ECOSOC/6229

LES PMA À L’ECOSOC: « TOUT RESTE À FAIRE » DANS L'APPLICATION DU

20/07/2006
Conseil économqiue et socialECOSOC/6229
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2006 – matin


LES PMA À L’ECOSOC: « TOUT RESTE À FAIRE » DANS L'APPLICATION DU

PROGRAMME D'ACTION EN FAVEUR DES PAYS LES MOINS AVANCÉS


Le Comité se penche également sur la question du financement du développement


(Publié tel que reçu)


GENÈVE, 20 juillet (Service d’information des Nations Unies) -- Le Conseil économique et social a porté ce matin son attention sur l'examen et la coordination de l'application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010.  Le Conseil s'est en outre penché sur la suite donnée à la Conférence internationale sur le financement du développement. 


Le Secrétaire général adjoint et Haut Représentant pour les pays les moins avancés, M. Anwarul K. Chowdhury, a présenté le quatrième rapport annuel du Secrétaire général sur l'application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2001-2010.  Il a rappelé que le Programme d'action, élaboré par les pays les moins avancés en collaboration avec leurs partenaires de développement, contient 30 objectifs de développement mesurables et liés à un calendrier.  Il a aussi indiqué que si les pays les moins avancés ont connu une augmentation de leur taux de croissance, ce résultat n'avait pas eu l'impact désiré en regard de la diminution de la pauvreté.  Dans plus de la moitié des pays les moins avancés, plus de 50% de la population vit dans une pauvreté extrême et souffre de malnutrition, voire de famine. 


Un débat s'est engagé au cours duquel le représentant du Bénin, en particulier, a déclaré que la lecture de ce rapport donne l'impression que « tout reste encore à faire », ou peu s'en faut.  Le représentant a estimé que la faible mise en œuvre du Programme d'action tient à une confusion par les partenaires du développement entre ce Programme d'action et les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le représentant a aussi noté le peu d'indications de la part des organisations concourant aux activités opérationnelles du système des Nations Unies s'agissant de mesures visant à corriger cette situation.  D'autres ont regretté que l'application du Programme de Bruxelles soit encore insuffisante pour permettre aux pays les moins avancés d'atteindre les objectifs généraux de développement.  Il est vital que le partenariat entre pays les moins avancés et leurs partenaires du développement soit dynamisé par la promotion de leurs responsabilités mutuelles et partagées, avec en point de mire la croissance économique et le développement durable.  Or, l'aide accordée aux pays les moins avancés par leurs partenaires de développement est insuffisante, et parfois même inexistante, a-t-il été dit. 


Plusieurs intervenants ont aussi regretté que la réunion de haut niveau sur le financement du développement, organisée le 26 avril dernier par l'ECOSOC, n'ait pas rassemblé tous les chefs des organisations financières internationales concernées.  C'est pourquoi la Chine et le Groupe des 77, entre autres, ont encouragé les directions de chacune des institutions de Bretton Woods à déléguer systématiquement des représentants de haut niveau aux prochaines réunions de ce type, afin que puisse s'engager un dialogue véritablement constructif pour le suivi de la Conférence sur le financement du développement. 


Le représentant des États-Unis a déclaré que l'aide au développement ne constituait pas une panacée et qu'il convenait plutôt, comme l'avait fait l'Inde, de mettre en place une économie de marché en créant, notamment, des ouvertures pour les entrepreneurs locaux.  Il a aussi regretté que les pays industrialisés soient blâmés, notant que de telles accusations mettaient en danger le concept de partenariat qui est au cœur du Programme de Bruxelles. 


Des représentants des États suivants ont fait des déclarations: Afrique du Sud (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Finlande (au nom de l'Union européenne), Bénin (au nom des pays les moins avancés), Turquie, Bangladesh, Tanzanie, Chine, Soudan, Laos, Fédération de Russie, États-Unis, Guinée-Bissau, Vanuatu, Népal, Libye, Guinée et Colombie. 


En fin de séance, le Conseil a été saisi d'un projet de résolution relatif à l'application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2001-2020 (E/2006/L.15), présenté par le Groupe des 77 et la Chine.  Le Conseil se prononcera ultérieurement sur ce texte. 


