CHANGEMENTS CLIMATIQUES : LA PRÉSIDENTE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INVITE LES ÉTATS À AVOIR UNE VISION POLITIQUE CLAIRE POUR L’AVENIR
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Assemblée générale AG/10610
Soixante et unième session 2 août 2007
Débat thématique informel
sur les changements climatiques
matin et après-midi
CHANGEMENTS CLIMATIQUES : LA PRÉSIDENTE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INVITE LES ÉTATS À AVOIR UNE VISION POLITIQUE CLAIRE POUR L’AVENIR
Une centaine d’États Membres ont présenté leurs stratégies nationales et leurs engagements pour faire face aux effets négatifs de l’évolution du climat
L’Assemblée générale a achevé, aujourd’hui, son débat thématique informel sur l’évolution du climat en tant que « défi mondial », discussion qui aura permis, pendant trois jours, de renforcer la dynamique sur cette question dans la perspective de la Réunion de haut niveau du Secrétaire général, le 24 septembre prochain, et de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui aura lieu à Bali, en Indonésie, en décembre.
Une action résolue est nécessaire pour préserver notre avenir, a déclaré, dans son allocution de clôture, la Présidente de l’Assemblée générale. Pour Sheikha Haya Rashed Al-Khalifa (Bahreïn), si l’élan est là, il convient dorénavant d’avoir une vision politique claire et une direction politique vigoureuse de la part des dirigeants du monde, l’occasion de les exprimer étant offerte au moment de la Réunion de haut niveau.
Au total, une centaine de représentants d’États Membres, dont quelques ministres, seront intervenus pour présenter leurs stratégies nationales et leurs engagements internationaux. Ce débat informel, intitulé « Les changements climatiques: défi mondial », avait été marqué à l’ouverture, le 31 juillet, par des échanges interactifs avec des scientifiques de renom.
Si nous n’agissons pas maintenant, les changements climatiques amplifieront les inégalités existantes entre les hommes et les femmes, et entre les pays développés et moins développés, a affirmé Sheikha Haya. Les pays développés doivent faire plus en fixant des objectifs plus ambitieux, tandis que les pays en développement sont confrontés à des tâches difficiles, a poursuivi la Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée générale. Selon elle, ces derniers devront être en mesure de faire davantage avec le soutien de la communauté internationale, en particulier du secteur privé et de la société civile.
De même, faut-il agir d’urgence pour renforcer la capacité des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement à s’attaquer à l’atténuation et à l’adaptation. Ces priorités constituent, a poursuivi Sheikha Haya, les principes fondamentaux qui sous-tendent la notion de responsabilité commune mais différenciée.
Comme hier, plusieurs États ont démontré aujourd’hui que l’impact de l’évolution du climat était particulièrement grave pour les pays en voie de développement, et surtout les moins avancés d’entre eux, et ont souhaité que des mesures soient prises sur la base de ce constat.
Ainsi, le représentant du Bénin, qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a rappelé qu’un certain nombre de ces pays étaient des États sans littoral et de petits États insulaires en développement caractérisés par des vulnérabilités prononcées qui les exposent encore plus que d’autres à l’impact manifeste des changements climatiques. Selon lui, la communauté internationale a une responsabilité morale et historique d’aider les PMA à atténuer les effets néfastes des changements climatiques et à accroître leurs capacités d’adaptation pour accélérer leur croissance économique et leur développement durable afin qu’ils puissent atteindre les buts fixés dans le Programme d’action de Bruxelles. Il conviendrait, a-t-il ajouté, que les Nations Unies approfondissent l’examen de la situation des PMA lors de la prochaine Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale en septembre, ainsi qu’à la Réunion de Bali, en décembre, et que des décisions exécutoires soient prises les concernant.
Le représentant du Népal a affirmé que, sur le long terme, l’accent devrait être placé sur l’atténuation des facteurs qui causent les changements climatiques. À court terme, des mesures d’adaptation doivent être conçues, en particulier dans les pays les plus vulnérables aux effets de l’évolution du climat. Il a, lui aussi, estimé que les pays les moins avancés et les plus vulnérables devraient être assistés pour préparer leur stratégie d’adaptation, les aider à bâtir une capacité d’adaptation, techniquement et financièrement. Selon son homologue du Bangladesh, les pays les moins avancés doivent en tout cas pouvoir bénéficier d’une pleine souplesse pour toutes les décisions futures qui seront prises en la matière.
