NOUS AVONS BESOIN DE 3,9 MILLIARDS DE DOLLARS POUR AIDER 27 MILLIONS DE PERSONNES DANS 29 PAYS, DÉCLARE KOFI ANNAN, EN LANÇANT L’APPEL HUMANITAIRE POUR 2007
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Lancement de l’Appel humanitaire de 2007
NOUS AVONS BESOIN DE 3,9 MILLIARDS DE DOLLARS POUR AIDER 27 MILLIONS DE PERSONNES DANS 29 PAYS, DÉCLARE KOFI ANNAN, EN LANÇANT L’APPEL HUMANITAIRE POUR 2007
Nous avons besoin de 3,9 milliards de dollars pour porter assistance aux 27 millions de personnes qui, dans 29 pays, n’ont pas d’eau potable, pas de médicaments, de soins de santé, d’abris décents et vivent dans la souffrance et le danger, a déclaré, ce matin, le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, en lançant l’Appel humanitaire consolidé des Nations Unies pour 2007.
Soulignant que cet Appel est le dernier qu’il lance en tant que Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan a exhorté les États Membres et les donateurs à se montrer généreux. Il a regretté que durant les 10 années au cours desquelles il a assumé ses fonctions, aucun Appel consolidé n’ait reçu plus des deux tiers des fonds demandés. Alors que la communauté internationale a largement les moyens de sauver les populations dans le besoin, elle a laissé mourir un enfant et a abandonné une mère. Si chaque habitant des pays riches ne versait que le prix de deux tasses de café, 27 millions des personnes qui souffrent en Somalie, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC), dans le Territoire palestinien occupé, ou ailleurs, verraient leur souffrance apaisée, a relevé Kofi Annan après les interventions de la Princesse Haya de Jordanie, Ambassadrice du Programme alimentaire mondial (PAM), et du Dr Denis Mukwege, Directeur de l’hôpital Panzi en RDC.
La cérémonie d’Appel consolidé s’est terminée par la projection du film « Survivre et reconstruire » consacré aux situations humanitaires dans les zones les plus affectées par les conséquences des conflits et des catastrophes naturelles. La cérémonie était modérée par Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.
Déclarations
M. DENIS MUKWEGE MUKENGERE, Directeur de l’hôpital Panzi en République démocratique du Congo, après avoir évoqué la pandémie du VIH/sida, une terrible maladie qui se transmet par le sang et par la voie sexuelle, s’est demandé si la violence sexuelle qui sévit dans l’est de la RDC n’a pas pour objectif d’éliminer des populations entières, en détruisant les familles physiquement et psychologiquement, en propageant des maladies vénériennes et en obligeant les victimes, humiliées, à partir ailleurs se cacher dans l’anonymat. Il a estimé que le viol constitue une tactique de guerre, une arme de destruction massive. Il a indiqué qu’au cours des cinq dernières années, son hôpital a pu soigner plus de 10 000 femmes victimes de violence sexuelle qui ne constituent pourtant qu’une infime partie des victimes car seules celles qui ont des complications surtout chirurgicales sont transférées à l’hôpital pour une prise en charge, les autres étant soignées dans les structures périphériques. Pendant l’hospitalisation, les femmes travaillent en groupe et apprennent un métier et la gestion d’un microcrédit pour favoriser leur réinsertion socioéconomique.
Étant donné que beaucoup de victimes n’arrivent pas à l’hôpital, une équipe mobile a été organisée pour soit chercher les malades soit les consulter dans leur milieu ou leur cachette. Malgré tous ces efforts, l’hôpital Panzi et toutes les autres organisations sur le terrain ne sont pas en mesure de porter secours à l’ensemble des victimes qui ont désespérément besoin d’assistance, a reconnu M. Mukwege. Il a donc appelé les bailleurs de fonds à prêter main forte aux ONG locales et internationales, à financer les autres volets de la prise en charge des victimes notamment les volets socioéconomique et juridique pour poursuivre les auteurs de la violence et à accélérer la pression sur les acteurs politiques pour enfin pacifier la région et assurer le respect des droits humains. Quant on voit, a-t-il dit, que les appels globaux sont financés à hauteur de 63%, on peut se demander si les 37% restants sont vraiment nécessaires. Je suis ici pour vous assurer que 37% des victimes attendent encore désespérément votre aide, a déclaré le Directeur.
Son Altesse Royale HAYA BINT AL-HUSSEIN (Jordanie), Ambassadeur de bonne volonté du Programme alimentaire mondiale (PAM), a rappelé qu’en ce dixième Appel global, les questions abordées resteront les mêmes à savoir la pauvreté, les conflits, les catastrophes naturelles, le VIH/sida, la santé, l’éducation et l’insuffisance des ressources. Elle a souligné cependant les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté, dans le domaine de la santé, comme en atteste l’augmentation du nombre d’enfants vaccinés, et dans l’éducation. Elle a admis qu’en dépit de l’insuffisance pérenne des ressources, l’aide publique au développement (APD) n’a cessé de croître, au cours des deux dernières décennies. Elle a averti également que les imperfections du système des Nations Unies, qui fait actuellement l’objet d’une réforme, ne sauraient servir de prétexte pour geler les fonds nécessaires.
