SG/SM/10633

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 13 SEPTEMBRE

13/09/2006
Secrétaire généralSG/SM/10633
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, AU SIÈGE DES NATIONS UNIES, LE 13 SEPTEMBRE


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Comme vous le savez, je viens d’effectuer un voyage au Moyen-Orient. Je suis allé à Bruxelles tout d’abord, où j’ai travaillé avec les dirigeants de l’Union européenne pour constituer la force nécessaire au Sud-Liban. Et j’ai donc quitté Bruxelles avec la promesse d’environ 7 000 troupes européennes. Ensuite je suis allé au Liban, comme vous le savez, et je pense que vous avez tous vu le rapport que je viens de publier. Je voudrais dire que pendant ma visite presque tous les dirigeants que j’ai rencontrés ont estimé que ce qui s’est passé au Liban était une sonnette d’alarme et que nous devrions nous concentrer sur la stabilisation de la situation au Liban et sur les relations entre le Liban et Israël, mais ne pas s’arrêter là – partant de là, il faut également traiter des autres conflits dans la région: la Palestine, le plateau du Golan. Et bien sûr vous savez tous que, depuis, la Ligue des États arabes et d’autres dirigeants ont soumis des propositions au Conseil pour qu’une réunion ministérielle soit convoquée la semaine prochaine afin débattre de la question de la paix au Moyen-Orient.


Je devrais dire également que j’ai été très encouragé par le sérieux avec lequel les Gouvernements considèrent la mise en œuvre [de la résolution 1701 du Conseil de sécurité]. En quittant le Liban et Israël j’ai été convaincu que les Gouvernements étaient prêts à mettre en œuvre la résolution. Comme vous le savez le cessez-le-feu tient, et puisque vous avez tous lu mon rapport je ne veux pas m’étendre sur ma tournée au Moyen-Orient.


Mais bien sûr nous avons des tâches urgentes à accomplir. En particulier, le Conseil de sécurité a débattu la question du Darfour. La situation est très grave. La présence continue des forces de l’Union africaine n’est pas certaine, et nous allons maintenir nos efforts. Je lance un appel à tous les gouvernements ayant une influence sur ce dossier pour qu’ils travaillent avec le Gouvernement soudanais afin d’obtenir que le Gouvernement change son attitude et sa démarche, car si les forces de l’Union africaine partaient et si nous n’étions pas en mesure d’avoir une force de l’ONU, nous courrions à la catastrophe, et je ne pense pas que nous puissions laisser cela se produire, en particulier puisque ce n’est que récemment que nous avons adopté la résolution sur la Responsabilité de Protéger. Et non seulement cela: au moment des événements au Rwanda, nous avons tous dit qu’il ne fallait pas que cela se reproduise, jamais plus. Nous avons donc un immense défi à relever au Soudan.


Et également nous avons un gros défi en République démocratique du Congo, un pays de la taille de l’Europe occidentale, où nous avons organisé les premières élections en 40 ans, et le deuxième tour du scrutin doit avoir lieu le 29 octobre. Nous travaillons très sérieusement avec toutes les parties concernées pour veiller à ce que le deuxième tour se déroule aussi bien que le premier, et pour que les parties et les dirigeants politiques respectent les règles du jeu, et respectent le résultat indépendamment de qui aura la victoire.


Et bien sûr nous avons également le dossier nucléaire iranien. J’ai eu la possibilité également de parler avec des dirigeants iraniens à Téhéran. J’étais très heureux de voir que M. Solana et M. Larijani se sont réunis samedi dernier. Une autre réunion est prévue jeudi. J’ai remarqué qu’il a eu quelques petits changements. Lorsque j’étais en Iran, les Iraniens affirmaient qu’ils n’accepteraient pas la suspension comme précondition, mais que la suspension pouvait faire partie de l’ordre du jour des négociations. Les échanges qui ont eu lieu ont apparemment été fructueux et utiles, et j’espère que la prochaine réunion sera également fructueuse et que nous trouverons le moyen de résoudre cette question pacifiquement.


Je ne pense pas que l’affrontement soit dans l’intérêt de qui que ce soit. Et je peux dire également que dans la région, il y avait beaucoup d’anxiété à propos de cette question et certains dirigeants m’ont dit, « Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir une autre crise dans la région ». J’ai lancé un appel aux Iraniens pour qu’ils travaillent vraiment de concert avec la communauté internationale et pour qu’ils fassent disparaître les inquiétudes concernant leur programme. J’espère que cela sera fait.


Enfin, comme vous le savez, la soixante et unième session de l’Assemblée générale a été ouverte officiellement hier et la semaine prochaine, un grand nombre de chefs d’États et de gouvernements seront là et participeront à la réunion ainsi que des ministres des affaires étrangères. Et bien sûr, j’aurai le temps de tenir des débats avec certains de ces dirigeants sur les questions que nous venons d’évoquer.


Mais aujourd’hui, je voudrais rendre hommage à la soixantième session qui vient de se terminer et qui, je crois, sera considérée comme historique. Il est certain qu’aucune session de l’Assemblée générale de l’ONU n’a travaillé aussi dur ni accompli autant de choses, cela grâce au dur travail réalisé par les États Membres. Nous avons pu mettre en place le Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires, le Conseil des droits de l’homme et j’espère qu’à notre prochaine session, le Conseil des droits de l’homme se concentrera sur le respect des droits de l’homme dans le monde sans se concentrer seulement sur certains pays. Le Conseil devrait être impartial et appliquer les mêmes règles à tous. Nous avons également une Commission de consolidation de la paix et récemment, et plus récemment une stratégie globale de lutte contre le terrorisme. Je pense que ce sont des réalisations considérables pour les États Membres.


Je voudrais rendre hommage à Jan Eliasson pour sa direction extraordinaire de l’Assemblée générale. Il a non seulement travaillé efficacement avec tous les États membres mais il a également su les diriger efficacement, ce qui a permis d’obtenir de bons résultats.


