forêts du bassin du Congo dans la régulation du climat mondial soit pris en compte ainsi que leur faible taux de déforestation. 


La RDC considère que le manque à gagner de la non-exploitation de ces forêts devrait être compensé, a-t-il dit, citant le chiffre de 3 milliards de dollars par an, pour faire face au manque à gagner.  Le Ministre a aussi proposé que soit mis en place un fonds de stabilisation permettant de rémunérer les stocks de carbone sur pied.  Enfin, il a proposé que de nouveaux mécanismes de flexibilité comme ceux du Mécanisme pour un développement propre soient envisagés dans le futur instrument juridique à mettre en place après 2012 en vue d’accélérer la livraison des technologies d’adaptation et d’atténuation aux pays les moins avancés.  Il a proposé aussi des sanctions sévères pour lutter contre le déversement de technologies vétustes, obsolètes et polluantes.


M. OSMAN SALEH, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a noté que tous les États souffrent des changements climatiques, notamment les petits États qui n’ont pourtant pas contribué aux concentrations de gaz toxiques dans l’atmosphère.  Les mécanismes d’atténuation des effets des changements climatiques sont limités, a-t-il constaté, et les populations souffrent toujours des sécheresses récurrentes et des inondations.  Il a cité le cas de l’Érythrée où le paludisme a été maîtrisé mais qui, avec l’augmentation de la température, court le risque de voir le paludisme se propager vers différentes populations des zones de l’ouest et de l’est.  Cet état des faits entraîne une perte d’environ 260 millions de dollars. 


Le Ministre a rappelé l’importance de la coopération de tous les pays pour trouver une réponse internationale efficace, dans les domaines scientifique, technologique, technique, socioéconomique et juridique.  L’Érythrée a encouragé son peuple à participer à la restauration de l’environnement, notamment en agissant dans les domaines de la préservation des sols, de la collecte des eaux, du boisement et des technologies novatrices accessibles aux collectivités des villages.  La nécessité pour les États de s’acquitter de leurs responsabilités est de plus en plus claire et c’est pourquoi il faut agir ensemble pour le bien-être des générations futures, a conclu M. Saleh.


M. ARSENIY YATSENYUK, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a déclaré qu’aujourd’hui, l’humanité était confrontée à des crises écologiques à caractère global, et que si le défi de la protection de l’environnement devait être relevé, les États devaient respecter leurs obligations en vertu de la Convention-cadre sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto.  Il a indiqué que l’Ukraine attachait une grande importance à ce Protocole et était favorable à la mise en œuvre, après 2012, d’un nouveau régime prévoyant un mécanisme de sanctions.  M. Yatsenyuk a par ailleurs rappelé que son pays avait créé une Agence nationale d’investissements écologiques pour permettre la mise en œuvre effective des projets ukrainiens de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il a rappelé qu’à ce titre, son pays soutenait depuis des années la mise en place d’un mécanisme international de transfert de technologies, et que l’Ukraine était disposée à contribuer à la recherche sur les changements climatiques grâce à sa technologie spatiale. L’Ukraine est en outre favorable à la création d’une organisation permanente de défense de l’écologie placée sous l’égide des Nations Unies, pour contrer les effets néfastes du manque de solidarité et de responsabilité des États aux niveaux national et international.  Un tel mécanisme, a conclu le Ministre, devrait permettre d’établir un nouvel ordre écologique international et d’échafauder, à plus long terme, un traité universel pour la protection de la nature.


Mme CONDOLEEZZA RICE, Secrétaire d’État américaine, a déclaré que son pays prenait très au sérieux les défis posés par les changements climatiques.  Elle a souligné que les efforts des États-Unis se concentraient sur les transformations technologiques et qu’ils étaient prêts à élargir leur leadership en la matière.  Mme Rice a déclaré que les États-Unis étaient fermement engagés dans les efforts menés dans le cadre de l’ONU et qu’ils attendaient de participer activement à la réunion de Bali sur les changements climatiques.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, reconnaissent que les changements climatiques sont une question complexe et difficile et qu’il faut y faire face en adoptant une approche intégrée.  Elle a estimé que les technologies existantes n’étaient pas suffisantes pour faire face à la demande mondiale croissante en énergie tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et qu’il fallait investir dans de nouvelles technologies.


Mme Rice a déclaré que son pays voulait promouvoir le développement de ces nouvelles technologies.  Depuis 2001, les États-Unis ont dépensé environ 18 milliards de dollars pour développer des sources d’énergie plus propres, a-t-elle ajouté.  Les États-Unis travaillent également activement à aider d’autres pays à utiliser des technologies d’énergie propres et des sources d’énergie alternatives (énergie solaire, éolienne, biocarburants, véhicules hybrides, énergie nucléaire), a-t-elle dit.  Elle a ajouté que son pays fournissait des investissements publics importants pour l’utilisation de charbon propre et qu’il encourageait aussi les investissements privés.  Mme Rice a affirmé que les États-Unis étaient engagés à 100% dans l’adaptation climatique.  De meilleures technologies peuvent jouer un rôle clef dans le développement de sociétés plus résistantes, plus réactives, a-t-elle dit.  En travaillant ensemble, nous pourrons résoudre les problèmes liés aux changements climatiques, a-t-elle ajouté.


M. LAURENT SEDOGO, Ministre de l’environnement et du cadre de vie du Burkina-Faso, a rappelé que les pays les moins avancés dont son pays fait partie ont déjà subi les conséquences des évolutions climatiques.  Le Ministre a expliqué que la sécheresse a fait son œuvre dans la région du Sahel, entraînant désertification et famines tandis que des inondations récurrentes ont causé des dizaines de pertes en vies humaines et de nombreuses destructions.  L’impact financier, a-t-il déclaré, se chiffre en centaines de millions de dollars, ce qui fragilise encore un peu plus l’économie de ces pays là.  Le Ministre de l’environnement a souligné la nécessité d’opérer des transformations technologiques en profondeur, ce qui, compte tenu des coûts importants, est difficile à réaliser pour les pays les moins développés, sans l’appui d’une chaîne de solidarité internationale.  Il a insisté sur la nécessité, selon lui, de recourir à l’élaboration d’un véritable plan d’action planétaire sur la base du principe du pollueur-payeur. 


Ce plan, a-t-il expliqué,  reviendrait pour les grands pays à consentir immédiatement aux exigences du Protocole de Kyoto.  Quant aux pays émergeants, il s’agirait pour eux; a poursuivi  le ministre, d’introduire graduellement, selon un plan négocié et soutenu, les innovations recommandées.  Ce plan devrait être partiellement financé et techniquement soutenu par la communauté internationale.  Pour les pays plus faibles, il faudrait, dans la perspective des Objectifs du Millénaire pour le développement, leur garantir un accès aux technologies nouvelles.  Il faudrait également, a ajouté le Ministre, leur permettre de réaliser des programmes d’innovation par des mécanismes de financement  plus souples et plus importants.  Des partenariats Nord-Sud et Sud-Sud plus ambitieux favorisant le transfert de technologies sont également souhaitables, a déclaré monsieur Sedogo qui a conclu en appelant la communauté internationale à dépasser les égoïsmes nationaux.


Le Coprésident de la séance plénière thématique sur les technologies, M. SURAYUD CHULANONT, Premier Ministre de la Thaïlande, a considéré que le niveau élevé de participation à la réunion de ce jour est un signe clair de l’engagement des États Membres en faveur de l’atténuation des changements climatiques.  Notre tâche ne consiste pas à négocier mais à prouver notre volonté collective de lutter contre les effets néfastes des changements climatiques.  Il faut replacer cette action dans le contexte du développement durable, a-t-il ajouté.  Il est aussi indispensable d’améliorer l’accès aux techniques d’atténuation notamment pour les pays en développement.  Enfin, mettant l’accent sur la collaboration internationale, il a incité à réunir les ressources nécessaires pour accélérer le transfert des technologies.


Mme TZIPI LIVNI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Israël, a estimé que la question des changements climatiques devrait être traitée de manière urgente par la communauté internationale.  Elle a dit espérer que la réunion d’aujourd’hui servirait de catalyseur à une action multilatérale décisive sur cette question.  Mme Livni a souligné que son pays était à la pointe en matière de technologies visant à répondre aux défis écologiques et qu’Israël était prêt à partager son savoir-faire avec d’autres pays.  Elle a ainsi indiqué que des agriculteurs israéliens utilisaient de l’eau saline pour faire pousser des tomates cerises, que des techniciens israéliens avaient construit une des plus grandes centrales à l’énergie solaire de la planète et que 75% des maisons israéliennes étaient chauffées grâce à l’énergie solaire.  L’Institut des réglementations d’Israël a également établi une réglementation pour la construction écologique de bâtiments, a ajouté Mme Livni.


Israël est un laboratoire en matière de technologies environnementales, a-t-elle estimé, en déclarant que son pays était prêt à offrir son aide à des pays en développement dans des domaines essentiels comme l’alimentation saine sans destruction des ressources naturelles, le développement de méthodes pour conserver l’eau, la mise au point de sources alternatives d’énergie et le développement de technologies propres.  Israël va présenter une exposition internationale à la fin octobre sur l’eau et les techniques d’environnement, a-t-elle précisé.  Son pays est en train d’introduire, avec d’autres pays, une nouvelle résolution cette année à l’Assemblée générale de l’ONU sur les techniques agricoles pour le développement.  Nous devons trouver des façons de partager ces technologies pour lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde, a-t-elle dit.  Notre coopération, a-t-elle ajouté, doit dépasser les frontières et les conflits.


M. ALFRED GUSENBAUER, Chancelier fédéral de l’Autriche, a relevé que la technologie et sa diffusion sont au cœur de la stratégie destinée à limiter les effets des changements climatiques.  Les connaissances et leur utilisation sont des biens publics dans le monde entier, a-t-il considéré.  Il a plaidé en faveur de l’établissement de normes sur l’efficience énergétique qui devraient contribuer à renforcer l’innovation et les investissements dans le secteur privé en matière de technologies énergétiques efficaces.  Nous devons réduire le coût du déploiement des technologies et faciliter l’accès à ces technologies pour tous les pays, a exhorté M. Gusenbauer. 


L’Autriche, a précisé son Chancelier fédéral, a créé le Fonds national du climat et de l’énergie, avec un budget de 500 millions d’euros pour la période allant de 2007 à 2010.  C’est un des premiers pays à utiliser l’énergie renouvelable, dépassant même de 20% l’objectif de l’Union européenne, a-t-il ajouté.  L’Autriche agit aussi sur le plan international, avec le programme du mécanisme de développement propre de l’Autriche dont le budget est de 350 millions d’euros.  Le Chancelier a aussi évoqué une stratégie clef qui porte sur la coopération entre l’Autriche et d’autres pays.  Nous devons nous mettre d’accord pour renforcer les échanges technologiques à l’échelle mondiale et les Nations Unies offrent une plateforme idéale à cette fin, a-t-il estimé. 


M. AHMAD BIN ABDULLAH AL-MAHMOUD, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a estimé que les changements climatiques étaient déjà une réalité et qu’ils constituaient un obstacle majeur au développement durable.  Il a déclaré qu’il fallait agir immédiatement et que la communauté internationale n’avait plus beaucoup de temps pour le faire.  Les pays en développement sont particulièrement vulnérables, a ajouté M. Ahmad Bin Abdullah Al-Mahmoud.  Il a estimé que l’ONU était le meilleur cadre pour une action multilatérale en ce domaine, en permettant de partager les expériences.  Il a souhaité le renforcement de la coopération au niveau international et des partenariats avec le secteur privé pour développer des technologies écologiques et le transfert de technologies des pays industrialisés vers les pays en voie de développement. 


Le Ministre a jugé également nécessaire le développement de la recherche scientifique pour réduire notamment les émissions de gaz à effet de serre.  Une solution efficace aux changements climatiques, a-t-il estimé, ne peut être trouvée que d’une manière intégrée dans le cadre du processus de développement durable.  L’évolution climatique touche tous les États mais il a un impact dévastateur sur les pays en développement, notamment en Afrique, les petits États insulaires et les pays les moins avancés en raison de leurs moyens limités.  Il a estimé que les promesses de transfert de technologies par la communauté internationale n’ont pas été tenues et que les technologies modernes permettant de protéger l’environnement restent trop coûteuses pour les pays en développement.  Il a appelé à une coopération internationale pour y répondre.


