LE PACTE INTERNATIONAL POUR L’IRAQ SE VEUT LE MOYEN D’ÉVITER UN ECHEC DÛ AU MANQUE DE MOBILISATION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, EXPLIQUE KOFI ANNAN
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LE PACTE INTERNATIONAL POUR L’IRAQ SE VEUT LE MOYEN D’ÉVITER UN ECHEC DÛ AU MANQUE DE MOBILISATION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, EXPLIQUE KOFI ANNAN
Le Secrétaire général prévient que si le climat actuel de violence
perdure, l’État iraquien risque fort de sombrer dans la guerre civile absolue
On trouvera ci-après le discours prononcé par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la Réunion de haut niveau sur l’Iraq, tenue aujourd’hui au Siège de l’ONU à New York:
Je tiens, avant toute chose, à vous remercier de participer à cette importante réunion.
L’adoption de la résolution 1546 (2004) du Conseil de sécurité remonte à plus de deux ans. Depuis, l’Iraq a bien avancé dans sa transition politique. À l’occasion de deux scrutins législatifs, du processus constitutionnel et du référendum sur la Constitution, les Iraquiens ont manifesté leur volonté de vivre dans un pays pacifique, démocratique et prospère. Quant à l’ONU, elle a étroitement collaboré avec trois gouvernements successifs, et avec la communauté internationale, pour aider l’Iraq à atteindre à temps les différents jalons du processus de transition.
C’est pourquoi il est désespérant que les Iraquiens continuent de vivre sous la menace constante d’explosions de violence sectaire et de troubles civils. Comme le Président Talabani est parmi nous aujourd’hui, permettez-moi de prendre spécialement note des événements tragiques qui se sont produits dimanche à Kirkouk.
L’Iraq est à la croisée des chemins. Si ses dirigeants parviennent à répondre aux besoins et à tenir compte des intérêts communs de l’ensemble des Iraquiens, la paix et la prospérité sont à leur portée. Mais si l’actuel climat d’aliénation et de violence perdure, l’État iraquien risquera fort d’éclater, et de sombrer par la même occasion dans la guerre civile absolue.
Il m’a donc semblé que nous devrions, parallèlement aux rapports que je présente périodiquement en Conseil de sécurité, dont le dernier a été examiné la semaine passée, voir où en est l’application de la résolution 1546 et parler de la poursuite de notre action. Étant donné la gravité de la situation en Iraq, celle-ci doit de toute évidence s’intensifier.
Pour faire les bons choix – les choix courageux – l’Iraq a besoin du soutien de ses voisins et de la communauté internationale. La première chose à faire est de mobiliser un appui plus large en faveur de mesures nationales, régionales et internationales propres à sauver l’Iraq du gouffre.
Au niveau national, la tâche la plus fondamentale du nouveau Gouvernement demeure d’élaborer un programme véritablement national qui réponde aux besoins et aspirations de tous les groupes d’Iraquiens. Cela suppose bien évidemment qu’il fasse le nécessaire pour que les conditions de sécurité s’améliorent, mais aussi qu’il suscite un dialogue pacifique, encourage les compromis politiques et favorise la réconciliation nationale.
Premièrement, les membres du Gouvernement iraquien et, plus largement, de la classe politique du pays, doivent se montrer plus enclins à aller les uns vers les autres et plus soucieux de désamorcer les tensions sectaires, qui sont de plus en plus vives. Le Plan de réconciliation nationale et l’Initiative de paix de Bagdad, présentés par le Premier Ministre, vont dans la bonne direction, de même que les premières mesures qu’il a prises pour élargir la base de soutien du Gouvernement.
Un sérieux effort pour obtenir un consensus sur les questions constitutionnelles encore en suspens, par exemple le fédéralisme et le partage des recettes fiscales, viendrait renforcer les mesures de confiance du Premier Ministre. J’espère donc que le Conseil des représentants entreprendra dès que possible la révision constitutionnelle.
Pour être porteur, le dialogue national doit aller de pair avec une coopération régionale plus étroite. C’est pourquoi l’ONU soutient la Ligue des États arabes dans sa volonté de convoquer à Bagdad une conférence de réconciliation nationale iraquienne.
Beaucoup des voisins de l’Iraq s’inquiètent légitimement de l’instabilité qui règne dans le pays. L’Iraq doit rester sensible à ces appréhensions. Quant aux pays voisins, ils doivent être à l’écoute des besoins de l’Iraq en matière de sécurité.
Les réunions périodiques des ministres des affaires étrangères et de l’intérieur des pays voisins de l’Iraq se sont avérées utiles. Aujourd’hui même, les ministres de l’intérieur se réunissent en Arabie saoudite; les ministres des affaires étrangères devraient tenir leur prochaine réunion cette semaine, ici à New York.
Encore faut-il que les réunions débouchent sur des résultats concrets. L’Iraq et ses voisins doivent donc dialoguer davantage, redoubler d’efforts pour sécuriser les frontières, et prendre des mesures tangibles pour renforcer la confiance.
En fin de compte, c’est de la détermination de l’Iraq et de la coopération des pays de la région que dépendra la paix. Mais il n’y aura pas de paix si la communauté internationale ne s’associe pas de plus près encore au processus. Elle ne sera pas le garant du succès, mais elle sera très certainement celui de l’échec si elle n’apporte pas à temps un appui suffisant.
Le Pacte international pour l’Iraq se veut le moyen d’empêcher cette éventualité. Il devrait permettre à la communauté internationale de nouer de solides relations de partenariat avec l’Iraq et le reste de la région. En application de la résolution 1546 du Conseil de sécurité et à la demande du Gouvernement iraquien, l’ONU assure la coprésidence de cette initiative aux côtés du Gouvernement. [Le Vice-Premier Ministre] M. Barham Saleh, coprésident pour l’Iraq, est également parmi nous aujourd’hui.
Un travail considérable a déjà été accompli depuis le 27 juillet, date à laquelle a été lancé le Pacte. Celui-ci servira de cadre à un programme économique précis, hiérarchisé et assorti d’objectifs bien définis pour les cinq prochaines années. La réunion préparatoire qui s’est tenue à Abou Dhabi le 10 septembre a permis de définir des orientations et un contenu plus précis.
Mais il reste beaucoup à faire. Et la nécessité d’achever rapidement les travaux – idéalement avant la fin de l’année – ne doit pas faire oublier qu’il est tout aussi important que le Pacte soit bien pensé, concret et viable. De larges consultations, tant en Iraq qu’à l’extérieur, sont indispensables pour qu’il soit accepté.
Enfin, l’Iraq demeure soumis à un certain nombre d’obligations imposées par le Conseil de sécurité en vertu du Chapitre VII de la Charte. Comme le pays est à présent doté d’un gouvernement souverain constitutionnellement élu, j’espère que les membres du Conseil trouveront le moyen de régler la situation au plus vite.
À ce moment charnière, les Iraquiens de tous les groupes ethniques et religieux doivent s’unir pour se construire ensemble, et pour donner à leur pays, un avenir meilleur. Et ils doivent pouvoir compter sur le soutien actif de leurs voisins et de la communauté internationale.
La présente réunion est une bonne occasion de manifester notre soutien et de déterminer comment nous acquitter au mieux de nos responsabilités communes vis-à-vis de l’Iraq et des Iraquiens. Si nous redoublons d’efforts et de détermination, nous pouvons encore aider à édifier un pays en paix avec lui-même, avec ses voisins et avec le reste de la communauté internationale.
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