En cours au Siège de l'ONU

AG/10570

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DRESSE LE BILAN DE L’ACTION DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX UN AN APRÈS SA CRÉATION

6 février 2007
Assemblée généraleAG/10570
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante et unième session                                 

86e & 87e séances plénières – matin & après-midi            


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DRESSE LE BILAN DE L’ACTION DE LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX UN AN APRÈS SA CRÉATION


Un an après la création de la Commission de consolidation de la paix (CCP), l’Assemblée générale de l’ONU a dressé un premier bilan de son action en estimant que malgré des débats de procédure qui ont pu la ralentir, cette instance avait un avenir prometteur.  Le Burundi et la Sierra Leone sont les deux premiers pays à bénéficier de l’action de la CCP dont l’objectif essentiel est d’empêcher un pays sortant d’un conflit d’y retomber, comme cela a trop souvent été le cas par le passé.  Le Conseil de sécurité avait débattu du même sujet la semaine dernière.


La Présidente de l’Assemblée générale, Sheikha Haya Rashed Al Khalifa (Bahreïn), a indiqué que 140 millions de dollars avaient été promis au Fonds de consolidation de la paix et que de nombreux donateurs non traditionnels avaient fait part de leur intention d’apporter leur pierre à l’édifice.  Elle a appelé tous les États Membres à œuvrer ensemble pour atteindre l’objectif de 250 millions et a fait part de son intention d’écrire à un certain nombre de donateurs potentiels afin que l’objectif soit atteint.  Lors du débat, la France a annoncé qu’elle entendait contribuer au Fonds de consolidation de la paix en versant un million d’euros.  La Sierra Leone a insisté sur la nécessité de maintenir les engagements, particulièrement en ce qui concerne le déblocage des fonds. 


La Commission de consolidation de la paix devrait servir de catalyseur, ont insisté de nombreuses délégations.  De l’avis de la délégation suédoise, elle-même impliquée dans le projet sierra-léonais, la Commission devrait soutenir les activités de base d’édification de la paix, en favorisant le redémarrage économique, sans prétendre prendre en charge l’intégralité des tâches.  Le Président du Comité d’organisation de la Commission, M. Ismael Abraão Gaspar Martins de l’Angola a aussi souhaité que le débat d’aujourd’hui serve de catalyseur à une action réelle permettant de mobiliser la communauté des donateurs. 


Par ailleurs, la plupart des 47 orateurs ont souligné l’importance de la coordination des institutions concernées ainsi que celle des organes principaux de l’ONU ayant créé la Commission de consolidation de la paix, à savoir l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, et le Conseil économique et social (ECOSOC).  M. Peter Burian deb la Slovaquie, qui préside le Conseil de sécurité ce mois-ci, a rappelé que lors du débat de la semaine passée, les États Membres avaient réaffirmé le besoin de mettre en œuvre une coopération plus étroite entre les principaux organes des Nations Unies.  Il a cependant estimé qu’il était crucial que les pays concernés jouent le premier rôle dans les processus de consolidation de la paix.


Pour le Président du Conseil économique et social, M. Dalius Čekuolis de la Lituanie, il est important de trouver des mécanismes appropriés afin d’établir une véritable coopération des bailleurs de fonds.  À plusieurs reprises, les délégations ont souligné la « valeur ajoutée » que la Commission de consolidation de la paix est censée apporter.  Selon Suède, cette « valeur ajoutée » se fera sentir dès les premières étapes qui suivront la fin d’un conflit.  Pour la France, la « valeur ajoutée » de la Commission tient à sa capacité de s’attaquer aux défis les plus pressants.


Apportant une note plus critique à ce bilan provisoire qui, de l’avis de la majorité des États Membres, est globalement positif, quelques pays dont le Brésil ont dénoncé des débuts « bien chancelants ».  La délégation tchèque, quant à elle, a souligné que la Commission de consolidation de la paix devrait axer son action sur des réalisations concrètes et éviter de s’enliser dans des procédures bureaucratiques.  Mais nombreux ont été les intervenants qui, comme le représentant du Bangladesh, ont rappelé que la Commission en était encore à un stade « embryonnaire ».  Le représentant de la Guinée-Bissau s’est d’ailleurs insurgé contre les critiques visant une institution qui ne fonctionne réellement que depuis six mois et a jugé que son bilan était d’ores et déjà tout à fait positif.  « Vous avez de quoi être fiers de l’action accomplie à ce jour par la Commission », a-t-il lancé aux autres États Membres.



APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES; SUITE À DONNER AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLÉNAIRE; RÉFORME DES NATIONS UNIES: MESURES ET PROPOSITIONS 


Débat sur les progrès accomplis dans les travaux de la Commission de consolidation de la paix


Déclarations


SHEIKHA HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente de l’Assemblée générale, qui a d’abord rappelé que la Commission de consolidation de la paix avait été formellement créée le 20 décembre 2005, a souligné que celle-ci avait entrepris une action cruciale au Burundi et en Sierra Leone.  Selon elle, le défi d’aujourd’hui, c’est de répondre aux promesses faites aux peuples de ces deux pays dans la reconstruction de leurs capacités humaines et institutionnelles nécessaires à une paix durable.  Elle a rappelé que le Conseil de sécurité avait déjà tenu un débat public sur la Commission de consolidation de la paix.  Le débat d’aujourd’hui à l’Assemblée générale contribue, a-t-elle indiqué, à mieux comprendre la relation entre celle-ci, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC dans le travail de la Commission de consolidation de la paix.


Évoquant le Fonds de consolidation de la paix, la Présidente de l’Assemblée a souligné qu’il ne pouvait constituer un substitut à un soutien financier à long terme nécessaire pour soutenir la transition allant de la sortie d’un conflit à un développement durable.  La Présidente de l’Assemblée générale a indiqué que 140 millions de dollars avaient été promis au Fonds de consolidation et que de nombreux donateurs non traditionnels avaient fait part de leur intention de contribuer à ce Fonds.  Elle a appelé tous les États Membres à œuvrer ensemble pour atteindre l’objectif de 250 millions.  Elle a ajouté qu’elle allait écrire à un certain nombre de donateurs potentiels pour les encourager à contribuer au Fonds de consolidation de la paix afin que l’objectif soit atteint.


M. PETER BURIAN (Slovaquie) a déclaré, en sa qualité de Président du Conseil de sécurité des Nations Unies pour le mois de février, que le Conseil avait tenu la semaine dernière un débat sur l’état des travaux de la Commission de consolidation de la paix.  Il a indiqué qu’à cette occasion, les États Membres avaient réaffirmé le besoin de mettre en œuvre une coopération plus étroite entre les principaux organes des Nations Unies.  Le débat a également permis de se pencher sur les moyens à trouver pour renforcer plus particulièrement les liens entre le Conseil de sécurité et la Commission.  M. Burian a ajouté que les délégations avaient salué les progrès réalisés au Burundi et en Sierra Leone, la Commission s’étant attachée avec succès à identifier, dans ces pays, les défis à relever dans le domaine du redressement.  L’intervenant a en outre rappelé que ce débat avait été l’occasion de souligner à nouveau qu’il est important pour les pays concernés de prendre en main le processus de consolidation de la paix.  Il a, en conclusion, rappelé que les États Membres avaient exprimé le souhait qu’en juin prochain, la Commission serait en mesure de présenter un bilan plus complet de ses activités au Burundi et en Sierra Leone.


M. DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie), Président du Conseil économique et social, a indiqué que le Conseil était disposé à travailler avec la Commission de consolidation de la paix, soulignant la nécessité d’une démarche intégrée.  Le mandat du Conseil économique et social (ECOSOC) dans les domaines économique, social et de l’environnement lui permet de jouer en effet un rôle important en faveur des pays sortant d’un conflit de par son rôle de coordination et sa responsabilité en matière de consolidation de la paix, de reconstruction économique et sociale, a ajouté son Président.  Il est important de trouver des mécanismes appropriés afin d’avoir une véritable coopération des bailleurs de fonds, a-t-il souligné.  L’ECOSOC est intéressé par les résultats des enseignements tirés par la Commission de consolidation de la paix.  Il est encouragé par le consensus naissant concernant l’interaction nécessaire entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC pour que la Commission de consolidation de la paix bénéficie d’une impulsion véritable.  Notre objectif commun devrait être de mobiliser tous les mécanismes institutionnels des Nations Unies et la réunion de ce jour devrait y contribuer, a conclu M. Čekuolis.