Les organismes de l’ONU, a-t-elle rappelé, constituent le plus grand réseau d’aide humanitaire actuellement en place qui permet à des millions d’êtres humains de survivre. L’octroi de l’aide est un privilège et une responsabilité. L’ONU peut faire une véritable différence dans la vie des personnes les plus pauvres de la planète et le monde se doit de nouveau réveiller sa conscience morale, a-t-elle conclu.
Le Secrétaire général de l’ONU, M. KOFI ANNAN, a souligné que cet Appel global est destiné à soulager les souffrances dans lesquelles vivent 27 millions de personnes, dans 29 pays. Ces personnes, a-t-il ajouté, sont affectées par les conséquences des conflits ou les retombées de calamités naturelles. La plupart de ces gens sont des femmes et des enfants, qui vivent dans des endroits sans ordre où règne souvent le chaos, comme la Somalie, le Territoire palestinien occupé et la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué le Secrétaire général. Comment rester indifférents quand, en cette période de prospérité mondiale inégalée, des centaines de milliers de gens n’ont pas accès aux ressources essentielles à la vie humaine comme l’eau potable, les médicaments ou un abri digne de ce nom? s’est insurgé M. Annan.
Les 27 millions de personnes dont nous parlons ne sont pas des mendiants. Ce sont des gens qui ont simplement besoin qu’on leur donne une chance ou qu’on leur tende la main, a-t-il dit, en espérant que la réponse à leurs besoins ne sera pas basée sur la pitié mais sur le pragmatisme et la compassion. Pour l’année 2007, a déclaré le Secrétaire général, les ressources dont nous avons besoin pour porter assistance à ces populations en situation difficile s’élèvent à 3,9 milliards de dollars. Cette somme permettrait de leur offrir une aide humanitaire de base et une protection. Le montant que dépense un consommateur pour deux tasses de café dans les pays riches du Nord peut, dans le cas présent, sauver une vie humaine, a-t-il précisé. La réponse que recevra l’Appel humanitaire lancé aujourd’hui déterminera le niveau d’espoir, de protection et d’assistance que la communauté internationale offrira à ces déshérités.
Les Appels consolidés, comme celui que nous lançons aujourd’hui, offrent beaucoup d’avantages aux donateurs, a tenu à préciser le Secrétaire général. Ils évitent les doubles emplois, puisque tous les acteurs du système de l’ONU y sont représentés, ainsi que les ONG, le Croissant-Rouge et la Croix-Rouge. Les contributions s’y font de manière transparente et l’usage qui est fait des fonds est aisément vérifiable sur le site Web créé à cet effet, et qui est accessible à tous. Les Appels consolidés ont aussi l’avantage d’être efficaces, a poursuivi le Secrétaire général, en notant qu’ils permettent aux agences et organismes d’aide de travailler en étroite collaboration et coordination dans des délais réalistes répondant aux besoins des populations. Complétés par le nouveau Fonds central d’intervention d’urgence, les Appels consolidés sont un des moyens les plus efficaces dont dispose la communauté internationale pour soutenir la promotion d’un monde plus équitable, sain et prospère, a estimé M. Annan.
Citant quelques actions d’assistance menées grâce aux fonds versés en réponse aux Appels, le Secrétaire général a indiqué que l’an dernier, les ressources versées par les donateurs ont permis de nourrir 11 000 enfants malnutris en Somalie. Dans ce même pays, 63 000 enfants et étudiants ont aussi pu retourner à l’école et 18 000 écoliers y ont bénéficié d’une aide alimentaire en même temps qu’ils allaient à l’école. En République centrafricaine, les fonds versés ont permis de créer, dans 201 écoles, des cantines scolaires qui ont donné un repas par jour à 70 000 enfants, a ajouté le Secrétaire général, en notant que cette année encore l’Afrique était le continent le plus en mal d’aide alimentaire.
« L’Appel humanitaire que je lance aujourd’hui sera pour moi le dernier en tant que Secrétaire général », a poursuivi M. Annan. Tout au long de mes deux mandats, j’ai été chagriné que les donateurs n’aient, en moyenne, versé que deux tiers des montants que nous leur demandions pour venir en aide aux personnes et groupes dans le besoin. Parfois, des populations dans le besoin n’ont pas pu recevoir l’aide dont elles avaient cruellement besoin du fait de l’insuffisance ou de l’absence des fonds nécessaires, a regretté le Secrétaire général. Chaque année, nous avons donc laissé mourir de faim ou de maladie un enfant. Nous avons abandonné une mère à la lutte qu’elle menait pour protéger et nourrir sa famille dans des conditions parfois tragiques. Chaque année, des volontaires de la santé, comme le Dr Mukwege ici présent, n’ont pu recevoir le matériel et les médicaments dont ils avaient besoin pour sauver une vie humaine.
Chaque année, alors que le monde dépensait d’énormes sommes dans des choses non essentielles, nous avons abandonné des gens dans le besoin. Je pense que nous pouvons faire beaucoup, en tant que Nations Unies, ou en tant qu’États, a déclaré M. Kofi Annan. Que dirons-nous à nos enfants ou petits-enfants quand ils nous demanderont pourquoi nous avons laissé mourir, sans cause, tant de femmes et d’enfants, alors que nous avions l’argent, les connaissances et les moyens de les sauver? a demandé le Secrétaire général. « J’espère que nous n’aurons jamais à répondre à cette question. Que nous nous serons pas obligés de dire que bien que nous ayons eu les moyens et les ressources nécessaires, nous avons pêché par manque de volonté, de vision et de cœur », a averti le Secrétaire général.
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