L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE HONORE LA MÉMOIRE DES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE ET APPELLE À LA MOBILISATION POUR METTRE FIN AUX FORMES MODERNES DE CE FLÉAU
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Assemblée générale
Soixante et unième session
89e et 90e séances plénières
matin
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE HONORE LA MÉMOIRE DES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE ET APPELLE À LA MOBILISATION POUR METTRE FIN AUX FORMES MODERNES DE CE FLÉAU
« Nous célébrons aujourd’hui le fait que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit. C’est pourquoi, nous ne saurions tolérer que le XXIe siècle commence en permettant le trafic des êtres humains, le travail forcé et le viol de masse perpétré contre les personnes les plus démunies en temps de guerre ». C’est avec ces mots que la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Asha-Rose Migiro, est intervenue à l’occasion de la Journée commémorative du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves. Cet évènement, qui s’est ouvert ce matin au rythme des percussions des musiciens sud-africains du groupe African Drummers, vise, conformément à la résolution 61/19 du 28 novembre 2006 de l’Assemblée générale, à honorer la mémoire des millions de victimes de la traite des esclaves, notamment celle qui s’est déroulée sur plusieurs siècles entre l’Afrique de l’Ouest et les Amériques.
De son côté, M. Boniface Chidyausiku, Vice-Président de l’Assemblée générale, a déclaré, au nom de la Présidente de la soixante et unième session de l’Assemblée, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, que la traite transatlantique des esclaves, « légitimée par le racisme et la discrimination », constituait une des activités les plus inhumaines de l’histoire, cette traite ayant été guidée par l’expansion coloniale, l’émergence des économies capitalistes et la demande de produits de base. Déplorant, à l’instar des autres intervenants, y compris les représentants des groupes régionaux, que l’esclavage prend dans le monde actuel différentes formes comme le recrutement forcé d’enfants soldats et la traite des êtres humains, M. Chidyausiku a appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour mettre un terme à toutes les manifestations de servitude moderne.
« Le souvenir de la traite est encore au cœur de nos sociétés », a pour sa part lancé M. Denzil L. Douglas, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis. Invoquant une « obligation morale », ce dernier, qui s’exprimait au nom des États Membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a par ailleurs salué le fait que d’anciennes puissances coloniales aient fait amende honorable quant à leur rôle dans cette « traite méprisable ». Aucun pays ayant participé à la traite des esclaves ne peut prétendre appuyer les droits humains sans avoir présenté des excuses et exprimé un repenti officiel sous la forme d’une réparation, a-t-il ajouté.
M. Rex Nettleford, Vice-Chancelier émérite de l’Université des Caraïbes, de la Jamaïque, a quant à lui affirmé, en sa qualité d’orateur principal, que des cérémonies commémoratives comme celle qui est organisée aujourd’hui au Siège de l’ONU avaient une fonction sociale dont le message doit servir aux générations futures pour comprendre que la poursuite du gain matériel peut conduire aux pires crimes contre l’humanité. Louant la résistance des victimes de la traite à travers les âges, M. Nettleford a prononcé un plaidoyer vibrant en faveur de « la créativité, de l’imagination et de la sensibilité esthétique ». À cet égard, il a expliqué que la diaspora africaine avait su surmonter l’intolérance et la haine en répondant par le développement de l’esprit humain dans l’adversité.
Déplorant en outre que l’esclavage ait aujourd’hui une descendance, M. Nettleford a plaidé pour que l’histoire de la diaspora africaine ne soit pas dissoute dans le contexte de la mondialisation. « Il est impératif, a-t-il insisté, d’intégrer dans les politiques nationales et dans les programmes des Nations Unies des mesures visant à renforcer l’estime de soi chez les plus démunis, que le monde moderne tend à marginaliser.»
Au cours d’une autre séance faisant suite à cette commémoration, l’Assemblée générale a adopté sans vote le projet de résolution* que lui avait recommandé sa Cinquième Commission (administrative et budgétaire). Par ce texte, l’Assemblée générale approuve pour l’année 2007 le budget du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi d’une somme de 33 080 400 dollars, celui de la Mission des Nations Unies au Népal d’un montant de 88 822 000 dollars et celui du Représentant de l’ONU auprès du Conseil international consultatif et de contrôle qui s’élève à la somme de 162 500 dollars. Prenant note du solde inutilisé de 156 800 dollars du budget de ce Représentant, l’Assemblée générale décide d’ouvrir un crédit d’un montant de 121 902 400 dollars au titre du budget programme de l’exercice biennal 2006-2007.