Je voudrais également saluer Sheika Haya Rashed Al-Khalifa et lui souhaiter force et courage au moment où elle relève ce défi. C’est la première femme présidente de l’Assemblée générale depuis 1969, c’est donc également une occasion historique et nous devons tous l’appuyer. Je suis sûre qu’elle s’acquittera de ses devoirs aussi bien que Jan Eliasson et je lui souhaite plein succès.


Je vais maintenant répondre à vos questions.


Voix  (interprétation de l’anglais): Afin que nous puissions entendre autant de questions que possible, je vous demanderais de ne poser qu’une seule question. Je vous remercie.


Question  (interprétation de l’anglais): Je tiens tout d’abord à vous souhaiter la bienvenue, Monsieur le Secrétaire général, à cette conférence de presse. J’espère que ce ne sera pas la dernière avant votre départ et nous espérons vous revoir à d’autres occasions. Nous vous adressons nos meilleurs vœux.


Ce sont donc vos derniers jours à la tête de l’ONU. Est-ce que vous pouvez nous faire part de vos réflexions sur le sujet suivant: lorsque vous avez pris vos fonctions, vous avez hérité de beaucoup de problèmes au Moyen-Orient et ailleurs. Quels ont été, selon vous, vos succès pendant votre mandat et quelles ont été les questions où vous avez rencontré plus de difficultés?


Également, à propos de l’Iran dont vous avez parlé. Vous avez rencontré les dirigeants iraniens et vous avez dit à l’instant que vous leur avez demandé d’être plus souples et de poursuivre leurs efforts. Avez-vous vraiment l’espoir que cette crise soit résolue, crise qui semble imminente?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En ce qui concerne votre première question concernant mon mandat, j’ai encore quelques mois et il y a beaucoup de choses qui peuvent se passer d’ici là. Mais je crois qu’on peut dire qu’outre le fait de considérer certaines questions liées à la paix ou à la sécurité, une chose importante que nous avons réalisée ces dix dernières années, c’est d’avoir appelé l’attention sur la pauvreté et le développement économique pour faire comprendre que lorsqu’il y a d’immenses richesses et une pauvreté extrême côte à côte, la situation n’est pas tenable. Nous devons donc nous occuper davantage des membres les plus faibles de la famille. C’est donc un accomplissement mais il faut également comprendre qu’il y a souvent des raisons économiques aux conflits. Cette question rejoint également la question de la paix et de la sécurité.


En ce qui concerne la question portant sur l’Iran, je sais qu’il y a un léger changement, pas net mais léger, dans le sens où ils disent « négocions ». La suspension sera inscrite à l’ordre du jour et peut-être sera-t-elle possible pendant les négociations. Il n’y a donc pas de refus catégorique et je pense que c’est quelque chose que les parties doivent examiner. Je pense que Javier Solana examine cette question avec Larijani. Et lorsque les parties se réuniront, j’espère qu’elles trouveront une solution et pourront éviter l’affrontement.


Question (interprétation de l’anglais): Sur la situation en Iran, ma question est la suivante. Combien de temps est-ce que les États-Unis, le Royaume-Uni et les partenaires européens, qui veulent obtenir des sanctions contre l’Iran, devraient accorder à l’Iran? Comment savoir si l’Iran n’essaie pas de gagner du temps? Et quel est le moment où l’on pourra dire, « Cela suffit maintenant. Nous avons été assez patients »?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Il y a beaucoup de méfiance de part et d’autre, cela va sans dire. L’occident pense que l’Iran doit rétablir la confiance. Les Iraniens me disent la même chose: l’occident doit rétablir la confiance. J’espère que les discussions en cours contribueront à renforcer la confiance pour que les parties progressent. Lorsque l’on parle aux deux parties, c’est intéressant. Par exemple, l’Occident vous dit que les Iraniens ont fait durer les négociations pour pouvoir poursuivre l’enrichissement. Ils continueraient donc de nous faire marcher mais lorsqu’on parle aux Iraniens, on les entend dire qu’ils ont été trompés ces deux dernières années. Ils étaient prêts à faire toutes sortes de choses mais rien ne s’est produit. Et tout à coup, il y a le Groupe des huit et le Conseil de sécurité qui considèrent le dossier. Je vous dis cela pour montrer qu’il y a une absence de confiance et qu’il importe de la rétablir. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un délai à accorder avant de perdre patience. Je crois qu’il convient de se fonder sur le processus de négociations ou sur les débats et examiner les progrès réalisés. Il faut également considérer les instruments qui sont disponibles pour atteindre les objectifs: Quels sont les objectifs? Comment les atteindre au mieux? Comment procéder? Avec des sanctions ou faut-il s’asseoir à la table des négociations?  Et comme je l’ai toujours dit, je pense que la meilleure solution se fera par des négociations. J’ai également dit aux Iraniens que si leurs intentions sont vraiment claires et pacifiques, ils devraient ouvrir leur système aux inspecteurs en montrant qu’ils n’ont rien à cacher. Ils devraient même mettre en oeuvre le Protocole additionnel même s’il n’a pas été signé.


Je crois qu’il faut un peu plus de confiance et qu’il convient de se concentrer sur les questions à l’examen et voir comment les régler sans délais artificiels. Je pense que cela crée des difficultés supplémentaires.


Question (interprétation de l’anglais): Autant que je continue  sur l’Iran. Apparemment vous avez dit aux membres du Conseil l’autre jour, qu’ils devraient donner à l’Iran une échelle dont ils pourraient descendre. Qu’entendez-vous exactement par là? Par ailleurs, il y a eu ces deux éléments principaux lors de votre visite qui ont été évoqués: le Liban et l’Iran.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): tout d’abord, je ne suis pas allé en Iran pour résoudre la question nucléaire. Le premier objet de ma visite était d’obtenir un appui à la 1701 et de consolider la cessation des hostilités.


C’était par coïncidence que je suis allé en Iran à ce moment-là et que j’ai parlé de cette question avec eux. Mais si vous examinez le problème, vous voyez qu’une partie dit « Suspendez et on négociera ». L’autre partie dit: « Négocions et peut-être nous suspendrons. ». Il faut donc pouvoir tester le sérieux de cette attitude et il faudrait donc qu’ils s’asseyent à la table des négociations pour procéder à des discussions. Des discussions ont eu lieu, comme je l’ai dit, entre Javier Solana et Larijani, ainsi qu’entre les États Membres. Je suis également en rapport avec eux, mais à ce stade, je crois qu’il faudrait laisser le processus suivre son cours avec Larijani et Solana qui ont des discussions.