M. JEAN-MARIE CLAUDE GERMAIN, Ministre de l’environnement d’Haïti, a relevé nombre de phénomènes inquiétants dans la région des Caraïbes, comme l’augmentation du niveau de la mer.  Les conséquences des changements climatiques sont particulièrement nuisibles à des pays en développement comme Haïti, qui voient leur vulnérabilité accrue et leur chance d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) réduite.  Le Ministre a rappelé que son pays avait été frappé en septembre 2004 par l’ouragan Jeanne qui a fait plus de 2 000 morts.  Si la tendance à l’augmentation des menaces météorologiques dans cette région se précise, les pays concernés verront leurs chances de développement réduites, a-t-il averti.  De l’avis du Ministre, il y a bien un lien inextricable entre les changements climatiques et le phénomène de pauvreté. 


Les pays vulnérables aux changements climatiques doivent trouver les moyens de lutter efficacement, a déclaré le Ministre haïtien de l’environnement, soulignant notamment la nécessité d’aider les petits États insulaires en développement à reconstituer leurs terres forestières.  Le Gouvernement haïtien a travaillé avec la République dominicaine et Cuba pour mettre en place le premier corridor biologique des Caraïbes qui vise la biodiversité, a précisé M. Germain citant la Déclaration de Santo Domingo.  Au-delà de la diversité biologique, la lutte contre la pauvreté est un objectif primordial de cet accord.  De façon générale, le Ministre a plaidé en faveur d’actions plus poussées pour atténuer les effets des changements climatiques dans les pays en développement, comme la promotion de l’utilisation d’énergies renouvelables dans les zones urbaines de ces pays qui permettrait de réduire l’utilisation du bois de chauffe.


M. YACOUB RIAD SARRAF, Envoyé spécial du Président du Liban, a salué l’organisation de cette réunion sur les changements climatiques par le Secrétaire général de l’ONU et a apporté son appui à la déclaration faite par le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Il a jugé qu’une action mondiale pour lutter contre les changements climatiques était nécessaire.  Les Nations Unies ont été créées pour atténuer les guerres et pour assurer la paix entre les hommes et pourtant, a-t-il fait remarquer, nous abusons des ressources de la terre et menaçons son équilibre.  Nous avons déclaré la guerre contre la nature et maintenant, la terre est en train de réagir.  Les changements climatiques risquent de changer le niveau de la mer.  M. Sarraf a estimé que cette guerre aggravait les guerres géopolitiques.  Selon lui, les changements climatiques risquent d’aggraver les conflits existants au Moyen-Orient sur la distribution des ressources.


Les pays développés, a souligné M. Sarraf, ont une responsabilité spécifique dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Il a rappelé que le Liban avait ratifié le Protocole de Kyoto le 15 mai 2006 et avait établi un mécanisme de développement propre destiné à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.  Il a affirmé que le Liban était un modèle d’adaptation économique et sociale.  Cependant, a-t-il fait observer, les efforts de son pays sont entravés par les destructions commises par Israël sur des infrastructures libanaises.  Il a cité les frappes par Israël lors des premiers jours de la guerre en juillet 2006 contre la centrale thermique de Jiyeh qui a causé une très grave marée noire mais a aussi causé des émissions de gaz à effet de serre de 180 gigagrammes. 


M. LO SZE PING, Greenpeace-Chine, s’exprimant en tant que représentant de la société civile, a précisé que la Chine est le pays qui émet le plus de dioxyde de carbone au monde.  Son pays, a-t-il précisé, entreprend des efforts de lutte contre ces émissions, car il commence à se rendre compte des graves conséquences de l’utilisation des énergies fossiles.  Le Directeur de la communication de Greenpeace Chine a estimé que, pour éviter un avenir apocalyptique, il faut investir massivement dans les technologies renouvelables, en Chine comme dans le reste du monde.  On dispose de toutes les technologies nécessaires pour cela et il faut maintenant passer à des actions réelles, a-t-il proposé.  Les obstacles aux actions propres et efficaces, a estimé M. Ping, ne sont pas uniquement d’ordre technologique mais aussi financier et politique. 


M. Ping a en outre considéré que l’énergie nucléaire est trop chère et trop dangereuse.  La Chine, a-t-il ajouté, pourrait utiliser efficacement l’énergie solaire et réduire sa consommation d’énergie d’ici à 2050 de façon significative.  Il a aussi indiqué que ses sources d’énergies renouvelables pourraient représenter 50% des sources d’énergies d’ici à 2050.  Abordant le mandat de la prochaine Conférence de Bali, il a énuméré les mesures jugées nécessaires, comme l’obligation des pays développés à réduire d’au moins 30% leurs émissions d’ici 2020.  L’architecture de la deuxième période d’engagement devrait être ouverte et permettre à tout pays qui le souhaite d’y participer, a considéré M. Ping.


M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a déclaré que des technologies propres étaient essentielles pour relever les défis que posent les changements climatiques, tout en contribuant au développement durable.  Les technologies connues, a-t-il ajouté, peuvent réduire les émissions des gaz à effet de serre à condition de créer les mesures incitatives appropriées et d’augmenter les investissements en recherche et développement.  Selon lui, il faut non seulement développer des technologies mais aussi intéresser les marchés et leurs utilisateurs pour qu’ils adoptent ces technologies.  Il a estimé que le marché devrait être l’élément moteur permettant de relever le défi des changements climatiques et a souligné les solutions déjà mises en œuvre par des entreprises privées pour mieux respecter l’environnement. 


M. Verbeke a jugé également que la fixation d’un prix pour les émissions de gaz à effet de serre était une condition essentielle pour stimuler une demande de technologies propres.  Il a toutefois estimé que ces mécanismes devaient aussi contribuer au développement durable et répondre aux besoins des pays en développement.  Le représentant a insisté sur la nécessité d’éviter la déforestation et d’aider les pays en développement à s’adapter à l’impact du changement climatique.  La Belgique considère qu’un marché mondial des émissions de dioxyde de carbone est une condition essentielle pour créer une demande d’énergies durables, a-t-il dit.  La bonne gouvernance, a-t-il ajouté, est essentielle pour créer des conditions de marché stables et il faut une coopération bilatérale et multilatérale solide pour permettre le déploiement de technologies environnementales saines et durables à faibles émissions carboniques.


M. RONALD JUMEAU (Seychelles), a regretté que beaucoup d’intervenants aujourd’hui se concentrent sur les façons de réduire les émissions pour les pays développés, sans se préoccuper véritablement des besoins des petits États insulaires en développement.  Nous sommes pourtant parmi les plus vulnérables aux changements climatiques et avons ainsi besoin d’améliorer nos techniques de lutte contre ces phénomènes, a-t-il rappelé.  Certains États développés se sont engagés à nous aider, s’est-il réjoui, et il faut faire tout ce qui est possible pour compléter les mesures déjà prises par les pays en développement, sans attendre la Conférence de Bali.  Le Président des Seychelles annoncera demain à Rome la création d’une fondation mondiale contre l’élévation du niveau de la mer, a indiqué le représentant.  Cette fondation aura pour mission de favoriser la mise au point de techniques novatrices pour les régions confrontées à ce problème.  Cette fondation sera aussi une plateforme de partenariat entre le secteur public et le secteur privé, a expliqué M. Jumeau.


M. BASHAR JAAFARI (République arabe syrienne) a déclaré que son pays joignait sa voix au Pakistan qui a parlé au nom du Groupe des 77 et de la Chine sur les changements climatiques.  Il a souligné que son pays était victime des changements climatiques, évoquant la désertification et la pénurie d’eau potable.  Ces effets néfastes, a-t-il estimé, entravent le processus de développement durable de son pays.  Il a affirmé que la Syrie était soucieuse de trouver des sources d’énergie renouvelable à long terme et qu’elle était convaincue de la nécessité d’une approche susceptible d’assurer son développement durable.  La Syrie considère toutefois, a-t-il dit, que les pays en développement ne peuvent pas sacrifier leur développement alors que les pays développés sont responsables d’énormes émissions de gaz à effet de serre.  Le respect de leurs engagements par les pays développés, a-t-il dit, est un élément majeur dans la lutte internationale contre les changements climatiques.  La Syrie estime également qu’il faut lever les contraintes actuelles qui pèsent sur le transfert de technologies.  Ce transfert doit se faire de manière compensatoire, préférentielle et à prix réduits, a ajouté M. Jaafari. Il a également estimé qu’il serait intéressant de connaître la quantité de gaz à effet de serre émis par des usines d’armement, ainsi que la quantité résultant de l’envoi d’un porte-avions de l’Atlantique dans d’autres régions du monde ou encore celle due à des manœuvres militaires de grande envergure.


M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan) a indiqué que son pays a présenté en 2003 son premier rapport sur les conditions climatiques.  Selon les études menées, il y aurait au Kirghizstan une augmentation des températures supérieures à la moyenne mondiale.  Des hivers, des automnes et des printemps doux risquent donc d’augmenter les éboulements et les torrents, a expliqué le représentant.  Il a aussi évoqué d’autres impacts de ces changements, notamment les modifications des migrations d’animaux, la fréquence des épidémies et des parasites dans les récoltes, et l’augmentation des maladies infectieuses.  Selon les prévisions, d’ici à 2100, la température moyenne augmentera de 4 à 6 degrés Celsius au Kirghizstan.  Le représentant a aussi parlé des glaciers dont la surface diminue, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques.  Les ressources en eau sont pourtant une des ressources les plus importantes en Asie centrale et la pénurie de ces ressources sera une grave menace pour l’agriculture qui en consomme actuellement 80%, a précisé M. Jeenbaev.  C’est pourquoi, il est urgent de trouver des solutions à ce phénomène, en se préoccupant des conséquences liées aux activités humaines ou industrielles, a-t-il insisté.  De l’avis de M. Jeenbaev, la protection des ressources en eau dans le pays doit être intégrée aux programmes de développement et faire l’objet de campagnes de sensibilisation.


M. JAMES ROGERS, PDG de Duke Energy, l’un des fournisseurs les plus importants d’énergie en Amérique, a estimé que le défi mondial en matière d’énergie allait être énorme dans les années à venir et qu’il allait falloir fournir de l’électricité à 1,4 milliard de personnes qui n’en disposent pas actuellement.  Il a estimé que la lutte contre les changements climatiques doit éviter d’aggraver les disparités économiques à travers le monde.  Les gouvernements, a-t-il préconisé, doivent investir dans la recherche et le développement.  M. Rogers a suggéré notamment de créer une concurrence mondiale en matière d’efficacité énergétique.  En outre, il a jugé nécessaire de trouver des moyens pour utiliser les énormes réserves de charbon à travers le monde, grâce à davantage d’investissements dans les technologies de charbon propre. 


M. Rogers a également appelé à développer l’énergie nucléaire, précisant que ce type d’énergie a prouvé qu’elle était sûre, efficace et économique.  Il a toutefois estimé qu’il faudrait procéder à des percées technologiques plus importantes dans ce secteur afin de pouvoir inverser le déclin de l’utilisation de l’énergie nucléaire à travers le monde depuis 20t ans.  M. Rogers a également estimé qu’il était important de reconnaître que les gouvernements et les économies étaient différents et qu’il n’y avait pas de modèle unique pour lutter contre les changements climatiques.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à travailler ensemble pour adopter une approche nouvelle tout en reconnaissant que le problème des changements climatiques ne serait pas réglé en un jour.


M. ALEXEI TULBURE (Moldova) a considéré que le nouvel Accord de Montréal est plus efficace que le Protocole de Kyoto.  Alors que la demande mondiale en énergie ne cesse d’augmenter et que la consommation de l’énergie fossile est liée au développement, de nouvelles technologies peuvent contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre à ce développement, a-t-il fait remarquer.  Le représentant a aussi fait valoir que ces solutions technologiques doivent être accompagnées de solutions en matières politique et financière.  Moldova s’est engagé à réduire ses émissions, en prenant une série de mesures comme la préparation d’un inventaire sur les gaz à effet de serre, l’adoption de mesures pour l’adaptation aux changements climatiques et la mise au point de programmes de sensibilisation et de formation.  Les émissions ont ainsi été réduites de 25% au cours des 15 dernières années, a-t-il précisé. 


