APRÈS SON VOYAGE EN ANTARCTIQUE, NOUVEL AVERTISSEMENT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES: « SI NOUS NE FAISONS RIEN, UNE CATASTROPHE MONDIALE EST À PRÉVOIR »
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APRÈS SON VOYAGE EN ANTARCTIQUE, NOUVEL AVERTISSEMENT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES: « SI NOUS NE FAISONS RIEN, UNE CATASTROPHE MONDIALE EST À PRÉVOIR »
(Publié le 21 novembre – retardé à la traduction)
On trouvera ci-après le texte de la déclaration que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, a faite en présence de la Présidente de la République du Chili, Michelle Bachelet Jeria, le 10 novembre à Santiago:
Bonsoir à tous. J’ai beaucoup voyagé dans ce magnifique pays qui est le vôtre. Comme vous le savez, j’y ai fait l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie, une expérience qui m’a ouvert les yeux à bien des égards.
Je suis venu ici pour trois raisons. Tout d’abord, pour affermir encore le partenariat déjà solide entre l’Organisation des Nations Unies et le Chili. Vous avez envoyé des soldats de la paix au Liban, à Chypre et surtout en Haïti, 514 soldats pour être précis. Nous ne pourrions pas mener à bien notre mission sans vous. Vous êtes aussi un modèle pour la réalisation de nos ambitions que sont les Objectifs du Millénaire pour le développement. En effet, vous êtes dans les temps, voire bien en avance, dans chaque domaine ou presque, ce dont je vous félicite vivement.
Permettez-moi de vous féliciter aussi, Madame la Présidente, pour la façon dont vous avez mené cette conférence ibéro-américaine. Grâce à vous, le Chili est une véritable force de cohésion sociale dans toute la région.
Je suis venu ici enfin, et avant tout, en vue de tirer une sonnette d’alarme. J’ai voulu me rendre compte par moi-même des effets des changements climatiques au Chili. J’ai toujours pensé que la question du réchauffement climatique devait être examinée au plus vite. Néanmoins, je me suis rendu compte durant ce voyage que je n’avais pas apprécié à quel point il y avait urgence. Je crois aujourd’hui, plus fermement que jamais auparavant, qu’une catastrophe mondiale est à prévoir si nous ne faisons rien.
Je n’exagère pas. Hier, j’étais en Antarctique. Les conversations que j’ai eues avec les chercheurs qui travaillent là-bas m’ont un peu effrayé. Vous avez entendu parler de la fameuse plate-forme glaciaire Larsen qui s’est effondrée puis a disparu il y a quelques années. Cette plate-forme longue de 87 kilomètres a totalement disparu en l’espace de quelques semaines. Elle était aussi grande que certains petits États.
Ce qui m’inquiète, c’est le risque que le « phénomène Larsen » se reproduise à une échelle bien plus grande. Les chercheurs m’ont dit à ce sujet que toute la plate-forme glaciaire de l’Antarctique Ouest était menacée.
Cette dernière est entièrement composée de glace flottante, tout comme la plate-forme Larsen, et elle représente un cinquième de la surface du continent. Si elle venait à rompre, le niveau des océans pourrait croître de 6 mètres, ou 18 pieds. Pensez-y. Pensez à l’effet que cela aurait sur la côte du Chili. Cela peut se produire dans 100 ans comme dans 10 ans, mais, si cela se produit, il se peut que les choses aillent très vite, c’est-à-dire quasiment du jour au lendemain du point de vue géologique.
Je ne fais pas de catastrophisme et je n’ai pas non plus l’intention de vous effrayer. Cependant, nous en sommes à un point critique. Ce que nous voyons est un signe avant-coureur de ce qui nous attend.
Le Chili émet une faible quantité des gaz à effet de serre à l’origine du réchauffement climatique, mais il en subit les conséquences. J’ai passé la journée d’aujourd’hui au parc national Torres del Paine, qui est vraiment magnifique. Ce fut une journée exaltante. Tout était si beau, si parfait et si majestueux, mais en même temps si troublant. Nous assistons à la disparition de tout cela. La neige et la glace des Andes fondent beaucoup plus vite qu’on ne le pense, comme en Antarctique.
Actuellement, le glacier Grey rétrécit cinq fois plus vite qu’il y a quelques années. Il a reculé de trois kilomètres depuis 1985 et ce rythme s’accélère.
Il en va de même ailleurs au Chili. Vos chercheurs m’ont dit que près de la moitié des 120 glaciers qu’ils surveillaient rétrécissaient deux fois plus vite que 10 ou 20 ans auparavant. Parmi ces glaciers figurent ceux des montagnes à l’extérieur de Santiago, qui fournissent de l’eau douce à six millions de personnes. Que se passera-t-il s’ils viennent à disparaître, ou quand ils disparaîtront?
Plus au nord du Chili, la sécheresse s’accentue et les précipitations diminuent. L’industrie minière est menacée par le manque d’eau. C’est pourtant un pilier de l’économie du point de vue des exportations comme de celui de l’emploi. L’agriculture et la production hydroélectrique sont elles aussi menacées.
Il est par conséquent primordial que nous joignions nos efforts. Nous devons sauver notre précieuse planète pour éviter qu’elle ne devienne, comme Madame la Présidente l’a dit à New York en septembre dernier, une sorte d’immense île de Pâques entièrement dépourvue d’hommes et de femmes et ne comportant que de mystérieuses sculptures témoignant de leur disparition.
Nous ne pouvons lutter contre le réchauffement climatique qu’en coordonnant nos efforts au plan international. C’est pourquoi je compte sur l’appui du Chili tandis que nous allons de l’avant avec la présente mission d’enquête et la conférence au sommet sur les changements climatiques qui se tiendra le mois prochain à Bali.
Madame la Présidente, je compte sur votre détermination. Vous et votre gouvernement avez très largement contribué à l’organisation de ma mission, qui n’aurait pas pu être une réussite sans l’attention particulière que vous lui avez accordée.
Dans quelques jours, lorsque je me trouverai à Valence pour rendre public le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, je parlerai de tout ce que j’ai vu et appris ici, au Chili, mais aussi en Antarctique. Ce rapport donne à réfléchir, et je mettrai l’accent sur ses conclusions devant les dirigeants du monde entier qui se réuniront à Bali au début du mois prochain.
Madame la Présidente, vous et votre gouvernement êtes des alliés indispensables dans la lutte mondiale contre les changements climatiques. Vous connaissant, je ne doute pas qu’ensemble nous pourrons largement contribuer à mobiliser les énergies politiques en faveur du changement.
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