RECEVANT UNE DISTINCTION HONORIFIQUE AU KENYA, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE QU’IL FAUT ÉVITER QUE LES PROBLÈMES PROPRES À UN PAYS NE SE TRANSFORMENT EN PROBLÈMES RÉGIONAUX
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RECEVANT UNE DISTINCTION HONORIFIQUE AU KENYA, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE QU’IL FAUT ÉVITER QUE LES PROBLÈMES PROPRES À UN PAYS NE SE TRANSFORMENT EN PROBLÈMES RÉGIONAUX
(Publié le 22 février - retardé à la traduction)
On trouvera ci-après le texte de l’allocution prononcée ce jour par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, lorsqu’il a reçu la Grande Croix de l’Ordre du Cœur d’Or des mains du Président kenyan Mwai Kibaki, au Parlement de Nairobi:
Je suis particulièrement heureux de recevoir cette distinction honorifique. L’ONU est chez elle ici, au Kenya. Deux grands programmes y ont leur siège: le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) et ONU-Habitat (Programme des Nations Unies pour les établissements humains), et tous les organismes, fonds et programmes des Nations Unies y exercent des activités. J’ai le plaisir de vous dire, Monsieur le Président, que tous se sentent chez eux, qu’ils ont été bien accueillis et bien traités. J’espère que nous avons été à notre tour de bons citoyens et que nous ne vous avons pas causé d’ennuis.
J’aimerais vous remercier, Monsieur le Président, ainsi que le Gouvernement et le peuple kényans, de l’appui sans faille que vous m’avez apporté au cours de ces 10 dernières années. Ces années ont été extraordinaires à plus d’un titre – difficiles, parfois frustrantes, mais aussi passionnantes et prenantes. Tout au long de la décennie, j’ai été très conscient des besoins du continent africain et de la nécessité de conjuguer nos efforts, de nous employer à résoudre les conflits qui ont défiguré ce continent et créé tant de difficultés pour nos frères et nos sœurs dans certains pays, et aujourd’hui dans votre région, en Somalie, au Darfour, et ailleurs sur le continent. À moins de régler ces conflits, il nous sera extrêmement difficile de nous consacrer au problème principal que constitue le développement social et économique. Personne n’investit dans un quartier dangereux et de par le monde, certains considèrent l’Afrique comme un continent en crise, un continent miné par les antagonismes. Et pourtant parfois, lorsque des gouvernements essaient de donner des conseils à leurs voisins, de leur dire d’adopter les bonnes politiques, de respecter les droits de leurs peuples, on nous réplique qu’il s’agit des affaires intérieures d’un État et que nous n’avons pas à nous en mêler.
Même nous – je sais, Monsieur le Président, que ce n’est pas un secret – les présidents africains, nous hésitons en règle générale à nous ingérer dans les affaires intérieures d’autres États. Mais ces problèmes, ces crises, qu’ils se produisent au Kenya, en République démocratique du Congo ou au Libéria, ne restent pas confinés à un seul État. Ils s’étendent tôt ou tard à la région tout entière. Ils créent des réfugiés, les armes envahissent la région et déstabilisent les sociétés, et c’est la raison pour laquelle, au moment où je m’en vais, j’espère que les dirigeants africains considéreront les problèmes de leur voisin comme les leurs et qu’ils interviendront sans tarder, avant qu’ils ne se transforment en problèmes régionaux. J’ai également essayé de mettre l’accent sur les trois piliers des activités des Nations Unies – à savoir la paix et la sécurité, le développement, les droits de l’homme et l’état de droit. Je suis très heureux de constater, en quittant l’Organisation, que les États Membres ont accepté l’idée que nos activités doivent reposer sur ces trois piliers – qu’il ne saurait y avoir de développement sans sécurité ou de sécurité sans développement, et que nul ne saurait goûter longtemps l’un et l’autre si les droits de l’homme et l’état de droit ne sont pas respectés. C’est ce que nous essayons de faire comprendre aux dirigeants quand nous prônons la bonne gouvernance.
Oui, notre continent a de multiples problèmes, dont le VIH/sida, un taux de chômage élevé, une agriculture en mauvaise posture, une piètre sécurité alimentaire, et j’espère que lorsque je n’occuperai plus mes fonctions actuelles, je pourrais travailler avec certains dirigeants en vue d’encourager la productivité agricole sur notre continent.
Nous sommes le seul continent à n’avoir pas connu la révolution verte et le seul continent qui ne puisse pas se nourrir lui-même. Et, comme je l’ai dit, plus le temps passe, plus les choses vont devenir difficiles, bien plus difficiles, alors nous devons vraiment commencer à nous intéresser à ce volet essentiel que représente l’agriculture, source d’emplois importante pour les populations rurales.
Mais je ne suis pas venu ici pour vous faire un discours, je suis venu me pencher avec vous sur le problème de l’environnement. Mes collègues, Achim Steiner (Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement) et Anna Tibaijuka (Directeur exécutif d’ONU-Habitat) et 5 000 délégués sont ici pour parler de l’environnement et faire savoir au monde que le changement climatique est devenu une réalité. Nous disposons de toutes les connaissances scientifiques nécessaires, nous n’avons pas besoin de données supplémentaires pour confirmer la chose. Je pense, en fait, vu les changements que vous avez observés dans le climat ici, qui vont de la sécheresse aux inondations – surtout ceux d’entre vous qui sont ici depuis un certain temps – que nous le constatons où que nous allions. Nous pouvons toutefois changer le cours des choses. Les gouvernements peuvent faire d’autres choix. Nous pouvons opter pour la technologie verte. Les particuliers ont des moyens d’action. Vous pouvez agir par vos achats, vos choix, par les pressions que vous exercez sur vos élus pour les obliger à prendre en compte l’environnement. Je crois qu’un proverbe kényan dit: « La terre ne nous appartient pas, c’est un trésor qui nous a été confié pour nos enfants ». Montrons-nous dignes de cette confiance, et une fois encore, Monsieur le Président, je tiens à vous remercier de l’appui extraordinaire que vous m’avez apporté tout au long de ces 10 années.
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