Le Conseil économique et social terminera cet après-midi, dès 15 heures, son débat sur les suites données à la Conférence internationale sur le financement du développement.  Il tiendra ensuite une réunion-débat consacrée à la mobilisation des ressources et la création d'un environnement propice à l'éradication de la pauvreté dans les pays les moins avancés. 



Présentation de rapports sur le Programme d'action en faveur des pays les moins avancés et sur le suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement


M. ANWARUL K CHOWDHURY, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Haut Représentant pour les pays les moins avancés, a présenté le quatrième rapport annuel du Secrétaire général sur l'application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2001-2010.  Il a rappelé que le Programme d'action, élaboré par les PMA en collaboration avec leurs partenaires de développement, contient 30 objectifs de développement mesurables et liés à un calendrier, qui constituent une base de travail pour la planification, la définition des politiques, les réformes institutionnelles et la mobilisation de ressources. 


M. Chowdhuri a indiqué que si les PMA avaient atteint un taux de croissance annuel moyen du produit intérieur brut de 5,5%, contre 4,4% pour la période 1996-2000 et 2,2% pour la période 1991-1995, ce taux moyen reste en deçà du taux d'au moins 7% fixé par le Programme d'action de Bruxelles fixe comme objectifs pour les PMA.  En outre, ces résultats n'ont pas eu l'impact désiré en regard de la diminution de la pauvreté.  Dans plus de la moitié des PMA, a-t-il regretté, plus de 50% de la population vit dans une pauvreté extrême et souffre, notamment, de malnutrition, voire de famine.  Dans le même temps, ces facteurs, associés au VIH/sida, ont conduit à une réduction de l'espérance de vie dans un tiers des PMA.  À titre d'exemple, M. Chowdhuri a attiré l'attention sur la situation dramatique prévalant au Lesotho et en Haïti, où l'espérance de vie a chuté, respectivement, de 21 ans et de 18 ans au cours de ces trois dernières années.  Il a toutefois fait état de progrès accomplis par les PMA dans les domaines de la santé, de l'éducation primaire et de la parité. 


Quelques progrès ont aussi été enregistrés en ce qui concerne l'aide publique au développement.  À cela s'ajoute l'annulation de leur dette, obtenue par 21 PMA, ce qui devrait permettre, a-t-il indiqué, d'atteindre les objectifs du Programme de Bruxelles.  La Conférence ministérielle des PMA a souligné l'aspect positif de l'envoi d'argent par les émigrés, dans leur pays d'origine.  Les revenus provenant du pétrole devraient aussi permettre d'investir plus dans le développement des infrastructures.  L'attention portée à une meilleure gouvernance devrait, elle aussi, contribuer à la mise en œuvre du Programme, tout comme, a-t-il conclu, les réflexions sur le rôle de la parité dans la réduction de la pauvreté. 


Le quatrième rapport du Secrétaire général sur l'application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010 (E/2006/74) montre qu'en dépit de meilleurs résultats économiques dans les pays les moins avancés (PMA), l'extrême pauvreté semble ne reculer que dans un très petit nombre d'entre eux et s'aggraver dans beaucoup d'autres.  Ce tournant de l'histoire est marqué par la diminution de l'espérance de vie dans plusieurs PMA, fortement touchés par le VIH/sida et les conflits civils.  D'autres indicateurs sociaux, dont l'égalité entre les sexes, s'améliorent grâce à l'appui direct apporté par les bailleurs de fonds aux secteurs sociaux, mais demeurent les plus bas au monde.  En conclusion, le rapport indique que très peu de PMA seront en mesure d'atteindre les objectifs du Programme d'action de Bruxelles si les choses demeurent en l'état.  Selon le rapport, dans les PMA, l'accroissement rapide de la population, l'urbanisation fulgurante, la dégradation de l'environnement et le VIH/sida aggravent la misère.  Les changements climatiques apparaissent comme un nouvel obstacle au développement durable des PMA, en particulier ceux d'Afrique et des petites îles. 


