POUR KOFI ANNAN, LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO EST RÉSOLUMENT ENGAGÉE SUR LE CHEMIN DE LA PAIX
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Department of Public Information • News and Media Division • New York |
POUR KOFI ANNAN, LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO EST RÉSOLUMENT ENGAGÉE SUR LE CHEMIN DE LA PAIX
La réforme des forces de police et de l’armée, le contrôle des ressources et la gouvernance, autant de priorités pour consolider le processus démocratique
Vous trouverez ci-après le texte intégral de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, au peuple congolais, à Kinshasa, le 22 mars:
C’est un grand plaisir pour moi de me retrouver dans votre beau pays. Je tiens à remercier du fond du cœur le Président, le Gouvernement et le peuple congolais pour l’accueil chaleureux qui nous est réservé, à mon épouse, à ma délégation et à moi-même. J’ose espérer que cet accueil témoigne d’une relation de confiance entre les Nations Unies et la République Démocratique du Congo.
Permettez-moi tout d’abord de saluer le chemin parcouru depuis ma dernière visite. Les progrès accomplis sont encourageants. Aujourd’hui, la RDC est résolument engagée sur le chemin de la paix. Le pays est réunifié. L’État a commencé à redéployer son administration sur une grande partie du territoire. Une nouvelle Constitution a été promulguée le mois dernier, à la suite du référendum de décembre 2005. Et la signature le 9 mars de la loi électorale a ouvert la voie à la tenue d’élections démocratiques qui mettront fin à la transition engagée en 2003. Les Congolais qui, pour la première fois depuis quarante-cinq ans, seront appelés à choisir leurs dirigeants, se sont inscrits en grand nombre sur les listes électorales.
Il est essentiel, pour ne pas décevoir les espoirs, que ces élections soient perçues par tous comme libres, ouvertes et transparentes. Seule la création d’un climat de confiance et de sécurité favorisant la participation effective de tous les partis politiques permettra de renforcer la crédibilité du processus démocratique et de garantir une stabilité politique durable. Je fais confiance à la sagesse des autorités et de la population congolaise pour s’abstenir de tenir des propos haineux ou provocateurs. Tout recours à une rhétorique politique incendiaire doit être condamné.
Le peuple congolais a montré qu’il est déterminé à surmonter les divisions du passé et à bâtir un avenir commun. Les dirigeants politiques se doivent d’être à la hauteur de cette ambition en ne perdant jamais de vue, à aucune étape du processus électoral, l’intérêt supérieur de la nation.
Je voudrais, dans ce contexte, rendre hommage à la population congolaise qui a apporté une contribution essentielle au processus de paix, y compris dans le cadre des préparatifs électoraux. Il faut poursuivre cet engagement. Une société unie et engagée est la meilleure garantie d’un développement au bénéfice de tous. J’encourage plus particulièrement les femmes, qui ont assumé tant de responsabilités et payé un si lourd tribut tout au long du conflit, à revendiquer pleinement leur place dans la société. Il est primordial qu’elles participent activement aux efforts de consolidation de la paix et de reconstruction, y compris en prenant part aux processus de décision.
En effet, les défis post-électoraux sont considérables. La consolidation du processus démocratique nécessitera un engagement à long terme en faveur de la stabilité institutionnelle et du développement durable.
Le contrôle effectif des ressources, la bonne gestion des entreprises publiques, le paiement régulier et en toute transparence des fonctionnaires, sont essentiels pour tout progrès sur la voie du développement. Un développement participatif qui doit intégrer les dimensions économiques, sociales et environnementales, et n’exclure aucune région. Un autre défi important que les nouvelles autorités auront à relever sera de restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire et de faire prévaloir l’état de droit, y compris par le renforcement du soutien du Gouvernement aux administrations de proximité, pour qu’elles puissent fournir les services publics de base aux populations.
Nous devons aussi penser à la sécurisation des populations et à la stabilité de la région au-delà des élections. C’est pourquoi je vous engage instamment à accélérer le processus de réforme du dispositif sécuritaire et la mise sur pied d’une armée et d’une police congolaise crédibles, professionnelles et intégrées. Celles-ci auront un rôle crucial à jouer dans la sécurisation des populations et dans la consolidation des mesures de confiance avec les voisins de la RDC, ainsi que, plus généralement, dans la sécurité des nouvelles institutions qui prendront le relais au terme de la période de transition. La réforme des forces armées et de la police doit s’accompagner, par ailleurs, d’une accélération et d’un renforcement du processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration.
En cette période électorale délicate, et compte tenu des déchirements passés, je comprends qu’il peut sembler difficile pour la RDC de rétablir rapidement des relations normalisées avec ses voisins. Pourtant, il est indispensable pour la paix et la stabilité de la région des Grands Lacs que la RDC et ses voisins retrouvent les moyens de vivre ensemble de façon pacifique et restaurent aussi vite que possible des relations de confiance. À cet égard, les Nations Unies fondent beaucoup d’espoir sur le processus engagé dans le cadre de la Conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement de la région des Grands Lacs.
Croyez bien que, pour ma part, je continuerai d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les problèmes humanitaires et de développement auxquels la région, et la RDC en particulier, doivent faire face. J’appelle d’ores et déjà les bailleurs de fonds à appuyer la mise en œuvre du Plan d’action humanitaire 2006 en se montrant [plus] généreux cette année encore que l’année dernière.
Au delà des défis importants qui restent à relever, la communauté internationale ne peut que se satisfaire des progrès enregistrés, ces derniers mois, en RDC, dans la préparation des élections. Cette évolution est le fruit des efforts et de la détermination de tout un peuple à exprimer sa volonté collective de vivre en paix. Elle vous honore.
Je terminerai sur cette note optimiste, en vous assurant une fois de plus du soutien de l’Organisation des Nations Unies dans la recherche d’un avenir meilleur pour tous les Congolais.
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