M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola), en sa qualité de Président du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, a rappelé que la décision de créer la CCP avait été prise lors du Sommet mondial de 2005.  Depuis, a-t-il ajouté, tous les États Membres ont montré leur intérêt pour les travaux de la Commission depuis son entrée en fonctions.  Saluant la volonté politique de la communauté internationale, l’intervenant a souligné l’importance de répondre par une action concrète et coordonnée aux attentes exprimées sur le terrain.  Pour ne pas décevoir les millions de personnes qui vivent dans des situations postconflit, le représentant a suggéré que les activités de consolidation de la paix s’appuient sur des mesures efficaces dont l’application doit faire l’objet d’un suivi et de manière régulière.  Le Président du Comité d’organisation a ainsi souhaité que le présent débat serve de catalyseur à une action réelle permettant de mobiliser dans les meilleurs délais la communauté des donateurs.  La générosité de ces derniers est indispensable pour donner à la Commission de consolidation de la paix les moyens de financer ses stratégies intégrées visant à la fois l’instauration de la paix et le développement durable dans les pays qui avaient été ravagés par les conflits armés. 


Rappelant la nature complexe et à long terme des activités de consolidation de la paix, le Président du Comité d’organisation a affirmé que l’engagement de la communauté internationale devait lui-même s’inscrire dans la durée.  La Commission de consolidation de la paix doit être dotée des moyens lui permettant de s’acquitter véritablement de son mandat et, à cette fin, l’Assemblée générale doit être le lieu d’évaluation privilégié des tâches à confier à la Commission et de mobilisation des bailleurs de fonds. 


M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), au nom du Mouvement des pays non alignés, a souhaité que la Commission améliore ses règles de procédure.  Il a également plaidé pour que le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix (CCP) se réunisse de manière régulière entre les réunions spécifiques de pays, de sorte que celui-ci puisse pleinement fonctionner en sa qualité de mécanisme d’examen et de suivi.  M. Wolfe a également préconisé que les recommandations et décisions du Comité soient basées sur une approche cohérente et équilibrée.  Dans ce cadre, a ajouté le représentant, l’approche intégrée que nous appelons de nos vœux doit s’appuyer sur une collaboration active entre, notamment, le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité.


Les pays non alignés sont d’avis que le financement de la Commission doit être établi selon les priorités fixées par les pays et en tenant compte des décisions collectives prises par les membres de la CCP, a poursuivi M. Wolfe.  Ce dernier a estimé que ce financement devrait permettre aux pays intéressés de prendre eux-mêmes en main le processus de consolidation de la paix.  Le représentant a en outre noté que la situation au Burundi et en Sierra Leone avait démontré que l’allocation de ressources était indispensable à la phase de relance économique des pays sortant d’un conflit.  Dans un souci de transparence et afin d’évaluer au mieux les enveloppes à fournir aux pays visés, il conviendrait de renforcer la coopération entre le Bureau d’appui à la Commission de consolidation de la paix et le Comité d’organisation de la Commission.  Enfin, M. Wolfe a vivement recommandé que les processus de décision concernant les activités de la CCP à tous les niveaux ne s’effectuent pas uniquement au Siège de l’Organisation, à New York, les missions de terrain devant être un instrument clef de la consolidation de la paix.


M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, de pays candidats et de pays associés, a estimé que ce débat, ainsi que celui de la semaine dernière au Conseil de sécurité, constituait une occasion de poursuivre le dialogue entre la Commission de consolidation de la paix (CCP) et ses partenaires du système de l’ONU, et de parvenir à une meilleure coordination ainsi qu’à une meilleure mise en œuvre des stratégies de consolidation de la paix.  L’Union européenne considère la création de la CCP comme une réalisation fondamentale du processus de réforme de l’ONU.  Avec le Bureau de consolidation de la paix et le Fonds de consolidation de la paix, elle est au cœur de la nouvelle architecture de consolidation de la paix, a-t-il estimé.  M. Matussek a rappelé que l’Union européenne participait à des actions de reconstruction sur pratiquement tous les continents.  Il a estimé que la CCP a pris un bon départ.  Elle a suscité le dialogue entre les États concernés, le système de l’ONU, les bailleurs institutionnels, les acteurs régionaux et les membres de la Commission de consolidation de la paix.  Alors que les recommandations de la CCP doivent maintenant être appliquées, celle-ci a aussi besoin du soutien de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et de l’ECOSOC.  Le dialogue doit aussi être élargi au sein des pays concernés pour comprendre la société civile, le secteur privé en particulier.


Un an après sa création, a estimé le représentant, la Commission de consolidation de la paix doit aussi prendre des décisions en ce qui regarde ses objectifs stratégiques.  Elle se doit d’être plus ambitieuse et bénéficier de davantage d’outils.  La Commission ne doit pas simplement servir de mécanisme de coordination ou une conférence des donateurs.  L’Union européenne est disposée à contribuer aux discussions entre membres de la CCP sur la structuration du travail futur de la Commission et son interaction avec d’autres acteurs.  Définir des priorités, cela veut dire procéder à une sélection entre un nombre énorme de possibilités d’engagements, a-t-il rappelé.  Selon lui, la CCP doit se concentrer sur les secteurs ayant un lien direct avec les causes du conflit, des secteurs dans lesquels les instruments du développement classique ne fonctionnent pas ou ne sont pas disponibles, des secteurs où coordination et intégration sont particulièrement nécessaires.


M. FRANCISCUS ANTONIUS MAJOOR (Pays-Bas), en qualité de Président des réunions spécifiques consacrées à la Sierra Leone, a indiqué que les récentes discussions menées dans le cadre de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) avaient mis en lumière l’importance des progrès accomplis pour restaurer la paix et la stabilité dans ce pays.  La Commission, a-t-il dit, a salué les efforts d’appui déployés par la communauté internationale en faveur de la Sierra Leone dans la mise en œuvre des stratégies visant la lutte contre la pauvreté et la consolidation de la paix dans le cadre du relèvement postconflit.  M. Majoor a mis l’accent sur la pertinence de l’établissement du Comité directeur national liant l’action du Gouvernement de la Sierra Leone, des Nations Unies ainsi que du Fonds de consolidation de la paix.  Cet instrument, a-t-il précisé, impliquera les autorités nationales, l’ONU, les bailleurs de fonds et la société civile pour examiner ensemble les priorités dans ce pays.  Le représentant a ajouté que les membres de la Commission de consolidation de la paix et le Gouvernement de la Sierra Leone avaient identifié quatre domaines critiques auxquels s’attaquer d’urgence: l’emploi des jeunes, la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance, la mise sur pied de réformes de justice et de sécurité, et le renforcement des capacités.  Dans ce contexte, la Commission exhorte la communauté internationale à assurer un niveau d’aide adapté au Gouvernement de Sierra Leone, en mobilisant sans relâche la communauté des donateurs et en allégeant la dette extérieure de ce pays.  La Commission appelle également la communauté internationale à fournir les ressources adéquates pour faciliter la tenue des prochaines élections présidentielles et parlementaires, y compris en faisant en sorte que les femmes participent pleinement à ce processus politique. 


M. JOHAN L. LOVALD (Norvège), en qualité de Président des réunions spécifiques consacrées au Burundi,a rappelé qu’un nombre inacceptable d’accords de paix échouaient et que les pays concernés retombaient dans la guerre.  La nécessité de faire mieux est donc évidente.  Il nous faut accroître l’impulsion donnée aux efforts de consolidation de la paix.  La Commission de consolidation de la paix (CCP), le Bureau d’appui et le Fonds pour la consolidation de la paix sont, selon lui, des outils permettant de faire face aux défis de manière plus globale et coordonnée.


Évoquant le cas du Burundi, dont la Norvège est chargée au sein de la CCP, M. Lovald a estimé que l’on entrait dans une nouvelle phase du plan de travail en faveur de ce pays.  Mettre au point une démarche intégrée est essentiel à cet égard pour parvenir à une consolidation de la paix efficace et pour savoir qui fait quoi.  M. Lovald a estimé que les outils étaient en place et a rappelé que l’engagement international en faveur du Burundi durerait plusieurs années.  Il s’agit d’un défi et l’engagement de la CCP en faveur du Burundi servira d’exemple à d’autres pays, a-t-il souligné. 