Il est demandé que les PMA et leurs partenaires de développement s'emploient sans relâche et avec une énergie renouvelée à appliquer le Programme d'action.  Il est recommandé aux PMA d'intégrer les buts, les objectifs et les mesures énoncés dans le Programme d'action dans leurs stratégies nationales de développement axées sur les Objectifs du Millénaire pour le développement et il est demandé aux partenaires de développement de les appuyer à la faveur du bilan commun de pays et du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement et des documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté.  Ces cadres intégrés régissant les investissements et les activités opérationnelles doivent reposer sur une évaluation concertée des besoins et un certain nombre d'interventions à effet rapide.  Le rapport souligne aussi que les promesses d'aide, d'allégement de la dette, d'accès aux marchés et d'assistance technique doivent être tenues si l'on veut briser l'engrenage de la pauvreté dans lequel sont pris les PMA et préserver la crédibilité du Programme d'action en tant que cadre de partenariat entre les PMA et leurs partenaires de développement. 


Le Conseil est également saisi d'un rapport sur le suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui contient le résumé, établi par le Président du Conseil, des travaux de la réunion spéciale de haut niveau du Conseil économique et social avec les institutions de Bretton Woods, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s'est tenue le 24 avril 2006 (A/61/81–E/2006/73).  Le thème général était intitulé « Cohérence, coordination et coopération dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et du Document final du Sommet mondial de 2005 ».  À l'issue des consultations, quatre thèmes subsidiaires avaient été adoptés, qui ont été au cœur des débats de fond lors des quatre tables rondes organisées pendant la réunion, à savoir: i) mise en œuvre et soutien des stratégies nationales de développement en vue de réaliser les objectifs de développement internationalement convenus, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement; ii) le volet développement du programme de travail de Doha et les prochaines étapes, notamment concernant l'aide au commerce; iii) dette extérieure: mise en œuvre et renforcement des initiatives actuelles pour rendre la dette plus viable; iv) soutien des efforts de développement des pays en développement à revenu intermédiaire. 


Discussion générale


M. SHELDON MOULTON a dit que la position de l'Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine concernant le suivi de la Conférence sur le financement du développement est claire: le suivi requiert une action décisive s'agissant de chacun des engagements pris dans les domaines social et économique.  Le Groupe des 77 et de la Chine attache donc la plus grande importance au renforcement du Conseil, et en particulier à l'application des engagements qui ont été pris en ce sens lors du Sommet mondial de 2005.  Le représentant a dit regretter dans ce contexte que la réunion de haut niveau du 26 avril dernier n'ait pas rassemblé tous les directeurs des organisations internationales concernées.  C'est pourquoi le Groupe des 77 et de la Chine encourage les directions de chacune des institutions de Bretton Woods à déléguer systématiquement des représentants de haut niveau aux prochaines réunions importantes, afin que puisse s'engager un dialogue véritablement constructif pour le suivi de la Conférence sur le financement du développement. 


Le représentant sud-africain a souligné que les pays les moins avancés, segment le plus vulnérable de la communauté internationale, doivent assumer la responsabilité de leur propre développement.  Cependant, la communauté internationale a de son côté l'obligation de les aider à y parvenir.  Cette obligation a été confirmée lors de plusieurs sommets des Nations Unies.  Le Groupe des 77 et de la Chine, a dit encore le représentant de l'Afrique du Sud, prend note à cet égard du rapport d'étape du Secrétaire général sur l'application du programme de Bruxelles pour les pays les moins avancés, regrettant que son application soit encore insuffisante pour permettre aux PMA d'atteindre les objectifs généraux de développement.  Il est vital que le partenariat entre les PMA et leurs partenaires du développement soit dynamisé par la promotion de leurs responsabilités mutuelles et partagées, avec en point de mire la croissance économique et le développement durable.  Or, l'aide accordée aux PMA par leurs partenaires au développement est insuffisante, et parfois même inexistante, a déploré le représentant.  Le Groupe des 77 et de la Chine réitère l'importance cruciale de la participation des pays les moins avancés à l'examen du programme d'action au Conseil.  Ils regrettent à cet égard le manque de ressources nécessaires à la représentation des pays les moins avancés aux sessions de fond de l'ECOSOC. 