Notre objectif, a indiqué M. Tulbure, est aussi d’accroître progressivement les zones forestières.  Il a évoqué la Journée nationale de verdissement au cours de laquelle 29 000 arbres et 15 000 buissons ont été plantés.  Les zones humides peuvent en effet permettre de séquestrer le carbone plus longtemps, a-t-il expliqué.  Aux yeux de M. Tulbure, l’une des solutions devrait être la construction de réseaux nationaux écologiques, dans le cadre d’un réseau paneuropéen.  Mais la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est le seul instrument qui permette une solution globale, a-t-il conclu, mettant son espoir dans les négociations de la prochaine conférence des États parties qui se tiendra à Bali.


M. PHILIP SEALY (Trinité-et-Tobago) a déclaré qu’il fallait agir immédiatement contre les changements climatiques.  Il a toutefois souligné que les capacités technologiques et le savoir faire en la matière des pays en développement étaient très limités, notamment en ce qui concerne les petits États insulaires et les pays les moins avancés.  Il a donc jugé nécessaire de transférer les technologies des pays développés vers les pays en développement.  Selon lui, il existe toutefois des barrières à ces transferts de technologie, citant notamment la question des droits de propriété intellectuelle.  Les technologies sur le marché, a-t-il fait remarquer, sont très coûteuses pour les pays en développement.  Il a estimé que les pays développés avaient une responsabilité à l’égard des pays en développement et qu’ils devaient leur fournir les ressources nécessaires -financières, techniques et technologiques- pour leur permettre un développement durable.  M. Sealy est convaincu que des solutions peuvent être trouvées, notamment en ce qui concerne la levée des barrières et des obstacles.


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a expliqué qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID), son pays est vulnérable aux changements climatiques, en particulier à cause de l’élévation du niveau de la mer et de l’érosion des plages.  Il a en outre cité cinq ouragans qui ont touché sévèrement la Jamaïque depuis 2004.  Les technologies d’adaptation du pays à ces changements climatiques sont essentielles, a expliqué M. Wolfe.  Nous accomplissons des efforts pour utiliser les énergies renouvelables -éolienne et solaire- qui correspondent actuellement à 6% de la consommation d’énergie en Jamaïque, avec pour objectif d’atteindre 10% d’ici à 2010 et 15% en 2020.  Notre capacité à relever les défis des changements climatiques dépend de l’adaptation et il faut veiller à ce que les PEID se voient accorder une priorité dans tout programme d’appui international, a insisté M. Wolfe.  Il a estimé qu’un certain nombre de mécanismes actuels ne tiennent pas compte des faibles capacités des PEID.  Ces pays peuvent apporter leur contribution en utilisant les technologies propres.  C’est pourquoi, il faudrait appuyer leurs efforts afin qu’ils soient pleinement impliqués dans le processus et pas seulement récipiendaires d’assistance technique ou financière.  En conclusion, il a indiqué que les changements climatiques exigent un nouvel état d’esprit, espérant que les discussions à Bali pourront permettre d’avancer en ce sens.


M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de la Palestine, a apporté son soutien à la déclaration du Pakistan sur les changements climatiques, faite au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Les responsabilités qui nous incombent en tant que pays ne sont pas égales, a-t-il estimé.  Selon lui, il y a différents niveaux de responsabilités.   Les pays en développement, a-t-il souligné, sont particulièrement vulnérables.  M. Mansour a jugé que la communauté internationale devait se laisser guider par un esprit de partenariat, tout en garantissant aux pays en développement de poursuivre leur développement.  Il a souligné que le peuple palestinien demeurait entravé par les chaînes de l’occupation militaire israélienne depuis plus de 40 ans et que cela limitait les mesures qui pouvaient être prises pour lutter contre les changements climatiques. 


Toutefois, a-t-il souligné, dans son premier plan quinquennal de développement couvrant les années 1999 à 2003, l’Autorité palestinienne a intégré des aspects environnementaux.  Elle a également développé un document de stratégie environnementale (2000-2010), remis à jour tous les trois ans, a-t-il ajouté.  Malgré ces efforts, la gestion environnementale est presque impossible dans les territoires palestiniens, a-t-il fait remarquer, en raison des contraintes posées par la puissance occupante, Israël.  Il a également dénoncé la dégradation des écosystèmes due à la construction continue et illégale par Israël du mur et des implantations dans les territoires palestiniens.  Comme les autres peuples du monde, les peuples qui subissent l’occupation ont le droit au développement durable et à la protection de leur environnement, a-t-il rappelé.


Son Altesse le Prince ALBERT II de Monaco et Coprésident de la séance plénière thématique sur les technologies, a considéré que le nouvel Accord sur les changements climatiques, après l’échéance du Protocole de Kyoto en 2012, devra promouvoir le rôle crucial de la technologie pour répondre à la fois aux exigences de l’atténuation et de l’adaptation des changements climatiques.  Il a appelé à se montrer solidaire et généreux, notamment envers les plus vulnérables, tout en soulignant que le transfert des technologies fait partie intégrante des impératifs de la croissance économique et du développement durable.  Il incombe à chacun, a-t-il ajouté, de modifier ses comportements, c’est-à-dire les modes de production et de consommation ainsi que l’utilisation des ressources énergétiques.  Il a clôturé cette séance en soulignant le message d’espoir selon lequel non seulement les technologies propres existent mais elles sont aussi sont disponibles et moins onéreuses que les premières prévisions l’annonçaient.


SÉANCE PLÉNIÈRE THÉMATIQUE IV


FINANCEMENT: « FINANCEMENT DES INTERVENTIONS POUR FAIRE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES: INVESTIR DANS L’AVENIR »


Déclarations


En sa qualité d’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les changements climatiques et de Facilitateur de la Séance plénière thématique IV sur le financement, M. HAN SEUNG-SOO (République de Corée) a souligné la nécessité de mobiliser des ressources financières au niveau mondial pour faire face aux conséquences des émissions de carbone et s’adapter aux conséquences des changements climatiques.  Il a dit qu’il se sentait encouragé par le fait que la question soit traitée de façon prioritaire aujourd’hui.  Il a déclaré qu’un des défis à relever dans la lutte contre les changements climatiques était de réussir à modifier les modèles d’investissements.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général a cité le dernier rapport de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC), mentionnant qu’il faudrait 200 milliards de dollars d’ici à l’année 2030 pour pouvoir inverser le taux actuel d’émissions de carbone.  Même si les coûts mondiaux de l’adaptation aux changements climatiques sont difficiles à évaluer, a-t-il ajouté, il faudra certainement plusieurs milliards de dollars de plus.  De 28 à 67 milliards de dollars seront nécessaires, rien que dans les pays en développement, selon le rapport, a-t-il aussi précisé.  Il a également précisé qu’un régime renforcé après 2012, passe par l’adaptation des besoins financiers dont une grande part sera destinée aux pays en développement.  


L’Envoyé spécial sur les changements climatiques a également souhaité que soit adoptée une politique climatique internationale permettant d’orienter des investissements substantiels vers des pratiques plus durables.  Il a suggéré la création d’un marché plus ambitieux, avec des incitations pour que les investissements privés soient opérés dans des activités qui soient plus respectueuses de la préservation du climat.  M. Han Seung-Soo a estimé qu’un des grands objectifs à atteindre consistait à aider les pays à investir dans des moyens de production plus propres et plus respectueux de l’environnement.  Il a souligné l’importance de l’amélioration des sources d’investissement et de financements et de la recherche de nouvelles sources de financement.  Il s’est aussi félicité que dans le cadre des débats de la Réunion de haut niveau une place ait été accordée à des représentants du secteur privé qui pourront parler des moyens d’orienter les flux financiers du privé dans la bonne direction.  Parlant des sources de financements, il a cité la fiscalité, les normes, le marché des droits d’émissions, et a encouragé les États Membres à les étudier et les améliorer.  Si au terme de la rencontre d’aujourd’hui nous pouvons avancer des propositions constructives, a-t-il conclu, nous aurons fait avancer ce dialogue.


M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président de la République démocratique socialiste du Sri Lanka, a rappelé que son pays, île tropicale connue pour sa beauté, vivait en parfaite harmonie avec son environnement.  La nature sri-lankaise permet notamment la survie d’un grand nombre d’éléphants, a souligné M. Rajapaksa.  Il a estimé qu’en raison des conséquences des activités humaines l’environnement de la planète devenait de plus en plus instable et hostile.  Il a exprimé son soutien aux avis de nombreux experts qui s’accordent sur la réalité des changements climatiques.  Le Président sri-lankais a déclaré que l’augmentation des températures au niveau mondial, la fonte des glaces et la multiplication des déserts venaient nous rappeler cette réalité.  Il a exhorté la communauté internationale à porter son attention sur la question de l’augmentation du niveau des mers, qui est une menace, particulièrement pour les petits États insulaires comme le Sri Lanka.  Insistant sur les conséquences négatives potentielles des changements climatiques sur la paix mondiale, il a estimé qu’il fallait prendre des mesures à la hauteur de ce problème critique.  À cet égard, il a souhaité que les pays développés qui ont adopté des approches en contradiction avec la protection de l’environnement prennent des mesures à la hauteur de leurs responsabilités. 


En ce qui concerne les initiatives à prendre, le Président sri-lankais a suggéré trois pistes.  Il a d’abord souhaité que le monde reconnaisse l’importance et la valeur des forêts que possèdent de nombreux pays en développement.  C’est pourquoi, il a demandé la mise en place d’un mécanisme qui tiendrait compte de la valeur et du coût de la gestion des forêts dans le commerce et le marché des émissions de carbone.  Par ailleurs, tout en souhaitant un soutien financier et technique pour les pays en développement pour que ceux-ci puissent adopter des approches de développement respectueuses de l’environnement, il a également demandé la reconnaissance des connaissances traditionnelles dans la gestion des forêts.  Enfin, M. Rajapaksa a également souhaité que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC) adopte la création d’un fonds d’adaptation aux changements climatiques


M. NICOLAS SARKOZY, Président de la République française, a déclaré que la réunion d’aujourd’hui était un signal politique majeur et qu’il fallait tous ensemble donner une impulsion décisive à la définition d’un cadre multilatéral de lutte contre le réchauffement climatique.  Il a souligné que cette question était une de ses priorités, non seulement en France mais aussi dans l’action extérieure de son pays, et notamment dans la politique européenne.  Les pays industrialisés ont une responsabilité particulière à exercer; dans l’esprit de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la France prendra toute sa part de l’effort, a dit M. Sarkozy. « Nous n’avons pas le choix.  Les constats économiques et scientifiques sur le réchauffement climatique sont sans appel.  L’inaction, ce serait accepter un point de non retour », a-t-il insisté.  Il a indiqué que cette inaction mènerait à une diminution brutale du PIB mondial, de l’ordre de 5 à 20% par an, ainsi qu’à l’apparition de millions de réfugiés climatiques.  Affirmant que le défi climatique n’était pas hors de portée, M. Sarkozy a déclaré qu’il fallait être prêt à faire preuve de volontarisme.  La France a inscrit dans sa loi l’obligation de réduire ses émissions de 75% d’ici à 2050.  De plus, a noté le Président Sarkozy, une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 est essentielle pour repousser la menace du point de non retour.  Il a invité tous les pays développés et les grands pays émetteurs à s’engager sur cet objectif.  C’est une exigence collective, a-t-il souligné.


