CÉRÉMONIE DE PASSATION DES POUVOIRS DU GROUPE DES 77: KOFI ANNAN APPELLE À REDOUBLER D’EFFORTS POUR PARVENIR RAPIDEMENT À UN ACCORD SUR LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME
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CÉRÉMONIE DE PASSATION DES POUVOIRS DU GROUPE DES 77: KOFI ANNAN APPELLE À REDOUBLER D’EFFORTS POUR PARVENIR RAPIDEMENT À UN ACCORD SUR LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME
(Publié le 26 janvier – retardé à la traduction)
On trouvera ci-après le texte de l’allocution faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’occasion de la cérémonie de passation des pouvoirs du Groupe des 77:
Je tiens tout d’abord à vous présenter mes vœux en ce début d’année, qu’elle soit synonyme de bonheur, de succès et de réforme, et à mes amis musulmans, je dis « Eid Mubarak ».
Je suis honoré d’assister avec vous à cette cérémonie de passation des pouvoirs. Je félicite la Jamaïque pour sa supervision avisée des travaux du Groupe des 77 et de la Chine tout au long d’une année pleine d’écueils et, en particulier, mon bon ami Stafford Neil pour son dévouement et ses efforts assidus.
L’an passé, les États Membres de l’ONU sont convenus de faire subir à l’Organisation des transformations audacieuses. Dans le Document final du Sommet mondial de 2005, en grande partie façonné par l’apport constructif du Groupe des 77, nous nous sommes engagés à revitaliser l’Organisation et à l’adapter aux besoins du XXIe siècle.
Le Sommet mondial a également suscité des résolutions importantes. Dans le domaine du développement, par exemple, les participants sont parvenus à un consensus universel sans équivoque en ce qui concerne la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015. Les pays en développement ont fait des progrès tangibles en acceptant d’adopter, d’ici à la fin de l’année, des plans nationaux à cet effet. Dans le même temps, les pays développés se sont engagés à augmenter sensiblement le montant des fonds consacrés à l’aide au développement et à l’allégement de la dette, y compris 50 milliards de dollars supplémentaires d’ici à 2010 pour lutter contre la pauvreté.
Par-dessus tout, le Sommet a marqué une étape historique car tous les gouvernements ont reconnu que la communauté internationale avait comme responsabilité collective de protéger les populations menacées de génocide, de crimes de guerre, de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.
Il va de soi que ces accords essentiels ne vaudront que s’ils sont effectivement exécutés, selon le calendrier prévu. Partant, si 2005 a été l’année des grands engagements, 2006 doit être l’année des résultats tangibles.
C’est dans cet esprit, Madame la Présidente, que je salue l’élection de l’Afrique du Sud à la présidence du Groupe des 77. Sous l’égide de Dumisani Kumalo et grâce aux avis et à l’appui du Groupe, 2006 sera, à n’en pas douter, une année décisive marquée par des progrès dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, la réforme et le renouveau de l’ONU.
La tâche qui nous attend est colossale. L’issue décevante des négociations commerciales de Hong Kong, le mois dernier, a mis en évidence, dans un contexte différent, une dure réalité, à savoir que parvenir à un accord sur des questions épineuses n’est pas chose aisée. Or, les faux pas faits à Hong Kong ont également mis en évidence la nécessité d’avancer dans le règlement des problèmes fondamentaux qui minent la planète. Cette nécessité est d’autant plus pressante lorsqu’il s’agit des décisions essentielles prises à l’occasion du Sommet mondial.
L’avenir d’un certain nombre d’accords décisifs issus du Sommet dépend des mesures que prendront les États Membres. L’Assemblée générale s’est déjà attelée à la tâche et a entrepris de renforcer la coordination de l’aide humanitaire, y compris en créant un Fonds central d’intervention d’urgence d’un montant de 500 millions de dollars, et a souscrit à l’établissement d’une Commission de consolidation de la paix. S’agissant de celle-ci, il s’agira désormais de veiller à ce que le Bureau d’appui à la consolidation de la paix et le Fonds pour la consolidation de la paix soient dotés de ressources et d’un appui adéquats.
Je vous engage à redoubler d’efforts en vue de parvenir rapidement à un accord en ce qui concerne la création du Conseil des droits de l’homme préconisée lors du Sommet mondial. Comme je l’ai dit préalablement, la Commission actuelle a perdu de sa crédibilité, et c’est la réputation de l’Organisation tout entière qui s’en trouve ternie. Je vous exhorte donc à agir promptement de sorte qu’une transition sans heurt entre la Commission et le Conseil puisse s’effectuer dans le cadre de la session finale de la Commission, en mars prochain.