M. JOUKO LEINONEN (Finlande, au nom de l'Union européenne) a souligné qu'une croissance économique durable et une augmentation progressive des échanges économiques sont d'importants facteurs de développement.  La libéralisation des échanges doit toutefois être étayée par d'autres actions, a-t-il recommandé, mentionnant, notamment, l'amélioration des capacités de production et des infrastructures.  Le représentant a aussi exprimé la préoccupation de l'Union européenne face à la lenteur des progrès réalisés pour mettre en œuvre la parité.  Il a par ailleurs souligné que la bonne gouvernance est indispensable pour un développement sur la durée.  Le représentant de l'Union européenne a affirmé la conviction de l'Union, que l'éradication de la pauvreté et l'amélioration de la qualité de vie dans les pays en voie de développement passent par la réussite de la communauté internationale à répondre aux problèmes des plus vulnérables. 


M. EDOUARD OHO GLELE (Bénin, au nom des pays les moins avancés) a déclaré que la lecture du rapport du Secrétaire général concernant la mise en œuvre du Programme d'action donne l'impression que tout reste encore à faire, ou peu s'en faut.  Le représentant a félicité les rares PMA qui ont obtenu des résultats et exprimé ses remerciements aux partenaires qui ont apporté un concours appréciable.  Il a toutefois demandé pourquoi il y avait, de manière constante, une si faible mise en œuvre du Programme d'action.  Il a estimé que la faute ne revenait pas aux PMA, puisque l'on ne dispose d'aucune indication d'un refus, ni d'une opposition délibérés d'un pays à mettre en œuvre les dispositions du Programme d'action.  Il semble plutôt qu'il se pose un problème de compréhension par les partenaires du développement des Objectifs du Millénaire pour le développement par rapport au Programme d'action en faveur des PMA.  Les premiers concernent tous les pays en voie de développement, sans exclusive.  Mais ces objectifs, même appliqués à 100%, ne permettraient à aucun pays moins avancé de résoudre ses problèmes de disfonctionnement structurel.  C'est pourquoi les PMA estiment que les objectifs du programme d'action doivent rester prioritaires.  Sur le terrain malheureusement, beaucoup des partenaires se préoccupent beaucoup plus des Objectifs du Millénaire pour le développement que de ceux du Programme d'action.  Le représentant a aussi noté le peu d'indications de la part des organisations concourant aux activités opérationnelles du système des Nations Unies à corriger cette situation. 


Au demeurant se pose aussi un problème de sincérité, voire de confiance réciproque, entre les deux parties principales concernées par la mise en œuvre du Programme d'action, a poursuivi le représentant béninois.  « Sommes-nous sincères par rapport aux engagements souscrits », a demandé le représentant, estimant que les PMA ont pleinement joué leur partition, afin qu'au bout du compte les objectifs soient atteints.  Le représentant s'est par contre dit amer et désolé de constater que l'entente avec les partenaires reste difficile à concrétiser, ce qui crée une situation d'incertitude pour les PMA en ce qui concerne leur participation à l'examen de la mise en œuvre de leur programme d'action.  Il convient à cet égard de recommander maintenant d'inclure, au budget ordinaire des Nations Unies, la participation des délégations de ces pays aux réunions qui les concernent.  Le représentant a également exprimé son appréciation sincère de l'effort d'un nombre réduit de partenaires qui s'emploient à soutenir non seulement les efforts de développement, mais aussi la participation des PMA aux sessions de fond de l'ECOSOC: il s'agit de la Norvège, de la Suisse, de la République de Corée et de la Turquie. 