Mme CARMEN MARĺA GALLARDO HERNÁNDEZ (El Salvador), s’exprimant en sa qualité de Présidente du Groupe de travail sur les enseignements tirés et les bonnes pratiques de la Commission de consolidation de la paix, a rappelé la vocation première de la Commission, qui consiste à accompagner les pays passant d’une culture de la violence à une culture de la vie et de la paix.  Notre défi, a-t-elle dit, est de catalyser au mieux ce passage, conformément à l’esprit des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale sur ce sujet.  Mme Hernández a ajouté que l’une des fonctions principales de la Commission était d’élaborer des stratégies intégrées relatives au processus de consolidation nationale de la paix en vue de systématiser à l’avenir les expériences ayant fait la preuve de leur efficacité.  Pour l’heure, la Sierra Leone et le Burundi, les deux premiers pays à l’ordre du jour de la Commission, font face à de nombreux défis que le manque actuel de ressources empêche de relever.  La représentante a précisé que cette pénurie de fonds entravait les programmes de développement et sapait le rôle de courroie de transmission de la Commission de consolidation de la paix entre les autorités nationales des pays visés et l’ONU.  À cet égard, elle a affirmé que le Groupe de travail avait pour mission de faciliter ce rôle en constituant un recueil d’enseignements sur lequel s’appuyer pour renforcer l’action future de l’ONU dans les situations postconflit menée sous l’égide de la Commission.  Déjà, a-t-elle dit, certaines prérogatives ont été fixées pour prévenir la recrudescence de la violence, comme l’amélioration des relations entre anciens adversaires, la réintégration des ex-combattants, la sécurisation des villes, la participation des femmes à tous les niveaux de décision politique ou encore l’emploi des jeunes.  De l’avis de sa délégation, ces conditions doivent être impérativement remplies pour pouvoir jeter les bases solides d’un relèvement national.


M. JEAN-LOUIS SCHILTZ, Ministre de la coopération et de l'action humanitaire et Ministre de la défense de Luxembourg, a d’abord lancé: « Quand les combats cessent, la véritable lutte commence! »  Car lorsque les armes se taisent, a-t-il fait remarquer, c’est alors que débute une lutte de longue haleine contre la précarité de la paix retrouvée.  Et pour la gagner, il faut mener cette lutte ensemble, a-t-il souligné.  Or, il n’y a pas de sécurité sans développement, et pas de développement sans sécurité.  Ni l’un ni l’autre ne peut être réalisé sans le respect des droits de l’homme, et cela est encore plus vrai dans les situations postconflit.  C’est le mandat dont doit s’acquitter la Commission de consolidation de la paix, a-t-il rappelé.  Pour M. Schiltz, la création de la Commission restera l’un des rares résultats du Sommet mondial de 2005.


Le Ministre a indiqué qu’en tant qu’État membre de l’Union européenne, son pays mettait la problématique de la gestion des conflits et des situations de postconflit au centre de son action extérieure en ayant largement recours à des instruments multilatéraux au premier rang desquels les Nations Unies.  Il a indiqué que le Luxembourg était en mesure d’annoncer pour 2007 une aide publique au développement de 0,9% de son revenu national brut.  C’est de ce type d’expériences que son pays entend alimenter les travaux de la Commission de consolidation de la paix.  D’une manière générale, a ajouté le Ministre luxembourgeois, la nécessité d’une plus grande cohérence et d’une meilleure coordination des actions de l’ONU n’avait jamais été aussi clairement formulée que ces dernières années.  M. Schiltz a enfin rappelé qu’il y avait une prise de conscience concernant les besoins accrus pour financer les activités de coopération au développement.  Cette prise de conscience s’est transformée en un véritable engagement au niveau de l’Union européenne, lorsqu’en mai 2005 les 25 membres de l’Union se sont engagés, sous la présidence luxembourgeoise, à consacrer, d’ici à 2015, 0,7% de leur revenu national brut à la coopération au développement.


Mme KIRSTY GRAHAM (Nouvelle-Zélande), s’exprimant au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a exprimé le soutien de sa délégation en faveur de la Commission de consolidation de la paix, convaincue que ce nouvel organe contribuera à apporter une réponse cohérente aux situations postconflit en vue d’assurer une paix durable.  Tout en soulignant les progrès réalisés, elle a regretté que certains membres de la Commission aient mis l’accent sur les aspects de procédures plutôt que sur les questions de consolidation de la paix.  Le Groupe CANZ exhorte la Commission à trouver de nouvelles méthodes de travail, y compris la tenue de réunions informelles, pour optimiser les progrès et à recentrer son attention sur son mandat et sur les ressources nécessaires à la reconstruction et au renforcement des institutions, a-t-elle ajouté. 


La représentante a également estimé que la Commission devait axer ses efforts sur les situations où elle pourrait jouer un rôle efficace et apporter une contribution positive immédiate.  À cet égard, elle s’est félicitée du soutien de la Commission aux situations au Burundi et en Sierra Leone.  Elle a également souligné que le travail de la Commission représentait plus que la possibilité d’assistance et a espéré que les efforts réalisés au Burundi et en Sierra Leone serviraient de base pour traiter des questions thématiques existant dans toutes les situations postconflit.  Enfin, elle a insisté sur la nécessité d’élaborer un cadre stratégique de consolidation de la paix et a affirmé que la transition de la guerre à la paix exigeait des efforts concertés et intégrés. 


M. MAGED ABDELAZIZ (Égypte) a souligné que le concept de consolidation de la paix devait être traité de manière multidimensionnelle afin d’inclure tous les aspects économiques et sociaux de ce processus.  Il a, en outre, insisté sur la nécessité de combler le fossé entre maintien et consolidation de la paix en intégrant l’achèvement des opérations de maintien de la paix dans une stratégie plus large de soutien international visant, notamment, à renforcer les efforts de réconciliation nationale.  Notant les progrès réalisés par la Commission de consolidation de la paix en ce qui concerne le Burundi et la Sierra Leone, il a toutefois estimé qu’il reste encore plusieurs questions d’organisation à résoudre. 


Le représentant a affirmé que l’Assemblée générale, qui est responsable du suivi et de l’évaluation du rôle de la Commission de consolidation de la paix, devrait multiplier les occasions de faire appel à la Commission, même lorsqu’une situation est inscrite à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Il a, de plus, estimé que les règles de procédure devaient être améliorées en adoptant une approche graduelle et flexible, sans ralentir le travail de la Commission.  Il faudrait en outre renforcer le rôle du Comité d’organisation.  Le représentant a enfin déclaré que la Commission ne devrait pas se limiter au déboursement de contributions et qu’il faudrait encourager la participation de la société civile tout en respectant la nature intergouvernementale de la Commission. 


M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) a rappelé qu’en juin prochain, ou peu après, l’Assemblée générale évaluerait le travail de la Commission de consolidation de la paix.  À cet égard, il a estimé qu’il serait bienvenu que celle-ci présente un rapport faisant le bilan des expériences avec les premiers pays à avoir bénéficié de son attention, la Sierra Leone et le Burundi.  Selon lui, si l’une des forces de la Commission est de pouvoir mobiliser des ressources d’urgence, elle ne doit pas pour autant être confondue avec un organisme donateur.  La résolution par laquelle elle a été créée, stipule clairement que la Commission doit en priorité rassembler tous les acteurs pertinents pour lever des fonds et proposer des stratégies intégrées pour la consolidation postconflit et le relèvement économique.  En outre, la délégation sud-africaine estime qu’il y a certains objectifs opérationnels que la Commission devrait se fixer pour améliorer son efficacité, notamment s’assurer que les pays émergeant de conflits dirigent eux-mêmes pleinement les efforts de consolidation de la paix dans l’intérêt de leurs populations.  En outre, la Commission devrait être dotée d’un règlement intérieur permanent auquel elle se réfèrerait chaque fois que cela est nécessaire, a ajouté le représentant.


M. GIANCARLO DOLER TORRIJOS (Panama) a rappelé que son pays siégeait actuellement au Conseil de sécurité, et que cet organe l’avait désigné à la Commission de consolidation de la paix.  Il a estimé que pour que l’ONU puisse aider un pays à sortir d’un conflit et trouver une paix durable, une coopération s’avérait indispensable entre d’une part la Commission et, d’autre part, le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social.  Pour le représentant du Panama, le processus de consolidation de la paix se doit d’être pris en charge par le pays concerné lui-même, un concept formulé sous l’expression anglaise « country ownership ».  Le mandat de la Commission de consolidation de la paix doit être souple en évitant au maximum les processus bureaucratiques et les confrontations étrangères à la tâche principale qui est de parvenir à une paix durable.  Le représentant a souligné la nécessité pour le pays concerné de se mettre d’accord avec la Commission de consolidation de la paix afin d’assumer lui-même la mise en œuvre des programmes, institutions et politiques nécessaires à la reconstruction et au développement.  La Commission n’est pas seulement un pas dans la bonne direction pour répondre aux objectifs de la Charte de l’ONU.  Elle peut aussi servir de catalyseur pour que les organes principaux de l’ONU agissent de concert et de manière cohérente, comme les parties d’un tout, comme l’avaient envisagé ses membres fondateurs, a conclu le représentant panaméen.