J’ai déjà dit qu’apparemment ces discussions progressent et je ne voudrais rien dire qui pourrait entraver ces discussions.


Question (interprétation de l’anglais): Avez-vous des commentaires sur ce qu’a dit le Hezbollah hier, à savoir le Premier Ministre Siniora devait démissionner au vu de sa collusion avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Cela constituerait-il une violation de la résolution 1701 (2006)?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Tout d’abord, je n’ai pas vu ce qu’a dit le Hezbollah. J’hésite donc un peu à faire un commentaire, à dire si cela était juste ou non, si c’était une violation de la résolution 1701 (2006). Il faudrait que je voie le texte avant de prononcer un jugement hâtif. Mais je crois que le Gouvernement Siniora a très bien travaillé. Il a été très actif, très efficace comme dirigeant pendant la guerre. Il a réussi à maintenir l’unité du pays et à manifester le consensus du Liban à l’intention du monde entier. Je pense que tous les Libanais vont l’appuyer, ainsi que son gouvernement.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous avez d’abord mentionné la nécessité de relancer l’ensemble du processus de paix au Moyen-Orient. Va-t-il y avoir une réunion ministérielle la semaine prochaine? Est-ce une réunion que vous appuyez? Et à votre avis, quel devrait être le résultat d’une telle réunion? Je sais que nous n’avons pas le droit de poser une deuxième question, mais sur la C question du Moyen-Orient, pourriez-vous faire un commentaire sur la réunion que vous prévoyez en Iraq d’après ce que j’ai entendu?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je crois que le Conseil de sécurité parle de cette réunion. J’ai parlé avec le Président hier. Il a dit que ce n’était pas encore tout à fait réglé, mais la vaste majorité des États Membres du Conseil souhaite une telle réunion. Je ne pense pas que l’intention, d’après ce qu’on m’a dit, était de proposer des solutions concrètes. Il s’agit de discuter et de mobiliser l’opinion sur l’urgence qu’il y a à considérer les questions de paix dans la région, et également il faut peut-être demander au Conseil de sécurité de procéder à une réflexion et d’identifier un mécanisme ou de commissionner un rapport pour savoir comment on procèderait à l’avenir. Je crois que ce genre de discussion peut avoir lieu. Je ne pense pas qu’il faille s’en inquiéter. Bien sûr, si des mesures concrètes doivent être prises, il faut les planifier clairement, et il faut du temps pour cela, mais des discussions franches et ouvertes ne devraient gêner personne.


A propos de l’Iraq, nous allons avoir une réunion avec 33 pays: le Pacte sur l’Iraq. C’est une idée qui a été avancée par le Gouvernement iraquien. Nous y travaillons avec eux pour aider vraiment à consolider le système économique et financier du pays, ainsi que pour obtenir l’appui international. Certains paramètres seront identifiés pour montrer ce qu’ils ont l’intention de faire, non seulement pour consolider leur propre situation économique, mais également pour fournir des assurances, susciter la confiance de la communauté internationale, pour montrer qu’ils sont un partenaire sérieux et que l’on peut travailler tous ensemble. Il y aura une autre réunion entre l’Iraq et ses voisins, mais cette réunion sera beaucoup plus vaste.


Non, il n’y aura pas d’annonces de contributions et de levées de fonds. Je crois que ce sera le 18 septembre.


Question (interprétation de l’anglais): Dans votre rapport que j’ai lu attentivement, vous avez dit que vous avez été  très encouragé par l’Iran, et en fait, vous ne dites pas du tout pourquoi, parce que vous ne dites rien d’autre, mais simplement que vous êtes très encouragé. Ensuite, vous dites aussi que vous êtes très encouragé par la Syrie alors que la Syrie n’a donné aucun délai, aucune garantie, rien de nouveau dans cette position, qu’il s’agisse de la démarcation de la frontière, ou de toute autre résolution. La résolution 1701 (2006) comporte un mandat. Vous devez faire des propositions. Excusez-moi d’être si direct, mais vous ne soumettez aucune proposition. Avez-vous choisi de ne pas le faire? N’avez-vous pas pu le faire? Et pourquoi n’avez-vous pas saisi cette occasion très importante de faire des propositions pour le Liban et pour toute la région?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): C’est votre opinion. Je ne suis pas sûr qu’au Liban et dans la région, on soit d’accord avec cette évaluation, et bien sûr, mes propositions visent le Conseil et, en temps opportun, ils recevront les détails et je vais m’adresser formellement au Conseil. Vous devez comprendre également que tout ce dont on parle avec les chefs d’État n’est pas public. Je vous l’ai dit à de nombreuses occasions. Je pourrais vous dire en partie ce dont nous avons parlé avec le Président Assad, avec Ahmadinejad, avec le Président Bush et vous serez très content, et peut-être que cela me fera du bien, mais la prochaine fois que je les rencontrerai, ils me parleront du temps et de leurs petits enfants, et je crois que pour les détails, je les fournirai au Conseil de sécurité et en temps utile, ces détails seront connus. Je crois que personne dans la salle ou dans la région n’estime que ce voyage que j’ai fait était une perte de temps ou des occasions perdues.