M. TUNC UGDUL (Turquie) a souligné la nécessité pour les pays développés d'accorder des ressources et une assistance techniques suffisantes aux pays les moins avancés pour les aider à améliorer leur capacité de production, remédier à leur faiblesse structurelle et jeter les bases d'un développement durable.  Il a relevé, à cet égard, l'importance de l'implication des organisations non gouvernementales, de la société civile et du secteur privé.  Il a rappelé que la Turquie avait pris une part active dans l'éradication de la pauvreté et que la contribution du pays à l'aide au développement avait, en 2005, dépassé le milliard de dollars.  L'aide humanitaire de la Turquie, a-t-il indiqué, a également augmenté et s'est diversifiée au cours de ces dernières années; elle a touché 17 pays africains par le biais du Programme alimentaire mondial.  Il a mentionné les bonnes relations que la Turquie entretenait traditionnellement avec les PMA, et qui se traduisait par le renforcement de liens politiques, économiques et culturels avec ces pays, insistant sur l'importance d'entretenir ces relations bilatérales.  Il a évoqué, à cet égard, le souhait de la Turquie de créer des chambres de commerce conjointes.  Se référant à l'implication de la Turquie dans diverses instances des Nations Unies, il a exprimé son espoir qu'une prochaine adhésion de son pays au Conseil de sécurité lui permettrait de contribuer, plus pleinement encore, à la poursuite de la paix et de la sécurité dans le monde. 


M. TOUFIQ ALI (Bangladesh) a souligné que la réalisation des objectifs de développement des pays les moins avancés dépendait d'une croissance économique soutenue, ainsi que d'une masse d'investissements suffisante.  Or, les chiffres concernant ces indicateurs sont encore nettement insuffisants, a déploré le représentant.  Il a relevé que les PMA, qui ne représentent encore qu'une part marginale du commerce international -un autre facteur important de l'amélioration de la situation des pays les moins avancés- doivent bénéficier d'un meilleur accès au marché grâce à des mesures d'abaissement des barrières douanières et autres, mesures qui permettraient d'augmenter la demande de la part des pays plus riches.  Le secteur des services doit aussi être ouvert au profit des PMA.  L'écart technologique entre ces pays et le reste du monde ne cesse de croître, a déploré le représentant.  Le développement ne peut être atteint que par une combinaison de bonne gestion, d'ouverture et de renforcement des capacités de tous les acteurs économiques, en particulier des femmes, a-t-il ajouté.  Des engagements supplémentaires doivent être pris par les pays donateurs, comme par exemple l'annulation intégrale de la dette des pays en voie de développement ou l'octroi d'une certaine latitude aux PMA en ce qui concerne les exigences de l'Organisation mondiale du commerce, a dit le représentant bangladais. 


M. AUGUSTINE MAHIGA (Tanzanie) a fait valoir que certains des pays les moins avancés ont fait d'importants progrès pour mettre en œuvre leurs stratégies nationales de développement, alors que d'autres restent à la traîne.  Les PMA ont engagé des réformes économiques, politiques et sociales et ont intensifié leurs efforts pour instaurer l'état de droit, respecter les droits de l'homme, gérer correctement leurs ressources et les budgets, mettre en place des pratiques démocratiques et lutter contre la corruption.  Cela a permis à plusieurs d'entre eux de prétendre à des réductions de leur dette.  Ces conditions sont nécessaires mais pas suffisantes.  Il faut encore que les PMA soient représentés équitablement dans les grands organes de décision économique mondiaux.  M. Mahiga a préconisé également une ouverture des marchés internationaux et l'abolition des surtaxes qui contribuent à l'appauvrissement chronique des PMA. 


Le Gouvernement de la Tanzanie a terminé la première étape de sa stratégie de développement, consacrée à l'amélioration de ses infrastructures de base.  La performance économique du pays est très bonne depuis cinq ans, a fait valoir son représentant.  Il a toutefois souligné que les effets conjugués d'une récente sécheresse et de l'augmentation des prix du pétrole auront probablement une incidence négative sur la croissance économique à venir.  Le Gouvernement s'est néanmoins lancé dans la deuxième phase de son programme de développement, qui vise explicitement la croissance, la réduction de la pauvreté, la qualité de vie, la sécurité sociale et la bonne gestion des ressources alimentaires.  La Tanzanie a aussi fait des efforts particuliers en direction des femmes, dont la représentation au sein du Parlement atteint maintenant 30%. 


