SG/SM/10568-AFR/1408

SELON KOFI ANNAN, LE RÉTABLISSEMENT DE LA PAIX AU DARFOUR PASSE PAR LE RENFORCEMENT DE LA MISSION DE L’UNION AFRICAINE ET LA TRANSITION VERS UNE OPÉRATION DE L’ONU

18 juillet 2006
Secrétaire généralSG/SM/10568
AFR/1408
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

SELON KOFI ANNAN, LE RÉTABLISSEMENT DE LA PAIX AU DARFOUR PASSE PAR LE RENFORCEMENT DE LA MISSION DE L’UNION AFRICAINE ET LA TRANSITION VERS UNE OPÉRATION DE L’ONU


On trouvera ci-après l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à la Conférence d’annonce de contributions de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) qui s’est tenue aujourd’hui à Bruxelles:


La présente réunion, qui ne s’est faite que trop attendre, est d’une importance capitale.  Nous nous trouvons ici pour que l’Union africaine obtienne les ressources dont elle a besoin pour mener à bien ses activités fondamentales au Darfour.  La vie de nombreux milliers d’enfants, de femmes et d’hommes dépend sans doute de l’issue de nos efforts. 


Nous nous sommes réunis à Addis-Abeba il y a un an, pour exprimer notre appui aux efforts de la Mission de l’Union africaine au Soudan, la MUAS, et pour annoncer des contributions à cet égard, en espèces et en nature. 


Depuis lors, nous avons eu certaines raisons d’espérer que le conflit au Darfour pouvait être réglé et qu’il pourrait être mis fin aux souffrances terribles qui en découlaient. 


Nous disposons au moins maintenant de l’Accord de paix sur le Darfour, qui constitue un cadre indispensable pour en finir avec la violence.  Cet accord est une feuille de route qui devrait nous permettre de passer des destructions infligées durant les trois dernières années à la stabilité et, dans le plus long terme, à une vie meilleure pour tous les habitants du Darfour. 


De même, l’an dernier, une opération humanitaire sans précédent –la plus grande du monde– a permis, malgré tous les obstacles, de soutenir des millions de vies au Darfour et même d’assurer des services d’éducation et de santé à des niveaux inconnus avant le conflit. 


Il s’agit là de réalisations majeures –fruits des efforts inlassables du peuple soudanais, de l’Union africaine et de la communauté internationale. 


Oui, nous avons des raisons d’espérer.  Mais notre déception sera cruelle si nous n’évaluons pas honnêtement les obstacles qu’il nous reste à vaincre au Darfour et si nous ne nous engageons pas à y faire front. 


En particulier, il nous faut admettre que certaines parties n’ont pas accepté l’Accord de paix et que, pour parler en toute franchise, de nombreux secteurs de la population du Darfour sont très inquiets devant certaines de ses dispositions fondamentales. 


Ces appréhensions ne doivent pas être négligées, mais ne doivent pas non plus servir d’excuses pour rouvrir les négociations.  Le dialogue sur la paix au Darfour doit se poursuivre et être élargi de manière à inclure les principales parties prenantes qui n’y participent pas encore. 


Ce qu’il faut éviter –et ce qui malheureusement arrive encore beaucoup trop souvent à l’heure actuelle– c’est le retour de la violence.  Les fautifs sont en partie ceux qui ont refusé de signer l’Accord, mais aussi certains des signataires. 


Cet état de choses doit cesser immédiatement.  Ceux qui préparent et commettent des attaques et ceux qui les tolèrent ou en sont complices nuisent aux acquis chèrement obtenus à Abuja.  Ils sapent activement les espoirs de paix du Darfour. 


Aucune partie ne doit pouvoir utiliser l’Accord de paix comme prétexte à de nouvelles violences.  Cette démarche nuirait gravement à ses chances de devenir un instrument efficace de paix et de réconciliation qu’attendent depuis plus de trois ans des millions de personnes au Darfour. 


Une porte est maintenant ouverte pour qu’il puisse être mis fin à ce conflit cruel.  Mais il faut agir vite, car elle se refermera bientôt. 