Question (interprétation de l’anglais): Je voudrais que vous nous donniez une idée de ce qui va être fait à l’ONU quant l’application de la résolution sur la Responsabilité de Protéger à propos du Darfour. Quel est le scénario envisagé? Quelles sont les procédures qui seront adoptées à l’ONU ou que doit-il se passer au Darfour pour que l’ONU assume cette responsabilité?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Lorsque j’ai rencontré le Conseil il y a quelques jours, j’ai été très clair sur la situation au Darfour et sur ce que l’on attendait des membres du Conseil et des États Membres, car quelques fois, lorsque nous parlons de l’ONU, nous comprenons par là les États Membres. Nous parlons en fait ici des États Membres. Ce sont eux qui doivent avoir la volonté politique nécessaire, ce sont eux qui doivent faire pression sur le Gouvernement soudanais pour qu’il accepte la transition, la relève, et plusieurs d’entre eux ont indiqué qu’ils exerceront ces pressions et je dirai moi-même que lors de mon voyage au Moyen-Orient, j’ai également demandé aux dirigeants de nous aider. Le fait est que sans le consentement du Gouvernement soudanais, nous ne pourrons pas déployer de contingents. Nous devons donc convaincre le Gouvernement soudanais de changer d’attitude et de nous autoriser à procéder au déploiement.


Question (interprétation de l’anglais): En répondant à la question du Soudan, vous avez dit que vous avez travaillé d’arrache-pied pour lutter contre la pauvreté et le sous-développement. Vous avez dit aussi que vous avez travaillé sur la scène internationale. Comment évaluez-vous ce que vous avez fait? Progrès ou déclin?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Nous avons fait avancer les droits de l’homme, l’état de droit. J’ai donné un exemple. Tout est important. Je me félicite de ce que les États Membres aient accepté que l’ONU ait trois piliers: la paix et la sécurité, le développement économique et social, les droits de l’homme et l’état de droit. Nous avons fait des progrès dans certains domaines. Pour d’autres, nous devons encore en faire davantage. Je crois que l’on est davantage conscient de l’importance des droits de l’homme, de la primauté du droit et de la question de la bonne gouvernance. Les gouvernements en parlent et la société civile – les éléments les plus actifs – y est engagée.


Question (interprétation de l’anglais): Des éléments essentiels de votre administration ont (inaudible) qu’il fallait une intervention humanitaire. Est-ce qu’après avoir parlé du Soudan, du génocide et de ce que certains appellent un nouveau Rwanda, il faudrait maintenant une coalition des volontaires pour intervenir? Je n’ai pas parlé de petits enfants. En fait, est-ce que le président iranien a dit que l’Iran gagnera la prochaine guerre, et pas les États-Unis?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pour votre première question, je vous dirai d’abord que le monde est différent de ce qu’il était en 1999, lorsque je faisais cette déclaration. Aussi, lorsque vous examinez le monde d’aujourd’hui, vous verrez que nous avons un grand nombre de troupes déployées dans le monde, 160000 en Iraq et des milliers en Afghanistan, l’ONU au sud du Liban, un déploiement approuvé pour le Timor-Leste, des forces de l’Otan au Kosovo, et dans bien d’autres régions. Les gouvernements nous disent qu’ils ont fait le maximum; vous avez vu les difficultés de l’Otan à obtenir des troupes supplémentaires pour l’Afghanistan. Donc nous sommes tous en concurrence pour les mêmes troupes. Depuis, il y a eu l’Iraq. Les Soudanais ont été clairs, ils ont exploité certaines de ces questions, disant « si vous voulez un nouvel Iraq, venez! », ce qui a découragé certains gouvernements. Et si je n’ai pas l’assentiment du Gouvernement soudanais, en plus de ne pas avoir de troupes, je ne sais pas si une coalition pourra être formée de ceux qui seraient disposés à intervenir. Pour votre deuxième question, je préfère ne pas faire d’observation.


Question (interprétation de l’anglais): Merci, Monsieur le Secrétaire général. Les fermes de Chebaa sont utilisées par les milices au Liban pour transmettre des armes et pour faire pression pour le processus de délimitation des frontières. Vous avez dit hier que vous n’aviez pas parlé de la proposition du Gouvernement libanais visant à donner les fermes de Chebaa occupées aux Nations Unies. Tout le monde sait ce qu’il en est au Moyen-Orient, y compris Israël. On nous l’avait dit ici, à la tribune, que ce n’est pas terre israélienne. Pourquoi n’avez-vous pas profité de l’occasion pour traiter de l’occupation dans les entrevues du droit des personnes à résister à l’occupation et sans se détourner de leur cause, vous avez cette partie là qui ne revient pas aux Nations Unies.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Si vous examinez attentivement le rapport du Secrétaire général, vous verrez qu’un certain nombre de mesures ont été prises pour essayer de régler le problème de la frontière. J’ai aussi mentionné Chebaa. Le monde ne s’est pas fait en un jour. Ne vous attendez pas à ce que tout puisse être fait pour ce qui figure dans une résolution en un rapport, en trente jours. On ne peut pas tout faire en trente jours. Il faut du temps et, pour certaines des questions, diverses parties sont impliquées. Israël, la Syrie, le Liban sont impliquées pour Chebaa. Il faut du temps pour travailler avec ces gouvernements, pour essayer de trouver une solution optimale, pour respecter les préoccupations de chacun, et je ne peux pas simplement prendre les vues d’un gouvernement et dire: « nous allons agir de telle façon ». Le rapport vous indique qu’il y a encore d’autres mesures à prendre.


Question (interprétation de l’anglais): Vous ne prenez pas l’avis d’un gouvernement; en fait, vous prolongez l’occupation.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Examinez encore une fois le rapport. Nous cherchons une solution, pas à prolonger l’occupation. Il y a aura une solution, mais ne vous attendez pas à une solution en trente jours. Une solution ne vient pas par déclaration du Secrétaire général. Il faut que je travaille avec toutes les parties intéressées, je dois consulter Israël, la Syrie et le Liban, et c’est ce que nous ferons.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, le compte à rebours de votre mandat a déjà commencé. Dans trois mois, on ne parlera plus de vous qu’au passé, en tant que Secrétaire général.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Heureusement.