M. CHEN JING (Chine) s'est inquiété que la plupart des pays les moins avancés n'aient pas atteint les objectifs fixés et que la plupart d'entre eux aient même vu leur situation se détériorer.  Il a reconnu que les cinq années à venir étaient cruciales pour les PMA et a affirmé que la Chine souhaitait contribuer à leur développement par un soutien actif, encourageant les pays développés à faire de même et à appliquer, notamment, la stratégie d'allègement de la dette.  M. Chen a aussi invité les pays développés à supprimer les subventions qui, a-t-il dit, déséquilibrent les échanges.  Évoquant la contribution de la Chine à l'amélioration de la situation des PMA, il a indiqué que son pays avait accordé à 39 PMA l'accès hors taxe au marché chinois pour certains produits, avait mis en œuvre des programmes d'allégement de la dette et octroyé des prêts.  Le représentant chinois a finalement déploré que les négociations menées dans le cadre du Cycle de Doha s'enlisaient, que le financement au PMA était loin d'être suffisant et qu'une des conséquences pour ces pays était qu'ils ne pouvaient pas participer aux décisions internationales. 


MME NADIA OSMAN (Soudan) a dit la préoccupation de son pays face à la propagation de maladies telles que le sida, le paludisme et la tuberculose dans les pays les moins avancés.  Toutes les capacités et les énergies doivent être mobilisées, de même que les ressources financières pour y faire face.  Les partenaires du développement doivent en particulier respecter leurs engagements, faire tomber les barrières douanières et annuler la dette des PMA.  Le Soudan a créé plusieurs comités chargés de mettre en application les engagements qu'il a pris en matière de développement.  Le Gouvernement soudanais tente actuellement de gérer la situation de paix issue de la signature d'accord de paix au Darfour et dans le Sud.  Le représentant a enfin rappelé que le Soudan demande à la communauté internationale d'annuler sa dette extérieure.


M. SALEUMXAY KOMMASITH (République démocratique populaire lao) a relevé que le rapport sur l'application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés présentait un tableau peu optimiste en ce qui concerne les PMA.  Il a rappelé qu'en septembre dernier, à New York, il avait été répété qu'il fallait redoubler d'efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire.  Il a informé l'assemblée que le Laos, qui a un des taux de croissance les plus importants de sa région, demeure néanmoins confronté à de graves préoccupations dans le domaine de la santé.  Le paludisme et le VIH/sida constituant des menaces graves pour la population.  L'infrastructure est insuffisante, et si l'environnement du pays y est propice, il ne parvient toujours pas à attirer suffisamment d'investissements.  Le représentant lao a assuré que son Gouvernement concentrait tous ses efforts pour atteindre les objectifs du Programme de Bruxelles, mais avait besoin de l'aide de la communauté internationale afin, notamment, de développer les infrastructures socio-économiques qui requièrent d'énormes investissements.  Il a recommandé par ailleurs que les agences des Nations Unies focalisent leur aide sur les besoins et les priorités nationales.  Il a ajouté à cet égard qu'il serait souhaitable que le Haut Représentant pour les pays les moins avancés joue un rôle plus actif dans la coordination entre les agences et la mobilisation des ressources. 


M. V.I. FEDORCHENKO (Fédération de Russie) a souligné que le Consensus de Monterrey issu de la Conférence internationale sur le financement du développement a permis d'engranger des résultats concrets.  Ce consensus garde toute son importance pour le renforcement des institutions des Nations Unies œuvrant en faveur du développement.  La Russie estime que la session de printemps du Conseil devrait être le lieu de rencontres de toutes les institutions financières internationales.  Il est donc inutile de créer de nouvelles structures à cet égard, a estimé le représentant.  L'objectif doit être de renforcer le dialogue entre ces institutions, les Nations Unies et la société civile. 


Pour la première fois, les indicateurs économiques du développement sont en progression, s'est félicité le représentant russe, qui a fait valoir que son pays a été l'un des premiers à exonérer à 100% les produits importés en provenance des pays les moins avancés.  Des problèmes économiques demeurent cependant, qui doivent être traités par les pays les moins avancés et les donateurs multilatéraux.  Ainsi, le Programme d'action de Bruxelles doit fait l'objet de contrôles pour déterminer le respect des engagements au niveau régional. 