Le Président Sarkozy a estimé qu’il fallait trouver la voie d’une croissance « propre », moins consommatrice d’énergie et de matières premières, en agissant tout à la fois sur les comportements et la technologie.  Il a affirmé qu’il fallait envisager toutes les options, y compris le nucléaire et a ajouté que la France était prête à aider tout pays qui souhaite se doter de l’énergie nucléaire civile.  Par ailleurs, il a noté qu’il fallait prendre en compte les forêts, dont l’exploitation excessive et la dégradation contribuent à 20% des émissions de gaz à effet de serre, dans les mécanismes de développement propre.  Il a aussi souligné l’importance d’aider les populations et les pays les plus vulnérables à s’adapter aux changements climatiques.  « Les pays développés ont un impératif de solidarité.  Cette réalité légitime, plus encore, l’exigence d’un accord global sous l’égide des Nations Unies », a-t-il ajouté.  M. Sarkozy a affirmé que le carbone devait avoir un prix et que ce prix soit fixé par le marché ou par la fiscalité.  Il s’est dit convaincu de l’importance du développement d’un marché du carbone et a déclaré qu’il soutiendrait tous les projets allant dans ce sens.  Il a souligné qu’il fallait une mise aux enchères d’une partie des crédits d’émissions ainsi qu’une extension des mécanismes de développement propres permettant aux entreprises d’investir dans le développement écologique des pays émergents et en développement.  « Le marché du carbone est un formidable espoir. Il permettra à terme d’apporter des financements innovants et plus abondants », a-t-il poursuivi.  Toutefois, il a noté que le marché du carbone ne pouvait être la seule réponse et que les financements publics restaient incontournables.  « L’aide à l’adaptation est une exigence.  J’appelle tous les pays industrialisés à s’engager », a conclu M. Sarkozy.


Son Altesse le PRINCE ALBERT II DE MONACO, a indiqué qu’il existait trois façons principales de répondre au défi de financement posé par les changements climatiques dont le coût est estimé à plus de 200 milliards de dollars par an pour ramener les émissions de CO2 au niveau actuel en 2030.  Il a estimé qu’une part significative de l’investissement envisagé dans le secteur de la génération d’énergie devait être dédiée aux énergies renouvelables, au nucléaire, à l’hydraulique et à des systèmes pour stocker le CO2.  Il a aussi noté que des investissements supplémentaires seraient nécessaires dans la recherche et le développement de nouvelles technologies et que les budgets publics devront être augmentés alors que les sources d’investissements privés devront également être renforcées.  Le Prince Albert II a noté que, selon des études récentes, les pratiques « durables » d’investissement n’étaient un handicap ni pour la croissance, ni pour l’entrepreneur, ni pour l’investisseur.  « L’investissement socialement responsable n’est plus seulement une idée louable mais il est aussi rentable », a souligné Albert II. 


Le Prince Albert II a poursuivi son intervention en déclarant que la réponse au défi posé par les changements climatiques devait combiner, d’un côté, la mise en œuvre de la réglementation et de standards internationaux, et de l’autre, l’innovation qui provient avant tout du secteur des affaires en réponse à des incitations économiques.  Il a toutefois noté l’existence d’un dilemme économique puisque la plupart des technologies « alternatives » sont aujourd’hui plus coûteuses que celles existantes et qu’il faudrait des années, sinon des décennies pour qu’elles deviennent compétitives et rentables.  Il a indiqué qu’avant la fin de l’année se tiendrait à Monaco une conférence de haut niveau sur la finance et le développement durable, et que la Principauté accueillerait en février 2008 la dixième session spéciale du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le Forum ministériel global pour l’environnement.  Le Prince a affirmé qu’il souhaitait que Monaco puisse accueillir dans les meilleures conditions les entrepreneurs et les professionnels de l’investissement impliqués dans la recherche, le développement et la commercialisation de nouvelles technologies en matière d’environnement.  Il a aussi déclaré que des textes de loi récemment votés devraient rendre Monaco encore plus attractive pour les gestionnaires d’actifs qui souhaiteraient y créer et gérer des fonds de placement écologiquement et socialement responsables.


M. VALDIS ZATLERS, Président de la République de Lettonie, a déclaré que le financement de la réponse au changement climatique ne devrait pas être considéré comme une dépense mais bien comme un investissement pour les générations futures.  Le prix de l’atténuation des effets du changement climatique est abordable et si nous agissons maintenant, a-t-il dit, il ne représentera que 1% du produit mondial brut.  Tout retard ne pourra qu’accroître les coûts, a prévenu le Président.  Lorsque l’on regarde les coûts élevés de l’inaction, a-t-il poursuivi, on réalise l’urgence qu’il y a à maintenir les accords internationaux.  Le Président a donc appelé la communauté internationale à fixer des objectifs à long terme et contraignants en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, après l’expiration, en 2012, du Protocole de Kyoto. Ceci, selon lui, donnerait aux gouvernements et au milieu d’affaires un signal fort sur la nécessité d’investir dans des technologies à faible teneur en carbone et dans d’autres mesures de réduction des gaz à effet de serre.


Le Président a ensuite tenu à souligner que la réduction des gaz à effet de serre ne devrait pas se faire aux dépens du développement économique mais devrait au contraire le renforcer. Il a prévenu qu’à l’avenir, seules les économies « à faible teneur de carbone » seront compétitives. Il a jugé que la fixation d’un prix pour les émissions de gaz à effet de serre, grâce à des mécanismes de commerce d’émissions, est d’une importance vitale pour encourager les industries à investir dans les technologies à faible teneur de carbone et pour réduire les coûts de la lutte contre le changement climatique.  La Lituanie travaille d’ailleurs à la création d’un instrument financier en la matière, a conclu le Président.


M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président de la République démocratique du Timor-Leste, s’est dit très préoccupé par les conséquences des changements climatiques sur les plus pauvres, notamment les populations rurales pauvres qui dépendent des pluies pour l’irrigation de leurs cultures.  Il a estimé crucial de réduire les émissions de carbone, pour que les températures n’augmentent pas de plus de 2 degrés par rapport a l’ère préindustrielle.  José Ramos-Horta a déclaré que le Timor-Leste mettrait tout en œuvre pour que les droits des Timorais ne soient pas violés par les conséquences des changements climatiques.  Notant qu’un fardeau disproportionné risquait de s’abattre sur les pays les plus vulnérables, il a demandé qu’un soutien spécifique soit accordé aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires.  Il a exprimé l’espoir qu’il mettait en la tenue de la prochaine et treizième Conférence des parties à la Convention sur les changements climatiques qui aura lieu à Bali, en Indonésie, en décembre 2007.  « Nous gardons l’espoir », a ajouté le Président timorais, que la communauté internationale pourra parvenir à un consensus en faveur des pays en développement, et tout particulièrement en faveur des PMA, en ce qui concerne les moyens à mettre en œuvre pour combattre les changements climatiques. 


M. MARTIN TORRIJOS, Président de la République de Panama, a noté que ces dernières années, le monde avait connu des fluctuations climatiques extrêmes et que leurs effets avaient été dévastateurs.  Il a demandé que la communauté internationale fasse preuve d’une volonté politique plus forte et d’esprit de décision ferme afin de faire face aux défis posés par les changements climatiques.  Il a indiqué que son pays avait connu, en 2006, plus de 100 catastrophes climatiques extrêmes, qui ont causé des dégâts écologiques importants et ont eu des répercussions économiques graves.  M. Torrijos a estimé qu’il fallait renforcer l’adaptation des populations aux changements climatiques.  Il faut que nous disposions d’un mécanisme financier accordant des prêts non remboursables, comme le fait déjà le Fonds mondial pour l’adaptation, a-t-il ajouté, afin que les pays en développement, qui sont les plus affectés, ne continuent pas à subir les conséquences d’un modèle de développement non viable.


Le Président panaméen a par ailleurs estimé que les pays développés devaient assumer plus de responsabilités pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et aussi afin d’aider les pays en développement à mettre en place un développement durable sur la base d’économies et de modes de production utilisant moins d’énergies fossiles et de carbone.  M. Torrijos a de plus insisté sur l’importance d’investissements supplémentaires ainsi que de mécanismes novateurs en faveur de la réalisation de projets notamment relatifs aux mesures d’adaptation.  Il a fait valoir que Panama avait une politique nationale de lutte contre le changement climatique.  Il a indiqué que son pays avait lancé un projet visant l’élargissement du Canal de Panama d’ici à 2014.  Ceci contribuera à réduire la pollution dans le secteur maritime puisque les navires resteront moins longtemps dans la zone du Canal, tout en veillant cependant à permettre la préservation des activités commerciales, a-t-il conclu.


M. EL HADJ OMAR BONGO ONDIMBA, Président de la République gabonaise, a déclaré que son pays était allé au-delà de ses engagements concernant le Sommet de la terre de Rio, celui de Johannesburg et le Protocole de Kyoto, en créant 13 parcs nationaux, mettant ainsi de fait 11% de son territoire au service de l’humanité.  Avec 75% de forêts de production sous aménagement durable et ses 11% classées, a-t-il ajouté, le Gabon met en œuvre une politique de gestion rationnelle des forêts et de conservation des ressources naturelles.  Il a estimé que le patrimoine forestier du bassin du Congo, qui est l’un des mieux préservés de la planète, représentait un atout considérable contre le réchauffement climatique.  Mais paradoxalement, l’Afrique, qui ne contribue pratiquement pas à la pollution par gaz à effet de serre, est le continent le plus exposé à cette menace, a regretté le Président Bongo.


Le développement de l’Afrique ne se fera pas contre ou sans l’environnement, a relevé le Président.  Il a souhaité un développement qui se fasse dans un équilibre permanent entre l’homme et son environnement.  La communauté internationale doit soutenir les efforts de l’Afrique, a dit le Président du Gabon.  Il a demandé que de nouvelles mesures soient prises et que chaque État Membre assume les responsabilités qui lui incombent.  Il a formé le vœu de voir prises des mesures spécifiques et fortes en faveur de l’Afrique dont les pays développent des efforts importants en matière de préservation de l’environnement.  À cet égard il a demandé qu’un fonds de stabilisation pour rémunérer les stocks de carbone forestiers existants soit créé et que l’entrée des forêts dans les mécanismes de marché du carbone soit assurée.  Le Président Bongo a enfin demandé que le Fonds d’adaptation établi par le Protocole de Kyoto soit augmenté de manière substantielle et que le processus qui permet d’y accéder soit plus flexible. 


M. BORIS TADIĆ, Président de la Serbie, a souhaité que la mise en œuvre des mesures contre le changement climatique soit dûment coordonnée avec les impératifs du développement économique et social et tienne compte des spécificités de chaque État partie.  Saluant le Programme de travail de Nairobi, le Président serbe à tout de même mis en garde contre l’incapacité de beaucoup de pays à le mettre en œuvre.  La capacité de ces pays, a-t-il insisté, dépend fortement de la manière dont les États parties du monde développé honoreront leurs engagements en matière de financement et de transfert des technologies. 


L’autre solution, a proposé le Président, serait peut-être d’appliquer une approche régionale à la mise en œuvre du Programme de travail de Nairobi.  Le Président a donc consacré la majeure partie de son intervention à la description de l’« Initiative de Belgrade » que son pays a présentée dans le cadre du programme de la Communauté économique européenne (CEE).  L’Initiative, qui vise à renforcer la coopération sous-régionale, mérite l’attention de la prochaine Conférence des États parties à la Convention, a estimé le Président, avant d’appeler les gouvernements, le secteur privé, la société civile et autres parties civiles à participer à ce nouveau cadre d’action sous-régional. 


M. AHMED ABDALLAH SAMBI, Président des Comores, a rendu hommage au Secrétaire général de l’ONU pour avoir pris l’initiative de l’organisation de cette Réunion de haut niveau.  Il a estimé que cela démontrait une véritable prise de conscience concernant les risques posés par les changements climatiques, et particulièrement la menace qu’ils font peser sur les petits États insulaires.  Citant les nombreux effets négatifs des changements climatiques, il a affirmé qu’il était urgent de prévenir de nouvelles catastrophes naturelles, qui risquent d’entraîner des pertes matérielles et humaines considérables.  Il a indiqué que son pays, qui est un petit État insulaire en développement, n’échappait pas à l’impact des changements climatiques.  M. Sambi a noté que, selon les estimations, la population côtière des Comores affectée par la montée du niveau de la mer constituerait 65% de la population totale de son pays d’ici quelques années.  Il a rappelé que les Comores possédaient un des plus grands volcans en activité au monde et que le comportement de ce dernier s’était modifié récemment, ce fait semblant être lié aux effets du réchauffement de la planète.


