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ENV/DEV/891

COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: DES TABLES RONDES EXAMINENT LES OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL ET À UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES

4 mai 2006
Conseil économique et socialENV/DEV/891
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Commission du développement durable

Quatorzième session

8e et 9e séances – matin & après-midi


COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE: DES TABLES RONDES EXAMINENT LES OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL ET À UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES


Experts, États Membres et organisations non gouvernementales ont poursuivi aujourd’hui les travaux de la Commission du développement durable par quatre tables rondes approfondissant la réflexion sur les thèmes de son second cycle biannuel: énergie au service du développement durable, développement industriel, pollution atmosphérique et changements climatiques.


Les quatre débats thématiques ont tenté d’identifier des obstacles.  Obstacles, tout d’abord, à la réalisation, entre l’énergie, le développement de l’industrie, la pollution de l’air et le réchauffement de la planète, d’une approche intégrée pour réduire les émissions atmosphériques.  Lors de cette table ronde, des intervenants ont regretté le manque d’information, résultant principalement de la faiblesse des institutions environnementales en termes d’argent et de ressources humaines, ainsi que de la faible préoccupation de la part de l’opinion publique, du manque de connaissances, et du manque d’argent consacré par les secteurs publics ou privés à l’investissement dans la recherche et la technologie.  Le renforcement des capacités doit être opéré à tous les niveaux, a-t-il été également dit.  Les gouvernements doivent ainsi établir des règles efficaces et veiller à leur bonne application, tout en espérant pouvoir compter sur l’appui du secteur privé, des universités ou des organisations non gouvernementales.


Les participants à une autre table ronde se sont notamment attachés à déterminer les types d’obstacles que peuvent rencontrer les pays dans l’utilisation des ressources en vue d’atteindre le développement industriel.  Un lien étroit existe entre l’énergie et le développement industriel, a-t-il été expliqué.  Un expert a également constaté que si chaque individu en Chine, en Inde, au Brésil, en Égypte ou dans d’autres pays consommait autant d’énergie qu’un Américain, le monde serait très rapidement à court de ressources et confronté à d’insolubles problèmes climatiques, tandis que l’on ne pourrait mettre un terme au problème nucléaire.  Les pays doivent ainsi consacrer leurs efforts à améliorer l’efficacité dans leur utilisation de l’énergie.


Dans une table ronde consacrée au développement industriel au service de la lutte contre la pauvreté, experts et délégations se sont interrogés sur les moyens dont pourrait disposer la communauté internationale pour faciliter le déploiement de technologies énergétiques efficaces.  Les obstacles que doivent surmonter les petites et moyennes entreprises qui participent à la croissance économique de leurs pays ont également donné lieu à des échanges de vues.  Les investissements directs restent pour les pays en développement un moyen d’acquérir davantage d’opportunités et les entreprises nationales sont essentielles pour absorber les transferts de technologies, a-t-il été souligné.  Mais les gouvernements doivent pour cela instaurer un climat propice à l’investissement en levant un certain nombre de contraintes qui pèsent sur les petites et moyennes entreprises (PME).


Un quatrième débat thématique a enfin permis de confronter les avis des participants sur les opportunités en matière de politiques de développement durable visant à atténuer les effets du changement climatique ou de s’y adapter, insistant notamment sur les obstacles, les leçons à tirer et les mesures à prendre.


La Commission du développement durable poursuivra ses travaux demain, vendredi 5 mai à 10 heures.



MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2006/2007


-     L’énergie au service du développement durable

-     Développement industriel

-     Pollution atmosphérique/atmosphère

-     Changements climatiques


Débats thématiques


Thème: Approche intégrée pour réduire les émissions atmosphériques et les problèmes atmosphériques


Avec toujours à l’esprit la volonté de trouver les meilleures solutions à l’application du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, experts, représentants des États Membres et d’organisations non gouvernementales ont tenté, lors de cette table ronde, d’identifier les obstacles, entre l’énergie, le développement de l’industrie, la pollution de l’air et le réchauffement de la planète, à la réalisation d’une approche intégrée pour réduire les émissions atmosphériques.