M. DMITRI FOMCHENKO (Bélarus) a estimé que la réunion spéciale du Conseil qui s'est tenue en avril 2006 aurait pu avoir des répercussions encore plus favorables pour la réalisation des objectifs de développement si les institutions internationales de financement y avaient dépêché des représentants de haut niveau.  Le représentant a par ailleurs rappelé que le point de départ du développement réside dans les stratégies adoptées par les États, stratégies qui tiennent compte des besoins propres aux pays.  Il n'existe pas de modèle unique en la matière.  Les institutions de Bretton Woods devraient tenir compte des besoins en développement des pays qui traversent des périodes de réformes.  Le commerce international est le moteur de la croissance, a aussi dit le représentant, qui a estimé nécessaire l'introduction de nouvelles règles du jeu au sein de l'Organisation mondiale du commerce donnant une latitude plus large aux pays les moins avancés et aux pays en transition.


M. TERRY MILLER (États-Unis) a souligné que, tant que toutes les parties ne remplissent pas leurs engagements, on ne saura pas si les stratégies fixées sont les bonnes.  Évoquant l'excellent taux de participation enregistré lors des discussions sur les institutions de Brettons Woods, il s'est néanmoins interrogé sur le suivi concret de la Conférence sur le financement du développement et a demandé, au nom de sa délégation, qu'une évaluation des résultats soit menée.  M. Miller a par ailleurs émis des réserves quant à l'implication des instances des Nations Unies dans le processus de Bretton Woods, estimant que cette implication n'était pas appropriée.  Il a par ailleurs rappelé que son pays considère que l'aide au développement ne constituait pas la panacée et qu'il convenait plutôt, comme l'avait fait l'Inde, de mettre en place une économie de marché en créant, notamment, des ouvertures pour les entrepreneurs locaux.  Tout en indiquant que les États-Unis continueraient à accroître le volume de leurs contributions en faveur des PMA, le représentant a préconisé la libéralisation des échanges, susceptible d'être plus profitables aux pays en développement que l'aide extérieure.  À cet égard, il a affirmé l'engagement des États Unis en faveur d'une abolition des subventions.


Évoquant les privilèges d'accès aux marchés accordés aux pays les plus pauvres, M. Miller a appelé à un traitement véritablement différencié, notant que la prolifération de ces privilèges en faveur d'autres pays dilue l'effet des ces mesures pour les PMA.  Il a relevé à cet égard la nécessité de parvenir à une bonne gouvernance était soulignée par les représentant des PMA eux-mêmes.  Dans le même esprit, il a estimé que la mise en place d'une bonne gouvernance et la libéralisation économique seraient plus profitables aux pays à moyen revenu qu'une aide de la communauté internationale.  Il s'est inquiété aussi que dans le même temps que des programmes d'allègement de la dette étaient mis en place, les pays bénéficiaires de ces allègements contractaient de nouvelles dettes au travers de créances bilatérales.  En guise de conclusion, le représentant des États-Unis a relevé, comme le montrait le rapport du Secrétaire général, qu'il ne suffisait pas pour les pays pauvres d'avoir de bonnes politiques pour réaliser les objectifs fixés, il convenait d'en avoir de meilleures.  Enfin, il a exprimé sa déception à l'égard du discours tenu par le représentant du Bénin, regrettant que celui-ci blâme les pays industrialisés et notant que de telles accusations mettaient en danger le concept de partenariat qui est au cœur du Programme de Bruxelles.


