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AG/10591

DÉBAT THÉMATIQUE SUR « LES CIVILISATIONS ET LE DÉFI DE LA PAIX »: LE CONCEPT DE CHOC DES CIVILISATIONS, EXPLOITÉ APRES LE 11 SEPTEMBRE, REMIS EN QUESTION

11/05/2007
Assemblée généraleAG/10591
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Débat thématique informel

matin & après-midi


DÉBAT THÉMATIQUE SUR « LES CIVILISATIONS ET LE DÉFI DE LA PAIX »: LE CONCEPT DE CHOC DES CIVILISATIONS, EXPLOITÉ APRES LE 11 SEPTEMBRE, REMIS EN QUESTION


Quel est le rôle des médias dans la promotion de la paix et les processus de réconciliation? Comment trouver un équilibre entre la liberté d’expression et les sensibilités religieuses et culturelles? Existe-t-il réellement un choc des civilisations? Telles ont été les principales questions auxquelles ont tenté de répondre aujourd’hui les participants au débat thématique informel de l’Assemblée générale.  Ce débat, qui en est à son deuxième et dernier jour, est placé sous le thème général de « Les civilisations et le défi de la paix: Obstacles et possibilités ». Deux tables rondes ont eu lieu aujourd’hui, la première étant organisée le matin sur le thème de « la responsabilité des médias » et la deuxième ayant lieu dans l’après-midi sur le thème « les civilisations et le défi de la paix et de la sécurité mondiales ».


Rejetant la notion de village planétaire et établissant une distinction entre les médias occidentaux et les médias arabes, M. Mohammed al Rumaihi, Professeur de sociologie politique à l’Université du Koweït, a estimé que les évènements du 11 septembre et la guerre en Iraq avaient attisé le feu qui couvait.  M. Rumaihi a fustigé les médias occidentaux qui selon lui ne transmettent que l’information que veut entendre son audience tout en convenant que les médias arabes contribuaient aussi à la pollution de l’information.  Ceux-ci évoluent en effet dans un environnement caractérisé notamment par l’échec des États à lancer une renaissance nationale.


 Mme Mona Siddiqui, Professeur en études islamiques à l’Université de Glasgow, a elle aussi convenu que le 11 septembre était désormais la toile de fond de tout débat sur ce thème.  C’est à cette date en effet que la religion a refait surface dans le débat public.  Abordant la crise née des caricatures du prophète Mahomet, l’intervenante s’est demandée si l’Islam et le monde musulman pouvaient comprendre, accepter et respecter la notion de société civile diversifiée où les discours et les morales entrent en compétition, où rien n’est sacré et où tout peut être soumis à la critique.


Prenant la parole dans le cadre de la deuxième table ronde, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Amr Moussa a lui aussi pris le 11 septembre comme point de départ.  Il existe désormais selon lui un malentendu politique dans le monde et un conflit entre l’Ouest et l’Islam. Il a cependant rejeté le concept de crise de civilisations et a estimé que ce concept émanait de certains groupes occidentaux et reflétait une vague d’islamophobie qui ne cessait de se durcir.  Il a proposé que le Conseil examine les menaces à la paix et à la sécurité internationales dans la perspective du choc des civilisations. 


Pour le Haut Représentant du Secrétaire général pour l’Alliance entre les civilisations, M. Jorge Sampaio, il est important de remettre en question les prévisions nihilistes colportées par le concept de choc des civilisations.  Ce ne sont pas les cultures et religions qui sont en cause mais la manière dont elles sont exploitées à des fins politiques. 


Dans ses remarques de clôture, la Présidente de l’Assemblée générale, Mme Haya Rashed Al Khalifa, a estimé qu’il était indispensable que toute décision politique tienne compte de la dimension scientifique et intellectuelle de certains sujets. L’incompréhension a un impact négatif pour tout le monde et seul le dialogue peut tracer la voie vers le changement, a-t-elle conclu.


Les personnalités suivantes ont également pris la parole: Mme Robin Mansel, Professeur à la London School of Economics and Political Science; Mme Karen Armstrong, écrivain et M. Souleymane Bachir Diagne, Professeur à l’Université North Western.  Les deux tables rondes ont été animées respectivement par M. Warren Hoge, Chef du Bureau du New York Times aux Nations Unies et M. Shashi Tharoor, ancien Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information des Nations Unies.