Les dommages causés par la pollution sur la santé ne constituent pas, contrairement à ce que l’on pense généralement, un phénomène urbain.  Selon KIRK R. SMITH, Professeur de sciences en santé environnementale, à l’Université de Berkeley, en Californie, la pollution touche en effet davantage les populations rurales, surtout dans les pays en développement.  Cet expert a ainsi cité plusieurs formes de pollution, celle que l’on constate à l’intérieur même des foyers, par l’utilisation de simples combustibles solides pour la cuisine ou le chauffage, celle qui touche les populations rurales de nombreuses parties du monde et dont l’origine provient des activités urbaines, industrielles et agricoles, et l’exposition à l’ozone et à d’autres sources polluantes opérant à des échelles intercontinentales, laquelle affecte tout aussi bien les zones urbaines et rurales.  Selon une étude récente, 100 000 décès prématurés chaque année dans le monde seraient causés par cette dernière forme de pollution, a-t-il précisé.  Il est temps, au vu de l’importance de l’exposition des populations rurales à la pollution, en particulier dans les pays en développement, de promouvoir des approches et des stratégies de contrôle plus intégrées que par le passé, a assuré M. Smith.


Cette approche intégrée n’existe pas en Amérique latine, que ce soit au niveau national ou au niveau régional, a témoigné GIANNI LÓPEZ RAMIREZ, Directeur du Centre d’études sur l’énergie et l’environnement Mario Molina, au Chili, même s’il en existe quelques expériences dans certaines villes importantes, comme à Mexico, São Paulo ou Santiago.  Selon cet expert, le manque d’informations, dû principalement à la faiblesse des institutions environnementales en termes d’argent et de ressources humaines, ainsi qu’à une faible préoccupation de la part de l’opinion publique, le manque de connaissances, et le manque d’argent consacré par les secteurs publics ou privés à l’investissement dans la recherche et la technologie sont autant d’obstacles à la durabilité de l’environnement.  Ils entraînent un retard pour la région latino-américaine dans la mise en œuvre du Plan de Johannesburg.  M. Ramirez se veut néanmoins positif, en observant des changements encourageants, comme l’amélioration de la politique des transports publics, et une plus grande demande en matière de responsabilisation.  Le renforcement des capacités doit être opéré à tous les niveaux, a-t-il estimé.  Les gouvernements doivent ainsi établir des règles efficaces et veiller à leur bonne application.  À leurs côtés, doivent être inclus davantage d’acteurs, comme ceux du secteur privé, des universités et des organisations non gouvernementales.


Les défis sont, en tout cas, énormes, a affirmé CARLOS CORVALAN, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  S’appuyant sur un rapport que l’OMS devait publier dans la journée, il a indiqué que pour réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes utilisant des combustibles nuisibles à la santé, près d’un demi million de personnes devront avoir accès chaque jour à des combustibles plus propres.  Cette tâche semble impossible, mais, a-t-il précisé, l’analyse montre que ce genre d’investissement s’avère payant.  Il a également noté que le manque de sensibilisation et l’absence d’un mandat pour une action intersectorielle constituent les obstacles institutionnels les plus importants.  Les sources et les effets de la pollution et des changements climatiques relèvent par exemple de la juridiction de nombreux ministères, a-t-il dit, citant ceux de la santé, de l’énergie ou de l’environnement.  Cet expert a en outre mis l’accent sur la difficulté de trouver des solutions applicables universellement.


Au niveau national, des efforts sont pourtant entrepris, ainsi que l’ont souligné plusieurs délégations.  Le représentant de la Chine a reconnu que son pays s’était développé trop vite, la source d’énergie principalement employée étant le charbon, une utilisation intensive qui a contribué à accroître la pollution de l’atmosphère.  La pollution de l’atmosphère est due au développement, a-t-il expliqué.  Il faut donc régler cela au niveau du développement, et compter sur la science, la technologie pour renforcer les capacités.  Il convient également de disposer de lois appropriées, en mettant l’accent sur la prévention, de traiter la pollution de l’air à la source.  Tous les nouveaux projets doivent être conformes aux normes de l’environnement, a ajouté le délégué chinois, assurant que, grâce, par exemple, aux contrôles d’émissions de dioxyde de souffre dans les centrales, celles-ci seront réduites de 20% d’ici à 2010.  Les programmes pilotes lancés par la Chine dans le domaine de la lutte contre la pollution industrielle ont été salués par le représentant des États-Unis.