M. ALFREDO CABRAL (Guinée-Bissau) a estimé que l'absence de progrès n'est pas imputable à un seul côté.  On constate en effet la volonté claire de certains pays développés à aider directement les pays les moins avancés, cette aide ayant dans certains cas doublé ou triplé - voire quintuplé dans le cas du Portugal.  Si cette aide est en progression continue, comment se fait-il que l'on constate simultanément un appauvrissement des pays les moins avancés?  Peut-être faut-il incriminer des objectifs trop ambitieux, voire irréalistes, a dit le représentant.  Les pays les moins avancés connaissent aussi des problèmes de gouvernance, de carences de gestion et de démocratie qui entravent leur développement, a reconnu le représentant.  Des efforts doivent être consentis aussi bien par les pays les moins avancés que par les donateurs (notamment en matière d'annulation de la dette), a-t-il conclu, remerciant les pays contributeurs de leurs efforts même s'ils sont encore insuffisants.


M. ROY MICKEY JOY (Vanuatu) a confirmé que les pays les moins avancés souhaitent s'engager davantage pour la réalisation des objectifs du Programme de Bruxelles et sont déterminés à avoir une réunion très constructive en septembre, dans le cadre des travaux de l'Assemblée générale des Nations Unies.  Le représentant a noté que Vanuatu était le seul PMA du Pacifique à prendre la parole et a déclaré qu'il appelle de ses vœux la réalisation de réels progrès dans la mise en ouvre du programme d'action de Bruxelles.


M. MADHYU RAMAN ACHARYA (Népal) a souligné l'importance d'assurer un partage des responsabilités, appelant au respect de ce principe.  Se rapportant aux recommandations du rapport du Secrétaire général, il a estimé qu'elles n'étaient pas suffisamment ciblées et concrètes.  Le rapport est un peu réducteur, a-t-il noté, notamment en ce qui concerne les pays sortant d'un conflit, comme c'est le cas pour le Népal.  Il a par ailleurs appelé à la mise en place de conditions de marché plus favorables en faveur des PMA, et souhaité que l'ECOSOC puisse y contribuer par l'élaboration de lignes directrices.  Le Haut Représentant, a-t-il encore dit, devrait bénéficier de davantage de ressources pour pouvoir concrètement mettre en œuvre les recommandations de Secrétaire général.


M. MAHMOUD ABUSEIF (Libye) a rappelé les deux sommets consacrés au développement qui se sont tenus à Monterrey et à Johannesburg en 2002, au cours desquels des consensus internationaux ont été obtenus sur la réalisation d'objectifs de développement durable.  Ces objectifs restent valables aujourd'hui, qu'il s'agisse de réduire la pauvreté, de préserver l'environnement ou d'instaurer la justice sociale et l'égalité entre les sexes.  Le représentant libyen a aussi évoqué la gravité du fléau que constitue l'épidémie de VIH, qui doit être éradiquée d'ici à 2015, conformément aux objectifs que s'est fixé la communauté internationale.  Une action doit aussi être engagée pour remédier aux conséquences des catastrophes naturelles.  Or, a fait valoir le représentant, il semble que les objectifs de développement ne pourront pas être atteints dans les délais prévus dans l'Afrique subsaharienne.  Une aide internationale doit être accordée à ces pays, dont la situation économique s'est encore détériorée.  L'endettement exacerbe encore la crise que traversent ces pays.  Cependant, on constate une réelle volonté de faire évoluer la situation.  Le soutien des pays riches, et le respect des engagements de solidarité internationale qu'ils ont souscrits, sont indispensables pour soutenir cet élan vers le développement, a dit le représentant, de même qu'il convient de renforcer les capacités d'action des Nations Unies dans ce domaine.


M. BOUBACAR DIALLO (Guinée) a déclaré que son pays reconnaissait la réalisation de certains des objectifs de développement, mais a regretté qu'il faille constater des insuffisances générales dans l'application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés.  L'aide apportée à ces pays est encore souvent liée à des conditions qui les empêchent en fait de réaliser leurs objectifs de développement.  Le représentant a déploré le blocage des négociations autour de l'ouverture des marchés mondiaux et estimé que la stratégie d'approche doit être revue afin que les pays les moins avancés puissent sortir de leur condition.


MME CLAUDIA URIBE (Colombie) a salué le rapport sur la Conférence internationale sur le financement du développement, qui met clairement en lumière que chaque État doit mettre au point sa propre stratégie de développement, dans le cadre d'un développement endogène, afin de s'intégrer au commerce international.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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