M. Sambi a estimé que faire face à la situation actuelle nécessitait une plus grande solidarité internationale.  Il a déclaré que son pays s’était engagé à mettre en œuvre les objectifs de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, mais que les Comores avaient besoin de la coopération internationale, notamment dans le domaine du transfert des technologies et en ce qui concerne le renforcement des capacités de prévention.  Tout en souscrivant à la démarche globale entreprise par les petits États insulaires pour faire face aux effets du changement climatique, le Président comorien a aussi lancé un appel à la solidarité internationale, et particulièrement aux institutions financières, pour qu’elles apportent à ces petits pays le soutien financier dont ils ont besoin pour s’adapter aux effets des changements climatiques.  


Intervenant également au nom de l’Association des petits États insulaires (SIDS), M. KEITH C. MITCHELL, Premier Ministre de la Grenade, a déclaré que les changements climatiques constituaient la principale menace à la sécurité et au développement des petits États insulaires.  Il a cité l’exemple des Maldives, un pays qui a dû consacrer de grandes dépenses pour protéger ses 1 900 îles.  Il a mentionné une élévation de la température de la mer liée à la gravité croissante des cyclones, ces phénomènes se produisant de plus en plus à des latitudes inhabituelles.  À titre d’illustration, il a cité le cas de son pays qui n’avait pas vu d’ouragan depuis 49 ans avant l’arrivée d’Ivan en septembre 2004.  Une catastrophe, a-t-il précisé, qui a coûté la vie à 35 personnes, détruit 90% des habitations, dévasté le secteur agricole, dont 80% des champs de noix de muscade, qui est la première source d’exportation de la Grenade, sans oublier la destruction de 70% de la production de cacao de l’île.  M. Mitchell a estimé à 800 millions de dollars les pertes économiques liées à l’ouragan Ivan, soit deux fois le PIB annuel de son pays. 


Face aux changements climatiques, le Premier Ministre de la Grenade a souhaité que les Institutions de Bretton Woods prennent des mesures spéciales en faveur des petits États insulaires.  Il a précisé que l’élévation de la température affectait les récifs de coraux avec des effets néfastes sur le poisson qui est la première source de protéines et de devises des petits États insulaires en développement.  Il a souhaité que les projets d adaptation sur le terrain soient mieux financés.  S’agissant du Fonds d’adaptation, il a demandé l’indépendance de la prise de décision, un accès garanti pour les petits États insulaires (SIDS) et une structure optimisant l’efficacité.  Concernant le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), il a demandé une plus grande simplification de ses procédures d’application, une réduction de ses coûts de transaction, un taux de rotation plus rapide, et un financement intégral plutôt que partiel des projets qui lui sont soumis.  Enfin, il a formé le vœu que le processus de Bali, qui débutera avec la Réunion des États parties de décembre 2007, parvienne, d’ici à 2009, à la création d’un cadre qui tienne compte des facteurs d’adaptabilité et de vulnérabilité


M. OTMAR HASLER, Premier Ministre du Liechtenstein, a souligné que, dans son pays, les émissions de gaz à effet de serre demeurent faibles, en termes absolus.  Néanmoins, a-t-il affirmé, nous avons pris une série de mesures pour respecter nos obligations dans le cadre du Protocole de Kyoto.


Le concept « Energie 2013 » et la loi sur l’efficacité énergétique offrent ainsi un cadre politique et juridique pour une promotion durable de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  En la matière, a poursuivi le Premier Ministre, les subventions et autres incitations sont des instruments utiles pour appuyer les initiatives et technologies nouvelles. Comme ces mesures ne suffisent pas, le Liechtenstein, a poursuivi M. Hasler, concentre ses efforts sur une implication et une participation actives du secteur privé. 


Une loi sur le commerce des émissions devrait ainsi établir la base juridique de la participation du secteur privé dans les mécanismes fondés sur les projets, prévus par le Protocole de Kyoto et par le schéma de l’Union européenne, a annoncé le Premier Ministre, avant de souligner que son pays appuie pleinement les efforts visant à renforcer le commerce mondial du carbone et le Mécanisme de développement propre.  Un schéma mondial de commerce d’émissions est nécessaire, s’est-il expliqué, pour réduire durablement les émissions de gaz à effet de serre et ouvrir la voie au développement et au recours à des technologies efficaces, dans le domaine de l’énergie.  Le Premier Ministre a conclu en renouvelant l’appui de son pays à l’ouverture d’une nouvelle période d’engagement après 2012, laquelle serait caractérisée par des objectifs ambitieux et ce, dans le cadre d’un accord international en vertu duquel les puissances économiques et grands émetteurs de gaz à effet de serre joueraient le rôle qui leur revient.  Comme la survie des décisions politiques est essentielle pour le secteur privé, il faudrait lui envoyer un message clair sur le développement de mécanismes souples, a encore dit le Premier Ministre.  


M. WINSTON BALDWIN SPENCER, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d’Antigua et Barbuda, a déclaré que les réponses à donner au changement climatiques seraient un des plus grands défis posés à l’ONU au cours des années à venir et que l’action commune à mener dans ce domaine serait essentielle.  Il a affirmé que les générations futures jugeraient la communauté mondiale actuelle sur la base du niveau des financements qui serait consacré aux mesures d’adaptation.  M. Spencer a estimé que la question de la vulnérabilité spéciale de certains États devait être au cœur de celle du financement, notamment en ce qui concerne les petits États insulaires en développement.  « Les effets du changement climatique menacent nos vies et ont un impact négatif sur notre développement et notre biodiversité », a-t-il poursuivi, notant que cette perte de biodiversité rendait les petits États insulaires encore plus vulnérables aux catastrophes naturelles et entamait leur sécurité alimentaire.  Il a insisté sur l’importance d’augmenter la résilience de ces pays et d’y mettre en place des mesures d’adaptation.  L’adaptation doit être liée à des politiques de développement durable et aux besoins des pays en matière d’institutions, a-t-il ajouté. 


M. Spencer a aussi affirmé que le financement relatif aux mesures d’adaptation ne pouvait être envisagé sous l’angle d’une responsabilité nationale car le fardeau devait reposer sur les épaules de ceux qui avaient historiquement contribué aux changements climatiques par leurs émissions de gaz à effet de serre.  Il a souligné qu’il était urgent d’améliorer l’accès au financement international, mais également l’assistance en ce qui concerne la mise en œuvre des mesures d’adaptation.  Si l’on veut appliquer des plans d’action nationaux de lutte contre les changements climatiques, il faut de l’argent, des techniques et une formation, a-t-il insisté.  Il a par ailleurs estimé qu’il fallait financer des mécanismes qui donnent la priorité à de véritables projets sur le terrain, au lieu de mettre l’accent sur des consultations ou sur l’élaboration de rapports.  Enfin, il a noté l’importance de prêter beaucoup plus attention aux régions qui sont les plus sujettes aux catastrophes naturelles, comme les Caraïbes, et de leur fournir les capacités dont elles ont besoin pour réduire les pertes en vie humaine et celles qu’ils souffrent aussi sur le plan matériel. 


M. ZELJKO STURANOVIC, Premier Ministre de la République du Monténégro, a indiqué que le Parlement monténégrin avait adopté une déclaration qui fait du Monténégro un « État écologique ».  Il a dit que son pays était conscient que la réponse aux défis climatiques exigeait des changements fondamentaux dans ses modes de production économique.  À cet égard, il a estimé qu’il était important que les États fassent plus d’investissements dans de nouvelles techniques afin de remplacer les pratiques non durables.  Le Premier Ministre a jugé « extrêmement utile » le mécanisme financier de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il permet en effet aux pays d’obtenir des investissements favorables à la préservation des équilibres climatiques.  Après avoir clarifié notre statut au sein de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et ratifié le Protocole de Kyoto, a-t-il précisé, le Monténégro a intensifié ses activités afin d’établir un organe national d’appui aux projets du Mécanisme de développement propre (CDM).  M. Sturanovic a souhaité que soient prises des mesures visant à créer les conditions nécessaires à l’application des accords internationaux conclus dans les domaines climatiques.  Il a également précisé que le Monténégro appliquait les recommandations visant à introduire les normes écologiques dans le secteur du bâtiment et visant à encourager l’utilisation de sources d’énergies renouvelables.  Il a estimé que les défis actuels ne pouvaient être relevés qu’à l’intérieur de la « maison monde » et que tous les peuples devraient être conscients des nouvelles exigences de notre temps.


Mme AJA DR. ISATOU NJIE-SAIDY, Vice-Présidente de la Gambie, a rappelé que les investissements nécessaires à la lutte contre les changements climatiques au cours des 25 prochaines années constitueraient 1,1 à 1,7% des investissements globaux.  Elle a noté que les flux financiers nécessaires d’ici à 2030 pour s’adapter aux effets des changements climatiques atteindraient plusieurs milliards de dollars.  Elle a indiqué qu’aujourd’hui, les sommes dédiées aux mesures d’adaptation étaient bien inférieures aux besoins.  Elle a affirmé que la communauté internationale devait explorer de nouvelles voies pour accroître le financement nécessaire à une réponse efficace aux effets du changement climatique.  La Vice-Présidente a déclaré que la communauté internationale devait respecter les engagements pris en 2002 à Monterrey en matière de financement du développement, ainsi que ceux pris par l’Union européenne en juin 2005 et par le Sommet de Gleneagles du G-8 en Juillet 2005.   Elle a estimé qu’il fallait augmenter les montants de ces flux financiers.  Mme Njie-Saidy a aussi estimé que la Conférence de Bali, prévue en décembre prochain, aurait comme défi de trouver un accord sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée en ce qui concerne les financements nécessaires.  Elle a aussi souhaité que l’accord à trouver à Bali suscite une large participation des pays grands émetteurs de gaz à effet de serre et permette de réduire les émissions de manière durable dans tous les secteurs. 


La Vice-Présidente gambienne a par ailleurs jugé que les politiques nationales de développement, qui doivent intégrer la lutte contre le changement climatique, pouvaient servir de point d’entrée pour les investissements en la matière.  Elle a également souligné la nécessité de mettre en place des politiques nationales qui fournissent des incitations aux investisseurs privés. 


M. TAVAU TEII, Vice-Premier Ministre et Ministre des ressources naturelles de l’environnement de Tuvalu, a rappelé que même si les émissions de carbone cessaient aujourd’hui, leurs effets continueraient à se faire sentir sur les capacités de Tuvalu à pouvoir assurer la survie de sa population.  Il a exhorté la communauté internationale à s’engager à fournir un financement prévisible et suffisant à la lutte contre le réchauffement de la planète, de façon à ce que les pays et les populations les plus vulnérables disposent des moyens de faire face à ses effets.  Il a estimé que les moyens d’adaptation nécessaires à la région du Pacifique s’élèveraient à 80 milliards de dollars par an d’ici à 2030.  Il a souhaité que les contributions que doivent verser les pays développés soient prises au sérieux par leurs gouvernements.  « Nous ne demandons pas la charité », a-t-il ajouté, « mais simplement l’application du principe pollueurs-payeurs ».  Il a déclaré que l’organisme chargé de gérer le Fonds d’adaptation devra le faire en veillant a ce que les pauvres et plus vulnérables en soient les premiers bénéficiaires.  Il n’a pas souhaité que le FEM soit chargé de sa gestion, car cela se traduirait par le fait que les pays les plus nécessiteux ne soient pas les principaux bénéficiaires en raison des lourdeurs des procédures au sein du FEM.  Il a plutôt souhaité que le Fonds d’adaptation relève de la Convention-cadre et du Protocole de Kyoto.  Le Vice-Premier Ministre de Tuvalu a suggéré que le PNUD gère ce fonds et soit conseillé par le Comité exécutif pour le décaissement de ses ressources financières en utilisant ses bureaux régionaux.  Il a suggéré une nouvelle source de financement contre les changements climatiques qui serait basée sur une taxe sur tous les billets d’avion et moyens de transport maritimes.  Parmi les autres suggestions, il a également suggéré la création d’une réserve internationale pour les assurances


M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a affirmé qu’il fallait limiter les émissions de gaz à effet de serre de manière urgente comme l’avait montré les rapports du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).  Il a estimé que cette évaluation devait être perçue comme un avertissement sérieux quant à la nécessité d’agir rapidement.  Il a déclaré que les États devaient réaffirmer leur engagement envers la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en redoublant leurs efforts d’atténuation.  Toutefois, il a souligné que la mise en œuvre de la Convention devrait se faire selon le principe de la responsabilité commune mais différenciée et selon les capacités de chacun.  Il a fait valoir que les pays développés devaient ouvrir la voie dans ce domaine en prenant des mesures immédiates au niveau national pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.