M. NIRUPAM SEN (Inde) a estimé qu’il était indispensable que le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix travaille de manière plus harmonieuse et complémentaire avec les pays spécifiques à l’ordre du jour de la Commission.  De même, a-t-il ajouté, nous sommes d’avis que le plein succès de la Commission dépend de la coordination et de consultations régulières entre le Bureau d’appui, le Secrétariat des Nations Unies et les membres de la Commission.  M. Sen a affirmé que les déclarations faites la semaine dernière dans le cadre du débat du Conseil de sécurité reflétaient une position commune sur la nécessité de privilégier une telle approche.  Le but commun doit être d’appuyer les pays sélectionnés en fournissant les fonds adéquats et en définissant des politiques stratégiques claires de consolidation de la paix tenant compte des spécificités de chaque cas envisagé.


Le représentant a par ailleurs estimé que la Commission devait faire face à la difficulté de convaincre les leaders locaux et régionaux du bien-fondé de sa mission, ou encore d’établir le rythme selon lequel doivent être menés les processus de réformes administratives et politiques ainsi que les élections.  Dans ce contexte, a-t-il dit, il est délicat pour la Commission de décider à quel domaine prioritaire les fonds doivent être affectés.  Aux yeux du représentant, ces ressources financières doivent soutenir au premier chef le renforcement des capacités de gestion, afin de donner aux pays sortant d’un conflit les moyens de gouverner et de mobiliser les ressources humaines et matérielles nécessaires au relèvement national.     


Mme ANA PAOLA BARBOSA (Mexique) a estimé que la Commission de consolidation de la paix était une illustration du multilatéralisme.  Avec le Conseil des droits de l’homme, il s’agit de l’un des résultats positifs du Sommet mondial de 2005 et du processus de réforme de l’Organisation.  Les attentes sont énormes à l’intérieur comme à l’extérieur des Nations Unies.  La communauté internationale suit attentivement les travaux de la Commission, a-t-elle estimé.  Si elle réussit dans sa tâche, le système multilatéral gagnera non seulement en crédibilité mais également sur le plan politique pour continuer à progresser dans le processus de réforme.  En outre, si l’ONU a connu des succès dans la réduction des guerres civiles, cela n’a pas été le cas en ce qui concerne la résurgence des conflits.  Les efforts de la CCP doivent veiller à combler ce vide institutionnel et à remédier à cet échec historique.  La représentante du Mexique a cependant noté que le mandat de la CCP était vague.  Plusieurs délégations ont présenté une pléthore de contributions sur ce que devait faire ou ne pas faire la CCP.


Le Mexique rappelle qu’il est de plus en plus complexe d’identifier les phases connues par un pays au sortir de la guerre.  D’autant qu’il n’existe pas de modèle unique de consolidation de la paix.  Chaque cas est unique.  Les enseignements vont devoir être compilés et étudiés comme il se doit.  Si les objectifs de la Commission de consolidation de la paix ne sont pas clairs, il sera difficile de tirer un bilan de son action.  Un engagement durable des donateurs est indispensable, a poursuivi la représentante.  Le travail de la CCP se poursuit, a-t-elle ajouté.  Il doit se faire dans la transparence et rester ouvert à tous.  Le Mexique considère en outre qu’une représentation géographique équitable est indispensable.


M. KENZO OSHIMA (Japon) a estimé que pour le succès de la Commission de consolidation de la paix, tous ses membres devraient travailler main dans la main, en améliorant le dialogue et la coordination tant à New York que sur le terrain.  Il s’est félicité du premier versement au Fonds de consolidation de la paix d’un montant de 35 millions de dollars pour le Burundi, espérant que la Sierra Leone bénéficierait aussi rapidement d’une allocation de fonds.  La Commission entre maintenant dans une phase critique.  Elle doit maintenant faire la preuve de ses accomplissements dans les deux pays dont elle est saisie, a estimé M. Oshima.  À cet égard, il a suggéré qu’elle adopte des recommandations orientées vers l’action, en établissant par exemple une stratégie intégrée de consolidation de la paix pour chaque pays, dans le cadre de consultations au cours des prochains mois.  Les domaines prioritaires sont, de l’avis de sa délégation, la consolidation des institutions et la sécurité de la population.  Il est aussi essentiel de permettre aux pays concernés de faire preuve de volonté pour mettre en œuvre une stratégie de consolidation de la paix, ce que le Burundi et la Sierra Leone ont bien démontré jusqu’à présent.  M. Oshima s’est aussi prononcé en faveur de la participation de toutes les parties prenantes, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, en favorisant aussi la participation de la société civile et des ONG.  Le Japon est en faveur de la création d’un mécanisme de coordination et de contrôle sur le terrain, a ajouté son représentant.  Enfin, en termes d’organisation, M. Oshima a proposé que les Présidents de l’Assemblée générale et de la Commission tiennent régulièrement des réunions pour discuter des questions urgentes.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé qu’il convenait de clarifier non seulement le mandat de la Commission de consolidation de la paix mais tout autant la nature de la relation devant unir cet organe au Conseil de sécurité, au Conseil économique et social (ECOSOC) et à l’Assemblée générale.  Il a ainsi suggéré que la Commission soumette à l’Assemblée générale un rapport annuel sur ses activités, qui sera examiné dans le cadre d’un débat.  Pour le représentant, la Commission et l’ECOSOC doivent collaborer de manière plus étroite sur des questions comme l’allégement de la dette, le renforcement des capacités, la bonne gouvernance, le redressement économique, l’appui budgétaire et l’emploi des jeunes.  À cette fin, la Commission devrait mettre sur pied un mécanisme institutionnel lui permettant de concrétiser les dispositions figurant dans la Charte de l’ECOSOC en ce qui concerne la participation accrue de la communauté internationale dans ces domaines, a dit M. Akram.  Plaidant pour des relations plus étroites entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, ce dernier a souhaité que des propositions soient faites pour que le Conseil utilise au mieux les recommandations fournies par la Commission en ce qui concerne les cas spécifiques du Burundi et de la Sierra Leone.  Le représentant a demandé que la participation des ONG et des acteurs de la société civile aux activités de consolidation de la paix soit également clarifiée pour mieux coordonner l’action des parties prenantes sur le terrain.  Enfin, de l’avis de M. Akram, il est aussi important que le Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix soit en mesure de superviser les activités des groupes spécifiques de pays, et, au-delà, l’action collective reliant les principaux organes des Nations Unies impliqués dans les processus de consolidation de la paix. 


M. FIDELIS IDOKO (Nigéria) a d’abord estimé que la Commission de consolidation de la paix avait surmonté les problèmes de procédure qu’elle avait rencontrés dès le début de son fonctionnement.  Elle a pu identifier et tomber d’accord sur les priorités à accorder aux deux premiers pays bénéficiaires, le Burundi et la Sierra Leone.  Tout en notant que le budget pour la Sierra Leone n’a pas encore été approuvé, le Nigéria se dit confiant que cela devrait être acquis rapidement.  Des craintes ont été exprimées en ce qui concerne le double parrainage de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, qui pourrait constituer plus un inconvénient qu’un atout, a rappelé M. Idoko, en raison de possibles différends ou même d’une rivalité entre les deux organes.  À l’inverse, le Nigéria croit que le soutien conjoint de ces deux institutions est nécessaire au renforcement de la Commission de consolidation de la paix et qu’il doit être exploité pour le bénéfice global de celle-ci.  La Commission représente une lueur d’espoir pour des millions de ressortissants de pays sortant de la guerre et le Burundi et la Sierra Leone constituent des tests pour le succès ou l’échec de la Commission, a estimé le représentant du Nigéria.


Le représentant a appelé la Commission à collaborer davantage avec les acteurs sur le terrain.  Il a souhaité que son Comité d’organisation se réunisse plus régulièrement pour s’assurer que les décisions prises sont suivies d’effets.  En outre, elle se doit de consacrer plus de temps à la mobilisation des ressources.  Enfin, les membres de la Commission doivent se rendre sur le terrain pour assurer les pays affectés de l’engagement de la communauté internationale.  La Commission de consolidation de la paix a une obligation de résultats afin que l’action entreprise soit mesurable concrètement sur la vie des peuples.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam), s’associant à la déclaration du représentant du Mouvement des pays non alignés, a reconnu que les opérations de maintien et de consolidation de la paix devenaient de plus en plus complexes et faisaient peser sur les Nations Unies un fardeau sans précédent.  À cet égard, il a noté que la création de la Commission de consolidation de la paix, de son Fonds et de son Bureau d’appui, non seulement renforçait la réforme de l’ONU mais aussi fournissait des outils supplémentaires pour contrôler les activités dans ce domaine, dans le monde entier.  Le représentant a félicité la Commission de ses récents efforts, notamment en ce qui concerne la Sierra Leone et le Burundi qui ont déjà progressé dans la voie de la reconstruction nationale.  Au premier anniversaire de sa création, a-t-il souligné, la Commission devrait redéfinir et revitaliser sa mission, en établissant ses propres règles de procédure et méthodes de travail, de façon transparente et cohérente.  Il a précisé certaines améliorations, comme la coordination multidimensionnelle entre les différentes parties prenantes à la consolidation de la paix après un conflit, en lien avec les institutions financières, les ONG, la société civile et le secteur privé.  M. Trung a aussi suggéré que le soutien international soit bien canalisé afin de profiter aux secteurs prioritaires dans les pays concernés.  Il a enfin rappelé la nécessité de laisser les pays sortant d’un conflit mener par eux-mêmes les efforts en vue de la consolidation de la paix, l’aide étrangère ne pouvant à son avis remplacer les efforts nationaux.