Le délégué des Maldives a souligné qu’au XXIe siècle, l’indépendance de son pays n’était pas menacée par des invasions armées, mais par l’élévation du niveau de la mer, non par un conflit mondial, mais par le réchauffement de la planète. Les changements climatiques ne constituent rien d’autre pour les Maldives qu’une crise existentielle, a-t-il dit. Selon lui, l’élévation du niveau de la mer menace la survie des îles, tandis que l’augmentation de la température de l’océan, associée à l’acidification causée par les gaz à effet de serre, menace les récifs de coraux, dont dépendent des industries aussi essentielles que le tourisme ou la pêche. Le représentant, pour qui l’adaptation ne doit pas exempter la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, a estimé que tout cadre international voué à remplacer le Protocole de Kyoto devrait être cohérent, comprendre les principaux pollueurs et disposer de cibles accessibles.
Notant que l’Afrique a été l’une des régions les moins polluantes, mais qui risque de souffrir le plus des conséquences néfastes des changements climatiques, le représentant du Sénégal a jugé inévitable et utile, dans le cadre d’une réponse globale, cohérente, juste et efficace, que soient prises en compte les notions de pollueur-payeur et de responsabilité différenciée. Le régime de l’après Kyoto devrait concilier la nécessité d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre et le souci d’assurer un essor économique permanent de tous les pays, a-t-il dit.
Les pays développés, en tant que principaux émetteurs, ont un rôle majeur à jouer dans l’atténuation, a noté le représentant de la Namibie. Cependant, les effets de leurs activités vont bien au-delà de leurs frontières, s’étendant dans une région de patrimoine commun de l’humanité, a-t-il observé. Ainsi, selon lui, si un accord est obtenu entre les pays développés ou au sein de tout groupe de pays, celui-ci devrait être considéré comme une contribution à un véritable accord multilatéral dans lequel tous les pays participeraient.
La déléguée de la Barbade a insisté sur le fait que tout nouveau régime devait être juste et basé sur le principe de précaution. Ceux qui ont historiquement le plus contribué au problème ont une obligation morale d’assumer la principale responsabilité, a-t-elle déclaré. Il faut l’engagement et l’appui de la communauté internationale pour aboutir à un arrangement équitable, afin que le potentiel des pays en développement pour réaliser l’objectif d’éliminer la pauvreté et poursuivre le développement durable ne soit pas remis en cause.
Pour le Maroc, les efforts d’adaptation des pays du Sud s’ajoutent à leurs efforts de réduction de la pauvreté et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. D’où le besoin, a estimé le représentant, de disposer de ressources financières, scientifiques et techniques adéquates. Une coopération internationale pour le développement durable plus solidaire et effective s’avère donc nécessaire et urgente, a-t-il déclaré.
Le représentant de la Tunisie a indiqué, pour sa part, que son pays se proposait d’organiser, du 18 au 20 novembre 2007, une Conférence internationale sur les impacts des changements climatiques et les stratégies d’adaptation aux niveaux du continent africain et de la région méditerranéenne. Cette Conférence sera couronnée, a-t-il dit, d’une Déclaration de Tunis pour une solidarité internationale visant la protection de l’Afrique et de la région méditerranéenne contre les effets adverses des changements climatiques ainsi que d’un Plan d’action visant la mise en place de projets d’adaptation pour les gouvernements, les entreprises et la société civile.
Le représentant de l’Argentine a rejeté tout système de « deux poids, deux mesures » pour faire face aux conséquences des changements climatiques. Il a notamment expliqué qu’en développant leur industrie, les pays développés avaient profité de la part des autres pays d’une véritable subvention environnementale. Il est inacceptable que des pays veuillent aujourd’hui transférer la partie la plus polluante de leur processus industriel. De même, a-t-il ajouté, il est impossible que les pays en développement essaient de faire entendre leur voix sans que personne ne les écoute.
Selon le représentant du Guatemala, les changements climatiques constituent un défi universel, et donc multilatéral, qui doit exiger la signature d’accords internationaux complets, agressifs et devant être mis en œuvre. Il faut, a-t-il dit, agir de manière éthique, pratique et responsable et retrouver une conscience renouvelée qui permette de prendre des mesures concertées visant, notamment, à éliminer les modes de consommation non viables et les technologies responsables de la détérioration du climat.