Question (interprétation de l’anglais): Alors, les conflits en Afrique, lesquels souhaiteriez-vous voir résoudre avant votre départ? La Côte d’Ivoire, la RDC, le nord de l’Ouganda, la Somalie ou encore le Darfour? Est-ce que vous pouvez me donner une réponse élaborée sur chacun de ces problèmes donc, en Afrique, s’il vous plaît?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je crois que nous sommes sur la bonne voie en RDC. Si le deuxième tour se déroule bien, on doit pouvoir calmer la situation, sous la condition que tout le monde accepte les règles du jeu. En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, on va avoir une réunion ici, la semaine prochaine, avec tous les leaders politiques, et j’espère qu’on peut arriver à un accord pour décider comment il faut procéder après octobre. C’est une question très difficile à trancher, mais j’espère que tout le monde va être raisonnable et penser au pays et à la population, et qu’on arrivera à trouver une solution équitable. Le Darfour, c’est compliqué. Cela prendra du temps. Vous avez évoqué le Burundi aussi, c’est ça?


Question (interprétation de l’anglais): Le nord de l’Ouganda.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Le nord de l’Ouganda, il y a des négociations. Il paraît que les choses vont assez bien, mais il est un peu tôt pour décider, il faut me donner quelques semaines encore, quelques mois. La Somalie, on vient de commencer, l’IGAD est en train de voir si elle ne doit pas déployer des troupes en Somalie. J’espère que les Somaliens eux-mêmes vont commencer à se parler. Cela avait commencé, mais on doit les encourager à continuer à discuter entre eux, à trouver une solution nationale que la communauté internationale puisse soutenir.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, les familles des deux soldats israéliens enlevés ont dit que ce dont elles avaient besoin, c’était d’une preuve qu’ils étaient en vie. En avez-vous reçu? Et deuxièmement, hier, Nasrallah a dit que sans (inaudible), il ne voudra pas intervenir. Est-ce que vous êtes d’accord, ou est-ce que vous pensez que la libération des soldats doit se faire sans condition?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Mon envoyé spécial travaille d’arrache-pied, il est sur place dans la région. Je vais attendre qu’il me fasse un rapport préliminaire. D’ici la fin de la semaine ou le début de la semaine prochaine, il aura eu des contacts avec toutes les parties intéressées. Il pourra me donner une idée d’où nous en sommes, comment se déroulent les discussions. Vous comprendrez que je ne nomme pas quelqu’un pour une question si délicate, pour faire des observations ici sur ce qui devrait être fait et qui devrait intervenir. Je vais donc attendre qu’il revienne. Il n’a pas encore fait de rapport. Lorsqu’il l’aura fait, il pourra peut-être me dire qu’il y a des preuves qu’ils sont en vie, mais pour l’instant, il ne m’a rien dit. Mais il lui faut un peu de temps, il vient de commencer. Nous aussi, nous avons demandé des preuves qu’ils étaient encore en vie, mais nous attendons que l’envoyé travaille avec les parties et puis nous fasse rapport.


Question (interprétation de l’anglais): Le plan, même s’il n’était pas parfait, qui porte votre nom, était un bon instrument pour regrouper des parties, pour essayer de trouver une solution au problème. Lorsque vous avez préparé cet instrument, vous avez contacté les deux parties pour toutes les phases du plan, ensuite vous l’avez transmis. Les Turcs ont dit oui, les Grecs non. Est-ce que vous pensez que vous n’auriez peut-être pas dû le présenter?


Le Secrétaire général  (interprétation de l’anglais): En fait, c’est une occasion manquée d’unifier Chypre. L’une des parties a rejeté la proposition et on n’a pas pu aller plus loin. Bien sûr, si la crise s’était déclenchée plus tôt, peut-être que des ajustements auraient pu être réalisés, mais bien sûr, c’est ce qui se passe lorsque l’on fait des propositions, elles ne sont pas toujours acceptées à cent pour cent. J’espère que le processus se poursuivra.


J’ai une personne sur le terrain, qui travaille avec les deux communautés pour essayer de renforcer la confiance et pour décider, lorsque la situation le permettra, de travailler à nouveau. Évidemment, j’ai été déçu. Je crois que nous avons manqué une chance qui se présentait à nous.


Question  (interprétation de l’anglais): Êtes-vous déçu que certaines des mesures de réforme que vous aviez prônées n’aient pas été adoptées par les États Membres? Êtes-vous aussi déçu que les objectifs du Millénaire pour le développement ne sont pas respectés?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): S’agissant de la réforme, je pense qu’à l’évidence, ce sont les États Membres qui devaient prendre la décision. Je crois que je leur avais donné une bonne série de mesures. J’étais ambitieux, peut-être trop, diront certains, mais j’ai pu faire beaucoup. Donc, je ne dirais pas que je ne suis pas satisfait du résultat du processus de réforme. Ce matin, d’ailleurs, je vous ai donné une liste de ce qui a été fait. Je me suis félicité du leadership de M. Eliasson. Cependant, il y a un certain nombre de domaines dans lesquels nous aurions pu en faire davantage. Il faut poursuivre la réforme. Je pense que la réforme de la gestion doit se poursuivre. Les efforts de réforme du Conseil de sécurité ne doivent pas être abandonnés, mais doivent se poursuivre. C’est un problème grave pour l’Organisation. J’ai indiqué clairement que pour ma part, aucune réforme de l’ONU ne sera complète sans réforme du Conseil de sécurité.


Très franchement, c’est un des problèmes sous-jacents de nombre des difficultés que nous connaissons, parce que les États Membres pensent que la base du pouvoir est trop limitée: cinq États Membres, alors que le monde a évolué. Ce n’est plus le monde de 1945. Si nous voulons vraiment que l’Organisation soit ce qu’elle devrait être, nous nous devons de réformer le Conseil pour qu’il soit plus démocratique, plus représentatif. Le Conseil y gagnerait en légitimité.


Question  (interprétation de l’anglais): Un des endroits où vous n’étiez pas mais qui a probablement été un sujet de conversation avec les personnes que vous avez rencontrées est l’Irak. Que pensent les dirigeants de la région des conséquences pour la région de l’invasion américaine en Irak? Avaient-ils un avis sur la question de savoir si les Américains devaient rester ou partir?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Très franchement, la plupart des dirigeants avec lesquels j’ai parlé pensaient que l’invasion de l’Irak et ses conséquences ont été une véritable catastrophe en ce qui les concerne. Ils estiment que c’était un facteur de déstabilisation pour la région. Il y avait en fait deux écoles de pensée. Nombre de dirigeants, qui étaient d’avis que les Américains devaient rester, pensaient qu’ils devaient rester jusqu’à ce que la situation s’améliore: ils pensaient qu’il y a là un problème qu’ils ne peuvent pas simplement abandonner en partant. Une autre école de pensée, notamment en Iran, estime que la présence des États-Unis constitue un problème et que les États-Unis devraient partir. Si les États-Unis décidaient de partir, ils les aideraient à partir.