M. IVÁN ROMERO-MARTINEZ (Honduras) a déclaré que la création de la Commission de consolidation de la paix en 2005 constituait un pas important en vue de mettre en œuvre des stratégies intégrées de consolidation de la paix, qui s’appuieraient sur des mesures fortes de relèvement des pays sortant d’un conflit.  Comment améliorer les mécanismes en place pour empêcher la recrudescence des violences, arracher à la pauvreté les pays meurtris par la guerre et les mettre sur la voie du développement durable et de la prospérité.  Telles sont les questions auxquelles la Commission de consolidation de la paix doit répondre pour satisfaire aux aspirations des peuples ayant traversé de longues périodes d’instabilité sociale et économique.  Pour le représentant, la Commission peut devenir le catalyseur d’une action de développement d’une ampleur sans précédent à l’échelle internationale, surtout si la volonté et l’engagement des parties prenantes s’inscrivent sur une longue durée.  C’est pourquoi, il est essentiel que la Commission maintienne des contacts permanents avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et l’ECOSOC.


M. Romero-Martinez a, par ailleurs, estimé qu’il faudrait régler au plus vite les problèmes frontaliers persistants qui continuent de déstabiliser des régions entières.  Les subventions agricoles et les divers obstacles tarifaires, souvent imposés de manière unilatérale, entravent le relèvement de tous les pays en situation postconflit, a-t-il conclu. 


M. SYLVESTER ROWE (Sierra Leone) a d’abord souligné le rôle essentiel auquel était appelée la Commission de consolidation de la paix pour les pays sortant d’un conflit.  Le débat d’aujourd’hui rappelle la nécessité de mobiliser une attention internationale soutenue au bénéfice de ces pays.  En d’autres termes, la nécessité de s’assurer que la communauté internationale demeure engagée à leurs côtés bien au-delà même du terme des opérations de maintien de la paix.  Pour une institution n’ayant pas plus d’un an et qui est encore à la recherche de son équilibre, la CCP commence à avoir un impact positif sur les attentes de la Sierra Leone, a estimé son représentant.  En outre, la Commission apprend de notre expérience et nous apportons notre modeste contribution à ce qu’a réalisé la Commission jusqu’à présent, a ajouté M. Rowe.  Selon lui, la Sierra Leone a facilité l’élaboration du programme de la CCP à son égard car elle avait déjà défini au préalable sa stratégie en matière de reconstruction et de développement.  M. Rowe a rappelé que 25 millions de dollars devaient être alloués par le Fonds de consolidation de la paix à son pays.  L’essentiel est la disposition des ressources en temps opportun, selon lui.


Mais, a-t-il mis en garde, la grande majorité de ses compatriotes, qui peine à joindre les deux bouts dans un des pays les moins développés au monde sortant d’une décennie de guerre civile désastreuse, a peine à saisir les concepts de stratégies intégrées et autres rapports savants.  Si nous mettons l’accent sur la mobilisation et l’octroi des ressources, a-t-il expliqué, cela résulte en particulier de l’expérience malheureuse de 1998.  À l’époque, le programme de désarmement et de démobilisation d’anciens membres des rebelles du Front uni révolutionnaire (FUR) avait été un échec parce qu’on n’avait pas pu disposer à temps des ressources nécessaires.  En conclusion, le représentant sierra-léonais a redit sa confiance dans la CCP et a estimé qu’en dépit des problèmes de départ, les perspectives sont bonnes.


M. HERALDO MUÑOZ (Chili) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix (CCP) était en train de forger son identité.  Cet organe ne saurait être qu’un simple organisme de donation même si le Fonds de la Commission est incontournable pour coordonner les efforts collectifs au bénéfice des pays sortant d’un conflit.  Par ailleurs, a ajouté le représentant, il ne faut pas limiter le rôle de la CCP à celui d’un corps délibérant, sa visée étant de prodiguer des conseils en collaboration avec les pays intéressés et les grands organismes internationaux, financiers notamment.  Pour M. Muñoz, il est indispensable de renforcer et clarifier le rôle du Comité d’organisation de la CCP, pour lui permettre d’œuvrer plus efficacement auprès des pays en situation postconflit et éviter les doubles emplois.  À cet égard, le représentant a plaidé pour une meilleure coordination entre la Commission, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, et ce, sous l’égide du Comité d’organisation.  Il convient dès à présent de décider d’un calendrier annuel du Comité, suffisamment souple pour organiser des réunions officieuses aussi bien sur les pays spécifiques ou sur toute autre question intéressant les membres de la Commission.


M. Muñoz a, par ailleurs, salué la qualité des travaux entrepris pour appuyer le Burundi et la Sierra Leone, le Bureau d’appui de la CCP ayant apporté une aide précieuse à ce niveau.  Toutefois, a recommandé le représentant, le Comité d’organisation a besoin de davantage d’éléments sur la situation sur le terrain dans ces deux pays.  En conséquence, il serait utile d’organiser des missions d’évaluation en vue de réunir l’information la plus complète possible sur les priorités auxquelles la Commission doit se consacrer en premier lieu.  M. Muñoz a conclu en disant que le critère de représentation régionale devrait être retenu pour désigner les délégations qui effectueraient de telles missions.


M. IGOR SHCHERBAK (Fédération de Russie) a indiqué que la Commission de consolidation de la paix était un organe unique comblant un manque fondamental dans l’architecture des organes de l’ONU.  Bien qu’elle soit actuellement embryonnaire, a-t-il dit, elle devrait jouer un rôle fondamental dans l’avenir.  La Commission doit être un partenaire fiable aidant les pays concernés à se relever tout en évitant la tentation d’élaborer des plans excessivement ambitieux, a ajouté le représentant russe.  Celui-ci estime que la Commission de consolidation de la paix doit faire preuve de pragmatisme et s’appuyer sur le Bureau d’appui à la consolidation de la paix.


L’aide de la communauté internationale doit se faire de manière concertée, ce qui explique l’importance du Fonds de consolidation.   La Commission elle-même en revanche ne doit pas se substituer aux donateurs car elle n’en est pas un.  La Commission obéit à un principe de complémentarité, à l’intersection de diverses instances onusiennes, et ne doit surtout pas faire double emploi avec d’autres actions.  Cela nécessite une répartition claire des tâches, a-t-il rappelé.  Un partenariat étroit doit présider au travail de la Commission avec les trois instances ayant présidé à sa naissance, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social.


M. YOUNG-JIN CHOI (République de Corée) s’est félicité que la Commission de consolidation de la paix, qui est devenue récemment opérationnelle, commence déjà à jouer son rôle en proposant des recommandations sérieuses concernant deux pays.  C’est le signe que la communauté internationale reconnaît l’importance croissante de la consolidation de la paix, a-t-il remarqué, les efforts dans ce sens constituant le meilleur investissement qui soit pour les États Membres.  La création de cette Commission permet de combler des lacunes et de faire le lien en la matière entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, l’ECOSOC et les autres acteurs comme les institutions financières internationales.  M. Choi a aussi émis l’espoir que la Commission serait de plus en plus orientée vers l’action, de façon à établir des consultations et coordonner ses travaux avec les organes des Nations Unies concernés, en travaillant dans la transparence pour permettre aux États Membres d’exercer une surveillance.  La République de Corée a contribué au Fonds de consolidation de la paix à hauteur de 3 millions de dollars, a ajouté le représentant.  Enfin, il a souhaité voir les États et les sociétés sortant d’un conflit à participer activement à la consolidation de la paix.  Les gouvernements devraient donc être renforcés dans les processus de consolidation de la paix, sauf dans les cas exceptionnels d’incompétence d’une autorité nationale, a-t-il souligné.