DÉBAT THÉMATIQUE INFORMEL SUR LE THÈME « LES CIVILISATIONS ET LE DÉFI DE LA PAIX: OBSTACLES ET POSSIBILITÉS » (DEUXIÈME JOURNÉE)


Table ronde 3: La responsabilité des médias


Mme ROBIN MANSELL, Professeur à la London School of Economics and Political Science, a expliqué que les nouveaux médias se distinguaient clairement des médias traditionnels qui ont des coûts plus élevés et une intégration plus marquée dans la logique du profit.  Les nouveaux médias en revanche sont peu chers, interactifs et participatifs et ne reposent pas sur la logique du profit.  Mais ce que beaucoup appellent le journalisme en réseau soulève des questions éthiques et présente des paradoxes.  L’Internet, les blogs, la téléphonie mobile, les sites Internet constituent un énorme changement dans le monde des médias.  Ces nouveaux médias permettent de franchir des frontières à un niveau impensable, il y a à peine quelques années. 


Le journalisme en réseau peut aider à comprendre les différences mais il multiplie aussi les occasions de ne pas se comprendre.  Le journalisme en réseau est un vecteur de décentralisation du processus de prise de décisions, de structures non hiérarchisées et de diversité face aux pratiques traditionnelles du journalisme.  L’impact de cette confrontation est profond pour les médias et il l’est encore plus pour les êtres humains.  La responsabilité des médias est de soutenir et d’encourager le dialogue de manière éthique.


Le paradoxe veut que la menace qui pèse sur les médias traditionnels provienne des nouveaux médias.  Les audiences se fragmentent et les jeunes générations préfèrent se rendre sur des sites de réseau social et sur des « wikis » qui sont libres d’accès.  Le journalisme en réseau ne fournit pas encore la possibilité d’un dialogue ouvert sur des questions clef de notre temps.  Les blogs, les forums de discussion et autres produits numériques créent des espaces actifs de discussions et offrent aussi aux individus la possibilité de corriger l’information fournie par les médias traditionnels.  Ce fut le cas du blog « Little Green Football » qui a révélé qu’un photographe de chez Reuters avait truqué les photos du conflit entre Israël et le Hezbollah.


Du point de vue de l’articulation des politiques, un glissement des financements des médias traditionnels vers les nouveaux médias devra voir le jour.  Ce glissement ne bénéficiera que de peu de soutien car le journalisme en réseau va à l’encontre des intérêts des gouvernements.  Peu de systèmes politiques reposent sur un public informé et en réseau.


M. MOHAMMED AL RUMAIHI, Professeur de sociologie politique à l’Université du Koweït, s’est demandé si les médias attisaient les contradictions ou aidaient les peuples à mieux se comprendre.  Dans un premier temps, l’intervenant a établi une distinction entre les médias occidentaux et les médias arabes.  Nous devons abandonner la notion de village planétaire dont on a tant parlé dans le contexte de la révolution de l’information car en fait, nous vivons dans un seul immeuble dont certains appartements sont bien éclairés et bien chauffés et d’autres sans eau ni sanitaire.  Pourtant les habitants de cet immeuble doivent cohabiter.  Ceux-ci communiquent mais l’information occidentale est biaisée car elle établit une distinction entre cultures sur la base de la supériorité raciale.  Les évènements du 11 septembre et la guerre en Iraq ont attisé le feu qui couvait.  De même les médias occidentaux ne transmettent que l’information que veut entendre son audience.


Ainsi, le fait qu’un enfant meurt toutes les trois minutes ne sera pas une information pour cette audience tandis que l’arrestation de trois terroristes présumés le sera.  En ce qui concerne les médias arabes, l’intervenant a convenu que ceux-ci contribuaient à cette pollution de l’information.  Les médias arabes évoluent dans un environnement caractérisé par l’échec des États à lancer une renaissance nationale; la présence d’un nombre important de troupes occidentales dans la région, soit en tant que forces d’occupation soit en tant que forces de maintien de la paix et le nombre important de Kamikazes.  Il n’est donc guère étrange de constater que le public arabe accepte des choses absurdes comme la rumeur qui veut que les attentats du 11 septembre ont été orchestrés par la CIA.  La question à poser est de savoir comment faire pour que les médias ne soient plus des éléments de discorde mais des éléments de tolérance et de rapprochement entre les peuples. 