Les États-Unis sont dans une position où ils ne peuvent ni rester ni partir. S’ils doivent partir, il faudra choisir le bon moment; il faudra procéder de façon à ne pas provoquer encore davantage de perturbations et de violence dans la région.


Question  (interprétation de l’anglais): Donc, l’Iran voudrait que les États-Unis partent?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Oui.


Question (interprétation de l’anglais): A propos de l’Irak, c’est une des questions pour lesquelles vous avez eu depuis le départ des divergences d’opinion avec les États-Unis. Il semblerait que vous ayez la réputation d’être un obstacle aux intérêts américains dans le monde, à juste titre ou non. Pourriez-vous nous dire quels sont vos rapports avec les États-Unis, ce qu’il en est maintenant?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je crois que mes rapports avec l’Administration des États-Unis sont bons. Je travaille très bien avec la Secrétaire d’État et avec le Président pour la plupart des questions essentielles. Nous sommes en mesure de discuter souvent. Parfois, nous n’y arrivons pas. Chacun doit le respecter. Mes rapports avec le Gouvernement à ce titre sont bons. Je ne peux pas dire que j’ai de bonnes relations avec tout le monde à Washington. Il y a beaucoup de personnes, en tous cas au sein du Gouvernement. Mais pour ce qui est du Président et de la Secrétaire d’État, les relations sont bonnes. J’ai des amis à Capitol Hill et il y a d’autres personnes avec lesquelles je n’ai pas des relations aussi amicales.


Question  (interprétation de l’anglais): Pour ce qui est d’un Moyen-Orient sans armes nucléaires, qu’avez-vous fait et que feriez-vous pour encourager Israël à se joindre au TNP? A votre avis, quelle est la solution optimale pour surmonter les problèmes existant entre les parties, pour éliminer les divergences?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): La question d’une bombe nucléaire dont disposerait Israël est au premier plan des débats dans la région et même lorsque l’on parle de l’Iran, on dit: pourquoi vous attachez-vous à l’Iran et non pas à Israël? En fait, l’Iran est membre du TNP, l’Iran a pris certains engagements, a un accord avec la communauté internationale qu’il doit respecter.


Pour ce qui est d’une zone exempte d’armes nucléaires, que préfèreraient les Gouvernements de la région? Ils préfèreraient éviter une course aux armements, qui serait plus qu’une acquisition d’armes classiques mais qui serait une compétition pour obtenir l’arme nucléaire. Donc, ils suivent de très près ce qui se passe. Pour cette question nucléaire dans son ensemble, les enjeux sont très importants.


Question: Parmi les crises que vous avez eues à traiter au cours de ces dix dernières années, quelles sont celles qui vous ont le plus marqué. Par ailleurs, des rumeurs au sein du Secrétariat affirment qu’on pourrait vous demander de rester une année de plus. Ces rumeurs sont-elles vraies?


Le Secrétaire général: Je crois que c’est l’Irak qui m’a vraiment marqué et je ne suis pas le seul. A mon avis, l’Irak a marqué l’Organisation, ainsi que nous tous.


Je dois dire clairement qu’à partir du 1er janvier, j’ai des projets. Je ne suis pas disponible pour rester trois mois, six mois, un an. Je crois que les États Membres ont la possibilité de choisir nos Secrétaires généraux. Ils ont trois mois pour le faire. Je les encourage à le faire aussi vite que possible. Je ne serai pas disponible et personne ne me l’a demandé d’ailleurs.


Question  (interprétation de l’anglais): Vous étiez dans la région. Pensez-vous que la Syrie soit vraiment un obstacle à la paix? Vous étiez sur place. Vous leur avez parlé. Pourriez-vous nous dire ce qu’il s’est passé? Sont-ils opposés à la paix?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Comme je vous l’ai dit, j’ai eu des discussions constructives avec le Président. J’ai appelé instamment à ce que l’on mette en oeuvre la 1701 (2006), étant entendu que tous les gros partis politiques au Liban, y compris le Hezbollah, ont accepté la 1701 (2006), et donc qu’il revenait à la communauté internationale et aux voisins, aux pays de la région, de travailler avec nous pour la mettre en oeuvre. Ils m’ont confirmé qu’ils travailleraient avec nous. Nous avons parlé d’améliorer la sécurité, le contrôle aux frontières. Nous les aiderons. Le Gouvernement allemand fournira une assistance technique au Liban au niveau de l’équipement, de la formation du personnel frontalier, des compétences nécessaires. J’ai suggéré à la Syrie qu’ils acceptent la même assistance, en demandant aux Allemands de la fournir – et ils ont dit qu’ils accepteraient. Donc pour cet élément-là en tout cas, ils ont indiqué leur pleine coopération. Bien sûr, ils ont parlé d’autres questions. Si l’on règle le problème du Liban et Chebaa, il ne faut pas oublier le Golan.



Question(interprétation de l’anglais): Pour la Côte d'Ivoire, il y a une réunion le 20 septembre au niveau de l’Assemblée. Quand est-ce que les élections devraient avoir lieu? Est-ce que le Président Gbagbo doit rester au pouvoir? Qu’en est-il du déversement de déchets toxiques par une entreprise que l’on a vue dans le rapport Volcker, [liée à la] Cotecna? Est-ce que vous pouvez nous dire encore un élément: est-ce que vous avez rempli un état financier en ce qui vous concerne?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): En premier lieu, pour la Côte d'Ivoire, nous allons avoir un mini-sommet avec les dirigeants des partis politiques, les dirigeants de la région, pour régler certaines des questions que vous venez d’évoquer. Pour ce qui est des déchets toxiques, la question est grave, nous devons être attentifs. Les pays pauvres, le monde en développement ne doit pas devenir un dépotoir pour ce genre de déchets. J’espère que des mesures décisives seront prises à l’encontre de l’entreprise et de tous les intéressés. Les institutions de l’ONU vont aider le Gouvernement pour essayer de trouver une solution.