M. CESAR MAYORAL (Argentine) a affirmé que l’établissement de la Commission de consolidation de la paix (CCP) devait s’accompagner d’un financement adapté à la tâche qui lui a été confiée par les États Membres.  Le Fonds de consolidation de la paix doit devenir l’instrument de choix qui permettra d’inscrire dans la durée l’appui de la communauté internationale à la reconstruction des pays sortant d’un conflit, a ajouté M. Mayoral.  Pour ce dernier, il est nécessaire que les pays aidés par la CCP participent activement aux réunions des Nations Unies au cours desquelles leurs propres situations sont examinées.  La présentation par les gouvernements, les autorités locales et les représentants de la Commission offre l’opportunité d’entendre des analyses détaillées rendant compte de manière très précise de la réalité sur place.  M. Mayoral a estimé que si la Commission disposait d’une telle information, il serait plus simple d’identifier les priorités et, ce faisant, d’évaluer avec précision le montant des ressources à allouer.  Enfin, il a tenu à saluer l’entrée du Panama au sein de la Commission, cet élément allant dans le sens d’une représentation régionale plus équilibrée.


Mme JANINA HŘEBĺČKOVÁ (République tchèque) a rappelé l’engagement actif de son pays au sein de la Commission de consolidation de la paix.  Celle-ci doit axer son action sur des questions concrètes et ne pas s’enliser dans des manœuvres de procédures bureaucratiques, a-t-elle souligné.  La paix doit être fondée sur la réconciliation, mais, pour être permanente, elle doit reposer aussi sur la primauté du droit, la participation de la société civile et la liberté de l’information, a souligné la déléguée.


Quant au Fonds de consolidation de la paix, son rôle doit être celui d’un catalyseur, a-t-elle estimé.  Les montants qui y sont alloués sont certes importants, mais il est encore plus important, à son avis, de faire un bon choix de projets qui soient orientés sur les problèmes et les besoins les plus immédiats.  Toutefois, nous devons nous garder de croire que le Fonds peut financer toutes les activités de consolidation de la paix, a enfin souligné la représentante.


M. PIRAGIBE TARRAGÔ (Brésil) a considéré que l’Assemblée générale, en tant que forum le plus démocratique des Nations Unies, était l’organe le plus approprié pour débattre de la question de la Commission de consolidation de la paix.  Les États Membres, et spécialement ceux qui sortent d’un conflit, ont des grandes espérances avec les premiers travaux de la Commission, qui est un produit du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, étroitement liée aussi à l’ECOSOC, a relevé le représentant.  Nous avons cependant exprimé nos préoccupations à maintes reprises au Comité d’organisation en ce qui concerne les méthodes de travail de la Commission qui, de l’avis du représentant brésilien, ne sont pas encore fixées de façon définitive.  Quant aux règles de procédure, il a relevé qu’elles avaient donné lieu à de longs débats sur des questions de moindre importance.  Le représentant s’est ensuite réjoui de ce que deux pays africains aient été sélectionnés pour être à l’ordre du jour des réunions de la Commission.  Il a suggéré que la Commission consulte les pays sélectionnés, au cours du processus de consolidation de la paix, et coordonne ses efforts avec ceux du Conseil de sécurité et de l’ECOSOC.  De l’avis de la délégation, il faut aussi que le Conseil de sécurité veille à ne pas amorcer un retrait trop précoce des troupes de maintien de la paix, afin d’éviter de compromettre la reconstruction postconflit.  Enfin, il a souhaité que l’Assemblée générale aide la Commission de consolidation de la paix à gagner légitimité et autorité en tant qu’organe de conseil du système des Nations Unies.


M. HJALMAR W. HANNESSON (Islande) a jugé important de faire en sorte que le travail de la Commission soit souple et orienté vers les résultats.  Son approche doit être globale et mettre un accent fort sur des recommandations concrètes, a-t-elle souligné, affirmant que le respect des droits de l’homme constituait un aspect fondamental de cette approche. Il a par ailleurs insisté sur la nécessité d’un suivi et d’une mise en œuvre pratique et systématique des recommandations faites lors des réunions d’examen, ainsi que la nécessité de développer des relations de travail suivies entre la Commission, le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social.  En toutes choses, a-t-il préconisé, il faut se concentrer sur l’efficacité, la complémentarité et l’élimination des doubles emplois.


Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a estimé que l’un des rôles centraux de la Commission de consolidation de la paix sera d’identifier les avantages comparatifs des entités internationales et nationales pertinentes qu’elle est censée coordonnée.  Elle a souligné qu’en la matière, la Commission ne doit pas créer plus de complexité dans les processus existants ni faire de la microgestion des activités entreprises par les pays  concernés.  Les priorités de la phase de reconstruction doivent être établies par les gouvernements nationaux tant il est vrai que l’appropriation nationale est de la plus grande importance.  La représentante a poursuivi en disant que l’autre rôle central de la Commission est de canaliser les ressources nécessaires à une situation postconflit, en particulier lorsque le pays concerné ne fait plus la « une » des journaux.  L’appui de la communauté internationale est en l’occurrence crucial.  Elle doit, en collaboration avec le pays concerné, se concentrer sur le développement d’un modèle économique et de paix durables. 


Compte tenu de la nature multidimensionnelle des conflits, il est impératif, a encore dit la représentante, que la Commission adopte une approche globale lorsqu’elle propose des stratégies intégrées.  Dans ce cadre, le Conseil économique et social a un rôle important à jouer, compte tenu des compétences de ses organes techniques et de ses commissions régionales.  Entre la Commission et le Conseil, il faut un échange régulier d’enseignements tirés de l’expérience et des meilleures pratiques.  La représentante a d’ailleurs suggéré au Conseil de choisir « la reconstruction postconflit » comme thème de son prochain segment ministériel.  Après avoir souligné le rôle de la société civile, elle a conclu en commentant le travail que la Commission effectue sur le Burundi et la Sierra Leone.  Elle a conseillé à la Commission de surveiller également les progrès dans les autres domaines clefs identifiés dans les « Résumés des réunions sur les pays ».  La Commission doit tenir des réunions plus fréquentes et plus structurées et réaliser qu’un Comité d’organisation fort ne peut qu’améliorer son travail.


Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) a rappelé que son pays était membre de la CCP et avait une expérience considérable en matière de consolidation de la paix.  Pour la première fois, a-t-elle rappelé, l’ONU dispose d’un instrument susceptible de combler une lacune dans les mécanismes de consolidation de la paix des Nations Unies.  Pour la première fois, par conséquence, les pays sortant d’un conflit ont de meilleures chances de paix durable, a-t-elle noté.


Elle a par ailleurs estimé qu’une stratégie de développement durable devait comprendre par définition des objectifs à long terme, particulièrement en matière d’éducation.  Il faut une coordination d’ensemble impliquant aussi les donateurs bilatéraux, a souligné la représentante, affirmant que l’utilité de la CCP ne pourrait être jugée le moment venu qu’à l’aune de son impact sur le terrain.


M. MUHAMMAD ALI SORCAR (Bangladesh) a indiqué que la Commission, le Bureau d’appui et le Fonds de la consolidation de la paix, créés pour pallier les lacunes institutionnelles de l’ONU, devaient coopérer harmonieusement en évitant tout chevauchement de compétences tandis que le Comité d’organisation devrait chapeauter l’ensemble des activités de consolidation de la paix.  Par ailleurs, il incombe aux gouvernements des pays sortant de conflits d’établir leurs priorités nationales et de guider les efforts de l’ONU en la matière.  Il a à cet égard pris l’exemple de son pays dont les décennies d’efforts, et notamment des initiatives comme le microcrédit et l’éducation informelle des femmes, ont permis de parvenir à une situation macroéconomique stable.  Il est par ailleurs impératif de construire des institutions politiques pluralistes propices à la mise en œuvre et au développement des activités de consolidation de la paix, a-t-il poursuivi, soulignant que l’instauration d’un climat de confiance mutuelle était la clef pour mettre un terme aux hostilités.  De même, il a recommandé la mise en œuvre d’un processus de réconciliation et d’un système de responsabilité.  Toutefois, les efforts gouvernementaux ne pouvant suffire, il importe que l’action du pays soit soutenue par le secteur privé, la société civile et les partenaires de développement, a-t-il affirmé, rappelant que les ONG avaient joué un rôle important dans son pays.  Il a à cet égard encouragé à partager le savoir-faire qui a contribué à leur succès.


M. ANDERS LIDÉN (Suède) a souligné que la création de la Commission de consolidation de la paix (CCP) constituait l’une des avancées majeures du processus de réforme de l’ONU lancé en 2005.  Après avoir rappelé que son pays avait participé aux premières réunions sur la Sierra Leone, M. Lidén a évoqué les défis et les lacunes auxquels on devait faire face.  Pour la Suède, le travail de la CCP se doit d’être encore plus concret, avec une coordination systématique de tous les intervenants en précisant bien ce que l’on attend d’eux.  La Suède estime évident que l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC ont tous trois un rôle à jouer à condition d’éviter les doubles emplois, ce qui implique une coordination étroite entre les trois institutions onusiennes.  Mais d’autres institutions telles que le PNUD ont aussi un rôle fondamental.