Le représentant de l’Inde a estimé que les grandes industries s’efforçaient, dans son pays, de respecter des normes environnementales, le secteur des petites et moyennes entreprises étant celui qui posait le plus de problèmes.  Selon lui, l’obstacle le plus important à une approche intégrée est le coût trop élevé des technologies alternatives.  Pour son homologue de la République de Corée, il est indispensable d’intégrer les mesures de réduction de la pollution atmosphérique dans des politiques telles que celles de l’énergie, de l’industrie et des transports de manière plus complète.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’améliorer l’efficacité énergétique, d’étendre l’utilisation des énergies renouvelables, de mieux gérer la demande en matière de transport, ainsi que les politiques de logement et de d’utilisation de la terre dans le contexte du développement durable.  La représentante de la Suède, jugeant sans précédent l’urbanisation actuelle, a souligné pour sa part l’importance d’une bonne urbanisation pour un développement durable.


Thème: Accélérer le développement industriel pour l’élimination de la pauvreté 


Comment la communauté internationale peut-elle faciliter le déploiement de technologies énergétiques efficaces?  Quels sont les obstacles les plus difficiles à surmonter pour que les petites et moyennes entreprises participent à la croissance économique de leurs pays?  Telles ont été quelques-unes des questions soulevées aujourd’hui par des experts et des délégations au cours d’une table ronde consacrée au rôle que peut jouer le développement industriel dans la lutte contre la pauvreté.


Pour le représentant de la Division pour le développement durable, en dépit des limitations sur les échanges de produits agricoles imposées par le monde industrialisé, la libéralisation des marchés mondiaux ouvre dans ce domaine aujourd’hui de nouvelles possibilités aux pays en développement.  Les investissements directs restent pour ces pays un moyen d’acquérir et de se créer plus d’opportunités, et des entreprises nationales de taille respectable sont essentielles pour pouvoir absorber les transferts de technologies.  Mais, a estimé le représentant, les gouvernements doivent pour cela instaurer un climat propice à l’investissement en levant un certain nombre de contraintes qui pèsent sur la création et le fonctionnement des petites et moyennes entreprises (PME).  En outre, de nouvelles industries s’appuyant sur l’usage d’énergies renouvelables sont nécessaires à la promotion du développement, et à cet égard, la coopération Sud-Sud a un rôle déterminant à jouer, a conclu l’expert.


Attirant l’attention sur l’optimisation de l’efficacité énergétique au sein des PME dans les pays en développement, M. OGUNLADE R. DAVIDSON, Professeur d’ingénierie mécanique à l’Université de Sierra Leone, a souligné que la quantité d’énergie dont disposent ces entreprises devrait être suffisante pour assurer le développement industriel.  Il a par conséquent encouragé les PME et leurs promoteurs à choisir l’utilisation d’énergies renouvelables.  La majorité des pays en développement reste cependant confrontée à des difficultés d’accès à de telles énergies, à l’heure où la hausse des prix et le problème du stockage rendent d’autant plus nécessaires cette reconversion, a-t-il regretté.  Le panéliste a ensuite lancé un appel en faveur de la multiplication des partenariats et des réseaux qui pourraient favoriser le transfert de technologies.  « Il est cependant difficile d’imposer des solutions identiques à la fois aux pays connaissant une croissance et un développement rapides, et à ceux qui se luttent simplement pour leur survie économique », a-t-il noté.   Pour ces derniers, il est nécessaire d’insister au plus vite sur la création de conditions de promotion industrielle favorables, en sachant qu’il s’écoule en moyenne une vingtaine d’années entre l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, et que les coûts de mise en œuvre peuvent y être 100 fois plus élevés que dans les pays plus développés, a fait remarquer M. Ogunlade Davidson.


Intervenant après lui, M. AHMED A. HAMZA, Professeur émérite d’ingénierie environnementale à l’Université d’Alexandrie (Égypte), a rappelé que la mondialisation avait laissé l’Afrique au bord de la route, et que ce continent était handicapé par son retard technologique et de pesantes bureaucraties, ces deux facteurs étant défavorables à l’investissement.  Toutefois, en libéralisant les régimes juridiques et fiscaux existants, de nombreux pays africains se sont lancés dans des programmes ambitieux de développement industriel, s’est félicité l’expert, en notant que dans ce cadre les PME ont un rôle important à jouer.  Plus d’actions concrètes sont cependant nécessaires, a-t-il estimé, en indiquant qu’il fallait commencer par le fait que les pays développés devraient fournir, comme ils s’y sont engagés, au moins de 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement.