Pour votre deuxième question, je remplis mes obligations vis-à-vis de l’ONU, comme je l’ai toujours fait.


Question (interprétation de l’anglais): Est-ce que vous pensez que le Quatuor a pu faire quelque chose pour la feuille de route? Dans le cadre de la réunion à venir sur le Moyen-Orient, est-ce que vous pensez qu’il y aura un nouveau mécanisme novateur, ou est-ce que l’on va repartir du même point de départ?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): La feuille de route aurait pu être mise en œuvre plus rapidement – en tout cas nous espérions qu’elle puisse être mise en œuvre plus rapidement. Ce n’est pas le cas, hélas. Nous allons nous retrouver ici la semaine prochaine, à un moment essentiel pour la population palestinienne. J’ai eu un appel hier du Président Abbas m’informant qu’il y avait eu accord avec le Hamas pour former un Gouvernement d’unité. C’est certainement un événement marquant. Il a dit également que le programme adopté demande à tous les membres du Gouvernement d’accepter le programme de l’OLP. Donc il pensait que la décision devrait satisfaire la communauté internationale pour ce qui était des conditions mises et que cela devrait permettre à la communauté internationale, ou en tout cas aux bailleurs de fonds, de procéder rapidement et de fournir l’assistance dont le peuple palestinien a besoin. La situation est grave, désespérée. Les instituteurs et professeurs sont en grève. Il n’y a pas eu versement de salaires depuis des mois. Il y a un mécanisme qui permet à certaines sommes d’arriver sur place – il permet de payer les services humanitaires mais pas les rémunérations. Donc la situation est devenue complexe. Le Quatuor l’examinera lorsque nous aurons la réunion la semaine prochaine, pour voir l’impact de nos politiques et vérifier ce qui s’est passé sur le terrain. Nous avons aussi été encouragés de constater que les tribunaux israéliens ont libéré 18 parlementaires qui avaient été emprisonnés, donc l’on peut voir ce qu’un système de justice efficace dans une démocratie peut faire, et donc les personnes peuvent rentrer chez elles et reprendre le travail au Parlement.


Question (interprétation de l’anglais): Est-ce que vous pensez qu’il faut donner davantage de temps à l’Iran pour trouver une solution à la question nucléaire?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Les négociations doivent se poursuivre. J’ai été encouragé par l’évolution récente des événements, notamment entre M. Solana et M. Larijani, en espérant que cela débouchera sur des pourparlers constructifs qui nous permettront de trouver une solution une fois pour toutes.


Question (interprétation de l’anglais): A propos de la Mercedes … - non, je plaisante…


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je vous emmènerai faire un tour dans la Mercedes!


Question (interprétation de l’anglais): Vous avez encore quelques mois. Que voudriez-vous accomplir dans ces derniers mois, notamment à l’Assemblée avec les chefs d’État lorsqu’ils seront présents? Et quels conseils donnerez-vous à votre successeur pour sortir l’ONU d’une paralysie si les États Membres ne sont pas d’accord?


Le Secrétaire général(parle en anglais): Je vous ai signalé certaines des questions qui seront certainement à l’ordre du jour: le Liban, le Moyen-Orient d’une façon générale, le Darfour, la République démocratique du Congo, le Kosovo, je pense, figurera aussi au programme; et d’autres questions: lutte contre le VIH/sida… Avec les chefs d’État présents, ce seront là certaines des questions clefs dont nous traiterons. Je crois que dans les deux mois à venir cela devrait continuer à nous occuper.


Je crois aussi qu’il est extrêmement important que la communauté internationale et les Nations Unies, qui ont une réputation au Moyen-Orient – en occurrence que les résolutions de l’ONU ne sont jamais appliquées, qu’il y a deux poids et deux mesures pour le Moyen-Orient à l’ONU -, que si l’ONU peut agir rapidement pour mettre en œuvre la 1701 (2006) – et lorsque je vois ce qui doit être fait, ayant été dans la région, ayant parlé avec tout un chacun, je crois qu’avec un travail acharné et de la bonne volonté on pourrait faire quelque chose dans un délai de trois à six mois. Ce qui pourrait aussi transmettre le message que les résolutions traitant de la paix au Moyen-Orient peuvent être mises en œuvre et peuvent permettre de mettre en place la stabilité entre nations au niveau des frontières, et que l’on peut édifier de là, pour traiter la Palestine et d’autres problèmes. Nous allons donc voir bien des choses se faire sur ces trois ou quatre crises mentionnées.


Quant à mon successeur, j’ai souvent dit que mes prédécesseurs ont agi à leur façon, j’ai agi à ma façon, j’espère que mon successeur aussi agira à sa façon. Je sais qu’en Turquie lorsque j’ai dit « lorsqu’elle prendra ses fonctions… », on m’a demandé « pourquoi dites-vous elle? » - « parce qu’“elle” ne l’a jamais eu… ». Cela avait posé des difficultés.


En fait, je voulais dire que, pour surmonter la paralysie au niveau des États Membres, je ne crois pas que le Secrétaire général puisse régler une paralysie au niveau des États Membres. Le Secrétaire général a besoin des États Membres, il doit travailler avec eux, il doit être le leader mais, même dans de tels cas, le Secrétaire général ne peut pas agir seul. L’ONU, c’est les États Membres. Le Secrétaire général doit savoir comment travailler efficacement. Ce qui s’est passé au Liban a illustré ce qui peut se faire lorsque le Secrétaire général et les États Membres travaillent efficacement ensemble.