Elle a également pris note du document** dans lequel le Secrétaire général informe l’Assemblée générale que les Palaos ont effectué le versement nécessaire pour ramener leurs arriérés en deçà du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.
COMMÉMORATION DU BICENTENAIRE DE L’ABOLITION DE LA TRAITE TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES
Déclarations
M. BONIFACE CHIDYAUSIKU, Vice-Président de l’Assemblée générale, a déclaré, au nom de Sheikha Haya Rashed Al Khalifa, que la traite transatlantique des esclaves constituait une des activités les plus inhumaines de l’histoire. Il a rappelé que cette traite était guidée par l’expansion coloniale, l’émergence des économies capitalistes et la demande insatiable pour les produits de base, alors que le racisme et la discrimination servaient à la justifier. Des fortunes ont été créées et des institutions financières ont prospéré par le biais de l’esclavage humain, a-t-il poursuivi. Il a également rappelé que les profits de la traite étaient réinvestis dans les industries du tabac et du sucre, ou encore, dans l’art, les biens immobiliers et les terres. Il a indiqué que la demande pour la main d’œuvre africaine s’est accrue avec l’élargissement des colonies et que le départ forcé de millions de personnes a eu un impact majeur sur l’Afrique. Ce continent s’est appauvri alors qu’il contribuait au développement capitaliste en Europe et ailleurs dans le monde, a-t-il ajouté.
M. Chidyausiku a expliqué que le 25 mars 2007 marquait le bicentenaire –à un jour près- de l’adoption d’une loi abolissant la traite des esclaves dans ce qui était alors l’Empire britannique. Il a estimé que cet événement représentait le début de la fin de la traite transatlantique des êtres humains tout en indiquant qu’il avait fallu attendre 1883 pour qu’une loi permettant l’émancipation de tous les esclaves britanniques soit adoptée. Il a affirmé que ce bicentenaire offrait l’opportunité à tous de reconnaître la nature profondément honteuse de cette traite et de se rappeler des millions de personnes qui en avaient souffert. Cela nous permet également de rendre hommage au courage et à la conviction de ceux qui luttent pour l’abolition, a-t-il poursuivi. Il a fait valoir qu’alors qu’on réfléchissait au passé, il faudrait aussi reconnaître la cruauté indicible qui persiste aujourd’hui. Affirmant que l’esclavage prenait différentes formes dans le monde, comme le recrutement forcé d’enfants soldats et la traite des êtres humains, il a appelé à redoubler d’efforts pour mettre un terme à toutes les formes d’esclavage moderne.
Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a fait part de sa grande émotion en ce jour de commémoration du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves. Cette histoire ne doit jamais être oubliée aux Nations Unies, a-t-elle dit. Pendant cette période, des souffrances humaines indicibles ont été infligées, au cours des longues marches en Afrique comme au cours des voyages effroyables pour conduire des hommes vers une vie sans droit. Mme Migiro a demandé à l’Assemblée générale de ne pas oublier que si l’esclavage a été marqué par la violation la plus flagrante de l’humanité, des hommes avaient eu le courage de se soulever, à travers notamment le mouvement abolitionniste.
Nous célébrons aujourd’hui le fait que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit. C’est pourquoi, nous ne saurions tolérer que le XXIe siècle commence en permettant le trafic des êtres humains, le travail forcé, le viol de masse perpétré contre les personnes les plus démunies en temps de guerre. C’est pourquoi, la Vice-Secrétaire générale a exhorté les États Membres à s’unir contre ces « atrocités » dont, a-t-elle dit, « nous devons tous avoir honte ». Les États Membres doivent utiliser les instruments internationaux dont ils se sont dotés dans le cadre de l’action collective qu’encouragent les Nations Unies. Il s’agit là d’une obligation juridique mais, tout autant, d’un devoir moral, d’une dette à l’égard de ceux que nous honorons aujourd’hui, a conclu Mme Migiro.