M. EVANS KITUYI, Chef de la Division de chimie environnementale à l’Université de Nairobi (Kenya), a également attiré l’attention sur la situation spécifique de l’Afrique, où les PME, qui génèrent en moyenne de 5% à 25 % de l’activité économique, selon les pays, sont très importantes.   Le développement de ces entreprises s’appuie cependant trop souvent sur l’exploitation des ressources naturelles plutôt que sur la mise en valeur des énergies renouvelables, a-t-il regretté.  M. Kituyi a ensuite présenté les différents défis auxquels sont confrontés ces PME.  Il y a tout d’abord le manque de stratégie politique et d’encouragement, qui est caractérisé dans de nombreux pays par l’existence de régimes juridiques souffrant de lacunes et par une application insuffisante des lois.  Ensuite, l’état des infrastructures laisse le plus souvent à désirer, avec des routes de mauvaise qualité, et un approvisionnement en eau ou en électricité médiocre, a relevé l’expert.  M. Kiyuti a ensuite évoqué l’existence d’obstacles techniques, tels que le manque de formation aux normes internationales, et d’obstacles structurels, comme le problème de l’absence de contact entre les PME et les milieux de la recherche universitaire et les autres industries locales, ce qui contribue à la limitation des transferts de technologies.


M. EDWARD CLARENCE-SMITH, représentant de l'Organisation pour le développement industriel des Nations Unies (ONUDI), a pour sa part évoqué des facteurs autant internes qu’externes, qui font obstacles à l’essor des entreprises.  « Sur le plan interne, l’obstacle principal auquel doivent faire face les PME, est le manque de connaissances et de qualifications qui pourraient les aider à surmonter leur isolement », a-t-il estimé.  Des politiques et des mécanismes d’appui sont donc nécessaires en vue de renforcer leurs capacités, a recommandé M. Clarence-Smith.  Par ailleurs, le spécialiste a estimé que face au taux d’échec très élevé que connaissent les PME pendant les deux premières années de leur existence, il était indispensable d’accorder la priorité d’un soutien à celles d’entre elles qui s’en sortent le mieux.  S’agissant des facteurs externes, il a évoqué la défaillance ou l’absence d’infrastructures, qu’il s’agisse des réseaux routiers, des installations électriques ou des laboratoires.  D’autre part, a estimé l’expert, face à des systèmes financiers parfois hostiles à la création d’entreprise et à l’investissement, il faudrait résoudre la question du besoin de subventions à l’avantage des petites et moyennes entreprises, d’autant plus que la plupart des investisseurs préfèrent faire des affaires avec les grandes entreprises plutôt qu’avec les PME.  À cet égard, des cadres juridiques appropriés seraient bienvenus.  Mais au-delà de l’aide apportée par des organismes tels que l’ONUDI, il faudrait des solutions globales et holistiques, a préconisé l’expert.


Les délégations participant à la table ronde ont souligné quant à elles la nécessité d’instaurer un environnement international favorable au démantèlement des structures préférentielles à l’exportation, qui existent dans les pays du Nord, et qui freinent l’essor des pays en développement.  La question de la formation et du renforcement des capacités locales a également été au cœur des préoccupations soulevées par les membres de la Commission.  Certains ont estimé que ce renforcement devrait se faire prioritairement au niveau régional, afin de permettre aux pays les plus avancés de partager leur expérience avec les autres.  D’autres intervenants,  comme le groupe des agriculteurs, ont défendu l’idée de mener des consultations avec les acteurs locaux.  L’égalité entre hommes et femmes a en outre été évoquée, ainsi que l’impact des conflits armés sur le développement industriel, comme en Afghanistan, où toute une main d’œuvre âgée de 14 à 21 ans a été touchée par l’enrôlement de force dans les rangs des groupes armés. 


Des petits états insulaires en développement, tels que Maurice et Singapour, ont pour leur part plaidé pour que plus d’attention soit accordée à leur situation particulière.  Pour le représentant de la République dominicaine, le principal obstacle au développement industriel se situe aussi au niveau de la persistance des poches de pauvreté, qui pousse les populations en détresse à emprunter la voie de l’exode et des migrations.