Le représentant a fait remarquer que, dans un premier temps, la Commission de consolidation de la paix devrait éviter de se disperser afin de renforcer son rôle.  On ne doit pas perdre de vue, a-t-il estimé, d’envisager de prendre en charge d’autres situations de sortie de crise même si, à ce stade, il est encore prématuré de s’engager pour d’autres pays.  Le Fonds de consolidation de la paix est fondamental et doit avoir un rôle de catalyseur en soutenant les activités de base d’édification de la paix, a souligné le représentant suédois.  Pour lui, la « valeur ajoutée » de la Commission de consolidation de la paix se fera sentir dans les premières étapes qui suivront la fin d’un conflit.


M. PRASAD KARIYAWASAM (Sri Lanka) a rappelé que la tâche de la Commission de consolidation de la paix (CCP) était de renforcer la coordination entre tous les acteurs en s’appuyant sur des stratégies intégrées, et de contribuer au financement de la phase déterminante de redressement économique postconflit.  Dans ce cadre, a ajouté le représentant, il est indispensable de préserver l’intégrité du Comité d’organisation, l’autorité supervisant les activités de consolidation de la paix menées conjointement à New York et sur le terrain.  Il a par ailleurs insisté sur le fait que chaque situation postconflit était unique, les spécificités de chaque cas devant être prises en compte pour, notamment, évaluer les ressources à consacrer à tel ou tel volet du processus de reconstruction, a dit M. Kariyawasam.  Ainsi, certaines situations requièrent davantage de fonds pour appuyer le développement économique que d’autres pour accélérer le passage de la phase de relèvement à la paix durable.  Dans ce cadre, a ajouté le représentant, il est vital que les autorités nationales respectent l’engagement qu’ils ont pris d’identifier les priorités et de définir les stratégies postconflit indispensables à la bonne marche de la Commission.  Pour le représentant, les gouvernements doivent tout mettre en œuvre pour qu’à terme, leurs pays soient en mesure de prendre eux-mêmes en main le processus de consolidation de la paix.  Ce principe est celui sur lequel la communauté internationale doit s’appuyer pour assister efficacement les pays à l’ordre du jour de la CCP.


Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni), s’associant à la déclaration faite par l’Allemagne au nom de l’Union européenne, a estimé que la Commission devait fonctionner selon six critères fondamentaux, à savoir: avoir une vision globale de la consolidation de la paix, engager la plus large participation d’acteurs, fournir une analyse précise et honnête des progrès et des difficultés, recommander des actions relayées par les institutions concernées, assurer le suivi de ces recommandations, et tenir compte des acquis des leçons tirées.  Elle a également estimé que l’Assemblée générale et la Commission devraient travailler ensemble dans deux domaines particuliers, l’un ayant trait au rôle de contrôle de l’Assemblée générale sur la Commission, l’autre ayant trait au rôle consultatif de la CCP par rapport au Conseil économique et social et à l’Assemblée générale.  Elle a par ailleurs déclaré que le Bureau d’appui au maintien de la paix devait servir de secrétariat à la Commission, aider les équipes de pays et être le dépositaire des expériences passées.  En conclusion, la représentante a recommandé que la Commission dispose d’un calendrier de réunions et de mécanismes de consultations bien établis avec les gouvernements nationaux.


M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la valeur ajoutée de la Commission de consolidation de la paix tenait à sa capacité d’intervenir sur des problématiques spécifiques aux processus de consolidation de la paix, de manière concentrée et en s’attaquant, étape par étape, aux défis les plus pressants.  La participation aux travaux de la Commission de tous les acteurs pertinents sur le terrain est à cet égard fondamentale, en particulier les États de la région mais aussi les donateurs institutionnels, a ajouté le représentant.  M. de Rivière a par ailleurs estimé que l’identification d’objectifs et de priorités partagés par tous les intervenants et la coordination de leurs actions selon un calendrier d’engagement durable pourraient permettre à la Commission de devenir un outil essentiel pour ancrer les pays en sortie de crise dans la paix et le développement durables.  Avec le Bureau d’appui, a-t-il dit, le Fonds de consolidation de la paix, destiné à agir comme un catalyseur, constitue un outil important pour assurer que l’action de la Commission se concentre sur les priorités immédiates, comble les lacunes et dégage des résultats concrets.  Le représentant a annoncé que c’était dans cette perspective que le Gouvernement français avait l’intention de contribuer au Fonds pour 1 million d’euros.  Il a en outre affirmé qu’au-delà des projets financés par le Fonds, le travail de la Commission devrait aussi déboucher sur une meilleure allocation des ressources et sur une implication renforcée de tous les acteurs, à commencer par les autorités des pays concernés.  Celles-ci doivent bien entendu être associées étroitement à la préparation et à la conduite des travaux de la Commission, a recommandé M. de Rivière, avant de rendre hommage au travail réalisé par les autorités du Burundi et de la Sierra Leone, en liaison avec les Nations Unies et les autres acteurs.


Mme KIRSTI LINTONEN (Finlande) a estimé que la mise en œuvre des recommandations de la Commission était une mission de taille.  La consolidation durable de la paix au Burundi et en Sierra Leone présuppose ainsi des efforts dans les domaines liés de l’engagement politique, de la sécurité, de la bonne gouvernance, du développement et de l’aide d’urgence à destination de populations dans le besoin. Le représentant a ajouté que la définition de priorités nationales en matière de lutte contre la pauvreté contribuerait à assurer sur la durée la réalisation des objectifs de consolidation de la paix.  Dans ce contexte, a-t-il dit, il est important que la société civile et les organisations non gouvernementales, y compris les associations de femmes, les organisations de jeunes et le secteur privé, participent pleinement aux travaux de la Commission au niveau national.  M. Lintonen a en outre jugé indispensable d’encourager les réformes juridiques des pays visés par la Commission, les situations postconflit requérant des stratégies de redressement national sur le long terme et, parallèlement, la protection des droits de l’homme des victimes les plus vulnérables. 


M. LIU ZHENMIN (Chine) a rappelé que l’une des fonctions principales de la Commission de consolidation de la paix était de donner des conseils aux pays sortant de la guerre.  La Commission devrait adopter des stratégies tournées vers l’action sans chercher à affiner des concepts, a-t-il estimé, soulignant que la Commission se devait d’être extrêmement concrète.  Son rôle sera d’autant plus efficace qu’elle sera capable de coordonner l’intervention des parties intéressées et des protagonistes.  Les trois grandes institutions que sont l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC) doivent fournir chacun un apport spécifique, selon le représentant de la Chine.  Il est de la responsabilité commune des États Membres d’assurer le succès d’une Commission créée par ces organes principaux de l’ONU, a-t-il conclu.


M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a souligné la nécessité de créer des emplois pour les jeunes car ceux-ci constituent le premier vivier de recrutement des groupes armés.  Il y a un rapport direct, a-t-il rappelé, entre niveau de chômage et niveau de violence.  Il est essentiel que les pays jouent un rôle de premier plan dans le processus de consolidation de la paix, leur engagement étant indispensable si l’on ne veut pas courir le risque de voir la CCP comme une instance qui impose ses solutions.  Par ailleurs, il faut éviter de créer une culture de donations et de bénéficiaires, la CCP n’étant pas un bailleur de fonds, a-t-il rappelé.


M. Rosselli a également déploré la faiblesse de la représentation latino-américaine au sein de la Commission et souligné la nécessité de mettre en place des indicateurs de reconstruction qui ne se bornent pas à l’organisation d’élections.  En effet, la majorité des pays qui parviennent à sortir de la guerre et de la violence y retombent bien souvent, a-t-il constaté, estimant qu’il fallait disposer d’indicateurs véritables permettant de mesurer le degré de stabilité dans ces pays.  Parmi ces indicateurs, il devrait y avoir le désarmement et le rôle des femmes dans la reconstruction et l’édification d’un état de droit.  Le représentant de l’Uruguay a également souhaité que la CCP s’intéresse progressivement à d’autres pays, dont, notamment, Haïti.  Il a aussi rappelé que son pays était au septième rang des fournisseurs de contingents de Casques bleus, et au premier rang des contributeurs par habitant.