Mme MONA SIDDIQUI, Professeur en études islamiques à l’Université de Glasgow, a estimé que tout débat sur ce thème avait pour toile de fond le 11 septembre, date à laquelle la religion a refait surface dans le débat public.  C’est en fait comme si la religion était réapparue dans la psyché publique.  Mais elle n’a jamais été une question purement privée et elle émerge de plus en plus depuis plusieurs années.  Les diverses religions ont connu une expansion importante dans tous les pays à l’exception de l’Europe de l’Ouest.  Ce qui a changé est que le discours religieux a été hissé au niveau du débat public, après le 11 septembre.  La religion est ainsi perçue soit comme l’obstacle le plus important soit comme la solution la plus idoine pour la réalisation de la paix dans le monde.  Mais pour de nombreuses personnes, l’expression religieuse est la même chose que le fanatisme religieux.  Dans le cas de l’Islam, a–t-elle précisé, le fanatisme musulman constitue une expression contre l’Occident, et plus particulièrement, contre les États-Unis.  Bien que je conteste le concept de clash entre les civilisations de l’Islam et de l’Occident, ces concepts ont été malheureusement ravivés pour devenir la base de nombreuses discussions sur la foi, la politique et la société.  Ils ont façonné la manière dont nous voyons la religion et en particulier l’Islam.  Nous devons dans ce contexte faire preuve de prudence lorsque nous utilisons le langage théologique. 


N’oublions pas, a ajouté Mme Siddiqui, que dans de nombreuses parties du monde, les médias sont la principale source de connaissances et la responsabilité qu’ils portent ne peut pas être sous-estimée.  Abordant la crise née des caricatures du prophète Mahomet, l’intervenante s’est demandée si l’Islam et le monde musulman pouvaient comprendre, accepter et respecter la notion de société civile diversifiée où les discours et les morales entrent en compétition, où rien n’est sacré et où tout peut être soumis à la critique.  Peut-être est-ce le prix à payer pour la liberté d’expression mais la violence qui s’est manifestée au sein de certaines communautés religieuses confirme ce que craignent certains, à savoir que pour l’Occident, l’Islam est une idiosyncrasie.


Dialogue interactif


Des questions sur le rôle des médias au sens classique du terme, sur la relation entre l’industrie du journalisme et les pratiques journalistiques ou le rôle des tribunaux dans le domaine de la limitation de la liberté de la presse ont été posées par les délégations.  Comment trouver un équilibre entre la liberté d’expression et les sensibilités religieuses et culturelles? Quel est le rôle des médias dans les processus de réconciliation et de compréhension mutuelle et de coexistence? ont-elles demandé, en s’interrogeant aussi sur le rôle accru des médias dans les sociétés modernes et le contrôle de l’information par des intérêts économiques. 


Ouvrant une série de réponses aux questions posées, Mme SIDDIQUI a estimé que les médias devraient être en mesure d’accepter le débat sur la religion qui a une dimension énorme à l’heure actuelle.  Les médias occidentaux sont des vecteurs de trop de généralités et de méconnaissances, a regretté, pour sa part, M. AL RUMAIHI.  Il a souhaité qu’un débat sur la déontologie de la presse au plan mondial soit lancé et qu’une déclaration soit adoptée sur la déontologie des médias.  Il a également déclaré que si la majorité des journalistes arabes parlaient l’anglais, l’inverse était faux pour les journalistes occidentaux qui ne parlent pas l’arabe.


Mme MANSELL a évoqué une réunion de travail marquée par une très grande diversité dans la représentation du monde des médias et les avis exprimés, en précisant qu’il n’était pas possible de parler de normes uniques pour les médias dans la mesure où les journalistes ont des bagages et des parcours différents.  Nous ne pouvons pas nous attendre à une pratique journalistique universelle mais cela ne signifie pas que nous ne puissions pas élaborer des grandes lignes de conduite universelles.  Ces journalistes aussi évoluent dans un contexte extrêmement complexe où les sources alternatives de connaissance se multiplient.