Thème: Tenir compte de l’interaction entre les changements climatiques et le développement durable 


De nouvelles politiques de développement durable sont devenues nécessaires afin d’atténuer les effets du changement climatique ou de s’y adapter.  Une table ronde a permis cet après-midi de confronter les avis d’experts, de représentants d’ONG et de délégations à ce sujet.


À l’issue d’une présentation du rapport du Secrétaire général sur le changement climatique par le représentant du Département des affaires économiques et sociales, M. JONATHAN PERSHING, Directeur du Programme pour le climat, l’énergie et la pollution du World Resource Institute, a insisté sur les obstacles, les leçons et les mesures à prendre en matière de changements climatiques.  Les tendances à long terme prévoient une hausse de 40 à 60% des gaz à effet de serre d’ici à 2025.  Dans cette perspective, il faut impérativement intégrer les questions climatiques dans les programmes de développement durable, a recommandé cet expert, de même que réfléchir aux nouvelles sources de financements et de crédits et aux mesures d’incitation à prendre aux niveaux national et international.


Prévenant qu’à la fin du XXIe siècle, les températures augmenteraient de 4 à  5,8 degrés Celsius et le niveau des mers de 80 centimètres, M. R.K. PACHAURI, Président du Groupe intergouvernemental sur le changement climatique de l’Institut de la recherche énergétique de Tata (Inde), a indiqué que les premières victimes des changements climatiques seraient les populations les plus démunies.  Nous devons donc non seulement en atténuer les changements, mais aussi faire des efforts supplémentaires dans la recherche de technologies et de cadres institutionnels appropriés en vue de nous adapter, notamment dans le domaine de l’agriculture.  Si la communauté internationale venait à manquer d’énergie, aucun développement durable ne serait possible et nous serions incapables de surmonter la fracture numérique, a ajouté l’expert, qui a donc proposé de prévoir des structures à cet effet.


M. GORDON CONWAY, Conseiller scientifique au Département britannique pour le développement international, a déclaré pour sa part que son pays contribuait aux efforts visant à relever les défis du changement climatique, qui risquent de faire obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et de compromettre la croissance économique dont le monde en développement a tant besoin.  Ainsi, les températures en Afrique de l’Est ont augmenté d’un demi-degré dans les régions montagneuses, ce qui est phénoménal, contribuant à propager des maladies telles que le paludisme.  Il est donc urgent de comprendre, mais aussi de prévoir, les effets du changement climatique en mettant l’accent sur la résistance et l’adaptation.  À cette fin, il est indispensable de diversifier les ressources et les types d’agriculture pour ne pas avoir à dépendre d’une seule et prendre en compte les effets du changement climatique dans l’élaboration des politiques nationales.


Intervenant à son tour, M. HALLDOR THORGEIRSSON, Secrétaire exécutif adjoint, Conseil scientifique et technologique, Secrétariat du changement climatique de Bonn, a fait remarquer qu’il fallait influencer dès maintenant les décisions en matière d’investissement pour avoir une influence à l’avenir.  Évoquant le coût des émissions dans l’atmosphère, il s’est félicité de la ratification du Protocole de Kyoto, qui a permis de fixer des limites et de créer des incitations pour la recherche de solutions, qui doivent se situer entre atténuation et adaptation.  À cet égard, la coopération technique a une importance vitale, les gouvernements ayant besoin d’informations sur leur vulnérabilité actuelle.  M. STEVE SAWYER, membre de Greenpeace International, a rappelé que le taux de mortalité associé au changement climatique était de l’ordre de 100 000 décès par an.  De nombreux scientifiques estiment que d’ici 10 à 15 ans, nous irons à la catastrophe si des mesures ne sont pas prises dès aujourd’hui.  L’adaptation se chiffrera cependant en milliards de dollars et pour y faire face, l’examen d’autres sources de financement sera nécessaire.


Déplorant les effets du réchauffement climatique sur leurs pays, les délégations ont plaidé pour des mesures d’incitations appropriées et de réglementation des marchés internationaux pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.  Pour la plupart d’entre elles, les options d’atténuation et d’adaptation devraient être poursuivies parallèlement.  S’exprimant au nom des petits États insulaires en développement, la Barbade a fait observer que ces pays étaient ceux qui souffraient le plus des effets du changement climatique, alors qu’ils y contribuaient le moins.  Au-delà des initiatives locales, l’Afrique du Sud a appelé à lancer d’abord des actions concrètes au niveau international.  