M. DENZIL L. DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré, au nom des États Membres de la CARICOM, que la traite transatlantique était bien plus qu’une pratique économique: elle avait aussi violé les principes moraux et humains. Pour la Communauté des Caraïbes, aujourd’hui, a-t-il indiqué, le souvenir de la traite est encore au cœur de la société. Plusieurs d’entre nous sommes des descendants d’esclaves, a-t-il indiqué, tout en affirmant que cette traite était un crime contre l’humanité de ces ancêtres et une violation de leurs droits fondamentaux. Leur souffrance ne devrait jamais être oubliée, a-t-il insisté, se félicitant, à cet égard, de l’adoption unanime de la résolution 61/19, en novembre dernier, qui a proclamé la commémoration d’aujourd’hui. Il a également salué le fait que d’anciennes puissances coloniales avaient exprimé leur profonde tristesse pour le rôle qu’elles avaient joué à l’époque dans cette traite méprisable et a espéré que d’autres pays ayant soutenu ou profité de cette activité inhumaine en feraient autant. Le Premier Ministre a estimé qu’il était indispensable de présenter des excuses sans ambiguïté pour les atrocités de la traite et que les pays qui avaient pris part à celle-ci avaient une obligation morale dans ce sens. Aucun pays qui a participé à la traite des esclaves ne peut prétendre appuyer les droits de l’homme sans avoir présenté des excuses et exprimé un repenti officiel sous la forme de réparation, a-t-il ajouté. Par ailleurs, il a souligné que de nombreux stéréotypes et préjugés existants aujourd’hui étaient l’héritage de cette traite. Dans ce contexte, il a affirmé qu’il faudrait éradiquer pleinement le racisme, la violation des droits de l’homme, la traite des êtres humains et le sous-développement. Il a fait part de l’engagement de la CARICOM à s’assurer qu’un mémorial permanent rendant hommage à ceux qui ont péri en raison de l’esclavage soit mis en place aux Nations Unies.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du sud), au nom du Groupe des États africains, a rappelé que l’Assemblée générale, dans sa résolution, indique que la perpétuation de la traite est toujours au cœur de profondes inégalités sociales et économiques. Celle-ci alimente encore la haine et le racisme, a-t-il ajouté. M. Kumalo a déclaré qu’alors que le monde se trouve à mi-chemin de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il est évident que l’Afrique continue à subir de plein fouet l’extrême pauvreté. Il a estimé que le Cycle de Doha, qui pourrait aboutir à une ouverture des marchés commerciaux aux produits africains, était pour l’heure pris en otage par des pays riches qui, jadis, ont bâti leurs profits et leurs richesses grâce à l’esclavage et la colonisation. Les statistiques indiquent qu’une vache européenne reçoit plus de subventions qu’un enfant africain dans l’aide au développement, a noté le représentant, de nombreux pays développés rechignant, en outre, à respecter leurs engagements en matière de lutte contre la pauvreté, notamment le versement de 0,7% du PIB à l’appui au développement. Enfin, M. Kumalo a souhaité que cette commémoration soit l’occasion d’honorer la mémoire de ceux qui se sont soulevés contre l’esclavage, et qui ont, ce faisant, défendu la valeur que nous devons tous accorder à la vie humaine.
M. KYAW TINT SWE (Myanmar), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Asie, a souligné que pendant près de cinq siècles, des millions d’Africains –hommes, femmes et enfants- avaient été transportés de l’autre côté de l’Atlantique et forcés à travailler dans des conditions de privation et de violence. Il a affirmé que l’esclavage avait non seulement détruit ceux qui avaient été forcés à la servitude, mais également les économies et sociétés fragiles d’Afrique en les privant de leur secteur productif. Il a affirmé que les Nations Unies et le monde avaient accompli d’importants progrès pour traiter des effets négatifs de l’esclavage et que cette commémoration contribuait à ces efforts. Nous ne pouvons pas changer le passé mais nous pouvons donner forme à l’avenir, a-t-il poursuivi, en estimant qu’il faudrait s’assurer que les générations futures apprennent la vérité, agissent à la lumière de ces enseignements et demeurent vigilants afin que ces souffrances ne se répètent pas. Rendant hommage aux populations d’Afrique qui ont souffert de l’esclavage, il a souhaité que cette commémoration permette à tous de se rappeler qu’il est impossible de laisser l’histoire se répéter sous quelque forme que ce soit.