M. RICHARD T. MILLER (États-Unis) a déclaré que son pays était pleinement engagé à appuyer les États concernés par les travaux de la Commission de consolidation de la paix.  Il a ajouté que la Commission avait été créée conjointement par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, et que l’organisation de ses travaux était complexe.  Cette complexité, a-t-il dit, peut être une force si les États Membres accordent une attention plus grande et un ferme soutien aux travaux de la Commission.  Nous devons toutefois veiller à ce que les rivalités institutionnelles et les débats sur les questions de procédure ne sapent pas l’efficacité de cet organe.  M. Miller a affirmé que personne sur le terrain ne s’intéresse aux discussions qui se tiennent dans les salles de conférence du Siège de l’ONU.  Les citoyens des pays sortant de nombreuses années de conflit ne se soucient que des résultats.  Le représentant a rappelé que les États Membres étaient tous d’accord sur la nécessité de mettre en place des stratégies intégrées et de tout faire pour aider les pays qui en ont besoin à renforcer leurs institutions afin d’empêcher la reprise des violences.  Il a conclu en disant que le succès de la Commission serait jugé uniquement à l’aune des progrès accomplis dans l’amélioration du bien-être dans les sociétés postconflit. 


M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a noté l’ampleur de l’effort nécessaire sur le terrain pour que la CCP puisse remplir son mandat, estimant par ailleurs indispensable l’établissement d’un lien organique entre la Commission et l’ECOSOC, du fait que la majorité des domaines d’intervention concerne l’économique et le social.  Il est important aussi de tirer les enseignements des pays ayant connu des expériences similaires, même si chaque situation est unique, a-t-il poursuivi, citant comme modèle le rôle joué par le Salvador. Par ailleurs, le représentant a estimé que le Fonds de consolidation de la paix et le Bureau d’appui constituaient les piliers de l’action de la CCP dans ses rapports avec les missions de maintien de la paix.  Le représentant a également affirmé qu’au cas où le Conseil de sécurité, instance peu démocratique à son avis, se montrait impuissant à régler les grands problèmes, la CCP, en lien avec l’Assemblée générale, aurait un rôle clef à jouer.


M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a déclaré qu’au cours du récent débat du Conseil de sécurité, un consensus avait été trouvé sur le rôle dévolu à la Commission.  Ce qui importe, a-t-il précisé, n’est pas de savoir qui a la prééminence entre le Conseil, l’Assemblée générale ou le Conseil économique et social, mais bien de s’accorder sur la nature des actions que doit mener la Commission.  Pour les peuples, la seule question qui vaille est de savoir comment l’ONU peut les aider à revenir dans le concert des nations démocratiques et prospères.  Le représentant a estimé que l’action des Nations Unies dans les pays sortant d’un conflit devait être guidée par la solidarité des 192 États Membres, chacun d’entre eux contribuant à l’œuvre collective en fonction de ses moyens.  Le rôle spécifique de la Commission est de combler le vide qui enferme les pays sortant d’un conflit dans la répétition des violences, de relever le défi du passage entre le moment où la paix se négocie et celui de la reconstruction.  Dans ce cadre, il convient de rappeler que le Fonds de la Commission est ouvert à la contribution volontaire de tous.  Le représentant a noté par ailleurs que les progrès accomplis au Burundi et en Sierra Leone démontraient qu’après seulement sept mois d’existence, la Commission était sur la bonne voie.  À nous de faire en sorte que ce qui a été décidé ne reste pas lettre morte, a-t-il conclu.


M. HUGO PEREYRA (Pérou) a estimé que pour construire un processus de paix viable et durable, il était absolument nécessaire que les protagonistes des conflits s’engagent dans le processus et qu’ils le conduisent de manière responsable.  C’est le seul moyen de se prémunir contre la répétition d’actes violents qui risque d’anéantir les progrès accomplis, a noté le représentant. 


Abordant les aspects économiques des efforts de reconstruction, le délégué a estimé qu’il fallait formuler des programmes susceptibles d’attirer la participation des entrepreneurs, tout en renforçant les institutions publiques.  C’est la seule façon d’assurer qu’il y a convergence des intérêts particuliers et de l’intérêt général et que les programmes de reconstruction sont réalisés dans la transparence. 


M. LESLIE K. CHRISTIAN (Ghana) a déclaré qu’alors que l’Afrique s’efforce de mettre fin aux conflits et à la pauvreté, le rôle de la Commission au Burundi et en Sierra Leone aura un impact positif sur des millions de personnes à travers le continent.  Le mandat de cet organe, a ajouté le représentant, en fait l’un des piliers du multilatéralisme au XXIe siècle.  À ses yeux, la coopération en matière de développement peut faire la différence dans les segments les plus vulnérables des sociétés sortant de la guerre et de la violence.  Pour le représentant, si la Commission n’est pas une agence de donateurs, en mobilisant les parties prenantes, elle pourrait en revanche servir de lieu de dialogue et de coopération entre les acteurs nationaux et la communauté internationale.  Un tel forum permettrait de partager les expériences bénéfiques résultant du partenariat entre les Nations Unies, les bailleurs de fonds, les institutions financières, les organisations non gouvernementales et la société civile.  M. Christian a en outre estimé qu’il était impératif qu’à terme les pays s’approprient le processus de consolidation de la paix en améliorant leur bonne gouvernance, dans le but de devenir des partenaires plus crédibles auprès des acteurs du développement. 


M. JEAN-MARIE EHOUZOU (Bénin) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix devrait s’efforcer de comprendre les causes profondes des conflits et les sources de tension.  Il convient également d’évaluer les moyens à mettre en œuvre pour atténuer ces tensions et inverser la tendance.  De ce point de vue, a-t-il dit, nous pouvons nous féliciter des avancées réalisées par la Commission dans le cas du Burundi et de la Sierra Leone.  Cependant, a ajouté le représentant, la lenteur constatée dans la mobilisation des ressources appelle à plus de diligence de la part des structures compétentes des Nations Unies.  C’est pourquoi, il faudra que le Fonds de consolidation de la paix soit doté d’un mécanisme de décaissement allégé pour permettre un déblocage rapide des ressources en vue de soulager les pressions sociales auxquelles les pays concernés font face, le souci majeur étant de préserver la stabilité des institutions nationales.  S’agissant toujours du financement, le représentant a jugé qu’il convenait d’apporter une attention particulière aux activités à caractère social entrant dans le cadre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). 


M. Ehouzou a par ailleurs noté qu’il importait que le Conseil de sécurité mette la Commission à contribution pour doter les nouvelles missions de paix de mandats intégrés, et ce, pour permettre de considérer ces missions comme des parties intégrales d’un même processus de consolidation de la paix.  L’accent doit être mis, dans l’immédiat, sur le règlement par les moyens du droit des problèmes posés par la recrudescence de la violence et les violations des droits de l’homme dans les sociétés en phase de relèvement.   


M. JORGE URBINA ORTEGA (Costa Rica) a rappelé que la création de la Commission de consolidation de la paix concrétisait une vision selon laquelle les Nations Unies se devaient d’aller beaucoup plus loin et ne pas se contenter de mettre fin aux hostilités.  Il s’agit aujourd’hui d’une « nouvelle ONU », une organisation qui aide à construire et à reconstruire le tissu social et institutionnel des pays ayant sombré dans la guerre et la violence.  Les pays d’Amérique centrale se sentent particulièrement concernés par la Commission de consolidation de la paix dans la mesure où il y a 25 ans, la région était déchirée par la guerre.  Il y a 20 ans, a-t-il rappelé, en facilitant la signature des Accords d’Esquipulas qui ont mis fin aux hostilités, les Nations Unies ont joué un rôle crucial.  Leur intervention a été un des succès de l’histoire de l’Organisation, a souligné le représentant du Costa Rica.  Si la Commission de consolidation de la paix apprend en faisant, comme l’a fait observer le représentant de l’Allemagne, alors les pays d’Amérique centrale ont beaucoup à apporter, a-t-il ajouté.  Notre voie n’a pas été facile et c’est la raison pour laquelle elle est pleine d’enseignement pour la Commission.  Rien ne peut remplacer la légitimité des Nations Unies aux yeux de tous les belligérants et de tous les peuples de la planète, a-t-il ajouté avant d’appeler de ses vœux que soient réglés les problèmes de procédure afin de rendre plus concrète l’action de la Commission.


M. FERNANDO VALENZUELA de la Communauté européenne a indiqué que son organisation s’associait à tous les orateurs ayant souligné la nécessité d’agir sur le terrain car c’est là qu’il sera possible de mesurer l’efficacité de la Commission.  La Communauté européenne a prévu une enveloppe de 250 millions de dollars pour chacun des deux pays concernés, le Burundi et la Sierra Leone, a-t-il déclaré.  M. Valenzuela a souligné le rôle du Fonds de consolidation de la paix en tant qu’instrument souple, un rôle que les organismes de développement classiques ne peuvent pas jouer aussi facilement.  Il a estimé que ce Fonds se doit d’être plus qu’un mécanisme de financement ou de coordination des donateurs, affirmant que la Communauté européenne s’intéressait vivement au développement de ce concept stratégique de consolidation de la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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