Thème: Développement industriel et gestion durable des ressources naturelles


Experts et délégations des États Membres se sont notamment attachés, lors de cette table ronde, à identifier les types d’obstacles que peuvent rencontrer les pays dans l’utilisation des ressources en vue d’atteindre le développement industriel.  Les pays doivent consacrer leurs efforts à améliorer l’efficacité dans leur utilisation de l’énergie, a-t-il été en particulier souligné.


M. XUEJIN ZUO, de l’Académie des sciences sociales de Shanghai, a souligné que son pays avait connu une importante croissance économique, de l’ordre de 9% par an, au cours des 26 dernières années, depuis le début des réformes économiques.  Le taux de croissance dans les provinces côtières, telles que celles de Shanghai, Jiangsu et Zhejiang, dans la région du delta du Yangtze, est même encore plus élevé.  Selon lui, le Gouvernement central chinois a conscience des défis auxquels le pays est confronté en assurant la promotion du développement durable, en appelant à une conceptualisation plus complète et plus scientifique du développement, en assurant un développement plus équilibré entre les dimensions sociale et économique du développement, entre les zones urbaines et les zones rurales, et à travers les régions, entre les secteurs extérieurs et intérieurs, et entre les besoins humains et l’environnement.  Le Gouvernement, a-t-il ajouté, milite en faveur de l’établissement d’une société plus harmonieuse, incluant des éléments d’harmonie entre l’homme et la nature.  Cet expert a également cité l’exemple de Shanghai, la ville la plus importante du pays, où les autorités ont notamment donné la priorité au développement de transports publics plus rapides et plus efficaces.


M. ERNST VON WEIZSACKER, de l’Université de Californie, à Santa Barbara, a souligné le contraste entre le fait que la quantité moyenne d’énergie disponible pour un Indien est vingt fois inférieure à celle disponible pour un Américain.  Toutefois, si chaque individu en Chine, en Inde, au Brésil, en Égypte ou dans d’autres pays consommait autant d’énergie qu’un Américain, le monde serait très rapidement à court de ressources et confronté à d’insolubles problèmes climatiques, tandis que l’on ne pourrait mettre un terme au problème nucléaire.  Un lien étroit existe entre l’énergie et le développement industriel, a-t-il expliqué.  L’industrialisation progressant rapidement dans de nombreux pays en développement et dans des économies en transition, il est indispensable d’assurer l’accès à une énergie abordable, d’accroître l’efficacité énergétique et de diversifier les sources d’énergie.  Il a en outre proposé que l’on quadruple les économies de ressources.  Il s’est ainsi déclaré être frappé par l’exemple de la Chine, qui est engagée résolument dans cette voie en ayant réussi à doubler ses économies d’énergie en 15 ans.


Le représentant de l’Autriche, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a estimé qu’il existait de grandes divergences entre les pays, ainsi qu’à l’intérieur des pays, pour ce qui est des niveaux de revenus et des structures de consommation, lesquels appellent des solutions différentes.  Les stratégies nationales de consommation et de production durables doivent être considérées comme des instruments clefs pour aboutir au progrès, a-t-il dit.  Rappelant que son pays était passé d’une société traditionnelle à une société de consommation et de production de masse, la représentante du Japon s’est dite préoccupée par la question du transfert des technologies et du renforcement des capacités.  Le Japon, qui coopère avec les organisations internationales sur ce sujet, a l’intention de convoquer cette année une réunion régionale pour promouvoir ces activités dans la région, a-t-elle ajouté. 


Son homologue de l’Afrique du Sud a énuméré obstacles que doit surmonter son pays, citant ainsi l’absence de compétences, la nécessité de maintenir de bonnes pratiques pour conserver les ressources, de rattraper le retard technologique.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité d’adopter des pratiques propres au niveau mondial et de respecter les règles du commerce international.  La représentante de la Norvège a constaté pour sa part que très peu de délégations avaient fait référence à la capacité d’adaptation des écosystèmes.  Elle a également insisté sur les vertus de la transparence et de la bonne gouvernance.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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