Le Vice-Premier Ministre lao a affirmé que les mesures d’adaptation aux changements climatiques étaient essentielles pour les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement.  Toutefois, il a regretté la difficulté pour ces pays à prendre de telles mesures par manque de capacités techniques et financières.  Il a insisté sur l’importance d’une assistance technique pour ces pays, notamment pour renforcer leurs capacités mais également pour leur permettre d’acquérir des technologies à des conditions préférentielles.  Il a rappelé que son pays émettait une part négligeable de gaz à effet de serre et s’attachait à lutter contre les changements climatiques notamment par le développement et la conservation des forêts.  Il a noté que depuis 2005, l’exploitation forestière avait reculé de 50% en République démocratique populaire lao et que 14% de la superficie du pays étaient classés zone nationale protégée.  Enfin, il s’est dit convaincu que cette Réunion de haut niveau enverrait un signal fort à la Conférence de Bali, mais a souhaité que les nouvelles initiatives se prennent dans le cadre des Nations Unies.


M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’immigration du Luxembourg, a déclaré qu’il ne faisait aucun doute qu’il faut lutter sur deux fronts: renforcer l’adaptation au changement climatique, et prévenir les causes mêmes du réchauffement global tout en sachant qu’à défaut d’efforts accrus en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, « nos capacités d’adaptation atteindront très vite leurs limites ».  « Il nous faut créer un cadre approprié d’incitation pour orienter les investissements vers des capacités de production plus viables et plus durables », a-t-il encore ajouté.  Il a estimé que le marché du carbone était un des moyens essentiels de lutter contre les changements climatiques.  Un marché qui, selon lui, présuppose un encadrement législatif approprié.  M. Asselborn a  estimé que les principales faiblesses actuelles des marchés du carbone proviennent de l’absence d’un engagement politique à long terme de réduire les émissions, et de la non-participation de plusieurs acteurs majeurs dans ce marché. 


Il a rappelé que son pays, le Luxembourg,  s’était engage à Kyoto à réduire ses émissions de CO2 de 28%.  En trois ans, le Luxembourg est devenu le leader mondial en ce qui concerne la puissance photovoltaïque installée par habitant avec plus de 50Watt par habitant, a indiqué M. Asselborn.  Il a également mentionné la restructuration d’une taxe routière, en application du principe « pollueur-payeur », qui est désormais calculée sur la base des émissions de CO2.  Il a précisé que les ressources générées, ainsi que celles en provenance d’un relèvement des taux des accises sur les carburants, seront affectées au fonds de financement des mécanismes de Kyoto, créé en 2004 au Luxembourg.  « Ce fonds, doté en 2007 de 100 millions d’euros, aura à sa disposition près de 600 millions d’euros sur la période 2007-2012, et nous permettra, à coté des efforts nationaux, de participer à des projets CDM et JI », a dit M. Asselborn.  En conclusion, il a rappelé que la communauté internationale a le devoir de lancer un processus aboutissant à un nouveau régime climatique multilatéral qui soit à la fois équitable et efficace d’un point de vue environnemental et économique


Après avoir fait part de l’importance de faire participer la société civile à cette Réunion de haut niveau, le Président a ensuite donné la parole à STEVE HOWARD, Président Directeur-général de « The Climate Group  », une organisation à but non lucratif.  Celui-ci a affirmé que le coût de l’inaction dépassait grandement celui de l’action.  L’économie au carbone donne des résultats, l’énergie solaire et éolienne augmente et plusieurs milliers de dollars sont désormais consacrés aux énergies renouvelables, s’est-il félicité.  Il a particulièrement insisté sur le rôle que peut jouer le marché du carbone qui permet d’encourager les investissements et qui semble jouir de l’appui des entreprises. Il a toutefois noté qu’il ne suffisait pas de fixer un prix pour le carbone.  Ainsi, il a aussi souhaité que des incitations soient mises en place afin d’encourager la transition vers d’autres types d’énergies.  Il a aussi plaidé pour la mise en place de réglementations afin d’assurer l’efficacité énergétique tout en soulignant le rôle que doivent jouer les gouvernements pour obtenir des investissements.  Enfin, M. Howard a affirmé qu’il fallait peut-être envisager comme une possibilité réelle la lutte contre les changements climatiques et y voir la possibilité d’un nouveau partenariat entre les États et les entreprises.


Prenant ensuite à son tour la parole, M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal et Coprésident de cette séance plénière, a souhaité partager l’expérience de son propre pays.  Il a notamment indiqué que le Sénégal avait été un des pays à mettre en place l’« Autorité sur le Sahara », qui a pour mission d’exploiter les richesses du Sahara et d’y créer des zones vertes.  Au plan national, il a fait valoir que son pays avait crée des aires marines protégées et luttait contre l’érosion marine par la construction d’un vaste mur côtier.  Enfin, il a aussi souligné le développement de « villages-forêts ».  Ceux-ci, a-t-il expliqué, s’assurent de la présence de trois forêts – une d’arbres fruitiers pour les ressources alimentaires, une autre pour fournir du bois, et une dernière ordinaire.  Il a estimé que cette expérience était très concluante.


U NYAN WIN, Ministre des affaires étrangères du Myanmar, a mis l’accent des effets négatifs sur le développement des conséquences des changements climatiques.  Il a souhaité une coopération plus accrue de la part de la communauté internationale pour faire face à ce problème.  Si les activités des pays développés sont responsable au premier chef des émissions de carbone, a t-il constate, ce sont les pays en développement qui sont les principales victimes des changements climatiques.  Il a donc souhaité que les pays en développement puissent disposer de ressources supplémentaires et des dernières technologies pour relever les défis liés aux changements climatiques.  Il a demandé que soient mis en place des financements conséquents et des mesures d’investissement prudentes reposant sur la promotion de politiques de développement durable qui ne viennent pas compromettre les objectifs et les capacités de développement des pays les plus démunis.  Le ministre des affaires étrangères du Myanmar a par ailleurs particulièrement mis l’accent sur le nécessaire transfert de technologies des pays industrialisés vers les pays en développement pour permettre à ces derniers de faire face, dans les meilleurs conditions, à leurs difficultés actuelles.  


M. YESHEY DORJI, Secrétaire des affaires étrangères du Bhoutan, a souligné la vulnérabilité de certains pays, dont ceux qui, comme le sien, sont enclavés.  Il a affirmé que ces conditions spéciales devaient être prises en compte dans les discussions relatives au financement de la lutte contre le changement climatique.  Il a noté que bien que le Bhoutan possède encore 70% de sa couverture forestière, il était aussi en proie aux conséquences des changements climatiques.  Il s’est dit notamment préoccupé par la fonte des glaciers dans son pays.  Il a souhaité qu’un système d’alerte précoce soit mis en place à cet égard ainsi que des mesures d’atténuation pour faire face à d’éventuelles inondations que pourrait générer cette fonte des glaciers.  Cela exige des technologies et des connaissances qui manquent à mon pays, a-t-il admis. 


M. Dorji a donc insisté sur l’importance de la question du financement.  Il a déclaré qu’il fallait que la communauté internationale fournisse à cet égard des fonds suffisants, notamment en faveur des pays les moins avancés (PMA).  Ces fonds seraient notamment orientés vers les transferts de technologies, et vers le renforcement des capacités.  Il a estimé que, par l’expérience de son propre pays, il savait qu’il était difficile de trouver des bailleurs de fonds pour financer les activités d’adaptation aux changements climatiques.  Financer la réponse aux changements climatiques consiste à investir dans l’avenir, a-t-il conclu en affirmant que, dans l’intérêt des générations futures, il fallait trouver les ressources nécessaires à ce défi.


M. DAVIES KATSONGA, député et Ministre des affaires parlementaires et présidentielles du Malawi, s’est inquiété que les experts estiment que la situation actuelle ne pouvait que s’aggraver et que les effets négatifs des changements soient également là pour une très longue durée.  Il a précisé que dans le cadre d’un programme d’action pour l’adaptation (NAPA) mis en place en 2005 pour contrer les effets des changements climatiques, le Malawi avait identifié 31 actions à mener dans sept secteurs avec un budget total de 22,43 millions de dollars.  M. Katsonga a également précisé que le Malawi était en train d’appliquer un programme de plantation d’arbres et de captation de carbone.  « Nous avons pris des mesures d’atténuation en faveur des communautés les plus vulnérables », a-t-il aussi précisé.  Il a expliqué que les principaux freins à cette adaptation résidaient dans l’insuffisance des ressources financières et l’absence de technologies appropriées.  Il a estimé que le moyen le plus efficace de soutenir la lutte contre les effets des changements climatiques était pour les pays industrialisés d’ouvrir le commerce international aux pays les moins avancés. 


M. JAKAYA KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, qui était Coprésident de la plénière thématique IV dans l’après-midi, a déclaré qu’il était urgent de trouver des moyens de financement pour soutenir l’adaptation des pays en développement aux effets des changements climatiques.  Le financement est une question intersectorielle, a-t-il estimé.  Les mécanismes de lutte contre le réchauffement de la planète doivent être perfectionnés, et il est indispensable d’en établir de nouveaux afin de parvenir, dans les meilleurs délais, à la stabilisation du niveau des émissions de gaz à effet de serre, a recommandé M. Kikweté.  Les actions à lancer ne doivent cependant pas porter atteinte à la production alimentaire, et les pays en développement ne doivent pas sacrifier certains de leurs objectifs de développement.  La Convention-cadre sur les changements climatiques a fait ressortir le rôle que jouent les technologies dans la lutte contre les perturbations du climat.  Mais l’accès à ces technologies est compliqué par la rareté des ressources, les pays en développement n’ayant pas les moyens de s’en équiper, a regretté le Président tanzanien.  Notant ensuite que la France et le Sri Lanka avaient félicité les pays tropicaux en développement qui protègent leurs forêts, il a estimé que la communauté internationale devrait compenser ces pays pauvres pour la perte de revenus ainsi subie.


Mme HILARY BENN, Secrétaire d’État à l’environnement du Royaume-Uni, a déclaré que personne ne remettait en cause les éléments scientifiques dont dispose la communauté internationale concernant les changements climatiques.  Il a constaté que les engagements pris à ce  jour ne suffisaient pas pour traiter les conséquences des changements climatiques.  Le Secrétaire d’État britannique a rappelé l’impact de ces phénomènes sur l’économie en général et les mouvements de population en particulier, puisque des gens sont amenés à fuir les régions qui sont les lus malmenées par les perturbations du climat. . Il a estimé prioritaire de s’engager à limiter l’augmentation de la température en souhaitant des engagements très forts de la part de toutes les économies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Il a rappelé l’opportunité que représente le marché du carbone en indiquant que les transactions en la matière s’étaient élevées à 30 milliards de dollars en 2006.  Il a présenté ces flux financiers potentiels comme une opportunité pour les pays en développement.  Parmi les nouvelles sources de financement à promouvoir, il a cité les incitations financières pour lutter contre le déboisement, en apportant le soutien du Royaume-Uni aux recommandations faites ce matin par le Président de la France.  Enfin, il a jugé essentiel la prochaine réunion que les États parties à la Convention sur les changements climatiques tiendront en décembre 2007 à Bali, en insistant qu’on ne pouvait pas quitter Bali sans avoir entamé des discussions sur le régime post-Kyoto qui devrait prendre effet à partir de 2012. 