Le délégué de la Suisse a estimé que le futur régime climatique international devrait notamment être équitable et soutenir le développement durable de tous les pays, en tenant compte des particularités nationales. Il devrait, de même, comporter des incitations visant les secteurs pollueurs des économies nationales et mettre en place des incitations à la réduction de la déforestation qui représente actuellement un quart des émissions globales.
Le représentant de la Norvège a expliqué que la clef de l’adaptation aux conséquences des changements climatiques, adaptation indispensable pour tous les pays, en particulier pour les plus pauvres qui sont également les plus vulnérables, était le développement et la croissance économique. Par conséquent, a-t-il poursuivi, l’adaptation doit constituer une partie intégrale et une extension naturelle de la coopération de développement.
La représentante de Cuba a, quant à elle, mis l’accent sur la nécessité de préserver le rôle central de l’Assemblée générale pour débattre de la question des changements climatiques. Elle a précisé que son pays était hostile à son examen par le Conseil de sécurité qui, selon elle, est un organe à composition limitée, non représentatif et non transparent, et n’a pas l’expertise et le mandat nécessaires pour suivre ce dossier. La représentante a également affirmé que les pays industrialisés devraient respecter sans tarder les engagements internationaux auxquels ils ont souscrits pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il faut de toute urgence lancer une révolution énergétique au niveau mondial, a-t-elle assuré.
Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a fait remarquer que si les carburants fossiles sont accusés depuis une date récente d’être la principale cause des émissions de gaz à effet de serre, il convient néanmoins de reconnaître que c’est plutôt la façon dont ces carburants sont utilisés qui devrait être prise en considération. Une attention insuffisante a été accordée, selon lui, aux émissions d’autres sources, aux dangers de pollution résultant de l’activité nucléaire ou de la destruction croissante des forêts.
Le délégué de l’Arabie saoudite a souligné pour sa part que son pays et les autres États en développement exportateurs de carburants fossiles se trouvaient dans une situation unique où ils subissaient les impacts négatifs des changements climatiques et les mesures visant à les résoudre. Selon lui, il est possible, en travaillant ensemble, de réduire sensiblement de tels effets négatifs. Cela va de pair, a-t-il dit, avec les engagements des pays développés à soutenir et aider les pays en développement dans leurs efforts d’adaptation, à la fois aux impacts de l’évolution du climat et à la mise en œuvre des mesures pour y répondre. Il s’est dit par ailleurs surpris par l’expression « nouveau régime des changements climatiques » pour qualifier les prochaines négociations alors que, selon lui, il en existe déjà un dans lequel 17 années d’efforts ont été investies. Il est impossible, a-t-il ajouté, que soient abandonnés 17 ans d’efforts, d’actions et d’engagements.
Le représentant d’Israël a estimé que la nécessité économique, pour lutter contre les effets négatifs des changements climatiques, ne pouvait être sous-estimée, le coût de l’inaction dépassant de loin, selon lui, celui de la prévention. Il a précisé que son pays organiserait prochainement une exposition internationale sur les techniques environnementales et l’eau, intitulée WATEC 2007, laquelle réunira toutes les parties prenantes pour discuter des nouvelles techniques et stratégies en la matière. Il a en outre souligné qu’Israël était prêt à faire part de ses compétences et de les partager avec ses voisins pour une région plus propre et moins polluée.
Les représentants des États suivants ont pris la parole: Bénin (au nom des pays les moins avancés), Jamahiriya arabe libyenne, Maldives, Uruguay, Grèce, Espagne, Cuba, Suisse, Sénégal, Islande, Myanmar, Liechtenstein, Argentine, El Salvador, République tchèque, Malaisie, Guatemala, Chili, Norvège, Arabie saoudite, Kazakhstan, République arabe syrienne, Tunisie, Namibie, Ghana, Israël, Iran, Danemark, Belgique, Tuvalu, Népal, Costa Rica, Kenya, Niger, Moldova, Bangladesh, Pérou, Afrique du Sud, Zimbabwe, Liban, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Barbade, Malawi, Thaïlande, Albanie, Palau, Maroc, Bahreïn, Monténégro et Tanzanie. Les observateurs de la Palestine et du Comité consultatif juridique afro-asiatique se sont également exprimés.
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