M. IRAKLI ALASANIA (Géorgie), au nom du Groupe des États d’Europe de l’Est, a déploré qu’en dépit de l’abolition de l’esclavage, certaines des formes de ce fléau existent toujours dans le monde actuel. Des millions d’êtres humains sont encore aujourd’hui l’objet de marchandage quand ils ne sont pas contraints, poussés par l’extrême pauvreté, à accepter des conditions de travail qui s’apparentent à celles d’un esclavage. Le représentant a exprimé son inquiétude devant le manque d’efficacité de la communauté internationale à mettre fin aux formes modernes de travail forcé et de la traite des personnes. Ce vice, a-t-il fait remarquer, prospère en dépit des instruments internationaux en vigueur qui réglementent le travail humain. Soulignant que les nombreux conflits armés alimentaient l’utilisation des enfants recrutés comme soldats, M. Alasania a exhorté les États Membres à poursuivre sans relâche le combat pour l’égalité, en s’attaquant en particulier à l’impunité qui, a-t-il dit, conforte les auteurs de crimes contre l’humanité dans leur rôle et empêche les victimes de défendre leurs droits et d’améliorer leurs conditions de vie.
M. LÉO MÉRORÈS (Haïti), prenant la parole au nom du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a souligné qu’il faudrait condamner avec véhémence les actes inhumains et racistes de l’esclavage et rendre leur dignité aux victimes et à leurs descendants. Cette commémoration, a-t-il déclaré, signifie une fois de plus les efforts de l’ONU en vue de faire reconnaître l’esclavage et la traite comme un crime contre l’humanité. Il s’est aussi félicité de toutes les actions de la communauté internationale dans ce sens. La lutte contre l’esclavage sous ses formes nouvelles est un interminable chemin à parcourir, a-t-il par ailleurs fait valoir. Il a souligné que le devoir de mémoire interpellait le monde afin que cette forme abominable de déshumanisation ne soit plus possible et ne soit pas perpétuée sous d’autres formes. Il a, à cet égard, noté que plus de 20 millions de personnes étaient victimes de travail forcé dans le monde. À cela, il convient d’ajouter la pauvreté abjecte, a-t-il poursuivi, en déclarant que celle-ci était le corollaire direct des criantes inégalités sociales de notre monde et du retard en matière de développement accumulé par des siècles d’esclavage, de colonialisme et d’exploitation outrancière des ressources. Le 26 mars, a-t-il estimé, doit être un lieu commun de réflexion sur le chemin parcouru et sur ce qui reste à faire pour que la victoire finale sur l’esclavage, ses différentes formes et ses séquelles soit enfin une réalité.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande), au nom de l’Europe de l’Ouest et autres États, a rappelé que la loi de 1807 adoptée par le Parlement britannique avait marqué le début de la fin d’une des plus longues et effroyables atteintes à la dignité humanité. Nous sommes réunis ici pour honorer la mémoire de plus de 12 millions d’êtres humains victimes de la traite transatlantique, la plupart ayant voyagé dans des conditions barbares entre l’Afrique de l’Ouest et les Amériques. Mme Banks a demandé que, jamais, un telle « tragédie » et ses conséquences ne soient oubliées. Commémorer ce passé, a-t-elle dit, est aussi un moyen d’empêcher que les souffrances d’hier ne se répètent dans le monde de demain. Or, l’esclavage perdure sous d’autres formes, et il est de notre devoir, dans le cadre des Nations Unies, de lutter contre ces manifestations modernes de servitude que continuent de subir des millions de personnes.
M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a souligné que cette Journée de commémoration du bicentenaire de l’abolition de la traite transatlantique des esclaves était une réflexion sur le passé et le souvenir des millions qui avaient souffert. Douze millions d’Africains ont été embarqués dans des navires négriers pour être amenés dans le Nouveau Monde, a-t-il rappelé, en soulignant que trois millions d’entre eux avaient péri lors de ce voyage. Il a affirmé que cette Journée permettait aussi de rendre hommage à ceux qui ont lutté pour abolir cette traite barbare. Leurs actions ont permis un changement social qui a créé la base de sociétés ouvertes, tolérantes et inclusives, a-t-il ajouté. Il a repris les mots de Tony Blair en déclarant que le bicentenaire de l’adoption de la loi, par le Parlement britannique, abolissant la traite des esclaves, donnait l’opportunité non seulement de condamner l’esclavage mais aussi d’exprimer la tristesse profonde que cette traite ait pu exister. Notant les nombreuses manifestations commémoratives de ce bicentenaire dans son pays qui auront lieu tout au long de l’année 2007, il a aussi fait valoir que l’initiative mondiale des Nations Unies pour lutter contre le trafic des êtres humains était officiellement lancée aujourd’hui au Royaume-Uni. Ainsi, il a affirmé que beaucoup restait à faire pour abolir toutes les formes d’esclavage qui perdurent aujourd’hui dans certaines parties du monde. L’abolition du travail forcé, du recrutement forcé d’enfants soldats et du trafic d’êtres humains exige le même engagement et la même détermination dont les abolitionnistes ont fait preuve il y a 200 ans, a-t-il estimé. Cet engagement devrait être mondial, a-t-il ajouté, appelant à ce que la communauté internationale tout entière soit déterminée à cet égard.