M. AHMED ABOUL GHEIT, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a préconisé la tenue de négociations intensives afin d’assurer l’adoption à Bali d’un accord entre les États Membres.  Il a estimé que les pays en développement devaient renforcer leurs capacités à mettre en œuvre l’accord multilatéral sur l’environnement et a proposé la création d’un mécanisme financier institutionnel établi sur un système de quotas qui prendrait en compte les taux d’émissions de gaz à effet de serre de chaque pays.  Il importe également, a poursuivi le Ministre, de trouver un nouveau système de financement qui permettra aux pays en développement de répondre à leurs besoins en matière de développement, tout en y intégrant une dimension économique, sociale et environnementale.  M. Aboul Gheit a également mis l’accent sur le rôle de la technologie et la nécessité de la rendre abordable.  Il a aussi souligné la nécessité de  faciliter le transfert des technologies propres vers les pays en développement.  Nous exhortons les pays développés à minimiser leurs émissions de carbone et à appuyer les efforts des pays en développement, a-t-il conclu.


M. MARCO HAUSIKU, Ministre des affaires étrangères de la Namibie, a déclare que son pays était affecté par les changements climatiques bien que contribuant d’une manière insignifiante a l’émission de carbone.  Il a précisé que la priorité de son pays était l’adaptation.  C’est pourquoi, la Namibie a créé un bureau national des changements climatiques avec comme objectifs de collecter des données, de recenser les documents techniques et de sensibiliser la population sur les défis de l’adaptation aux changements climatiques.  Parmi les initiatives lancées par son pays pour préserver la fragilité de l’écosystème, le Ministre namibien a cité une gestion des forêts basée sur une participation communautaire dans le souci de lutter contre la désertification et la dégradation des sols.  M. Hauriou a également cité la recherche et la promotion de semences et d’animaux plus résistants à la sécheresse.  Il s’est dit persuadé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques restait le cadre légitime pour la négociation de tout instrument a caractère intergouvernemental sur les changements climatiques.  Concernant la prochaine rencontre des États parties à la Convention, qui aura lieu en décembre 2007 à Bali en Indonésie, il a souhaite que cette rencontre soit l’occasion de s’entendre sur un ensemble d’objectifs permettant de réduire les émissions de carbone grâce notamment aux initiatives que doivent prendre les pays développés.  C’est pourquoi, il a formé le vœu que les pays en développement soient soutenus dans la mise en œuvre de leurs mécanismes de développement propre (CDM), ce soutien devant se traduire par des transferts de technologies faisant usage d’énergies propres.  Il a défini comme essentiel le soutien croissant qui doit être apporté en matière technique et financière aux programmes d’adaptation des pays en développement.


M. DATO’SERI SYED HAMID ALBAR, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé qu’au vu de la quantité d’émissions de gaz à effet de serre venant de pays développés et de l’étendue de leurs ressources, ceux-ci devaient financer d’autant plus des mesures visant à atténuer les effets du réchauffement climatique et fournir aux pays en développement les moyens de faire face aux défis posés par ce phénomène.  Si ces derniers ne disposent pas de ressources financières suffisantes, ils seront moins à même de pouvoir combattre les effets du changement climatique, a-t-il estimé.  Le Ministre a ensuite expliqué que les pays en développement devaient changer les technologies de nombre de leurs industries, notamment dans les transports et l’agriculture, afin de les adapter aux normes environnementales, processus qui est extrêmement coûteux.  Il est donc difficile pour ces pays de s’engager légalement à réduire les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il soutenu, car nous ne savons pas si nous pourrons mettre en œuvre ces importantes transformations sans pour cela sacrifier notre développement.  Le Ministre a ensuite fait remarquer que l’accès aux financements de nombreux fonds établis pour combattre les changements climatiques est assorti de conditions qui empêchent les pays en développement d’y avoir recours.  Il a préconisé la création d’un fonds d’aide, financé par les pays développés, qui permettrait aux pays en développement de faire face aux conséquences néfastes du changement climatique.


M. DAVID MWIRARIA, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de la République du Kenya, a estimé que les avancées en matière de lutte contre la pauvreté risquaient d’être hypothéquées sur le continent africain en raison des changements climatiques.  Il a présenté les initiatives kényanes visant à mieux comprendre les moyens de s’adapter à ce phénomène en rappelant que son pays avait accueilli la douzième Conférence des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques à Nairobi du 6 au 17 novembre 2006.  S’agissant spécifiquement du financement des mesures à prendre pour lutter contre le phénomène, M. Mirerai a souhaité que la communauté internationale, particulièrement les pays développés, soutiennent les pays les plus pauvres, eu égard aux responsabilités incombant aux pays industrialisés au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto.  Il a exprimé son adhésion aux études menées par la Banque mondiale, Oxfam et le Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui  estiment à 10 milliards de dollars les besoins annuels de financement des programmes d’adaptation.  Il a regretté que seuls quelques centaines de millions de dollars étaient disponibles grâce aux différents mécanismes de financement permettant des contributions volontaires.  C´est pourquoi, il a souhaité qu’un Fond d’adaptation - principe envisagé lors de la douzième Conférence des États parties, de novembre 2006 à Nairobi - puisse voir le jour au terme de la treizièmeConférence qui se tiendra en décembre 2007 à Bali.  Le Ministre kényan a formé le vœu d’un accord ambitieux négocié avec la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, se fondant sur le Protocole de Kyoto et qui soit mis en place au plus tard en 2009.  La Réunion de décembre de Bali devrait adopter un mandat clair pour le lancement de ces négociations, a-t-il ajouté.  Il a estimé qu’il fallait atteindre, d’ici 2020, un taux d’émissions de gaz à effet de serre de 30% inférieur au niveau de 1990. 


M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a rappelé la vulnérabilité particulière des petits États insulaires face aux conséquences du changement climatiques.  Il a noté que son pays avait connu, ces derniers mois, des montées de marée sans précédent.  Il a aussi souligné que les Maldives étaient, à court terme, menacées par l’augmentation de la température de la mer qui affecte les récifs de corail du pays, qui sont au cœur de son tourisme et de son développement.  À long terme, la montée du niveau de la mer pose elle aussi une menace sérieuse aux Maldives.  Rappelant que le prix de l’inaction était plus important que celui de l’action, M. Shahid a affirmé que l’action collective devait intégrer les quatre piliers de la politique de lutte contre les changements climatiques — l’atténuation, l’adaptation, le transfert de technologies et le financement.  M. Shahid s’est dit convaincu qu’une réduction immédiate des émissions de carbone était essentielle et que les pays industrialisés devaient continuer à mener les efforts dans ce domaine. 


Il a de plus indiqué que même en éliminant dès aujourd’hui toutes les émissions, les effets du changement climatique continueraient à se faire sentir pour des années encore et a donc insisté sur l’importance des mesures d’adaptation.  M. Shahid a estimé que le soutien international apporté à l’innovation et à l’adaptation était insuffisant et a souhaité que des ressources soient mobilisées pour le renforcement des capacités.  À cet égard, il a suggéré que le Fonds d’adaptation de la Convention-cadre soit rendu opérationnel à la Conférence de Bali et donne une représentation adéquate aux petits États insulaires et aux pays les moins avancés dans sa structure de gestion.


M. ROBERTO DOBLES, Ministre de l’environnement du Costa Rica, a déclaré que la communauté internationale souffrait d’un déficit d’action et de résultat en matière de lutte contre les changements climatiques.  Il a estimé indispensable de faire preuve d’originalité pour trouver de nouvelles pistes face aux insuffisances d’une gouvernance mondiale qu’il a qualifiée « d´incohérente ».  Il a expliqué que le Costa Rica mettait l’accent sur le développement d’un système d’adaptation, une analyse intégrale des vulnérabilités, la mise en œuvre de mesures d’atténuation, le développement de capacités nationales en matière de nouvelles technologies, et la sensibilisation du grand public et l’éducation.  « Nous nous sommes engagés à devenir un pays neutre en matière d’émission de carbone d’ici 2021 », a-t-il ajouté.  Le Costa Rica est conscient que les projets favorables à l’environnement présentent aussi un potentiel de développement économique, a dit M. Doble.  Il a tout particulièrement présenté les efforts du Costa Rica en matière de reforestation, en mentionnant l’objectif de parvenir à une couverture forestière de 51% du territoire avec le projet de planter 5 millions d’arbres par an. 


M. MIGUEL D’ESCOTO BROCKMANN, Envoyé spécial du Président du Nicaragua, a affirmé que si on avait aujourd’hui atteint un fort niveau de conscience quant aux conséquences du changement climatique, cette prise de conscience devait maintenant s’accompagner d’actions fortes au niveau mondial.  Notant que les preuves scientifiques de la responsabilité des activités humaines dans les changements climatiques étaient désormais écrasantes, il a exhorté la communauté internationale à aider les petits pays comme le Nicaragua.  Il a estimé qu’il fallait défendre le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Les pays qui luttent pour se développer ne peuvent être responsables des impacts des changements climatiques de la même manière que les pays qui les ont provoqués par leur boulimie énergétique, a-t-il souligné.  En outre, il a déclaré que les plus grands responsables du changement climatique ne faisaient pas suffisamment d’efforts pour lutter contre les effets du phénomène. 


Il a rappelé que le Nicaragua était un pays particulièrement vulnérable aux conséquences des changements climatiques, notamment du fait des ouragans et des incendies de forêts.  Cependant, nous avons la capacité de réagir, a-t-il poursuivi, en citant le volume des forêts de son pays.  Toutefois, il a regretté que l’on ne reconnaisse pas le grand sacrifice fait par son pays pour maintenir une vaste barrière forestière, ce qui est une contribution au combat mondial contre le changement climatique.  Il a déclaré que les pays responsables des émissions de carbone devaient s’acquitter des engagements pris en vertu du Protocole de Kyoto.  Enfin, il a souhaité que les pays s’étant développés selon un modèle non viable, comme les États-Unis, paient leur dette écologique. 


M OMAR RAMIREZ TEJADA, Ministre de l’Environnement et des ressources naturelles de la République dominicaine, a déclaré que les effets d’un mode de vie basé d’une part sur la surconsommation et de l’autre sur la recherche du développement avaient pour résultat que 80% des émissions de C02 proviennent des pays industrialisés alors que 20% sont dus au déboisement dans les pays en développement.  Il a cité l’exemple d’Haïti et de la République dominicaine, qui partagent une même île, et subissent la même pauvreté extrême résultant de l’histoire.  Illustrant les conséquences des changements climatiques, il a cité des périodes de sècheresse, l’érosion des plages et des côtes du fait de l’augmentation du niveau de la mer.  Il a aussi parlé de la dégradation des coraux du fait de l’augmentation de la température de l’eau de mer.  Il a souhaité que le Fonds mondial pour l’environnement (FEM) soutienne les efforts déployés par son pays pour atténuer les effets des changements climatiques et a estimé que les pays riches, principaux pollueurs, avaient l’obligation morale de financer les efforts des pays les plus démunis.  Il a mis l’accent sur le concept de responsabilité commune mais différenciée.  Il est temps, a-t-il insisté, de nous transférer des ressources financières pour nous permettre de faire face aux dégâts que nous avons subis du fait des changements climatiques.  A cet égard, il a exhorté les petits États insulaires à faire cause commune. 


M. DANIEL AHIZI AKA, Ministre de l’environnement, des eaux et forêts de la République de Côte d’Ivoire, a plaidé en faveur de davantage de ressources pour l’Afrique afin que le continent ait les moyens de combattre les changements climatiques dont il est le moins responsable.  Selon lui, la Conférence de Bali, qui doit avoir lieu au mois de décembre 2007, devrait permettre de générer des ressources supplémentaires, tandis qu’une plus grande implication des différends organismes d’investissement et d’aide au développement, y compris ceux des Nations Unies, favoriserait une augmentation et une meilleure orientation des nouveaux investissements.  Il a estimé qu’une action rapide était nécessaire, les changements climatiques constituant « une menace pour la croissance et le développement durable en Afrique et pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ».