Table ronde 4: les civilisations et les défis de la paix et de la sécurité mondiales


M. SHASHI THAROOR, Modérateur de la table ronde et ancien Secrétaire général adjoint à la communication et à l’information des Nations Unies, a estimé que pour vaincre l’extrémisme, il fallait travailler ensemble pour que tous aient accès à un minimum, ce qui signifie non seulement la possibilité de vivre à l’abri de la famine, mais aussi d’espérer un meilleur avenir.  Si les objectifs nobles du Millénaire se réalisaient, ils nous permettraient d’aller dans cette direction.  La haine et la violence se nourrissent de l’ignorance et ce fut certainement le cas en Bosnie et au Rwanda.  Il faut que la connaissance aille dans les deux directions, à savoir dans la tête et l’esprit des hommes.  Pour cela, l’éducation est essentielle, car elle seule peut permettre de comprendre les autres.  Il faut prendre en compte le fait que chaque personne a diverses identités dans toute leur complexité.  Le fondamentalisme religieux camoufle les divers aspects d’une personne pour ne mettre en avant qu’un seul, à savoir la religion.   Peut-t-on séparer la religion de l’identité politique? Peut-t-on nier que le besoin spirituel n’est pas lié au besoin d’appartenance?


Mme KAREN ARMSTRONG, Écrivain, a estimé que le monde se trouvait dans une situation inextricable caractérisée par un niveau de violence inégalée et la concentration du pouvoir entre quelques mains.  Les conflits et la guerre sont devenus endémiques au Moyen-Orient et en Afrique.  Ces conflits, a–t-elle estimé, ne sont pas dictés par la religion, qui elle-même est née du refus de la violence. Si la religion n’est pas à la racine du problème, la politique et une répartition inégale du pouvoir, les conflits sans fin comme celui au Moyen-Orient, le sont en revanche.  Les images de guerre alimentent et exacerbent les frustrations.  Pour Mme Armstrong, la meilleure manière de traiter les groupes extrémistes, qui existent dans les trois religions, est de comprendre la peur de l’anéantissement qui est suscitée par les sociétés modernes.  Par exemple, la laïcité dans le monde musulman a été imposée si rapidement qu’elle est considérée comme une attaque contre la foi, alors qu’en Occident, la laïcité a eu le temps de prendre  racine.  Plus vous attaquerez ces groupes, plus ils deviendront extrémistes.  Les attaques à l’encontre des groupes extrémistes ne font que conforter les convictions selon lesquelles le monde moderne cherche à les anéantir.  Il faut aussi nous mettre à l’écoute des groupes extrémistes et apprendre à décoder leurs discours, qui sont en fait le reflet de leurs craintes. 


M. AMR MOUSSA, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a estimé que l’instabilité, les avancées et les reculs de la démocratie, les violations des droits de l’homme et le mépris public et délibéré du droit international ont entraîné une situation d’instabilité internationale.  Les évènements du 11 septembre ont contribué à une tendance mondiale contre le terrorisme international qui est une menace contre le progrès de toutes les sociétés.  Cette menace aurait dû servir à optimiser nos avancées mais, malheureusement, les politiques et intérêts des grandes puissances se sont approprié et ont subordonné le concept d’intérêt mutuel.  La politique de lutte antiterroriste n’a fait qu’encourager le terrorisme.  Il existe désormais un malentendu politique dans le monde et un conflit entre l’Ouest et l’Islam.  Pour nous, il n’existe pas de crise de civilisations.  Ce concept émane de certains groupes occidentaux et reflète leurs propres vues sur l’Islam. Nous sommes confrontés aujourd’hui à une vague d’islamophobie qui ne cesse de se durcir.  Les sentiments d’animosité et de colère qui menacent les perspectives de paix ne sont pas éloignés des perspectives offertes en Palestine, qui est une question essentielle, l’instabilité au Moyen-Orient ayant une influence sur le reste du monde et constituant un défi sans précédent.  La question des civilisations est devenue une question politique et je propose que le Conseil de sécurité examine la situation internationale et les menaces à la paix et à la sécurité internationales dans la perspective du choc des civilisations.  Il a demandé que l’on criminalise l’islamophobie. 


M. SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, Professeur à l’Université North Western, a expliqué que la vraie signification de la paix entre les civilisations est le pluralisme et que le seul moyen d’y parvenir est l’éducation au pluralisme.  Il faut se poser une question préalable: peut-être que notre observation des cultures est erronée et peut être que nos différences culturelles sont constituées de plusieurs vagues d’un même océan.  Par exemple, l’africanité est multiplicité et ouverture continue vers les autres, ce qui constitue un pluralisme réel et ceci est vrai pour toute autre civilisation.  Il nous faut brouiller la carte de nos différences et faire en sorte que chaque culture reconnaisse la vérité dans l’autre, ce qui constitue aussi une forme de pluralisme réel.  Mais est-ce que le pluralisme est vraiment possible? N’existe-t-il pas quelque chose de contradictoire dans la notion même de pluralisme?  Est-ce que chaque culture, en exprimant une vérité, ne revient pas à dire qu’aucune autre ne le fait, c’est-à-dire que toutes sont fausses.  Donc s’il appartient à une identité d’exclure ce qui n’est pas sienne, alors aucun pluralisme n’est possible.  Ce n’est que si nous considérons que l’identité peut donner lieu à l’altérité à l’intérieur d’elle-même que le pluralisme devient possible.  Les éléments différenciés sont tous des expressions de la même totalité.  Ce n’est que comme cela que nous échapperons au piège du pluralisme pour adopter un relativisme sceptique.


Le Haut Représentant du Secrétaire général pour l’Alliance entre les civilisations, M. JORGE SAMPAIO, a rejeté tout fatalisme et a jugé important de remettre en question les prévisions nihilistes colportées par le concept de choc des civilisations.  Nous avons lancé une initiative politique dans le but d’assurer un dialogue durable entre civilisations et il faut reconnaître que de nombreux conflits actuels ont une base culturelle et religieuse.  Mais nous sommes aussi convaincus que ce ne sont pas les cultures et religions qui sont en cause, mais la manière dont elles sont exploitées à des fins politiques.  Une approche globale et la prévention des tensions futures sont indispensables.  Nous avons besoin de partenaires solides dans le secteur privé et le monde de la société civile.  Les gouvernements devraient aussi apporter leur appui continu à l’état de droit et établir de véritables dialogues avec les nations.



Dialogue interactif


Le représentant de l’Espagne a annoncé que son pays se proposait d’accueillir le Premier Forum de l’Alliance des civilisations avant la fin de l’année qui se concentrerait essentiellement sur la jeunesse en y associant le secteur privé et la société civile.


Répondant à une série de commentaires faits par une quinzaine de délégations, Mme MOHAMED ARKOUN, Professeur émérite d’histoire islamique à l’Université de la Sorbonne, qui était intervenue hier, a jugé que l’intérêt évident manifesté par tous les délégués pour engager un dialogue avec les intellectuels et chercheurs incite à souligner la nécessité de donner une continuité, voire d’institutionnaliser cet échange entre représentants des États du monde entier et les acteurs de l’histoire que sont les chercheurs.  Il faut donner du temps à la réflexion dans cette maison qui « décide » mais qui ne « pense » pas suffisamment.  M. DIAGNE a jugé important de comprendre le sens de la tolérance, une notion qui est apparue au moment de la guerre des religions en France.  Maintenant, il s’agit de passer à une deuxième lecture de ce concept, à savoir qu’il faut non seulement accepter la différence, mais aussi l’accueillir.  M. AMR MOUSSA a jugé que l’initiative de l’Alliance des civilisations montre l’importance de la nature politique de cette question.  La tolérance, a–t-il ajouté, n’a pas de chance face aux intérêts politiques et économiques des grandes puissances.  Mme ARMSTRONG a expliqué que toutes les religions proposent des voies différentes vers un même Dieu.  Elle a estimé cependant qu’il y avait un mouvement de synchronisation des religions.  Nous assistons à une transformation majeure, dont nous ne parlons pas beaucoup.  Il a toujours été contreproductif d’attaquer les groupes extrémistes.  Il faut plutôt tenter de comprendre les raisons et la détresse sous-jacentes à leurs actions.


Dans ses remarques de clôture, la Présidente de l’Assemblée générale, Mme HAYA RASHED AL KHALIFA, a jugé que ces débats permettaient aux États Membres d’apporter une contribution unique aux Nations Unies, afin qu’elles relèvent les défis actuels.  Ce débat a été riche et varié et a mis en lumière diverses visions qu’il nous appartient désormais d’analyser.  De ce débat, elle a relevé qu’il était indispensable que toute décision politique tienne compte de la dimension scientifique et intellectuelle de certains sujets.  L’incompréhension a un impact négatif pour tout le monde et seul le dialogue peut tracer la voie vers le changement, a-t-elle conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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