Le nouveau Conseil sera pour nous l’occasion d’un nouveau départ. Il conviendrait qu’il fasse fond sur les succès de la Commission, notamment en ce qui concerne la promotion d’une collaboration étroite avec les organisations de la société civile, et sa capacité à examiner les violations des droits de l’homme. Il conviendrait également qu’il puisse se réunir toute l’année, qu’il soit habilité à s’assurer périodiquement que tous les États s’acquittent des obligations qui leur incombent dans le domaine des droits de l’homme, et qu’il lui soit possible de conseiller les gouvernements sur les moyens de renforcer leur dispositif de protection des droits de l’homme.
Grâce à vous, nous pouvons faire en sorte que les droits de l’homme occupent à nouveau la place de choix qui leur est assignée par la Charte.
Ai-je besoin de dire que les décisions prises à l’occasion du Sommet mondial sont de nature à servir avant tout les intérêts du Groupe des 77 et de la Chine, c’est-à-dire plus que tout autre groupe d’États Membres. Si elle est importante pour l’ensemble des États Membres, une organisation plus forte et régénérée est avant tout importante pour les populations des pays en développement.
C’est la raison pour laquelle j’en appelle spécialement à vous, alors que nous nous apprêtons à aborder la réforme de la gestion. Comme je l’ai dit précédemment, la légitimité et l’efficacité de l’ONU dépendent de l’intégrité et de l’efficacité du Secrétariat. Le monde a profondément changé depuis la fondation de l’Organisation. Par conséquent, les exigences auxquelles elle doit répondre sont sans précédent, qu’il s’agisse des missions d’aide humanitaire ou du maintien effectif de la paix dans les situations de crise, de par le monde. Or, l’ONU a été conçue pour une époque différente. Compte tenu de ces bouleversements spectaculaires, le Document final du Sommet mondial a fourni un schéma directeur, et donné le feu vert, pour une vaste réforme de la gestion, de façon que le Secrétariat soit plus efficace, plus efficient et plus responsable.
Le mois prochain, à la demande des chefs d’État et de gouvernement, et en avance sur le calendrier, je devrais être en mesure de faire distribuer des documents qui faciliteront l’examen des mandats par les États Membres, et de formuler des propositions de réforme du budget, des ressources humaines, du Règlement financier et des règles de gestion financière. Je ne doute pas que vous prendrez les décisions audacieuses nécessaires pour assurer la vitalité à long terme de l’Organisation. C’est une occasion historique pour l’ONU. Nos dirigeants ont déjà approuvé la réforme et le monde a les yeux braqué sur nous. Par dessus tout, les principaux concernés, ces populations que vous représentez, ne méritent pas moins qu’une organisation solide et efficace.
Au printemps, l’Assemblée générale envisagera les mesures à prendre pour lutter contre le terrorisme. À la demande de son Président, j’établirai une stratégie potentielle susceptible d’orienter les débats que vous consacrerez aux moyens de renforcer la capacité du système des Nations Unies d’aider les pays à lutter contre le terrorisme et d’améliorer la coordination de ses activités dans ce domaine. Et, bien entendu, n’oublions pas qu’il vous faudra travailler à la réforme du Conseil de sécurité.
J’espère que les États Membres redoubleront aussi d’efforts afin d’établir le texte d’une convention de portée générale sur le terrorisme international, dans le cadre de la session en cours de l’Assemblée; je me tiens prêt à leur prêter main forte, si besoin est.
Les événements de ces dernières années nous ont prouvé que l’ONU n’était pas parfaite, et ne le sera peut-être jamais. Mais elle doit être capable d’exiger pour elle-même, ses effectifs et ses travaux, les critères les plus élevés en matière de déontologie et de professionnalisme. Elle doit être sensible à son époque, s’adapter et évoluer afin de prendre en considération les besoins des principaux intéressés au nom desquels elle a été fondée, à savoir les peuples du monde.
Seule une telle organisation peut être un partenaire de développement véritable. Seule une telle tribune peut promouvoir notre objectif commun d’une existence digne, qui ne connaît ni la peur ni le besoin. Seule une telle institution peut fièrement brandir sa Charte, tel l’étendard universel du développement, de la sécurité et des droits de l’homme. Elle seule mérite votre appui indéfectible.
Je ne doute pas que sous votre égide, Madame Zuma, et celle de votre pays, l’Afrique du Sud, le Groupe des 77 contribuera aux efforts collectifs que nous déploierons en 2006 afin de mettre en application le Document final du Sommet mondial et de faire de l’ONU une organisation meilleure et plus forte.
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