M. Aviz Akan a souligné les faiblesses du Mécanisme de développement propre (MDP) qui n’avait pas fourni les résultats et les ressources escomptés pour l’Afrique, continent qui cherche seulement à « satisfaire ses besoins énergétiques tout en évoluant vers une énergie plus propre ».  Ce mécanisme doit être revu et adapté à la situation africaine afin d’accompagner les pays du continent dans leur action « déterminante » de lutte contre le changement climatique, a déclaré le Ministre ivoirien.


M. JORGE VALERO (Venezuela) a évoqué les « risques inimaginables » auxquels l’humanité est désormais confrontée, parlant de la tragédie qui la frappera si les modèles actuels de production, de distribution et de consommation caractérisant le capitalisme sauvage et l’impérialisme ne sont pas revus.  Les pays les plus défavorisés sont aussi les plus vulnérables à la dégradation de l’environnement, a-t-il relevé.  Or, selon lui, la majorité des êtres humains, autrement dit les pauvres, ne sont absolument pas responsables du réchauffement climatique et de la destruction de la planète.  Pour M. Valero, les responsables véritables de la situation prétendent poursuivre leur politique quoi qu’il en coûte.  Selon le représentant vénézuélien, il est pourtant nécessaire d’introduire un changement radical dans le modèle de croissance actuel.  Les pays capitalistes développés doivent assumer pleinement leurs engagements en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies et du Protocole de Kyoto, a-t-il souligné.


Bien que le Venezuela n’ait aucune obligation à cet égard, il met en place des mesures environnementales audacieuses pour accroître l’efficacité énergétique.  Son représentant a donné comme exemple le remplacement gratuit de 52 millions d’ampoule incandescentes par autant d’ampoules économes en électricité.  Le chef de la délégation vénézuélienne a ensuite évoqué la très grande biodiversité régnant au Venezuela ainsi que sa législation environnementale avancée qui encourage le recours aux énergies propres.  Il a mentionné le projet de gazoduc du Sud qui alimentera plusieurs pays d’Amérique latine à partir du Venezuela, fournissant une énergie propre, sûre et économique aux populations, et réduisant de deux tiers la production de gaz carbonique résultant de la combustion de d’énergie fossile.  Il a enfin évoqué un grand programme de reboisement à mettre en œuvre jusqu’en 2011.  Le Venezuela, a-t-il conclu, est pleinement engagé dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et milite pour un monde caractérisé par une relation humaine nouvelle et solidaire entre l’être humain et la nature.


M. PHILIPPE NZOBONARIBA, Secrétaire général du gouvernement du Burundi, a attiré l’attention sur la vulnérabilité particulière du continent africain face aux effets du changement climatique.  Selon lui, les efforts de restructuration dont ont fait preuve les pays d’Afrique en 2005, afin de favoriser leur développement, pourraient être amoindris par cette menace. En citant les travaux de la Conférence Internationale de Paris (février 2007), qui avaient mis en évidence les effets du changement climatique sur le développement de certaines régions du monde, le Secrétaire général du gouvernement burundais a évoqué le handicap que pourrait représenter les évolutions climatiques pour la réalisation, en Afrique, des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Après avoir réaffirmé le rôle des Nations Unies dans ce domaine, à travers la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques (CCNUCC)), M. Nzobonariba a évoqué les objectifs de la prochaine Conférence des États parties prévue à Bali au mois de décembre 2007, à savoir une vision à long terme et des objectifs de réduction quantifiés pour la période de l’après-Kyoto à partir de 2012.  Il a cependant regretté que, malgré un intérêt croissant de la communauté internationale pour les questions climatiques, l’aide apportée aux pays en développement reste insuffisante, et que les mesures prises par les différends accords internationaux ne soient toujours pas opérationnelles.  Il a ainsi appelé à une plus grande coopération entre pays africains et pays industrialisés, ces derniers se devant de « garder l’initiative dans le combat contre le changement climatique ».


M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a affirmé qu’il était temps d’évaluer toutes les solutions possibles pour faire face aux changements climatiques.  Il a estimé qu’il y aurait une opposition prévisible à certaines de ces solutions et options, notamment dans les secteurs du pétrole, du gaz et du charbon.  Il a déclaré que la réduction des émissions de gaz à effet de serre passait par l’adaptation aux risques du changement climatique.  Il a fait valoir que de nombreux pays en développement ne possédaient pas les ressources nécessaires pour mettre en place des mesures d’adaptation, et a donc appelé à la création d’une coopération internationale et régionale améliorée.  Par ailleurs, il a souhaité que le financement dédié à ces mesures soit durable et à long terme.  M. Olhaye a estimé que les pays d’Afrique avaient besoin de fonds supplémentaires pour protéger l’environnement.  A cet égard, il a souligné que la coopération pouvait réduire les coûts et rendre ces pays plus à même de prendre des mesures intégrées qui peuvent assurer le développement.


M. SIRODJIDIN ASLOV, Représentant permanent du Tadjikistan, s’est inquiété des conséquences des fontes de glaciers et de neige de son pays.  Il a précisé que plus de 50% de l’eau des rivières régionales provenaient de la fonte des glaciers du Tadjikistan.  Avec la fonte de ces glaciers, a-t-il précisé, c’est l’irrigation de toute l’Asie centrale qui est mise à mal.  Il a cité une capacité potentielle de production d’électricité de 527 milliards de Kilowatt heures par an du Tadjikistan, en regrettant que ce potentiel ne soit exploité qu’à hauteur de 3%.  Il a dit la volonté de son pays de créer un partenariat pour exploiter des sources d’énergies renouvelables et limiter sa dépendance envers des sources traditionnelles d’énergie.  Il a dit que son pays voulait développer des stratégies visant à lui assurer un développement durable et à améliorer la qualité de vie de ses populations.  Les mesures prises face aux changements climatiques doivent être associées aux stratégies de développement et à la lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.  En outre, il a cité l’urgence de prendre des mesures concertées à long terme en vue de préserver l’avenir de la planète.


Mme FEKITAMOELOA ‘UTOIKAMANU’, Représentante permanente du Royaume de Tonga, a déclaré que la disponibilité de mécanismes de financement appropriés et suffisants était un ingrédient vital du succès de la lutte contre les effets des changements climatiques, tout comme l’amélioration de la résilience.  Elle a estimé que les fonds mis en place jusqu’ici demeuraient insuffisants pour assister les pays les plus vulnérables à faire face à leurs objectifs d’adaptabilité.  Elle a dit que le défi à relever demeurait de trouver de nouveaux moyens d’augmenter les sources de financements.  Outre les engagements de la communauté internationale pris à Monterrey, elle a également mis l’accent sur l’importance de la coopération entre les secteurs privé et public.  Elle a souhaité que le secteur international des affaires soit plus impliqué dans les questions de changements climatiques.  Elle a déclaré que le meilleur moyen de lutter contre ce phénomène était de faire payer les pollueurs.  Elle a estimé qu’un prix compris entre 20 et 50 dollars par tonne de CO2, d’ici 2020-2030, permettrait de stabiliser les concentrations de CO2 d’ici a la fin du siècle. 


SÉANCE DE CLÔTURE


M. SUSILO BAMBANG YUDHOYONO, Président de l’Indonésie, s’est félicité du fort message politique adressé lors de cette réunion de haut niveau, à l’approche de la 13ème Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui aura lieu à Bali.  Bien que la Réunion de haut niveau n’ait pas donné lieu à des négociations, il s’est dit impressionné par l’implication ferme et le sentiment d’urgence manifestés par les dirigeants mondiaux, tout en prévenant qu’il ne s’agissait que du début d’un long voyage.  Conscient de l’exigence du public pour une action concrète et courageuse contre les changements climatiques, il a souligné l’importance pour l’avenir de l’humanité de la conférence de Bali, qui doit, a-t-il ajouté, s’attaquer aux changements climatiques sans compromettre les efforts de développement.


Selon M. Yudhoyono, le succès de Bali repose sur la capacité qu’aura la conférence à répondre à une double question: que faire entre maintenant et 2012, date d’expiration de la première période d’engagement du Protocole de Kyoto, et qu’envisager pour l’après-2012?  Il a estimé que Bali devait donc ouvrir la voie à l’ère post-Kyoto, en définissant une feuille de route consensuelle qui, a-t-il prévenu, doit répondre aux préoccupations des pays en développement.  Il a également souligné la nécessité d’associer le secteur privé et la société civile.  En conclusion, il a appelé les dirigeants mondiaux à donner des instructions claires à leurs négociateurs pour que la conférence aboutisse à des décisions courageuses, tout en gardant à l’esprit le sort des plus démunis.


Clôturant cette journée de discussion, le Secrétaire général des Nations Unies, M. BAN KI-MOON, s’est dit très encouragé par le fait que les changements climatiques aient été aujourd’hui l’objet d’une discussion constructive, au plus haut niveau, et pour la première fois dans l’histoire.  Cet évènement marque le début d’une nouvelle ère: “aujourd’hui j’ai entendu un appel clair, de la part des dirigeants mondiaux pour une percée sur les changements climatiques à Bali”, a-t-il affirmé.  M. Ban Ki-moon s’est dit convaincu qu’il existait un engagement politique important pour parvenir à ce but.  Il a déclaré qu’au cours de cette journée, il avait entendu les leaders mondiaux confirmer le fait que les changements climatiques étaient largement dus à l’activité humaine.  L’action est maintenant possible, et elle est cohérente  économiquement parlant, a-t-il poursuivi, ajoutant que le coût de l’inaction était plus important que celui de l’action précoce.


Le Secrétaire général a ensuite résumé, dans leurs grandes lignes, les quatre grandes séances plénières thématiques de la journée.  Ainsi, il a noté que dans celle dédiée aux mesures d’adaptation, les intervenants avaient exprimé leur solidarité avec les pays les plus vulnérables, et particulièrement les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés.  Il a, de plus, noté que les pays avaient fait preuve de volonté politique et appelé à une meilleure planification nationale et internationale en ce qui concerne le développement durable, notamment par le renforcement des capacités et l’apport de ressources supplémentaires.


S’agissant de l’atténuation, le Secrétaire général a noté que le niveau actuel d’efforts n’était pas suffisant.  De nombreux pays ont plaidé pour des objectifs juridiquement contraignants, a-t-il rappelé.  De plus, il a fait valoir que toute solution devait être basée sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Ban Ki-moon a déclaré qu’il existait aussi un besoin de réduire les émissions des pays industrialisés et que ceux-ci devaient continuer à mener les efforts déployés dans ce domaine.  Le Secrétaire général a aussi souligné que les pays en développement ne voulaient pas compromettre leur essor économique et social et que l’atténuation devait prendre en compte cet aspect de la question.


Concernant le thème du financement, M. Ban Ki-moon s’est félicité de constater que tous les participants à la plénière étaient d’accord sur le fait que la lutte contre les changements climatiques faisait partie intégrante de la priorité fondamentale d’un développement économique durable et de l’éradication de la pauvreté.  Les investissements d’aujourd’hui auront un impact de long terme sur les émissions de carbone pour les décennies à venir a-t-il souligné, en citant un intervenant du secteur privé.  Conscient de la préoccupation de nombreux orateurs quant à la menace que pourrait constituer pour le développement économique la lutte contre le réchauffement climatique, il a souhaité que de nouvelles ressources  financières soient mises à la disposition des pays en développement.


Le Secrétaire général a rappelé que l’objectif de cette Réunion de haut niveau n’était pas de négocier, mais plutôt d’exprimer une volonté politique des dirigeants mondiaux au plus haut niveau pour s’attaquer au défi des changements climatiques à travers une action globale concertée.  Il a souligné la nécessité de trouver un accord d’ici 2012, en souhaitant que la Conférence des États parties à venir marque le point de départ d’intenses négociations pour parvenir à la création d’un cadre multilatéral unique.  Il a souhaité que toutes les autres initiatives soient compatibles et s’intègrent dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il y a encore beaucoup à faire avant de parvenir à un nouveau consensus, mais cette Réunion a permis d’envoyer un signal politique fort, a conclu Ban Ki-moon, en appelant les participants à ne pas oublier l’enjeu essentiel, c’est-à-dire la survie de la planète.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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