Lorsque je suis parti de New York, je n’avais aucune force en place. J’ai parlé aux dirigeants et vendredi, nous avions une force de 7 000 hommes pour la région, cela pour vous donner une idée de la manière dont les choses se font. Lorsqu’il s’agissait de lever l’embargo, l’Équipe spéciale allemande ne pouvait pas se rendre sur place. La force navale et le Gouvernement avaient indiqué que s’il n’y avait pas une force de protection navale pour la côte, l’embargo ne serait pas levé. Il y avait donc un problème de deux semaines. S’il y avait eu un blocus de deux semaines de plus, les choses auraient été désastreuses. J’ai parlé au Président Chirac, au Premier Ministre Prodi et nous avons obtenu une équipe navale temporaire pour se rendre sur place. Si les États Membres avaient dit « pas question », le Secrétaire général n’aurait rien pu faire. Mais avec un esprit de coopération, nous avons pu mettre en place cette équipe puis on nous a demandé, « est-ce que vous avez des experts internationaux aux aéroports? » Encore une fois, j’ai dû appeler le Gouvernement allemand à la rescousse et des experts ont pu se rendre sur place très rapidement. Le blocus aérien et maritime a été levé.


Pour vous donner une idée dont les deux parties doivent travailler ensemble. Le Secrétaire général ne peut rien faire si les États Membres ne sont pas disposés à l’aider pour lui donner les moyens d’agir et pour qu’il puisse le faire. J’espère donc que mon successeur pourra cultiver ce genre de relations avec les dirigeants et avec les pays afin de travailler avec eux efficacement. Pas simplement à Washington mais dans tout le monde.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, vous avez écrit une lettre au Président du Conseil de sécurité à la fin du mois de juin demandant au Conseil d’utiliser judicieusement les quatre mois suivants avant que le mandat de la MINURSO ne soit examiné. Vous avez dit qu’il ne devrait pas y avoir un renouvellement constant. Je voudrais savoir – cette question n’a pas été inscrite à l’ordre du jour ces quatre mois – est-ce que vous pensez que quelque chose va se produire à ce sujet le mois prochain?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Ils y pensent probablement. Ils vont sans doute trouver une solution ingénieuse. Je ne peux donc pas dire que je suis déçu tant que je ne sais pas ce qu’ils vont faire mais j’ai indiqué qu’il ne fallait pas faire le travail de manière routinière. Il faut être créatif. Nous avons vu cela lorsque l’ancien Secrétaire d’État James Baker a travaillé sur la question. A un moment donné, il a proposé cinq options au Conseil et nous n’avons pas eu de réponses. Donc s’ils peuvent trouver une idée sur la manière de procéder, les choses se passeront peut-être mieux cette fois-ci. Mais nous avons encore un mois.


Question (interprétation de l’anglais): Monsieur le Secrétaire général, je voulais revenir sur l’Iraq et le pacte avec l’Iraq. Je voudrais savoir quelles sont les directives concrètes ou les contributions que l’on attend. Certains sont quelque peu sceptiques. Puisque vous avez soulevé la question, pourrais-je vous demander de nous dire comment l’Iran a proposé d’aider les Américains à partir?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Je vais d’abord répondre à la deuxième question. Je ne suis pas entré dans les détails sur la manière dont ils ont l’intention d’aider mais ils ont tous dit clairement que la présence des États-Unis était un problème et que ses forces devraient se retirer. Quelle était votre première question?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Le pacte est, de toute évidence, une initiative iraquienne que nous appuyons. Les États-Unis participent également très activement. L’idée ici est de générer un soutien international pour le développement économique de l’Iraq. Je crois que les pessimistes pourraient être surpris la semaine prochaine. Je ne sais pas ce qui va se passer mais la participation a été bonne.


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Pas de détails. Nous en parlerons et les Iraniens, non, les Iraquiens présenteront des idées. Vous m’induisez en erreur.


Question (interprétation de l’anglais): J’ai une question plus générale. Cela fait presque une décennie que vous occupez ce poste. Est-ce que, de manière générale, le monde se rapproche ou s’éloigne de la tolérance, de la démocratie, de l’ouverture? Vous allez participer à la réunion des non-alignés à Cuba ce week-end. Quel est le message que vous adresserez à ces nations qui représentent, pour certaines d’entre elles, des régimes oppresseurs et intolérants?


Le Secrétaire général (interprétation de l’anglais): Lorsque nous considérons le monde d’aujourd’hui, nous constatons qu’il y a davantage de gouvernements qui sont élus démocratiquement. Il y a plus de gens qui élisent leurs dirigeants aujourd’hui qu’il y a une décennie environ. Je pense que l’on comprend mieux ce que veut dire la bonne gouvernance mais les gens sont aussi plus conscients des droits de l’homme et la société civile est devenue très active. Je pense que c’est une évolution saine et, dans de nombreux pays, il y a désormais une presse très active que l’on entend et qui pose des questions. Cette presse est quelquefois opprimée et il importe de lutter contre cela. Mais en dépit de cela, il y a une grande tendance à l’ouverture dans le monde.


En ce qui concerne ma future réunion avec des dirigeants, j’ai toujours encouragé une bonne gouvernance. J’ai toujours encouragé le respect des droits de l’homme et la primauté du droit. Et mon message ne va pas changer. Je crois que nous devons également faire attention de ne pas considérer le monde comme une entité homogène et imposer nos manières de faire les choses. Je crois que nous vivons dans un monde très divers et il va le rester. Il y a différents systèmes, différentes cultures. Même les systèmes démocratiques ont des versions différentes de la démocratie même si les fondements sont les mêmes. Dans certaines situations, les droits de l’homme peuvent être améliorés, la gouvernance peut être améliorée et je pense donc que nous devons travailler avec ces gouvernements et ces sociétés pour les encourager. Je ne crois pas qu’il faille isoler les pays, les dirigeants. Nous devons les encourager à renforcer leurs institutions, nous devons leur fournir une assistance et d’ailleurs, j’espère que le nouveau Conseil des droits de l’homme sera très actif offrant une assistance technique aux gouvernements pour renforcer leurs mécanismes et institutions relatives aux droits de l’homme. Il doit offrir davantage de soutien, guider, orienter plutôt que de condamner. Oui, lorsque cela est nécessaire, il faut condamner mais cela ne doit pas être l’objectif principal du Conseil comme cela était le cas pour la Commission des droits de l’homme.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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