M. RICHARD TERRELL MILLER (États-Unis), s’exprimant au nom du pays hôte, a déclaré que cette commémoration était celle de la fin d’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’humanité. Affirmant qu’on ne pouvait permettre que cette tragédie soit oubliée, il a rendu hommage aux individus courageux qui ont risqué leur vie pour mettre un terme à ce commerce barbare. En 2007, nous sommes confrontés à nos propres défis moraux qui ne sont pas si différents de ceux de nos ancêtres, a-t-il poursuivi, en faisant valoir que le trafic d’êtres humains et l’esclavage persistaient sous différentes formes et dans diverses régions du monde. M. Miller a souligné que l’achat et la vente d’êtres humains n’étaient pas acceptables hier, ne le sont pas plus aujourd’hui et ne le seront jamais. En outre, il a déclaré qu’on ne pouvait célébrer l’éveil moral qui a eu lieu au XIXe siècle et ignorer les victimes tragiques actuelles. Il a argué que bien qu’il soit important de célébrer cet événement historique, il restait encore du travail à accomplir.
M. REX NETTLEFORD, Vice chancelier émérite de l’Université des Caraïbes, est longuement intervenu, notamment, sur les conséquences psychologiques de l’esclavage transatlantique. Il a expliqué que des cérémonies commémoratives comme celle d’aujourd’hui au Siège de l’ONU avaient une fonction sociale dont le message doit servir aux générations futures pour comprendre que la poursuite du gain matériel peut conduire aux pires crimes contre l’humanité. L’exploitation de la force de travail, la déshumanisation systématique sont passées, a-t-il dit, par le conditionnement psychologique de millions d’êtres humains endurant le racisme, la ségrégation sociale et la violation des droits de l’homme les plus fondamentaux. La présence africaine a démontré au cours de l’histoire de l’esclave et à travers les âges que les souffrances les plus effroyables peuvent être surmontées par la créativité, l’imagination et la sensibilité esthétique. L’intervenant a ainsi estimé que le développement de l’esprit humain était né aussi de la capacité des hommes, subissant l’intolérance et la haine, à forger tolérance et unité dans l’adversité.
M. Nettleford a poursuivi, en déplorant que l’esclavage ait aujourd’hui une descendance, l’ignorance de l’histoire ayant permis que ses épisodes les plus sombres et les plus graves se répètent. Il a ainsi plaidé pour que l’histoire de la diaspora africaine ne soit pas dissoute dans le contexte de la mondialisation. Il est impératif, a-t-il insisté, d’intégrer dans les politiques nationales et dans les programmes des Nations Unies des mesures visant à renforcer l’estime de soi chez les plus démunis, que le monde moderne tend à marginaliser. Le rôle, dans ce contexte, de la diaspora africaine est de contribuer à la définition de ce progrès qui, à terme, renforcera le sort de ses tenants pour les arracher au statut de seconde classe qui les prive de s’émanciper. L’intervenant a jugé que la diaspora était une chance, la créativité et la diversité étant, à ses yeux, sources de tolérance, d’esprit de générosité, de pardon et de respect d’autrui. La patience, aussi, doit guider le dialogue entre les civilisations que les tenants de la diaspora africaine appellent de leurs vœux pour parvenir à un monde plus juste. Ce dialogue, a conclu M. Nettleford, célèbre la paix, la tolérance, la liberté et le développement durable. Il ne devrait en aucun cas être perçu comme une menace mais plutôt comme un moyen de restaurer la confiance entre les hommes.
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