Notre tâche, aujourd’hui, consiste à faire obstacle à cette éventualité.  Ce que nous pouvons accomplir ici est essentiel. 


La MUAS a agi vaillamment, dans des conditions très difficiles.  Mais elle doit absolument obtenir davantage de ressources et de pouvoirs pour être à même d’exécuter ses activités essentielles.  Sinon, l’Accord de paix sera mis en péril et personne ne sera en sécurité au Darfour. 


C’est pourquoi les annonces que nous allons faire aujourd’hui sont d’une importance capitale et doivent se traduire sans retard par des contributions effectives, en nature et en espèces. 


Entre-temps, je proposerai au Conseil de sécurité que l’Organisation des Nations Unies soit autorisée à assurer un nouvel appui à la MUAS, comme il a été convenu durant notre mission d’évaluation conjointe.  Toutefois, cet appui viendra en complément de ce qui vous est demandé aujourd’hui –et ne s’y substituera pas.  Nous ne pouvons nous permettre de perdre encore du temps avant de commencer à donner à la MUAS les ressources supplémentaires dont elle a besoin. 


La MUAS doit pouvoir se concentrer sur les nombreuses tâches complexes qui lui sont demandées dans l’Accord de paix pour ce qui est de protéger les civils et de répondre aux violations du cessez-le-feu. 


Nous attendrons aussi beaucoup, bien entendu, du Gouvernement soudanais.  Le succès de l’Accord de paix dépendra dans une large mesure de ses actions, ainsi que de celles des autres signataires. 


Le Président Bashir et moi-même avons examiné cette question au Sommet de l’Union africaine à Banjul.  Il m’a assuré que son Gouvernement avait l’intention d’appliquer l’Accord de paix.  Pour ma part, j’ai réaffirmé que l’ONU s’engageait à tout faire en son pouvoir pour mettre fin à la violence au Darfour et permettre à la paix de prendre racine.  Le Gouvernement soudanais a collaboré étroitement avec la communauté internationale pour mettre en œuvre l’Accord de paix global dans le sud.  J’espère que nous pourrons nous prévaloir de cette coopération pour appliquer aussi l’Accord de paix sur le Darfour. 


J’ai dit sans ambages au Président Bashir que le renforcement de la MUAS, à court terme, et la transition vers une opération des Nations Unies au Darfour, à moyen terme, constituaient deux outils fondamentaux dont disposaient le peuple et le Gouvernement soudanais, ainsi que la communauté internationale. 


Nous n’avons pas d’intentions cachées; notre seul souci est de répondre aux besoins urgents de la population du Darfour.  Les forces de maintien de la paix des Nations Unies –qui viendront essentiellement de l’Afrique et de l’Asie, avec un certain appui supplémentaire et indispensable de pays développés– arriveront au Darfour non pas en tant qu’occupants, mais en tant que porteurs d’aide. 


Ceux qui évoquent le spectre de la violence contre les Casques bleus font non seulement fausse route, mais refusent aussi à leurs propres compatriotes l’aide dont ils ont si désespérément besoin. 


Le renforcement de la MUAS et la transition vers une opération des Nations Unies sont des moyens par lesquels le Gouvernement soudanais peut assurer la protection de sa population au Darfour et lui donner l’espoir d’une vie meilleure dans la paix, la liberté et la prospérité. 


Nous poursuivrons nos discussions actives avec le Gouvernement soudanais sur cette base et, ensemble, nous trouverons une solution qui soit acceptable pour le Gouvernement, le peuple soudanais et la communauté internationale.  L’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et le Gouvernement soudanais partagent le même objectif: celui d’assurer une paix durable au Darfour.  Faisons en sorte d’y parvenir. 


Le peuple soudanais s’est enfin engagé sur la route de la paix au Darfour.  L’Union africaine les a accompagnés pas à pas.  Il importe maintenant d’atteindre à coup sûr la destination finale, afin que les millions de personnes déplacées puissent regagner leurs foyers et que ce terrible conflit puisse enfin prendre fin. 


Je vous remercie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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